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Tony Bloncourt: Un martyr haïtien

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Tony Bloncourt: Un martyr haïtien Empty Tony Bloncourt: Un martyr haïtien

Message  Invité Sam 12 Nov 2011 - 22:00

Tony Bloncourt: Un martyr haïtien Blonco
A la mémoire de Tony Bloncourt

Tony Bloncourt
14 juin 1940: après cinq semaines de combats, la France chancelle. Les Allemands pénètrent dans Paris déclarée ville ouverte. Le 17 juin, le maréchal Pétain ordonne la cessation des combats et, le 22 juin, un armistice est signé.

A la fin de l'été, les réfugiés parisiens reviennent et la capitale française occupée retrouve progressivement une animation. Les vacances scolaires terminées, les cours reprennent dans les écoles, les lycées et les universités. En apparence, la vie commence à redevenir normale.

Le principal souci des Parisiens est de s'adapter à la nouvelle situation. Si les tous premiers mouvements de résistance s'esquissent, la plupart de ceux qui pensent qu'il "faut faire quelque chose" n'ont pas encore trouvé le moyen de traduire leur pensée.

Il en va ainsi dans le milieu étudiant et enseignant où la présence ennemie dans la capitale suscite un rejet pour des raisons diverses, naissant, à droite, du spectacle offert par le désastre et l'humiliation nationale, et, à gauche, de l'extinction des libertés et du règne du fascisme abhorré, la position des étudiants communistes étant quant à elle plus nette que celle du parti.

Dans cette atmosphère, le milieu étudiant, traditionnellement indocile, s'agite : des "V" - initiale du mot "Victoire" - sont tracés sur les murs, des "Vive de Gaulle" sont criés dans les couloirs du métro, des tracts sont lancés dans des amphithéâtres... Des incidents, voire des bagarres, éclatent parfois entre jeunes et soldats allemands.

La rencontre, le 24 octobre à Montoire, d'Hitler et du maréchal Pétain, et le discours du 30 octobre où apparaît le mot "collaboration", jettent le trouble parmi ceux qui font confiance au chef de l'Etat français.

Tony Bloncourt Tony Marie Edmond Louis BLONCOURT, est né à Port-au-Prince (Haiti) le 25 fevrier 1921. Fin 1938, Tony vient à Paris pour y poursuivre ses études, il y habite chez sa tante Yolande. En 1939, au moment de l’avance allemande sur Paris, il écrit à son père pour lui demander l’autorisation de s’engager car il n’a pas l’âge requis.

Dès 1940, il prend part en août et septembre aux premières actions organisées au Quartier latin avec son inséparable ami Christian Rizo. Il est naturellement de toutes les manifestations, celles en faveur du grand savant Paul Langevin arrêté le 30 octobre, ainsi que celle du 11 novembre 1940. Il est de toutes les actions, notamment les plus dangereuses, les missions armées menées par la Jeunesse communiste du XIe arrondissement.

Fin août, lors d’un entraînement du groupe dans le bois de Lardy, Tony Bloncourt explique à ses camarades pourquoi, quelques jours plus tôt au métro Bastille, alors qu’il avait le revolver appuyé dans le dos d’un officier allemand, il n’a pu tirer : «A cette minute précise je n’ai pas vu un nazi, je n’ai vu qu’un homme.» Tuer un homme est difficile pour un humaniste...
Tony Bloncourt Le 9 mars 1942, un groupe de jeunes gens est exécuté au Mont Valérien. Un procès expéditif et très médiatisé vient d’être organisé au Palais Bourbon.Parmi les sept martyrs, Tony Bloncourt, accusé d’avoir été l’un des cerveaux des étudiants résistants du onzième arrondissement de Paris et d’avoir participé à la lutte armée contre l’occupant. Les étudiants parisiens peuvent être fiers de Tony Bloncourt et Christian Rizo, tombés côte à côte avec leurs jeunes camarades ouvriers : Peltier, Milan, Zalkinow, Hanlet et Semahya.

Ses tantes et ses cousins seront ou arrêtés ou déportés.

