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Message  Joel Lun 25 Fév 2019 - 5:52

Haïti: le pays dépossédé
http://ledevoir.com/opinion/editoriaux/548435/haiti-le-pays-depossede
Guy Taillefer
22 février 2019
Éditorial

Le développement d’Haïti n’a jamais été entre les mains des Haïtiens eux-mêmes. Sinon peut-être, brièvement et partiellement, sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide, renversé sous parrainage international en 2004. De fait, la pseudo-transition inaugurée par ce coup d’État se trouve à avoir dénié depuis quinze ans aux Haïtiens le droit à l’exercice de leur souveraineté nationale.

Un déni de souveraineté auquel les élites du pays et les capitales étrangères (Washington, Paris, Ottawa…) se sont moins que jamais donné la peine de mettre un vernis démocratique en installant Jovenel Moïse au pouvoir, fin 2016, à l’issue d’élections épouvantablement bancales. « Un mensonge monté de toutes pièces », disait l’écrivain Lyonel Trouillot dans une entrevue, un mensonge par lequel un président nommé d’avance serait reconnu non pas par la population haïtienne, mais par ceux qui l’ont fabriqué.

De ce mensonge, les Haïtiens sont de moins en moins dupes, si l’on en juge par les manifestations qui ont fait trembler Port-au-Prince ces dernières semaines — des manifestations qui, au demeurant, succédaient à celles de l’été dernier quand la rue s’était soulevée contre la hausse des prix des carburants, réclamée par le FMI à des fins de rationalisation budgétaire.

C’est dire que M. Moïse a insulté l’intelligence du peuple la semaine dernière en déclarant, face à la colère montante des Haïtiens contre l’injustice sociale et la vie de misère qu’ils sont contraints d’endurer : « Je ne laisserai pas le pays aux mains des gangs armés et des trafiquants de drogue. » Comme si l’opposition était sans crédibilité et que sa présidence ne souffrait pas de la moindre illégitimité ; comme s’il avait mis fin aux politiques de corruption à grande échelle et d’impunité pour les proches du pouvoir pratiquées par son mentor et prédécesseur Michel Martelly ; comme si le scandale du fonds PetroCaribe était une vue de l’esprit.

Homme d’affaires, Jovenel Moïse a été p.-d.g. d’Agritrans, la première zone franche agricole du pays. Et à ce titre, il incarne en tout point le modèle d’assujettissement néolibéral qui enfonce les Haïtiens dans la pauvreté. Un modèle qui vise, ainsi que le résumait un reportage du Monde diplomatique, à favoriser des « leviers de croissance » — tourisme, industrie minière et industrie de sous-traitance — « en ouvrant toujours plus de zones franches » censées procurer des emplois aux Haïtiens.

Sauf que, sous le couvert des discours humanitaires, ce sont des emplois qui, dans les faits, sont payés des salaires de crève-la-faim. Dans les faits, c’est un modèle de développement qui, fondé sur la dérégulation des circuits commerciaux, étrangle par ailleurs le monde agricole, qui fait pourtant vivre la moitié de la population. Exemple probant : la déréglementation, depuis 1994, du marché du riz, par laquelle le riz américain a inondé le marché haïtien. Résultat : inflation, insécurité alimentaire, dépendance aux marchés extérieurs.

Les touristes québécois sont rentrés, la crise demeure. Pays aux structures cassées, chapeauté par un non-État, doté d’« élus » pour qui la vie politique se résume à une opération d’enrichissement personnel… Mercredi, dans un reportage paru dans Le Devoir, l’écrivain Michel Soukar voulait croire que les événements des dernières semaines étaient le signe que « nous sommes à un carrefour dans l’histoire de notre pays ». Prenons acte. Planté là, au milieu du carrefour : Jovenel Moïse, avec sa clique et ses complices

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Message  Joel Mar 26 Fév 2019 - 13:07

Si w te bezwen konnen sa ki ap pase ann AYITI vre,se sou media LANG ANGLE yo pou w ale.
Anpil lan MEDIA LANG FRANSE yo,se DISKOU 2003,2004 yo ke GOUVENMAN FRANSE yo t ap pwopaje,se sa yo t ap kontinye di.

