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Haiti en Marche: Une promesse equivoque de Bush

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Message  gwotoro Mar 15 Mai 2007 - 22:52

Une promesse équivoque du président Bush :

Le vote d'une nouvelle loi sur l'immigration peut prendre encore plusieurs années...

ANALYSE

PORT-AU-PRINCE, 12 Mai
- Le président George W. Bush a promis de prendre en considération le cas des ressortissants haïtiens vivant illégalement aux Etats-Unis.

Lors de la visite du président René Préval, le mardi 8 mai dernier, à la Maison Blanche, la question a été soulevée. Voici quelle a été la réponse du premier mandataire américain :

" Le président (Préval) a manifesté une certaine préoccupation concernant le statut des haïtiens vivant ici aux Etats-Unis. Moi, je l'ai assuré que je travaille d'arrache pied pour faire adopter par le Congrès une loi globale sur l'immigration cette année. "

Deux phrases plus loin, M. Bush revient sur la question : " Monsieur le président, avec du travail et de la bonne volonté je crois qu'on va arriver à voter une loi sur l'immigration qui va satisfaire vos préoccupations. "

Cependant des gens bien informés peuvent vous dire que M. Bush n'a pas répondu vraiment à la question.

En effet, il parle d'une nouvelle loi sur l'immigration qui est pendante depuis de très longs mois devant le Congrès américain. " Une loi globale sur l'immigration. "

Le TPS s'accorde par décret présidentiel...

Or la demande concernant les haïtiens c'est le TPS - ou Statut de protection temporaire, qui n'est pas accordé par le Congrès, mais par le président des Etats-Unis lui-même.

C'est une décision qui est à la discrétion du chef de l'exécutif américain. Ce qu'on appelle un " executive order " (un ordre de l'exécutif), en un mot une sorte de décret présidentiel.

Voilà la mesure que les amis des haïtiens à Washington, dont des congressmen du Black Caucus (Alcee Hastings, Kendrick Meek), tentent depuis plusieurs mois d'amener le président Bush à prendre en faveur des ressortissants haïtiens sans papiers.

Ceux-ci ne sont pas plus de 30.000 qui vivent aujourd'hui sous la menace constante de déportation par une immigration américaine qui multiplie sans arrêt les descentes de lieux. Des dizaines sont débarqués tous les mois à Port-au-Prince au sein de ce qu'on appelle couramment ici et pêle-mêle les " déportés. " Certains auraient été aux Etats-Unis depuis dix ans déjà, travaillant dur, payant des taxes, procréant. Certaines mères sont forcées d'abandonner leurs enfants nés aux Etats-Unis, sans savoir ce qu'il adviendra d'eux. Donc, un cas humanitaire aussi s'il en est.

Préval également sous pression...

M. Préval lui aussi a été sous pression : des congressmen du Black Caucus et activistes haïtiens-américains ont fait plusieurs fois le voyage à Port-au-Prince pour le presser d'adresser cette demande à son homologue américain.

Car officiellement la sollicitation doit venir du président du pays concerné, établissant que vu les circonstances (en l'occurrence la crise économique haïtienne endémique), il est recommandable de différer le retour de ces citoyens dans leur pays natal, le temps pour ce dernier de reprendre un peu son souffle.

A ce sujet, M. Bush admet (toujours dans sa déclaration) que Haïti se trouve encore à ce stade d'observation. Nous citons : " Monsieur le président, vous avez la tâche la plus difficile au monde, parce que vous devez amener la prospérité et la sécurité dans votre pays. "

Et de répéter avec encore plus d'emphase : " Il reste encore beaucoup à faire. Il y a beaucoup de progrès qui ont été réalisés : la situation sécuritaire s'est améliorée, l'inflation baisse, les exportations augmentent. Il y a beaucoup de travail encore à faire, mais monsieur le président, je voudrais vous féliciter d'avoir instauré l'Etat de droit en Haïti, de lutter contre la corruption, et sachez que les Etats-Unis veulent vous aider. "

Le moment semble donc idéal.

De son côté, le président Préval a réussi mieux que d'adresser une demande officielle au président américain (ce qui ne l'empêche pas non plus de le faire désormais noir sur blanc puisque le débat est ouvert), car la cause est désormais de notoriété publique.

Le vote d'une nouvelle loi sur l'immigration peut prendre encore plusieurs années...

Cependant revenons à l'essentiel : la réponse du président Bush ne correspond pas vraiment à la demande qui lui est adressée. Le TPS n'est pas du ressort du Congrès qui vote les lois, mais essentiellement un privilège du chef de l'exécutif américain. Quitte par celui-ci de rechercher l'agrément du Congrès à sa décision. Mais c'est du président des Etats-Unis que doit partir l'initiative.

C'est de cette façon que le " Statut de protection temporaire " a déjà été accordé à des ressortissants de pays d'Amérique centrale pour cause de guerre civile ou de catastrophe naturelle (Salvador, Guatemala etc). C'est un statut provisoire, donc que le président des Etats-Unis peut renouveler à sa discrétion ou non, selon l'évolution de la situation dans le pays concerné.

Par contre, aucun accord n'a toujours été trouvé sur le projet de nouvelle loi sur l'immigration qui peut donc prendre encore plusieurs années pour être voté par un Congrès très divisé à ce sujet, principalement entre conservateurs ou récalcitrants qui font obstruction à toute forme d'amnistie pour les millions de sans papiers de toutes nationalités actuellement dans le pays d'un côté, et de l'autre libéraux et pragmatiques qui n'arrivent pas à s'entendre sur un équilibre entre le besoin que le pays a de cette nouvelle force de travail donc moins regardante et quel statut donner aux nouveaux arrivants. Depuis le 11 septembre 2001, on se veut encore plus sélectif pour le choix des nouveaux citoyens américains.

Cependant pour les haïtiens, le temps presse. La pression augmente quotidiennement sur nos 20 à 30.000 " undocumented " sujets à déportation.

Interdire les voyages clandestins...

Mais de notre côté aussi, nous pensons que certaines décisions devraient être prises qui peuvent faciliter la tâche au président américain et le conduire à cette décision tant souhaitée par la communauté haïtienne.

Primo, il est hors de question que cela arrive au même moment où une nouvelle vague de boat people haïtiens domine l'actualité, avec des cauchemars comme celui survenu le 4 mai dernier en face des îles Turks and Caicos où 61 haïtiens finissent sous les dents des requins de la Caraïbe.

Une telle décision serait alors interprétée comme une carte blanche donnée à une émigration massive des haïtiens vers les Etats-Unis et serait impopulaire, particulièrement dans l'électorat conservateur de M. Bush.

Et aussi comme une récompense aux passeurs qui se font payer grassement pour assurer le transport de ces malheureux parqués comme des sardines dans des coques de noix en guise d'embarcations.

Le gouvernement haïtien se doit donc de faire encore quelque chose, soit par des mesures socio-économiques auprès des populations les plus vulnérables, soit en interdisant rigoureusement les voyages clandestins...

On sait que ni l'un ni l'autre n'est guère évident, mais faute de quoi on peut faire son deuil du TPS.

D'un autre côté, ce dernier viendrait renforcer la stabilité de la communauté haïtienne aux Etats-Unis. Et ce serait tout profit pour le pays natal dont on sait que l'économie est portée à bouts de bras par ses enfants expatriés.

Haïti en Marche, 12 Mai 2007

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