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La greve de Malpasse vue sous un autre angle (plus global)!

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La greve de Malpasse vue sous un autre angle (plus global)! Empty La greve de Malpasse vue sous un autre angle (plus global)!

Message  gwotoro Mar 22 Aoû 2006 - 10:46

Je vous invite a lire et a commenter cette analyse de Haiti en Marche, sur la greve a Malpasse, ville situee a la frontiere haitiano-dominicaine.


ECONOMIE & POPULATION

La grève de Malpasse est un événement bien plus important

ANALYSE

PORT-AU-PRINCE, 19 Août -
La question de la grève des camionneurs de Malpasse semble aussi compliquée parce qu'elle focalise sur une seule personne : le directeur de la douane locale. Selon la presse, c'est sa tête qui est réclamée par les grévistes qui ne reprendront pas le travail tant que le directeur Jeantal Clervil ne sera pas retiré de son poste.

En même temps, la direction de la douane centrale (ainsi que les grands milieux d'affaires sous forme de notes de presse en soutien au directeur Jeantal Clervil) mettent en avant les meilleures performances fiscales enregistrées au point frontalier de Malpasse sous l'actuel titulaire.

Mettant donc le gouvernement haïtien au défi de déplacer un fonctionnaire aussi efficace.

Or c'est une question bien plus classique qui se pose à travers ce mouvement de débrayage des camionneurs et conducteurs de " tap-tap " qui est entré dans son deuxième mois et qui affecte profondément les activités à ce point de passage très affairé de la frontière terrestre entre Haïti et notre voisine la République dominicaine.

C'est par Malpasse (Malpaso de l'autre côté de la frontière) que passe le plus grand nombre de passagers et surtout d'articles de consommation s'échangeant entre nos deux pays, dans une proportion d'environ 5 pour 1 en faveur de nos voisins.

Voyagez-vous en conteneurs ou en " tap-taps " !...


Les importateurs haïtiens sont de différents niveaux.

D'un côté les grands circuits, qui alimentent l'industrie, le haut commerce et les supermarchés de la place.

D'un autre côté, les petits marchands, communément appelés " madan sara ", nom donné de tout temps à ces femmes du peuple qui voyagent dans les pays voisins (Bahamas, Curaçao, Panama, Miami et aujourd'hui surtout la République dominicaine) où elles s'alimentent en produits et articles en tout genre qui sont revendus en Haïti à des prix à la portée de toutes les bourses.

Les grands réseaux de distribution traversent la frontière en conteneurs.

Les " madan sara " en " tap-taps " qui sont le transport en commun de la grande majorité.

Et ce n'est pas un hasard si le mouvement de grève des camionneurs n'est pas suivi également par les poids lourds...


Suite de l'article: www.haitienmarche.com

Bonne lecture et vos commentaires svp car ce texte donne l'occasion de partir une bonne discussion sur la gestion de l'economie en Haiti (monopoles, protectionnisme de l'Etat, etc.)


Dernière édition par le Jeu 31 Aoû 2006 - 23:17, édité 1 fois

gwotoro
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Message  gwotoro Jeu 24 Aoû 2006 - 14:14

Je prends la liberte de mettre au complet l'article parue dans Haiti En Marche, car je ne veux pas qu'il soit perdu lorsque la prochaine edition du journal sera mise sur le Net.

Donc, on reprend a la suite du premier message.


[...]
Compétition tout à fait naturelle entre gros et petits commerçants...

Or, disons-nous, la question posée par cette grève n'est autre que ce qu'on voit dans tous les pays du monde. Il ne s'agit pas de la personne d'un directeur de douane. Il s'agit des droits de douane. Quels tarifs ? Comment sont-ils perçus ? Le traitement est-il le même pour tous ? Quel est le rôle de l'Etat au sein de cette compétition tout à fait naturelle entre gros et petits commerçants, entre les grandes surfaces et les boutiques de quartier ?

Les uns doivent-ils éliminer les autres ?

Doit-il être permis aux plus gros de balayer d'un seul coup les plus petits ainsi que les moyens?

Voilà la question qui se pose à Malpasse...