Yo te yon "outlet" pou GNBis yo.
Eske sa komanse ap chanje.
Li yon ATIK MEDIAPART ki ase ENPOTAN lan PEYIZAJ FRANSE an:



Haïti, un exemple pour la France?
22 févr. 2019
 Par Martin Gall
 Blog : Le blog de Martin Gall

Haïti a créé la première République noire de l'Histoire en 1804, en s'opposant à la France. En 2019, aurons-nous une deuxième révolution ? Commencée bien avant le mouvement des "gilets jaunes" en France et les manifestations au Venezuela, la protestation serait-elle en train de terminer la révolution haïtienne commencée en 1804 ? La France aurait alors une sérieuse leçon de démocratie à méditer.


1804 – 2019 : cela fait plus de deux siècles que la République d’Haïti a proclamé son indépendance, au risque de déplaire à la France, son ancien colonisateur esclavagiste. Le peuple haïtien, fier de ses capacités, a décidé que la France ne détenait aucun droit sur un pays qu’elle avait conquis de force après l’extermination des indiens Taïnos par l’Espagne, et qu’elle avait exploité au moyen d’esclaves noirs, déportés d’Afrique. La République d’Haïti, première république noire libre au monde, est ainsi née d’une leçon magistrale infligée à la France.

En théorie, la France aurait dû être favorable à l’indépendance d’Haïti. Elle avait proclamé, dans sa déclaration solennelle de 1789, que les droits de l’homme sont « naturels, inaliénables et sacrés » (préambule) et que « ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression » (article 2). Elle avait aboli l’esclavage par un loi en 1794.

Mais en pratique, la France n’appliquait pas sa propre déclaration en Haïti : Napoléon avait en effet rétabli l’esclavage en 1802, refusé la constitution haïtienne proposée par Toussaint Louverture, et enfermé celui-ci dans un fort où il allait mourir en 1803. Il a fallu attendre le décret de Victor Schœlcher en 1848 pour que l’esclavage soit officiellement aboli en France et dans ses colonies.

On comprend pourquoi une armée haïtienne indépendante s’est reconstituée en 1802 avec Pétion, Dessalines et Christophe, afin de combattre la France et d’obtenir l’indépendance de la République d’Haïti en 1804. C’était une question de dignité, de principes juridiques et d’égalité entre les peuples. Retournant contre la France sa propre déclaration des droits, les Haïtiens ont fait une première « révolution noire contre la révolution blanche », en quelque sorte.

La révolution haïtienne était-elle terminée grâce à l’indépendance de la nouvelle république ? L’Histoire qui allait suivre montre le contraire. Aujourd’hui encore, de nombreux Haïtiens estiment que la liberté conquise en 1804 en théorie ne s’est toujours pas réalisée en pratique. Les choses n’ont-elles donc pas changé ?

En décrivant le passé, on croit lire une description du présent. Pourquoi la France ne respectait-elle pas, en 1802, sa propre déclaration des droits de l’homme ? Parce qu’elle avait des intérêts stratégiques et financiers à maintenir son influence sur cette partie de l’île d’Hispaniola. Si la France du XVIIIe siècle appelait ce pays « la perle des Antilles », c’est parce qu’il était sa plus précieuse conquête, et lui apportait le maximum de richesses, grâce à une exploitation inhumaine des esclaves dans les mines d’or et les plantations de canne à sucre. Au nom de l’économie, la France a donc bafoué très tôt les droits de l’homme qu’elle prétendait proclamer.

L’Etat haïtien aurait-il donc pris le relais de l’ancienne puissance coloniale française ? Le fait est qu’il reste sous l’influence de plusieurs pays étrangers, dont la France et les Etats-Unis, qui lui font maintenir une oppression de la population, au mépris des droits de l’homme.

Les manifestations qui secouent le pays depuis juillet 2018 dénoncent la « vie chère » et la faim, mais aussi la corruption de l’Etat, qui obéit à des intérêts particuliers au lieu de mettre en œuvre des mesures concrètes, dans l’intérêt général de la population. Le détournement des fonds Petrocaribe, issus du pétrole vénézuélien, est le dernier scandale qui a mis le feu aux poudres. Car cet argent devait servir à des hôpitaux, des écoles, des routes et des stades, mais il a disparu on ne sait comment. Lorsque le gouvernement augmenta les prix de l’essence en juillet 2018, ce fut la goutte qui fit déborder le vase de la colère. Les gens envahirent la rue et protestèrent autant contre la pauvreté que contre la corruption.

