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Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti et leurs épisodes

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Message  Rico Mer 24 Sep 2008 - 22:17

Rappel du premier message :

Mwen deside louvri ti pos sa ki dwe konsakre selman sitou ak paj istwa zansèt nou ak kontanporen nan epizod lavi peyi dAyiti. Objèktif se pote limyè sou moun sayo ak pase pozitif ou negatif ki eksplike kote nou soti ak ki kote nou ye jounen jodyè la. Two souvan nou rete sou yon prezan ki plen difikilte ak desèpsyon. Men nou dwe byen konnen ak ki kouraj, dèteminasyon fanm ak gason kite vilgè esklav rive kan menm foje yon peyi.


Se vre rezilta yo mins, apre 200 zan. Men mwen kap di nan vi yon pèp ki soti dispèse an sitiyasyon esklavaj an Afrik, melanje dan le tan ak Eropeyen se yon rezita aksèptab. Anpil pèp konnen anpil pakou dan le tan pou twouve ekilib yo, lapè yo ak pwosperite yo. Nou dwe konprann nou menm kap viv jounen jodyè a pa dwe atann yon Ayiti pafè. Okontrè nou dwe travay pou lot jenerasyon tankou mesye 1804 yo pou vreman fè yon peyi vyab plen despwa.

Alos mwen pa pral komanse pale tout yon seri fè ak pèsonaj politik ak sosyal otan ke posib verifye pozitif ou negatif ki bannou ti peyi sa apre 200 zan pase. Egzèsis la se dabo pou bay kouraj, pote espwa. Annou sorti yon moman nan politik aktiv pou rantre nan istwa. O mwens nou kap gen plis limyè pou twouve chemen bonn vwa politik sitou ak erè pase ou anko ak bon pis ki pa te janm suiv.
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Message  Rico Ven 26 Sep 2008 - 22:10

Fin du Discours de Wendell Phillips

en hommage à Toussaint Louverture


Il retourna paisiblementchez lui. On arrivait à la saison des chaleurs. Leclerc pensa que, les mois des fièvres approchant, ses soldats allaient remplir les hopitaux, et qu'il suffirait d'un signe de cette main souveraine pour jeter ses troupes à la mer. Toussaint était trop dangereux, pour qu'on le laissât en liberté. On l'invita donc à assister à une entrevue, et voici le seul reproche que lui fait l'histoire, le seul, entendez-vous? On l'accuse d'avoir manqué de prudence en allant au rendez-vous. Soit. Que resulte-t-il de ce fait? C'est que, pour tromper le noir, l'homme blanc employa le mensonge et la ruse. Le principe des chevaliers du moyen-âge était positif. La plus grave insulte que l'on puisse infliger à un homme depuis les croisades est de lui dire: "Vous mentez". Or le général espagnol Hermana, qui connut bien Toussaint, dit de lui: "C'est l'âme la plus pure que Dieu ait jamais donnée au corps d'un homme". L'histoire lui rend témoignage que "jamais il ne viola sa parole". Maitland voyageait une fois à travers les forêts épaisses pour rejoindre Toussaint. Il fut accosté en chemin par un messager chargé de lui annoncer qu'il était trahi. Maitland continua sa route et parvint enfin auprès du noir. Toussaint lui montra deux lettres; la première était du général français qui lui offrait le rang qu'il voudrait, s'il lui livrait Maitland; la seconde était sa réponse: "Monsieur, j'ai promis au général anglais qu'il reviendrait chez lui". Il est donc prouvé que le nègre, loyal comme un chevalier, fut victime des mensonges de son ennemi. Laquelle des deux races a-t-elle le droit de s'enorgueillir de ces souvenirs?

