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Les plus ambitieux doivent-ils toujours gagner ? (3/3)

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Message  piporiko Dim 27 Juil 2008 - 17:12

Les plus ambitieux doivent-ils toujours gagner ? (3/3)
Par Sylvain Rakotoarison Agoravox - Samedi 26 juillet, 15h20Cet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole.

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Des convictions solides et de l’intelligence relationnelle éprouvée sont les constituants de base d’un homme d’État. Mais ils sont loin d’être suffisants. Troisième partie.

Dans un premier article, j’évoquais les différentes formes de l’ambition politique puis, dans un deuxième article, je passais en revue les différentes élections présidentielles que je poursuis maintenant.

En avril 1995, l’affrontement vint chez les gaullistes. Chirac, qui n’a jamais rêvé que de l’Élysée depuis ses débuts en politique, se retrouvait face à un Édouard Balladur populaire qu’il avait pourtant lui-même placé à Matignon.

Balladur n’avait au départ qu’une ambition de Premier Ministre. Numéro deux du Gouvernement Chirac en 1986, il envisageait Matignon dès 1988 en cas d’élection de son mentor, Chirac. Ensuite, devenu théoricien de la cohabitation (dès 1983, il y était favorable), il expliquait que le Premier Ministre d’une future cohabitation ne devait pas être aussi candidat à l’élection présidentielle. Pensait-il à cette époque à sa propre candidature, ses mots ne servant qu’à rassurer Chirac ? Ou n’est-ce finalement que la forte popularité dont il bénéficia dès ses premiers mois de gouvernement en 1993 ainsi que ses amis ministres très encourageants (François Léotard, Bernard Bosson, Simone Veil, Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua…) qui le décida à s’investir dans l’élection de 1995 ? En tout cas, sa déclaration de candidature en janvier 1995 était d’une très grande condescendance, Nicolas Sarkozy ayant même évoqué la possibilité que Balladur fût élu dès le premier tour !

En face de ces rivaux gaullistes, Lionel Jospin paraissait comme un miraculé de la politique. Homme d’ambition et d’appareil, Lionel Jospin vit sa carrière politique si ébranlée par une défaite personnelle en 1993 (aux législatives) qu’il renonça à la politique et demanda même à son ministre de tutelle, Alain Juppé (au quai d’Orsay) sa nomination à la prestigieuse ambassade de France à Berlin. Juppé avait refusé (il a dû le regretter). Finalement, après une primaire socialiste qui l’a confronté à Henri Emmanuelli (le premier secrétaire de l’époque) et à Jack Lang (qui a abandonné avant le vote), Jospin fut choisi et a dû rattraper le très grand retard des socialistes pris en 1993.

En avril 2002, deux mêmes candidats s’affrontaient : Jospin et Chirac (j’exclus Jean-Marie Le Pen qui ne pensait pas atteindre le second tour). Une situation qui ressemblait à la fois à 1988 (les deux acteurs de la cohabitation en duel) et à 1995, Jospin remplaçant Balladur dans le rôle du Premier Ministre de cohabitation populaire avec un bilan honorable. Or, l’ambition est souvent gâchée par la condescendance. Se croire supérieur limite en effet les occasions de la montrer, sa supériorité. ‘Je suis bon, pas besoin de le prouver, votez pour moi.’ Un discours un peu léger face à des bulldozers.

En avril 2007, la situation fut singulière. Une nouvelle génération arriva dans la bataille. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou réussirent à mobiliser le débat électoral.

L’ambition de Sarkozy était connue depuis plus d’une vingtaine d’années et sa candidature déclarée dès la réélection de Chirac en 2002 (‘j’y pense en me rasant’). Toute l’action de Sarkozy pendant les cinq dernières années tant au gouvernement qu’à l’UMP tendait à préparer sa candidature.

Le cas de Ségolène Royal fut très différent. Personne ne l’imaginait candidate (pas même le brillant politologue Alain Duhamel !) mais la lourdeur des éléphants du PS, leur incapacité à surmonter le terrible échec de Jospin, ont permis à Ségolène Royal de surgir et de surfer sur une vague de popularité naissante.

Quant à François Bayrou, ceux qui le connaissent savent qu’il envisageait d’être candidat à l’élection présidentielle dès sa première élection de député, en 1986, et pressé, il n’hésita pas à se salir en 2002 avec des sondages misérablement faibles (il finit avec 7% en 2002).

Quelques constantes

Dans toutes ces situations électorales, le résultat est que celui qui a emporté l’élection était le plus ambitieux des candidats. Avec, à partir de 1974, l’élection de l’animal politique le plus redoutable de l’élection. Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy.

