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La décapitalisation de la classe moyenne

2 participants

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Message  gwotoro Mer 14 Fév 2007 - 8:59

La décapitalisation de la classe moyenne

EDITORIAL

PORT-AU-PRINCE, 11 Février
- Lorsque certains ont parlé de classe moyenne dans l'affaire de la Socabank, en voie d'absorption par la BNC (institution semi-étatique), et à l'instigation de la banque centrale (BRH), des commentateurs l'ont automatiquement connecté au populisme duvaliériste ou lavalas.

C'est là une interprétation politique et traditionnelle de la classe moyenne haïtienne.

Il existe aussi une interprétation sous l'angle économique de la classe moyenne. Et nous croyons comprendre que c'est d'elle qu'il serait davantage question dans l'affaire Socabank.

Sans vouloir dédouaner les ex-administrateurs de la Socabank de leurs responsabilités, cependant nos coups de sonde un peu partout, à la capitale comme en province, dans les milieux officiels comme dans le petit commerce, indiquent que c'est une banque qui était plus proche d'une catégorie de citoyens qui n'ont en effet pas facilement accès au crédit bancaire dans notre pays.

Et tous ceux qui ont essayé un jour d'ouvrir une petite entreprise à Port-au-Prince en savent quelque chose.

Haïti est divisée en deux groupes de citoyens. Non, ce ne sont pas les clairs d'un côté et les noirs de l'autre, noirisme et mulâtrisme aujourd'hui c'est dépassé.

Haïti est divisée entre ceux qui ont du crédit et ceux qui n'ont pas de crédit.

Il se peut que la bourgeoisie claire soit plus représentée dans le premier groupe. Mais question de peau question de trop, comme dit la chanson, c'est avant tout une question d'identité.

Qui est connu et qui ne l'est pas ! Qui a un nom et qui n'en a pas.

Citoyens de seconde classe...

Qui est connu ? Dans un pays où l'enregistrement des naissances et autres événements marquant la vie individuelle n'a jamais été pris au sérieux, l'identité reste un immense problème et presque un mystère.

Dans un pays aussi où jusqu'à l'avènement de Jean-Bertrand Aristide en 1991, le citoyen à qui il arrivait de naître à la campagne avait un acte de naissance différent estampé paysan, et donc était automatiquement un citoyen de seconde classe.

Qui va faire du crédit à un citoyen déclaré de seconde classe aux yeux mêmes de la loi ! Tout une classe paria et de génération en génération.

Donc non seulement le problème d'identité existe, mais il est voulu même par le système dominant traditionnel.

Cependant comme dirait Hercule Poirot (le détective d'Agatha Christie), toujours devinez à qui le crime profite !

Donc avant que d'être une affaire de couleur, avant d'en venir aux vieux poncifs noiriste et mulâtriste, la question est d'abord institutionnelle et aussi structurelle...

En effet, l'urbanisation haïtienne suit la même courbe que les registres d'état civil. Les haïtiens à 90 pour cent n'ont pas d'adresse. Nous parlons du peuple de la capitale qui non seulement n'est pas propriétaire de leur domicile mais qui, vu le manque de logements disponibles, vit quasiment en squatters.

Au-delà de la dichotomie classique noirisme-mulâtrisme...

Comment faire du crédit en l'absence de ces deux éléments indispensables : une identité incontestable et une adresse permanente.

Sans oublier les faux actes de naissance, faux permis de conduire, faux passeports etc.

Les Etats-Unis eux-mêmes, patrie du crédit bancaire, ne pourraient en sortir.

Il existe donc une pesanteur à la fois historique et structurelle qui explique cette division des haïtiens en deux classes : ceux qui ont du crédit et ceux qui n'ont pas de crédit.

A présent, tout en bas de ce système bien enraciné institutionnellement et juridiquement, devinez à qui le crime profite ?

Bien sûr au groupe, de toute évidence minoritaire, de ceux qui ont du crédit et qui se reconnaissent parce que ayant les mêmes références. Mais références qui peuvent être aussi bien familiales (le patronyme), que sociales (le rang ou la profession) ou socio-culturelles (la langue). Au-delà de la dichotomie classique noirisme-mulâtrisme.

Mais serait-ce par peur de perdre ce rare privilège, ces derniers s'organisent en un club très fermé.

Qui se ressemble s'assemble !...

Il ne s'agit pas seulement du crédit bancaire impossible même quand vous réuniriez les critères requis...

Il y va aussi de trouver un bâtiment ou local ou espace pour installer une entreprise, que vous débarqueriez de la diaspora avec tous vos équipements et capacités d'investissements, fins prêts ou comme on dit encore chez nous, faits-et-fournis.

Le petit club de la république de Port-au-Prince fait bonne garde et ne lâche pas facilement le morceau.

Oui, à ce niveau des investissements et des petites et moyennes entreprises, la classe moyenne existe. Et l'on peut s'en rendre compte facilement dans la localisation de ces entreprises-là. Comme dit le proverbe, qui se ressemble s'assemble !

Il y a fort à parier que le petit groupe qui a créé la Socabank avait en commun ces mêmes problèmes du crédit exposés plus haut.

L'économie d'entreprises et la banque sont deux entités intimement liées. Les entreprises, quelle que soit leur taille, dans le monde entier roulent toutes aujourd'hui sur le crédit.

