Radio Classique Inter: Actualite politique (Robert Benaudin)
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Radio Classique Inter: Actualite politique (Robert Benaudin)
Thèmes de l’Emission de la semaine
Orlando le 11 mai, 2007
Actualités Politiques : Grandes Lignes
De retour des Gonaïves jeudi d’une visite d’informations de 24 heures, la commission d’enquêter de la chambre basse sur les circonstances entourant la mort de l’ancien président de la Cour d’Appel des Gonaïves, confirme la thèse de la convocation à Port-au-Prince de juge Hugues Saint Pierre le jour de son décès au cours d’un accident de la circulation à la gare routière des Gonaïves. Le député des Nippes Edouard Laurore, membre de la commission de justice de la chambre des députés, a dénoncé à la fois le rapport, les circonstances de la formation de cette commission d’enquête, l’absence d’objectivité des membres de la commission et les vices de forme de la publication de l’enquête.
Par le truchement de notre ami Raymond Laurent nous avons eu l’opportunité d’avoir le député du Nippes à nos micros. En entrée de jeu la libération d’Amanus Mayette est absolument illégale. Il n’y a aucune procédure légale qui peut expliquer et justifier la libération de cet inculpé. Une action en habeas corpus présuppose une arrestation illégale et arbitraire. Or Amanus Mayette étant un inculpé, l’action en habeas corpus est impossible. Par conséquent cette libération est politique. Elle ne s’appuie pas sur la loi.
La commission de justice de la chambre basse est composée de 17 à 18 membres. Combien de membres de cette commission qui ont pris la décision d’enquêter les circonstances de cette mort tragique ? Seulement quatre membres. En principe, pour une mission aussi importante que cette enquête, la commission de justice aurait dû se réunir pour délibérer et désigner les membres de différentes tendances politiques pour former cette commission d’enquête. Seulement quatre députés ont décidé de lancer l’enquête sans informer les autres de membres. Ceci est déjà une chose anormale. Ces membres sont :
Arsène Dieujuste : Il est des Gonaïves. Il fut un élève du juge Hugues Saint Pierre. Au départ, basé sur le besoin d’objectivité et d’équité, ces deux points le disqualifient automatiquement comme membre de cette commission d’enquête. De plus, par rapport à sa position antérieure face au ministre de la justice, il lui est impossible d’être neutre.
Fritz Gérald Bourjoli : qui est d’Aquin, Il était l’ami intime du ministre. Ayant fait révoqué 13 membres de l’appareil judiciaire de sa circonscription qui ont fonctionné pendant 15 à 18 ans dans le système. Après les démarches des révoqués auprès du ministre, plusieurs ont été réintégrés. Mécomptant, le député Bourjoli tourne le dos au ministre. Dans ce cas il nous faut admettre que le conflit qui existe entre ce député et ce ministre le disqualifie comme membre d’une commission d’enquête qui doit investiguer le ministre en question.
Les deux autres membres n’ont jamais affiché aucun litige entre le ministre et eux.
Ce rapport confirme, après avoir interroger sept témoins, qu’il y avait convocation du juge Hugues Saint Pierre par le ministère de la justice. Etant donné, le fait que ces deux membres ont des conflits personnels, nous mettons en doute l’impartialité de ce rapport. Un autre point important, quand une enquête est terminée, elle doit être soumise à la chambre des députés pour être sanctionnée avant sa publication. Cette enquête n’a jamais été soumise à la chambre des députés pour sa sanction. Quant à la convocation du ministre par cette commission d’enquête, aucun membre du bureau de la chambre des députés n’est présent pour l’autoriser. Ils sont, soit en voyage ou malade.
Le ministre de la justice persiste à nier qu’il ait eu convocation, ni ordre formel au juge de première instance de faire libérer Amanus Mayaette. Mais, cependant, admet qu’il avait réunis à son bureau, plusieurs autorités venant des Gonaïves et d’autres personnages importants, dont le président du sénat, pour discuter autour de la question.
La question est de savoir maintenant, même quand le ministre de la justice affirme qu’il respecte le principe de l’autonomie du juge traitant un dossier ; pourquoi, a-t-il convoqué une réunion de haut sommet à son bureau entre des autorités importantes, dont le président du pouvoir législatif, pour discuter précisément d’un dossier qui est en train d’être traité par des magistrats du système judiciaire. ? N’y a-t-il pas là une contradiction entre le dire et le faire du ministre de la justice ? A quelle fin, la présence du président du pouvoir législatif était-il nécessaire, traitant d’une question qui ne relève que de la justice ? Pourquoi le président du sénat a-t-il accepté à se compromettre en participant à une telle réunion ?