Pour cela, ces candidats élus ont fait preuve non seulement d’une ambition de troisième type, mais également de la maîtrise complète d’une grand appareil politique (à l’exception de Giscard d’Estaing, ce qui conforta la candidature de François Bayrou en 2007), et de ses moyens financiers.

De plus, ils ont tout ‘rompu’, dans leur carrière politique. Ils ont affronté leur propre camp dans une rupture claire. Giscard d’Estaing en s’opposant à De Gaulle lors du référendum de 1969. Mitterrand en rompant l’Union de la gauche et le programme commun en 1978 (et par ailleurs, en s’opposant à la Ve République et à De Gaulle dès 1958). Chirac en s’opposant aux gouvernements dirigés par Raymond Barre dès 1976 (et à Giscard d’Estaing par la même occasion en 1981). Enfin, Sarkozy en rompant avec Chirac dès 1993 par balladurisme, et encore en 2004 en prenant le contrôle de l’UMP contre la volonté de Chirac et en faisant croire que son élection ferait une rupture avec son prédécesseur.

D’autres ont ‘rompu’ mais avec moins de succès. François Léotard en 1987 en s’opposant à l’hégémonie des ‘moines soldats’ du RPR, Michel Rocard en s’opposant à l’archaïsme de Mitterrand au congrès de Metz en 1979 puis en démissionnant en avril 1985 à cause de l’adoption du scrutin proportionnel par Mitterrand pour les législatives de 1986, Philippe Séguin en s’opposant sans cesse à Chirac…

Méditant la prise de contrôle du PS par François Mitterrand au congrès d’Épinay en 1971 et la prise de contrôle de l’UDR par Jacques Chirac et Charles Pasqua en décembre 1974, François Bayrou a adopté dès 2002 une attitude indépendantiste pour s’écarter de la majorité UMP puis pour créer un nouveau parti populaire (le MoDem). L’avenir dira s’il a eu raison ou pas.

Et en 2012 ?

Serait-ce comme en 1981, la rebelote de l’élection précédente ? Tout semble en place pour qu’en 2012 soient candidats les mêmes qu’en 2007.

Nicolas Sarkozy, s’il veut être candidat, sera forcément inattaquable par sa majorité (même s’il devenait encore plus impopulaire). Certes, François Fillon croit aussi à son destin, alors que Jean-François Copé et Xavier Bertrand attendraient 2017 (Copé l’a dit explicitement). Quant à Dominique De Villepin, Jean-Louis Borloo, Michèle Alliot-Marie ou encore Alain Juppé, ils ne semblent plus être dans la compétition.

François Bayrou a déjà annoncé sa candidature future (mais que restera-t-il du MoDem dans moins de quatre ans ?).

Enfin, Ségolène Royal est déjà candidate à la direction de son parti (ce qui lui avait manqué en 2007), dans l’optique d’une nouvelle candidature (elle l’avait annoncé dès son échec du 6 mai 2007), mais devra affronter Bertrand Delanoë ou un autre monsieur X (Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, Manuel Valls, François Hollande, etc. ?). Il semble clair que pour Dominique Strauss-Kahn, par exemple, son échec aux primaires socialistes de novembre 2006 provient d’un véritable dilettantisme qui n’a pas beaucoup servi ses ambitions.

Aller vite et représenter le changement pour réussir

Les plus ambitieux ont tout de suite compris qu’il leur fallait commencer tôt en politique, ne faire que ça, prendre le plus de responsabilités politiques, savonner la planche du voisin, s’emparer d’un grand parti gouvernemental, et… bluffer son monde.

Et aussi affirmer haut et fort qu’ils sont porteurs de changement : Giscard d’Estaing, le changement dans la continuité ; Mitterrand, la force tranquille et l’alternance ; Chirac, contre la fracture sociale ; Sarkozy, avec qui tout deviendrait possible.

Ajoutez à cela une forte ténacité et une énergique combativité, et voilà la recette miracle pour gagner une élection présidentielle depuis plus de trente ans.

Démocratie versus démagogie ?

Est-ce un bien pour notre pays ?

Pas sûr. Les grands enjeux d’aujourd’hui, compliqués, nécessitent une démarche pédagogique bien éloignée du populisme de plus en plus fréquent chez nos candidats qui en usent et abusent. La Nouvelle Société de Chaban-Delmas, l’État impartial de Raymond Barre, la social-démocratie de Jacques Delors ou la seconde gauche de Michel Rocard ont été remisés dans les placards de l’Histoire pour défaut d’ambition personnelle.

Espérons que dans l’avenir, ambitions et convictions ne soient pas des caractéristiques trop antagonistes.

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