PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
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PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
En marge du dossier Clifford Brandt junior
Par Leslie Péan (20 novembre 2012) – (Texte en quatre parties)
Publié le mardi 20 novembre 2012
Introduction
Les défis auxquels Haïti est confrontée sont énormes et il faut la participation de tous les citoyens, sans exclusion, pour les relever. Le dossier Clifford Brandt junior vient de placer au moins deux défis de nature très différente au premier plan de nos préoccupations : celui, très concret, de l’insécurité et celui, beaucoup moins visible à l’œil nu, du rôle de l’éthique dans le quotidien. En outre, il pose, par sa nature même, le problème des rapports généraux entre l’État et le secteur privé, ainsi que celui des rapports plus particuliers entre l’élite économique et le reste de la société.
Dans la foulée des discussions spontanées suscitées sur la place publique par la participation d’un membre ou de membres de la bourgeoisie haïtienne à des activités mafieuses, d’aucuns sont allés jusqu’à remettre en question la justesse de l’appellation de bourgeoise appliquée à cette catégorie sociale. Aussi, le concert de voix dénonçant le crime odieux de l’heure se trouve-t-il perturbé par une espèce de cacophonie exprimant à la fois des principes idéologiques désuets, des rancœurs séculaires, des revendications sociales sans doute légitimes mais invoquées hors contexte. La présente réflexion a pour but de tenter de démêler l’écheveau ainsi créé et de dédramatiser le débat actuel dans la mesure du possible.
Le contexte général du drame actuel
La participation de Clifford Brandt junior à ce drame pose avec acuité le problème de l’existence d’une infime minorité vivant dans un environnement où, avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, deux tiers des Haïtiens vivaient sous le seuil de la pauvreté, avec moins de deux dollars US par jour, et la moitié de ce groupe, dans l’extrême pauvreté, avec moins d’un dollar par jour . De l’avis de nombreux observateurs, cette infime minorité serait constituée de gens de sac et de corde, de la haute flibuste, dans la plus pure tradition des forbans et autres requins qui ont écumé la mer Caraïbe durant la période coloniale. On se souviendra que ces derniers partaient à la poursuite de navires transportant des milliers de caisses d’or et d’autres pièces de grande valeur. L’épopée de Captain Morgan, anobli de son vivant et devenu à la fois gouverneur de la Jamaïque et une espèce d’idole dans la région de l’île-à-Vache, est là pour nous le rappeler.
Le dossier Clifford Brandt junior arrive à un moment d’autant plus crucial que le gouvernement Martelly n’arrive pas encore à prendre le pouls de la situation ni à mesurer, même à vue de nez, l’ampleur des responsabilités en cause ni les incidences potentielles du drame. La conjoncture n’était déjà pas clémente avec les défis de la reconstruction, du développement, de l’éducation et de la santé. Il est irréaliste de parler des défis de la participation et de la citoyenneté à un moment où se pose celui de la création même de l’État de droit en Haïti. Cela doit se faire par des élections libres, honnêtes et sincères, dans le respect de la séparation et de l’indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Le dossier Brandt junior vient donc accentuer une situation de crise multidimensionnelle dont les conséquences sont encore incalculables à tous les niveaux de la vie économique, politique et sociale.
Le scandale de l’enlèvement contre rançon des deux Moscoso par un fils, comme eux, de la haute bourgeoisie force à une réflexion sur la décrépitude avancée de la société haïtienne, pas seulement à sa base mais aussi à son sommet. Nous proposons ici une approche historique permettant de comprendre, depuis les origines, les faiblesses du groupe social concerné, ce, à la lumière de la méthode objective consistant, pour les individus qui agissent comme pour ceux qui observent ou analysent, à toujours tenter d’appréhender les choses en faisant fi de toute subjectivité.
L’historicité du drame
La bourgeoisie des premiers jours de l’État d’Haïti a été incapable d’opérer la transition de la bourgeoisie foncière héritée du système esclavagiste à la bourgeoisie marchande et encore moins à la bourgeoisie industrielle ou industrialisante. Elle a plutôt préféré le confort d’une bourgeoisie d’État tirant ses revenus des hauts postes de l’administration publique (présidents, sénateurs, députés, ministres, diplomates et hauts gradés militaires). Mutatis mutandis, c’est aussi la même situation que confrontent les couches les plus défavorisées du pays. Ces dernières passent directement, donc sans préparation adéquate, de la paysannerie au secteur tertiaire des services, et, de ce fait, n’ont pas les compétences qu’il faut pour assurer le rôle classique d’une main-d’œuvre qualifiée, efficace et consciente de ses droits et de ses obligations dans le processus de production.
La « classe politique régnante de pouvoir d’État » pour parler comme le professeur Marcel Gilbert , a préféré investir dans le pouvoir politique au lieu de mettre en valeur les ressources économiques du pays. À l’agriculture et au commerce comme sources de richesse, elle a préféré les emplois publics. Cette affirmation du professeur Gilbert reprend en fait une idée du penseur libéral Exilien Heurtelou. En effet, en marge de sa correspondance avec Victor Hugo et Lamartine sur le combat de John Brown donnant sa vie dans la lutte pour l’égalité raciale aux États-Unis, Heurtelou enfonce le clou dès avril 1859 : « Haïti ne fera point un pas en avant vers la prospérité, vers le progrès, tout le temps que l’agriculture restera stationnaire. C’est la force motrice ; c’est elle qui doit communiquer le mouvement à notre société. Le grand réservoir de la fortune nationale est dans nos campagnes. Nous ne le trouverons pas ailleurs . » La magie de la ville à ciel ouvert l’a emporté sur le huis clos de la campagne. Et la démesure a gagné sur la sobriété.
Qu’on se souvienne des appels du libéral Edmond Paul, un des plus illustres penseurs que le pays ait jamais produits, demandant la diminution du nombre croissant d’intermédiaires entre l’agriculteur producteur et le commerçant importateur. S’appuyant sur une politique tarifaire adoptée par l’Allemagne, la France et l’Angleterre pour protéger leurs industries naissantes, Edmond Paul préconise une politique d’immigration d’ouvriers qualifiés, de gens ayant des capitaux et une intelligence capables de mettre en valeur nos richesses. C’est ainsi qu’il dit : « L’ère de la politique est passée… Un mot doit désormais remplacer toute la politique. Ce mot est INDUSTRIE ».
Présentant à la Chambre législative en 1878 une liste de plus de 200 produits qui doivent obligatoirement être fabriqués en Haïti, Edmond Paul reprend avec force l’idée civilisatrice qu’il avait déjà émise en 1863 sur la nécessité pour Haïti de cesser d’importer des produits qui peuvent être fabriqués localement. Il déclare :
« Messieurs, l’avenir est là. Vous tous députés, sénateurs, fonctionnaires, votre indépendance même exige que vous soyez désormais les arbitres de notre existence. Toute fonction est élective et passagère : donc, toute fonction publique est précaire. Vos villes et bourgs, même les plus intérieurs, même les plus chétifs, deviendront, par vos habiles efforts, par l’énergie de votre direction, des centres de travail et de richesse. Chaque localité aura alors sa spécialité industrielle, déterminée par les circonstances du lieu . »
Dans sa quête de liberté et de civilisation, Edmond Paul joindra le geste à la parole en commençant par créer une savonnerie. Cette initiative industrielle sera suivie par : Turenne Guillaumette avec une usine d’allumettes au Cap-Haitien en 1889 ; Adhémar Auguste avec une cordonnerie en 1878, des chemins de fer en 1896 ; Albert Baker avec une compagnie d’allumettes ; Cincinnatus Leconte avec une boulangerie en 1890 et une briqueterie en 1894. On ne peut s’empêcher de mentionner la Société des Chemins de Fer du Nord qui parvint à réunir 25 actionnaires haïtiens pour mobiliser un capital initial de 500 000 dollars américains au cours de l’assemblée générale tenu en 1899 . Dans le même temps on assiste à une percée spectaculaire du capital allemand dans le marché du café, des transports ferroviaires, de l’énergie électrique, du transport maritime international, et du financement du budget de l’État.
Toutefois, aussi progressiste qu’il puise paraître, le pari d’Edmond Paul sur l’industrialisation fut fortement combattu par les ténors du Parti National. Certains, et pas des moindres, y virent uniquement de l’aventure avec des résultats désastreux. Le professeur Gilbert résume ainsi le niet de deux d’entre eux :
« Tel n’était pas l’avis des deux remarquables théoriciens du Parti National, Demesvar Delorme et Louis Joseph Janvier : le premier s’élève contre "ces civilisateurs de bizarre espèce … esprits (qui) se sont mis à prêcher l’établissement d’usines et de manufactures …" ; pour le second, c’est avec son cortège de malheurs que "viendra … la bête qu’on nomme industrie … une mangeuse d’hommes, une buveuse de la sueur du pauvre ; oh ! alors mes compatriotes … il y aura de vrais misérables parmi vous. D’ici là vous pouvez vous considérer comme n’étant pas même malheureux" . »
Cette offensive d’Edmond Paul pour renforcer les bases matérielles de la bourgeoisie nationale haïtienne s’inscrit dans un long combat contre une tourbe de gens toujours prêts à trafiquer les ressources économiques du pays contre le pouvoir d’État. Une catégorie de malfaiteurs composée autant de « noiristes avides de pouvoir-pillage » que d’une « mulatraille imbécile » pour utiliser le langage de Jean L. Dominique . Mais les intérêts impérialistes veillent à travers leurs négociants consignataires et leurs diplomates accrédités en Haïti. Le débat d’idées sur les stratégies de développement qu’amorcent avant la lettre les théoriciens du Parti Libéral sera non seulement noyé par le culturalisme perverti mais aussi sur le long terme un enseignement pernicieux de l’histoire de la période 1870-1880.
À un moment où Edmond Paul appelle à la création d’une banque nationale pour mettre des capitaux à la disposition des entrepreneurs haïtiens, une escroquerie de taille est organisée avec les emprunts de 1874 et 1875 par le président Domingue et son second, Septimus Rameau. Le processus de décapitalisation, commencé avec les dettes intérieures sous les administrations de Pétion et Boyer, la dette de l’indépendance de 1825, les incendies et réclamations provenant de la longue guerre civile de 1867-1869, va continuer sans relâche.
Au fait, depuis l’assassinat sous Dessalines en 1805 du commerçant Thomas Thuat (au fait Thomas Stewart) à Jacmel et le financement de la prise d’armes contre Dessalines par le commerçant américain Duncan Mc Intosh , qui avait sauvé la vie de 2 400 Français des massacres d’avril 1804, les commerçants étrangers bailleurs de fonds de la classe politique ont les pédigrées détaillés des uns et des autres. Yo se kouto ki konnen sa ki nan kè yanm. Ils savent comment orchestrer le jeu des chaises musicales auquel se livrent les assoiffés de pouvoir. Disons-le en toute franchise : nos glorieux aïeux étaient des associés clandestins de nombreux commerçants anglais et américains dans les sucreries et autres plantations . Pour le meilleur ou pour le pire, ces commerçants se baladent entre le groupe noiriste et le groupe mulâtriste, accrochés à l’idée de pousser les uns contre les autres, en les faisant tourner en rond. Leur prouesse a été de maintenir la tête de nos aïeux dans les nuages culturalistes de mauvais aloi, à l’exception de Christophe qui avait bien les pieds sur terre. Mais, victime de son empressement à relever un peuple encore en plein dans l’esclavage mental, son suicide en 1820 met un terme à l’épopée haïtienne dans l’univers raciste de l’homme blanc. C’est donc en connaissance du fait que le gouvernement de Boyer avait le dos au mur que le baron de Mackau se présenta avec sa demande de paiement de la dette de l’indépendance en 1825. L’arithmétique infernale bloquant toute accumulation nationale commence à visière levée. Au fait, le débrayage avait commencé des années auparavant. Depuis les missions d’espionnage des commerçants français Alfred de Laujon, Frédéric Martin, et autres qui recueillirent les confidences de Pétion et de Boyer . Le gouvernement de Boyer avait déjà cédé en 1821 devant les diktats des négociants consignataires anglais et américains. Ce fut la première défaite de la bourgeoisie nationale haïtienne constituée en organisations telles que la Chambre de Commerce Nationale au Cap-Haitien et le Cercle de Commerce Haïtien à Port-au-Prince avec des personnalités telles que Pierre André et Nicolas Saint Martin demandant au président Boyer la protection du commerce national.
Le baron Valentin Pompée de Vastey avait pourtant expliqué en clair dès 1816 le principe de la moulinette des services secrets se cachant derrière le commerce international. Il écrit : « C’est donc uniquement par le commerce que nos tyrans comptent de pouvoir s’insinuer parmi nous, pour nous corrompre, nous désunir et parvenir aux moyens de nous subjuguer ou de nous exterminer ; il y a longtemps qu’ils nous l’ont dit, et nous nous en ressouvenons très bien ; que le négociant ne soit d’abord que le négociateur, on commencera par les marchandises, et on finira par aimer les personnes. »
« C’est par le moyen des dentelles, des tulles, des soieries, des galons et des draps français, des provisions de Bordeaux et de Marseille, qu’ils comptent pouvoir nous faire tomber dans leurs lacs ; voilà l’appât où se laisseront prendre nos sens obtus et grossiers ; l’empire de la vanité et du luxe est si fort chez nous (selon eux) que ni ce qu’ils nous disent eux-mêmes, ni les exemples dont fourmille l’histoire ne pourront nous avertir, ni nous préserver de ce danger. […) Ce système de corruption leur présente trop d’avantages, pour qu’ils ne cherchent pas à le mettre à exécution par tous les moyens possibles » .
Puis, la bourgeoisie nationale haïtienne perdra une deuxième bataille contre les commerçants français après la reconnaissance de la dette de l’indépendance en 1825. Il n’y a pas que l’obligation de contracter une deuxième dette de 30 millions de francs auprès des banquiers français pour payer la première échéance. Il y a aussi l’obligation pour l’État haïtien d’accepter la diminution de ses revenus douaniers de 50% dans le commerce avec la France. D’autres défaites suivront face aux commerçants anglais de la maison Lloyd et Cie administrant l’impôt du cinquième sous Soulouque de 1847 à 1859. Entretemps, l’endettement excessif de l’État imposait de sérieuses limites à la demande publique de biens et de services. (à suivre)
Leslie Péan
13- Leslie Péan, Aux origines de l’État marron (1804-1860), P-au-P, Presses de l’Université d’État d’Haïti, 2009, p. 156-164.
14- Baron Valentin Pompée de Vastey, Réflexions Politiques sur quelques Ouvrages et Journaux Français concernant Hayti, Imprimerie Royale, Sans-Souci, Royaume d’Hayti, 1817, p. 111-112 et p. 132-133.
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article9299
Par Leslie Péan (20 novembre 2012) – (Texte en quatre parties)
Publié le mardi 20 novembre 2012
Introduction
Les défis auxquels Haïti est confrontée sont énormes et il faut la participation de tous les citoyens, sans exclusion, pour les relever. Le dossier Clifford Brandt junior vient de placer au moins deux défis de nature très différente au premier plan de nos préoccupations : celui, très concret, de l’insécurité et celui, beaucoup moins visible à l’œil nu, du rôle de l’éthique dans le quotidien. En outre, il pose, par sa nature même, le problème des rapports généraux entre l’État et le secteur privé, ainsi que celui des rapports plus particuliers entre l’élite économique et le reste de la société.
Dans la foulée des discussions spontanées suscitées sur la place publique par la participation d’un membre ou de membres de la bourgeoisie haïtienne à des activités mafieuses, d’aucuns sont allés jusqu’à remettre en question la justesse de l’appellation de bourgeoise appliquée à cette catégorie sociale. Aussi, le concert de voix dénonçant le crime odieux de l’heure se trouve-t-il perturbé par une espèce de cacophonie exprimant à la fois des principes idéologiques désuets, des rancœurs séculaires, des revendications sociales sans doute légitimes mais invoquées hors contexte. La présente réflexion a pour but de tenter de démêler l’écheveau ainsi créé et de dédramatiser le débat actuel dans la mesure du possible.
Le contexte général du drame actuel
La participation de Clifford Brandt junior à ce drame pose avec acuité le problème de l’existence d’une infime minorité vivant dans un environnement où, avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, deux tiers des Haïtiens vivaient sous le seuil de la pauvreté, avec moins de deux dollars US par jour, et la moitié de ce groupe, dans l’extrême pauvreté, avec moins d’un dollar par jour . De l’avis de nombreux observateurs, cette infime minorité serait constituée de gens de sac et de corde, de la haute flibuste, dans la plus pure tradition des forbans et autres requins qui ont écumé la mer Caraïbe durant la période coloniale. On se souviendra que ces derniers partaient à la poursuite de navires transportant des milliers de caisses d’or et d’autres pièces de grande valeur. L’épopée de Captain Morgan, anobli de son vivant et devenu à la fois gouverneur de la Jamaïque et une espèce d’idole dans la région de l’île-à-Vache, est là pour nous le rappeler.
Le dossier Clifford Brandt junior arrive à un moment d’autant plus crucial que le gouvernement Martelly n’arrive pas encore à prendre le pouls de la situation ni à mesurer, même à vue de nez, l’ampleur des responsabilités en cause ni les incidences potentielles du drame. La conjoncture n’était déjà pas clémente avec les défis de la reconstruction, du développement, de l’éducation et de la santé. Il est irréaliste de parler des défis de la participation et de la citoyenneté à un moment où se pose celui de la création même de l’État de droit en Haïti. Cela doit se faire par des élections libres, honnêtes et sincères, dans le respect de la séparation et de l’indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Le dossier Brandt junior vient donc accentuer une situation de crise multidimensionnelle dont les conséquences sont encore incalculables à tous les niveaux de la vie économique, politique et sociale.
Le scandale de l’enlèvement contre rançon des deux Moscoso par un fils, comme eux, de la haute bourgeoisie force à une réflexion sur la décrépitude avancée de la société haïtienne, pas seulement à sa base mais aussi à son sommet. Nous proposons ici une approche historique permettant de comprendre, depuis les origines, les faiblesses du groupe social concerné, ce, à la lumière de la méthode objective consistant, pour les individus qui agissent comme pour ceux qui observent ou analysent, à toujours tenter d’appréhender les choses en faisant fi de toute subjectivité.
L’historicité du drame
La bourgeoisie des premiers jours de l’État d’Haïti a été incapable d’opérer la transition de la bourgeoisie foncière héritée du système esclavagiste à la bourgeoisie marchande et encore moins à la bourgeoisie industrielle ou industrialisante. Elle a plutôt préféré le confort d’une bourgeoisie d’État tirant ses revenus des hauts postes de l’administration publique (présidents, sénateurs, députés, ministres, diplomates et hauts gradés militaires). Mutatis mutandis, c’est aussi la même situation que confrontent les couches les plus défavorisées du pays. Ces dernières passent directement, donc sans préparation adéquate, de la paysannerie au secteur tertiaire des services, et, de ce fait, n’ont pas les compétences qu’il faut pour assurer le rôle classique d’une main-d’œuvre qualifiée, efficace et consciente de ses droits et de ses obligations dans le processus de production.
La « classe politique régnante de pouvoir d’État » pour parler comme le professeur Marcel Gilbert , a préféré investir dans le pouvoir politique au lieu de mettre en valeur les ressources économiques du pays. À l’agriculture et au commerce comme sources de richesse, elle a préféré les emplois publics. Cette affirmation du professeur Gilbert reprend en fait une idée du penseur libéral Exilien Heurtelou. En effet, en marge de sa correspondance avec Victor Hugo et Lamartine sur le combat de John Brown donnant sa vie dans la lutte pour l’égalité raciale aux États-Unis, Heurtelou enfonce le clou dès avril 1859 : « Haïti ne fera point un pas en avant vers la prospérité, vers le progrès, tout le temps que l’agriculture restera stationnaire. C’est la force motrice ; c’est elle qui doit communiquer le mouvement à notre société. Le grand réservoir de la fortune nationale est dans nos campagnes. Nous ne le trouverons pas ailleurs . » La magie de la ville à ciel ouvert l’a emporté sur le huis clos de la campagne. Et la démesure a gagné sur la sobriété.
Qu’on se souvienne des appels du libéral Edmond Paul, un des plus illustres penseurs que le pays ait jamais produits, demandant la diminution du nombre croissant d’intermédiaires entre l’agriculteur producteur et le commerçant importateur. S’appuyant sur une politique tarifaire adoptée par l’Allemagne, la France et l’Angleterre pour protéger leurs industries naissantes, Edmond Paul préconise une politique d’immigration d’ouvriers qualifiés, de gens ayant des capitaux et une intelligence capables de mettre en valeur nos richesses. C’est ainsi qu’il dit : « L’ère de la politique est passée… Un mot doit désormais remplacer toute la politique. Ce mot est INDUSTRIE ».
Présentant à la Chambre législative en 1878 une liste de plus de 200 produits qui doivent obligatoirement être fabriqués en Haïti, Edmond Paul reprend avec force l’idée civilisatrice qu’il avait déjà émise en 1863 sur la nécessité pour Haïti de cesser d’importer des produits qui peuvent être fabriqués localement. Il déclare :
« Messieurs, l’avenir est là. Vous tous députés, sénateurs, fonctionnaires, votre indépendance même exige que vous soyez désormais les arbitres de notre existence. Toute fonction est élective et passagère : donc, toute fonction publique est précaire. Vos villes et bourgs, même les plus intérieurs, même les plus chétifs, deviendront, par vos habiles efforts, par l’énergie de votre direction, des centres de travail et de richesse. Chaque localité aura alors sa spécialité industrielle, déterminée par les circonstances du lieu . »
Dans sa quête de liberté et de civilisation, Edmond Paul joindra le geste à la parole en commençant par créer une savonnerie. Cette initiative industrielle sera suivie par : Turenne Guillaumette avec une usine d’allumettes au Cap-Haitien en 1889 ; Adhémar Auguste avec une cordonnerie en 1878, des chemins de fer en 1896 ; Albert Baker avec une compagnie d’allumettes ; Cincinnatus Leconte avec une boulangerie en 1890 et une briqueterie en 1894. On ne peut s’empêcher de mentionner la Société des Chemins de Fer du Nord qui parvint à réunir 25 actionnaires haïtiens pour mobiliser un capital initial de 500 000 dollars américains au cours de l’assemblée générale tenu en 1899 . Dans le même temps on assiste à une percée spectaculaire du capital allemand dans le marché du café, des transports ferroviaires, de l’énergie électrique, du transport maritime international, et du financement du budget de l’État.
Toutefois, aussi progressiste qu’il puise paraître, le pari d’Edmond Paul sur l’industrialisation fut fortement combattu par les ténors du Parti National. Certains, et pas des moindres, y virent uniquement de l’aventure avec des résultats désastreux. Le professeur Gilbert résume ainsi le niet de deux d’entre eux :
« Tel n’était pas l’avis des deux remarquables théoriciens du Parti National, Demesvar Delorme et Louis Joseph Janvier : le premier s’élève contre "ces civilisateurs de bizarre espèce … esprits (qui) se sont mis à prêcher l’établissement d’usines et de manufactures …" ; pour le second, c’est avec son cortège de malheurs que "viendra … la bête qu’on nomme industrie … une mangeuse d’hommes, une buveuse de la sueur du pauvre ; oh ! alors mes compatriotes … il y aura de vrais misérables parmi vous. D’ici là vous pouvez vous considérer comme n’étant pas même malheureux" . »
Cette offensive d’Edmond Paul pour renforcer les bases matérielles de la bourgeoisie nationale haïtienne s’inscrit dans un long combat contre une tourbe de gens toujours prêts à trafiquer les ressources économiques du pays contre le pouvoir d’État. Une catégorie de malfaiteurs composée autant de « noiristes avides de pouvoir-pillage » que d’une « mulatraille imbécile » pour utiliser le langage de Jean L. Dominique . Mais les intérêts impérialistes veillent à travers leurs négociants consignataires et leurs diplomates accrédités en Haïti. Le débat d’idées sur les stratégies de développement qu’amorcent avant la lettre les théoriciens du Parti Libéral sera non seulement noyé par le culturalisme perverti mais aussi sur le long terme un enseignement pernicieux de l’histoire de la période 1870-1880.
À un moment où Edmond Paul appelle à la création d’une banque nationale pour mettre des capitaux à la disposition des entrepreneurs haïtiens, une escroquerie de taille est organisée avec les emprunts de 1874 et 1875 par le président Domingue et son second, Septimus Rameau. Le processus de décapitalisation, commencé avec les dettes intérieures sous les administrations de Pétion et Boyer, la dette de l’indépendance de 1825, les incendies et réclamations provenant de la longue guerre civile de 1867-1869, va continuer sans relâche.
Au fait, depuis l’assassinat sous Dessalines en 1805 du commerçant Thomas Thuat (au fait Thomas Stewart) à Jacmel et le financement de la prise d’armes contre Dessalines par le commerçant américain Duncan Mc Intosh , qui avait sauvé la vie de 2 400 Français des massacres d’avril 1804, les commerçants étrangers bailleurs de fonds de la classe politique ont les pédigrées détaillés des uns et des autres. Yo se kouto ki konnen sa ki nan kè yanm. Ils savent comment orchestrer le jeu des chaises musicales auquel se livrent les assoiffés de pouvoir. Disons-le en toute franchise : nos glorieux aïeux étaient des associés clandestins de nombreux commerçants anglais et américains dans les sucreries et autres plantations . Pour le meilleur ou pour le pire, ces commerçants se baladent entre le groupe noiriste et le groupe mulâtriste, accrochés à l’idée de pousser les uns contre les autres, en les faisant tourner en rond. Leur prouesse a été de maintenir la tête de nos aïeux dans les nuages culturalistes de mauvais aloi, à l’exception de Christophe qui avait bien les pieds sur terre. Mais, victime de son empressement à relever un peuple encore en plein dans l’esclavage mental, son suicide en 1820 met un terme à l’épopée haïtienne dans l’univers raciste de l’homme blanc. C’est donc en connaissance du fait que le gouvernement de Boyer avait le dos au mur que le baron de Mackau se présenta avec sa demande de paiement de la dette de l’indépendance en 1825. L’arithmétique infernale bloquant toute accumulation nationale commence à visière levée. Au fait, le débrayage avait commencé des années auparavant. Depuis les missions d’espionnage des commerçants français Alfred de Laujon, Frédéric Martin, et autres qui recueillirent les confidences de Pétion et de Boyer . Le gouvernement de Boyer avait déjà cédé en 1821 devant les diktats des négociants consignataires anglais et américains. Ce fut la première défaite de la bourgeoisie nationale haïtienne constituée en organisations telles que la Chambre de Commerce Nationale au Cap-Haitien et le Cercle de Commerce Haïtien à Port-au-Prince avec des personnalités telles que Pierre André et Nicolas Saint Martin demandant au président Boyer la protection du commerce national.
Le baron Valentin Pompée de Vastey avait pourtant expliqué en clair dès 1816 le principe de la moulinette des services secrets se cachant derrière le commerce international. Il écrit : « C’est donc uniquement par le commerce que nos tyrans comptent de pouvoir s’insinuer parmi nous, pour nous corrompre, nous désunir et parvenir aux moyens de nous subjuguer ou de nous exterminer ; il y a longtemps qu’ils nous l’ont dit, et nous nous en ressouvenons très bien ; que le négociant ne soit d’abord que le négociateur, on commencera par les marchandises, et on finira par aimer les personnes. »
« C’est par le moyen des dentelles, des tulles, des soieries, des galons et des draps français, des provisions de Bordeaux et de Marseille, qu’ils comptent pouvoir nous faire tomber dans leurs lacs ; voilà l’appât où se laisseront prendre nos sens obtus et grossiers ; l’empire de la vanité et du luxe est si fort chez nous (selon eux) que ni ce qu’ils nous disent eux-mêmes, ni les exemples dont fourmille l’histoire ne pourront nous avertir, ni nous préserver de ce danger. […) Ce système de corruption leur présente trop d’avantages, pour qu’ils ne cherchent pas à le mettre à exécution par tous les moyens possibles » .