Mais, Toussaint ne fut point trompé. Il était épié constamment. Supposons qu'il eût repoussé l'entrevue; l'autorité aurait douté de sa bonne foi et en aurait trouvé un prétexte pour l'arrêter. Il raisonna sans doute ainsi: "Si je m'y rends volontairement, je serai traité en conséquence". Aussi se présenta-t-il. Au moment où il entra au salon, les officiers tirèrent leurs épées, et lui annoncèrent qu'il était prisonnier. Un jeune lieutenant qui assistait à cette scène dit: "Il ne fut nullement surpris, mais parut profondement attristé". On le conduisit à bord et on leva l'ancre pour la France. Lorsque l'île s'effaçait peu à peu à sa vue, il se tourna vers le capitaine et lui dit: " Vous croyez avoir deraciné l'arbre de la liberté, mais vous n'en détachez qu'une branche. J'ai planté l'arbre si profondément que toute la France serait impuissante à l'arracher". . Arrivé à Paris, il fut jeté dans une prison, et Napoléon lui envoya son secrétaire, Caffarelli, supposant qu'il avait enterré de grandes richesses. Toussaint, après l'avoir ecouté un moment: "Jeune homme, j'ai perdu, il est vrai de grands trésors, mais, ils ne sont pas de ceux que vous cherchez". Il fut alors envoyé au chateau de Joux, et logé dans un donjon, de douze pieds de large, sur vingt de long, tout en pierre, n'ayant qu'une étroite fenêtre, très élevée au-dessus du sol, et donnant sur les neiges de la Suisse. En hiver, la voute se couvrait de glace; en été, l'humidité suintait des murailles fétides. Le fils ardent des tropiques, condamné à mourir, fut enterré vivant dans cette tombe. De ce cachot, il écrivit deux lettres à Napoléon. Il dit, dans l'une d'elles: "Sire, je suis un citoyen français. Je n'ai jamais violé la loi. Par la grâce de Dieu, je vous ai sauvé l'île, la plus belle de votre royaume. J'implore justice de votre magnanimité".

Napoléon ne repondit jamais à ces lettres. Le commandant de la forteresse avait accordé au prisonnier cinq francs par jour pour la nourriture et le chauffage. Napoléon en eût connaissance et réduisit la somme à trois francs. L'opulent usurpateur qui accusait d'avarice le gouvernement anglais parce qu'il ne lui accordait que six mille dollars par mois, descendit de son trône pour couper un dollar par moitié, et pourtant Toussaint ne mourait pas assez vite.

Cette prison était une tombe. On dit qu'au temps de Joséphine, un jeune marquis y fut enfermé. Sa fiancée alla voir l'impératrice et lui demanda sa grâce. Joséphine lui dit: "Faites faire un modèle de la prison, et apportez-le moi". L'impératrice le plaça un jour auprès de Napoléon. "Emportez cela, dit-il, c'est horrible". Elle le plaça sur son marchepied, et il le repoussa loin de lui. Elle le reporta une troisième fois auprès de lui, et lui dit: "Sire, c'est dans cette prison horrible que vous avez fait enfermer un homme, pour y mourir". - "Faites-le sortir", dit Napoléon, et la jeune fille sauva ainsi son amant.

Toussaint fut jeté dans cette tombe, mais il ne mourait pas assez tôt. Enfin, le commandant reçut l'ordre d'aller en Suisse, d'emporter les clefs du donjon, et de rester absent quelques jours. Quand il en revint, il trouva un cadavre. Toussaint était mort de faim. Douze ans après, l'assassin impérial était transporté à sa prison de Sainte-Hélène faite aussi pour servir de tombeau, comme avait été faite par lui celle de Toussaint, et là jusqu'aux derniers moments, il passa de longues et mortelles heures à se lamenter misérablement à propos des rideaux, de ses titres, de ses promenades et de sa vaisselle. Plaise à Dieu que lorsqu'un nouveau Plutarque comparera les grands hommes de notre époque, les blancs et les noirs, il n'aille point placer dans un plateau de la balance l'enfant larmoyant de Sainte-Hélène, et dans l'autre, le noir stoique et silencieux, attendant la mort, comme un romain, dans la glaciale solitude de son cachot.

Dès l'instant où Toussaint fut trahi, les noirs perdirent toute confiance dans les promesses des Français, et coururent aux armes. Tous, excepté Maurepas et les siens, se soulevèrent. Leclerc fit appeler Maurepas, qui se présenta loyalement à la tête de cinq cents noirs. On les fusilla au bord d'un fossé, et l'on y jeta leurs cadavres. Du haut des montagnes où il était campé, Dessalines contemplait ce spectacle. Parmi ses prisonniers, il fit choisir cinq cents officiers français et les fit pendre à différents arbres, à la vue du camp de Leclerc. Et moi, non loin de Bunker, né comme je suis Hill, je ne trouve pas de raison pour penser qu'il eût tort. Les Français assassinèrent la femme de Pierre Toussaint, aux portes mêmes de sa maison, après l'avoir tellement maltraitée, que la mort dût lui paraitre une grâce. Son mari, un an auparavant, avait sauvé la vie à douze cents hommes blancs. Affolé, cette fois, il jura de sacrifier sur la tombe de sa compagne, les premiers mille prisonniers qu'il ferait, et il tint parole.

