Un policier haïtien accusé de crime de guerre par le Canada

Maximo Jeu 12 Mai 2011 - 7:54

Immigration/Justice : Un policier haïtien accusé de crime de guerre par le Canada

Mardi, 10 Mai 2011 18:21

L’Haïtien Midi Cyrille Henry, policier depuis 1995 en Haïti, est dans le collimateur des autorités canadiennes, selon ce qu’a rapporté Cyberpresse, ce mardi 10 mai 2011. Alors qu’il voulait immigrer au Canada, M. Henry a été informé par le secrétariat de l’ambassade qu’il est accusé de « crime de guerre contre l'humanité » par ce pays. Une accusation qui a basculé sa vie.

Quand on reçoit une telle lettre, on est vraiment en état de choc. D'être montré du doigt pour des crimes de guerre que l'on n'a pas commis, ça laisse un goût amer, et pour très longtemps. Si je suis vraiment un criminel de guerre, pourquoi le Canada laisse-t-il les choses comme ça? Ne devrait-il pas me traduire devant le Tribunal pénal international ou quelque chose?», s’est estomaqué cet agent de la Police nationale d’Haïti (PNH).

«Venir au Canada, pour moi, c'est devenu secondaire. Ce qui m'importe, c'est de blanchir ma réputation devant un gouvernement qui m'a faussement accusé», a ajouté M. Henry.

« Je ne crois pas qu'un seul Canadien accepterait docilement que lui, sa sœur, sa mère, son père, son cousin, son gendre ou son fils soit "interdit de territoire" et, du coup, stigmatisé comme "auteur ou complice de crime de guerre ou crime contre l'humanité" en raison de leur "implication dans la police" sans que personne ne puisse dire de quoi on les accuse exactement... sans qu'ils puissent même être mis à procès et jugé», s’est aussi offusquée une cousine de Midi Cyrille Henry. Celle-ci vit au Canada dès l’enfance.

Les autorités canadiennes de l’Immigration n’ont encore fourni des explications claires sur cette accusation. « Un individu ayant commis des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre à l'extérieur du Canada est inadmissible au Canada», ont-elles seulement indiqué dans un courriel officiel.

«Le Canada décide de façon souveraine de ceux qu'il admet ici et il n'hésite pas à y aller de catégories très larges de criminalité par association, a rappelé François Crépeau, professeur titulaire à la faculté de droit de l'Université McGill, faisant remarquer que la police haïtienne n'avait pas la meilleure des réputations particulièrement en 1995. Souvent, l'argumentaire fourni ne fait pas sérieux, mais, à la limite, le Canada pourrait même ne pas se justifier du tout.»