Puis, la bourgeoisie nationale haïtienne perdra une deuxième bataille contre les commerçants français après la reconnaissance de la dette de l’indépendance en 1825. Il n’y a pas que l’obligation de contracter une deuxième dette de 30 millions de francs auprès des banquiers français pour payer la première échéance. Il y a aussi l’obligation pour l’État haïtien d’accepter la diminution de ses revenus douaniers de 50% dans le commerce avec la France. D’autres défaites suivront face aux commerçants anglais de la maison Lloyd et Cie administrant l’impôt du cinquième sous Soulouque de 1847 à 1859. Entretemps, l’endettement excessif de l’État imposait de sérieuses limites à la demande publique de biens et de services. (à suivre)
Leslie Péan
13- Leslie Péan, Aux origines de l’État marron (1804-1860), P-au-P, Presses de l’Université d’État d’Haïti, 2009, p. 156-164.
14- Baron Valentin Pompée de Vastey, Réflexions Politiques sur quelques Ouvrages et Journaux Français concernant Hayti, Imprimerie Royale, Sans-Souci, Royaume d’Hayti, 1817, p. 111-112 et p. 132-133.
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Yon moun gen dwa pa fin dakò ak tout sa LESLIE PEAN ekri ;lan liv pa m ,misye se pi bon ISTORYEN AYISYEN VIVAN.Li pa PEDAN menm jan ak zòt ,men travay misye yo ""second to none"" tankou AMERIKEN yo ta di.
Dapre ALYSON SEPINWAL ,istoryèn ameriken di ;etid sou ISTWA DAYITI ap eksploze lan INIVÈSITE AMERIKEN yo.Manmzèl di ke ti peyi sa a ,ISTWA LI TWÒ ENPÒTAN,pou yo pa fouye zo lan kalalou.
VRÈMAN vre ,SEPINWAL ekzamine kijan se FRANSE ki vin lang OFISYÈL peyi an ,se pa KREYÒL , kòman sa te fè rive ;pou gran malè peyi an.
Manmzèl ki se BYOGRAFÈ ABBE GREGOIRE (li ekri 4 TÒM sou li) eksplike ki wòl ABBE GREGOIRE te jwe pou FRANSE vin lang ofisyèl epi li ekzamine ki apwi ,GREGOIRE te bay BOYER lan lit li kont KRISTÒF ;bagay li te konsidere tankou yon gwo erè ;paske misyon sivilizatris ke GREGOIRE yon mòun de goch tout bon, pou tan li;te vle wè pou AYITI (malgre limitasyon ide l yo) se KRISTÒF ki te ka akonpli yo ;se pa t BOYER ki te yon ""blofè"" lan je SEPINWAL.
Wi ,ABBE GREGOIRE te enpòtan anpil ,lan oryantasyon peyi an ,apre LENDEPANDANS.Se pa pa aza ,ke pi GRAN RI lan PETYONVIL ki pase devan LEGLIZ SENPYÈ an ,ak OTÈL DE VIL lan ,se RI GREGWA li rele!
Dapre ALYSON SEPINWAL ,istoryèn ameriken di ;etid sou ISTWA DAYITI ap eksploze lan INIVÈSITE AMERIKEN yo.Manmzèl di ke ti peyi sa a ,ISTWA LI TWÒ ENPÒTAN,pou yo pa fouye zo lan kalalou.
VRÈMAN vre ,SEPINWAL ekzamine kijan se FRANSE ki vin lang OFISYÈL peyi an ,se pa KREYÒL , kòman sa te fè rive ;pou gran malè peyi an.
Manmzèl ki se BYOGRAFÈ ABBE GREGOIRE (li ekri 4 TÒM sou li) eksplike ki wòl ABBE GREGOIRE te jwe pou FRANSE vin lang ofisyèl epi li ekzamine ki apwi ,GREGOIRE te bay BOYER lan lit li kont KRISTÒF ;bagay li te konsidere tankou yon gwo erè ;paske misyon sivilizatris ke GREGOIRE yon mòun de goch tout bon, pou tan li;te vle wè pou AYITI (malgre limitasyon ide l yo) se KRISTÒF ki te ka akonpli yo ;se pa t BOYER ki te yon ""blofè"" lan je SEPINWAL.
Wi ,ABBE GREGOIRE te enpòtan anpil ,lan oryantasyon peyi an ,apre LENDEPANDANS.Se pa pa aza ,ke pi GRAN RI lan PETYONVIL ki pase devan LEGLIZ SENPYÈ an ,ak OTÈL DE VIL lan ,se RI GREGWA li rele!
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
jOEL, OU GEN REZON SE PA TOUTAN MWEN DAKOR AK LESLIE PEAN OU MENM AK PERSONAJ LA, MEN FOK NOU RESPEKTE RECHECH LI FE YO, MEN 2E PARTIE A
En marge du dossier Clifford Brandt junior (2ème PARTIE)
Par Leslie Péan (21 novembre 2012) (Version corrigée le 22 novembre à 11 hres 55 a.m, heure d’Haïti)
Publié le mercredi 21 novembre 2012
La bourgeoisie nationale haïtienne a été victime du racisme international dès 1804. Elle est la victime des préjugés disséminés par l’Occident blanc et qui se manifestent dans ce que Laennec Hurbon nomme « le barbare imaginaire » (1). Depuis Thomas Jefferson, la puissance américaine refuse à Haïti la constitution d’une marine marchande pour exporter ses denrées (2). C’était la manière d’assurer la suprématie des négociants consignataires étrangers, en majorité américains, qui constituent l’essence de la bourgeoise installée dans la dizaine de ports ouverts au commerce extérieur. La bourgeoisie haïtienne n’a jamais pu s’affranchir de ce carcan malgré ses tentatives de constitution de firmes commerciales (1821) et industrielles (1861) avec Bien-Aimé Rivière (1863), armateur, propriétaire d’un atelier de fabrication de pièces de rechange pour les bateaux employant 120 ouvriers, et enfin d’une usine à glace avec son associé Alexandre Tate.
En outre, la bourgeoisie nationale devra subir les assauts du colorisme dans ses deux versions mulâtriste et noiriste. Lesquels assauts participent du même imaginaire aliénant de la sauvagerie. Elle a beau gémir, pleurer, vociférer et hurler, elle n’est pas épargnée par les coups de boutoir de ces deux faces de la médaille du néant haïtien. Le nain satanique ne veut pas d’elle, qu’il s’appelle Boyer, Boisrond Canal, Salomon ou Duvalier. Tout son drame est dans cet imaginaire raciste qui détruit sa terrible envie d’être aimée. L’État marron est son assassin et ne veut pas de son amour. Le filet de protection inscrit dans l’article 7 de nos Constitutions du 19e siècle contre le capital étranger lui a filé entre les doigts dans la Constitution de 1889. Les étreintes de 1876 sous Boisrond Canal ont dégénéré dans les combats de rues, notamment la Bataille de la rue Pavée, qui conduisent à la démission de Boisrond Canal en 1879.
Les massacres de 1883-1884 et la guerre civile de 1902 ont vu les protagonistes s’empoigner dans un monde sans foi ni loi. La victoire de prébendiers a alors scellé le tout et mis Haïti en état de survie jusqu’à l’occupation de 1915. La transmission du savoir des prébendiers se fait sans failles d’une génération à l’autre. L’apprentissage de la magouille commence à la mamelle, dans un décor presque surréaliste où se retrouvent noiristes et mulâtristes. L’exemple achevé de cette connivence est bien Frédéric Marcelin, diplomate, député du Parti National, protégé de Septimus Rameau, cinq fois ministre des Finances de 1892 à 1908, c’est-à-dire du gouvernement d’Hyppolite à celui de Nord Alexis. Frédéric Marcelin est le prototype de la classe politique du pouvoir d’État qui, en dépit de sa vaste culture et de sa formation de technocrate, a abusé sans réserve des privilèges liés à son statut de grand commis de l’État.
Après la bonne gestion d’un Anténor Firmin qui, sous le gouvernement d’Hyppolite, diminue la dette haïtienne à 4,4 millions de dollars US en 1891, ses successeurs, dont Frédéric Marcelin, la font augmenter à plus de 25 millions de dollars US en 1895. Les dommages seront irréversibles. Dans la foulée, on assiste à la dégradation dramatique et systématique des finances haïtiennes conduisant aux emprunts extérieurs de 1896, puis de 1910. Frédéric Marcelin symbolise cet âge d’or de la bourgeoisie d’État qui transmet de génération en génération le sens de la grande corruption et de la régression.
Le dispositif du saccage est multiple, mais s’articule toujours autour de l’utilisation des finances publiques à des fins personnelles par les potentats du moment. Dès 1885, sous le président Salomon, Frédéric Marcelin se retrouve concessionnaire de l’État, qui lui garantit l’achat de quatre bateaux devant assurer le transport le courrier sur le territoire de la République. Non seulement ces bateaux ne seront jamais payés, ils seront détournés de leur fonction et utilisés pour le transport de marchandises et de passagers au profit du concessionnaire Frédéric Marcelin.
C’est encore avec un autre bateau L’Alexandre Pétion que Frédéric Marcelin engrange en 1893. L’obsession de l’argent pousse au crime. L’imaginaire politique veut que le bateau transportait des caisses d’or pour payer une dette contractée par le président Hyppolite auprès du président dominicain Ulysses Heureaux (3). On ne sait trop comment ni pourquoi, mais L’Alexandre Pétion explosa en pleine mer près de Tiburon (4). C’était un bateau neuf qui venait d’être construit au Havre et acheté par Frédéric Marcelin, alors ministre des Finances, pour la rondelette somme de 250 000 dollars américains deux mois plus tôt. Les présumées caisses contenant de l’or, au lieu de couler au fond, flottèrent. L’arsenal des procédés utilisés pour arnaquer la population d’Haïti n’a pas de limites. Périrent dans cette explosion les 80 membres de l’équipage, le ministre dominicain en Haïti, Molini, et d’autres personnalités diplomatiques qui allaient négocier un traité entre Haïti et la République Dominicaine.
Les morts furent pleurés. La vision magique de la politique épingla Frédéric Marcelin en répandant l’idée qu’il avait organisé lui-même l’explosion du navire. Refusant toute vision à court terme, Frédéric Marcelin encaisse, prépare sa sortie en attendant de revenir au même poste en 1905. Dans l’intervalle, il s’en va dépenser son pactole aux Folies Bergères, aux casinos de Paris et de Monte Carlo qu’il fréquentait assidument (5). Au final, les luttes politiques entre les fractions des élites ont pénalisé le capital national qui n’a pas pu se développer à cause de l’endettement original de 1825 et des dettes subséquentes de 1875, 1896, et 1910. Notons que c’est particulièrement la mauvaise gestion des finances publiques qui bloque le développement de la bourgeoisie nationale. En 1915, la dette cumulée auprès des créanciers avait atteint 25 millions de dollars US. Cette dette était financée par une taxe à l’exportation de 3 dollars US par cent livres de café. De cette taxe, 2,53 dollars étaient prélevés pour payer les emprunts de 1875, 1896 et 1910 et 28 centimes pour payer les emprunts intérieurs dont les fameux BON-DA du gouvernement de Davilmar Théodore. Il ne restait donc que 19 centimes américains au gouvernement haïtien pour ses dépenses courantes. Les rouages grinçants de la machine financière étatique, en commençant avec les détournements et malversations de Boyer et de Salomon, ont donc asséné un coup mortel à la bourgeoisie nationale. Le cycle de dettes a continué en 1938 et 1943 (notamment avec le scandale de la SHADA), bloquant toute accumulation nationale.
La société haïtienne a reproduit la société coloniale d’ancien régime caractérisée par l’octroi de droits et privilèges aux classes et catégories sociales situées au sommet de la société et par l’absence de ces mêmes droits pour le reste de la population. On l’a vu aux États-Unis avec les Blancs pratiquant la démocratie entre eux, tout en la refusant aux Noirs. Ce fut aussi le cas en Afrique du Sud pour les Noirs du temps de l’apartheid. La bourgeoisie en Haïti s’est vite confondue avec les rentiers provenant de l’État et des propriétés foncières acquises en saisissant les biens fonciers laissés par les anciens colons.
Anéantissement de la bourgeoisie nationale
Les éclopés de 1883-1884 n’auront plus la possibilité de remonter la pente. Le savoir-faire et les capitaux qu’ils avaient accumulés manqueront terriblement à la politique de grands travaux inaugurée par le président Hyppolite une décennie plus tard. Il y aura d’excellentes occasions d’affaires au cours de la fin de siècle. Mais, sauf quelques exceptions, les entrepreneurs boulimiques et les gestionnaires feront défaut. Le naufrage de 1883-1884 a fait vaciller pour de bon les structures de la bourgeoisie nationale. Haïti paiera très cher l’erreur stratégique du président Salomon de confier la gestion de finances haïtiennes à la Société de Crédit Commercial et Industriel en 1880. L’alliance de Boisrond Canal et de Nord Alexis ne produira que des fruits secs. Le premier étant sourd à toute politique contraire aux intérêts des Allemands et le second, aveugle dans sa course pour le pouvoir politique suprême.
Les intérêts allemands, forts d’une communauté de 200 personnes, ne permettent pas à la bourgeoisie nationale de rattraper le retard accumulé depuis le gouvernement de Salomon. En apportant son soutien aux canards boiteux des gouvernement de doublure, cette stratégie condamne la bourgeoisie nationale à disparaître au profit de ce qu’Anténor Firmin nomme « une bande de spéculateurs mulâtres, entr’autres Boisrond-Canal, Léon Audain, Solon Ménos, Justin Carrié, Auguste et Clément Magloire, Villehardouin Leconte, Sambour, et cent autres encore…(6) »
Le naufrage de la bourgeoisie nationale est d’autant plus consommé que les Syro-Libanais longtemps isolés dans leurs souffrances en province décident de communiquer leurs préférences pour les États-Unis d’Amérique dont ils vendent les produits. Ils ne revendiquent plus en cachette le droit de cité et demandent une intégration complète qui leur est refusée par la bourgeoisie compradore aux ordres des Allemands et des Français. Dans ce combat où ce qui reste de la bourgeoisie nationale a les menottes aux mains, elle ne pourra exprimer de manière articulée sa détresse que par le biais des personnalités qui formeront L’Union Patriotique dès le mois d’Août 1915.
Ces personnalités sont Georges Sylvain, Charles Bouchereau, Victor Cauvin, Lys Latortue, Occide Jeanty, Fleury Féquière, Caius Lhérisson, Dr. Carré, Dr. Holly, F. Porsenna, Edmond Laforest et Joseph Sylvan. 12 patriotes comme les 12 apôtres. Se joindront à eux de nombreux autres dont Seymour Pradel, Pierre Hudicourt, Dantès Bellegarde, Georges Séjourné, Jean Price Mars et beaucoup d’autres. En fondant avec Edmond Laforest, Marcelin Jocelyn le journal La Patrie qui sera interdit par les forces d’occupation américaine, Georges Sylvain écrit : « Je ne me résignerai pas à cette occupation, je lutterai jusqu’au bout pour libérer Haïti. [….] Nous lutterons, nous et nos enfants, tant que notre patrie n’aura pas recouvré la plénitude de son indépendance (7) ». La couche restante de la bourgeoisie nationale traversera ainsi l’épreuve de l’occupation américaine avec L’Union Patriotique sans jamais sombrer dans le désespoir.
La révolution bourgeoise n’a jamais pu avoir lieu, car dès les premiers jours les négociants consignataires étrangers ont fait alliance avec les féodaux absentéistes contrôlant le pouvoir d’État pour bloquer justement l’émergence et le triomphe de la bourgeoisie nationale. Qu’il s’agisse des grands propriétaires du Sud avec les Jérémie, Geffrard, Pressoir, Laforest, Phillips, Sansaricq ou du Nord avec les Sam, Béliard, Nord Alexis, Mathon, Pierre-Louis, Dupuy, Florvil Hyppolite, Auguste, etc. ils employaient tous le système dit « de-moitié » sur leurs plantations. Système aberrant dans ses fondements qui ne permet pas d’augmenter la production nationale. Toutefois, on ne saurait à partir de là nier l’existence de la bourgeoisie. La moindre analyse historique démontre la mouvance dès le 19e siècle d’une bourgeoisie haïtienne nationaliste, rentière, mais aussi commerçante et industrielle. L’historien Benoit Joachim ( a laissé une étude de la bourgeoisie d’affaires au 19e siècle qui fait date. Dans son sillage, on peut affirmer que jusqu’en 1908, 15 des 34 exportateurs, soit 44%, de la capitale sont des Haïtiens tandis qu’en province, à la même date, 70 des 129 bourgeois marchands, soit 54%, sont des Haïtiens (9).
L’instabilité politique a affecté la bourgeoisie dans toutes ses composantes non seulement en référence aux massacres de franges importantes de la bourgeoisie nationale mais aussi au paiement de réclamations exorbitantes aux autres secteurs de la bourgeoisie qui ont grevé l’État haïtien d’une bonne partie du surplus économique. Remarquons que seuls les négociants consignataires étrangers étaient dédommagés grâce aux menaces proférées par leurs diplomates et leurs canonnières à l’endroit de l’État haïtien. Après chaque prise d’armes, non seulement il y avait des réclamations, mais c’était aussi l’occasion pour les bourgeois contrebandiers et les faux-monnayeurs de s’enrichir davantage avec la complicité des commandants d’arrondissement. Haïti a connu plus d’une centaine d’insurrections avant l’occupation américaine, dont les plus importantes eurent lieu en 1843, 1848, 1865-69, 1879, 1883, 1889-1890, 1902, 1908, 1912, 1914 et 1915. Le climat d’insécurité qui s’ensuivit devait se traduire par la diminution des stocks détenus dans les entrepôts des négociants consignataires. Ces derniers préféreront les marchandises anglaises venant de la Jamaïque ou celles venant directement des États-Unis à celles venant de la France et devant être commandées en plus grandes quantités. Cela était encore facilité par le fait que les commerçants américains utilisaient les bateaux à vapeur, tandis que les commerçants français en étaient encore aux bateaux à voile, beaucoup moins rapides. Sans parler des conditions de paiement plus avantageuses offertes par les exportateurs américains.
La potion magique du sorcier
On s’explique donc que les Syro-Libanais soient devenus le fer de lance de la percée américaine à la fin du 19e siècle contre les commerçants haïtiens et autres liés au marché européen. Dès 1903, les Syro-Libanais contrôlent pratiquement le commerce en détail des marchandises importées (10). Leur réussite provoque l’ostracisme autant de la bourgeoise haïtienne que des commerçants allemands contre eux. L’hostilité de la bourgeoisie haïtienne contre eux indique que la couleur blanche de la peau n’est pas toujours chargée symboliquement du sens positif que certains veulent lui donner. L’imaginaire du privilège de la couleur claire ne joue pas et les Syro-Libanais sont attaqué et persécutés. Le New York Times proteste énergiquement contre les pogroms anti-syriens (11) qui ont lieu à L’Arcahaie, Port-au-Prince, Léogane et dans d’autres villes en 1904. Les Syro-Libanais dont le nombre avoisinait 7,000 personnes « ont aidé à affaiblir ce qui restait de la bourgeoisie haïtienne » (12) décapitée lors de la semaine sanglante des 22 et 23 septembre 1883, les massacres de Jacmel (13) et de Miragoâne en 1884 ainsi qu’à la suite de l’incendie de Petit-Goâve en 1902 pour déloger les partisans d’Anténor Firmin. Plus de 5 000 membres de la bourgeoise nationale disparaissent dans ses massacres à répétition sans rituel funèbre tandis que le pays accueille le même nombre d’émigrants syro-libanais.
On aurait tort de croire que la tâche fut facile pour ces derniers. Des centaines de Syro-Libanais furent expulsés sous le gouvernement de Nord Alexis en 1905, mais ils feront preuve d’une déroutante capacité de résilience en se drapant derrière le drapeau et la citoyenneté américaine. Le gouvernement haïtien essaya en 1907 d’appliquer la loi haïtienne de 1876 qui refusait aux étrangers le droit de faire le commerce de détail. Les Syro-Libanais reçurent alors l’appui du diplomate américain Henry Furniss qui dissuada le président Nord Alexis d’entreprendre toute tentative de sévir à nouveau contre eux. Les Syro-Libanais avaient déjà plus de deux décennies en Haïti et avaient quelques bonnes cartes dans leur jeu. En se présentant comme le joker des Américains, ils se savaient en position de force. Surtout quand, à la chute de Nord Alexis, ils retournèrent en 1909 sous le gouvernement d’Antoine Simon. Avec la potion magique du sorcier représentant les intérêts commerciaux américains, ils se donnaient les moyens de leur réussite. Et même quand arriva le président Cincinnatus Leconte qui voulait les chasser, ils avaient déjà des alliés de taille.
En effet, ils représentaient alors en Haïti la National Association of Manufacturers avec de puissantes sociétés telles que Swift and Company, Armour and Company, the National Biscuit Company et la Pillsbury Mills qui était déjà alors une multinationale. On comprend que le New York Times en décembre 1911 sonne à nouveau l’alarme contre les menaces (14) dont ils étaient l’objet. La revendication des Syro-Libanais au commerce libre est-elle pertinente, comme certains le croient, pour expliquer l’explosion du Palais national le 8 août 1912 et la mort du président Cincinnatus Leconte ? Un kidnapping mortel dont on cherche encore les responsables. Levier évident des Américains, les Syro-Libanais s’inscrivaient en force dans la durée pour devenir irrésistibles face une bourgeoisie haïtienne pour le moins fantaisiste et vivant encore dans les ombres du procès de la Consolidation. Le secret des Syro-Libanais a été de comprendre la direction du vent et de se mettre sur sa trajectoire.
On s’explique donc que 46 d’entre eux n’hésitèrent pas une seconde pour demander la prolongation de l’occupation américaine en janvier 1921. Les signataires de cette pétition furent : M.J. Kour, John Stambouly, Pierre Sada, Maurice Gebara, Albech Kayen, M.J. Souckar, Joseph Fadoul, Antoine Gebara, Boulos Gebara, Adih Hawly, Nageb Sada, John Boulos, A.B.Bacha, Antoine Abraham Freres, Motes Saieh, S. H. Talamas, John Bross, Ch. Fara, Joseph Jacob, Elis Georges, Abraham Douran, Victor Bigio, Jean Marsouka, Narcis Antoine, Joseph Kassar, E.F. Karpan, Michel Zuraich, Esper Bacah, Habb Joseph, J. Niconla, Joseph Marsouka, Alfred Nicolas, Ch. Marsouka, N.J. Kouri et Joseph Kouri (15) . (à suivre)
Leslie Péan
(1) Laennec Hubon, Le barbare imaginaire, Paris, Le Cerf, 1988
(2) Vertus Saint Louis, Aux origines du drame d’Haïti (1794-1806), P-au-P, Imprimeur II, 2006.
(3) Heinl and Heinl, Written in blood, Boston, Houghton Miffin, 1978, p. 322.
(4) « Haitian war ship Alexander Pétion, with crew and passengers, reported lost », New York Times, September 23, 1893.
(5) Étienne Mathon, M. Frédéric Marcelin, ou L’homme de la petite dîme, P-au-P, J. Chenet, 1895.
(6) Anténor Firmin, « Mémoire au Secrétaire d’État Américain John Hay en date du 24 Mai 1905 », présenté et annoté par Roger Gaillard, Conjonction, numéro 127-128, P-au-P, Haïti, Décembre 1975, p. 136.
(7) Cité dans Raphaël Berrou et Pradel Pompilus, Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes, Tome II, Éditions Caraïbes, 1975, p. 30.
( Benoît Joachim, « La Bourgeoisie d’affaires en Haïti de l’Indépendance à l’Occupation américaine », Nouvelle Optique , Montréal, numéro 4, décembre 1971, p. 50-70.
(9) Brenda Gayle Plummer, « The metropolitan connection : Foreign and Semiforeign Elites in Haiti 1910-1915 », Latin American Research Review, Vol. XIX, number 2, 1984, p. 130-131.
(10) David Nicholls, « No hawkers and peddlers : Lebanese in the Caribbean », Ethnic and Racial Studies, Vol. 4, number 4, Great Britain, October 1981, p. 419-420.
(11) « Syrians driven from a town in Haiti ; Trouble Feared in Other Cities of the Republic, Cause of the agitation Monopoly of the Retail Trades Obtained by Syrians Who Claim American Citizenship », New York Times, August 6, 1904.
(12) Gail Plummer, Race, nationality and trade in the Caribbean : the Syrians in Haiti (1903-1904), The International History Review, Vol. III, number 4, October 1981, p. 521.
(13) Alain Turnier, Avec Mérisier Jeannis, P-au-P, Le Natal 1982.
(14) « Help for Syrians barred from Haiti - Large Concerns Here Indicate an Interest Because of Injury to Export Trade », New York Times, 21-22 December 1911.
(15) Vernet Larose, « La réussite commerciale de la diaspora syro-libanaise, notes de recherche », Haïti Nation, 22 juillet 2012.
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article9303
En marge du dossier Clifford Brandt junior (2ème PARTIE)
Par Leslie Péan (21 novembre 2012) (Version corrigée le 22 novembre à 11 hres 55 a.m, heure d’Haïti)
Publié le mercredi 21 novembre 2012
La bourgeoisie nationale haïtienne a été victime du racisme international dès 1804. Elle est la victime des préjugés disséminés par l’Occident blanc et qui se manifestent dans ce que Laennec Hurbon nomme « le barbare imaginaire » (1). Depuis Thomas Jefferson, la puissance américaine refuse à Haïti la constitution d’une marine marchande pour exporter ses denrées (2). C’était la manière d’assurer la suprématie des négociants consignataires étrangers, en majorité américains, qui constituent l’essence de la bourgeoise installée dans la dizaine de ports ouverts au commerce extérieur. La bourgeoisie haïtienne n’a jamais pu s’affranchir de ce carcan malgré ses tentatives de constitution de firmes commerciales (1821) et industrielles (1861) avec Bien-Aimé Rivière (1863), armateur, propriétaire d’un atelier de fabrication de pièces de rechange pour les bateaux employant 120 ouvriers, et enfin d’une usine à glace avec son associé Alexandre Tate.
En outre, la bourgeoisie nationale devra subir les assauts du colorisme dans ses deux versions mulâtriste et noiriste. Lesquels assauts participent du même imaginaire aliénant de la sauvagerie. Elle a beau gémir, pleurer, vociférer et hurler, elle n’est pas épargnée par les coups de boutoir de ces deux faces de la médaille du néant haïtien. Le nain satanique ne veut pas d’elle, qu’il s’appelle Boyer, Boisrond Canal, Salomon ou Duvalier. Tout son drame est dans cet imaginaire raciste qui détruit sa terrible envie d’être aimée. L’État marron est son assassin et ne veut pas de son amour. Le filet de protection inscrit dans l’article 7 de nos Constitutions du 19e siècle contre le capital étranger lui a filé entre les doigts dans la Constitution de 1889. Les étreintes de 1876 sous Boisrond Canal ont dégénéré dans les combats de rues, notamment la Bataille de la rue Pavée, qui conduisent à la démission de Boisrond Canal en 1879.