Les français épuisèrent toutes les forces de la torture. On attachait les noirs, dos à dos, et on les poussait à la mer. Si quelqu'un surnageait, par hasard, on le fusillait. On les jetait à l'eau, avec un boulet aux pieds; on les asphyxiait dans la fumée du soufre; en les faisant mourir étranglés, pendus, sous le fouet. Seize officiers de Toussaint furent enchaînés aux rochers dans des ilots déserts; d'autres furent plongés à mi-corps dans des marais infects, et livrés en pâture aux reptiles et aux insectes venimeux. Rochambeau demanda à Cuba des chiens féroces. Lorsqu'ils arrivèrent, les jeunes filles descendirent aux quais les recevoir, leur parurent la tête de fleurs et de rubans et les embrassèrent avec tendresse. Réunies dans un amphithéâtre, les femmes battaient des mains lorsqu'un noir était jeté aux chiens, et dévoré par ces bêtes dont la faim excitait encore la fureur... Mais les noirs bloquèrent si étroitement la ville que ces mêmes jeunes filles, dans leur misère, devorèrent à leur tour les chiens dont elles avaient tant fêté la bienvenue.

C'est alors que brillent de tout leur éclat, le courage indomptable et la constance sublime qui démontrent l'égalité des races, lorsqu'elles sont sujettes aux mêmes épreuves. La femme romaine, dont le mari hésitait, lorsque Néron lui ordonna de se tuer, saisit le poignard, et, se blessant mortellement, s'écria: "Paetus, il n'est point douloureux de mourir!" Le monde rappelle ce fait avec des larmes d'orgueil. Dans un cas semblable, un colonel noir condamné à mort marchait en tremblant. Sa femme, saisissant une épée, se fit une blessure mortelle et lui dit: "Homme, il est doux de mourir, lorsqu'on a perdu la liberté".

La guerre continuait. Napoléon envoya encore trente mille hommes; mais ses plus grands efforts n'étaient suivis que de désastres. La vie que l'épée ne tranchait pas, la fièvre la devorait. Leclerc mourut. Pauline ramena en France le corps de son mari. Napoléon la recut à Bordeaux et lui dit: "Ma soeur, je vous avais donné une armée et vous ne me rapportez que des cendres". Rochambeau, - le Rochambeau de notre histoire - posté à la tête de huit mille hommes, fit dire à Dessalines: "Quand je t'attraperai, je ne te ferai pas fusiller comme un soldat, je ne te pendrai pas comme un blanc, mais je te ferai fouetter à mort comme un esclave". Dessalines le chassa de champ de bataille en champ de bataille, de forteresse en forteresse et finit par l'acculer à Samana. Il préparait des boulets rouges pour détruire l'escadre, lorsqu'il apprit que Rochambeau avait supplié l'amiral de couvrir ses troupes du pavillon britannique, et le nègre, généreux, permit au vantard de s'embarquer paisiblement.

Quelque-uns doutent encore du courage du noir. Allez en Haïti; arrêtez-vous sur la tombe de cinquante mille soldats, les meilleurs que la France ait jamais eûs, et demandez-vous ce qu'ils pensent des armes du noir. Et si cela ne vous satisfait pas, allez en France, au splendide mausolée des comtes de Rochambeau, et à la tombe des huit mille vétérans qui regagnèrent leurs foyers, à l'ombre du pavillon anglais, et interrogez-les. Et si cela ne vous satisfait point, rentrez chez nous, et si nous étions en octobre 1839, vous pourriez parcourir la Virginie tremblante et lui demander ce qu'elle pense du courage du noir.

Vous pourriez encore vous rappeler ceci: Nous, Saxons, nous fumes esclaves pendant environ quatre siecles, et nos ancêtres ne feraient jamais un signe du doigt, pour mettre un terme à leur servitude. Ils attendirent que le christianisme et la civilisation, que le commerce et la découverte de l'Amérique vinssent rompre leurs chaines. En Italie, Spartacus souleva les esclaves de Rome contre la reine du monde. Il fut assassiné, et ses compagnons furent crucifiés. Il n'y a jamais eu qu'une seule révolte d'esclaves couronnée de succès, et elle eût lieu à Saint Domingue. Dieu veuille que la force et l'intelligence de notre gouvernement écartent de notre patrie cette necessité; qu'il sache conduire à une liberté paisible, les quatre millions d'hommes commis à nos soins et qu'il adopte, à la faveur de nos institutions démocratiques, une politique aussi prévoyante que celle de l'Angleterre, et aussi vaillante que celle du noir d'Haiti.

