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Haiti en Marche: Haiti et neo-liberalisme

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Message  gwotoro Jeu 27 Déc 2007 - 19:58

DERRIERE LE MARASME ECONOMIQUE
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Devons-nous être les martyrs de la résistance au néo-libéralisme?

PORT-AU-PRINCE, 21 Décembre - Double bilan économique. Satisfaction des prêteurs internationaux envers lesquels nous avons rempli toutes nos obligations, la fameuse macro-économie.

Tandis que sur le plan national, le marasme est total, désespoir et abandon.

Le gouvernement ne peut ignorer ce qui l'attend à la rentrée de janvier 2008 et il ferait mieux de prendre une retraite de travail en lieu et place de fêtes de fin d'année pour pouvoir présenter une politique plus cohérente lors du prochain discours sur l'état de la Nation à la prochaine ouverture des travaux du Parlement.

Cependant pour bien expliquer le fond de la situation que nous traversons en ce moment, peut-être faut-il remonter même jusqu'à trois décennies en arrière. Nous sommes comme d'habitude en train de payer les conséquences de nos inconséquences. Les exigences internationales qui nous font tellement baver aujourd'hui, ne datent pas d'hier mais sont agitées sur nos têtes depuis très longtemps. Cependant nous avons toujours trouvé le moyen de nous glisser au travers. Avec pour conséquence majeure et fort désagréable qu'à chaque fois que la question se pose à nouveau, elle nous trouve encore plus affaiblis. C'est particulièrement le cas aujourd'hui.Une longue histoire...

Cela a commencé sous la dictature Duvalier. On se souvient des pressions pour fiscaliser les grosses boîtes qui avaient été inventées de toutes pièces par le régime en gros pour récompenser ses fidèles et continuer à huiler la machine de la propagande. Ces vaches à lait avaient pour nom la Loterie de l'Etat haïtien, la Régie du Tabac etc.

Après une longue résistance, le gouvernement de Jean-Claude Duvalier laissa tomber la Régie du Tabac qui servait à ratisser toutes les taxes et rentrées de l'Etat avant qu'elles ne parviennent aux Contributions.

C'était là aussi que les espions du régime, haïtiens et étrangers, pour la plupart émargeaient. Ce fut donc une décision douloureuse.

Mais cela n'empêcha la famille présidentielle de continuer à s'enrichir puisque, selon les chiffres les plus modestes, Jean Claude Duvalier gagna l'exil le 7 février 1986 avec dans ses bagages pas moins de 100 millions de dollars américains.

Mouvement profond dénommé " Ti legliz "...

Un gouvernement civilo-militaire ou CNG prit fonction et qui reçut le même mandat. Mais deux problèmes se présentèrent: l'armée est très divisée, succession de coups d'état militaires, tandis que l'église est traversée par un mouvement profond dénommé " Ti legliz " qui épouse et assure le relais des revendications principales des masses.

Le chef du CNG lui-même, le général Henri Namphy, fait davantage figure de populiste que de leader néo-libéral.

Bien qu'il soit flanqué d'un jeune ministre de l'Economie qui ne tarda pas à recevoir le titre de " Chicago boy ". Nous parlons du défunt Leslie Delatour.

Sus au plan américain!...

L'armée continua à se déchirer. Les massacres aussi se succédèrent, les premières élections démocratiques s'achevèrent dans le sang le 29 novembre 1987.

Mais le mouvement " Ti Legliz " ne désarma point. Le mot d'ordre est sus au plan américain!

C'était quoi le plan américain? Eh bien, ce qu'on voit aujourd'hui. Sortir Haïti de son statut insulaire pour le faire entrer dans le système capitaliste international basé sur la seule loi de l'offre et de la demande. C'est produire ou mourir. Tandis que le mouvement populaire national revendique d'abord le droit de vivre. Et puis c'est aux Haïtiens de choisir leur propre voie.

Cependant cette voie haïtienne natif-natal n'est jamais arrivée non plus à se définir tout à fait. Là aussi un problème non négligeable.

Pas plus de 7 mois au palais national...

Toutefois nouvel échec de l'international aux présidentielles de décembre 1990 qui virent l'un des chefs de file du mouvement revendicatif prendre le pouvoir: le jeune curé de Saint Jean Bosco, Jean-Bertrand Aristide.