Et l'Etat haïtien ne peut se contenter de faire le dos rond. Car c'est une étape obligatoire de l'évolution du commerce, à la fois national et international. Et plus que du commerce, de l'économie nationale. Et plus que de l'économie, de la survie du consommateur moyen et petit. En un mot des populations.


Les grandes chaînes et les boutiques de quartier...

Nous sommes tout simplement en retard, comme d'habitude, sur le reste du monde. En France, la question a fait la " une ", dans les années 70, lors de l'apparition massive de ce qu'on dénomme là-bas les grandes surfaces, les chaînes Carrefour, Mammouth géant etc., équivalent des Wall-Mart et K-Mart aux Etats-Unis.

On sait que Paris est depuis les temps immémoriaux le modèle par excellence des petites boutiques de quartier. Pas besoin d'aller plus loin que dans la rue en bas de chez soi pour faire le tour du charcutier, du boulanger et du maraîcher et remonter avec son cabas bien rempli.

Est-ce que les grandes chaînes allaient sonner le glas de ce vieux et gai Paris ?

Cela a pu être évité. Grâce à la mobilisation des petits commerçants et des petits métiers (ainsi que de leurs clients, en un mot de la société civile). Et pour finir une intervention adaptée des pouvoirs publics.

Conclusion : les uns et les autres ont pu prospérer de façon harmonieuse, sans plus de conflit et cela par la mise en place d'instruments juridiques et fiscaux permettant de résoudre sinon de prévenir de pareils conflits.

Idem aux Etats-Unis où la question n'a pas été posée autrement. Qui dit mieux, où elle continue de se poser dans un pays où le monde des affaires est plus agressif que partout ailleurs.

Interdiction, par exemple, d'ouvrir des centres d'achats (ou malls) ni même des supermarchés à l'intérieur même des quartiers résidentiels.

Cela encore plus significatif dans des quartiers comme Brooklyn, New York, ou la zone résidentielle de Manhattan où l'on retrouve la même tradition des petites boutiques de quartier qu'à Paris ou à Barcelone ou ailleurs.


L'Etat a un rôle de balancier ...

Ce qui se passe à Malpasse n'est pas très différent. Il y a de la place pour tout le monde dans le système que nous appelons capitaliste, pour les petits et les moyens comme pour les plus gros.

Tout comme à Miami, Macy's et Targett n'empêchent pas de prospérer ce qu'on appelle la " mode boutique " ou vêtements plus originaux cultivés par les dames et demoiselles qui ne veulent pas disparaître dans l'anonymat collectif.

A l'Etat de jouer son rôle de balancier pour permettre aux uns comme aux autres de survivre sans constamment le besoin de s'entre-déchirer.

C'est cela le vrai sens du mot politique, qui veut dire étymologiquement gestion de la cité. Harmonisation des intérêts des différents secteurs, bref des uns et des autres. A quoi d'autre sert l'Etat ? Est-ce à protéger les riches et écraser impitoyablement les plus faibles !

Mettre le ventre de la nation dans un seul panier...

L'Etat doit prendre ses responsabilités. Ne pas le faire, laisser la possibilité aux uns de bouffer les autres tout crû, ou encore mettre le ventre de la nation dans un seul panier, c'est continuer à entretenir les conflits. En un mot, c'est une politique dangereuse et qui nous ramène au règne des monopoles si cher au régime Duvalier.

Bref, c'est le capitalisme renversé ou en négatif.

Cela nous rappelle encore la grande vogue des chaussures féminines made in Haiti dans les années 60, toute la rue Mgr Guilloux transformée en une sorte de Carnaby Street, l'avenue londonienne de la mode où viennent se chausser toutes les belles. Une vive et si riche compétition entre petits artisans locaux de la chaussure...

Mais à laquelle le gouvernement Duvalier mettra fin brutalement en ouvrant le règne des monopoles en tout genre, tuant d'un seul coup les artisans locaux, tuant l'imagination et l'inventivité locales, mais sans ouvrir le pays pour autant à l'ère industrielle.


L'Etat se réfugie dans une sorte d'attentisme...

Dans le conflit de Malpasse, le gouvernement semble hésiter à prendre position. Il le considère probablement comme une manifestation normale de la démocratie dans laquelle nous sommes rentrés officiellement avec les dernières élections (présidentielles et législatives des 7 février et 21 avril 2006).