Les massacres de 1883-1884 et la guerre civile de 1902 ont vu les protagonistes s’empoigner dans un monde sans foi ni loi. La victoire de prébendiers a alors scellé le tout et mis Haïti en état de survie jusqu’à l’occupation de 1915. La transmission du savoir des prébendiers se fait sans failles d’une génération à l’autre. L’apprentissage de la magouille commence à la mamelle, dans un décor presque surréaliste où se retrouvent noiristes et mulâtristes. L’exemple achevé de cette connivence est bien Frédéric Marcelin, diplomate, député du Parti National, protégé de Septimus Rameau, cinq fois ministre des Finances de 1892 à 1908, c’est-à-dire du gouvernement d’Hyppolite à celui de Nord Alexis. Frédéric Marcelin est le prototype de la classe politique du pouvoir d’État qui, en dépit de sa vaste culture et de sa formation de technocrate, a abusé sans réserve des privilèges liés à son statut de grand commis de l’État.
Après la bonne gestion d’un Anténor Firmin qui, sous le gouvernement d’Hyppolite, diminue la dette haïtienne à 4,4 millions de dollars US en 1891, ses successeurs, dont Frédéric Marcelin, la font augmenter à plus de 25 millions de dollars US en 1895. Les dommages seront irréversibles. Dans la foulée, on assiste à la dégradation dramatique et systématique des finances haïtiennes conduisant aux emprunts extérieurs de 1896, puis de 1910. Frédéric Marcelin symbolise cet âge d’or de la bourgeoisie d’État qui transmet de génération en génération le sens de la grande corruption et de la régression.
Le dispositif du saccage est multiple, mais s’articule toujours autour de l’utilisation des finances publiques à des fins personnelles par les potentats du moment. Dès 1885, sous le président Salomon, Frédéric Marcelin se retrouve concessionnaire de l’État, qui lui garantit l’achat de quatre bateaux devant assurer le transport le courrier sur le territoire de la République. Non seulement ces bateaux ne seront jamais payés, ils seront détournés de leur fonction et utilisés pour le transport de marchandises et de passagers au profit du concessionnaire Frédéric Marcelin.
C’est encore avec un autre bateau L’Alexandre Pétion que Frédéric Marcelin engrange en 1893. L’obsession de l’argent pousse au crime. L’imaginaire politique veut que le bateau transportait des caisses d’or pour payer une dette contractée par le président Hyppolite auprès du président dominicain Ulysses Heureaux (3). On ne sait trop comment ni pourquoi, mais L’Alexandre Pétion explosa en pleine mer près de Tiburon (4). C’était un bateau neuf qui venait d’être construit au Havre et acheté par Frédéric Marcelin, alors ministre des Finances, pour la rondelette somme de 250 000 dollars américains deux mois plus tôt. Les présumées caisses contenant de l’or, au lieu de couler au fond, flottèrent. L’arsenal des procédés utilisés pour arnaquer la population d’Haïti n’a pas de limites. Périrent dans cette explosion les 80 membres de l’équipage, le ministre dominicain en Haïti, Molini, et d’autres personnalités diplomatiques qui allaient négocier un traité entre Haïti et la République Dominicaine.
Les morts furent pleurés. La vision magique de la politique épingla Frédéric Marcelin en répandant l’idée qu’il avait organisé lui-même l’explosion du navire. Refusant toute vision à court terme, Frédéric Marcelin encaisse, prépare sa sortie en attendant de revenir au même poste en 1905. Dans l’intervalle, il s’en va dépenser son pactole aux Folies Bergères, aux casinos de Paris et de Monte Carlo qu’il fréquentait assidument (5). Au final, les luttes politiques entre les fractions des élites ont pénalisé le capital national qui n’a pas pu se développer à cause de l’endettement original de 1825 et des dettes subséquentes de 1875, 1896, et 1910. Notons que c’est particulièrement la mauvaise gestion des finances publiques qui bloque le développement de la bourgeoisie nationale. En 1915, la dette cumulée auprès des créanciers avait atteint 25 millions de dollars US. Cette dette était financée par une taxe à l’exportation de 3 dollars US par cent livres de café. De cette taxe, 2,53 dollars étaient prélevés pour payer les emprunts de 1875, 1896 et 1910 et 28 centimes pour payer les emprunts intérieurs dont les fameux BON-DA du gouvernement de Davilmar Théodore. Il ne restait donc que 19 centimes américains au gouvernement haïtien pour ses dépenses courantes. Les rouages grinçants de la machine financière étatique, en commençant avec les détournements et malversations de Boyer et de Salomon, ont donc asséné un coup mortel à la bourgeoisie nationale. Le cycle de dettes a continué en 1938 et 1943 (notamment avec le scandale de la SHADA), bloquant toute accumulation nationale.
La société haïtienne a reproduit la société coloniale d’ancien régime caractérisée par l’octroi de droits et privilèges aux classes et catégories sociales situées au sommet de la société et par l’absence de ces mêmes droits pour le reste de la population. On l’a vu aux États-Unis avec les Blancs pratiquant la démocratie entre eux, tout en la refusant aux Noirs. Ce fut aussi le cas en Afrique du Sud pour les Noirs du temps de l’apartheid. La bourgeoisie en Haïti s’est vite confondue avec les rentiers provenant de l’État et des propriétés foncières acquises en saisissant les biens fonciers laissés par les anciens colons.
Anéantissement de la bourgeoisie nationale
Les éclopés de 1883-1884 n’auront plus la possibilité de remonter la pente. Le savoir-faire et les capitaux qu’ils avaient accumulés manqueront terriblement à la politique de grands travaux inaugurée par le président Hyppolite une décennie plus tard. Il y aura d’excellentes occasions d’affaires au cours de la fin de siècle. Mais, sauf quelques exceptions, les entrepreneurs boulimiques et les gestionnaires feront défaut. Le naufrage de 1883-1884 a fait vaciller pour de bon les structures de la bourgeoisie nationale. Haïti paiera très cher l’erreur stratégique du président Salomon de confier la gestion de finances haïtiennes à la Société de Crédit Commercial et Industriel en 1880. L’alliance de Boisrond Canal et de Nord Alexis ne produira que des fruits secs. Le premier étant sourd à toute politique contraire aux intérêts des Allemands et le second, aveugle dans sa course pour le pouvoir politique suprême.
Les intérêts allemands, forts d’une communauté de 200 personnes, ne permettent pas à la bourgeoisie nationale de rattraper le retard accumulé depuis le gouvernement de Salomon. En apportant son soutien aux canards boiteux des gouvernement de doublure, cette stratégie condamne la bourgeoisie nationale à disparaître au profit de ce qu’Anténor Firmin nomme « une bande de spéculateurs mulâtres, entr’autres Boisrond-Canal, Léon Audain, Solon Ménos, Justin Carrié, Auguste et Clément Magloire, Villehardouin Leconte, Sambour, et cent autres encore…(6) »
Le naufrage de la bourgeoisie nationale est d’autant plus consommé que les Syro-Libanais longtemps isolés dans leurs souffrances en province décident de communiquer leurs préférences pour les États-Unis d’Amérique dont ils vendent les produits. Ils ne revendiquent plus en cachette le droit de cité et demandent une intégration complète qui leur est refusée par la bourgeoisie compradore aux ordres des Allemands et des Français. Dans ce combat où ce qui reste de la bourgeoisie nationale a les menottes aux mains, elle ne pourra exprimer de manière articulée sa détresse que par le biais des personnalités qui formeront L’Union Patriotique dès le mois d’Août 1915.
Ces personnalités sont Georges Sylvain, Charles Bouchereau, Victor Cauvin, Lys Latortue, Occide Jeanty, Fleury Féquière, Caius Lhérisson, Dr. Carré, Dr. Holly, F. Porsenna, Edmond Laforest et Joseph Sylvan. 12 patriotes comme les 12 apôtres. Se joindront à eux de nombreux autres dont Seymour Pradel, Pierre Hudicourt, Dantès Bellegarde, Georges Séjourné, Jean Price Mars et beaucoup d’autres. En fondant avec Edmond Laforest, Marcelin Jocelyn le journal La Patrie qui sera interdit par les forces d’occupation américaine, Georges Sylvain écrit : « Je ne me résignerai pas à cette occupation, je lutterai jusqu’au bout pour libérer Haïti. [….] Nous lutterons, nous et nos enfants, tant que notre patrie n’aura pas recouvré la plénitude de son indépendance (7) ». La couche restante de la bourgeoisie nationale traversera ainsi l’épreuve de l’occupation américaine avec L’Union Patriotique sans jamais sombrer dans le désespoir.
La révolution bourgeoise n’a jamais pu avoir lieu, car dès les premiers jours les négociants consignataires étrangers ont fait alliance avec les féodaux absentéistes contrôlant le pouvoir d’État pour bloquer justement l’émergence et le triomphe de la bourgeoisie nationale. Qu’il s’agisse des grands propriétaires du Sud avec les Jérémie, Geffrard, Pressoir, Laforest, Phillips, Sansaricq ou du Nord avec les Sam, Béliard, Nord Alexis, Mathon, Pierre-Louis, Dupuy, Florvil Hyppolite, Auguste, etc. ils employaient tous le système dit « de-moitié » sur leurs plantations. Système aberrant dans ses fondements qui ne permet pas d’augmenter la production nationale. Toutefois, on ne saurait à partir de là nier l’existence de la bourgeoisie. La moindre analyse historique démontre la mouvance dès le 19e siècle d’une bourgeoisie haïtienne nationaliste, rentière, mais aussi commerçante et industrielle. L’historien Benoit Joachim ( a laissé une étude de la bourgeoisie d’affaires au 19e siècle qui fait date. Dans son sillage, on peut affirmer que jusqu’en 1908, 15 des 34 exportateurs, soit 44%, de la capitale sont des Haïtiens tandis qu’en province, à la même date, 70 des 129 bourgeois marchands, soit 54%, sont des Haïtiens (9).
L’instabilité politique a affecté la bourgeoisie dans toutes ses composantes non seulement en référence aux massacres de franges importantes de la bourgeoisie nationale mais aussi au paiement de réclamations exorbitantes aux autres secteurs de la bourgeoisie qui ont grevé l’État haïtien d’une bonne partie du surplus économique. Remarquons que seuls les négociants consignataires étrangers étaient dédommagés grâce aux menaces proférées par leurs diplomates et leurs canonnières à l’endroit de l’État haïtien. Après chaque prise d’armes, non seulement il y avait des réclamations, mais c’était aussi l’occasion pour les bourgeois contrebandiers et les faux-monnayeurs de s’enrichir davantage avec la complicité des commandants d’arrondissement. Haïti a connu plus d’une centaine d’insurrections avant l’occupation américaine, dont les plus importantes eurent lieu en 1843, 1848, 1865-69, 1879, 1883, 1889-1890, 1902, 1908, 1912, 1914 et 1915. Le climat d’insécurité qui s’ensuivit devait se traduire par la diminution des stocks détenus dans les entrepôts des négociants consignataires. Ces derniers préféreront les marchandises anglaises venant de la Jamaïque ou celles venant directement des États-Unis à celles venant de la France et devant être commandées en plus grandes quantités. Cela était encore facilité par le fait que les commerçants américains utilisaient les bateaux à vapeur, tandis que les commerçants français en étaient encore aux bateaux à voile, beaucoup moins rapides. Sans parler des conditions de paiement plus avantageuses offertes par les exportateurs américains.
La potion magique du sorcier
On s’explique donc que les Syro-Libanais soient devenus le fer de lance de la percée américaine à la fin du 19e siècle contre les commerçants haïtiens et autres liés au marché européen. Dès 1903, les Syro-Libanais contrôlent pratiquement le commerce en détail des marchandises importées (10). Leur réussite provoque l’ostracisme autant de la bourgeoise haïtienne que des commerçants allemands contre eux. L’hostilité de la bourgeoisie haïtienne contre eux indique que la couleur blanche de la peau n’est pas toujours chargée symboliquement du sens positif que certains veulent lui donner. L’imaginaire du privilège de la couleur claire ne joue pas et les Syro-Libanais sont attaqué et persécutés. Le New York Times proteste énergiquement contre les pogroms anti-syriens (11) qui ont lieu à L’Arcahaie, Port-au-Prince, Léogane et dans d’autres villes en 1904. Les Syro-Libanais dont le nombre avoisinait 7,000 personnes « ont aidé à affaiblir ce qui restait de la bourgeoisie haïtienne » (12) décapitée lors de la semaine sanglante des 22 et 23 septembre 1883, les massacres de Jacmel (13) et de Miragoâne en 1884 ainsi qu’à la suite de l’incendie de Petit-Goâve en 1902 pour déloger les partisans d’Anténor Firmin. Plus de 5 000 membres de la bourgeoise nationale disparaissent dans ses massacres à répétition sans rituel funèbre tandis que le pays accueille le même nombre d’émigrants syro-libanais.
On aurait tort de croire que la tâche fut facile pour ces derniers. Des centaines de Syro-Libanais furent expulsés sous le gouvernement de Nord Alexis en 1905, mais ils feront preuve d’une déroutante capacité de résilience en se drapant derrière le drapeau et la citoyenneté américaine. Le gouvernement haïtien essaya en 1907 d’appliquer la loi haïtienne de 1876 qui refusait aux étrangers le droit de faire le commerce de détail. Les Syro-Libanais reçurent alors l’appui du diplomate américain Henry Furniss qui dissuada le président Nord Alexis d’entreprendre toute tentative de sévir à nouveau contre eux. Les Syro-Libanais avaient déjà plus de deux décennies en Haïti et avaient quelques bonnes cartes dans leur jeu. En se présentant comme le joker des Américains, ils se savaient en position de force. Surtout quand, à la chute de Nord Alexis, ils retournèrent en 1909 sous le gouvernement d’Antoine Simon. Avec la potion magique du sorcier représentant les intérêts commerciaux américains, ils se donnaient les moyens de leur réussite. Et même quand arriva le président Cincinnatus Leconte qui voulait les chasser, ils avaient déjà des alliés de taille.
En effet, ils représentaient alors en Haïti la National Association of Manufacturers avec de puissantes sociétés telles que Swift and Company, Armour and Company, the National Biscuit Company et la Pillsbury Mills qui était déjà alors une multinationale. On comprend que le New York Times en décembre 1911 sonne à nouveau l’alarme contre les menaces (14) dont ils étaient l’objet. La revendication des Syro-Libanais au commerce libre est-elle pertinente, comme certains le croient, pour expliquer l’explosion du Palais national le 8 août 1912 et la mort du président Cincinnatus Leconte ? Un kidnapping mortel dont on cherche encore les responsables. Levier évident des Américains, les Syro-Libanais s’inscrivaient en force dans la durée pour devenir irrésistibles face une bourgeoisie haïtienne pour le moins fantaisiste et vivant encore dans les ombres du procès de la Consolidation. Le secret des Syro-Libanais a été de comprendre la direction du vent et de se mettre sur sa trajectoire.
On s’explique donc que 46 d’entre eux n’hésitèrent pas une seconde pour demander la prolongation de l’occupation américaine en janvier 1921. Les signataires de cette pétition furent : M.J. Kour, John Stambouly, Pierre Sada, Maurice Gebara, Albech Kayen, M.J. Souckar, Joseph Fadoul, Antoine Gebara, Boulos Gebara, Adih Hawly, Nageb Sada, John Boulos, A.B.Bacha, Antoine Abraham Freres, Motes Saieh, S. H. Talamas, John Bross, Ch. Fara, Joseph Jacob, Elis Georges, Abraham Douran, Victor Bigio, Jean Marsouka, Narcis Antoine, Joseph Kassar, E.F. Karpan, Michel Zuraich, Esper Bacah, Habb Joseph, J. Niconla, Joseph Marsouka, Alfred Nicolas, Ch. Marsouka, N.J. Kouri et Joseph Kouri (15) . (à suivre)
Leslie Péan
(1) Laennec Hubon, Le barbare imaginaire, Paris, Le Cerf, 1988
(2) Vertus Saint Louis, Aux origines du drame d’Haïti (1794-1806), P-au-P, Imprimeur II, 2006.
(3) Heinl and Heinl, Written in blood, Boston, Houghton Miffin, 1978, p. 322.
(4) « Haitian war ship Alexander Pétion, with crew and passengers, reported lost », New York Times, September 23, 1893.
(5) Étienne Mathon, M. Frédéric Marcelin, ou L’homme de la petite dîme, P-au-P, J. Chenet, 1895.
(6) Anténor Firmin, « Mémoire au Secrétaire d’État Américain John Hay en date du 24 Mai 1905 », présenté et annoté par Roger Gaillard, Conjonction, numéro 127-128, P-au-P, Haïti, Décembre 1975, p. 136.
(7) Cité dans Raphaël Berrou et Pradel Pompilus, Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes, Tome II, Éditions Caraïbes, 1975, p. 30.
( Benoît Joachim, « La Bourgeoisie d’affaires en Haïti de l’Indépendance à l’Occupation américaine », Nouvelle Optique , Montréal, numéro 4, décembre 1971, p. 50-70.
(9) Brenda Gayle Plummer, « The metropolitan connection : Foreign and Semiforeign Elites in Haiti 1910-1915 », Latin American Research Review, Vol. XIX, number 2, 1984, p. 130-131.
(10) David Nicholls, « No hawkers and peddlers : Lebanese in the Caribbean », Ethnic and Racial Studies, Vol. 4, number 4, Great Britain, October 1981, p. 419-420.
(11) « Syrians driven from a town in Haiti ; Trouble Feared in Other Cities of the Republic, Cause of the agitation Monopoly of the Retail Trades Obtained by Syrians Who Claim American Citizenship », New York Times, August 6, 1904.
(12) Gail Plummer, Race, nationality and trade in the Caribbean : the Syrians in Haiti (1903-1904), The International History Review, Vol. III, number 4, October 1981, p. 521.
(13) Alain Turnier, Avec Mérisier Jeannis, P-au-P, Le Natal 1982.
(14) « Help for Syrians barred from Haiti - Large Concerns Here Indicate an Interest Because of Injury to Export Trade », New York Times, 21-22 December 1911.
(15) Vernet Larose, « La réussite commerciale de la diaspora syro-libanaise, notes de recherche », Haïti Nation, 22 juillet 2012.
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
en marge du dossier Clifford Brandt junior (3ème PARTIE)
Par Leslie Péan (23 novembre 2012)
Publié le vendredi 23 novembre 2012
L’occupation américaine permet l’introduction du capital étranger dans la production haïtienne et l’économie au détriment des bourgeois haïtiens qui sont du même coup évincés de la production de sucre, de l’alcool, du commerce et surtout de la finance. Dans ce secteur, la First National City Bank domine en isolant les Français et les Allemands. Les autres compagnies américaines sont engagées principalement dans l’agriculture avec :
la Haytian American Sugar Company (1915) : 24.000 acres,
la Haytian Products Company (1915) : 10.000 acres,
la United West Indies Corporation (1918) : 16.000 acres,
la Société Commerciale d’Haïti (1918) : 3.000 acres,
la North Haytian Sugar Company (1922) : 400 acres,
la Haytian Pine-apple Company (1923) : 600 acres,
la Haytian American Development Corporation (1926) : 14.000 acres,
la Haytian Agricultural Corporation (1927) : 2.200 acres. (1)
Devant la montée des luttes animées par Victor Cauvin, Joseph Jolibois Fils, George Séjourné (2) et d’autres représentants de la bourgeoise nationale contre les dépossessions occasionnées par ces investissements américains, les forces de l’occupation cherchent d’autres alliés. Comme l’explique Séjourné,
« Les paysans haïtiens ont été expulsés de leurs propriétés ; on a détruit leurs petites exploitations en denrées d’export, en fruits, en produits alimentaires, détruit leur cheptel ; leurs maisons ont été rasées » (3). Les forces d’occupation vont changer leur fusil d’épaule et après avoir soutenu le mulâtrisme, elles vont verser dans l’appui au noirisme au niveau du pouvoir politique ouvertement à partir de 1946. Du pareil au même, avec les mêmes assoiffés prêts à tout pour avoir l’illusion du pouvoir. Mais cela ne s’est pas fait d’un seul coup. Il y a eu une transition.
Contre le bovarysme des élites se voulant des Français noirs, l’appui américain ira plutôt vers les classes moyennes noires constituées au cours de l’occupation avec l’armée, l’administration publique, et se réclamant culturellement de l’Afrique. C’est alors que commence ce que Georges Séjourné appelle un « champ d’expérimentation pour incapables » (4).
Cette situation est d’autant plus délicate que les milieux financiers contrôlés par les Américains de la First National City Bank et par Oswald J. Brandt, de la Banque Royale du Canada, refusent de financer les entrepreneurs haïtiens dans les industries du textile, de la savonnerie, des cigarettes. Comme le démontre Guy Pierre dans le cas de la First National City Bank, les « petits producteurs ne reçurent donc aucun appui de la part de la banque » (5). Mais dans le même temps, comme le constate Georges Séjourné, en 1932, « une maison Syrienne de Port-au-Prince entrainait la Banque nationale de la République d’Haïti dans sa faillite pour environ 400 000 dollars » (6).
Les Syro-Libanais se positionnent une nouvelle fois en 1946 du côté des classes moyennes noires montant à l’assaut du mulâtrisme qui vient d’échouer avec la politique d’apartheid du gouvernement de Lescot. En lisant correctement la carte politique, ils vont se donner un avantage énorme en appuyant François Duvalier en 1957 qui va le leur rendre au centuple. Ainsi, Carlo Boulos devient ministre de la santé et Jean Deeb maire de la capitale (7). Duvalier se devait de reconnaitre publiquement l’apport financier de la communauté syro-libanaise et remercier Gérard Gébara, Reindall Assad, Abraham Khwaly, Elias Baboun (. Donc rien de nouveau sous le soleil dans le positionnement politique de leurs enfants ou petits enfants sur l’échiquier politique haïtien.
La lutte pour la fonction parasitaire
La bourgeoisie nationale a été victime des politiques de désaccumulation systématique menées par la bourgeoisie d’État (dette de l’indépendance, privilèges accordés aux commerçants étrangers, contrebande) qui a fait des finances publiques son lieu privilégié d’accumulation. Cette politique antinationale s’est faite souvent de manière inconsciente par les protagonistes dans le seul et unique but d’avoir le pouvoir politique. Les actions de la bourgeoise d’État, sous couvert de défense de l’indépendance et de la souveraineté nationale, ont toujours abouti à de piteux résultats, même si ce n’était pas l’intention originelle de ceux qui prenaient ces actions. On peut le voir avec les dirigeants mulâtres Pétion et Boyer dans l’acceptation de la double dette de l’indépendance en 1825, mais aussi on peut le voir avec le dirigeant noir Salomon qui décide de donner le monopole des activités bancaire et financières à la Société française Crédit Industriel et Commercial en 1880. Deux actions qui ont décapitalisé l’État haïtien et ont jeté les bases de cette contamination de l’espace public aboutissant à l’occupation américaine de 1915-1934 avec l’introduction de la logique exogène dans le développement du capitalisme.
Les forces d’occupation américaine ont renforcé d’abord leur alliance avec le secteur mulâtriste de la bourgeoisie. Mais en même temps, elles ont préparé les forces des classes moyennes noiristes pour les remplacer dans la répression. Comme le dit justement Michel-Rolph Trouillot, dans son magnum opus « l’occupant trouvait parmi ses classes moyennes elles-mêmes—dont on n’oubliera pas la fonction parasitaire—un nombre croissant d’individus décidés à faire ce travail répressif » (9). L’occupation américaine vient d’abord consolider les intérêts financiers de la First National City Bank. Le banquier Oswald J. Brandt, qui financera les activités politiques de Louis Borno, va récolter au centuple son investissement. L’emprunt de 1922 consolide nombre de créances frauduleuses qui traînaient depuis des décennies. Borno défend l’occupation avec un pouvoir exécutif omnipotent dont les actes ne sont pas soumis au contrôle du parlement qui demeure dissous au cours de ses deux mandats.
Le gouvernement de Sténio Vincent issu des forces nationalistes triomphantes de l’Union Patriotique aux élections de novembre 1930 va se retourner contre les forces progressistes. Le vaudou va être trafiqué par le groupe Les Griots pour régler ses comptes avec la bourgeoise mulâtre catholique. La pression est méthodique sous prétexte de défense de la culture populaire. Une machine à casser les libertés publiques va être érigée en ravivant tous les ressentiments créés par le mulâtrisme. Ainsi des bandits de grand chemin vont se propulser sur la scène politique en se présentant comme ceux qui veulent montrer le chemin de la droiture aux autres. Le fascisme est ouvertement revendiqué comme porteur d’espoir pour les colères jusqu’ici refoulées. Le gouvernement mulâtriste de Lescot et sa campagne antisuperstitieuse vont apporter de l’eau au moulin du groupe Les Griots et jeter par-dessus bord tous les arguments avancés contre la satanisation du vaudou par les affairistes. Le scandale de la SHADA causant des dépossessions terriennes et la diminution de la surface agraire consacrée aux cultures vivrières vont accentuer la crise alimentaire. Ces multiples éléments permettront aux noiristes de jouer sur du velours et d’accaparer le pouvoir politique en 1946.
Le gouvernement de Dumarsais Estimé essaiera de créer de toutes pièces une bourgeoisie noire à partir des procédés de dilapidation de la caisse publique utilisés par la bourgeoisie mulâtre sous les régimes de doublure du 19e siècle et de la période de l’occupation américaine. Les dilapidations qui eurent lieu autour de la figue-banane et des grands travaux publics permirent l’émergence de plusieurs fortunes, dont celles de Clémard Joseph Charles, de Thomas Désulmé, etc. La confusion est propagée et on ne distingue plus le jour de la nuit, la civilisation de la sauvagerie. Tout voum se do. Le mal s’installe dans les têtes. La crédibilité du gouvernement Estimé s’érode avec les scandales de corruption autour des contrats pour le Bicentenaire et la faillite de l’industrie de la figue-banane. Le coup final est assené quand des sénateurs noiristes, dont le bouillant Émile Saint-Lôt, refusent d’appuyer la tentative du président Estimé d’amender la Constitution pour se faire réélire pour un autre mandat. La porte sera ouverte pour le coup d’état du 10 mai 1950.
Le gouvernement Magloire renoue avec la politique des grands travaux d’Estimé. La hausse des prix du café à l’échelle mondiale, le développement de l’industrie touristique et les emprunts pour la construction du barrage de Péligre vont permettre aux affairistes de se rafraîchir dans les caisses publiques. La bourgeoisie mulâtre retombe sur ses pieds avec le gouvernement Magloire. Quant à la bourgeoisie noire, elle ne s’estime pas trop lésée. Les affrontements ont lieu à fleuret mouchet et le président Magloire tente de rassurer les uns et les autres. Le Cercle Bellevue, haut lieu de la bourgeoisie mulâtre, fait quelques concessions et ouvres ses portes aux grands dignitaires noirs du gouvernement. Le président arrive à diriger avec une main de fer comme s’il donnait des ordres dans une caserne. Les courants les plus conservateurs du mulâtrisme qui avaient reculé sous le gouvernement Estimé refont surface pendant que les noiristes s’organisent clandestinement dans les coulisses. Le président Magloire fait la fête en dansant tou lé jou m’sou, comme on dansait à bord du Titanic des heures avant le naufrage.