Lettre de Tony Bloncourt à sa famille:

Papa sois fort, Maman, je te supplie d'être courageuse.Vous saurez la terrible nouvelle déjà, quand vous recevrez ma lettre. Je meurs avec courage, je ne tremble pas devant la mort. Ce que j'ai fait, je ne regrette pas si cela a pu servir mon pays et la liberté. Je regrette profondément de quitter la vie, parce que je me sentais capable d'être utile. Toute ma volonté a été tendue pour assurer un monde meilleur. J'ai la certitude que le monde de demain sera meilleur; plus juste, que les humbles et les petits auront le droit de vivre plus dignement, plus humainement. Je suis sûr que vous me comprenez, papa et maman chéris, que vous ne me blâmez pas. Soyez forts et courageux.

Je pense à vous de toute ma puissance, jusqu'au bout, je vous regarderai. Je pleure ma jeunesse, je ne pleure pas mes actes. Je regrette aussi mes chères études, j'aurais voulu consacrer ma vie à la science. Que Coucoute continue à bien travailler, qu'il se dise que la plus belle chose qu'un homme, c’est d’être utile à quelque chose. Que sa vie ne soit pas égoïste, qu'il la donne à ses semblables quelle que soit leur race, quelles que soient leurs opinions. S'il a la vocation des sciences, qu'il continue l'œuvre que j'ai commencé d'entreprendre ; qu'il s'intéresse à la physique et aux immortelles théories d'Einstein, dont il comprendra plus tard l'immense portée philosophique.

Maman chérie je t'aime comme jamais je ne t'ai aimée. Je sens maintenant tout le prix de l'œuvre que tu as entrepris à Haïti. Continue d'éduquer ces pauvres petits Haïtiens. Donner de l'instruction à ses semblables est la plus noble tâche ! Papa chéri, toi qui es un homme et un homme fort, console Maman. Maman Dédé chérie, tu as la même place en mon cœur que Maman. Tous vivez en paix et pensez bien à moi. Je vous embrasse tous bien fort comme je vous aime. Tout ce que j'ai comme puissance d'amour en moi passe en vous. Papa soit fort, Maman, je te supplie d'être courageuse. Maman Dédé, toi aussi. Mon vieux Coucoute et won vieux Gérald, je vous embrasse bien fort. Il faut aussi, embrasser maman Tata bien fort. Pensez à moi. Adieu !

Votre petit Tony

Son frère Gérald Bloncourt est né à Bainet, en Haïti, le 4 Novembre 1926.

Gerald Bloncourt
1927: La famille s'installe à Jacmel (sud d'Haïti).

1936: Départ pour Port-au-Prince, la capitale, à la suite d'un terrible cyclone qui ruina la région.

1944: Peintre et graveur, il participe à la fondation du Centre d'Art haïtien.-

1946: Un des leaders, aux côtés de Jacques Stephen Alexis, des "Cinq Glorieuses", journées révolutionnaires qui entraînent la chute du gouvernement Lescot. - Expulsé du pays. - Après un séjour en Martinique, départ pour la France. - Prépare le professorat de dessin de la Ville de Paris, travaille à la Grande Chaumière et au 80 Montparnasse, avant d'entamer une carrière de reporter photographe qu'il poursuit parallèlement à la lutte contre la dictature haïtienne, sans cesser pour autant de graver et de peindre.-

1986: Retour en Haïti après le déchoukage de Duvalier. Auteur d'un livre sur la peinture haïtienne (Nathan), de "Yeto, le Palmier des neiges" (Deschamps et réédition à l'Arcantère), de nombreuses plaquettes poétiques : "Dialogue au bout des vagues", "J'ai rompu le silence", "Poèmes sahariens", "Retour d'exil", "J'ai coupé la gorge au temps" etc... Il poursuit sa création dans toutes ces directions qu'il qualifie lui même de crénaux pour tenir contre les vicissitudes de la vie. Ses oeuvres se retrouvent au Musée National d'Art Haïtien et dans de nombreuses collections étrangères.


http://www.haiti-culture.com/France.html

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