Le syndicat des camionneurs fait la grève. Il semble bénéficier autant de l'appui des petits commerçants et " madan sara " que de la population locale (Fonds Parisien, localité la plus proche de Malpasse).

La durée du conflit, un peu plus d'un mois, fait monter la tension.

Des escarmouches ont eu lieu tantôt avec des casques bleus de la force internationale de maintien de la paix ou Minustah, tantôt avec la police nationale.

Les associations patronales ont pris également position. Dans leurs communiqués, elles pressent le gouvernement d'intervenir. D'autres considèrent la grève comme un " défi à l'autorité de l'Etat ".

Mais surtout la presse dans sa majorité abonde dans la même position consistant à réduire le conflit à un simple bras de fer entre le directeur de la douane à Malpasse et le syndicat des camionneurs. Ce qui permet de tomber vite dans une sorte de diabolisation des uns ou des autres. Bref renforçant le conflit au lieu d'aider à le dénouer en y apportant un éclairage plus positif et mieux approprié.

Mais l'Etat de son côté ne bouge pas, réfugié dans une sorte d'attentisme. Et après un mois, aucune solution n'est toujours en vue.

Or le problème ne va pas se résoudre tout seul, qu'on soit en démocratie ou non.


N'est-il pas temps de penser à une sorte de New Deal...

Les camionneurs peuvent finir par se fatiguer, surtout avec la rentrée des classes qui approche avec son cortège de préoccupations plus urgentes...

Or le manque à gagner pèse encore plus lourd pour les petits commerçants et leurs transporteurs et autres secteurs connexes, tel les petits détaillants du bas de la ville. Donc les pouvoirs politique et économique peuvent miser sur la fatigue du mouvement.

D'un autre côté, la grève peut dégénérer, comme cela a déjà menacé d'arriver, et la force publique obligée d'y mettre fin. Comme le souhaiterait apparemment une partie du patronat...

Mais ni l'un ni l'autre n'est une solution. Le même conflit rebondira, et sous une forme toujours plus violente...

Alors n'est-il pas temps de penser à une sorte de New Deal à la manière de l'Amérique de Franklin D. Roosevelt ? Une taxation positive, c'est-à-dire en vertu des revenus et des rentrées...

Donc qui ne soit ni " tuatoire " pour les petites bourses, ni éliminatoire pour les commerçants moyens ou petits qui n'en sont pas moins des hommes et des femmes d'affaires et aussi utiles à leur société et à leur pays qu'un autre.


Un Etat paresseux...

Cela tout en maintenant les encouragements financiers et fiscaux à la production et à la création d'emplois. Malgré la confusion entretenue aujourd'hui entre gros commerçant et industriel, sans doute pour bénéficier des franchises !

Mais nous avons un Etat paresseux. De tradition.

C'est bien plus facile de pratiquer un système de taxation généralisé, sans aucune imagination. Une telle politique indiscriminée est bien plus facile pour remplir les caisses du fisc : ne faire aucune différence entre petits et gros, entre riches et pauvres...

Mais indiscriminé ne veut pas vraiment dire sans aucune discrimination.

En effet, lorsque le directeur général des douanes argumente que son collègue de Malpasse a obtenu une importante augmentation des rentrées fiscales, cela ne répond qu'à une partie de la question. Car le contenu de 5 conteneurs équivaut à celui de plusieurs dizaines de tap-taps...

Or plus les exigences fiscales qui sont uniformes se font dures, plus diminue le bénéfice des petits commerçants et par voie de conséquence celui de leurs auxiliaires, dont les camionneurs, et plus seuls les grands réseaux de distribution vont mener la danse, mettant le consommateur local - quel que soit son statut social - le dos au mur.

Et aussi ce sont plus de citoyens qui se retrouvent sans emploi.

Et enfin, plus l'Etat met le ventre de la nation dans un seul panier. Comme on a manœuvré pour l'éviter partout ailleurs, y compris chez nos voisins dominicains.

Quel que soit ce qu'on peut nous raconter, les petits commerçants dominicains en vivent également comme nos " madan sara ", et il suffirait que l'Etat dominicain l'oublie un instant pour qu'il soit rappelé énergiquement à l'ordre par l'électeur. Le citoyen dominicain connaîtrait-il encore mieux ses droits que nous ?