Cette protestation se répéta. Trois mois après le début des manifestations en Haïti se produisit une coïncidence troublante en France : la protestation des « Gilets jaunes » contre la hausse du prix de carburants, contre la pauvreté croissante de la population et contre la concentration de la richesse nationale dans les mains de quelques-uns, avec la complicité d’un Etat obsédé par le business.

On pourrait objecter qu’il n’y a aucun rapport entre Petrocaribe et les gilets jaunes. Les Haïtiens en font un, pourtant. Ils ont une certaine sympathie pour le mouvement social français. Ce mouvement les encourage à lutter, car ils savent que le combat est le même : pour la dignité, l’égalité des droits, la démocratie, l’éthique et la transparence ; contre la pauvreté, l’oppression, les inégalités et la corruption.

Peuple lucide et cultivé, les citoyens Haïtiens savent très bien qu’ils sont placés depuis des décennies sous la dépendance de pouvoirs politiques et économiques sans scrupules. Au niveau national, ils jugent que l’Etat se sert au lieu de servir, et qu’il trouve ses moyens d’agir auprès de certains hommes d’affaires et chefs de gangs, dont le seul but est d’affaiblir la population en l’affamant et en lui faisant payer tout bien et tout service au prix fort. Boire de l’eau, manger du riz, se faire soigner, aller à l’école sont devenus des luxes, tant les salaires sont insuffisants ou absents et tant l’inflation galope.

Au niveau international, ce n’est pas mieux. Les Haïtiens savent très bien que le Core Group, qui soutient le président actuel et son gouvernement, n’est qu’un groupe d’influence constitué par des représentants de puissances étrangères historiquement implantées en Haïti. Ils savent très bien que les Etats-Unis sont la dernière puissance post-coloniale à avoir imposé sa loi en Haïti (1915-1934). Ils savent très bien que l’Etat français fait partie du Core Group , mais que la population française en ignore tout, puisque les médias la bercent par une image misérabiliste d’Haïti depuis le séisme de 2010 et qu’elle se débat elle-même avec ses propres problèmes sociaux. Ils savent très bien que leur mouvement social ressemble aux manifestations du Venezuela et à celui des gilets jaunes en France.

En Haïti comme en France, la confiance dans les dirigeants politiques est perdue. L’Etat, le gouvernement et le parlement sont encore élus, mais par une faible partie de l’électorat, et ne parviennent plus à rétablir la confiance et à légitimer leur autorité.

Le moment n’est-il pas venu, alors, de rétablir des liens d’amitié entre les peuples, puisque les Etats ne les représentent plus ? Le problème est que le peuple haïtien peut chercher longtemps, il ne va pas trouver beaucoup de signes d’un rapprochement entre les peuples, condition indispensable à un rapprochement entre nations qui ne soit pas seulement une façade diplomatique. Les Français connaissent souvent mal Haïti, dont les médias ne leur parlent qu’à l’occasion de séismes ou d’ouragans, pour provoquer une curiosité provisoire ou une générosité passagère en direction d’un peuple présenté comme miséreux.

On comprend pourquoi, dans ces conditions, la France n’est pas encore apparue comme un partenaire potentiel au cours des manifestations contre la corruption et la pauvreté. La France n’a rien fait pour aider la population haïtienne. Elle s’est contentée, avec faiblesse et lâcheté, d’emboîter le pas du Core Group et de soutenir le pouvoir en place, malgré sa corruption évidente et son inaction coupable. Parce que les Haïtiens parlent créole et savent qu’ils partagent une culture latine avec la France, ils sont restés amis avec les Français. Mais ils ne comptent pas sur l’aide de la France. Dans les manifestations, on a vu qu’un drapeau américain a été brûlé, qu’un drapeau vénézuélien a été brandi, et que certains manifestants ont réclamé l’aide de la Chine ou de la Russie.

Les Haïtiens l’ont bien compris : s’ils ont besoin d’argent provisoirement, pour relever le pays et pour prouver qu’ils vont le rembourser parce qu’ils en sont capables, ils ne vont pas réclamer cet argent à la France, et encore moins aux Etats-Unis, dont le président a des propos méprisants pour eux. Ils vont le réclamer aux pays qui ont intérêt à prendre des parts de marché en Haïti, et qui ont déjà commencé à le faire. Ils achètent quelques biens et services français, du riz américain, mais ils roulent tous sur des motos chinoises.