Cette victoire fut d'autant plus considérée comme un coup porté aux vues de l'international que le candidat rival, l'économiste Marc Bazin, avait reçu ouvertement le support de Washington et de la Banque mondiale. Présence de l'ex-président Jimmy Carter et du président de la Banque mondiale, Robert McNamara, à ses côtés le jour des élections.

Pour toutes les raisons que l'on devine, le jeune élu ne restera pas plus de 7 mois au palais national, renversé en septembre 1991 par un coup d'état militaire qui se révéla extrêmement violent pour les masses et particulièrement pour le mouvement revendicatif dont les principaux leaders furent poursuivis par monts et par vaux. On comprend mieux pourquoi aujourd'hui.

La conférence de Paris...

Aristide finit par se retrouver en exil à Washington. Clinton se prépare à le remettre en fonction. Mais d'abord a lieu la conférence de Paris où sont ramenées sur le tapis les mêmes exigences internationales. Le président Aristide se fait représenter, eh oui, par l'ex-ministre de l'Economie et futur gouverneur de la banque centrale, Leslie Delatour, que l'on continue à surnommer " Chicago Boy. "

Car le fameux plan américain lui non plus n'a pas désarmé. C'est kif kif (en créole, " se byen jwenn ak byen kontre ").

Mais revenu au pouvoir, Aristide multiplia toutes sortes de pirouettes pour ne pas respecter les engagements de Paris, du moins noir sur blanc. Le gouvernement s'engagea dans le processus mais à contre coeur. On commença à parler de l'ajustement structurel et de " modernisation " des entreprises publiques.

Mais il reviendra à René Préval de commencer à les mettre en œuvre sous sa première présidence (1996-2001). Retraite anticipée et départ volontaire pour les cadres de la fonction publique qui le veulent. Privatisation du Ciment d'Haïti et de la Minoterie d'Haïti. Mais le gouvernement insiste qu'il ne s'agit pas de privatisation mais de modernisation.

La Fondation Aristide...

Aristide revient au pouvoir en février 2001. Il accepte les exigences internationales, mais semble encore une fois vouloir les appliquer à sa façon. Le monopole de la TELECO vole en éclats avec l'apparition de trois compagnies privées de téléphonie cellulaire. Mais le palais national refuse d'abandonner ses marges de manœuvre. A travers la Fondation Aristide, le président continue de subventionner des projets à la base. L'assistance internationale est coupée. Mais pour alimenter les caisses, le pouvoir ne se montre pas assez regardant. Aristide est accusé d'accepter l'argent de la drogue. Plusieurs de ses proches sont inculpés par un tribunal de Miami. L'accusation contre Aristide lui-même n'a jamais été prouvée de manière formelle.

Aristide est renversé le 29 février 2004.

Deux années de régime intérimaire installé par Washington et sous haute surveillance internationale avec la présence d'une force onusienne de maintien de la paix.

Entre Caracas, La Havane et Washington...

René Préval revient au pouvoir en 2006. Il commence par engager une diplomatie très souple entre Caracas, La Havane et Washington.

Par exemple, cette semaine il est à Cuba dans le cadre de l'accord Petrocaribe par lequel le Venezuela fournit du pétrole à de meilleures conditions aux pays de la région.

Il a aussi annoncé avant son départ que les trois centrales électriques promises par le président Hugo Chavez seront opérationnelles l'année prochaine.

Mais d'un autre côté, jamais les exigences internationales ne semblent avoir été aussi loin dans leur application en Haïti.

Le FMI et la Banque mondiale n'ont que félicitations pour le gouvernement haïtien.

La population, et toutes catégories confondues, n'a que soupirs et grincements de dents.

Bien entendu ce n'est pas pour dire que les Haïtiens eux aussi n'ont pas leurs torts. Au contraire c'est par là qu'il faut commencer. Ne serait-ce que si on avait un peu plus de vision et plus de suite dans les idées, on aurait pu éviter pendant toutes ces années que la situation ne se détériore à ce point.

Est-ce que la lutte continue?...

En tout cas, on ne sait trop quoi penser aujourd'hui. Sommes-nous en présence d'une démission totale du pouvoir. Ou au contraire, est-ce que la lutte continue? La transparence n'est pas de rigueur (le cas de la TELECO, par exemple, mise en vente en cachette) et c'est ce qui fait le plus peur. Comme la cage aux singes dans le Pèlin Tèt de Frankétienne. Avant le temps de dire ouf, " tout makak nan kalòj ".

Pour finir, sommes-nous condamnés à être les éternels martyrs de la résistance au néo-libéralisme.

La suite au prochain numéro.

Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

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