La libération d’Amanus Mayette mettant en péril l’intégrité du système judiciaire, a été, selon ce que le ministre de la justice lui-même a admis, entérinée par le pouvoir exécutif et par le pouvoir législatif. La présence du président du sénat à cette réunion au bureau du ministre de la justice au cours de la discussion autour de ce sujet, consacre le fait.
Depuis que Chavez ait offert de payer à Castro plus d’une vingtaine de millions de dollars pour mettre à exécution un projet d’alphabétisation et prolonger le programme de santé, en Haïti, nos gouvernants montrent un certain enthousiasme particulièrement pour le projet d’éducation. Ils se lancent tout azimut dans des réunion de réflexion pour discuter de planification d’accueille. Evidemment c’est une aubaine importante, non négligeable. Chavez et Castro veulent affronter deux des problèmes fondamentaux qui empêchent au pays de sortir des serres de la misère, de l’ignorance et de la maladie. C’est un geste fraternel appréciable et apprécié.
C’est aussi, sans aucun doute, un geste qui se situe dans le cadre d’une campagne politique sous-tendue par une vision précise, celle de la Révolution Bolivarienne. C’est un projet qui va se matérialiser selon un model précis et éprouvé, qui a à son crédit, de longues années de rodage et d’expérience. Ceux sont deux programmes qui ont fait leur preuve, en intervenant sur plusieurs continents. Ce sont aussi des programmes qui ont été conçus et développés dans le cadre d’une compétition bipolaire et dans des pays engagés dans une lutte pour la défense d’un choix idéologique bien précis.
Force est de constater et d’accepter, que cette compétition bipolaire soit révolue depuis le renversement du mur de Berlin. Que depuis, la Russie et la Chine se modernisent d’arrache-pied, en abandonnant les raideurs de leur orthodoxie d’antan. Que ce clivage radical et rigide droite-gauche s’est modernisé, dépassant la vision manichéenne et étroite de la lutte de classe, pour offrir un éventail d’options idéologiques. Que la compétition aujourd’hui, est entre une vision multilatéraliste et altermondialiste, versus celle unipolaire et mondialiste. Que ceux qui nous offrent cette aubaine ne sont pas prêts à faire de sitôt ce saut qualitatif de modernité.
En tant que pays le plus pauvre de l’hémisphère, ayant un besoin indéniable et urgent, de soin de santé et d’alphabétisation, si nous n’avons aucune alternative ayant la même efficacité ou presque, pour la substituer à ces deux programmes, il nous faut être à la fois réaliste et humain. La crainte de l’endoctrinement seule ne peut pas suffire pour priver ceux qui vont en bénéficier, les plus démunis. Cependant, l’approche exigeant dans ce cas, une vision claire et nette des intérêts nationaux, dicte une grande prudence et une certaine flexibilité, ayant toujours à l’esprit les leçons de l’Iliade d’Homère. En d’autres termes, il faudra maximaliser les bénéfices à tirer, sans se laisser draguer dans une lutte et dans des affrontements idéologiques archaïques qui pour le moment, nous sont absolument inutiles. Car notre combat aujourd’hui est de sortir de l’abîme où le pays gît depuis un demi-siècle.
Mis à part, ces risques politiques mentionnés ci-dessus, force est de constater et de comprendre, que les réactions spontanées et irréfléchies de nos gouvernants, s’annoncent encore plus dangereuses que ceux de l’endoctrinement. Il est évident qu’en l'an 2000, à Dakar, Sénégal, le régime lavalas avait pris l'engagement de scolariser tous les enfants d’Haïti d'ici 2015. Sept ans après, à mi-chemin du temps imparti, très peu d'actions ont été posées pour atteindre cet objectif. Pour comble de malheur, nous voilà aujourd’hui retourné au statu quo ante. « Plus d’un demi million d’enfants âgés de 6 à 12 ans ne sont toujours pas scolarisés, plus de 80 % des écoles sont privées, 40% des adultes sont analphabètes, moins de 10 % du budget national est consacré à l'éducation». Ce sont là, les faits avancés, le vendredi 7 mai 2007, par les intervenants à la cérémonie de clôture de la 8e campagne d'action pour une éducation de qualité. Evidemment l’offre de financement de Chavez et l’exécution du projet géré par Castro, offrent soudainement une opportunité aux dirigeants haïtiens de s’en tirer à peu de frais.
