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Dialogues sur la Corruption : Le Népotisme Dévoilé

2 participants

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Dialogues sur la Corruption : Le Népotisme Dévoilé Empty Dialogues sur la Corruption : Le Népotisme Dévoilé

Message  revelation Mer 15 Aoû 2007 - 17:51

Réflexions sur un vote de censure

Par Jude Simon

14 août 2007

Le 31 juillet, la chambre des Députés vota une motion de censure contre le ministre de la Culture, Daniel Elie. Ce qui ne devait être qu’un simple exercice démocratique, réglementé par les articles 129.2, 129.3 et 172 de la Constitution, a pris la forme d’un feuilleton aux rebondissements journaliers.
Interpellation ;
séance au parlement ;
vote de censure ;
déclarations intempestives des uns et des autres ;
lettre de démission du ministre ;
lettre responsive du président ;
tables rondes dans les stations de radio ;
opinions de juristes, de constitutionnalistes, d’anciens constituants ;
commentaires interessés, passionnés ou désobligeants de membres de la presse écrite et parlée, d’intellectuels ; suggestions parfois étonnantes d’experts.

Plus que le fait lui-même, c’est la perception que l’on a de cette législature et la personnalité du ministre renvoyé qui ont provoqué tant de remous.

On le dit, on le répète, la chambre des députés ne tient pas souvent séance par manque de quorum. Jusqu’à la veille du 31 juillet, elle ne s’était pas réunie depuis des semaines, les mandants ne se présentant pas aux séances. Pourtant c’est une majorité absolue de ce corps qui vota le renvoi du ministre de la Culture. Il y avait dans l’air comme un relent de préméditation.
Certains reproches faits à Daniel Elie paraissent farfelus. Il est, par exemple, aberrant d’accuser un ministre de bloquer la décentralisation parce qu’il a concentré les activités carnavalesques à Port-au-Prince.
La décentralisation ne saurait être la politique d’un ministère, elle doit être globale.

Si certains arguments semblent légers ou même fallacieux, d’autres, par contre, nous paraissent justifiés. En effet, le ministre Elie semble avoir des règles de comptabilité publique propres à lui.
Dans une entrevue parue dans le Nouvelliste du 16 février 2007, il confia à son interlocuteur, qui se renseignait sur le budget du carnaval : “…En 2007, 80 millions de gourdes au ministère. Dans (sic) cette somme, on a donné 10 millions à la Direction nationale du Livre et au Bureau national des Droits d'auteur. 70 millions sont restés pour la réalisation du carnaval.”
Publiquement, le ministre de la Culture avouait qu’il s’était rendu coupable d’un détournement de fonds. Les montants destinés au carnaval ne pouvaient être “donnés” à des organismes n’ayant rien à voir avec cette activité.
En comptabilité publique, détourner des fonds, c’est aussi les utiliser à des fins auxquelles ils n’étaient pas destinés. Et c’est une faute grave.

Les députés ont également reproché au ministre de la Culture d’avoir nommé parmi ses conseillers Mme Magalie Comeau, elle-même ancien ministre de la Culture. Cela pourrait paraître mesquin de la part des parlementaires. Daniel Elie ne semble pas d’ailleurs accepter ce reproche, s’en défend, donnant comme prétexte à la nomination de Magalie Comeau la rareté de cadres dont souffre notre pays[sic]. Mais le ministre Elie devrait pouvoir rester cohérent avec lui-même.
En effet, n’importe quel citoyen pourrait lui rappeler ses déclarations poignantes concernant les canons en bronze, les pierres précieuses et l’or sortis des mers nationales et dont notre patrimoine a été soulagé par une compagnie étrangère au temps du gouvernement Boniface/Latortue. Et c’est bien Mme Comeau qui n’a pas su ou voulu empêcher ce pillage. Bien sûr, le plus facile fut d’accuser le premier ministre Latortue. Mais c’est Magalie Comeau qui était le fonctionnaire de l’Etat ayant pour responsabilité directe de protéger le patrimoine national. Elle aurait dû s’opposer au départ de ces biens nationaux, protester si on insistait à commettre ce crime de lèse-patrie et finalement le dénoncer en démissionnant avec fracas. Rien de tout cela. Mme Comeau a fait, a laissé faire et a aidé à faire.