François Duvalier, qui n’avait pas abandonné ses croyances de fond, mobilise les officiers noirs de l’armée et prend le pouvoir au cours des élections frauduleuses du 22 septembre 1957. La nuit s’abat de nouveau sur Haïti. Le pays est ensanglanté. Se cherchant un parapluie, Duvalier fait revenir les soldats américains absents depuis leur départ en 1934. La fièvre de la répression monte et affecte toutes les classes sociales. L’hécatombe paralyse les corps et les esprits. Toute une entreprise d’usure de la matrice de l’imaginaire collectif est orchestrée. L’instrumentation du culte vaudou sert à légitimer des comportements malsains. Duvalier manie la démagogie avec habileté en laissant croire qu’il défend les intérêts des masses noires. Les subjectivités collectives sont l’objet de toutes les déviances et perversions. Les tontons macoutes ouvrent les vannes d’une forme de kidnapping avant la lettre pour les vivants mais aussi pour les morts. Les cadavres d’opposants sont saisis et disparaissent. L’agriculture dépérit et la société se délite dans toutes sortes de trafics illicites. Duvalier fait alliance avec les gangsters de la mafia de New-York. Le parrain Bill Bonnano et ses lieutenants sont reçus au Palais national par Duvalier qui leur confie la gestion du casino et des machines à sous.
L’arbitraire prime. Duvalier se déclare président à vie en 1964. Le peuple haïtien prend la fuite à pied, par bateau et par avion. La tristesse s’est installée sur les visages et on ne sourit plus. Duvalier n’hésite devant rien pour se faire un pactole. Ayant installé la médiocrité aux commandes, il fait appel à Nelson Rockefeller en 1969 et décide dans sa démence de promouvoir les industries d’assemblage. La fuite des Haïtiens est rentabilisée. Des rackets se développent pour obtenir un visa de sortie. En fin de parcours, Duvalier nomme Président à vie son rejeton de 19 ans. C’est la croix et la bannière. L’occupation macoute ne laisse rien au petit bonheur. Tout se vend. Des diplômes de fins d’études. Un visa de sortie. La libération d’un parent. Un cadavre à la morgue. Un chrétien vivant pour aller couper la canne en République dominicaine. Un voyageur clandestin qui veut aller aux Bahamas. Le niveau de vie ne cesse de baisser et tout empire. Le savoir devient obsolète. Sak pa kontan, ambake, !
L’acharnement de Duvalier à combattre la bourgeoisie mulâtre pour ériger une bourgeoisie noire ne doit pas tromper. Duvalier veut tout le pouvoir politique pour l’enrichissement pécuniaire qu’il y trouve personnellement afin de soudoyer ses tontons macoutes. D’où la nécessité de prendre le pouvoir d’État à vie. La décapitalisation qui a suivi avec cette politique aveugle a conduit Haïti à ne pas pouvoir produire assez de richesse pour améliorer les conditions de vie locales et particulièrement pas assez de nourriture pour alimenter la population. On souviendra à cet égard du scandale des Bons de libération économique, emprunt intérieur correctement contracté avec la caution de la Banque Nationale de la République d’Haïti.
L’État marron a été mis en banqueroute avec les dettes et la corruption. Cette dernière a été particulièrement forte dans le commerce extérieur d’où l’État tire la quasi-totalité de ses revenus. Or, on sait comment les commandants d’arrondissement s’arrangeaient toujours, entre autres, pour fomenter des « révolutions » afin que les rues soient vides pour permettre l’expédition des cargaisons de cafés sans payer de droits de douane. De telles pratiques bénéficiaient de la complicité des consuls haïtiens qui ne faisaient pas leur travail de vérification des quantités de café qui débarquaient dans les ports des villes européennes. Aujourd’hui la contrebande s’est institutionnalisée. Le secteur informel a envahi le commerce avec des marges de profit allant de 38% pour le whisky à 400% pour les chaussures (10). Les profits d’autres produits sont pour l’huile de cuisine (250%), le lait carnation (140%), le riz (170%), les souliers (400%), les batteries d’accumulateurs (140%). Certains de ses produits viennent de la République Dominicaine qui vend annuellement en Haïti plus d’un milliard de dollars US tandis qu’Haïti exporte seulement pour 50 millions de dollars US dans ce pays (11).
Les nouvelles filières d’accumulation
Le choix de la communauté internationale décidant de la mondialisation a été de déterminer des productions qui seront développées dans certains pays par rapport à d’autres. Par exemple en Haïti, ce sont les industries d’assemblage qui sont promues au détriment de l’industrie du café. Cette dernière denrée voit sa production décliner comme une peau de chagrin. De 1980 à 2007, les surfaces consacrées à la production de café ont diminué de 50% tandis que les exportations ont régressé de 90 millions de dollars US à 3.2 millions annuellement (12). Dans le climat d’incertitude qui a succédé à la fuite des Duvalier en 1986, la bourgeoisie haïtienne détentrice de capitaux s’est montrée prudente. Ayant subodoré les relents du discours populiste à la Duvalier, elle a diversifié ses risques. On ne s’étonne donc pas qu’elle investisse plus d’un milliard de dollars américains en République Dominicaine selon les estimations de l’économiste dominicain et ex-ambassadeur en Haïti, José Serulle Ramia en 2007 (13).
L’expatriation, longtemps considérée comme une fuite, est devenue une des formes prises par la responsabilité citoyenne à travers les transferts monétaires et d’aliments qui sont envoyés au pays d’origine. Cette expatriation va générer d’autres filières et créneaux d’accumulation. En effet, la bourgeoisie n’est pas seulement engagée dans la production mais aussi dans le commerce, les services et dans la finance. Il y a donc des bourgeois qui ne sont pas engagés directement dans le processus de travail et qui, à travers l’articulation des modes de production, assurent une augmentation de leurs revenus monétaires. Cette articulation se traduit dans les alliances de classe bourgeois/paysan en France en 1789 ou encore anciens libres/nouveaux libres en Haïti en 1804 qui renforcent au final les éléments qui constituent l’essence de la bourgeoise : sa richesse et son niveau d’instruction.
Cet élément culturel est d’autant plus important qu’il constitue la barricade érigée par les anciens libres dès les premiers jours sous le président Boyer pour bloquer l’ascension sociale des nouveaux libres. On pouvait devenir riche soudainement en s’accaparant des biens d’autrui, mais on ne pouvait pas avoir automatiquement un niveau de culture. L’éducation était réservée aux fils des nantis. L’article 14 de la loi du 4 juillet 1820 le dit en clair : « Pour que l’admission d’un enfant ait lieu dans une école primaire, on présentera à la Commission de l’Instruction Publique du lieu une pétition dans laquelle seront mentionnés les services rendus à l’État par le père de l’enfant. Cette pétition sera transmise au Président d’Haïti, et d’après ses ordres, la commission autorisera l’admission de l’enfant, s’il y a lieu » (14). On est très loin de l’article 24 de la Constitution de 1805 qui disait « L’enseignement est libre. L’instruction primaire est obligatoire. L’instruction publique est gratuite à tous les niveaux. »
La barrière culturelle (langue, croyances, modes de vie) a donc été construite pour limiter l’accession à la bourgeoisie nationale. Toutefois sont de la bourgeoisie nationale les propriétaires des blanchisseries, guildives, hôtels, boulangeries, moyens de transport, brasseries, fours à chaux et autres matériaux de construction, usines d’huiles essentielles. Cette dernière industrie commencée avec Louis Déjoie continue aujourd’hui avec Pierre Léger qui approvisionne 70 % du marché mondial d’huile essentielle de vétiver. Son entreprise, la Frager/Agri Supply travaille avec 25 000 agriculteurs qui lui fournissent les racines de vétiver constituant le pilier de cette industrie. Les propriétaires de ces entreprises sont des bourgeois nationaux. C’est aussi le cas avec les 420 actionnaires qui ont créé la Banque de l’Union Haïtienne (BUH) en 1976 avec Clifford Brandt père ainsi que les autres bourgeois qui ont créé les banques Sogebank, Unibank, Capital Bank, etc.
Il existe un marché intérieur dans bien des secteurs, l’alimentation, les transports publics, l’habitat, l’éducation, la santé, les livres scolaires, etc. Ces marchés ne sont pas négligeables. Prenons par exemple le marché des livres scolaires. En partant des hypothèses prudentes que l’écolier haïtien moyen dépense 25 USD (15) par tête annuellement pour acheter des livres scolaires, et que la population scolaire est de 2 719 500 élèves, cela fait un pactole de 67 987 500 USD qui est dépensé chaque année. Ce coût estimatif annuel de 68 millions de dollars US est très conservateur. On peut le comparer au coût réel à l’école des Orangers où le coût moyen manuel et par élève pour les manuels achetés à l’éditeur Deschamps est de 38 euros, soit le double de notre estimation pour des classes allant de la 1ere à la 6ème année. Dans ce cas précis, les manuels scolaires sont prêtés aux élèves qui les rendent à l’école en fin d’année (16).
La société haïtienne est loin d’être imperméable à la mondialisation et à la globalisation. Ce rouleau compresseur aplatit le système de valeurs en commençant par les activités de production. Depuis 1965, Haïti assiste au développement des industries de sous-traitance particulièrement dans le secteur textile (17) mais aussi dans les sous-secteurs du sport, des pièces électroniques et du cuir. Dans l’optique de transformer Haïti en un « Taiwan des Caraïbes » (18), comme le voulait Peter McPherson directeur de l’USAID (19) , ces industries d’assemblage ont augmenté de 13 compagnies en 1966 à 55 en 1971, 127 en 1978, 154 en 1981 et enfin 200 en 1984 (20). Au fort de leur croissance, ces industries de sous-traitance employaient, selon les estimations, entre 60 000 et 120 000 emplois (21). L’instabilité politique qui a suivi la chute de la dictature des Duvalier en 1986 et l’embargo de 1991-1994 ont fait partir la majorité de ces industries en cavale (runaway industries). Certaines sont allées en République Dominicaine et ne sont plus retournés en Haïti.
Aujourd’hui en 2012, il n’existe que 30 entreprises au Parc Industriel. Si des progrès ont été enregistrés pour des indicateurs tels que « le travail des enfants » et « le travail forcé », ce n’est pas le cas pour « les conditions de santé et de sécurité au travail » et pour « la rémunération » des ouvriers. Pour ce dernier point en effet, « le taux de non-conformité le plus important dans cette catégorie se trouve dans le domaine du salaire minimum, 21 des 22 usines étaient non conformes, car n’ayant pas fixé un taux à la pièce permettant aux travailleurs de gagner au moins 250 gourdes par jour pour des heures de travail ordinaires » (22) Pourtant les marges de profit permettent aux patrons de mieux payer les ouvriers, car un costume pour hommes cousu au salaire journalier équivalant à 3,09 dollars US est vendu à JoS. A. Bank Clothiers aux États-Unis d’Amérique pour 550 dollars US (23). La production haïtienne était 450 000 costumes (24) pour hommes en 2010.
La problématique du développement soutenable et durable est mise de côté par les industries en cavale qui, au lieu de contribuer au développement, aggravent encore plus les problèmes d’aménagement du territoire et de dépendance. En effet, ces industries confortent la migration rurale-urbaine provoquée par la politique anarchique du dictateur François Duvalier consistant à conduire de force à la capitale des milliers de paysans quatre fois par an (les 22 avril, 22 mai, 22 septembre et 22 octobre) pour montrer sa popularité à la communauté internationale. De plus, même quand ces jeunes trouvent un emploi dans ces entreprises en cavale, ils sont licenciés une fois terminée la période d’apprentissage. Ainsi, les patrons ne sont pas obligés de leur payer le salaire minimum et de leur offrir les avantages reconnus dans le Code du travail. (à suivre)
(1) Paul Moral, Le paysan haïtien, Paris, Maisonneuve et Larose, 1961, p. 63.
(2) Georges Séjourné et Perceval Thoby, Dépossessions, P-au-P, Imprimerie La Presse, 1930.
(3) Georges Séjourné, « Établissement de la Propriété et de la Famille au lendemain de l’Indépendance », Revue de la Société Haïtienne d’Histoire et de Géographie, vol. 6, numéro 17, P-au-P, janvier 1935, p. 20.
(4) Georges Séjourné, Le scandale du papier-monnaie de la Banque Nationale de la République d’Haïti, P-au-P, Valcin, 1933.
(5) Guy Pierre, « La politique monétaire en Haïti de 1921-1922 à 1955-1956 », Histoire économique de la Caraïbe (1880-1950),P-au-P, Éditions de l’Université d’État d’Haïti, p. 295.
(6) Georges Séjourné, Le scandale du papier-monnaie de la Banque Nationale de la République d’Haïti, op. cit.
(7) Roberto Khatlab, « La saga des Libanais en Haïti », L’Orient-Le Jour, 15 décembre 2008. Voir aussi Mario Delatour, « Un certain bord de mer : un siècle d’immigration en Haïti », Amistad Films, 2005.
( Etzer Charles, Le Pouvoir politique en Haīti de 1957 ā nos jours, Paris, Karthala, 1994, p. 66.
(9) Michel-Rolph Trouillot, Les Racines historiques de l’État Duvaliérien, Éditions Deschamps, P-au-P, Imprimerie Deschamps, Haïti, 1986, p. 119.
(10) « Étude sociale sur la contrebande dans le Nord-Ouest et certaines parties du territoire national », Haïti Libérée, 15/10/1986.
(11) Banco mundial, Haiti, República Dominicana : Más que la Suma de las Partes, Santo Domingo, R.D., 6/8/2012
(12) World Bank, Haiti Coffee Supply Chain Risk Assessment, Washington, D.C., March 2010.
(13) Eddy Beltre, « Inversiones haitianas en la República Dominicana ascienden a más mil millones de dólares, afirma el embajador José Serrulle Ramia » Espacio insular, Santo Domingo, Republica Dominicana, 22 de julio de 2007.
(14) Edner Brutus, Instruction publique en Haïti (1492-1945), P-au-P, Imprimerie de l’État, 1948, p. 85.
(15) Laurence Wolff, Education in Haïti : The way forward, PREAL, September 2008, p. 5-6.
(16) ACEM/Secours Populaire Français, Projets d’uniformes et de manuels scolaires pour l’école des Orangers, Avril 2012, p. 4.
(17) USAID I-Trade, Overview of Haitian garment sector, July 2009.
(18) Josh DeWind and David Kinley, Aiding Migration : The Input of International Development Assistance in Haiti, Columbia University, New York, 1986, p. 83.
(19) Peter McPherson, « Statement before the Committee on Foreign Affairs », House of Representatives, Washington, April 21, 1982.
(20) Josh DeWind and David Kinley, Ibid, p. 154 ; Carmen Diana Deere and Peggy Antrobus, In the Shadow of the Sun : Caribbean Development Alternatives and U.S. Policy, Boulder, Westview Press, 1990, p. 175. Fred Doura, Haïti, Histoire et analyse d’une extraversion dépendante organisée, Les Éditions DAMI, Montréal, 2010.
(21) Jacqueline Charles and Pablo Bachelet, « Textile industry gets boost », Miami Herald, May 9, 2008.
(22) Organisation Internationale du Travail (OIT), Better Work Haïti : Industrie de l’Habillement, 5ème rapport de synthèse semestriel dans le cadre de la loi Hope II, Genève, 16 octobre 2012, p. 15.
(23) NBC News, « Can low-paying garment industry save Haiti ? Nascent sector provides jobs, but not enough and wages are still low », Associated Press, 21/2/2010.
(24) Roger Zacaropoulos, Opportunité pour les entreprises du Textile-Habillement d’Haïti de développer leur activité avec l’U.E., Paris, Août 2010.
Par Leslie Péan (23 novembre 2012)
Publié le vendredi 23 novembre 2012
L’occupation américaine permet l’introduction du capital étranger dans la production haïtienne et l’économie au détriment des bourgeois haïtiens qui sont du même coup évincés de la production de sucre, de l’alcool, du commerce et surtout de la finance. Dans ce secteur, la First National City Bank domine en isolant les Français et les Allemands. Les autres compagnies américaines sont engagées principalement dans l’agriculture avec :
la Haytian American Sugar Company (1915) : 24.000 acres,
la Haytian Products Company (1915) : 10.000 acres,
la United West Indies Corporation (1918) : 16.000 acres,
la Société Commerciale d’Haïti (1918) : 3.000 acres,
la North Haytian Sugar Company (1922) : 400 acres,
la Haytian Pine-apple Company (1923) : 600 acres,
la Haytian American Development Corporation (1926) : 14.000 acres,
la Haytian Agricultural Corporation (1927) : 2.200 acres. (1)
Devant la montée des luttes animées par Victor Cauvin, Joseph Jolibois Fils, George Séjourné (2) et d’autres représentants de la bourgeoise nationale contre les dépossessions occasionnées par ces investissements américains, les forces de l’occupation cherchent d’autres alliés. Comme l’explique Séjourné,
« Les paysans haïtiens ont été expulsés de leurs propriétés ; on a détruit leurs petites exploitations en denrées d’export, en fruits, en produits alimentaires, détruit leur cheptel ; leurs maisons ont été rasées » (3). Les forces d’occupation vont changer leur fusil d’épaule et après avoir soutenu le mulâtrisme, elles vont verser dans l’appui au noirisme au niveau du pouvoir politique ouvertement à partir de 1946. Du pareil au même, avec les mêmes assoiffés prêts à tout pour avoir l’illusion du pouvoir. Mais cela ne s’est pas fait d’un seul coup. Il y a eu une transition.
Contre le bovarysme des élites se voulant des Français noirs, l’appui américain ira plutôt vers les classes moyennes noires constituées au cours de l’occupation avec l’armée, l’administration publique, et se réclamant culturellement de l’Afrique. C’est alors que commence ce que Georges Séjourné appelle un « champ d’expérimentation pour incapables » (4).
Cette situation est d’autant plus délicate que les milieux financiers contrôlés par les Américains de la First National City Bank et par Oswald J. Brandt, de la Banque Royale du Canada, refusent de financer les entrepreneurs haïtiens dans les industries du textile, de la savonnerie, des cigarettes. Comme le démontre Guy Pierre dans le cas de la First National City Bank, les « petits producteurs ne reçurent donc aucun appui de la part de la banque » (5). Mais dans le même temps, comme le constate Georges Séjourné, en 1932, « une maison Syrienne de Port-au-Prince entrainait la Banque nationale de la République d’Haïti dans sa faillite pour environ 400 000 dollars » (6).
Les Syro-Libanais se positionnent une nouvelle fois en 1946 du côté des classes moyennes noires montant à l’assaut du mulâtrisme qui vient d’échouer avec la politique d’apartheid du gouvernement de Lescot. En lisant correctement la carte politique, ils vont se donner un avantage énorme en appuyant François Duvalier en 1957 qui va le leur rendre au centuple. Ainsi, Carlo Boulos devient ministre de la santé et Jean Deeb maire de la capitale (7). Duvalier se devait de reconnaitre publiquement l’apport financier de la communauté syro-libanaise et remercier Gérard Gébara, Reindall Assad, Abraham Khwaly, Elias Baboun (. Donc rien de nouveau sous le soleil dans le positionnement politique de leurs enfants ou petits enfants sur l’échiquier politique haïtien.
La lutte pour la fonction parasitaire
La bourgeoisie nationale a été victime des politiques de désaccumulation systématique menées par la bourgeoisie d’État (dette de l’indépendance, privilèges accordés aux commerçants étrangers, contrebande) qui a fait des finances publiques son lieu privilégié d’accumulation. Cette politique antinationale s’est faite souvent de manière inconsciente par les protagonistes dans le seul et unique but d’avoir le pouvoir politique. Les actions de la bourgeoise d’État, sous couvert de défense de l’indépendance et de la souveraineté nationale, ont toujours abouti à de piteux résultats, même si ce n’était pas l’intention originelle de ceux qui prenaient ces actions. On peut le voir avec les dirigeants mulâtres Pétion et Boyer dans l’acceptation de la double dette de l’indépendance en 1825, mais aussi on peut le voir avec le dirigeant noir Salomon qui décide de donner le monopole des activités bancaire et financières à la Société française Crédit Industriel et Commercial en 1880. Deux actions qui ont décapitalisé l’État haïtien et ont jeté les bases de cette contamination de l’espace public aboutissant à l’occupation américaine de 1915-1934 avec l’introduction de la logique exogène dans le développement du capitalisme.
Les forces d’occupation américaine ont renforcé d’abord leur alliance avec le secteur mulâtriste de la bourgeoisie. Mais en même temps, elles ont préparé les forces des classes moyennes noiristes pour les remplacer dans la répression. Comme le dit justement Michel-Rolph Trouillot, dans son magnum opus « l’occupant trouvait parmi ses classes moyennes elles-mêmes—dont on n’oubliera pas la fonction parasitaire—un nombre croissant d’individus décidés à faire ce travail répressif » (9). L’occupation américaine vient d’abord consolider les intérêts financiers de la First National City Bank. Le banquier Oswald J. Brandt, qui financera les activités politiques de Louis Borno, va récolter au centuple son investissement. L’emprunt de 1922 consolide nombre de créances frauduleuses qui traînaient depuis des décennies. Borno défend l’occupation avec un pouvoir exécutif omnipotent dont les actes ne sont pas soumis au contrôle du parlement qui demeure dissous au cours de ses deux mandats.
Le gouvernement de Sténio Vincent issu des forces nationalistes triomphantes de l’Union Patriotique aux élections de novembre 1930 va se retourner contre les forces progressistes. Le vaudou va être trafiqué par le groupe Les Griots pour régler ses comptes avec la bourgeoise mulâtre catholique. La pression est méthodique sous prétexte de défense de la culture populaire. Une machine à casser les libertés publiques va être érigée en ravivant tous les ressentiments créés par le mulâtrisme. Ainsi des bandits de grand chemin vont se propulser sur la scène politique en se présentant comme ceux qui veulent montrer le chemin de la droiture aux autres. Le fascisme est ouvertement revendiqué comme porteur d’espoir pour les colères jusqu’ici refoulées. Le gouvernement mulâtriste de Lescot et sa campagne antisuperstitieuse vont apporter de l’eau au moulin du groupe Les Griots et jeter par-dessus bord tous les arguments avancés contre la satanisation du vaudou par les affairistes. Le scandale de la SHADA causant des dépossessions terriennes et la diminution de la surface agraire consacrée aux cultures vivrières vont accentuer la crise alimentaire. Ces multiples éléments permettront aux noiristes de jouer sur du velours et d’accaparer le pouvoir politique en 1946.
Le gouvernement de Dumarsais Estimé essaiera de créer de toutes pièces une bourgeoisie noire à partir des procédés de dilapidation de la caisse publique utilisés par la bourgeoisie mulâtre sous les régimes de doublure du 19e siècle et de la période de l’occupation américaine. Les dilapidations qui eurent lieu autour de la figue-banane et des grands travaux publics permirent l’émergence de plusieurs fortunes, dont celles de Clémard Joseph Charles, de Thomas Désulmé, etc. La confusion est propagée et on ne distingue plus le jour de la nuit, la civilisation de la sauvagerie. Tout voum se do. Le mal s’installe dans les têtes. La crédibilité du gouvernement Estimé s’érode avec les scandales de corruption autour des contrats pour le Bicentenaire et la faillite de l’industrie de la figue-banane. Le coup final est assené quand des sénateurs noiristes, dont le bouillant Émile Saint-Lôt, refusent d’appuyer la tentative du président Estimé d’amender la Constitution pour se faire réélire pour un autre mandat. La porte sera ouverte pour le coup d’état du 10 mai 1950.
Le gouvernement Magloire renoue avec la politique des grands travaux d’Estimé. La hausse des prix du café à l’échelle mondiale, le développement de l’industrie touristique et les emprunts pour la construction du barrage de Péligre vont permettre aux affairistes de se rafraîchir dans les caisses publiques. La bourgeoisie mulâtre retombe sur ses pieds avec le gouvernement Magloire. Quant à la bourgeoisie noire, elle ne s’estime pas trop lésée. Les affrontements ont lieu à fleuret mouchet et le président Magloire tente de rassurer les uns et les autres. Le Cercle Bellevue, haut lieu de la bourgeoisie mulâtre, fait quelques concessions et ouvres ses portes aux grands dignitaires noirs du gouvernement. Le président arrive à diriger avec une main de fer comme s’il donnait des ordres dans une caserne. Les courants les plus conservateurs du mulâtrisme qui avaient reculé sous le gouvernement Estimé refont surface pendant que les noiristes s’organisent clandestinement dans les coulisses. Le président Magloire fait la fête en dansant tou lé jou m’sou, comme on dansait à bord du Titanic des heures avant le naufrage.
François Duvalier, qui n’avait pas abandonné ses croyances de fond, mobilise les officiers noirs de l’armée et prend le pouvoir au cours des élections frauduleuses du 22 septembre 1957. La nuit s’abat de nouveau sur Haïti. Le pays est ensanglanté. Se cherchant un parapluie, Duvalier fait revenir les soldats américains absents depuis leur départ en 1934. La fièvre de la répression monte et affecte toutes les classes sociales. L’hécatombe paralyse les corps et les esprits. Toute une entreprise d’usure de la matrice de l’imaginaire collectif est orchestrée. L’instrumentation du culte vaudou sert à légitimer des comportements malsains. Duvalier manie la démagogie avec habileté en laissant croire qu’il défend les intérêts des masses noires. Les subjectivités collectives sont l’objet de toutes les déviances et perversions. Les tontons macoutes ouvrent les vannes d’une forme de kidnapping avant la lettre pour les vivants mais aussi pour les morts. Les cadavres d’opposants sont saisis et disparaissent. L’agriculture dépérit et la société se délite dans toutes sortes de trafics illicites. Duvalier fait alliance avec les gangsters de la mafia de New-York. Le parrain Bill Bonnano et ses lieutenants sont reçus au Palais national par Duvalier qui leur confie la gestion du casino et des machines à sous.
L’arbitraire prime. Duvalier se déclare président à vie en 1964. Le peuple haïtien prend la fuite à pied, par bateau et par avion. La tristesse s’est installée sur les visages et on ne sourit plus. Duvalier n’hésite devant rien pour se faire un pactole. Ayant installé la médiocrité aux commandes, il fait appel à Nelson Rockefeller en 1969 et décide dans sa démence de promouvoir les industries d’assemblage. La fuite des Haïtiens est rentabilisée. Des rackets se développent pour obtenir un visa de sortie. En fin de parcours, Duvalier nomme Président à vie son rejeton de 19 ans. C’est la croix et la bannière. L’occupation macoute ne laisse rien au petit bonheur. Tout se vend. Des diplômes de fins d’études. Un visa de sortie. La libération d’un parent. Un cadavre à la morgue. Un chrétien vivant pour aller couper la canne en République dominicaine. Un voyageur clandestin qui veut aller aux Bahamas. Le niveau de vie ne cesse de baisser et tout empire. Le savoir devient obsolète. Sak pa kontan, ambake, !
L’acharnement de Duvalier à combattre la bourgeoisie mulâtre pour ériger une bourgeoisie noire ne doit pas tromper. Duvalier veut tout le pouvoir politique pour l’enrichissement pécuniaire qu’il y trouve personnellement afin de soudoyer ses tontons macoutes. D’où la nécessité de prendre le pouvoir d’État à vie. La décapitalisation qui a suivi avec cette politique aveugle a conduit Haïti à ne pas pouvoir produire assez de richesse pour améliorer les conditions de vie locales et particulièrement pas assez de nourriture pour alimenter la population. On souviendra à cet égard du scandale des Bons de libération économique, emprunt intérieur correctement contracté avec la caution de la Banque Nationale de la République d’Haïti.