Déjà survolté par un enthousiasme irréfléchi et spontané, un réflexe radical, manichéen, maximaliste et populiste, additionnés à une mentalité de « Racher maniocs », nos gouvernants veulent prendre à bras le corps les « écoles borlette » pour les éradiquer immédiatement. Ils veulent en faire des boucs émissaires. Comme si ces écoles étaient les responsables de l’échec de l’alphabétisation en Haïti. Certes, les « écoles borlette » qui opèrent partout sur tout le territoire, ne fonctionnent pas à partir d’un programme d’éducation de qualité. D’ailleurs, l’Etat haïtien n’en a jamais offert. Le fiasco du dernier programme de distribution de livres scolaires est un exemple frappant de l’incompétence et de l’inefficacité du ministère responsable.
Sans aucun doute, avec les gains que tous les progrès sociaux ont fait à travers le monde, l’éducation, le pain de l’instruction, est devenue un droit. Un droit que nos gouvernants refusent de respecter. Mais surtout, un droit que les peuples doivent réclamer de toutes leurs forces. Cependant, il nous faut aussi remarquer que l’éducation a toujours été, avant tout et à travers les ages, une commodité qui s’offre dans toute société et qui répond à toutes les règles du marché, et particulièrement à la loi de l’offre et de la demande. Quand l’offre de l’Etat, en matière d’éducation, est moins que 20%. Qu’on ait toujours 40% d’adultes analphabètes, et un demi million d’enfants de 6 à 12 ans qui ne sont pas scolarisés. On doit se poser la question, est-ce que ces autorités, dans leur enthousiasme, peuvent s’arroger le droit de s’attaquer aux « écoles borlette » ? Alors que celles-ci n’existent que par accommodation à l’irresponsabilité de ces dirigeants de l’Etat qui ont délibérément refusé d’allouer à l’éducation un financement budgétaire adéquat, pour offrir l’accès à l’éducation de qualité à tous les citoyens.
Certes, la qualité de l’éducation à ces « écoles borlette », est sans aucun doute exécrable. Ce qu’elles offrent est loin de pouvoir satisfaire les besoins et exigences du 21e siècle. Mais ce qu’elles offrent, est mieux que rien, qui est de fait l’offre des dirigeants de l’Etat à certains de nos concitoyens. Ces « écoles borlette » malgré leurs énormes lacunes, sont forcées de répondre à une demande qui dépasse leur capacité, et de combler un vide incommensurable créé par l’insouciance de nos gouvernants. Elles n’ont pas créé cette situation. Elles ont été créées en réaction à cette carence d’offre de la part de nos gouvernants.
Certes, ont peut, avec désinvolture, de façon autoritaire et irresponsable, balayer instantanément, du revers de la main, toutes les « écoles borlette ». Peut-on aussi facilement, et aussi rapidement offrir l’alternative pour les remplacer ? Comment combler instantanément le vide qu’elles laisseront après elles ? Mieux, l’intervention messianique du leader populiste Chavez, offre-t-elle aucune garanti qu’elle se répétera l’année prochaine ? Que cette vingtaine de million de dollars, sera alloué à nouveau, dans son budget d’aide étrangère ? Il faut que nos gouvernants sortent du « knee jerk reaction » pour apprendre à penser, à prévoir et à agir de manière plus réfléchie. Il faut apprendre à remplacer sans détruire ce qu’on a, même s’il n’est pas adéquat.
Il faudra abandonner les vieux réflexes radicaux du populisme, pour apprendre à avoir une approche plus rationnelle, plus modérée, moins impulsive. Si nos dirigeants sont de bonne foi, ils devront augmenter graduellement l’offre du pain de l’instruction sur tout le territoire, bien sûr avec un souci de qualité, pour faire la concurrence aux écoles qui partagent avec lui le marché de l’éducation, avec la détermination de satisfaire, pas une portion de la demande, mais la totalité de la demande. L’Etat aura gain de cause, sans coup férir, à absorber ces « écoles borlette », parce qu’elles sont très faibles et très vulnérables. Elles ne pourront pas tenir le coup de la concurrence. Elles disparaîtront d’elles-mêmes, harmonieusement, sans aucune rupture, ni violence.