Que doit faire la France , alors ? Certainement pas renouer avec son passé colonial, qui a laissé des traces douloureuses dans la mémoire des Haïtiens. Une plaie toujours pas fermée. Une plaie maintenue vive, même après l’indépendance d’Haïti, par des pressions ignobles dont la France ne s’est jamais excusée.

Par exemple, lors du traité de Vienne (1815), la France a considéré que la « Révolution haïtienne » avait eu pour effet de « spolier » les propriétés des anciens colons et que, par conséquent, si Haïti voulait conserver son indépendance, il lui fallait payer une dette énorme à la France. Cette dette pesa très lourdement sur l’économie du pays, qui dut la payer pendant 68 ans (1825-1883), et dut se relever de cette épreuve en contractant des emprunts auprès de la France, puis des Etats-Unis. Dès cette époque (fin du XIXe siècle), l’économie du pays fut fragilisée, notamment par les banqueroutes de l’Etat et par l’enrichissement des intermédiaires des emprunts. La population haïtienne fut la grande oubliée.

Autre exemple de pression, insidieuse celle-ci, de la France sur Haïti : le fait que la langue officielle de l’Etat, des tribunaux et des affaires est restée le français, toujours présent aujourd’hui malgré l’influence des Etats-Unis et de la langue anglaise dans le business. Le français, utilisé comme langue écrite officielle, est devenu un instrument de domination des plus puissants et des plus riches, à l’encontre d’une population parlant majoritairement le créole, sans toujours savoir l’écrire.

Dernier exemple en date, visible celui-ci : les messages de soutien apportés par la France, en accord avec le Core Group, au Président Jovenel et à son gouvernement, en plein milieu d’une crise sociale majeure où la population proteste massivement contre l’inaction et la corruption de l’Etat. C’est ce qui s’appelle jeter de l’huile sur le feu. Le résultat est catastrophique : Jovenel et son gouvernement se sentent encouragés à ignorer le problème social et économique, à continuer une gouvernance corrompue ; les opposants politiques, eux aussi, reçoivent par avance le message que s’ils sont placés un jour au pouvoir, ils bénéficieront également d’un soutien inconditionnel du Core Group et pourront continuer cette gouvernance inique et corrompue.

Alors, si la France voulait jouer un rôle positif aujourd’hui par rapport à ce passé peu glorieux, que devrait-elle faire ? Donner des leçons sur la meilleure politique à mettre en œuvre ? Il faudrait d’abord qu’elle prouve elle-même que sa politique est bonne et que les gilets jaunes ne lui ôtent pas, en ce moment, toute légitimité pour parler. De plus, si la France a eu tort de s’ingérer dans les affaires politiques d’Haïti via le Core Group, on pourrait encore lui reprocher son ingérence si elle se mettait à donner à Haïti des conseils de politique intérieure.

Il ne reste donc pas beaucoup d’options pour la France. Mais cette situation peut, justement, devenir une opportunité inédite pour redonner un rôle positif à la France en Haïti et, peut-être, réparer ses fautes passées. La seule possibilité semble être que la France renonce définitivement à toute ingérence, non seulement en théorie, comme elle l’a fait pour l’esclavage, mais aussi en pratique, comme il convient de le faire aujourd’hui. Car le peuple français, comme le peuple haïtien, ne supportent plus les grands discours néo-libéraux, suivis d’un renforcement des inégalités et de la pauvreté. Ils veulent des actes concrets, qui permettent de prouver que la Révolution et les Droits de l’homme n’étaient pas qu’un espoir trompeur.

La France peut saisir cette chance, et retrouver un rôle diplomatique de premier plan aux yeux des Haïtiens, si elle est la première puissance à soutenir Haïti, non pas en vue de remporter des contrats juteux pour des hommes d’affaires avides, mais pour mettre en place les conditions permettant au peuple d’achever enfin la Révolution qu’il a commencée en 1804.

Que veut dire, pour la France, achever la Révolution haïtienne, qui s’est inspirée de la Révolution française et s’en est affranchie ? Rien d’autre que de soutenir les efforts des Haïtiens eux-mêmes pour reconquérir leur souveraineté populaire, malgré le pouvoir corrompu qui est en place et malgré certains opposants corrompus qui ne critiquent le pouvoir actuel que pour le remplacer et continuer la même corruption.

