Editorial: Haïti-sécurité, on en dit trop, ou pas assez
Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti :: Mi-temps :: Tribune libre - Nap pale tèt kale
Page 1 sur 1
Editorial: Haïti-sécurité, on en dit trop, ou pas assez
Haïti-sécurité : on en dit trop, ou pas assez
Par Sabine Manigat
sabine.manigat@lematinhaiti.com
C’est reparti. Après une période d’accalmie relative en la matière, le « cas haïtien » revient en force dans une certaine presse internationale – relayée largement par les media nationaux, notons-le – avide de ragots en tous genres, mais thermomètre également des préoccupations et analyses de certains secteurs de la communauté internationale à notre endroit. Après l’insécurité-kidnapping et l’hécatombe économique et écologique, Haïti se distinguerait, ces jours-ci, plus particulièrement en tant que source de profonde préoccupation quant à la sécurité « hémisphérique » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international. Des sources et des bribes diverses d’informations convergent vers le renforcement, conjoncturellement du moins, de cette image du pays.
De source nationale, c’est le porte-parole de la Police nationale d’Haïti, Frantz Lerebours, qui a dénoncé, lundi, une tentative de déstabilisation en cours dans le pays. Parmi le peu d’éléments mentionnés, il est question des menées d’individus non identifiés en provenance de la République dominicaine. (Le Matin du 5 juin). Ce genre de déclaration fait écho à des allégations qui circulaient sur le net, il y a environ deux semaines, concernant des étrangers suspects, originaires du Moyen-Orient, arrêtés en République dominicaine en provenance d’Haïti où ils avaient transité. Dans la même veine, mais sans que l’on arrive à faire le lien exact avec Haïti précisément, des dépêches suggèrent qu’Haïti constituerait un sérieux sujet de préoccupation pour la sécurité nationale des États-Unis après l’arrestation, samedi 2 juin, de trois personnes dont deux Caribéens pour leur implication présumée dans un complot qui visait l’aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York. Un Haïtien, intégral ou d’origine, serait-il mêlé à ces menées obscures ?
Encore plus flou, mais par-là même tout aussi alarmant, le New York Daily News a, paraît-il, exprimé les inquiétudes des autorités américaines concernant «la montée vertigineuse, en Haïti et dans d’autres pays de la région, de la religion islamique dont les fondamentalistes sont associés au terrorisme international depuis le 11 septembre 2001» (Le Matin 5 juin d’après radio Kiskeya, 4 juin). L’apparition, depuis les années 1980, de la religion musulmane dans le paysage haïtien semble préoccuper particulièrement. Cependant aucune donnée avérée n’est en principe associée à de quelconques menées terroristes pour lesquelles Haïti constituerait une base d’opération. Les arrestations liées au complot visant un attentat contre l’aéroport JFK, du moins ce qui en est révélé au public par la presse, indiquent l’implication d’individus originaires de Trinité et Tobago ou encore de la Guyane (Le Matin 6 juin). On est dans la Caraïbes, certes, mais franchement cela ne suffit guère à nous éclairer sur la participation d’Haïti ou d’Haïtiens à tout cela.
Et voici que l’OEA se mêle de la partie avec une véhémence qui va encore plus loin que ce que nous avons pu entendre en République dominicaine lors de la réunion du Groupe de Rio fin avril. En effet mardi, durant la session ordinaire de la 37e assemblée générale de l’Organisation des Etats américains, le Péruvien José Antonio García Belaunde a appelé à «appuyer le principe du renouvellement continu du mandat de la Minustah jusqu’à ce qu’elle atteigne les objectifs pour lesquels elle a été créée ». Après le Groupe dit ABC (Argentine-Brésil-Chili), voici que le Pérou, dont on ne connaissait pas jusqu’à présent une implication particulière en Haïti (par-delà la participation d’un contingent militaire à la Minustah comme bien d’autres pays) parle haut et mise sur le cas d’Haïti pour vérifier « la capacité d’action de notre organisation » (Dépêche Radio Kiskeya).
Il n’est évidemment pas question de prendre tout ceci à la légère. On sait trop bien les ravages que les différents réseaux criminels internationaux (armes, traite, drogue, terrorisme) peuvent faire dans un petit pays à la gouvernance minorée comme le nôtre. D’autre part, l’inscription du mandat de la Minustah dans le cadre du chapitre VII de la charte de l’Onu a déjà, par le passé, constitué un argument pour ce type d’allégation. Il se fait cependant que nous avons tellement subi de kout lang à propos de nos misères, nous sommes tellement vulnérables aux rumeurs les plus farfelues parfois, qu’il est temps de lever le voile et de dire le reste, pour mettre le pays en alerte, ou de rectifier les affabulations s’il en est, pour ne pas exacerber les préoccupations bien tangibles auxquelles nous devons faire face pour aller de l’avant. On nous en a trop dit, ou alors pas assez. Dans les deux cas, la paralysie qui en résulte n’aidera pas nos amis à nous aider.