Il ne faut pas se tromper. Ces « écoles borlette », subvenant à la carence de l’offre de l’Etat en matière d’éducation, elles font d’une pierre trois coups.
- Elles sont en train, autant que faire se peut, d’offrir d’abord de façon informelle et inefficace un produit de mauvaise qualité, mais qui est en grande demande à cause du taux très élevé d’analphabète.
- Elles pourvoient en suite aux propriétaires et aux maîtres d’école de l’emploi et un salaire pour réduire les effets nocifs du chômage à 70%.
- Elles offrent enfin aux parents et aux enfants, un moyen de réduire la délinquance et de circonvenir les ténèbres de l’ignorance absolue de l’analphabétisme.
C’est la pression de la demande insatiable, mais insatisfaite de l’éducation, comme commodité, qui a créé les « écoles borlette », mais pas l’inverse. Quand les conditions qui ont causé son apparition sur le marché, seront satisfaites, alors et alors seulement qu’elles disparaîtront, comme par enchantement.
Ce n’est pas un plaidoyer en faveur de la pérennisation des « écoles borlette ». Absolument pas. C’est un plaidoyer contre une réaction spontanée, irrationnelle et irréfléchie pour les détruire instantanément. C’est surtout un plaidoyer pour empêcher la précipitation vers une solution facile, autoritaire réagissant à une intervention messianique et spontanée, d’un leader populiste, dont on n’a aucune garantie de la continuité de ses promesses. Même quand, l’offre de Chavez et de Castro, se renouvellerait, il ne suffirait pas pour résoudre tous les problèmes de l’alphabétisation et de l’éducation en Haïti. L’Etat haïtien doit faire face à ses responsabilités envers ses citoyens ! L’Etat haïtien doit respecter le droit à l’éducation de qualité de tous ses citoyens ! Il est important pour nos gouvernants de comprendre et d’avoir constamment à l’esprit, que l’autorité intelligente est toujours sereine, que son contraire, est autoritaire, agressive et violente.
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Orlando le 11 mai, 2007
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De retour des Gonaïves jeudi d’une visite d’informations de 24 heures, la commission d’enquêter de la chambre basse sur les circonstances entourant la mort de l’ancien président de la Cour d’Appel des Gonaïves, confirme la thèse de la convocation à Port-au-Prince de juge Hugues Saint Pierre le jour de son décès au cours d’un accident de la circulation à la gare routière des Gonaïves. Le député des Nippes Edouard Laurore, membre de la commission de justice de la chambre des députés, a dénoncé à la fois le rapport, les circonstances de la formation de cette commission d’enquête, l’absence d’objectivité des membres de la commission et les vices de forme de la publication de l’enquête.
Par le truchement de notre ami Raymond Laurent nous avons eu l’opportunité d’avoir le député du Nippes à nos micros. En entrée de jeu la libération d’Amanus Mayette est absolument illégale. Il n’y a aucune procédure légale qui peut expliquer et justifier la libération de cet inculpé. Une action en habeas corpus présuppose une arrestation illégale et arbitraire. Or Amanus Mayette étant un inculpé, l’action en habeas corpus est impossible. Par conséquent cette libération est politique. Elle ne s’appuie pas sur la loi.
La commission de justice de la chambre basse est composée de 17 à 18 membres. Combien de membres de cette commission qui ont pris la décision d’enquêter les circonstances de cette mort tragique ? Seulement quatre membres. En principe, pour une mission aussi importante que cette enquête, la commission de justice aurait dû se réunir pour délibérer et désigner les membres de différentes tendances politiques pour former cette commission d’enquête. Seulement quatre députés ont décidé de lancer l’enquête sans informer les autres de membres. Ceci est déjà une chose anormale. Ces membres sont :
Arsène Dieujuste : Il est des Gonaïves. Il fut un élève du juge Hugues Saint Pierre. Au départ, basé sur le besoin d’objectivité et d’équité, ces deux points le disqualifient automatiquement comme membre de cette commission d’enquête. De plus, par rapport à sa position antérieure face au ministre de la justice, il lui est impossible d’être neutre.