Pourquoi soutenir un président auto-proclamé au Venezuela, contre ce qui semble être une dictature, et en même temps ne pas soutenir une population entière en Haïti, contre un gouvernement corrompu et autoritaire ? Si la France soutient à égalité les peuples dans leur effort pour la démocratie, elle doit cesser de prendre parti pour l’Etat et contre le peuple haïtien. Elle doit rester neutre, se détacher du Core Group et se ranger sous l’égide des Nations Unies et de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme. Elle doit assister et soutenir la transition démocratique haïtienne, sans jamais l’orienter. Elle doit savoir rester à sa place. A côté du peuple haïtien, et non au-dessus.

Alors seulement, le peuple haïtien pourra percevoir la France comme une grande nation, et percevoir cette grandeur comme une volonté de collaboration, d’égal à égal, entre les Etats et entre les peuples. Alors seulement, la France méritera le prestige et la sympathie dont le peuple haïtien a bien voulu lui faire honneur, malgré les erreurs du passé colonial.

Ce que le peuple haïtien attend et que la France doit comprendre, c’est un renouvellement complet du personnel politique, de la gouvernance et de son éthique. Ce renouvellement touche aussi la politique extérieure de la France, qui doit changer du tout au tout et effectuer, elle aussi, sa révolution interne. La France doit cesser de jouer les donneurs de leçons et les maîtres absolus. Elle peut tout au plus, et ce sera heureux, contribuer à une nouvelle gouvernance éthique en Haïti. Dans une discussion d’égal à égal, la France s’apercevra alors qu’elle a beaucoup à apprendre d’un peuple lucide, cultivé et généreux, qui est peut-être en train de réussir une révolution qu’elle n’a pas su terminer elle-même.

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Message  Joel Mar 5 Mar 2019 - 11:40

Un autre article de LE DEVOIR de MONTREAL


En Haïti, un Mardi gras sous surveillance
[Amériques]

La plupart des célébrations du Kanaval ont été annulées en raison des manifestations des dernières semaines.
Photo: Hector Retamal Agence France-Presse La plupart des célébrations du Kanaval ont été annulées en raison des manifestations des dernières semaines.

Philippe Renaud
Collaborateur
5 mars 2019
Amériques

Ç’aurait dû être jour de liesse dans les rues d’Haïti. Le Kanaval, fête populaire carburant aux merengues carnavalesques, aux danses, aux chars allégoriques et au défoulement collectif, le moment pourtant tout désigné pour, le temps de quelques jours, oublier tous ses tracas, sera exceptionnellement tranquille en ce Mardi gras, conséquence des soulèvements populaires des dernières semaines contre le président, Jovenel Moïse.

En cette importante période du calendrier haïtien, la population n’a pas le coeur à la fête : si Jacmel, capitale culturelle haïtienne, a malgré tout — et malgré l’absence des nombreux touristes qui y affluent habituellement — organisé son célèbre carnaval le 24 février dernier, le grand Carnaval national qui devait avoir lieu aux Gonaïves a été annulé. À moins d’un revirement de dernière minute, celui de Port-au-Prince le sera aussi. Certaines autres fêtes organisées par les municipalités (aux Cayes hier, par exemple) ont pu surmonter la grogne populaire, avec néanmoins un succès tiède selon les informations rapportées par les médias locaux.

« La société civile ainsi qu’une majorité d’artistes se sont mobilisés pour faire annuler le Kanaval en signe de protestation contre tout ce qui se passe en ce moment », observe le compositeur, remixeur, DJ et pionnier du rara house Gardy Girault, qui se produira à Montréal le 22 mars. « C’est une manière de dire : n’essayez pas de faire dévier la conviction que nous avons que les choses doivent changer dans le pays. On ne veut pas de distraction, on garde le focus sur le changement qu’on demande, sur les explications concernant l’argent perdu dans [le scandale de la dilapidation de 5 milliards de dollars canadiens du Fonds] PetroCaribe, on veut des solutions, on veut des propositions durables. Trois ou quatre jours de carnaval, ce n’est pas notre priorité, maintenant. »

Ainsi, la population, appuyée par une majorité d’artistes, dont les importants orchestres kompa T-Vice et Djakout #1, lesquels se sont abstenus de diffuser leurs merengues carnavalesques cette année, se retient de célébrer le Kanaval en raison de la « situation d’instabilité sociale et du déclin économique extraordinaire », assure Girault.