L’État marron a été mis en banqueroute avec les dettes et la corruption. Cette dernière a été particulièrement forte dans le commerce extérieur d’où l’État tire la quasi-totalité de ses revenus. Or, on sait comment les commandants d’arrondissement s’arrangeaient toujours, entre autres, pour fomenter des « révolutions » afin que les rues soient vides pour permettre l’expédition des cargaisons de cafés sans payer de droits de douane. De telles pratiques bénéficiaient de la complicité des consuls haïtiens qui ne faisaient pas leur travail de vérification des quantités de café qui débarquaient dans les ports des villes européennes. Aujourd’hui la contrebande s’est institutionnalisée. Le secteur informel a envahi le commerce avec des marges de profit allant de 38% pour le whisky à 400% pour les chaussures (10). Les profits d’autres produits sont pour l’huile de cuisine (250%), le lait carnation (140%), le riz (170%), les souliers (400%), les batteries d’accumulateurs (140%). Certains de ses produits viennent de la République Dominicaine qui vend annuellement en Haïti plus d’un milliard de dollars US tandis qu’Haïti exporte seulement pour 50 millions de dollars US dans ce pays (11).
Les nouvelles filières d’accumulation
Le choix de la communauté internationale décidant de la mondialisation a été de déterminer des productions qui seront développées dans certains pays par rapport à d’autres. Par exemple en Haïti, ce sont les industries d’assemblage qui sont promues au détriment de l’industrie du café. Cette dernière denrée voit sa production décliner comme une peau de chagrin. De 1980 à 2007, les surfaces consacrées à la production de café ont diminué de 50% tandis que les exportations ont régressé de 90 millions de dollars US à 3.2 millions annuellement (12). Dans le climat d’incertitude qui a succédé à la fuite des Duvalier en 1986, la bourgeoisie haïtienne détentrice de capitaux s’est montrée prudente. Ayant subodoré les relents du discours populiste à la Duvalier, elle a diversifié ses risques. On ne s’étonne donc pas qu’elle investisse plus d’un milliard de dollars américains en République Dominicaine selon les estimations de l’économiste dominicain et ex-ambassadeur en Haïti, José Serulle Ramia en 2007 (13).
L’expatriation, longtemps considérée comme une fuite, est devenue une des formes prises par la responsabilité citoyenne à travers les transferts monétaires et d’aliments qui sont envoyés au pays d’origine. Cette expatriation va générer d’autres filières et créneaux d’accumulation. En effet, la bourgeoisie n’est pas seulement engagée dans la production mais aussi dans le commerce, les services et dans la finance. Il y a donc des bourgeois qui ne sont pas engagés directement dans le processus de travail et qui, à travers l’articulation des modes de production, assurent une augmentation de leurs revenus monétaires. Cette articulation se traduit dans les alliances de classe bourgeois/paysan en France en 1789 ou encore anciens libres/nouveaux libres en Haïti en 1804 qui renforcent au final les éléments qui constituent l’essence de la bourgeoise : sa richesse et son niveau d’instruction.
Cet élément culturel est d’autant plus important qu’il constitue la barricade érigée par les anciens libres dès les premiers jours sous le président Boyer pour bloquer l’ascension sociale des nouveaux libres. On pouvait devenir riche soudainement en s’accaparant des biens d’autrui, mais on ne pouvait pas avoir automatiquement un niveau de culture. L’éducation était réservée aux fils des nantis. L’article 14 de la loi du 4 juillet 1820 le dit en clair : « Pour que l’admission d’un enfant ait lieu dans une école primaire, on présentera à la Commission de l’Instruction Publique du lieu une pétition dans laquelle seront mentionnés les services rendus à l’État par le père de l’enfant. Cette pétition sera transmise au Président d’Haïti, et d’après ses ordres, la commission autorisera l’admission de l’enfant, s’il y a lieu » (14). On est très loin de l’article 24 de la Constitution de 1805 qui disait « L’enseignement est libre. L’instruction primaire est obligatoire. L’instruction publique est gratuite à tous les niveaux. »
La barrière culturelle (langue, croyances, modes de vie) a donc été construite pour limiter l’accession à la bourgeoisie nationale. Toutefois sont de la bourgeoisie nationale les propriétaires des blanchisseries, guildives, hôtels, boulangeries, moyens de transport, brasseries, fours à chaux et autres matériaux de construction, usines d’huiles essentielles. Cette dernière industrie commencée avec Louis Déjoie continue aujourd’hui avec Pierre Léger qui approvisionne 70 % du marché mondial d’huile essentielle de vétiver. Son entreprise, la Frager/Agri Supply travaille avec 25 000 agriculteurs qui lui fournissent les racines de vétiver constituant le pilier de cette industrie. Les propriétaires de ces entreprises sont des bourgeois nationaux. C’est aussi le cas avec les 420 actionnaires qui ont créé la Banque de l’Union Haïtienne (BUH) en 1976 avec Clifford Brandt père ainsi que les autres bourgeois qui ont créé les banques Sogebank, Unibank, Capital Bank, etc.
Il existe un marché intérieur dans bien des secteurs, l’alimentation, les transports publics, l’habitat, l’éducation, la santé, les livres scolaires, etc. Ces marchés ne sont pas négligeables. Prenons par exemple le marché des livres scolaires. En partant des hypothèses prudentes que l’écolier haïtien moyen dépense 25 USD (15) par tête annuellement pour acheter des livres scolaires, et que la population scolaire est de 2 719 500 élèves, cela fait un pactole de 67 987 500 USD qui est dépensé chaque année. Ce coût estimatif annuel de 68 millions de dollars US est très conservateur. On peut le comparer au coût réel à l’école des Orangers où le coût moyen manuel et par élève pour les manuels achetés à l’éditeur Deschamps est de 38 euros, soit le double de notre estimation pour des classes allant de la 1ere à la 6ème année. Dans ce cas précis, les manuels scolaires sont prêtés aux élèves qui les rendent à l’école en fin d’année (16).
La société haïtienne est loin d’être imperméable à la mondialisation et à la globalisation. Ce rouleau compresseur aplatit le système de valeurs en commençant par les activités de production. Depuis 1965, Haïti assiste au développement des industries de sous-traitance particulièrement dans le secteur textile (17) mais aussi dans les sous-secteurs du sport, des pièces électroniques et du cuir. Dans l’optique de transformer Haïti en un « Taiwan des Caraïbes » (18), comme le voulait Peter McPherson directeur de l’USAID (19) , ces industries d’assemblage ont augmenté de 13 compagnies en 1966 à 55 en 1971, 127 en 1978, 154 en 1981 et enfin 200 en 1984 (20). Au fort de leur croissance, ces industries de sous-traitance employaient, selon les estimations, entre 60 000 et 120 000 emplois (21). L’instabilité politique qui a suivi la chute de la dictature des Duvalier en 1986 et l’embargo de 1991-1994 ont fait partir la majorité de ces industries en cavale (runaway industries). Certaines sont allées en République Dominicaine et ne sont plus retournés en Haïti.
Aujourd’hui en 2012, il n’existe que 30 entreprises au Parc Industriel. Si des progrès ont été enregistrés pour des indicateurs tels que « le travail des enfants » et « le travail forcé », ce n’est pas le cas pour « les conditions de santé et de sécurité au travail » et pour « la rémunération » des ouvriers. Pour ce dernier point en effet, « le taux de non-conformité le plus important dans cette catégorie se trouve dans le domaine du salaire minimum, 21 des 22 usines étaient non conformes, car n’ayant pas fixé un taux à la pièce permettant aux travailleurs de gagner au moins 250 gourdes par jour pour des heures de travail ordinaires » (22) Pourtant les marges de profit permettent aux patrons de mieux payer les ouvriers, car un costume pour hommes cousu au salaire journalier équivalant à 3,09 dollars US est vendu à JoS. A. Bank Clothiers aux États-Unis d’Amérique pour 550 dollars US (23). La production haïtienne était 450 000 costumes (24) pour hommes en 2010.
La problématique du développement soutenable et durable est mise de côté par les industries en cavale qui, au lieu de contribuer au développement, aggravent encore plus les problèmes d’aménagement du territoire et de dépendance. En effet, ces industries confortent la migration rurale-urbaine provoquée par la politique anarchique du dictateur François Duvalier consistant à conduire de force à la capitale des milliers de paysans quatre fois par an (les 22 avril, 22 mai, 22 septembre et 22 octobre) pour montrer sa popularité à la communauté internationale. De plus, même quand ces jeunes trouvent un emploi dans ces entreprises en cavale, ils sont licenciés une fois terminée la période d’apprentissage. Ainsi, les patrons ne sont pas obligés de leur payer le salaire minimum et de leur offrir les avantages reconnus dans le Code du travail. (à suivre)
(1) Paul Moral, Le paysan haïtien, Paris, Maisonneuve et Larose, 1961, p. 63.
(2) Georges Séjourné et Perceval Thoby, Dépossessions, P-au-P, Imprimerie La Presse, 1930.
(3) Georges Séjourné, « Établissement de la Propriété et de la Famille au lendemain de l’Indépendance », Revue de la Société Haïtienne d’Histoire et de Géographie, vol. 6, numéro 17, P-au-P, janvier 1935, p. 20.
(4) Georges Séjourné, Le scandale du papier-monnaie de la Banque Nationale de la République d’Haïti, P-au-P, Valcin, 1933.
(5) Guy Pierre, « La politique monétaire en Haïti de 1921-1922 à 1955-1956 », Histoire économique de la Caraïbe (1880-1950),P-au-P, Éditions de l’Université d’État d’Haïti, p. 295.
(6) Georges Séjourné, Le scandale du papier-monnaie de la Banque Nationale de la République d’Haïti, op. cit.
(7) Roberto Khatlab, « La saga des Libanais en Haïti », L’Orient-Le Jour, 15 décembre 2008. Voir aussi Mario Delatour, « Un certain bord de mer : un siècle d’immigration en Haïti », Amistad Films, 2005.
( Etzer Charles, Le Pouvoir politique en Haīti de 1957 ā nos jours, Paris, Karthala, 1994, p. 66.
(9) Michel-Rolph Trouillot, Les Racines historiques de l’État Duvaliérien, Éditions Deschamps, P-au-P, Imprimerie Deschamps, Haïti, 1986, p. 119.
(10) « Étude sociale sur la contrebande dans le Nord-Ouest et certaines parties du territoire national », Haïti Libérée, 15/10/1986.
(11) Banco mundial, Haiti, República Dominicana : Más que la Suma de las Partes, Santo Domingo, R.D., 6/8/2012
(12) World Bank, Haiti Coffee Supply Chain Risk Assessment, Washington, D.C., March 2010.
(13) Eddy Beltre, « Inversiones haitianas en la República Dominicana ascienden a más mil millones de dólares, afirma el embajador José Serrulle Ramia » Espacio insular, Santo Domingo, Republica Dominicana, 22 de julio de 2007.
(14) Edner Brutus, Instruction publique en Haïti (1492-1945), P-au-P, Imprimerie de l’État, 1948, p. 85.
(15) Laurence Wolff, Education in Haïti : The way forward, PREAL, September 2008, p. 5-6.
(16) ACEM/Secours Populaire Français, Projets d’uniformes et de manuels scolaires pour l’école des Orangers, Avril 2012, p. 4.
(17) USAID I-Trade, Overview of Haitian garment sector, July 2009.
(18) Josh DeWind and David Kinley, Aiding Migration : The Input of International Development Assistance in Haiti, Columbia University, New York, 1986, p. 83.
(19) Peter McPherson, « Statement before the Committee on Foreign Affairs », House of Representatives, Washington, April 21, 1982.
(20) Josh DeWind and David Kinley, Ibid, p. 154 ; Carmen Diana Deere and Peggy Antrobus, In the Shadow of the Sun : Caribbean Development Alternatives and U.S. Policy, Boulder, Westview Press, 1990, p. 175. Fred Doura, Haïti, Histoire et analyse d’une extraversion dépendante organisée, Les Éditions DAMI, Montréal, 2010.
(21) Jacqueline Charles and Pablo Bachelet, « Textile industry gets boost », Miami Herald, May 9, 2008.
(22) Organisation Internationale du Travail (OIT), Better Work Haïti : Industrie de l’Habillement, 5ème rapport de synthèse semestriel dans le cadre de la loi Hope II, Genève, 16 octobre 2012, p. 15.
(23) NBC News, « Can low-paying garment industry save Haiti ? Nascent sector provides jobs, but not enough and wages are still low », Associated Press, 21/2/2010.
(24) Roger Zacaropoulos, Opportunité pour les entreprises du Textile-Habillement d’Haïti de développer leur activité avec l’U.E., Paris, Août 2010.
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
WIFOUT;
Men mwen aprann yon bagay nouvo sou OBSKIRANTIS yo te rele BOYER an.LWA 4 JIYÈ 1820 an.
Dapre LWA sa a ;li byen sa PEAN ekri an .Se yon bagay ki preske ENKWAYAB.
Pou yon timoun te antre lan LEKÒL PRIMÈ fò k ou te gen otorizasyon PREZIDAN BOYER.Se te preske menm jan ke LEWÒP te ye pandan peryòd yo te rele MWAYEN-AJ lan kote se te KLÈJE an ak kè k ra moun lan NOBLÈS lan ki te gen dwa konn li ak ekri.
Imajine nou,ke konstitisyon DESSALINES te rann lekòl primè obligatwa.
Nèg BOYER sa a ,se pa mal ankò misye fè peyi an .Non sèlman apre li te fin rekonkeri NÒ an ,misye te fèmen tout lekòl ke KRISTÒF te louvri yo.
Lan PATI LÈS apre DOMINIKEN yo te pran ENDEPANDANS yo lan men nou ;yo te estime ke te gen mwens ke 800 timoun lan tout teritwa a ki te lekòl;2 zan apre yo te estime ke te gen 14000.
Lan tout prezidans ki pase ann AYITI yo ;nou gen dwa di ke se pa BOYER an ki te pi katastrofik.Menm de ISTORYEN etranje tankou ALYSON GOLDSTEIN SEPINWAL (inivèsite kalifòni) te vin fè konstatasyon sa a.
Kote BOYER fè plis mal ,li te tèlman dire sou pouvwa ke gen yon bann MOVE ABITID ke NASYON an vin pran ;yo avèk nou ,jis jounen jodi an
Men mwen aprann yon bagay nouvo sou OBSKIRANTIS yo te rele BOYER an.LWA 4 JIYÈ 1820 an.
Dapre LWA sa a ;li byen sa PEAN ekri an .Se yon bagay ki preske ENKWAYAB.
Pou yon timoun te antre lan LEKÒL PRIMÈ fò k ou te gen otorizasyon PREZIDAN BOYER.Se te preske menm jan ke LEWÒP te ye pandan peryòd yo te rele MWAYEN-AJ lan kote se te KLÈJE an ak kè k ra moun lan NOBLÈS lan ki te gen dwa konn li ak ekri.
Imajine nou,ke konstitisyon DESSALINES te rann lekòl primè obligatwa.
Nèg BOYER sa a ,se pa mal ankò misye fè peyi an .Non sèlman apre li te fin rekonkeri NÒ an ,misye te fèmen tout lekòl ke KRISTÒF te louvri yo.
Lan PATI LÈS apre DOMINIKEN yo te pran ENDEPANDANS yo lan men nou ;yo te estime ke te gen mwens ke 800 timoun lan tout teritwa a ki te lekòl;2 zan apre yo te estime ke te gen 14000.
Lan tout prezidans ki pase ann AYITI yo ;nou gen dwa di ke se pa BOYER an ki te pi katastrofik.Menm de ISTORYEN etranje tankou ALYSON GOLDSTEIN SEPINWAL (inivèsite kalifòni) te vin fè konstatasyon sa a.
Kote BOYER fè plis mal ,li te tèlman dire sou pouvwa ke gen yon bann MOVE ABITID ke NASYON an vin pran ;yo avèk nou ,jis jounen jodi an
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Joel fok ou pa bilie contexte epoque la tou, avant reconaissance independance la priorite se te defense nationale te gen plis que 60 mille troupes en armes nan peyi a.
2) apre reconnaisance la yo pat ka menm peye interets sou dette independance la, priorite sete ogmente recettes letat nan kinbe peyisans yo nan prodiktion kilti exportations yo cafe,sucre, bois etc..
3) Anpil nan commercants yo te itilize corription ak kontreban pou yo pa peye tax. Yo estime 1/3 de toute commerce la te fet en kontreban san peye taxes. System controle administratidf la te deficient, pat gen assez fonktionnaires honetes sou tout territwa a. La plipa budgets epok sila yo te deficitaire, avec a peine 2 a 3 millions goudes recettes.
4) Ki kote yo tapawal jwen ni lajan ni assez proffese pou edication gratuite bay 700 mille habitants 30% ladan te gen laj pou al lekol? Nan Royaume autocratik Kristoff la ki te gen bonjan recettes taxes se 2000 places lekol ki te genyen, Sou Boyer d'apres Schoelcher nombre la vin reduit a 1000 sou Boyer apres reunification zile a.
5) Boyer se yon chwa repiblicain mussieu te fait, ou ka pa dako avec li, men selon mussieu nan yon contexte precarite financiere ak manque lekol ak places selection an te fet sou yon base elitiste du "sak te ran plis services a letat" comme compensation . Se yon forme de meritocratie epi yon facon tou pou assire stabilite regime nan , se pa pou arien Boyer te fe 25 ans sou pouvwa.
Fok nou di tou Boyer te yon tijan manfoubin, menm pwop zafe li li pat trop bien gere, yo rapporte gen yon barriere sou bitation li la plaine ki te kraze, li pat janm fe repare li. Menm bagay pou yon estati li te commande pou Petion, Joute Lachenais te commande ak pwop lajan li yon socle en marbre soti a Paris, mosso mab sa-a chita nan poussie plizie annees jis li rantre nan te li vin disparet sans estati Petion an pat janm konstwi.
Avant Boyer te pati pou la Jamaik kom tout tout bien se 10 mille goudes li te genyen, li te oblige mande pou yo te peye li pension viagere bo-fi li Celie Petion ke li pat janm touche pendan 10 ans ki te reprezante 26 milles goudes.
http://books.google.ca/books?id=lj19AwqR2YQC&pg=PT61&dq=BILAN+DE+L'EDUCATION+SOUS+LE+PRESIDENT+BOYER&hl=en&sa=X&ei=J8uwUP-AHsm30QHus4DABw&ved=0CC8Q6AEwAA
2) apre reconnaisance la yo pat ka menm peye interets sou dette independance la, priorite sete ogmente recettes letat nan kinbe peyisans yo nan prodiktion kilti exportations yo cafe,sucre, bois etc..
3) Anpil nan commercants yo te itilize corription ak kontreban pou yo pa peye tax. Yo estime 1/3 de toute commerce la te fet en kontreban san peye taxes. System controle administratidf la te deficient, pat gen assez fonktionnaires honetes sou tout territwa a. La plipa budgets epok sila yo te deficitaire, avec a peine 2 a 3 millions goudes recettes.
4) Ki kote yo tapawal jwen ni lajan ni assez proffese pou edication gratuite bay 700 mille habitants 30% ladan te gen laj pou al lekol? Nan Royaume autocratik Kristoff la ki te gen bonjan recettes taxes se 2000 places lekol ki te genyen, Sou Boyer d'apres Schoelcher nombre la vin reduit a 1000 sou Boyer apres reunification zile a.
5) Boyer se yon chwa repiblicain mussieu te fait, ou ka pa dako avec li, men selon mussieu nan yon contexte precarite financiere ak manque lekol ak places selection an te fet sou yon base elitiste du "sak te ran plis services a letat" comme compensation . Se yon forme de meritocratie epi yon facon tou pou assire stabilite regime nan , se pa pou arien Boyer te fe 25 ans sou pouvwa.
Fok nou di tou Boyer te yon tijan manfoubin, menm pwop zafe li li pat trop bien gere, yo rapporte gen yon barriere sou bitation li la plaine ki te kraze, li pat janm fe repare li. Menm bagay pou yon estati li te commande pou Petion, Joute Lachenais te commande ak pwop lajan li yon socle en marbre soti a Paris, mosso mab sa-a chita nan poussie plizie annees jis li rantre nan te li vin disparet sans estati Petion an pat janm konstwi.
Avant Boyer te pati pou la Jamaik kom tout tout bien se 10 mille goudes li te genyen, li te oblige mande pou yo te peye li pension viagere bo-fi li Celie Petion ke li pat janm touche pendan 10 ans ki te reprezante 26 milles goudes.
http://books.google.ca/books?id=lj19AwqR2YQC&pg=PT61&dq=BILAN+DE+L'EDUCATION+SOUS+LE+PRESIDENT+BOYER&hl=en&sa=X&ei=J8uwUP-AHsm30QHus4DABw&ved=0CC8Q6AEwAA
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Non DOUB;
Pa vin bay BOYER okenn eskiz ;te gen volonte lan NÒ an pou te mete lekòl .LÈ pa t gen ase pwofesè ;KRISTÒF te fè ANGLE ou byen AMERIKEN antre pou vin fè lekòl.
Defans NASYONAL lan pa yon eskiz non plis ;alòs youn lan priyorite KRISTÒF se pa t DEFANS NASYONAL tou?
Se pa t mete BOYER pa t mete lekòl sèlman ;sa l te vin jwenn lan NÒ yo apre reyinifikasyon an ;li te fèmen yo e misye FAMEZMAN te di ""MOUN PA BEZWEN KONN LI POU W TRAVAY LA TÈ""
Moun ki t ap viv lan epòk lan te rekonèt sa BOYER te fè e ki tò li te fè .Mwen kwè AKAWO te di ke youn lan rezon li te an rebelyon se paske BOYER pa t mete lekòl ;mwen kwè te gen sa lan MANIFÈST DE PRASLIN an tou.
Gen bagay sa yo lan liv LISTANT PRADINE yo,bizawèl MATELI an .Misye te pibliye tout dokiman ke gouvènman BOYER an te emèt osi byen ke sa advèsè l yo te ekri.
Se yon zèv remakab .Misye te fè pou kòmansman REPIBLIK lan ;sa MOREAU DE SAINT MERY te fè pou koloni SENDOMENG lan (m ap di an pasan).N ap jwenn yo sou GALLICA.
Prezidans BOYER an se peryòd ki vin gen plis konsekans pou listwa peyi an .Zafè anti-edikasyon sa a vin rantre lan mès nou ,li anrasine pou jis jounen jodi an.
Lè y ap bay rezilta BAKALOREYA e se sèlman 40 mil timoun ki pase lan yon peyi de 10 milyon moun e pèsonn pa pwoteste ;se la sa sòti.
Menm apre BOYER te fin ale ,klas dirijant lan pa t wè nesesite pou li mete lekòl ;anpil ladan yo se te grandon e si moun lan kanpay yo te vin gen ti moso ENSTRIKSYON ,dapre yo pa t ap gen moun ki pou travay tè yo e yo kontinye politik BOYER an.
Se te yon bagay ekstrawòdinè ,ke nou kontinye ap peye pou sa ,jis jounen jodi an ,tankou m te di.
Pa egzanp an 1915 lè AMERIKEN yo te debake ,se te sèlman 6% popilasyon an ki te konn li ak ekri ;an 1950,se te 15%.
3/4 PWOBLÈM peyi an genyen jis jounen jodi an ,se la li sòti!
Pa vin bay BOYER okenn eskiz ;te gen volonte lan NÒ an pou te mete lekòl .LÈ pa t gen ase pwofesè ;KRISTÒF te fè ANGLE ou byen AMERIKEN antre pou vin fè lekòl.
Defans NASYONAL lan pa yon eskiz non plis ;alòs youn lan priyorite KRISTÒF se pa t DEFANS NASYONAL tou?
Se pa t mete BOYER pa t mete lekòl sèlman ;sa l te vin jwenn lan NÒ yo apre reyinifikasyon an ;li te fèmen yo e misye FAMEZMAN te di ""MOUN PA BEZWEN KONN LI POU W TRAVAY LA TÈ""
Moun ki t ap viv lan epòk lan te rekonèt sa BOYER te fè e ki tò li te fè .Mwen kwè AKAWO te di ke youn lan rezon li te an rebelyon se paske BOYER pa t mete lekòl ;mwen kwè te gen sa lan MANIFÈST DE PRASLIN an tou.
Gen bagay sa yo lan liv LISTANT PRADINE yo,bizawèl MATELI an .Misye te pibliye tout dokiman ke gouvènman BOYER an te emèt osi byen ke sa advèsè l yo te ekri.
Se yon zèv remakab .Misye te fè pou kòmansman REPIBLIK lan ;sa MOREAU DE SAINT MERY te fè pou koloni SENDOMENG lan (m ap di an pasan).N ap jwenn yo sou GALLICA.
Prezidans BOYER an se peryòd ki vin gen plis konsekans pou listwa peyi an .Zafè anti-edikasyon sa a vin rantre lan mès nou ,li anrasine pou jis jounen jodi an.
Lè y ap bay rezilta BAKALOREYA e se sèlman 40 mil timoun ki pase lan yon peyi de 10 milyon moun e pèsonn pa pwoteste ;se la sa sòti.
Menm apre BOYER te fin ale ,klas dirijant lan pa t wè nesesite pou li mete lekòl ;anpil ladan yo se te grandon e si moun lan kanpay yo te vin gen ti moso ENSTRIKSYON ,dapre yo pa t ap gen moun ki pou travay tè yo e yo kontinye politik BOYER an.
Se te yon bagay ekstrawòdinè ,ke nou kontinye ap peye pou sa ,jis jounen jodi an ,tankou m te di.
Pa egzanp an 1915 lè AMERIKEN yo te debake ,se te sèlman 6% popilasyon an ki te konn li ak ekri ;an 1950,se te 15%.
3/4 PWOBLÈM peyi an genyen jis jounen jodi an ,se la li sòti!
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Jowel mwen se yon pragmatik mwen diwou budget National sou Boyer te a peine 2-3 millions gourdes pa annee. La plipa nan annees yo li te deja deficitaire.
Anou fe yon ti calcul, sou Boyer lekol piblik yo la plipa sete pension, c'est a dire ti moun ki soti en provins yo te nourri loge blanchi. Sa te koute l"Etat environ 1000 Goud pa anne pou chak eleve.
Anou fe yon ti calcul simp, san lajan pou konstwi nouvo lekol pa ladan.
- 30% timoun en age pou ale lekol
- Popilation 700 000 moun
Sa bawou 210 000 timoun.
A 1000 Goud pa tet pa annee (a pe pre moitie pension Celie Petion) sa bawou - 210 million Goud pa annee. 1 Goud =2,5 Fr nan epok sila. Saler yon journalier epok sila sete 1 Goud pa jou, yon boutey rhum te koute 1 Goud, yon boutey clairin 75 kob.
Kife satap koute L'etat 525 Millions Fr. chaque anne pou voye tout ti moun gratis ti cheri lekol selon constitution 1804 la
Anplis wou tap bezwen 7700 professe ak 875 lekol.
Dette independance la sete 120 Millions Fr. payable en 30 ans, yo vin redui li a 60 Millions Fr. Yo pat menm kab peye INTERETS SOU LI.