Haïti en Marche, 19 Août 2006


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Message  gwotoro Mar 12 Sep 2006 - 20:27

La grève de Malpasse soulève une grande coalition de l'establishment

PORT-AU-PRINCE, 6 Septembre
- L'affaire de Malpasse s'accélère. La Chambre de commerce et d'industrie d'Haïti demande au gouvernement de mettre fin à l'impasse née d'une grève de camionneurs haïtiens à ce point commercialement stratégique de la frontière entre Haïti et notre voisine la République dominicaine.

Du côté gouvernemental, première réaction officielle depuis deux mois que dure la grève. Le ministre de l'Economie annonce qu'il n'y aura pas de révocation du directeur de la douane de Malpasse. Celui-ci est ciblé par le syndicat des camionneurs de la zone frontalière qui l'accuse de travailler au profit des grands importateurs et de discrimination envers les petits commerçants qui vont également se fournir dans la république voisine.

Le ministre Daniel Dorsainvil rejoint ainsi la position des grandes chambres de commerce qui défendent à cors et à cris le directeur de la douane de Malpasse. Ce dernier, M. Jeantal Clervil, est crédité d'avoir fait passer les revenus fiscaux de 10 millions à plus de 50 millions de gourdes.

Bien que l'on nous ait expliqué que cette augmentation est due aussi à un déplacement de points de taxation pour tout concentrer en un seul endroit, toujours est-il que le même point de vue est défendu à la fois par le ministre des finances, par les grandes chambres patronales... Ainsi que par la Minustah.

En effet, quand nous disons que les choses s'accélèrent, voici en effet qu'on apprend par une dépêche de Associated Press que les troupes de l'ONU sont renforcées au point de passage de Malpasse sur la frontière, et cela, précise la dépêche, en raison des protestations des chauffeurs routiers haïtiens " qui perturbent le commerce entre les deux pays. "

Les chauffeurs protestent depuis juillet contre l'augmentation des taxes à l'importation sur les marchandises transitant par le point frontalier de Malpasse-Jimani, principal axe reliant Haïti à la République dominicaine.

Les manifestants, poursuit Associated Press, ont érigé des barrières à l'aide de pneus enflammés et ont perturbé le trafic par des tirs et des jets de pierres contre les véhicules qui entrent et sortent d'Haïti.

Cependant, souligne l'agence de presse internationale, "aucun blessé n'a toutefois été signalé."

Mais ces violences ont considérablement ralenti le commerce entre les deux pays.

La mission de stabilisation de l'ONU en Haïti (Minustah) essaie donc d'apporter un peu de calme dans cette véritable partie de bras de fer où les principaux acteurs ne manifestent aucune tendance à trouver un compromis.

Est-ce que cela veut dire que la Minustah prend elle aussi position ?

Le représentant spécial de l'ONU en Haïti, le guatémaltèque Edmond Mulet, explique sa décision comme devant venir en aide au gouvernement haïtien pour lequel la nouvelle taxe à l'importation est vitale, citant le président René Préval qui a qualifié les haïtiens qui ne payent pas leurs taxes de " traîtres. "

Reste à savoir bien sûr de quels haïtiens il s'agit ? Pour les grandes chambres patronales qui sont à la pointe du combat pour mettre fin à la grève, il ne peut s'agir que des grévistes.

Tout comme pour les grévistes, ce doit être les gros importateurs. Ceux dont ils accusent le directeur de Malpasse de défendre les intérêts.

Mais s'agit-il tant du directeur de la douane que de la politique qu'il est chargée d'appliquer ?

Or à propos de cette politique, tout le monde semble d'accord. Le ministre des finances, les grandes associations patronales, ainsi que la mission des Nations Unies...

Y compris une bonne partie des médias de la capitale.

Les camionneurs grévistes et les petits commerçants (ainsi que la population de Fonds Parisien, localité proche) qui les appuient, voici donc tout ce monde bien seul. Seul et petit...

Combien de temps pourront-ils encore tenir ?

Comme dit un proverbe américain, " you can't fight the City Hall ", vous ne pouvez pas tenir tête à la raison d'Etat.

Tout au moins ici à l'establishment...

