La notion d'espace public dans le mental haïtien
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La notion d'espace public dans le mental haïtien
Clin d'oeil: La notion d'espace public dans le mental haïtien
Le Nouvelliste, 25 septembre 2006 - Si, dans notre société, tout un chacun appréhende, à un degré ou à un autre, le concept de la propriété privée, la notion de bien public, d'espace public est loin d'être comprise par la grande majorité de nos concitoyens qui, victimes d'un atavisme éducationnel, ont tendance à tout ramener à leur petite personne, dédaignant les droits des autres membres de leur communauté.
Ainsi, les concepts de nuisance et de pollution sonores ne sont, chez nous, que des abstractions. Le système d'éducation en vigueur dans notre pays apprend à l'individu à baisser la tête devant le plus fort, nonobstant ses droits les plus élémentaires. Et ce n'est là que le premier maillon d'une chaine où tout le monde ou presque apprend à baisser la tête et l'échine devant d'autres jugés plus forts.
On ne respecte pas le droit, mais le pouvoir, le pouvoir des armes comme celui de l'argent. Celui qui détient les deux a le pouvoir absolu... jusqu'à ce que...
Et l'histoire se renouvelle, se perpétue... L'opprimé d'hier ne rêve que d'être le bourreau de demain et sa démarche d'aujourd'hui ne tend que vers cet extrême...
Ce qui se passe dans notre pays n'est que le reflet de ce qui, généralement, se passe au niveau des familles où un imbécile, fort de son pouvoir économique ou physique, règne en despote, sans aucune considération pour ses proches ou vis-à-vis qui, en définitive, ne sont là que pour le servir, lui, le seul maître et seigneur...
Mais, halte là!!! Réfléchissons! L'histoire nous a prouvé que la violence n'engendre que la violence... Et les "capons" se révoltent toujours, un jour!!!
Malgré tout, nous persévérons dans la même voie depuis deux cents ans, sans avoir appris la première leçon de démocratie: le respect de l'autre.
Respecter l'autre, c'est respecter son espace vital, respecter ses droits et, aussi et surtout, se respecter soi-même. Or, c'est une éducation que nous n'avons pas reçue. L'espace public est, pour nous, un "no man's land" où nous pouvons faire ce que bon nous semble sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit... Ainsi, beaucoup de gens ne comprennent pas que des citoyens ont le droit de décider à quoi leur quartier doit ressembler. Selon cette logique, il est normal qu'un(e) inconnu(e) s'amène et installe son commerce devant votre porte, sans votre assentiment, sous prétexte que "la ri se salon pèp la". De quoi piquer une crise, une vraie!
L'Etat, lui-même, n'a aucun respect pour ses administrés si l'on considère l'institutionnalisation des "animations de quartier" qui autorisent des jeunes et des moins jeunes de contrarier le sommeil réparateur d'honnêtes citoyens.
Dans tous les pays du monde, la police interviendrait pour mettre fin à ce qu'il y a lieu de qualifier de"nuisance sonore", de "tapage nocturne". Chez nous, il en est tout autrement.
Et comment former et éduquer des enfants qui perdent leur innocence à force d'écouter les grossièretés et les grivoiseries des "Ti sourit" et autres que leur apportent les décibels "légaux" de ces manifestations nocturnes?
"A chaque pays ses moeurs", aurait dit l'autre...
Comme si l'indécence, la vulgarité, l'immoralité avaient une nationalité.
On gueule, on pisse, ou crache à l'intérieur de l'espace public. C'est peut-être normal. C'est une simple question d'approche, d'éducation et de vision ou de déchéance acceptée et/ou institutionnalisée.
Et chacun de se dire, barricadé sur son petit territoire privé, entre ses chiens et ses gardes de corps:"Tant que cela ne se passe pas chez moi... je ne suis pas concerné."
Alors, pourquoi avoir peur de sortir et dire que tout va pour le mieux, madame la Marquise?
Patrice-Manuel Lerebours
patricemanuel@yahoo.com
pmlerebours@lenouvelliste.com
Le Nouvelliste, 25 septembre 2006 - Si, dans notre société, tout un chacun appréhende, à un degré ou à un autre, le concept de la propriété privée, la notion de bien public, d'espace public est loin d'être comprise par la grande majorité de nos concitoyens qui, victimes d'un atavisme éducationnel, ont tendance à tout ramener à leur petite personne, dédaignant les droits des autres membres de leur communauté.
Ainsi, les concepts de nuisance et de pollution sonores ne sont, chez nous, que des abstractions. Le système d'éducation en vigueur dans notre pays apprend à l'individu à baisser la tête devant le plus fort, nonobstant ses droits les plus élémentaires. Et ce n'est là que le premier maillon d'une chaine où tout le monde ou presque apprend à baisser la tête et l'échine devant d'autres jugés plus forts.
On ne respecte pas le droit, mais le pouvoir, le pouvoir des armes comme celui de l'argent. Celui qui détient les deux a le pouvoir absolu... jusqu'à ce que...
Et l'histoire se renouvelle, se perpétue... L'opprimé d'hier ne rêve que d'être le bourreau de demain et sa démarche d'aujourd'hui ne tend que vers cet extrême...
Ce qui se passe dans notre pays n'est que le reflet de ce qui, généralement, se passe au niveau des familles où un imbécile, fort de son pouvoir économique ou physique, règne en despote, sans aucune considération pour ses proches ou vis-à-vis qui, en définitive, ne sont là que pour le servir, lui, le seul maître et seigneur...