ALOS, se bien kontinue fe demagogie menm jan ak Sweet la nan fe pwomesse wou panka kinbe. Mwen ta renmen we sa wou tap remet nan place Boyer ak yon budget deficitaire 3 millions Gouds.
Selon moyen wou selon wangaw, ou panka bondaw rond wap pete karre. Menm en Europe epok sila yo la plipa peyisan ak pep la te illetre, yo pat voye timoun lekol, Se boujwa yo ak classe moyenne yo ki te fe sa.
Anou fe yon ti calcul, sou Boyer lekol piblik yo la plipa sete pension, c'est a dire ti moun ki soti en provins yo te nourri loge blanchi. Sa te koute l"Etat environ 1000 Goud pa anne pou chak eleve.
Anou fe yon ti calcul simp, san lajan pou konstwi nouvo lekol pa ladan.
- 30% timoun en age pou ale lekol
- Popilation 700 000 moun
Sa bawou 210 000 timoun.
A 1000 Goud pa tet pa annee (a pe pre moitie pension Celie Petion) sa bawou - 210 million Goud pa annee. 1 Goud =2,5 Fr nan epok sila. Saler yon journalier epok sila sete 1 Goud pa jou, yon boutey rhum te koute 1 Goud, yon boutey clairin 75 kob.
Kife satap koute L'etat 525 Millions Fr. chaque anne pou voye tout ti moun gratis ti cheri lekol selon constitution 1804 la
Anplis wou tap bezwen 7700 professe ak 875 lekol.
Dette independance la sete 120 Millions Fr. payable en 30 ans, yo vin redui li a 60 Millions Fr. Yo pat menm kab peye INTERETS SOU LI.
ALOS, se bien kontinue fe demagogie menm jan ak Sweet la nan fe pwomesse wou panka kinbe. Mwen ta renmen we sa wou tap remet nan place Boyer ak yon budget deficitaire 3 millions Gouds.
Selon moyen wou selon wangaw, ou panka bondaw rond wap pete karre. Menm en Europe epok sila yo la plipa peyisan ak pep la te illetre, yo pat voye timoun lekol, Se boujwa yo ak classe moyenne yo ki te fe sa.
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
DOUB;
Annou kite ti bagay sektaris ;kesyon sa a twò enpòtan.Sa depase kesyon KREYÒL-KONGO ;moun ki te fèt lan koloni an ;moun ki te fèt ann AFRIK.
Mwen pa di ke se sa ou vle fè non ;men annou mete sa de kote.
ALYSON GOLDSYEIN SEPINWAL yon istoryèn ameriken ki ap fè pale de li eki ap ekzamine kijan REVOLISYON AYISYEN an fayi .Revolisyon ke li di ki kreye MONN MODÈN LAN
Li fèt ekri yon liv la a ke l pibliye lan MWA DAWOUT 2012 lan ke li rele HAITIAN HISTORY-NEW PERSPECTIVES .Manmzèl lage chaj lan sou BOYER.
Se pa t lajan ki te manke ;byen ke lan kesyon ke y ap poze lan THINK TANK yo ;se poukisa BOYER te al peye sa yo rele DÈT LENDEPANDANS sa a.
Yon lòt bagay ;poukisa KRISTÒF te ap kreye lekòl E BOYER limenm pa t kreye?Se pou w mande w kesyon sa a e poukisa tankou m te di se sèlman mwen kwè se mwens ke 800 timoun ki te lekòl lan PATI LÈS lan e 2 ou 3 zan apre lendepandans DOMINIKEN yo te vin gen plis 10 fwa la valè.
Se pa t menm IL lan?
Pati LÈS lan te vin gen plis resous?
Se pa t kapab BOYER PA T KA FÈ SA ;se te yon politik delibere.BOYER pa t ka depase estrikti kolonyal lan kote se te yon krim pou w te montre yon ESKLAV konn li.
E bagay sa a te kontinye .Tankou m te wè yon EDIKATÈ AMERIKEN te di ;bagay anti edikasyon sa a ann AYITI ,se pa t yon AZA ;se te yon bagay klas dominantyo te panse e elabore.
Tankou mwen wè gen NÈG ki ap pale de anvan 1946 e apre 1946 .
Pandan ke NÈG te refize kreye lekòl ann AYITI ;an DOMINIKANI TRUJILLO te yon diktatè sanginè se vre ;men yo estime ke misye te bati yon divida lekòl ;yo te estime ke misye te pèmèt anviwon 500 mil timoun ale lekòl.
SOU TRUJILLO an 1950,dapre CHIF LONI mwen te wè te gen tan gen yon estimasyon ant 55% ak 60% DOMINIKEN ki te konn li ak ekri.
Ann AYITI menm se te mwens ke 15%.
Mwen pa kwè ke nou atenn pousantaj DOMINIKEN lanne 1950 yo ,jis jounen jodi an.
TRUJILLO ,konpare ak mesye ki te sou pouvwa ann AYITI yo;kontanporen l yo;se te yon moun san EDIKASYON.Se a pèn si l te fini lekòl primè
Poukisa TRUJILLO te ka fè sa ,nou pa t ka fè l ?
TRUJILLO te ka fè l e nou pa t fè sa ;paske ,pa edike pèp lan vin preske kiltirèl lakay nou e si nou pa diskite de bagay sa a ;nou pa p janm avanse.
Nou pa t fè l ,paske nou enteryorize politik BOYER an e mwen pa kwè nou depase politik sa a jis jounen jodi an.
Annou kite ti bagay sektaris ;kesyon sa a twò enpòtan.Sa depase kesyon KREYÒL-KONGO ;moun ki te fèt lan koloni an ;moun ki te fèt ann AFRIK.
Mwen pa di ke se sa ou vle fè non ;men annou mete sa de kote.
ALYSON GOLDSYEIN SEPINWAL yon istoryèn ameriken ki ap fè pale de li eki ap ekzamine kijan REVOLISYON AYISYEN an fayi .Revolisyon ke li di ki kreye MONN MODÈN LAN
Li fèt ekri yon liv la a ke l pibliye lan MWA DAWOUT 2012 lan ke li rele HAITIAN HISTORY-NEW PERSPECTIVES .Manmzèl lage chaj lan sou BOYER.
Se pa t lajan ki te manke ;byen ke lan kesyon ke y ap poze lan THINK TANK yo ;se poukisa BOYER te al peye sa yo rele DÈT LENDEPANDANS sa a.
Yon lòt bagay ;poukisa KRISTÒF te ap kreye lekòl E BOYER limenm pa t kreye?Se pou w mande w kesyon sa a e poukisa tankou m te di se sèlman mwen kwè se mwens ke 800 timoun ki te lekòl lan PATI LÈS lan e 2 ou 3 zan apre lendepandans DOMINIKEN yo te vin gen plis 10 fwa la valè.
Se pa t menm IL lan?
Pati LÈS lan te vin gen plis resous?
Se pa t kapab BOYER PA T KA FÈ SA ;se te yon politik delibere.BOYER pa t ka depase estrikti kolonyal lan kote se te yon krim pou w te montre yon ESKLAV konn li.
E bagay sa a te kontinye .Tankou m te wè yon EDIKATÈ AMERIKEN te di ;bagay anti edikasyon sa a ann AYITI ,se pa t yon AZA ;se te yon bagay klas dominantyo te panse e elabore.
Tankou mwen wè gen NÈG ki ap pale de anvan 1946 e apre 1946 .
Pandan ke NÈG te refize kreye lekòl ann AYITI ;an DOMINIKANI TRUJILLO te yon diktatè sanginè se vre ;men yo estime ke misye te bati yon divida lekòl ;yo te estime ke misye te pèmèt anviwon 500 mil timoun ale lekòl.
SOU TRUJILLO an 1950,dapre CHIF LONI mwen te wè te gen tan gen yon estimasyon ant 55% ak 60% DOMINIKEN ki te konn li ak ekri.
Ann AYITI menm se te mwens ke 15%.
Mwen pa kwè ke nou atenn pousantaj DOMINIKEN lanne 1950 yo ,jis jounen jodi an.
TRUJILLO ,konpare ak mesye ki te sou pouvwa ann AYITI yo;kontanporen l yo;se te yon moun san EDIKASYON.Se a pèn si l te fini lekòl primè
Poukisa TRUJILLO te ka fè sa ,nou pa t ka fè l ?
TRUJILLO te ka fè l e nou pa t fè sa ;paske ,pa edike pèp lan vin preske kiltirèl lakay nou e si nou pa diskite de bagay sa a ;nou pa p janm avanse.
Nou pa t fè l ,paske nou enteryorize politik BOYER an e mwen pa kwè nou depase politik sa a jis jounen jodi an.
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Joel VOICI LES FAITS:
Politique se yon rapport de force depuis 20 ans Haiti te pran independance li, par yon concours circonstances guerre parmi puissancyes europeenes yo li te jwen yon souf poul soufle sans la France pat trop inquiete li. Jwett la te vin change loske europeens yo vin fe la paix epi roi de France Charle X la vin retounen. Pandan ce temps anciens proprietaires St-Domingues yo kontinuen ap fe pressions politiques en France pou dedomagements pertes biens yo.
Malgre sa lot puissances yo pat janm formellement reconnaitt independance li, meme les etat-unis, et yo pat janm manque pou humilie li. Gouvernement Boyer a te vin compran que pa gen moyen pou developman loske peyi a maintenu indefinitivement sur pied de guerre "au premier coup de canon, les villes disparaissent".
Wou ka pa dakor, men se te yon chwa politik, anpil nan citoyens ki te
nan senat epok sila pat dakor tou. Men yo te fait yon consensus kom kwa
sete le prix a payer pou peyi a gen enfin la paix epi rentre nan concert des nations
officiellement, cesse konsidere tankou yon ekip rebelles pariah, ki tout tant et a jamais
sur le qui vive ke sote ki le ap gen yon debakman Franse, ou bien yon blokus maritime zile a
ki tap cree effrondrement economik komes la ak ekonomie branlante nouvo peyi a .
Si Boyer pat gen yon MINIMUM CREDIT, KONSENSUS POLITIK li pa tap fe 25 ans au pouvwa
malgre limites li kom homme et chef d'Etat. Mussieu te kontinue korrespon ak yon nom tankou
l'Abbe Gregoire pou we kijan yo te kabab developpe edikation. Kife malgre sa yo di mwen pa kwe
ke li pat soucie de edikation, se jis li te gen yon konseption ELITISTE DE EDIKATION nan STADE
PEYI A TE YE, BEZWIN REELS YO (EKONOMIK) ak KAPASITE REEL L"ETAT ak PRIORITES BUDGETAIRES YO
DAYER MWEN KWE SE SOU BOYER PREMIER EMBRYON UNIVERSITE DETAT HAITI TE KREE, SOUS NOM "academie d'hAITI" MEN POU RAISON EKONOMIK LI PAT FE LONG FEU...
http://books.google.ca/books?id=8S92LI2l5boC&printsec=frontcover&dq=finances+gouvernement+Boyer+Haiti&hl=en&sa=X&ei=ERiyUNL9E-fp0gGOm4CoDw&sqi=2&ved=0CD4Q6AEwAw#v=onepage&q&f=false
Politique se yon rapport de force depuis 20 ans Haiti te pran independance li, par yon concours circonstances guerre parmi puissancyes europeenes yo li te jwen yon souf poul soufle sans la France pat trop inquiete li. Jwett la te vin change loske europeens yo vin fe la paix epi roi de France Charle X la vin retounen. Pandan ce temps anciens proprietaires St-Domingues yo kontinuen ap fe pressions politiques en France pou dedomagements pertes biens yo.
Malgre sa lot puissances yo pat janm formellement reconnaitt independance li, meme les etat-unis, et yo pat janm manque pou humilie li. Gouvernement Boyer a te vin compran que pa gen moyen pou developman loske peyi a maintenu indefinitivement sur pied de guerre "au premier coup de canon, les villes disparaissent".
Men opinion Francais progressiste yo te gen de Boyer, yo publie nan
Biographie universelle epok sila:
Men sa Boyer nan bouche pa li te declare lo li tap resevwa delegation
Baron Mackau que Charles X te voye:
LI A PARTIR DE PAGE 251 wa konpran mieux contexte epok la.
Biographie universelle epok sila:
Men sa Boyer nan bouche pa li te declare lo li tap resevwa delegation
Baron Mackau que Charles X te voye:
LI A PARTIR DE PAGE 251 wa konpran mieux contexte epok la.
Wou ka pa dakor, men se te yon chwa politik, anpil nan citoyens ki te
nan senat epok sila pat dakor tou. Men yo te fait yon consensus kom kwa
sete le prix a payer pou peyi a gen enfin la paix epi rentre nan concert des nations
officiellement, cesse konsidere tankou yon ekip rebelles pariah, ki tout tant et a jamais
sur le qui vive ke sote ki le ap gen yon debakman Franse, ou bien yon blokus maritime zile a
ki tap cree effrondrement economik komes la ak ekonomie branlante nouvo peyi a .
Si Boyer pat gen yon MINIMUM CREDIT, KONSENSUS POLITIK li pa tap fe 25 ans au pouvwa
malgre limites li kom homme et chef d'Etat. Mussieu te kontinue korrespon ak yon nom tankou
l'Abbe Gregoire pou we kijan yo te kabab developpe edikation. Kife malgre sa yo di mwen pa kwe
ke li pat soucie de edikation, se jis li te gen yon konseption ELITISTE DE EDIKATION nan STADE
PEYI A TE YE, BEZWIN REELS YO (EKONOMIK) ak KAPASITE REEL L"ETAT ak PRIORITES BUDGETAIRES YO
DAYER MWEN KWE SE SOU BOYER PREMIER EMBRYON UNIVERSITE DETAT HAITI TE KREE, SOUS NOM "academie d'hAITI" MEN POU RAISON EKONOMIK LI PAT FE LONG FEU...
http://books.google.ca/books?id=8S92LI2l5boC&printsec=frontcover&dq=finances+gouvernement+Boyer+Haiti&hl=en&sa=X&ei=ERiyUNL9E-fp0gGOm4CoDw&sqi=2&ved=0CD4Q6AEwAw#v=onepage&q&f=false
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
NON DOUB;
Rezistans te preferab a DÈT LENDEPANDANS sa a ;te gen kouran lan ""goch"" franse an ki te di pou AYITI pa peye DÈT sa a.Youn lan vwa sa yo ,se te ABE GREGWA.Misye mouri an 1831 ;jis lan dènye jou misye ;li di se pou AYITI pa peye.
Pou ki sa ke KRISTÒF te refize rankontre emisè ke FRANSE yo te voye pou rankontre l yo?
Se la GÈ ke KRISTÒF pa t vle?
Eske la FRANS te gen estomak vre pou l ta vin fè yon nouvo debakman lan ZILE an?
Se pa istwa revizyonis k ap fèt non ;istoryen modèn yo di ke BOYER pa t bezwen ,pa t gen nesesite pou l te peye;yon gè kont la FRANS te mil fwa preferab a peye dèt sa a.
Pwoblèm lan ;sè ke te deja gen NÈG ki te deja deside ke se ""franse kolore"" yo te ye e pa t vle kase kòd definitif ak la FRANS vre e pa t foute yo de fado yo t ap mete sou rès peyi an.
Rezistans te preferab a DÈT LENDEPANDANS sa a ;te gen kouran lan ""goch"" franse an ki te di pou AYITI pa peye DÈT sa a.Youn lan vwa sa yo ,se te ABE GREGWA.Misye mouri an 1831 ;jis lan dènye jou misye ;li di se pou AYITI pa peye.
Pou ki sa ke KRISTÒF te refize rankontre emisè ke FRANSE yo te voye pou rankontre l yo?
Se la GÈ ke KRISTÒF pa t vle?
Eske la FRANS te gen estomak vre pou l ta vin fè yon nouvo debakman lan ZILE an?
Se pa istwa revizyonis k ap fèt non ;istoryen modèn yo di ke BOYER pa t bezwen ,pa t gen nesesite pou l te peye;yon gè kont la FRANS te mil fwa preferab a peye dèt sa a.
Pwoblèm lan ;sè ke te deja gen NÈG ki te deja deside ke se ""franse kolore"" yo te ye e pa t vle kase kòd definitif ak la FRANS vre e pa t foute yo de fado yo t ap mete sou rès peyi an.
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Joel a écrit:NON DOUB;
Rezistans te preferab a DÈT LENDEPANDANS sa a ;te gen kouran lan ""goch"" franse an ki te di pou AYITI pa peye DÈT sa a.Youn lan vwa sa yo ,se te ABE GREGWA.Misye mouri an 1831 ;jis lan dènye jou misye ;li di se pou AYITI pa peye.
Pou ki sa ke KRISTÒF te refize rankontre emisè ke FRANSE yo te voye pou rankontre l yo?
Se la GÈ ke KRISTÒF pa t vle?
Eske la FRANS te gen estomak vre pou l ta vin fè yon nouvo debakman lan ZILE an?
Se pa istwa revizyonis k ap fèt non ;istoryen modèn yo di ke BOYER pa t bezwen ,pa t gen nesesite pou l te peye;yon gè kont la FRANS te mil fwa preferab a peye dèt sa a.
Pwoblèm lan ;sè ke te deja gen NÈG ki te deja deside ke se ""franse kolore"" yo te ye e pa t vle kase kòd definitif ak la FRANS vre e pa t foute yo de fado yo t ap mete sou rès peyi an.
Jowel, se pa debakman selman yon BLOKIS MARITIME te gendwa gen menm effet touffe ekonomi peyi a. Le sa-a L'Etat Haitien affaibli tap a genoux devant la France pou mande negotie. Le sa-a wou tap nan yon pi move position yo te ka impose lwa ak conditionsyo jan yo vle.
Sa-a se yon keksion opinion a posteriori ou ka pense se te yon erreur , men nan moman an, mwen kwe ak information ki te disponib a lepok se te option ki te moins riske pou avni peyi a. Pa gen moun ki ka di si se yon lot decision ki te pran ki konsekans ke sa tap genyen sou peyi a. Haiti te ka pa existe jodia ou bien ou te ka pimal ankorr. Pa bilie depi 1793 peyi a te en guerre deja- tout estrikti prodiktion kolonial yo te kraze deja...
Mwen kwe gouvenman Boyer a te nan yon situation on tijan semblable a jodia, pays a te exsangue, sa ki te fait plis defaut pou relance prodiktion nationale la se te CAPITAL. Recettes l'Etat te o minimum, kife yo pat ka fe gran chose pou developman social ak edikation.
Kife yo te adopte yon politik "open for business" pou attire capital etranger (anglais,allemand, france par la suite), se sa yo tap reproche Boyer nan affaire DARFOUR LA komkwa "li van peyi a bay blancs yo". Se sak fe bagay sa te HAUTEMENT POLITIK, ki fe yo exekite Darfour manu-militari avec benediktion 2 chambre yo. Mwen kwe se sak fe li vin pedi pouvwa a tou par la suite.
Fok tou nou pa mete tout blames yo sou yon sel moun. Malgre Boyer te autocratik, peyi a te gen yon gouvernement, te gen yon senat ak yon chambre des deputes kote te gen yon opposition naissante avec des hommes tankou Riviere Herard.
Decision pou peye dette independans la bay la France a li te vote pa senat ak cham deputes yo.
YO TE KA DI NON si se te volonte souverainete nationale la!!
MEN SITUATION PEYI A EN 1824 SELON ETRANGERS KI TE VISITE PORT-AU-PRINCE
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Alòs ,peyi an te lan pwen sa a e li te ka peye DÈT sa a ke FRANSE yo te ekzije l lan.
Yon lòt bagay ,poukisa m ap di w li ankò ke KRISTÒF te di EMISÈ FRANSE an l ap mete l lan kalabous si l ap vini pale l de peye DÈT lan.
Poukisa RENÉ GRÉGOIRE (ABE GREGWA) te di pa peye lajan sa a ;li te di gouvènman AYISYEN an sa ,paske li t ap koresponn pa entèmedyè INGINAC ak gouvènman AYISYEN an.
Pa gen okenn evidans ke FRANSE yo ,lan LANNE 1820S yo te gen FÒS ase pou yo te repran AYITI.
Lan lanne 1820s yo ;AYITI se te tankou IZRAYÈL ye lan MWAYENNORYAN an ;yon ti peyi ki te fè peyi pi gwo pase l pè .
Pa egzanp,lan KAROLIN DI SID te gen yon NÈG ki rele DENMARK VESEY ki t ap prepare yon soulèvman lan CHARLESTON .Misye te fè kouri BRI ke li te genyen korespondans ak BOYER.Sa te kreye yon PANIK lan milye BLAN yo lan CHARLESTON.
PRI ke peyi an te peye pou DÈT sa a te two chè ,gen de lè yon demann ke yon lòt peyi fè w li preferab pou w antre an GÈ ak li.
Mwen sipoze ke w o kouran de gè 1812 lan ;ke ETAZINI te fè kont ansyenn pwisans kolonyal li an LANGLETÈ.Gè sa a te dire 2 zan (1812-1814),L i te devaste ETAZINI .ANGLE yo te boule WASHINGTON ,ra pye tè ,pa t gen okenn batiman ki te kanpe .
AMERIKEN yo te sou menas,sòti lan KANADA ki te yon koloni ANGLE toujou,NEW ORLEANS ki te anba envazyon ,BALTIMORE ki te asyeje.
Pa t rete anyen pou ANGLE yo te reprann ETAZINI ,men yo goumen paske se te yon GÈ yo santi ke yo te blije fè ,paske angle yo t ap sezi tout bato e fè nenpòt AMERIKEN MAREN prizonye.
BOYER pa t dwe peye DÈT sa a;tankou m di l gen FRANSE ki te senpatik a AYITI ,tankou GREGWA ak lòt JAKOBEN yo di misye pa peye.
Pa gen DOUT ,BOYER se te yon KALAMITE sou tout la liy e peyi an kontinye ap peye pou sa l te fè e sa l pa t fè tankou EDIKASYON!
Yon lòt bagay ,poukisa m ap di w li ankò ke KRISTÒF te di EMISÈ FRANSE an l ap mete l lan kalabous si l ap vini pale l de peye DÈT lan.
Poukisa RENÉ GRÉGOIRE (ABE GREGWA) te di pa peye lajan sa a ;li te di gouvènman AYISYEN an sa ,paske li t ap koresponn pa entèmedyè INGINAC ak gouvènman AYISYEN an.
Pa gen okenn evidans ke FRANSE yo ,lan LANNE 1820S yo te gen FÒS ase pou yo te repran AYITI.
Lan lanne 1820s yo ;AYITI se te tankou IZRAYÈL ye lan MWAYENNORYAN an ;yon ti peyi ki te fè peyi pi gwo pase l pè .
Pa egzanp,lan KAROLIN DI SID te gen yon NÈG ki rele DENMARK VESEY ki t ap prepare yon soulèvman lan CHARLESTON .Misye te fè kouri BRI ke li te genyen korespondans ak BOYER.Sa te kreye yon PANIK lan milye BLAN yo lan CHARLESTON.
PRI ke peyi an te peye pou DÈT sa a te two chè ,gen de lè yon demann ke yon lòt peyi fè w li preferab pou w antre an GÈ ak li.
Mwen sipoze ke w o kouran de gè 1812 lan ;ke ETAZINI te fè kont ansyenn pwisans kolonyal li an LANGLETÈ.Gè sa a te dire 2 zan (1812-1814),L i te devaste ETAZINI .ANGLE yo te boule WASHINGTON ,ra pye tè ,pa t gen okenn batiman ki te kanpe .
AMERIKEN yo te sou menas,sòti lan KANADA ki te yon koloni ANGLE toujou,NEW ORLEANS ki te anba envazyon ,BALTIMORE ki te asyeje.
Pa t rete anyen pou ANGLE yo te reprann ETAZINI ,men yo goumen paske se te yon GÈ yo santi ke yo te blije fè ,paske angle yo t ap sezi tout bato e fè nenpòt AMERIKEN MAREN prizonye.
BOYER pa t dwe peye DÈT sa a;tankou m di l gen FRANSE ki te senpatik a AYITI ,tankou GREGWA ak lòt JAKOBEN yo di misye pa peye.
Pa gen DOUT ,BOYER se te yon KALAMITE sou tout la liy e peyi an kontinye ap peye pou sa l te fè e sa l pa t fè tankou EDIKASYON!
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Whatever Joel.
Tu as droit a ton opinion, moi je rapportes juste les faits historiques.
Quand a Christophe, ki te installe yon royaume feodal, bagay yo te mieux mache pou li, Caisses liyo te plen l'or. Malgre dechoukaj . apres la mort Kristoff Boyer te jwenn nan res lor sa yo ke zouzoun okap pat gentan vole.
WOU TANDE NEG NORD SAYO, PA GEN PLIS TRAITRES KE SA...
Wou pa we kijan Kristof fini tou kom diktateur.
Pou les Etats-Unis en 1812 pa gen comparaison ak yon ti zile tankou Haiti. Mwen diw France yo pat bezwen debake, jis yon BLOKIS NAVAL tap suffi petet menm yo te ka menm jwenn lot pissans ede yo.
http://www.1812.gc.ca/eng/1305654894724/1305655293741
Tu as droit a ton opinion, moi je rapportes juste les faits historiques.
Quand a Christophe, ki te installe yon royaume feodal, bagay yo te mieux mache pou li, Caisses liyo te plen l'or. Malgre dechoukaj . apres la mort Kristoff Boyer te jwenn nan res lor sa yo ke zouzoun okap pat gentan vole.
WOU TANDE NEG NORD SAYO, PA GEN PLIS TRAITRES KE SA...
Wou pa we kijan Kristof fini tou kom diktateur.
Pou les Etats-Unis en 1812 pa gen comparaison ak yon ti zile tankou Haiti. Mwen diw France yo pat bezwen debake, jis yon BLOKIS NAVAL tap suffi petet menm yo te ka menm jwenn lot pissans ede yo.
http://www.1812.gc.ca/eng/1305654894724/1305655293741
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
NON DOUB;
Pa kontinye ap repete kliche sa yo .Mwen te tande yo petèt menm jan ak ou ,lè mwen t ap grandi.Mwen te konn tande yon seri de istwa ,youn lan GRANPAPA m yo ki te fèt an 1873 te konn rakonte sou moun lan NÒ.Siman misye limenm te konn tande sa de bizawèl li.Mwen sonje ke si m te koute misye ,mwen ta konprann ke KRISTÒF te pi mal ke LOUGAROU.
Depase bagay sa yo ;se ekzakteman sa istoryèn ameriken ki rele ALYSA GOLSTEIN SEPINWALL ap repete joiunen jodi an.
Si KRISTÒF te feyodal ;ki sa PETION ak BOYER te ye ;yo te DEMOKRAT?
Dapre SEPINWALL (m ap mete pasaj manmzèl lan ,lè mwen kapab) peyi an ta ka pi vit vin yon DEMOKRASI sou gouvènman KRISTÒF ,ke yon gouvènman BOYER.
SEPINWALL di ke BOYER se te yon BLOFÈ;BOYER te terorize moun plis ke yon KRISTÒF te ka fè l.
SEPINWALL di ,lan korespondans ant ABE GREGWA ak BOYER ;misye di l ap mete lekòl ;li pa janm fè sa.
Tout bagay NEGATIF ki vin ranfòse lan peyi an se akòz de BOYER ;tankou ZAFÈ KOULÈ an ke DESSALINES (GLWA A LI POU TOUT TAN GEN TAN) li te vle adrese.