Fritz Gérald Bourjoli : qui est d’Aquin, Il était l’ami intime du ministre. Ayant fait révoqué 13 membres de l’appareil judiciaire de sa circonscription qui ont fonctionné pendant 15 à 18 ans dans le système. Après les démarches des révoqués auprès du ministre, plusieurs ont été réintégrés. Mécomptant, le député Bourjoli tourne le dos au ministre. Dans ce cas il nous faut admettre que le conflit qui existe entre ce député et ce ministre le disqualifie comme membre d’une commission d’enquête qui doit investiguer le ministre en question.
Les deux autres membres n’ont jamais affiché aucun litige entre le ministre et eux.
Ce rapport confirme, après avoir interroger sept témoins, qu’il y avait convocation du juge Hugues Saint Pierre par le ministère de la justice. Etant donné, le fait que ces deux membres ont des conflits personnels, nous mettons en doute l’impartialité de ce rapport. Un autre point important, quand une enquête est terminée, elle doit être soumise à la chambre des députés pour être sanctionnée avant sa publication. Cette enquête n’a jamais été soumise à la chambre des députés pour sa sanction. Quant à la convocation du ministre par cette commission d’enquête, aucun membre du bureau de la chambre des députés n’est présent pour l’autoriser. Ils sont, soit en voyage ou malade.
Le ministre de la justice persiste à nier qu’il ait eu convocation, ni ordre formel au juge de première instance de faire libérer Amanus Mayaette. Mais, cependant, admet qu’il avait réunis à son bureau, plusieurs autorités venant des Gonaïves et d’autres personnages importants, dont le président du sénat, pour discuter autour de la question.
La question est de savoir maintenant, même quand le ministre de la justice affirme qu’il respecte le principe de l’autonomie du juge traitant un dossier ; pourquoi, a-t-il convoqué une réunion de haut sommet à son bureau entre des autorités importantes, dont le président du pouvoir législatif, pour discuter précisément d’un dossier qui est en train d’être traité par des magistrats du système judiciaire. ? N’y a-t-il pas là une contradiction entre le dire et le faire du ministre de la justice ? A quelle fin, la présence du président du pouvoir législatif était-il nécessaire, traitant d’une question qui ne relève que de la justice ? Pourquoi le président du sénat a-t-il accepté à se compromettre en participant à une telle réunion ?
La libération d’Amanus Mayette mettant en péril l’intégrité du système judiciaire, a été, selon ce que le ministre de la justice lui-même a admis, entérinée par le pouvoir exécutif et par le pouvoir législatif. La présence du président du sénat à cette réunion au bureau du ministre de la justice au cours de la discussion autour de ce sujet, consacre le fait.
((O))
Depuis que Chavez ait offert de payer à Castro plus d’une vingtaine de millions de dollars pour mettre à exécution un projet d’alphabétisation et prolonger le programme de santé, en Haïti, nos gouvernants montrent un certain enthousiasme particulièrement pour le projet d’éducation. Ils se lancent tout azimut dans des réunion de réflexion pour discuter de planification d’accueille. Evidemment c’est une aubaine importante, non négligeable. Chavez et Castro veulent affronter deux des problèmes fondamentaux qui empêchent au pays de sortir des serres de la misère, de l’ignorance et de la maladie. C’est un geste fraternel appréciable et apprécié.
C’est aussi, sans aucun doute, un geste qui se situe dans le cadre d’une campagne politique sous-tendue par une vision précise, celle de la Révolution Bolivarienne. C’est un projet qui va se matérialiser selon un model précis et éprouvé, qui a à son crédit, de longues années de rodage et d’expérience. Ceux sont deux programmes qui ont fait leur preuve, en intervenant sur plusieurs continents. Ce sont aussi des programmes qui ont été conçus et développés dans le cadre d’une compétition bipolaire et dans des pays engagés dans une lutte pour la défense d’un choix idéologique bien précis.
Force est de constater et d’accepter, que cette compétition bipolaire soit révolue depuis le renversement du mur de Berlin. Que depuis, la Russie et la Chine se modernisent d’arrache-pied, en abandonnant les raideurs de leur orthodoxie d’antan. Que ce clivage radical et rigide droite-gauche s’est modernisé, dépassant la vision manichéenne et étroite de la lutte de classe, pour offrir un éventail d’options idéologiques. Que la compétition aujourd’hui, est entre une vision multilatéraliste et altermondialiste, versus celle unipolaire et mondialiste. Que ceux qui nous offrent cette aubaine ne sont pas prêts à faire de sitôt ce saut qualitatif de modernité.
