Raoul Peck : “Le risque d'explosion en Haïti est imminent”
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Raoul Peck : “Le risque d'explosion en Haïti est imminent”
Raoul Peck : “Le risque d'explosion en Haïti est imminent”
“La scène où le président pète les plombs
et insulte ses collaborateurs pourrait
directement sortir d'enregistrements
secrets de Nixon.”
“Je connais des Haïtiens qui louent leur maison
à des humanitaires et dorment dans leur voiture…”
Vous êtes retourné en Haïti quelques jours après le séisme. Vous étiez alors pessimiste sur la capacité de l'Etat et de la communauté internationale à organiser la reconstruction. Comment voyez-vous l'évolution de la situation ?
J'y suis retourné quatre fois déjà. Et je pense que des scandales vont éclater au grand jour dans les mois à venir à cause de la présence excessive du personnel humanitaire. Le stade de l'urgence est dépassé, et on assiste aujourd'hui à l'installation d'une infrastructure permanente. Les ONG sont trop nombreuses et mal contrôlées. A Port-au-Prince, par exemple, les trois quarts de la capacité hôtelière ont été détruits : imaginez la place prise par ces dizaines de milliers de travailleurs humanitaires. Certains occupent les maisons encore debout de la classe moyenne, qui a par ailleurs tout perdu. Je connais des gens qui louent leur maison à des humanitaires et dorment dans leur voiture.
Vous n'avez pas peur de choquer avec ce discours ?
C'est un constat. L'aspect visuel de cette présence est en soi choquant parce qu'en face il y a des camps et des tentes. Toutes les places de la capitale sont remplies de réfugiés. Combien de temps cette juxtaposition peut-elle durer ? Moi aussi, j'ai fait beaucoup de volontariat, je sais ce que c'est de travailler quatorze heures par jour et d'avoir envie de s'asseoir le soir pour prendre un verre. Ce n'est pas la question. La vraie question est : sommes-nous en train d'employer la bonne méthode ?
Vous craignez l'explosion ?
Le risque d'explosion est latent, et même imminent, à voir certains signes avant-coureurs. Nous sommes même revenus aux pires dérives populistes avec un Wyclef Jean [ex-membre du groupe The Fugees, NDLR] qui a essayé de s'immiscer dans la bataille. Comme si la célébrité, sans le reste, suffisait pour « sauver » Haïti. Mais Haïti ne va pas disparaître. Elle en a vu, des pseudo-sauveurs...
C'est assez, la dictature des jaloux. Il y a plein de bonnes idées qui meurent parce qu'elles risquent de soulever la grogne de ceux qui ont d'autres intérêts. Il n'y a pas une réalisation humaine qui n'attire pas son lot de critiques et de jaloux. La tour Eiffel? C'est laid, ça va défigurer Paris! Pis pourquoi à Paris? Pourquoi pas à Clermont-Ferrand? L'homme sur la Lune? Ça donne rien. Gardons notre cash sur Terre. Pis pourquoi la Lune? Pourquoi pas le Soleil?
Dès qu'on fait un geste, on s'attire les foudres de ceux qui ne le font pas. De ceux qui n'osent pas. Même quand on donne, on devient suspect. Si on donne à Haïti, pourquoi on n'aide pas le Pakistan? Si on donne au Pakistan, pourquoi on ne donne pas aux démunis de chez nous? C'est paralysant.
“La scène où le président pète les plombs
et insulte ses collaborateurs pourrait
directement sortir d'enregistrements
secrets de Nixon.”
“Je connais des Haïtiens qui louent leur maison
à des humanitaires et dorment dans leur voiture…”
Vous êtes retourné en Haïti quelques jours après le séisme. Vous étiez alors pessimiste sur la capacité de l'Etat et de la communauté internationale à organiser la reconstruction. Comment voyez-vous l'évolution de la situation ?
J'y suis retourné quatre fois déjà. Et je pense que des scandales vont éclater au grand jour dans les mois à venir à cause de la présence excessive du personnel humanitaire. Le stade de l'urgence est dépassé, et on assiste aujourd'hui à l'installation d'une infrastructure permanente. Les ONG sont trop nombreuses et mal contrôlées. A Port-au-Prince, par exemple, les trois quarts de la capacité hôtelière ont été détruits : imaginez la place prise par ces dizaines de milliers de travailleurs humanitaires. Certains occupent les maisons encore debout de la classe moyenne, qui a par ailleurs tout perdu. Je connais des gens qui louent leur maison à des humanitaires et dorment dans leur voiture.
Vous n'avez pas peur de choquer avec ce discours ?
C'est un constat. L'aspect visuel de cette présence est en soi choquant parce qu'en face il y a des camps et des tentes. Toutes les places de la capitale sont remplies de réfugiés. Combien de temps cette juxtaposition peut-elle durer ? Moi aussi, j'ai fait beaucoup de volontariat, je sais ce que c'est de travailler quatorze heures par jour et d'avoir envie de s'asseoir le soir pour prendre un verre. Ce n'est pas la question. La vraie question est : sommes-nous en train d'employer la bonne méthode ?
Vous craignez l'explosion ?
Le risque d'explosion est latent, et même imminent, à voir certains signes avant-coureurs. Nous sommes même revenus aux pires dérives populistes avec un Wyclef Jean [ex-membre du groupe The Fugees, NDLR] qui a essayé de s'immiscer dans la bataille. Comme si la célébrité, sans le reste, suffisait pour « sauver » Haïti. Mais Haïti ne va pas disparaître. Elle en a vu, des pseudo-sauveurs...
C'est assez, la dictature des jaloux. Il y a plein de bonnes idées qui meurent parce qu'elles risquent de soulever la grogne de ceux qui ont d'autres intérêts. Il n'y a pas une réalisation humaine qui n'attire pas son lot de critiques et de jaloux. La tour Eiffel? C'est laid, ça va défigurer Paris! Pis pourquoi à Paris? Pourquoi pas à Clermont-Ferrand? L'homme sur la Lune? Ça donne rien. Gardons notre cash sur Terre. Pis pourquoi la Lune? Pourquoi pas le Soleil?
Dès qu'on fait un geste, on s'attire les foudres de ceux qui ne le font pas. De ceux qui n'osent pas. Même quand on donne, on devient suspect. Si on donne à Haïti, pourquoi on n'aide pas le Pakistan? Si on donne au Pakistan, pourquoi on ne donne pas aux démunis de chez nous? C'est paralysant.
Doub-Sossis- Super Star
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