Car c'est tout à la fois le pouvoir politique, le pouvoir économique et le pouvoir international qui mobilisent pour mettre fin à la grève...

Une toute petite grève, par un tout petit secteur, des petits camionneurs, dont les " bogotas " qu'ils conduisent ne peuvent même pas tenir la route crevassée de Malpasse, côté haïtien bien entendu. Autant se demander où vont toutes ces taxes que l'on se félicite d'obtenir depuis l'arrivée du nouveau directeur de la douane locale.

Nous avons déjà dit notre sentiment que, au-delà des petits camionneurs et des petits commerçantes haïtiennes ou " madan sara ", il y va du futur économique d'Haïti.

Peut-on laisser le ventre du pays aux mains d'un seul secteur ?

Au-delà de l'augmentation des revenus fiscaux, l'Etat n'a-t-il pas aussi pour devoir de protéger l'économie du pays sous toutes ses formes et à tous les niveaux de l'échelle ?

Doit-on discriminer contre les moyens et les petits ?

Est-il prudent de laisser la République dominicaine s'emparer de tous les pans de l'économie haïtienne, via les grands importateurs de produits dominicains qui ne pensent naturel-lement qu'à leur profit ?

Pendant que les industries locales dont bon nombre sont situées dans la zone de Cité Soleil, sont abandonnées toutes seules face à l'insécurité. Faut-il abandonner le producteur haïtien, car il s'agit de lui aussi bien que du petit importateur, seul contre la puissante camarilla nationale et internationale ?

Et pourquoi les Etats-Unis ont-ils des législations qui réglementent la dimension des corporations appelées encore lois anti-trust ?

Mais qui plus est, pourquoi les autorités dominicaines font-elles tout pour empêcher l'entrée de nos produits dans leur pays ?


Car ce que cette petite grève de camionneurs aura révélé de plus significatif (oui, je le mets déjà au passé car je ne vois pas comment ces pauvres bougres peuvent tenir encore longtemps face à cette puissante coalition), c'est l'importance primordiale que revêt ce petit bout de frontière, ces quelques arpents sillonnés de montagnes de déchets et de nids de poule (côté haïtien bien entendu), pour les plus puissants de ce pays et d'ailleurs, à voir la coalition qui se mobilise en ce moment pour mettre fin à la grève...

Or qui est le principal acteur après tout. N'est-ce pas la clientèle haïtienne ?

Et cette clientèle c'est qui sinon le petit peuple. Qui consomme le plus les produits dominicains ?

Le même petit peuple cependant dont on ne voit aucune puissance locale, aucun de ces pouvoirs, voler à son secours lorsqu'il est persécuté chez les mêmes voisins dominicains, chassé avec pour seul bagage ses guenilles, quand ce n'est assassiné ou brûlé vif.

Cette grève, que de leçons on peut en tirer, mine de rien...

Mais les camionneurs de Malpasse devraient commencer à réfléchir à deux fois, car on ne peut pas s'opposer indéfiniment à la raison d'Etat.

Un Etat lui-même auquel les grandes chambres patronales ne semblent laisser d'autre choix que de se soumettre. En effet, la Chambre de commerce lui demande de mettre fin à la grève. Mais en même temps qu'il ne faut pas toucher à la tête du directeur de Malpasse.

Devant un tel dictat, de quelle marge de négociation dispose alors l'Etat pour trouver un compromis avec les grévistes...

La Chambre de commerce veut tout à la fois. Et à l'Etat de se démerder...

Comme dit la formule : c'est se soumettre ou se démettre.

Et c'est peut-être la faiblesse apparente de l'Etat qui provoque le pourrissement de la situation à Malpasse.

En même temps, un Etat faible c'est se condamner à d'autres Malpasse. Associated Press note qu'il n'y a eu jusqu'ici aucun blessé.

Mais la prochaine fois, qui sait. Car la grève finira, mais pas les revendications des camionneurs et des " madan sara ". Les producteurs haïtiens et les petits commerçants et importateurs (dont la cause, en l'occurrence, est la même, même si on ne l'a pas encore compris), toutes les petites classes de ce pays qui se démènent comme ils le peuvent pour gagner leur vie, tout cela ne va pas non plus disparaître comme par magie.

Alors, quelle solution !

Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

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