Le courage du noir est assez prouvé. Parlons de sa constance. En 1803, il dit aux blancs: "Cette île est à nous. Le pied du blanc ne doit pas la fouler". Côte à côte s'élèvent les républiques sud-américaines, composées du meilleur sang des compatriotes de Cervantes et de Lope de Vega. Elles sont si souvent et si profondément bouleversées qu'il vous serait aussi difficile de reproduire leurs decombres mouvant que de photographier les vagues de l'Océan. Cependant, à côté d'elles, le noir a su conserver son île, sacrée pour lui. On dit que dans les premiers temps, le gouvernement haïtien, inspiré par un patriotisme rare, ordonna de détruire toutes les plantations de sucre qui étaient restées debout et défendit de cultiver la canne. Il pensait que les Français étaient revenus réduire les noirs en esclavage, attirés seulement par ces richesses que donnait le pays.

Brûlez New York, cette nuit, comblez ses canaux, coulez ses navires, détruisez ses rails, effacez tout ce qui brille de l'éducation de ses enfants, plongez-les dans la misère et l'ignorance, ne leur laissez rien, rien que leurs bras pour recommencer ce monde... Que pourront-ils faire en soixante ans? Et encore, êtes-vous surs que l'Europe vous prêtera son argent, tandis qu'elle n'avance pas un dollar à Haïti. Pourtant Haïti, sortant des ruines de la dépendance coloniale est devenu un état civilisé; il est le septième sur le catalogue du commerce avec notre pays, et il n'est inferieur, par l'éducation et la moralité de ses habitants, à aucune de ces îles de l'Océan indien d'Occident. Le commerce étranger prête aussi volontiers confiance à ses tribunaux qu'aux nôtres. Jusqu'ici ce peuple a déjoué aussi bien l'ambition de l'Espagne et la cupidité de l'Angleterre que la politique malicieuse de Calhoum. Toussaint la fit ce qu'elle est. Il fut habilement secondé dans son oeuvre par un groupe d'une vingtaines d'hommes presque tous, noirs pur sang. Ils furent grands dans la guerre et habiles dans les affaires; mais non, comme lui, remarquables par cette rare combinaison des hautes qualités qui font seules la veritable grandeur et assurent à un homme la première place, parmi tant d'autres qui, au demeurant, sont ses égaux. Toussaint fut, sans dispute, leur chef. Courage, énergie, constance, - voilà ses preuves. Il a fondé un état si solidement que le monde entier n'a pas pu le détruire.

Je l'appellerais Napoléon; mais Napoléon arriva à l'Empire, servi par des serments violés, et à travers une mer de sang. Toussaint ne viola jamais sa parole. "Point de réprésailles", telle était sa noble devise, et la règle de sa vie. Les dernières paroles adressées à son fils en France furent les suivantes: "Mon enfant, vous reviendrez un jour à Saint Domingue. Oubliez que la France a assassiné votre père".- Je l'appellerais Cromwell, mais Cromwell ne fut qu'un soldat, et l'état qu'il fonda s'écroula sur sa tombe. Je l'appellerais Washington, mais le grand natif de la Virginie eut des esclaves. Toussaint risqua son pouvoir plutôt que de permettre la traite dans le plus humble des hameaux soumis à sa domination.

Vous me prendrez, sans doute, ce soir, pour un fanatique, parce que vous lisez l'histoire moins avec vos yeux qu'avec vos prejugés; mais dans cinquante ans, lorsque la verité se fera entendre, la Muse de l'Histoire choisira Phocion pour les Grecs, Brutus pour les Romains, Hampden pour l'Angleterre, Lafayette pour la France; elle prendra Washington comme la fleur la plus éclatante et la plus pure de notre civilisation naissante, et John Brown comme le fruit parfait de notre maturité; et alors plongeant sa plume dans les rayons du soleil, elle écrira sur le ciel clair et bleu, au-dessus d'eux tous, le nom du soldat, de l'homme d'état, du martyr Toussaint L'Ouverture.


(Applaudissements longuement prolongés).