Le ministre Elie avait promis de récupérer ces biens partis vers l’étranger. Il ne l’a non seulement pas fait mais il a récompensé la responsable de ce vol en la nommant conseillère à son ministère, prétextant une rareté de cadres en Haïti. Manque de cadre, a dit le ministre ? Sur quelle étude M. Elie s’est-il basé pour avancer pareille affirmation ? Les cadres existent bien dans notre pays et se retrouvent le plus souvent inutilisés, crevant parfois dans une misère atroce. Mais voilà, le ministre ne ferait jamais appel à certains puisque ne faisant partie ni de sa famille, ni de sa clique. Daniel Elie aurait-il engagé Magalie Comeau si elle n’était pas de son cercle d’amis ? En quoi Mme Comeau est-elle plus qualifiée qu’un autre ? Le ministre pourrait-t-il nous rappeler les qualifications de sa protégée ?

Le Népotisme bat son plein
Ce sont bien des parents et des amis du ministre Elie que l’on rencontre aux pricipaux postes de son ministère et des entités relevant de son administration.
a) Un ami intime est directeur du Mupanha ;

b) Un beau-frère est chef du cabinet particulier ;

c) Un autre beau-frère faisait partie du comité du carnaval ;

d) Des cousines du ministre sont employées au ministère et aux organismes relevant de la Culture ;

e) Le gendre du ministre est directeur général du ministère de la Culture et coiffait le comité du carnaval 2007.

C’est le ministre lui-même qui le confirme dans son entrevue au Nouvelliste : “Monsieur Stéphane Malbranche, directeur général du ministère de la Culture, coordonne le comité.” . Une affaire de famille et d’amis en somme.

Les députés n’avaient-ils pas raison de parler de népotisme ? Même s’ils se sont trompés en disant que le directeur du Théâtre national était lui aussi le beau-frère du ministre Elie.

Si soucieux de pourvoir son ministère de cadres compétents, le ministre Elie a dû être bien étonné de lire la note de presse “sans pied ni tête“ du directeur du Théâtre national niant son lien de parenté avec le ministre. Il serait bien embarrassé de nous expliquer comment il a pu placer le redacteur de cette si curieuse note à la tête de cette entité. Histoire de coterie bien sûr. M. Frantz Jacob n’est-il pas le beau-fils d’une journaliste et propriétaire de radio qui ne rate pas une occasion de vanter les mérites du ministre de la Culture ?

Dans son cercle intime d’amis, Daniel Elie, se dit indigné d’avoir été renvoyé par des “députés de ce calibre”. Ce qu’il confirme d’ailleurs dans sa lettre de démission en se soulevant contre ces “individus qui, sous couvert de leur fonction parlementaire, se permettent…etc”. Quelle immodestie ! Rappelons au ministre Elie que ces “individus” forment un des trois pouvoirs de la République, indépendamment de leur qualité ou de leur compétence.

En tant que ministre d’un gouvernement, c’est de ces “individus” qu’il tenait sa légitimité. Il leur doit le même respect qu’il manisfeste à cet autre individu qui a le titre de président de la République,. C’est le peuple qui a également choisi les députés.

Un de mes amis a constitué une compilation étoffée des événements survenus dans notre pays en enregistrant sur vidéo, et maintenant sur DVD, tout ce qui passait à la télévision nationale à partir de 1986. Me permettant de me servir de ses archives pour des recherches, je consulte très souvent ses enregistrements. J’ai revu récemment un reportage sur la journée du 7 janvier 1991. On demandait ses sentiments à un cadre de l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) qui regardait les flammes dévorer l’ancienne cathédrale de Port-au-Prince, un des fleurons de notre patrimoine.

Sa réponse me donne encore froid au dos :“Se pep la ki fè li, li bon.” ( C’est le peuple qui en a décidé, je l’approuve). Aujourd’hui, ministre de la culture, cet ancien cadre de l’ISPAN devrait aussi respecter la volonté du peuple quand il choisit de porter ces “individus” au parlement. Militant lavalas converti à Lespwa, Daniel Elie côtoyait ces “individus” sur le béton et s’il trouve qu’ils manquent d’envergure pour être aujourd’hui parlementaires, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même.

Depuis le 31 juillet Daniel Elie n’est plus ministre de la Culture. Pourtant, il est encore en place, gérant les affaires de la République.
Le Chef de l’Etat, indigné que l’on ait pu s’en prendre à un de ses amis intimes, laisse courir, prolongeant la période de liquidation des affaires courantes, se moquant de la décision d’un pouvoir de l’Etat aussi légitime que lui.
En effet, répondant à la lettre de démission de Daniel Elie, le président de la République, quinze jours après le vote de censure, charge son “cher Daniel” de liquider les affaires courantes. Combien de temps encore durera ce manège ?

