Haïti: L'usine agricole des Barradères, mémoire de déprédation
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Haïti: L'usine agricole des Barradères, mémoire de déprédation
Haïti: L'usine agricole des Barradères, mémoire de déprédation
L'ancienne usine de transformation des Barradères construite par l'industriel Webert Kersaint fut, dans le passé, un centre de transformation de produits agricoles récoltés en grandes quantités. Prise d'assaut par des pillards après la chute du président Jean-Claude Duvalier en 1986, l'usine était complètement détruite et les quelque 500 ouvriers qu'elle employait étaient plongés dans le chômage. De 1986 à nos jours, les ruines de l'usine sont restées debout sous un ciel impavide.
Construite en 1946 par l'industriel et député Wébert Kersaint, l'usine de transformation des produits agricoles des Barradères a été détruite en 1986 par des malfrats au lendemain de la chute de Jean-Claude Duvalier. Une situation qui avait jeté des centaines d'ouvriers et de planteurs de la région dans le chômage. Certains se disent déprimés puisqu'à l'époque ils n'avaient pas d'autres alternatives. C'était dans cette usine de transformation de produits agricoles que des pères et mères de famille avaient fait leurs premières armes. Ce fut un lieu de travail qui regorgeait d'activités et qui sentait bon.
Envahis par de mauvaises herbes et de crabiers criards d'une blancheur feutrée ressemblant à des bavures lumineuses dans le lointain, ce site transformé en un champ de ruines tombé aux oubliettes, hante encore la mémoire du quadragénaire Francklin Bazile, l'actuel gérant de cet espace situé au coeur de la ville des Barradères. Il se souvient avec minutie non sans nostalgie, de la période où des inconnus malintentionnés avaient commis des actes de vandalisme qui ont causé des centaines de milliers de dollars de dégâts dans cette manufacture.
« L'usine a été sévèrement attaquée par des individus qui en voulaient aux biens du propriétaire. Les déprédations étaient liées aux frustrations suscitées dans la communauté depuis l'implantation de cette entreprise. La plupart des installations de l'usine ont été l'objet d'actes de vandalisme. Les responsables ainsi que les gardiens étaient obligés de partir très loin de l'usine afin de sauver leur peau», se souvient Francklin Bazile, qui ajoute qu'à ce moment-là, la vie de toute une communauté avait basculé.
Bazile raconte que cette industrie était le centre de la vie économique à Barradères. Aussi était-elle la seule usine qui faisait vivre des centaines de familles. « Les ouvriers venaient de partout de la région pour prêter leurs services à cette entreprise afin de subvenir aux besoins de leurs familles», souligne-t-il. Depuis la fermeture de l'usine, poursuit-il, nous avons grandement payé les pots cassés de ces actes de devastation, car les activités économiques ne sont plus comme elles l'étaient, il y a 20 ans.
«Je dois vous dire très sincèrement que les propriétaires de l'usine investissaient beaucoup dans les domaines sociaux et infrastructurels. Le port des Baradères, le centre hospitalier des Baradères, la route des Barradères, toutes ces infrastructures sont l'oeuvre du feu industriel et député, Webert Kersaint. Aujourd'hui, toutes ces réalisations sont pratiquement voué à l'oubli », confie Bazile, l'air desespéré.
Comme tout planteur accroché à sa terre, Amilcia, une ancienne ouvrière de cette usine, affirme qu'à l'époque où l'usine était en fonction, elle subvenait mieux aux besoins de sa famille. Après les événements, elle s'est lancée dans la culture de la terre pour vivre ou plutôt survivre. « Si aujourd'hui, j'ai un toit pour vivre avec mes quatre enfants c'est grâce à cette usine, mais je garde en mémoire les actes qui ont conduit à sa destruction», déclare-t-elle, affirmant qu'avant la mort de son mari qui était agronome, celui-ci travaillait dans cette entreprise comme technicien agricole.
Néanmoins, plus les années passent, plus l'ossature du bâtiment se détériore. La manufacture est quasiment vide. Elle reste debout parmi des plantes grimpantes qui gagnent l'espace avec avidité. Les tôles rouillées, les pans de murs dans les cavités profondes et irrégulières où poussent des plantes parasites, témoignent clairement de l'abandon et de l'état de délabrement avancé du site qui, jadis, était l'un des plus grands centres d'achat de café, de la canne-sucre et d'autres produits agricoles.
