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Haiti en Marche parle de la promotion d'Haiti

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Message  gwotoro Mar 18 Déc 2007 - 8:53

LE SHOWBUSINESS PEUT-IL RELANCER LE TOURISME?</B>

hiphopement vôtre!

PORT-AU-PRINCE, 15 Décembre - Ce samedi 15 décembre toute la capitale a rendez-vous au Champ de Mars au grand concert de Wyclef Jean and friends, parmi lesquels une autre top star de la musique hip hop, Akon, d'origine sénégalaise.

La superstar internationale, gagnante de plusieurs grands prix du disque aux Etats-Unis ou Grammy awards, Wyclef Jean, issue de la diaspora haïtienne, a été faite par le président René Préval ambassadeur de bonne volonté d'Haïti.

Il n'avait pas attendu d'avoir ce titre pour exhiber fièrement le drapeau de son pays natal sur toutes les scènes du monde où il se produit. Il a créé une fondation, Yele Haïti, qui s'occupe particulièrement d'éducation auprès des jeunes.

Enfin il se fait régulièrement accompagner en Haïti par de grandes vedettes internationales (par ex. Angelina Joly et Brad Pitt) en vue de combattre la mauvaise image du pays à l'extérieur.

Cette fois, il devait aussi venir avec Matt Damon (" Soldat Ryan ") qui a été proclamé cette année le plus bel acteur du monde. Mais ce n'est sans doute que partie remise.

Vendredi a eu lieu un spectacle collecte de fonds à guichets fermés (US$100 par tête) pour les projets de Yele Haïti.

Et samedi c'était le méga-concert du Champ de Mars, gratis ti chéri, le cadeau de Noël de Wyclef au grand public de son pays dont beaucoup n'en auront probablement pas d'autre cette année.

Une Katherine Dunham...

Tout ces efforts ne sont pas sans nous rappeler ce qui a été fait au siècle dernier (dans les années 1940-50) pour placer le tourisme haïtien sur la mappemonde et où il occupera pendant au moins deux décennies une place inégalée au niveau de la Caraïbe.

A cette époque, le rôle de Wyclef était joué par une Katherine Dunham, grande danseuse chorégraphe afro-américaine qui avait choisi le vodou haïtien comme source d'inspiration et qui arriva à convaincre le président Dumarsais Estimé de ses bonnes intentions pour le pays.

Estimé la traita elle aussi comme une sorte d'ambassadeur de bonne volonté.

Mais dont la mission n'était pas tout à fait la même. Dunham et consorts devaient révéler une certaine " île au soleil " nommée Haïti au monde. Tandis que Wyclef s'est engagé à changer une image d'Haïti déjà connue pour être l'une des plus négatives qui soient.

L'Haïti d'Estimé (1946-1950) puis de Paul Magloire jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Papa Doc Duvalier en 1957, se voulait un petit bout de paradis.

Aujourd'hui Haïti est un enfer, aussi bien pour ceux qui y vivent qu'il est perçu à l'extérieur.

La différence entre les deux époques est donc pour le moins sensible.

Les flamboyants de la route de Pétionville...

Mais peut-être qu'au point de vue promotionnel le défi n'était déjà pas moindre en ce temps-là. Ne serait-ce que pour distinguer Haïti de Tahiti ou de Hawaï dans l'imaginaire du touriste occidental.

Ensuite, ce n'était pas encore le tourisme de masse dont il peut d'ailleurs tout sortir, du bon comme du pire (entre parenthèses le Sida!).

Il n'y avait pas non plus de club Labady(ie) qui peut permettre de court-circuiter le cheminement normal et de conduire directement le touriste à la Citadelle Christophe en évitant les miasmes de la deuxième ville d'Haïti, le Cap-Haïtien pour ne pas le nommer.

Mais la différence est que la nature était encore assez généreuse, la montagne passablement verte, les plages immaculées, le grondement du tambour dans la nuit aussi invisible qu'innocent et quand les flamboyants de la route de Pétionville étaient en fleurs, nous dit un témoin de l'époque, le journaliste Bernard Diederich (" Haiti's Bon Papa ", une chronique de la présidence Paul Magloire)...

Faut-il préciser que la capitale ne comptait lors officiellement pas plus de 750.000 habitants et la république entière environ 4 millions.

Pourtant Marilyn Monroe explique très sérieusement à Yves Montant dans " Le Milliardaire " qu'il faut faire quelque chose pour les habitants d'Haïti, comment 4 millions peuvent-ils tenir dans un pays pas plus grand que le Maryland?

Et Harry Belafonte...

Nous ne pensons pas que Marilyn soit jamais venue en Haïti. C'est vous dire comment la promotion avait été bien faite.