vendredi 8 juin 2007
Par Sabine Manigat
sabine.manigat@lematinhaiti.com
C’est reparti. Après une période d’accalmie relative en la matière, le « cas haïtien » revient en force dans une certaine presse internationale – relayée largement par les media nationaux, notons-le – avide de ragots en tous genres, mais thermomètre également des préoccupations et analyses de certains secteurs de la communauté internationale à notre endroit. Après l’insécurité-kidnapping et l’hécatombe économique et écologique, Haïti se distinguerait, ces jours-ci, plus particulièrement en tant que source de profonde préoccupation quant à la sécurité « hémisphérique » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international. Des sources et des bribes diverses d’informations convergent vers le renforcement, conjoncturellement du moins, de cette image du pays.
De source nationale, c’est le porte-parole de la Police nationale d’Haïti, Frantz Lerebours, qui a dénoncé, lundi, une tentative de déstabilisation en cours dans le pays. Parmi le peu d’éléments mentionnés, il est question des menées d’individus non identifiés en provenance de la République dominicaine. (Le Matin du 5 juin). Ce genre de déclaration fait écho à des allégations qui circulaient sur le net, il y a environ deux semaines, concernant des étrangers suspects, originaires du Moyen-Orient, arrêtés en République dominicaine en provenance d’Haïti où ils avaient transité. Dans la même veine, mais sans que l’on arrive à faire le lien exact avec Haïti précisément, des dépêches suggèrent qu’Haïti constituerait un sérieux sujet de préoccupation pour la sécurité nationale des États-Unis après l’arrestation, samedi 2 juin, de trois personnes dont deux Caribéens pour leur implication présumée dans un complot qui visait l’aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York. Un Haïtien, intégral ou d’origine, serait-il mêlé à ces menées obscures ?
Encore plus flou, mais par-là même tout aussi alarmant, le New York Daily News a, paraît-il, exprimé les inquiétudes des autorités américaines concernant «la montée vertigineuse, en Haïti et dans d’autres pays de la région, de la religion islamique dont les fondamentalistes sont associés au terrorisme international depuis le 11 septembre 2001» (Le Matin 5 juin d’après radio Kiskeya, 4 juin). L’apparition, depuis les années 1980, de la religion musulmane dans le paysage haïtien semble préoccuper particulièrement. Cependant aucune donnée avérée n’est en principe associée à de quelconques menées terroristes pour lesquelles Haïti constituerait une base d’opération. Les arrestations liées au complot visant un attentat contre l’aéroport JFK, du moins ce qui en est révélé au public par la presse, indiquent l’implication d’individus originaires de Trinité et Tobago ou encore de la Guyane (Le Matin 6 juin). On est dans la Caraïbes, certes, mais franchement cela ne suffit guère à nous éclairer sur la participation d’Haïti ou d’Haïtiens à tout cela.
Et voici que l’OEA se mêle de la partie avec une véhémence qui va encore plus loin que ce que nous avons pu entendre en République dominicaine lors de la réunion du Groupe de Rio fin avril. En effet mardi, durant la session ordinaire de la 37e assemblée générale de l’Organisation des Etats américains, le Péruvien José Antonio García Belaunde a appelé à «appuyer le principe du renouvellement continu du mandat de la Minustah jusqu’à ce qu’elle atteigne les objectifs pour lesquels elle a été créée ». Après le Groupe dit ABC (Argentine-Brésil-Chili), voici que le Pérou, dont on ne connaissait pas jusqu’à présent une implication particulière en Haïti (par-delà la participation d’un contingent militaire à la Minustah comme bien d’autres pays) parle haut et mise sur le cas d’Haïti pour vérifier « la capacité d’action de notre organisation » (Dépêche Radio Kiskeya).
Il n’est évidemment pas question de prendre tout ceci à la légère. On sait trop bien les ravages que les différents réseaux criminels internationaux (armes, traite, drogue, terrorisme) peuvent faire dans un petit pays à la gouvernance minorée comme le nôtre. D’autre part, l’inscription du mandat de la Minustah dans le cadre du chapitre VII de la charte de l’Onu a déjà, par le passé, constitué un argument pour ce type d’allégation. Il se fait cependant que nous avons tellement subi de kout lang à propos de nos misères, nous sommes tellement vulnérables aux rumeurs les plus farfelues parfois, qu’il est temps de lever le voile et de dire le reste, pour mettre le pays en alerte, ou de rectifier les affabulations s’il en est, pour ne pas exacerber les préoccupations bien tangibles auxquelles nous devons faire face pour aller de l’avant. On nous en a trop dit, ou alors pas assez. Dans les deux cas, la paralysie qui en résulte n’aidera pas nos amis à nous aider.
vendredi 8 juin 2007
gwotoro- Super Star
-
Nombre de messages : 3974
Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti :: Mi-temps :: Tribune libre - Nap pale tèt kale
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum