Haiti en Marche discute d'un HOPE 2

gwotoro Dim 17 Fév 2008 - 11:28

ECONOMIE</B>

HOPE 2 ou élargir la loi à d'autres domaines de l'assemblage

PETION-VILLE, 9 Février - Une mission d'évaluation était en Haïti la semaine écoulée autour de la mise en application de la loi HOPE, cette législation votée l'année dernière au Congrès des Etats-Unis en vue de faciliter l'importation d'articles fabriqués en Haïti, et par la même occasion favoriser la création de plusieurs milliers d'emplois dans le pays.

Cette mission composée de Adrean Scheid Rothkopf (directrice exécutive de l'Association des chambres américaines de commerce en Amérique latine) et de Nicole Venable (une spécialiste dans les questions commerciales au Congrès) a rencontré tous les acteurs impliqués dans la question de la loi HOPE. Du chef de l'Etat ainsi que le Premier ministre et les titulaires des départements ministériels concernés, au secteur privé haïtien et étranger en Haïti, ainsi que les organismes spécialisés tels la douane, les institutions responsables de la création des parcs industriels, le conseil de facilitation des investissements. Etc.

Les deux déléguées se disent frappées de l'engagement des officiels haïtiens pour la réussite du projet HOPE.

Et lors d'une rencontre samedi (9 février) avec la presse, sur invitation du président de la HAMCHAM (Chambre de commerce américaine en Haïti), Mr Bernard Fils-Aimé (un haut cadre de la firme de téléphonie Comcel/Voilà), elles nous ont déclaré qu'elles sont très optimistes pour Haïti.

5.608 emplois ont été créés...

Alors que, du côté de la presse, on faisait remarquer que peu d'informations ont filtré depuis le vote de la législation début 2007, nous avons appris que 5.608 emplois ont été créés en une année au parc industriel de Port-au-Prince. Et où presque tous les hangars ont été loués par de futurs investisseurs.

Le nombre d'emplois projetés, d'après M. Bernard Fils-Aimé, se situe entre 25.000 et 40.000, étant donné que les capacités du parc industriel de Port-au-Prince ne sont pas illimitées. Mais d'autres projets de construction de parc industriel sont dans l'air.

D'entrée de jeu, le président de la HAMCHAM a soulevé que la durée d'existence de la loi HOPE pose problème. Elle n'est que de trois ans. Ce qui est largement insuffisant pour les investisseurs pour pouvoir rentabiliser leurs capitaux.

Déjà une année s'est écoulée. Les nouvelles ne sont pas mauvaises (les plus de 5.000 emplois créés sont un excellent encouragement) mais les progrès restent insuffisants.

Bernard Fils-Aimé a énuméré les principaux handicaps à la bonne marche du processus:

. La durée trop courte de la loi (3 années);

. La carence en énergie électrique pour laquelle aucune solution définitive n'est encore à l'horizon.

. Mais il y a surtout la perception à l'extérieur qu'Haïti n'est pas un pays suffisamment pro-business.

Améliorer l'image du pays...

Cependant à ce sujet, la délégation a relevé que des efforts remarquables sont entrepris:

. Le temps pour l'enregistrement d'une entreprise privée auprès des organismes officiels a été réduit (création du CFI ou conseil de facilitation des investissements). Haïti a été classée par la Banque mondiale parmi les pays où il prend le plus longtemps pour lancer une entreprise.

On a salué également la lutte contre la corruption et contre la contrebande comme de nature à améliorer l'image du pays auprès des investisseurs étrangers qui redoutent toujours d'être victimes des pratiques de pots-de-vin et autres formes de manipulation.
Grande proximité avec les Etats-Unis...

En gros, la mission considère qu'Haïti est très compétitive aujourd'hui et qu'elle doit saisir sa chance.

A la question, qu'est-ce qui rend Haïti si compétitive à l'heure où l'on parle plutôt de meilleure qualification de main d'œuvre, etc?

Réponse: Haïti a une main d'œuvre abondante. Compétitive au niveau salarial. (Le salaire minimum est de 70 gourdes par jour, c'est-à-dire moins de 2 dollars américains au taux actuel. On parle d'une prochaine augmentation salariale de 5 à 10%).

Ensuite, il suffit pour la main d'oeuvre d'un training de quelques semaines.

Mais le principal atout d'Haïti c'est sa grande proximité avec les Etats-Unis, l'Amérique du nord restant le plus grand marché mondial.

Nous avons alors soulevé quelques préoccupations rapportées dans le milieu des affaires en Haïti.

. Les équipements sur place sont obsolètes.

. Toutes les matières premières doivent être importées. Jusqu'au papier d'emballage.

. Le secteur économique haïtien est décapitalisé, conséquence de la longue crise politique et économique.

Réponse: Le rôle de la mission, c'est justement de procéder à une évaluation une année après le vote de la loi au Congrès des Etats-Unis.

. Qu'est-ce qui a pu être réalisé sur le terrain?

. Qu'est-ce qui doit être fait pour l'avancement du processus?

Nous avons vu des acquis positifs, affirment les deux déléguées de la Chambre de commerce américaine pour l'Amérique latine et la Caraïbe.

Y inclure d'autres branches de l'industrie d'assemblage...

Maintenant, qu'est-ce qu'on peut corriger pour aller de l'avant?

Bernard Fils-Aimé pense que les firmes qui ont commencé à fonctionner dans le cadre de la loi HOPE, ce sont celles qui étaient déjà prêtes. Maintenant il faut élargir le champ d'application de la loi pour intéresser plus d'investisseurs étrangers qui, de leur côté, apporteront les crédits et les équipements que nécessitent les industriels haïtiens moins pourvus en la matière.

Par extension de la loi, on ne pense pas seulement à l'allongement de sa durée d'application (par exemple, faire passer cette dernière de trois ans à au moins 10 ans pour mettre les investisseurs plus en confiance). Mais il s'agit aussi d'y inclure d'autres branches de l'industrie d'assemblage. Tels l'électronique, les jouets, et aussi (mais oui) les balles de baseball pour lesquelles Haïti avait été classée number one dans les années 70.

Une note très positive...

Jusqu'à quel point cela est-il possible étant donné les difficultés qu'on a connu avec les producteurs américains en textiles qui s'opposaient à la loi HOPE (à travers leurs représentants au Congrès, spécialement à la Chambre des Représentants) parce que celle-ci permet à la partie haïtienne d'acheter le textile partout où on peut le trouver à meilleur prix?

On nous a répondu qu'une telle résistance est peu probable étant donné qu'il n'y a pratiquement plus aux Etats-Unis d'industrie électronique ni de jouets.

C'est donc sur une note très positive que ces deux spécialistes mandatées par la Chambre de commerce américaine laissent Haïti.

Leur objectif une fois à Washington: c'est le HOPE 2.

Autrement dit, plaider pour une extension de la législation, en la faisant passer de trois ans à au moins 10 ans, afin d'augmenter la confiance des investisseurs qu'ils pourront largement rentabiliser leurs apports en capitaux et équipements.

Et aussi pour un élargissement de la législation aux autres domaines de l'électronique, des jouets et autres qui sont également très en demande.

Et aussi pour lesquels la main d'œuvre haïtienne, habile et patiente, avait su dans le temps se faire une bonne réputation.

Haïti en Marche, 9 Février 2008