Ale sou GALLICA pou w wè korespondans ant BOYER ak NÈG LIB lan NÒ ETAZINI yo.lè misye te envite yo pou yo vini e gen ladan yo ki te vini ;yo te mande misye pou mete lekòl pou timoun yo.
Lè yo rive ann AYITI,YO PA WÈ YON GRENN LEKÒL ;ak sa e lòt difikilte ke yo te rankontre ;yo kase tèt tounen.
Si agimantasyon an w li chita sou KRISTÒF ta ka feyodal e BOYER pa t sa ;pa genyen absoliman okenn evidans ke BOYER te pi DEMOKRAT ke KRISTÒF.
Tankou ALYSON SEPINWALL di li ,""goch"" franse an ak de moun tankou GREGWA te dwe apiye KRISTÒF olye de BOYER paske KRISTÒF t ap demokratize EDIKASYON ,kontrèman a BOYER!
Pa kontinye ap repete kliche sa yo .Mwen te tande yo petèt menm jan ak ou ,lè mwen t ap grandi.Mwen te konn tande yon seri de istwa ,youn lan GRANPAPA m yo ki te fèt an 1873 te konn rakonte sou moun lan NÒ.Siman misye limenm te konn tande sa de bizawèl li.Mwen sonje ke si m te koute misye ,mwen ta konprann ke KRISTÒF te pi mal ke LOUGAROU.
Depase bagay sa yo ;se ekzakteman sa istoryèn ameriken ki rele ALYSA GOLSTEIN SEPINWALL ap repete joiunen jodi an.
Si KRISTÒF te feyodal ;ki sa PETION ak BOYER te ye ;yo te DEMOKRAT?
Dapre SEPINWALL (m ap mete pasaj manmzèl lan ,lè mwen kapab) peyi an ta ka pi vit vin yon DEMOKRASI sou gouvènman KRISTÒF ,ke yon gouvènman BOYER.
SEPINWALL di ke BOYER se te yon BLOFÈ;BOYER te terorize moun plis ke yon KRISTÒF te ka fè l.
SEPINWALL di ,lan korespondans ant ABE GREGWA ak BOYER ;misye di l ap mete lekòl ;li pa janm fè sa.
Tout bagay NEGATIF ki vin ranfòse lan peyi an se akòz de BOYER ;tankou ZAFÈ KOULÈ an ke DESSALINES (GLWA A LI POU TOUT TAN GEN TAN) li te vle adrese.
Ale sou GALLICA pou w wè korespondans ant BOYER ak NÈG LIB lan NÒ ETAZINI yo.lè misye te envite yo pou yo vini e gen ladan yo ki te vini ;yo te mande misye pou mete lekòl pou timoun yo.
Lè yo rive ann AYITI,YO PA WÈ YON GRENN LEKÒL ;ak sa e lòt difikilte ke yo te rankontre ;yo kase tèt tounen.
Si agimantasyon an w li chita sou KRISTÒF ta ka feyodal e BOYER pa t sa ;pa genyen absoliman okenn evidans ke BOYER te pi DEMOKRAT ke KRISTÒF.
Tankou ALYSON SEPINWALL di li ,""goch"" franse an ak de moun tankou GREGWA te dwe apiye KRISTÒF olye de BOYER paske KRISTÒF t ap demokratize EDIKASYON ,kontrèman a BOYER!
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Adie wo Jowel,
map few labab wap pase menw, gillete a koupe dwett wou wi :-). Se bon neg nan Nord kap pale avek kinanl wi. Yon nan Bizawel mwen Kristof te passe lod Coupe tet li lague nan yon puits abandonne bo la Fossette en 1814, mwen bien kwe se Riche alias "Razwa" ki te exekite lod sa-a. Lo Boyer rive okap se yon lot bizawel kal moutrel kote malles lor yo te ye andedan citadelle la. Mwen ka menm citew nom bateau ki te anbake malles yo rantre Port-au-Prince, capitaine bateau a se Amiral Panayoti, yon aventurier grec natiralise haitien ki te servi nan flotte Kristof avant li fe transfuge nan camp Petion ak Boyer.
Mande Rico la diw..:-)
Anou kasse yon kite sa pou le moment. Mwen gen lot dokiman original ak dokiman maniscrit achiv familial mwen gen nan bibliothek mwen la mwen te ka pwodw. Sa pa vo la peine Sa pap servi aryen ou two fanatik yon pensee unik ideologie mythik.
map few labab wap pase menw, gillete a koupe dwett wou wi :-). Se bon neg nan Nord kap pale avek kinanl wi. Yon nan Bizawel mwen Kristof te passe lod Coupe tet li lague nan yon puits abandonne bo la Fossette en 1814, mwen bien kwe se Riche alias "Razwa" ki te exekite lod sa-a. Lo Boyer rive okap se yon lot bizawel kal moutrel kote malles lor yo te ye andedan citadelle la. Mwen ka menm citew nom bateau ki te anbake malles yo rantre Port-au-Prince, capitaine bateau a se Amiral Panayoti, yon aventurier grec natiralise haitien ki te servi nan flotte Kristof avant li fe transfuge nan camp Petion ak Boyer.
Mande Rico la diw..:-)
Anou kasse yon kite sa pou le moment. Mwen gen lot dokiman original ak dokiman maniscrit achiv familial mwen gen nan bibliothek mwen la mwen te ka pwodw. Sa pa vo la peine Sa pap servi aryen ou two fanatik yon pensee unik ideologie mythik.
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Wi ,annou rete la.
Se oumenm ki lan ""MIT""
Zafè ""NÈG nwa"" äk ""Nèg milat"" lan pa gen okenn enpòtans pou mwen.Se yon distòsyon ISTWA PEYI an.
Men tou nou lan petrin nou ye la a ,se akòz de IYORANS zòt .
Ou di ke ETAZINI se te yon gran peyi ;pou w diferansye yomenm ki te reziste kont akwochman ANGLE yo ,ak noumenm ki te peye DÈT ,pèlen tèt ,nou ap diskite an.
An 1812 ,ETAZINI pa t yon gran peyi ;ETAZINI te toujou an jeneral 13 KOLONI ki te pran endepandans li an 1776.
A pa de NEW ORLEANS ,kote yo te gen yon prezans apre ""LOUISIANA PURCHASE"" lan yo pa t preske prezan lan rès peyi an;TEXAS ,KALIFÒNI,KOLORADO elt..te toujou MEKSIK toujou.
Lè MADISON deklare LANGLETÈ la GÈ ;anpil moun te di misye li FOU.e vreman vre sa k te rete pou LANGLETÈ te reprann ETAZINI an ;i pa t anpil.
Madison te santi se te yon GÈ ke ETAZINI dwe fè paske LANGLETÈ t ap minen yo a peti fe.Pa bliye ke LANGLETÈ te prezan lan KÒT WÈS lan tankou teritwa OREGON ;yo te lan KANADA ki te toujou yon KOLONI epitou kòm pwisans maritim yo pa t gen parèy.
Se pa pou nou pè kesyone kijan nou lan pwen nou ye la a.BOYER te gen yon gwo wòl li te jwe lan bagay sa a.Se pou nou pa pè ekzamine sa .
Se paske AMERIKEN ap ekri liv sou kijan moun ki te fonde NASYON yo panse a pwopo esklavay ;ke malgre ke tout bagay pa fin yes;yo ka eli yon moun ki gen orijin AFRIKEN:
http://www.nytimes.com/2012/11/27/books/henry-wienceks-master-of-the-mountain-irks-historians.html
Se oumenm ki lan ""MIT""
Zafè ""NÈG nwa"" äk ""Nèg milat"" lan pa gen okenn enpòtans pou mwen.Se yon distòsyon ISTWA PEYI an.
Men tou nou lan petrin nou ye la a ,se akòz de IYORANS zòt .
Ou di ke ETAZINI se te yon gran peyi ;pou w diferansye yomenm ki te reziste kont akwochman ANGLE yo ,ak noumenm ki te peye DÈT ,pèlen tèt ,nou ap diskite an.
An 1812 ,ETAZINI pa t yon gran peyi ;ETAZINI te toujou an jeneral 13 KOLONI ki te pran endepandans li an 1776.
A pa de NEW ORLEANS ,kote yo te gen yon prezans apre ""LOUISIANA PURCHASE"" lan yo pa t preske prezan lan rès peyi an;TEXAS ,KALIFÒNI,KOLORADO elt..te toujou MEKSIK toujou.
Lè MADISON deklare LANGLETÈ la GÈ ;anpil moun te di misye li FOU.e vreman vre sa k te rete pou LANGLETÈ te reprann ETAZINI an ;i pa t anpil.
Madison te santi se te yon GÈ ke ETAZINI dwe fè paske LANGLETÈ t ap minen yo a peti fe.Pa bliye ke LANGLETÈ te prezan lan KÒT WÈS lan tankou teritwa OREGON ;yo te lan KANADA ki te toujou yon KOLONI epitou kòm pwisans maritim yo pa t gen parèy.
Se pa pou nou pè kesyone kijan nou lan pwen nou ye la a.BOYER te gen yon gwo wòl li te jwe lan bagay sa a.Se pou nou pa pè ekzamine sa .
Se paske AMERIKEN ap ekri liv sou kijan moun ki te fonde NASYON yo panse a pwopo esklavay ;ke malgre ke tout bagay pa fin yes;yo ka eli yon moun ki gen orijin AFRIKEN:
http://www.nytimes.com/2012/11/27/books/henry-wienceks-master-of-the-mountain-irks-historians.html
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Jowel al gad sou map la ankorr pou we relativite grosse territwa yo.
Distances se yon nan fakte strategik militaire paske li direktement proportionel ak temps sa prends pou mouvements troupes ak ravitaillement troupes yo. distance kraze dada Napoleon en Russie, Rommel a El Alamein..en apil lot enkorr.
Ti zile Dayiti, en combien mois Leclerc te okippe sa sou Toussaint en 1801?
Se pa keksion milat ak nwa se woumenm ki vin ak pawol sa-a, En 1820 Haiti pat konte plis ke 700 mille habitants, 95% ladan pat kon menm li ak ekri. Pa menm gen yon bon census pou epok sila.
Men bon Census pou Etats unis
"The United States Census of 1820 was the fourth Census conducted in the United States. It was conducted on August 7, 1820. The total population was determined to be 9,638,453, of which 1,538,022 were slaves. The center of population was about 120 miles (193 km) west-northwest of Washington in Hardy County, Virginia (now in West Virginia)."
Kife popilation USA te 14 a 15 fwa PLIS KE hAITI. Jis esclaves lakay yo te fe plis ke 2 fwa popilation lakay.
Tanpri Sispan ranse di nimpot sa ki passe nan tet wou san kanpe sou anken referans.
http://en.wikipedia.org/wiki/1820_United_States_Census
Distances se yon nan fakte strategik militaire paske li direktement proportionel ak temps sa prends pou mouvements troupes ak ravitaillement troupes yo. distance kraze dada Napoleon en Russie, Rommel a El Alamein..en apil lot enkorr.
Ti zile Dayiti, en combien mois Leclerc te okippe sa sou Toussaint en 1801?
Se pa keksion milat ak nwa se woumenm ki vin ak pawol sa-a, En 1820 Haiti pat konte plis ke 700 mille habitants, 95% ladan pat kon menm li ak ekri. Pa menm gen yon bon census pou epok sila.
Men bon Census pou Etats unis
"The United States Census of 1820 was the fourth Census conducted in the United States. It was conducted on August 7, 1820. The total population was determined to be 9,638,453, of which 1,538,022 were slaves. The center of population was about 120 miles (193 km) west-northwest of Washington in Hardy County, Virginia (now in West Virginia)."
Kife popilation USA te 14 a 15 fwa PLIS KE hAITI. Jis esclaves lakay yo te fe plis ke 2 fwa popilation lakay.
Tanpri Sispan ranse di nimpot sa ki passe nan tet wou san kanpe sou anken referans.
http://en.wikipedia.org/wiki/1820_United_States_Census
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Se toujou lan referans.Alòs anvan WIKIPEDIA ki pa yon BIB ,atansyon ;pa t gen kou ""AMERICAN HISTORY""?
Oumenm ak zòt ,nou gen yon abitid ,lè nou lan yon diskisyon ,pou n ap pèsonalize bagay lan .
Si m di yon bagay ,mwen gen dwa fè yon erè ;di m fè yon erè;pa vin lan rans se pou m ize referans ;referans sou ENTÈNÈT lan ?
Gen de bagay mwen te konnen ,anvan ENTÈNÈT.
Adye !
Men kounye an w ap vin pale de gwosè 13 koloni yo te ye?
Se pa sa ;kijan fè AMERIKEN yo te fè genyen ""SPANISH-AMERICAN WAR"" lan?
Ou ka konnen ke ,an 1848 ,ke KALIFÒNI,NEW-MEXICO,COLORADO,NEVADA se te MEKSIK.TEXAS te separe de MEKSIK an 1836;enfliyans MEKSIKEN yo te ankò fò lan TEXAS .
Ou gen dwa wè de ki lajè teritwa n ap pale .
MEKSIKEN yo te pèdi.
AN 1812,LANGLETÈ se te GOLIAT;ETAZINI se te DAVID ;pa t gen konparaizon ant 2 peyi sa yo.
Lè ANGLE yo atake WASHINGTON ;premye bagay yo te boule se te PALÈ an ;Madison te kraze rak ;ANGLE yo t ap prepare yon envazyon de KANADA etan ;yo te gen anviwon 40 BATO ki t ap bonbade BALTIMORE.
HIMN NASYONAL AMERIKEN an se lan GÈ 1812 lan li te konpoze.
Gen yon epizòd lan GÈ sa a pou AYISYEN konnen .N ap pale tout tan de SAVANNAH ?
Youn lan moun ki te kontribye pou sove ETAZINI se te yon NÈG yo te rele LOUIS D'AQUIN.
Misye emigre lan LWIZYÀN apre GÈ DI SID lan SENDOMENG lan .Se misye KI TE ARETE ENVAZYON ANGLE yo lan NEW ORLEANS .Misye te bay tan pou te gen yon mobilizasyon ak moun ANDREW JACKSON yo (ki te sòti TENNESSEE) KI DEFÈT ANGLE yo lan batay NEW ORLEANS.
Si NEW ORLEANS te tonbe ;ANGLE yo t ap reprann ETAZINI .Paske yo t ap kapab fè BATO yo monte lan GRAN FLÈV MISSISSIPI an.
Li lè pou nou fini ak rans ke nou konnen ,tankou ZÒT renmen fè l sou lòt sit ;al fè l ak yo.
Nou lan yon diskisyon ,vini ak agiman ,m ap vini ak pa m e moun sou sit lan a jije ! \
E si n ap pale de teritwa ;lè n ap tande pale de LWIZYÀN ke FRANSE yo te vann AMERIKEN yo ,se pa t sèlman aktyèl ETA LWIZYÀN non ;se te anviwon 1/3 aktyèl ETAZINI an.
Oumenm ak zòt ,nou gen yon abitid ,lè nou lan yon diskisyon ,pou n ap pèsonalize bagay lan .
Si m di yon bagay ,mwen gen dwa fè yon erè ;di m fè yon erè;pa vin lan rans se pou m ize referans ;referans sou ENTÈNÈT lan ?
Gen de bagay mwen te konnen ,anvan ENTÈNÈT.
Adye !
Men kounye an w ap vin pale de gwosè 13 koloni yo te ye?
Se pa sa ;kijan fè AMERIKEN yo te fè genyen ""SPANISH-AMERICAN WAR"" lan?
Ou ka konnen ke ,an 1848 ,ke KALIFÒNI,NEW-MEXICO,COLORADO,NEVADA se te MEKSIK.TEXAS te separe de MEKSIK an 1836;enfliyans MEKSIKEN yo te ankò fò lan TEXAS .
Ou gen dwa wè de ki lajè teritwa n ap pale .
MEKSIKEN yo te pèdi.
AN 1812,LANGLETÈ se te GOLIAT;ETAZINI se te DAVID ;pa t gen konparaizon ant 2 peyi sa yo.
Lè ANGLE yo atake WASHINGTON ;premye bagay yo te boule se te PALÈ an ;Madison te kraze rak ;ANGLE yo t ap prepare yon envazyon de KANADA etan ;yo te gen anviwon 40 BATO ki t ap bonbade BALTIMORE.
HIMN NASYONAL AMERIKEN an se lan GÈ 1812 lan li te konpoze.
Gen yon epizòd lan GÈ sa a pou AYISYEN konnen .N ap pale tout tan de SAVANNAH ?
Youn lan moun ki te kontribye pou sove ETAZINI se te yon NÈG yo te rele LOUIS D'AQUIN.
Misye emigre lan LWIZYÀN apre GÈ DI SID lan SENDOMENG lan .Se misye KI TE ARETE ENVAZYON ANGLE yo lan NEW ORLEANS .Misye te bay tan pou te gen yon mobilizasyon ak moun ANDREW JACKSON yo (ki te sòti TENNESSEE) KI DEFÈT ANGLE yo lan batay NEW ORLEANS.
Si NEW ORLEANS te tonbe ;ANGLE yo t ap reprann ETAZINI .Paske yo t ap kapab fè BATO yo monte lan GRAN FLÈV MISSISSIPI an.
Li lè pou nou fini ak rans ke nou konnen ,tankou ZÒT renmen fè l sou lòt sit ;al fè l ak yo.
Nou lan yon diskisyon ,vini ak agiman ,m ap vini ak pa m e moun sou sit lan a jije ! \
E si n ap pale de teritwa ;lè n ap tande pale de LWIZYÀN ke FRANSE yo te vann AMERIKEN yo ,se pa t sèlman aktyèl ETA LWIZYÀN non ;se te anviwon 1/3 aktyèl ETAZINI an.
Joel- Super Star
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Feuille de personnage
Jeu de rôle: Le patriote
Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Joel, annou kite kantik pran priye, men bon zouti moun kap reflechi sou probleme peyi a avec donnees fiables ak grille analyse rationelles. POU TOUT MOUN JWENN PASKE JAN NOU PATI LA_A, MENM AK REFLEXIONS POU CHANJMAN MAK AP PROPOSE YO NOU GENLE REPATI POU BACK TO THE FUTURE POU 15 ANS ANKORR AK POPILIS LAVALASSIEN DESTRUCTEUR OUBIEN SON CORROLLAIRE YON POPILIS D"EXTREME DROITE ROZ PAR DEFAUT EN 2016
En marge du dossier Clifford Brandt junior (Sixième et dernière partie)
Par Leslie Péan (30 novembre 2012)
Publié le dimanche 2 décembre 2012
On ne saurait passer sous silence le rôle de la drogue et du recyclage de l’argent sale. Il a fallu trouver des occasions de légaliser les revenus provenant des activités criminelles. La borlette est une excellente couverture, car selon les données de 2010, elle génère un chiffre d’affaires de 1.5 milliard de dollars US l’an, soit 21.7% du produit intérieur brut (PIB) haïtien de 6.9 milliards de dollars US (1). En nette hausse par rapport à l’estimation de 547 millions de dollars US faite par Joël Ducasse (2) en 2005. Avec près de 2,000 banques de borlette à Port-au-Prince, soit le double des écoles et universités, les onze entreprises privées de borlette, dont certaines ont plus d’une centaine de succursales, emploient plus de 100,000 personnes selon l’Association Nationale des Tenanciers de Borlette (ANTB).
En 2010, le nombre de banques de borlette est estimé à 35,000 à travers le pays (3), soit deux cent fois le nombre de succursales des institutions financières de la place. Les tirages ont lieu tous les jours et même deux fois par jour à partir des résultats de la loterie de New York. Les numéros gagnants sont validés et publiés tous les soirs par l’ANTB. Les banques de borlette organisent également des ventes de Lotto de trois, quatre et cinq chiffres. La borlette semble donc être le second plus grand employeur d’Haïti, avant l’agriculture et le secteur de l’éducation qui emploie 90,000 professeurs (82,000 dans le secteur privé).
La borlette offre une couverture importante pour dissimuler l’argent sale, mais elle n’est pas la seule activité à assurer ce genre de camouflage. Il existe d’autres activités où les paiements se font en espèces telles que les restaurants/bars, les nightclubs, les centres commerciaux, les centres de paiement, les bureaux de change, les banques et les maisons de transferts. En effet depuis 1995, les transferts de la diaspora sont plus importants que la somme de l’aide internationale et des investissements directs étrangers. À en croire Guy Férolus (4), même les maisons de Dieu serviraient de lieu de blanchiment. Les pasteurs de certaines églises récoltent une manne énorme de fonds à partir des dîmes versées par les fidèles. Généralement, leurs collectes commencent avec un plancher de 1 000 dollars haïtiens (5 000 gourdes), soit 125 dollars US.
Que notre règne arrive !
Depuis 1804, c’est la troisième fois que l’État haïtien croule sous le poids d’une occupation étrangère. La première fois était en 1915 et la deuxième fois en 1994. Pourtant les Haïtiens ne semblent rien faire pour mettre fin à l’occupation qui dure depuis 2004. La vie continue comme si tout était normal. Mieux, le président de la République considère ces forces étrangères comme une garantie de la stabilité de son mandat. La classe politique s’en accommode et parle de tout sauf de l’essentiel, qui devrait être le départ des troupes étrangères. La contestation de l’existence d’une bourgeoisie en Haïti relèverait-elle de cette même démarche consistant à faire abstraction de ce qui crève les yeux ? Haïti serait l’unique pays où, devant la réalité du capitalisme, il n’existerait pas une bourgeoisie participant à l’accumulation. Pour certains, les vocables de secteur privé, élites (5), possédants, classe dominante, seraient les termes appropriés, mais ils refusent celui de bourgeoisie.
Il ne s’agit pas de savoir s’il y a une ou des classes dominantes en Haïti et si cette ou ces classes dominantes sont la bourgeoisie haïtienne. Essayons de rester à l’écart d’une controverse moyenâgeuse sur le sexe des anges. Au-delà des choix terminologiques se traduisant par le refus de parler du vocable bourgeoisie, il existe une confusion entre « bourgeoisie » et « bourgeoisie nationale » qu’il importe de clarifier. Si on peut parler sans hésitation de l’existence d’une bourgeoisie en Haïti, par contre il est plus difficile de parler d’une bourgeoisie nationale. La dictature duvaliériste, en massacrant des milliers de familles et en provoquant l’exode d’autres, n’a pas pu mettre en place le capital social et le capital symbolique nécessaires à la constitution d’une bourgeoisie noire, comme les noiristes en avaient rêvé. Au fait, avant même la chute du duvaliérisme en 1986, le mariage de Jean-Claude Duvalier avec Michèle Bennett a scellé le retour en force de la bourgeoisie mulâtre au cœur du pouvoir politique noiriste, du moins au niveau du verbe. Aujourd’hui que la société haïtienne semble s’être suicidée en laissant faire, les dirigeants n’ont plus besoin de clous ni de conviction pour écrire en grandes lettres le motto Que notre règne arrive !
L’industrie des enlèvements et du kidnapping
L’insécurité grandissante que connait Haïti depuis le gouvernement des Duvalier a pris un autre tournant depuis la fin de la dictature en 1986. C’était surtout le cas après l’adoption de la Constitution de 1987 contenant dans son article 291 une disposition éloignant pour une période de 10 ans toute personne ayant été un zélé partisan de la dictature. C’était une solution expéditive qui n’a rien réglé à la question primordiale de la justice à laquelle s’attendait la grande majorité des Haïtiens. Militaires, macoutes et autres san-manman ont commencé des tueries, enlèvements, assassinats et massacres. Parmi ces crimes, celui de la Ruelle Vaillant lors des élections du 29 novembre 1987 restera gravé dans les mémoires.
Nous l’avons dit « Chaque saison apporte son lot de cadavres avec Charlot Jacquelin en 1986, Yves Volel en 1987, Lafontant Joseph en 1988, Alexandre Paul en 1989, Serge Villard en 1990, Sylvio Claude en 1991, Georges Izméry en 1992, Guy Malary et Antoine Izméry en 1993, Père Jean-Marie Vincent en 1994, Mireille Durocher Bertin et Michel Gonzalès en 1995, Pasteur Antoine Leroy en 1996, Robert Gaillard en 1997, Jean Pierre-Louis en 1998, Dr. Jimmy Lalanne en 1999, Dr. Ary Bordes et Jean Dominique en 2000, Brignol Lindor en 2001, Gérald Khawly en 2002, Danielle Lustin en 2003, Claude Bernard Lauture et Didier Mortet en 2004, Jacques Roche en 2005, Lucienne Heurtelou Estimé en 2006, François Latour en 2007, Monique Pierre en 2008, Roberto Marcello en 2009, Anil Louis Juste en 2010 (6). » Et nous complétons avec Guiteau Toussaint en 2011 et Manès Monchéry, sa famille vivant à Thomassin 32 ainsi que Damaël D’Haïti en 2012.
Le bilan des exactions des protagonistes est à faire dans un camp comme dans l’autre. La liste des disparus lavalassiens de 1991 à 1994 victimes de leurs adversaires militaires est aussi exécrable que celle relevée par l’ex-président Prosper avril dans son ouvrage sur l’insécurité de 1995 à 2000 (7). Clifford Brandt junior a grandi dans cette atmosphère de peur et de mort et il n’est pas étonnant qu’il ait été affecté par les pratiques d’enlèvements de cette période. Comme tous les chefs d’entreprise établis dans les zones de turbulence, il a appris à négocier avec des chefs de gangs pour bénéficier d’une paix relative et ouvrir boutique tous les jours. Contrairement à ceux qui s’en sont tenus à une rigoureuse éthique, il a adopté les procédés impurs de ses potentiels ravisseurs.
La société haïtienne est confrontée aux enlèvements et kidnappings depuis deux décennies. Parfois les ravisseurs ont même des liens de famille avec leurs victimes et les cas d’auto-kidnappings sont bien connus. C’est la jungle. Les rapts s’accompagnent d’autres sévices quand ce n’est pas la mort, même quand les rançons sont payées. Les statistiques sont alarmantes. Les otages et leurs parents protègent même leurs bourreaux, en refusant de témoigner par peur de représailles. Les ravisseurs rodent parfois à l’aéroport international et s’en prennent aux membres de la diaspora en visite. Pendant longtemps, les rumeurs abondaient qu’ils étaient associés à la police ou étaient même des policiers quand ils n’étaient pas des déportés, membres de gangs aux États-Unis. La zombification des Haïtiens a pris des formes nouvelles avec l’institutionnalisation des enlèvements. Difficile d’attirer des investisseurs quand la confiance a disparu. Temps de mafia, triomphe de l’économie criminelle.
On ne sait pas si la personne avec qui on discute n’est pas le chef d’un réseau de bandits qui peut vous envoyer dans un autre monde le lendemain. Ou encore qu’il ne peut pas lui-même disparaître en simulant son propre enlèvement. Le pouvoir politique n’a-t-il pas lui aussi des ravisseurs en son propre sein ? N’a-t-il pas orchestré des enlèvements pour entretenir à dessein le climat de terreur et de psychose générale ? Arrivera-t-on à éclairer le mystère de milliers de personnes disparues au cours des 20 dernières années ? Notamment celui de Robert Marcello. Les individus qui ont perdu des membres de leurs familles au cours des vingt dernières années, à des moments où on enlevait jusqu’à dix personnes par jour, ne devraient-ils pas engager un procès contre l’État et demander réparation ?