Les députés, jubilant après le renvoi de Daniel Elie n’avaient pas fait attention aux déclarations du ministre Jasmin chargé des relations du gouvernement avec le Parlement. Ce fonctionnaire avait pourtant dévoilé la stratégie qui allait être appliquée pour garder le ministre de la Culture à son poste.
“On doit comprendre que certaines affaires courantes doivent être liquidées.” avait-il dit.
Quelles affaires courantes ?
Qui peut citer l’article de la Constitution prévoyant qu’un ministre renvoyé peut rester pour liquider les affaires courantes ?
L’article 172 de notre charte dit simplement que l’exécutif renvoie le ministre. Point final. Toutes les autres considérations sont faites par ceux qui veulent apporter de l’eau au moulin du président et du ministre renvoyé.

On parle d’enquêtes sur l’administration du ministre Elie.
Qui peut croire à leur impartialité ?
La teneur même de la lettre du 14 août du président à Daniel Elie, laisse clairement entrevoir ce qui sortira de ces enquêtes.

D’ailleurs, aucune mesure conservatoire n’a été envisagée par le Gouvernement. La res publica ne devrait-elle pas avoir la priorité sur les questions d’amitié ou d’affection ?

La lutte contre la corruption dont le président fait un de ses chevaux de bataille ne devrait pas tenir compte de sa sympathie pour le ministre incriminé.
Accusé à tort ou à raison de détournements de fonds par un pouvoir de l’Etat, Daniel Elie ne devrait pas continuer à gérer les deniers de l’Etat.
D’autres, accusés comme lui de fraude, croupissent dans les geôles du Penitencier national.

Le ministre Elie, se complaisant dans cette situation de démissionnaire reconduit, dément tous ses beaux discours sur la culture haïtienne et son épanouissenemt qu’il disait désirer. Un ministre démis est un amputé, il n’a plus le pouvoir de prendre des décisions pour l’Etat.
Ne devrait-il pas intervenir auprès de son ami de président pour précipiter son remplacement ? C’est la Culture, pour laquelle il disait oeuvrer, qui pâtit de la présence au Ministère de la Culture d’un MINISTRE DE FACTO.

Stigmatisant le parti-pris des députés, le ministre non plus n’a “pas réussi à se placer au-delà de l’ordre affectif et des intérêts particuliers” en gardant son poste en dépit d’un vote de censure. Ayant goûté au pouvoir, la gente lavalas a vite oublié qu’elle accusait toujours les autres d’aimer le pouvoir, de s’y accrocher pour profiter de ses avantages et prérogatives.

Les députés, eux, ne se sont pas encore rendus compte qu’on veut les faire passer pour les dindons de la farce. Le ministre de la Culture restera encore un bon bout de temps en fonction si la manoeuvre cynique et grosiière du gouvermenent pour le maintenir en poste n’est pas dénoncée

Daniel Elie a mis à nu sa petitesse par ses réactions primaires au vote de censure pris contre lui et par son intéressement démesuré à garder une fonction publique.
Le respect du jeu démocratique a aussi une valeur pédagogique. En se pliant à la décision d’un pouvoir de l’Etat, il aurait apporté sa petite pierre à l’édification de la Démocratie, cette démocratie tellement déjà galvaudée par sa famille politique.

Le président de la République, lui, vient de prouver que toutes ses belles envolées sur la lutte contre la corruption et la transparence ne sont que des mots creux n’ayant aucun effet quand il s’agit de ceux qui font partie de sa camarilla.
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Message  Rodlam Sans Malice Mer 15 Aoû 2007 - 20:25

Encore je dois repeter mon but n'est ni d'absoudre ni de condamner quiconque.Cependant faut-il que la loi soit une pour tous ,il ne faut pas que nos vos leurs soient nos pro noms personnels qui jouissent de l'impunité grace à leurs relations avec le tout puissant.

Si le Ministre a reellement detourné les fonds alloués pour le carnaval sans l'autorisation du Premier Ministre ;s'il pratique le nepotisme au sein du ministere de la culture ;le President de la Republque ne peut pas le conserver à la tete du Ministère ..Le President pourra toujours l'integrer dans un autre cabinet s'il est innocent des charges qu'on lui reproche ,mais pour le moment il(le president) doit respecter la volonte des Representants du peuple qui ont le droit de veiller a la bonne gouvernance du pays.Sinon l'opposition haitienne aura raison de critiquer l'hypocrisie de cette lutte contre la corruption.Pa ka genyen ti volè e gwo volè. devan la lwa.Faut-il que nos dirigeants respectent les deniers publics.Mr Preval a deja commis un impair en achetant des voitures pour les deputés et en accordant des recompenses aux diplomates.Il devrait tracer le bon exemple en soutenant la decision des representants du peuple pour prouver la lutte contre la corruption n'epargnera aucun delinquant ,qu'il soit vestonné ou sans culotte.
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