Mais, halte là!!! Réfléchissons! L'histoire nous a prouvé que la violence n'engendre que la violence... Et les "capons" se révoltent toujours, un jour!!!
Malgré tout, nous persévérons dans la même voie depuis deux cents ans, sans avoir appris la première leçon de démocratie: le respect de l'autre.
Respecter l'autre, c'est respecter son espace vital, respecter ses droits et, aussi et surtout, se respecter soi-même. Or, c'est une éducation que nous n'avons pas reçue. L'espace public est, pour nous, un "no man's land" où nous pouvons faire ce que bon nous semble sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit... Ainsi, beaucoup de gens ne comprennent pas que des citoyens ont le droit de décider à quoi leur quartier doit ressembler. Selon cette logique, il est normal qu'un(e) inconnu(e) s'amène et installe son commerce devant votre porte, sans votre assentiment, sous prétexte que "la ri se salon pèp la". De quoi piquer une crise, une vraie!
L'Etat, lui-même, n'a aucun respect pour ses administrés si l'on considère l'institutionnalisation des "animations de quartier" qui autorisent des jeunes et des moins jeunes de contrarier le sommeil réparateur d'honnêtes citoyens.
Dans tous les pays du monde, la police interviendrait pour mettre fin à ce qu'il y a lieu de qualifier de"nuisance sonore", de "tapage nocturne". Chez nous, il en est tout autrement.
Et comment former et éduquer des enfants qui perdent leur innocence à force d'écouter les grossièretés et les grivoiseries des "Ti sourit" et autres que leur apportent les décibels "légaux" de ces manifestations nocturnes?
"A chaque pays ses moeurs", aurait dit l'autre...
Comme si l'indécence, la vulgarité, l'immoralité avaient une nationalité.
On gueule, on pisse, ou crache à l'intérieur de l'espace public. C'est peut-être normal. C'est une simple question d'approche, d'éducation et de vision ou de déchéance acceptée et/ou institutionnalisée.
Et chacun de se dire, barricadé sur son petit territoire privé, entre ses chiens et ses gardes de corps:"Tant que cela ne se passe pas chez moi... je ne suis pas concerné."
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Patrice-Manuel Lerebours
patricemanuel@yahoo.com
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gwotoro- Super Star
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Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
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Jeu de rôle: le balancier
Re: La notion d'espace public dans le mental haïtien
Ça fait partie de la culture haitienne. anpil ayisien toujou al antré lan bagay ki pa regade yo. se mm bagay pou espace public. se yon bagay kiltirel
Mon Ayiti- Star
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Opinion politique : pèlin tet
Loisirs : Boxe
Date d'inscription : 21/08/2006
Re: La notion d'espace public dans le mental haïtien
oui, le plus grand degre de developpement moral est l'empathie--- l'abilite de se projetter mentalement dans la misere d'un autre.
ce qui distingue un enfant egoiste a un adulte mentalement et moralement mature est cette abilite d'etre empathique.
aucune communaute pourrait etre juste sans une empathie collective partagee par une majorite de ses elements composants.
c'est l'empathie qui donnerait le courage a un "bystander" pour intervenir dans un act de bandistisme dans son quartier; c'est cette abilite qui lui forcerait a appeler la police et rapporter un crime. sans cette abilite, la conceptualisation et l'universalisation de la justice ne pourraient etre developpees.
la fason dont nous agissons quotidiennement suggere que nous ne faisons que particulariser la justice --- depi se pa pitit nou, kite mele nou.
il est apparent que l'homme haitien typique a ete si traumatise et sujet aux peurs systematiques qu'il n'a pas pu developper l'empathie a un degre suffisant pour aboutir a l'eventuelle universalisation de "justice".
je suis sur que notre peuple y compris moi-meme et vous-meme souffre d'une psychopathologie non-identifiee; mais je dois admettre que differents individus en soufferaient differemment--- some would be handicapped by it, and others would be slightly affected by it; but nevertheless, we all seem to have it in various form and intensity; for only that can reasonably explain the pathetic state of our society.
I still have faith for a turn-about because I am an optimist by nature, but we need to get up and say enough is enough.
ce qui distingue un enfant egoiste a un adulte mentalement et moralement mature est cette abilite d'etre empathique.
aucune communaute pourrait etre juste sans une empathie collective partagee par une majorite de ses elements composants.
c'est l'empathie qui donnerait le courage a un "bystander" pour intervenir dans un act de bandistisme dans son quartier; c'est cette abilite qui lui forcerait a appeler la police et rapporter un crime. sans cette abilite, la conceptualisation et l'universalisation de la justice ne pourraient etre developpees.
la fason dont nous agissons quotidiennement suggere que nous ne faisons que particulariser la justice --- depi se pa pitit nou, kite mele nou.
il est apparent que l'homme haitien typique a ete si traumatise et sujet aux peurs systematiques qu'il n'a pas pu developper l'empathie a un degre suffisant pour aboutir a l'eventuelle universalisation de "justice".
je suis sur que notre peuple y compris moi-meme et vous-meme souffre d'une psychopathologie non-identifiee; mais je dois admettre que differents individus en soufferaient differemment--- some would be handicapped by it, and others would be slightly affected by it; but nevertheless, we all seem to have it in various form and intensity; for only that can reasonably explain the pathetic state of our society.
I still have faith for a turn-about because I am an optimist by nature, but we need to get up and say enough is enough.
OBSERVER KEEN- Star
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