La faillite d’un modèle social
Dans un pays où la situation de guerre civile larvée porte les protagonistes à tirer même sur les ambulances, les droits les plus élémentaires ne sont pas respectés. Ils continuent de tirer sur l’ennemi même quand celui-ci lève la main. C’est exactement le cas avec l’enlèvement des deux Moscoco qui est une manifestation de la culture cannibale, un cas manifeste de rupture dans les rapports avec l’autre, au sein même de la haute bourgeoisie. C’est un cas d’espèce qui mérite réflexion au double point de vue de son ampleur et de sa spécificité. On n’a pas à réfléchir beaucoup pour reconnaître qu’Haïti a dérogé à la règle du vivre ensemble. C’est un rude coup pour la bourgeoisie dans un pays où, à cause de la démarcation culturelle des origines africaines, elle n’a jamais pu être la locomotive capable de tirer le reste de la société vers le haut.
La corruption régnante a gangrené la vie. L’égalitarisme par le bas a éliminé les références et déclaré tout voum se do. Il n’y a pas d’absolu et tout est relatif. Dans cet entendement, un chat est un chien, cela dépend des circonstances. Cette façon de voir est responsable de la dégringolade qui a produit le cas Clifford Brandt junior. Ce serait une grande erreur de traiter l’affaire Clifford Brandt junior exclusivement comme s’il s’agissait d’un individu qui a organisé un gang pour faire des enlèvements. Le dossier Clifford Brandt junior est d’abord le dossier de la faillite d’un modèle social. Pour trouver justice dans ce dossier, c’est la société globale qui doit rendre son tablier. C’est l’unique façon de la sauver vraiment. La faillite est financière, morale, sociale et intellectuelle. On ne peut rien stabiliser. Tous les actifs sont dévalués. Il ne faut surtout pas utiliser le principe « trop important pour disparaitre » appliqué par les banques centrales du monde entier aux corrompus de la haute finance en laissant se propager leur pourriture.
Le risque de renforcer le stéréotype voulant que la bourgeoisie soit un groupe de ravisseurs risque de faire son chemin. Surtout si le gouvernement Martelly-Lamothe ne gère pas correctement le dossier. En effet, ayant déjà fait preuve d’irresponsabilité sur d’autres dossiers critiques et insulté sans retenue bien des milieux démocratiques, il risque de perdre tout ce qui lui reste d’une certaine apparence de crédibilité. Pour le moment, rien ne permet de présumer du sérieux et de la bonne foi de ses intentions et de ses déclarations. Haïti est sous occupation militaire et les forces militaires « onusiennes » ont des garde-fous pour prévenir toute remise en cause de leur travail. Personne n’apportera sa caution à une mascarade juridique. Dans tous les cas, le gouvernement Martelly-Lamothe ne pourra tirer aucun dividende d’une politique d’ambigüité et de mòde-soufle. Le temps n’est plus à la politique des en-dessous de silence.
Toutefois, si Calixte Valentin, conseiller du président Martelly et accusé d’avoir tué en plein jour le nommé Octanol Dérissaint, jeune commerçant de 32 ans de Fond Parisien, a pu être libéré, après six mois de prison, par le juge d’instruction Fermond Judes-Paul, alors tout est possible. On ne serait donc pas étonné d’apprendre un beau matin que Clifford Brandt junior est libéré sans aucune forme de procès par un juge de la trempe de Fermond Judes-Paul. Son avocat risque même à la rigueur de convaincre l’opinion que son client était atteint « d’insanité temporaire ». Cette clause fut évoquée à New York en 1906 par Delphin Delmas, avocat du millionnaire Henry “Harry” Kendall Thaw dans le cas du meurtre par ce dernier du millionnaire Stanford White qui avait eu une idylle avant son mariage avec son épouse, la belle Evelyn Nisbet.
Quand la justice dépend d’une personne, cette dernière peut être corrompue même en s’appuyant sur le droit. La société haïtienne a déjà démontré en maintes occasions que les puissants peuvent se permettre tout et le contraire de tout. L’immunité donnée à la bêtise tue dans l’œuf toute tentative de réforme. Nous pataugeons dans une mélasse de médiocrité au bénéfice d’une minorité qui tue le pays aujourd’hui pour le réanimer demain et le tuer après-demain. C’est la façon inventée par la pourriture pour survivre à elle-même. Dans la recherche de l’égalité, recherche noble, la société haïtienne a fait le choix du cancre contre celui de l’excellence. Le résultat est le triomphe de la terreur, même pour les riches barricadés derrière leurs murs et leurs barbelés. Des riches qui vivent dans le cadre étroit d’Haïti le moins possible.
Le dossier Clifford Brandt junior vient incarner le rêve fracassé d’un groupe de jeunes tentés par l’aventure politique sans connaître le pays dans lequel ils ont les pieds. Qu’il soit ou pas inculpé avec des chefs d’accusation multiples, Clifford Brandt junior entache à jamais l’image d’une famille qui demeure une figure de proue de la bourgeoisie. Avec une formation brute de capital fixe (FBCF) dépassant le seuil critique des 27% par rapport au produit intérieur brut (PIB) au cours de la moitié des dix dernières années 2002-2012, le capital économique de la bourgeoisie semble assuré (. Par contre, le capital social (la confiance) l’est moins, le capital culturel encore moins et le capital symbolique entièrement dilapidé. Comme l’explique le rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) (9), le risque de débandade est immense. Le système de vases communicants entre le pouvoir et les détenteurs de gros sous risque de s’affaisser brusquement dans un fracas épouvantable. On comprend la réaction de « morts-vivants » du milieu. Mais attention, il ne faut pas aller jusqu’à l’autodestruction. En restituant le contexte, il s’agit pour nous d’offrir des balises aux uns et aux autres pour éviter la destruction de la « psyché » et trouver, comme Diogène Laërce, une petite lampe en plein jour pour s’orienter.
La résonance de l’Union Patriotique chez les bolcheviks
En abordant le thème de la bourgeoisie, en marge de l’affaire Clifford Brandt junior, nous avons voulu lancer un appel à réfléchir sur cette descente aux enfers qui ne touche plus seulement les classes moyennes et le reste de la population haïtienne. La bourgeoisie qui se croyait à l’abri des turpitudes de ce genre se retrouve au cœur du crime et des enlèvements. Le prix des reniements de toutes les règles élémentaires pour vivre en société, au lieu d’être la dignité et le respect, se révèle plutôt lourd. C’est la dévalorisation et son corollaire, le sentiment traumatisant de la déchéance sociale. En creusant le fossé qui la sépare du peuple, la bourgeoisie a fini par tomber dans un gouffre. Nous croyons fermement que nous pouvons encore faire échec à la parole de l’Évangile de Matthieu qui dit : « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ; ne jetez pas vos perles devant les porcs, de crainte qu’ils ne les piétinent, puis se retournent contre vous pour vous déchirer (10. »
La bourgeoisie devra tirer les leçons de cet échec pour remettre les pendules à l’heure. Pour ne pas se contenter de tirer les ficelles des marionnettes politiques qu’elle met au devant de la scène. Pour mettre fin à cet État marron qui bloque la construction de la Nation. À ce rendez-vous avec la réflexion, nous l’y invitons pour l’émergence d’autres références qui fassent la rupture avec la culture du chen manje chen dont les adeptes émettent des signes qu’on croirait venir d’autres galaxies.
…
On se rappelle que la Constitution de 1987, publiée le 10 mars 1987 et votée le 29 mars de la même année à 99.81% des bulletins exprimés, avait été vivement combattue par une certaine gauche. Elle n’y voyait qu’une arme de la bourgeoisie et des milieux réactionnaires. Heureusement qu’elle n’a pas été écoutée. Avec ses faiblesses et ses bons côtés, Haïti a vécu sous l’égide de cette Constitution jusqu’en 2012. La mascarade orchestrée pour sa révision par des amendements falsifiés, imposée au peuple haïtien le 9 juin 2011 et publiée par le gouvernement actuel en juin 2012 n’a pas résolu les problèmes de fond. En l’absence d’une véritable séparation des trois pouvoirs, la Constitution de 1987 a été maintes fois violée par les gouvernements qui se sont succédés au cours des 25 dernières années. Toutefois, ce contrat social a contribué à limiter l’état de jungle dans lequel les autorités politiques et économiques se complaisent dans le nou fè sa nou pi pito. Refus de l’auto-limitation de soi. Tout est méprisé dans la course à la puissance, même si cela doit conduire à notre extinction.
Cette façon de voir est présentée de façon lapidaire par le gouvernement des militaires sous lequel eut lieu le référendum de la Constitution de 1987. En effet, c’est en catimini, que le Ministère de l’Information et de la Coordination publie en créole la bande dessinée Nout tout sitwayen sous la signature d’un dénommé LUCQUES. Le referendum est ainsi expliqué. Debout sur un podium devant un microphone, une femme demande à une foule la question suivante : « Eske nou ta renmen kanaval la dire 6 mwa ? » Et les personnes dans la foule répondent avec des pancartes sur lesquelles sont écrites « oui » avec une exception qui propose d’étendre la durée du carnaval pour une période d’un an ! Nous reproduisons cette bande dessinée pour les incrédules ou pour ceux qui pensent que la politique carnavalesque du gouvernement Martelly-Lamothe est une nouveauté dans les mœurs.
La mystification électorale ne date pas d’aujourd’hui. Le référendum introduit par les marines en 1918 pour le vote de la Constitution que les Américains ont imposée alors a été la forme ultime pour domestiquer les Haïtiens et leur faire accepter la disparition de leur propre souveraineté. Mais la bande dessinée du Ministè Enfòmasyon ak Kowòdinasyon va encore plus loin dans la supercherie. Cette bande dessinée masque la politique kann kale du divertissement pour étourdir le peuple, disperser son attention sur les vraies questions de la démocratie et diluer ses revendications. C’est pourquoi des efforts sont accomplis pour le séduire et le manipuler avec un message de type subliminal adressé à son subconscient. C’est l’application des moyens de propagande mis au point par l’autrichien-américain Edward Bernays (11) pour contrôler l’esprit public. La contribution fondamentale de Noam Chomsky (12) a été de montrer, en le critiquant, l’apport des mass médias à la manipulation des pensées et à la fabrication de la contre-révolution néo-libérale. Un assujettissement des âmes produisant subordination et subjectivation pour parler comme Judith Butler (13).
Nous avons tenu à souligner l’importance des luttes de la bourgeoisie nationale haïtienne contre l’occupation américaine. Elles sont révélatrices de la bonne stratégie du faible contre le fort. Les Cacos de la plume, pour employer l’expression d’Alix Mathon, se sont organisés et ont gagné avec le départ des Américains en 1934. Face aux troupes américaines qui avaient tué plus de 3 OOO Haïtiens en cinq ans, c’était la bonne stratégie. Le général Arthur MacArthur, qui avait procédé à l’exécution de 600 000 Philippins, a démontré au début du 20e siècle que les puissants sont capables de génocides pour défendre leurs intérêts (14). On ne peut que saluer la stratégie des patriotes haïtiens pour leur victoire de la désoccupation sans provoquer un génocide. Le choc de la stratégie de l’Union Patriotique aura une grande résonance en Haïti. Au fait, sa notoriété sera mondiale. Même la Russie des derniers bolchéviks, préoccupée alors par les intenses débats sur la nouvelle politique économique (la NEP) et la « dékoulakisation (15) », ne manquera pas de souligner le combat mené par l’Union Patriotique en Haïti. Publiés dans Correspondance Internationale (16), les articles traitant de ce sujet reposaient sur les données fournies par le notaire Henri Charles Rosemond, membre fondateur et l’archiviste de l’Union Patriotique.
Le dossier Clifford Brandt junior est l’expression la plus manifeste du complexe de Mazora qui est au fond de notre inconscient. Pito nou lèd nou la est le motto d’une pourriture légitimant tous les comportements destructeurs. L’échec d’Haïti n’est pas seulement l’échec de la bourgeoisie, mais aussi celui des 90% de la population qui vivaient dans les campagnes jusqu’en 1950 et qui ont détruit l’environnement en abattant jusqu’aux arbres fruitiers pour faire du charbon et assurer leur survie. Ceux qui veulent dire Se pa fòt mwen peuvent continuer à le faire jusqu’à la fin des temps et trouver un ou des boucs émissaires à blâmer. Ne pas reconnaître la culture de calbindage qui refuse d’identifier notre propre responsabilité dans notre état de mal est totalement inacceptable. Nap pede grennen pitit e nap di pitit se richès. La population double tous les 40 ans, tandis que les ressources économiques diminuent. L’autodépréciation s’accompagne d’une farouche opposition à toute auto-limitation. Nou vle pale jan nou vle, di sa nou vle, fè sa nou vle. Comme l’expliquait Emmanuel Morpeau en août 1915, « Avec ce tempérament absolu et exclusif, il nous arrive rarement de faire un sacrifice en vue de l’avenir. Nous ne reconnaissons à nos adversaires que des défauts. Nous les vouons carrément à l’exécration et à la mort. À côté des défauts que nous leur trouvons, nous n’admettons pas qu’ils aient des qualités. L’idée de supposer qu’ils puissent en posséder nous effraie et ravive notre haine (17). »
En introduisant d’autres fissures dans la société, la culture du crime ne peut qu’aggraver une situation déjà explosive. En ce sens, seule l’organisation d’un leve kanpe de la population peut mettre fin à la série noire orchestrée par les dispositifs criminels.
(1) Pooja Bhatia, « Haiti puts its faith in the lottery », Repeating Islands blog, April 3, 2010.
(2) Joël Ducasse, « Défier et terrasser le régime des rentes », Le Nouvelliste, 20 juillet 2006.
(3) Kim Wilson, Stacy Neal, Mariah Levin, et. al., « Savings and Chance — Inclusive Finance and The Haitian Lottery », The Fletcher School, Tufts University and The Mastercard Foundation, April 9, 2010, p. 16.
(4) Guy Férolus, Haïti et la folie de Dieu – Misère de la religion, Religion de la misère, Paris, Éditions Parallèles, mai 2012.
(5) Jean Casimir, Haïti et ses élites – l’Interminable dialogue de sourds, Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2009.
(6) Leslie Péan, « Le cataclysme des Duvalier et celui du 12 janvier 2010 », Alterpresse, 15 mars 2010.
(7) Prosper Avril, Haïti 1995-2000 : Le Livre Noir de l’Insécurité et L’Armée d’Haïti : Bourreau ou Victime ?, P-au-P, 2004.
( Le rapport Formation brute de capital fixe/PIV en Haïti a été inférieur au seuil critique des 27% de 1990 à 2003. Sur ce seuil critique, on lira Malcolm Gillis, D. W. Perkins, M. Roemer and D. R. Snodgrass, Economics of Development, Norton, 1996.
(9) Réseau National de Défense des Droits Humains, Affaire BRANDT : Le RNDDH exige l’aboutissement de l’enquête ouverte et le jugement de tous les membres du gang, P-au-P, 13 novembre 2012.
(10) Matthieu 7:6, La Bible de Jérusalem, Paris, Éditions du Cerf, 1998, p. 1705.
(11) Edward Bernays, Propaganda, (1928), Ig Publishing, 2004.
(12) Noam Chomsky, « Propaganda and the control of the public mind », in Carlos Otero, Chomsky on Democracy and Education, Falmer Press, 2002. Lire aussi de Noam Chomsky et Edward S. Herman, Manufacturing consent – The political economy of the mass media, New York, Pantheon Books, 1998.
(13)Judith Butler, La vie psychique du pouvoir, Paris, Léo Scheer, 2002, p. 45.
(14) Carl Serraza Anthony, Nelly Taft – The unconventional first lady of the ragtime era, New-York, Harper, 2006, p. 135.
(15) Charles Bettelheim, Les luttes de classe en URSS, 2ème période 1923-1930, Paris, Seuil/Maspero, 1977, p. 448.
(16) "L’impérialisme des Etats-Unis à Haïti", Correspondance internationale, 16 octobre 1929, p. 1448.
(17) Emmanuel Morpeau, Haïti au point de vue critique, P-au-P, Imprimerie Héraux, Août 1915, p. 3.
À voir ou à revoir
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
DOUB;
Mwen pa lan BACK TO THE PAST,PRESENT OR FUTURE.
Mwen sa m ap mande e kontinye mande sè ke pou PÈP lan chwazi san kontrent MOUN li vle ki pou dirije l.
Gen de lè m ap ka renmen l ;gen de lè mwen k ap pa renmen ;men kite l chwazi.
Palan de POPILIS ,ou pa p ka pa POPILIS si w vle eli lan yon peyi tankou AYITI.
Si w konprann se POLITIK DYÒL PWENTI w ap fè ;ou pa p ka janm eli lan yon peyi tankou AYITI;e anpil lòt peyi lan AMERIK LATIN lan.
Si w lan pale de ANAKO-POPILIS tankou MANIGAT yo pa egzanp ;w ap toujou rete yon KOUDETAYIS.
IDEYAL lan se oryante POPILISM lan BENEFIS pou PÈP AYISYEN!
Pou mwen menm NÈG ki ap rele yo pa vle POPILISM lan pa janm eksplike ofèt ki sa yo antann pa sa.
Se pou m retounen a yon nonm tankou TRUJILLO e konpare l ak KONTANPOREN L tankou VINCENT ak LESCOT pa egzanp.
A pèn si TRUJILLO te pase lekòl primè;FA-CHIS,TOUYADÒ ,pa t gen tankou l ;men li te konnen sè ke pou l bati lekòl pou PÈP DOMINIKEN an e li vin rann tach lan pi fasil pou sa ki vini apre yo!
Ki jan fè ke yon moun tankou VINCENT ki te youn lan prezidan mye edike (edikasyon fòmèl) ke peyi an janm genyen pa t wè sa.
Mwen pa lan BACK TO THE PAST,PRESENT OR FUTURE.
Mwen sa m ap mande e kontinye mande sè ke pou PÈP lan chwazi san kontrent MOUN li vle ki pou dirije l.
Gen de lè m ap ka renmen l ;gen de lè mwen k ap pa renmen ;men kite l chwazi.
Palan de POPILIS ,ou pa p ka pa POPILIS si w vle eli lan yon peyi tankou AYITI.
Si w konprann se POLITIK DYÒL PWENTI w ap fè ;ou pa p ka janm eli lan yon peyi tankou AYITI;e anpil lòt peyi lan AMERIK LATIN lan.
Si w lan pale de ANAKO-POPILIS tankou MANIGAT yo pa egzanp ;w ap toujou rete yon KOUDETAYIS.
IDEYAL lan se oryante POPILISM lan BENEFIS pou PÈP AYISYEN!
Pou mwen menm NÈG ki ap rele yo pa vle POPILISM lan pa janm eksplike ofèt ki sa yo antann pa sa.
Se pou m retounen a yon nonm tankou TRUJILLO e konpare l ak KONTANPOREN L tankou VINCENT ak LESCOT pa egzanp.
A pèn si TRUJILLO te pase lekòl primè;FA-CHIS,TOUYADÒ ,pa t gen tankou l ;men li te konnen sè ke pou l bati lekòl pou PÈP DOMINIKEN an e li vin rann tach lan pi fasil pou sa ki vini apre yo!
Ki jan fè ke yon moun tankou VINCENT ki te youn lan prezidan mye edike (edikasyon fòmèl) ke peyi an janm genyen pa t wè sa.
Joel- Super Star
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Jowel, men definition courante la, wa di mwen si se yon bon bagay ki fortifie ak travay pour UNITE yon peyi ou bien yon bagay ki dangeureux et ki exaspere contradictions ki genyen nan yon societe sans li pa rezoud vre probleme yo?
Utilisations du terme populisme:
Le terme populisme reste néanmoins très flou dans son utilisation, et son sens peut varier selon le contexte du discours. Souvent proche de la démagogie, il est à double tranchant :
Il peut ainsi dénoncer les personnes qui cherchent à mobiliser le peuple par des promesses électoralistes, en exacerbant ses frustrations et en réveillant parfois les préjugés populaires tels que le nationalisme, la xénophobie, le racisme, l'anticléricalisme ou en justifiant les réflexes sécuritaires.
Le terme populisme est aussi souvent utilisé dans un sens péjoratif par les classes dirigeantes ou les politiciens au pouvoir pour critiquer l'opposition à leur politique.
Utilisations du terme populisme:
Le terme populisme reste néanmoins très flou dans son utilisation, et son sens peut varier selon le contexte du discours. Souvent proche de la démagogie, il est à double tranchant :
Il peut ainsi dénoncer les personnes qui cherchent à mobiliser le peuple par des promesses électoralistes, en exacerbant ses frustrations et en réveillant parfois les préjugés populaires tels que le nationalisme, la xénophobie, le racisme, l'anticléricalisme ou en justifiant les réflexes sécuritaires.
Le terme populisme est aussi souvent utilisé dans un sens péjoratif par les classes dirigeantes ou les politiciens au pouvoir pour critiquer l'opposition à leur politique.
Doub-Sossis- Super Star
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Doub-Sossis a écrit:Jowel, men definition courante la, wa di mwen si se yon bon bagay ki fortifie ak travay pour UNITE yon peyi ou bien yon bagay ki dangeureux et ki exaspere contradictions ki genyen nan yon societe sans li pa rezoud vre probleme yo?
Utilisations du terme populisme:
Le terme populisme reste néanmoins très flou dans son utilisation, et son sens peut varier selon le contexte du discours. Souvent proche de la démagogie, il est à double tranchant :
Il peut ainsi dénoncer les personnes qui cherchent à mobiliser le peuple par des promesses électoralistes, en exacerbant ses frustrations et en réveillant parfois les préjugés populaires tels que le nationalisme, la xénophobie, le racisme, l'anticléricalisme ou en justifiant les réflexes sécuritaires.
Le terme populisme est aussi souvent utilisé dans un sens péjoratif par les classes dirigeantes ou les politiciens au pouvoir pour critiquer l'opposition à leur politique.
Yon sèl bagay DOUB;Reli definisyon ke w bay la a sitou dènye paragraf lan.
Le terme populisme reste.....très flou dans son utilisation.....
Le terme populisme est aussi souvent utilisé dans un sens péjoratif PAR LES CLASSES DIRIGEANTES ou les politiciens au pouvoir pour critiquer l'opposition à leur politique
Ou konnen yon lòt tèm ke politisyen AYISYEN de yon sèten liy ideyolojik ize plis ke tèm sa a?
DOUB;
Mwen konn wè opozisyon a LULA ,MORALES ak CHAVEZ konn akize yo de POPILIS tou wi.
ALÒS?
Joel- Super Star
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
JOWEL ANKITE KANTIK PRAN PRIE KI KOTE IDEOLOGIE NIVELLEMENT PAR LE BAS-TOUT VOUM SE DO SA-A SOTI?
MWEN KWE OU TOUJOU AP PRAN EXAMP SOU LOT PEYI KOM KWA EDIKATION AK EXPERIANS PA IMPORTANT POU YON NOM VIN CHEF D'ETAT NI OKIPE YON FONCTION IMPORTANT NAN LETAT.
ESKE SA PA FE PARTI DE IDEOLOGIE POPILIS LA KI MENEN NOU NAN KATASTROF ROZ LA TOUJOU?
"L’égalitarisme par le bas a éliminé les références et déclaré tout voum se do. Il n’y a pas d’absolu et tout est relatif. Dans cet entendement, un chat est un chien, cela dépend des circonstances. Cette façon de voir est responsable de la dégringolade qui a produit le cas Clifford Brandt junior. Ce serait une grande erreur de traiter l’affaire Clifford Brandt junior exclusivement comme s’il s’agissait d’un individu qui a organisé un gang pour faire des enlèvements. Le dossier Clifford Brandt junior est d’abord le dossier de la faillite d’un modèle social. Pour trouver justice dans ce dossier, c’est la société globale qui doit rendre son tablier. C’est l’unique façon de la sauver vraiment. La faillite est financière, morale, sociale et intellectuelle. On ne peut rien stabiliser. Tous les actifs sont dévalués."
MWEN KWE OU TOUJOU AP PRAN EXAMP SOU LOT PEYI KOM KWA EDIKATION AK EXPERIANS PA IMPORTANT POU YON NOM VIN CHEF D'ETAT NI OKIPE YON FONCTION IMPORTANT NAN LETAT.
ESKE SA PA FE PARTI DE IDEOLOGIE POPILIS LA KI MENEN NOU NAN KATASTROF ROZ LA TOUJOU?
"L’égalitarisme par le bas a éliminé les références et déclaré tout voum se do. Il n’y a pas d’absolu et tout est relatif. Dans cet entendement, un chat est un chien, cela dépend des circonstances. Cette façon de voir est responsable de la dégringolade qui a produit le cas Clifford Brandt junior. Ce serait une grande erreur de traiter l’affaire Clifford Brandt junior exclusivement comme s’il s’agissait d’un individu qui a organisé un gang pour faire des enlèvements. Le dossier Clifford Brandt junior est d’abord le dossier de la faillite d’un modèle social. Pour trouver justice dans ce dossier, c’est la société globale qui doit rendre son tablier. C’est l’unique façon de la sauver vraiment. La faillite est financière, morale, sociale et intellectuelle. On ne peut rien stabiliser. Tous les actifs sont dévalués."
Doub-Sossis- Super Star
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Re: PEAN RECIDIVE: En marge du dossier Clifford Brandt junior
Sa a se OPINYON PEAN.
Pou youn ;eksplike m.Ki jan fè LULA te fè prezidan BREZIL.Pou edikasyon fòmèl ;misye pa t pase SÈTIFIKA DETID PRIMÈ nou an.
E EVO MORALES ki pa t depase ekivalan 3zyèm segondè nou an?
Zafè nivèlman pa le ba a ;m ap tande depi m te timoun ;mwen pa souskri ak li.Mwen sonje mwen te konn li JOUNAL apre 1946 yo ;lè te konn gen POLEMIK lan NÈG ki te konn ekri pou LA PHALANGE ak NÈG PATI ENTENTE POPULAIRE yo.
Gen NÈG ki te konn di ke mesye ki te rele tèt yo SOSYALIS yo ;te vle NIVÈLMAN PA LE BA.
Yon sèl BAGAY m ap di ;NÈG TANKOU LULA ak EVO MORALES pa ta ka janm vin PREZIDAN DAYITI.
Ki sa sa vle di ?
BREZIL ak BOLIVI ap tonbe lan TYOUBOUM paske yo vle NIVÈLMAN PA LE BA?
Se pa sa m wè non.Rezilta yo devan nou!
Pou youn ;eksplike m.Ki jan fè LULA te fè prezidan BREZIL.Pou edikasyon fòmèl ;misye pa t pase SÈTIFIKA DETID PRIMÈ nou an.
E EVO MORALES ki pa t depase ekivalan 3zyèm segondè nou an?
Zafè nivèlman pa le ba a ;m ap tande depi m te timoun ;mwen pa souskri ak li.Mwen sonje mwen te konn li JOUNAL apre 1946 yo ;lè te konn gen POLEMIK lan NÈG ki te konn ekri pou LA PHALANGE ak NÈG PATI ENTENTE POPULAIRE yo.
Gen NÈG ki te konn di ke mesye ki te rele tèt yo SOSYALIS yo ;te vle NIVÈLMAN PA LE BA.
Yon sèl BAGAY m ap di ;NÈG TANKOU LULA ak EVO MORALES pa ta ka janm vin PREZIDAN DAYITI.
Ki sa sa vle di ?
BREZIL ak BOLIVI ap tonbe lan TYOUBOUM paske yo vle NIVÈLMAN PA LE BA?
Se pa sa m wè non.Rezilta yo devan nou!
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