Amos Cincir
mcincir@lenouvelliste.com
L'ancienne usine de transformation des Barradères construite par l'industriel Webert Kersaint fut, dans le passé, un centre de transformation de produits agricoles récoltés en grandes quantités. Prise d'assaut par des pillards après la chute du président Jean-Claude Duvalier en 1986, l'usine était complètement détruite et les quelque 500 ouvriers qu'elle employait étaient plongés dans le chômage. De 1986 à nos jours, les ruines de l'usine sont restées debout sous un ciel impavide.
Construite en 1946 par l'industriel et député Wébert Kersaint, l'usine de transformation des produits agricoles des Barradères a été détruite en 1986 par des malfrats au lendemain de la chute de Jean-Claude Duvalier. Une situation qui avait jeté des centaines d'ouvriers et de planteurs de la région dans le chômage. Certains se disent déprimés puisqu'à l'époque ils n'avaient pas d'autres alternatives. C'était dans cette usine de transformation de produits agricoles que des pères et mères de famille avaient fait leurs premières armes. Ce fut un lieu de travail qui regorgeait d'activités et qui sentait bon.
Envahis par de mauvaises herbes et de crabiers criards d'une blancheur feutrée ressemblant à des bavures lumineuses dans le lointain, ce site transformé en un champ de ruines tombé aux oubliettes, hante encore la mémoire du quadragénaire Francklin Bazile, l'actuel gérant de cet espace situé au coeur de la ville des Barradères. Il se souvient avec minutie non sans nostalgie, de la période où des inconnus malintentionnés avaient commis des actes de vandalisme qui ont causé des centaines de milliers de dollars de dégâts dans cette manufacture.
« L'usine a été sévèrement attaquée par des individus qui en voulaient aux biens du propriétaire. Les déprédations étaient liées aux frustrations suscitées dans la communauté depuis l'implantation de cette entreprise. La plupart des installations de l'usine ont été l'objet d'actes de vandalisme. Les responsables ainsi que les gardiens étaient obligés de partir très loin de l'usine afin de sauver leur peau», se souvient Francklin Bazile, qui ajoute qu'à ce moment-là, la vie de toute une communauté avait basculé.
Bazile raconte que cette industrie était le centre de la vie économique à Barradères. Aussi était-elle la seule usine qui faisait vivre des centaines de familles. « Les ouvriers venaient de partout de la région pour prêter leurs services à cette entreprise afin de subvenir aux besoins de leurs familles», souligne-t-il. Depuis la fermeture de l'usine, poursuit-il, nous avons grandement payé les pots cassés de ces actes de devastation, car les activités économiques ne sont plus comme elles l'étaient, il y a 20 ans.
«Je dois vous dire très sincèrement que les propriétaires de l'usine investissaient beaucoup dans les domaines sociaux et infrastructurels. Le port des Baradères, le centre hospitalier des Baradères, la route des Barradères, toutes ces infrastructures sont l'oeuvre du feu industriel et député, Webert Kersaint. Aujourd'hui, toutes ces réalisations sont pratiquement voué à l'oubli », confie Bazile, l'air desespéré.
Comme tout planteur accroché à sa terre, Amilcia, une ancienne ouvrière de cette usine, affirme qu'à l'époque où l'usine était en fonction, elle subvenait mieux aux besoins de sa famille. Après les événements, elle s'est lancée dans la culture de la terre pour vivre ou plutôt survivre. « Si aujourd'hui, j'ai un toit pour vivre avec mes quatre enfants c'est grâce à cette usine, mais je garde en mémoire les actes qui ont conduit à sa destruction», déclare-t-elle, affirmant qu'avant la mort de son mari qui était agronome, celui-ci travaillait dans cette entreprise comme technicien agricole.
Néanmoins, plus les années passent, plus l'ossature du bâtiment se détériore. La manufacture est quasiment vide. Elle reste debout parmi des plantes grimpantes qui gagnent l'espace avec avidité. Les tôles rouillées, les pans de murs dans les cavités profondes et irrégulières où poussent des plantes parasites, témoignent clairement de l'abandon et de l'état de délabrement avancé du site qui, jadis, était l'un des plus grands centres d'achat de café, de la canne-sucre et d'autres produits agricoles.
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