En tant que pays le plus pauvre de l’hémisphère, ayant un besoin indéniable et urgent, de soin de santé et d’alphabétisation, si nous n’avons aucune alternative ayant la même efficacité ou presque, pour la substituer à ces deux programmes, il nous faut être à la fois réaliste et humain. La crainte de l’endoctrinement seule ne peut pas suffire pour priver ceux qui vont en bénéficier, les plus démunis. Cependant, l’approche exigeant dans ce cas, une vision claire et nette des intérêts nationaux, dicte une grande prudence et une certaine flexibilité, ayant toujours à l’esprit les leçons de l’Iliade d’Homère. En d’autres termes, il faudra maximaliser les bénéfices à tirer, sans se laisser draguer dans une lutte et dans des affrontements idéologiques archaïques qui pour le moment, nous sont absolument inutiles. Car notre combat aujourd’hui est de sortir de l’abîme où le pays gît depuis un demi-siècle.
Mis à part, ces risques politiques mentionnés ci-dessus, force est de constater et de comprendre, que les réactions spontanées et irréfléchies de nos gouvernants, s’annoncent encore plus dangereuses que ceux de l’endoctrinement. Il est évident qu’en l'an 2000, à Dakar, Sénégal, le régime lavalas avait pris l'engagement de scolariser tous les enfants d’Haïti d'ici 2015. Sept ans après, à mi-chemin du temps imparti, très peu d'actions ont été posées pour atteindre cet objectif. Pour comble de malheur, nous voilà aujourd’hui retourné au statu quo ante. « Plus d’un demi million d’enfants âgés de 6 à 12 ans ne sont toujours pas scolarisés, plus de 80 % des écoles sont privées, 40% des adultes sont analphabètes, moins de 10 % du budget national est consacré à l'éducation». Ce sont là, les faits avancés, le vendredi 7 mai 2007, par les intervenants à la cérémonie de clôture de la 8e campagne d'action pour une éducation de qualité. Evidemment l’offre de financement de Chavez et l’exécution du projet géré par Castro, offrent soudainement une opportunité aux dirigeants haïtiens de s’en tirer à peu de frais.
Déjà survolté par un enthousiasme irréfléchi et spontané, un réflexe radical, manichéen, maximaliste et populiste, additionnés à une mentalité de « Racher maniocs », nos gouvernants veulent prendre à bras le corps les « écoles borlette » pour les éradiquer immédiatement. Ils veulent en faire des boucs émissaires. Comme si ces écoles étaient les responsables de l’échec de l’alphabétisation en Haïti. Certes, les « écoles borlette » qui opèrent partout sur tout le territoire, ne fonctionnent pas à partir d’un programme d’éducation de qualité. D’ailleurs, l’Etat haïtien n’en a jamais offert. Le fiasco du dernier programme de distribution de livres scolaires est un exemple frappant de l’incompétence et de l’inefficacité du ministère responsable.
Sans aucun doute, avec les gains que tous les progrès sociaux ont fait à travers le monde, l’éducation, le pain de l’instruction, est devenue un droit. Un droit que nos gouvernants refusent de respecter. Mais surtout, un droit que les peuples doivent réclamer de toutes leurs forces. Cependant, il nous faut aussi remarquer que l’éducation a toujours été, avant tout et à travers les ages, une commodité qui s’offre dans toute société et qui répond à toutes les règles du marché, et particulièrement à la loi de l’offre et de la demande. Quand l’offre de l’Etat, en matière d’éducation, est moins que 20%. Qu’on ait toujours 40% d’adultes analphabètes, et un demi million d’enfants de 6 à 12 ans qui ne sont pas scolarisés. On doit se poser la question, est-ce que ces autorités, dans leur enthousiasme, peuvent s’arroger le droit de s’attaquer aux « écoles borlette » ? Alors que celles-ci n’existent que par accommodation à l’irresponsabilité de ces dirigeants de l’Etat qui ont délibérément refusé d’allouer à l’éducation un financement budgétaire adéquat, pour offrir l’accès à l’éducation de qualité à tous les citoyens.
Certes, la qualité de l’éducation à ces « écoles borlette », est sans aucun doute exécrable. Ce qu’elles offrent est loin de pouvoir satisfaire les besoins et exigences du 21e siècle. Mais ce qu’elles offrent, est mieux que rien, qui est de fait l’offre des dirigeants de l’Etat à certains de nos concitoyens. Ces « écoles borlette » malgré leurs énormes lacunes, sont forcées de répondre à une demande qui dépasse leur capacité, et de combler un vide incommensurable créé par l’insouciance de nos gouvernants. Elles n’ont pas créé cette situation. Elles ont été créées en réaction à cette carence d’offre de la part de nos gouvernants.
Certes, ont peut, avec désinvolture, de façon autoritaire et irresponsable, balayer instantanément, du revers de la main, toutes les « écoles borlette ». Peut-on aussi facilement, et aussi rapidement offrir l’alternative pour les remplacer ? Comment combler instantanément le vide qu’elles laisseront après elles ? Mieux, l’intervention messianique du leader populiste Chavez, offre-t-elle aucune garanti qu’elle se répétera l’année prochaine ? Que cette vingtaine de million de dollars, sera alloué à nouveau, dans son budget d’aide étrangère ? Il faut que nos gouvernants sortent du « knee jerk reaction » pour apprendre à penser, à prévoir et à agir de manière plus réfléchie. Il faut apprendre à remplacer sans détruire ce qu’on a, même s’il n’est pas adéquat.
Il faudra abandonner les vieux réflexes radicaux du populisme, pour apprendre à avoir une approche plus rationnelle, plus modérée, moins impulsive. Si nos dirigeants sont de bonne foi, ils devront augmenter graduellement l’offre du pain de l’instruction sur tout le territoire, bien sûr avec un souci de qualité, pour faire la concurrence aux écoles qui partagent avec lui le marché de l’éducation, avec la détermination de satisfaire, pas une portion de la demande, mais la totalité de la demande. L’Etat aura gain de cause, sans coup férir, à absorber ces « écoles borlette », parce qu’elles sont très faibles et très vulnérables. Elles ne pourront pas tenir le coup de la concurrence. Elles disparaîtront d’elles-mêmes, harmonieusement, sans aucune rupture, ni violence.
Il ne faut pas se tromper. Ces « écoles borlette », subvenant à la carence de l’offre de l’Etat en matière d’éducation, elles font d’une pierre trois coups.
- Elles sont en train, autant que faire se peut, d’offrir d’abord de façon informelle et inefficace un produit de mauvaise qualité, mais qui est en grande demande à cause du taux très élevé d’analphabète.
- Elles pourvoient en suite aux propriétaires et aux maîtres d’école de l’emploi et un salaire pour réduire les effets nocifs du chômage à 70%.
- Elles offrent enfin aux parents et aux enfants, un moyen de réduire la délinquance et de circonvenir les ténèbres de l’ignorance absolue de l’analphabétisme.
C’est la pression de la demande insatiable, mais insatisfaite de l’éducation, comme commodité, qui a créé les « écoles borlette », mais pas l’inverse. Quand les conditions qui ont causé son apparition sur le marché, seront satisfaites, alors et alors seulement qu’elles disparaîtront, comme par enchantement.
Ce n’est pas un plaidoyer en faveur de la pérennisation des « écoles borlette ». Absolument pas. C’est un plaidoyer contre une réaction spontanée, irrationnelle et irréfléchie pour les détruire instantanément. C’est surtout un plaidoyer pour empêcher la précipitation vers une solution facile, autoritaire réagissant à une intervention messianique et spontanée, d’un leader populiste, dont on n’a aucune garantie de la continuité de ses promesses. Même quand, l’offre de Chavez et de Castro, se renouvellerait, il ne suffirait pas pour résoudre tous les problèmes de l’alphabétisation et de l’éducation en Haïti. L’Etat haïtien doit faire face à ses responsabilités envers ses citoyens ! L’Etat haïtien doit respecter le droit à l’éducation de qualité de tous ses citoyens ! Il est important pour nos gouvernants de comprendre et d’avoir constamment à l’esprit, que l’autorité intelligente est toujours sereine, que son contraire, est autoritaire, agressive et violente.
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