« C’est une tradition qui perdure depuis très longtemps, qui se déroule chaque année ; si le carnaval n’a pas lieu, ça signifie que le pays souffre, en quelque sorte », abonde le compositeur et DJ Michael Brun, qui, après s’être fait un nom sur la scène house internationale, présentera vendredi à la Société des arts technologiques (SAT) son projet Bayo, fusionnant rythmes et chants populaires de son île natale avec les tendances électroniques de l’heure. « De mon vivant, je n’ai jamais connu l’annulation du carnaval. »

Si la majorité des musiciens unissent leurs voix à celles des citoyens, une minorité d’entre eux, affirme Gardy Girault, « ne voient pas les choses de la même façon ; selon eux, le carnaval est nécessaire puisqu’il suscite de l’activité économique ». Ainsi, jeudi dernier, une coalition d’orchestres — Boukman Eksperyans, RAM, Barikad Crew, Kreyòl La, entre autres — a tenu une conférence de presse pour défendre la tenue du carnaval, lequel sert aussi à stimuler l’économie locale, et particulièrement celle de l’industrie musicale du pays.

Car depuis l’instauration d’un Carnaval national (et itinérant) en 2012, les subventions accordées par l’État aux municipalités pour organiser le carnaval ont gonflé pour atteindre cette année environ 50 millions de gourdes (803 000 $CAD). D’aucuns y voient une manoeuvre de politisation des activités carnavalesques de la part du pouvoir, alors que d’autres remettent en question la pertinence de l’utilisation de ces fonds publics, un sujet récurrent sur la scène musicale depuis plusieurs années.

La population « a réalisé cette année que c’était une aberration, commente Girault. On s’est enfin demandé, après tout ce temps : qu’est ce que ça change ? Se mettre dans cette ambiance carnavalesque pendant trois jours, c’est comme se poser sur un nuage, mais après, la réalité frappe à nouveau. Les sommes dépensées pour le carnaval, mieux vaudrait les investir dans les hôpitaux, dans l’éducation, dans les centres culturels où au moins on pourrait en profiter toute l’année durant, pas seulement durant ces trois jours de carnaval », dit-il en reconnaissant que ces quelques millions de gourdes mieux investies « ne propulseront pas le pays dix ans en avant ».

Les Haïtiens ont néanmoins pu profiter des excellents merengues carnavalesques des musiciens de l’île, plusieurs centaines d’entre eux ayant été proposés depuis le début de l’année. « Cela peut être difficile à saisir pour qui n’est pas originaire d’Haïti, mais cette période est très importante pour les artistes, indique Michael Brun. Le carnaval est un long processus durant lequel les musiciens présentent de nouvelles chansons, pas seulement festives, carnavalesques, mais surtout des chansons qui abordent directement la situation politique, économique et sociale du pays », comme le populaire merengue du duo Blayi One, Prezidan Pa Pridan (Le président n’est pas prudent) et son vidéoclip recyclant des images des récentes manifestations qui ont ébranlé le gouvernement.

Depuis quelques années, on peut entendre les voix de la nouvelle génération occuper l’espace carnavalesque, alors que les influences contemporaines, hip-hop, dancehall, rabodày et musiques électroniques percolent dans le rara, les musiques rasin et kompa, qui constituent le répertoire du Kanaval. Exactement le genre de métissage moderne que pratiquent Gardy Girault, enfant des années 1990 « marqué autant par la dance de SNAP, Technotronic, Dr Alban que par le house de Louis Vega », et son ami Michael Brun, lequel a participé à la mi-février au Krewe du Kanaval organisé par Arcade Fire à La Nouvelle-Orléans.

Le concept du projet Bayo, que Michael Brun présentera vendredi à la SAT, « est de redonner — c’est la signification du mot bayo. On entend toujours qu’Haïti prend [l’aide qu’on lui donne], j’avais envie de redonner, d’abord en lien avec l’histoire du pays et toute la culture qu’elle a à offrir. […] C’est un mélange de performance live, avec des chanteurs et des rappeurs, et de DJ set, une expérience pleinement haïtienne dans un même concert », avec plusieurs invités spéciaux, dont un orchestre rara.

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