Car ce ne sont pas les visites de stars qui peuvent suffire à provoquer le changement espéré. Voire quand on doit les caserner pratiquement pour assurer leur sécurité comme le déploiement qui a été vu samedi soir pour le spectacle du Champ de Mars.

Par contre, Marlon Brando n'aimait rien de mieux que de débarquer en Haïti sous un faux nom. Et Harry Belafonte se réfugiait dans une maisonnette de paysan à Martissant.

Pour qu'une telle entreprise puisse vraiment aboutir, il suffit de se tourner vers l'histoire du tourisme haïtien des années 1940-50 qui nous apprend qu'il faut un certain nombre de facteurs:

1. Le tourisme doit être pratiquement déclaré politique de sécurité nationale. Ainsi après le passage du cyclone Hazel qui détruisit les plantations de café (jusque-là principale denrée d'exportation, il n'existait pas d'aide étrangère à l'époque!), les rentrées du tourisme suffirent pour combler le manque à gagner.

2. Politique nationale signifie que tout doit y mener, c'est un commun dénominateur. Sans parler de l'assainissement et de l'aménagement général du territoire.

Interdiction sous le règne du Général-Président Magloire d'aller pieds nus dans les rues, en même temps que celles-ci étaient lavées à grande eau deux fois par jour.

Le Bicentenaire 2004 sacrifié...

3. Un événement spectaculaire qui mette en valeur les charmes incomparables du pays et ses meilleurs talents et qui puisse éveiller d'un seul coup l'attention des grands médias internationaux.

(Comme pouvait l'être le Bicentenaire de l'indépendance en 2004 que nous avons sacrifié à nos luttes intestines).

Par contre ce fut le Bicentenaire de la fondation de la ville de Port-au-Prince (1950), donnant lieu à une Exposition internationale à laquelle prirent part tous les pays de notre continent, ainsi que la France et le Vatican.

4. Mais ce n'est pas fini. Il ne faut pas attendre qu'on parle de vous mais c'est à vous de bâtir votre propre stratégie de promotion. Et ce n'est pas à coups de millions jetés par les fenêtres aux grandes agences ou chaînes de télévision.

Il faut d'abord de véritables promoteurs locaux et pas seulement des gens voulant faire un peu de fric sans sortir de leur bureau climatisé.

Les meilleurs promoteurs du tourisme haïtien des années 40-50 - plus que les stars de Hollywood ou d'ailleurs, que les Esther Williams ou Martine Carol - ce furent les écrivains et les journalistes étrangers, principalement des Etats-Unis.

Des passionnés pour le pays...

Les premiers écrivirent, suite à leurs nombreuses visites, des ouvrages qui restent des classiques pour la recherche dans les domaines culturel, folklorique ou religieux.

Quant aux journalistes (New York Times, Time, Associated Press et autres), ils continueront longtemps à espérer même après plusieurs années du règne de Papa Doc, qu'on puisse refaire la perle des Antilles.

Enfin il faut des correspondants de presse locaux qui soient des passionnés pour le pays (comme un Bernard Diederich, qui a travaillé pour Associated Press et le magazine Time, en même temps qu'il publiait son propre hebdomadaire Haiti Sun) et qui ne se mettent pas à changer le nom de l'île en Hispaniola et sa partie de l'Est en Saint Domingue, dénaturant l'histoire de ce que Colomb a présenté comme sa plus belle découverte, en vue de satisfaire d'autres intérêts.

Nous applaudissons nous aussi aux efforts de notre compatriote Wyclef Jean dont on comprend que ce qu'il recherche c'est de faire parler d'Haïti dans les médias extérieurs en des termes autres que les sempiternelles histoires de massacres électoraux et de violences quasi tribales.

Il peut y parvenir de temps à autre. Mais c'est condamné à rester tout à fait superficiel, des coups d'épée dans l'eau, un beau coup mais pour rien... si la logistique ne suit pas.

L'Etat n'est pas seul impliqué...

Et la logistique ce sont tous les autres facteurs que nous venons de voir et d'autres encore. Revus et réadaptés à notre époque bien sûr.

Y compris la réalisation par les faiseurs d'insécurité professionnels et les massacreurs de tout bord qu'ils doivent enfin déposer les armes.

Car ce n'est pas seulement l'Etat qui est impliqué, mais tout ce qui contribue à l'image du pays à l'extérieur, bonne ou mauvaise. Et en premier lieu, toutes ses compétences.

On n'en est de toute évidence pas encore là.

Aussi pour le moment contentons-nous d'avoir passé samedi une folle soirée grâce à Wyclef et à la compagnie Voilà! C'est toujours quelque chose de gagné par les temps qui courent.

Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

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