Aussi a-t-on été un peu surpris d'entendre questionner, lors de la conférence de presse de la BRH, que quelques gros actionnaires de la Socabank se seraient appropriés plus de 50% des capitaux pour faire marcher leurs entreprises.

Comment faire fructifier les capitaux sinon en les mettant en utilisation.

Ce n'est pas l'utilisation qui fait problème, c'est s'il y a intention de frustrer le déposant.

D'où l'invention aussi du CD (en français dépôts à terme). Vous acceptez de ne pas toucher à votre argent pendant un temps déterminé (disons de 6 mois à 15 ans) pour avoir un intérêt plus élevé. C'est-à-dire vous êtes conscient que votre argent est utilisé et que si vous venez à le réclamer avant l'échéance, c'est vous qui payez une pénalité.

La self entreprise...

C'est si bien organisé dans un pays comme les Etats-Unis, que c'est le crédit qui aujourd'hui vient à vous.

La banque vous invite à prendre une ligne de crédit. C'est une garantie qui vous permet de planifier sur le long terme en évitant les casse-tête de la comptabilité au jour le jour. Une sorte de paratonnerre.

Eh bien, vous ne le croirez pas, le petit haïtien arrivé en Floride de sa province natale en Haïti, en un mot le petit paysan haïtien débarqué voilà quelque 3 ans, peut bénéficier d'une ligne de crédit de 100.000 dollars à X.

En effet, beaucoup d'entre eux y trouvent aussitôt à employer leur spécialité qui est de tondre le gazon et nettoyer les parterres (landscaping). On crée une petite compagnie de jardinage, l'enregistrement se fait comme une lettre à la poste, la ligne de crédit ne tarde pas à venir étant donné que l'ouverture d'un compte en banque est la première démarche quand on débarque là-bas.

C'est ce qu'on appelle le " self employ " ou créer votre propre entreprise...

La self entreprise est en train de représenter près de la moitié de la machine économique américaine.

Dans un pays comme Haïti, où l'Etat et le secteur privé ne pourront jamais arriver, même dans le meilleur des cas, à créer assez de jobs pour la moitié de la population active haïtienne même dans cinquante ans, la self entreprise est une alternative toute indiquée.

Un signe des temps...

Mais où trouver le crédit quand on n'a pas les bonnes références ?

Il faut donc des banques pour la classe moyenne. Mais au sens du big middle class américain...

Des banques qui sortent du petit cercle de ceux qui ont (dès l'origine) du crédit pour intégrer aussi ceux qui n'ont pas de crédit. Ou du moins qui font un réel effort pour vaincre les blocages institutionnels et structurels qui l'empêchent.

De telles banques sont nécessaires pour une intégration de la diaspora à l'économie locale.

Et indispensables pour une véritable relance et un développement à l'échelle nationale qui ne soit pas éternellement aux crochets de la manne internationale. Et à la mesure d'une Haïti démocratique.

Aussi les remous provoqués par l'affaire Socabank dans les rangs des sénateurs de la république, qui sont en majorité d'origine classe moyenne ou peuple, loin d'être traités par la dérision, pourraient constituer plutôt un signe des temps.

Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince


Dernière édition par le Lun 19 Fév 2007 - 19:01, édité 1 fois

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La décapitalisation de la classe moyenne Empty Re: La décapitalisation de la classe moyenne

Message  Rodlam Sans Malice Mer 14 Fév 2007 - 23:00

"Nou konnen pou gen rezon devan krass fok ou benyen"Et nou konnen tou tankou Bayas te konn di au cap :"la raison du plus fort est toujours la meilleure."

Wi fok nou genyen bank pa nou pou nou tout ka jwen youn kredi lè nou beswen swa ashte youn kay ou byen ouvri youn ti biznis.Men fok moun ki manajè bank yo pa prete preske tout kob ki depose nan bank lan antre yo a youn to pi ba ke to mashe ya epi lè fini pou yo ba moun kout ponya ak lanjan yo anko. Sa se eskrokeri.

Se pa pase youn moun kreye youn bank ki di ou ka fè e de fè ak lajan moun depose nan bank lan. fok genyern reglèman ke tout bank dwe obeyi.Se dwa bank santral la poul siveye tout move kou pou vagabon pa fè dap piyan sou lajan moun tankou zafè koperativ yo.

Wi se vre oligashi ya ka vle kraze bank lan pwiske se bank malere ak klass moyenn pou se yo sel ki ap mennen nan peyi dessalines lan.Nou konnen byen ki bwa yo shofé;men fok nou obeyi lwa ki reglemante indistri bank lan tou.Si apre enspektyon yo twouve magouy nan administratyon bank la; yo mande pou direktyon bank la korije defisi yo ,epi nou kontinye ap fè menm move tranzaktyon yo;la nou paka di se abi yap fè nou.Se komsi map fè 80 sou youn wout ki mande youn vistess 60 epi genyen lot moun ki ap fel tou men se mwen polis la kenbe ;wi li ka genyen prejidis kont mwen swa pou koulè mwen ou byen paske map kondwi youn mashinn ke li pa ka ashte ,men mwen paka di li fè m abi ;se mwen ki te pou konnen pou m pat depase vitess ki poste sou wout la.
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