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Message  Rico Sam 27 Sep 2008 - 8:40

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Wendell Phillips
(29 November 1811 - 2 February 1884)
Source: Harper's Weekly
Wendell Phillips, Short Biography Wendell Phillips, courte biographie

Wendell Philllips was born in Boston on 29th November 1811. Wendell Philllips est né à Boston le 29 Novembre 1811. Educated at the Harvard Law School, he opened a law office in Boston in 1834. Formé à la Faculté de droit de Harvard, il a ouvert un cabinet d'avocats à Boston en 1834.

Phillips was converted to the abolition of slavery cause when he heard William Lloyd Garrison speak at the Boston Female Anti-Slavery Society in 1835. Phillips was particularly impressed by the bravery of these people and during the meeting a white mob attempted to lynch Garrison. Phillips a été converti à l'abolition de l'esclavage cause quand il a entendu William Lloyd Garrison s'exprimer lors de la Femme Boston Anti-Slavery Society en 1835. Phillips a été particulièrement impressionné par la bravoure de ces personnes et au cours de la réunion, un blanc foule a tenté de lyncher Garrison.

Phillips was so outraged by what he saw that he decided to give up law and devote himself to obtaining the freedom of all slaves. Phillips était tellement indigné par ce qu'il a vu qu'il a décidé de renoncer à la loi et de se consacrer à l'obtention de la liberté de tous les esclaves.

Phillips became a leading figure in the Anti-Slavery Society. Phillips est devenu une figure de proue de la Société anti-esclavagiste. A magnificent orator, Phillips was the society’s most popular public speaker. Un orateur magnifique, Phillips a été la société la plus populaire haut-parleur. Phillips also contributed to Garrison’s Liberator and wrote numerous pamphlets on slavery. Phillips a également contribué à la Garnison du Libérateur et a écrit de nombreuses brochures sur l'esclavage.

During the Civil War, Phillips criticized Abraham Lincoln for his lack of commitment to the abolition of slavery. Pendant la guerre de Sécession, Phillips Abraham Lincoln critiqué pour son manque d'engagement en faveur de l'abolition de l'esclavage. In 1865 Phillips replaced Garrison as president of the Anti-Slavery Society. En 1865, remplacée Garnison Phillips en tant que président de la Société anti-esclavagiste. After the passing of the 15th Amendment, Phillips concentrated on other issues such as women’s rights, universal suffrage and temperance. Après le passage de la 15 e amendement, Phillips concentré sur d'autres questions telles que les droits des femmes, le suffrage universel et la tempérance. Wendell Phillips died in Boston on 2nd February 1884. Wendell Phillips est mort à Boston le 2 Février 1884.


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Message  Joel Sam 27 Sep 2008 - 17:30

[b]PROKLAMASYON LIBETE JENERAL ESKLAV YO PA SHONTONAX(nan lang orijinal lan)

ARTICLE PREMIER

Déclaration droit de l'homme et du citoyen va imprimé.La municipalité va publié li et affiché li dans toute ville et dans toute bourg,& commandant militaire va fait la mème chose dans tout camp et poste à io.

II

Toutes nègues et milates qui zesclaves encore,nou déclaré io toute libe.Io gagné mème droit que toutes les autres citoyens Français;mais que io va suivre zordonnance que nous va fait .

III

Toute cila io qui té zesclaves & qui libes jordi ,io va allé à io & pitite à io en la municipalité qui dans paroisse à io.Municipalité là va ba io billette Citoyen Français ,que Commissaire Civil déjà signé.

IV

C'est nous qui va dire tout ça billette là io doit parlé ,& l'Ordonnateur Civil va voyé io baille à tout municipalité.

V

Tout cila,qui servi valete ou bin servante ,io va payé io suivan marché,io va fait avec monde io doit servir.Marché là ,li pour trois mois,aprè io va fait l'autre pour trois mois encore,si io vlé.

VI

Toute nourrice ou bin valete aqué servante qui servi vieux monde malade qui capable marché ,Commissaire Civil défendre que io quitté io,mais io va payé io,ion portiguaise par mois pour nourrice ,& quatre gourdes par mois pour valette aqué servante.

VII

Monde qui gagné domestique ,va payé io tous les trois mois.

VIII

Toute cila qui va besoin zouvriers ,va rangé aqué io pour zouvrages io gagné pour fait ,& pour paiement à io.

IX

TToute nègues qui rété dans bitation,io va continué rété là & io va travail dans place.

X

Toute guerrier qui enrolé dans camp ou bin dans la ville ,io capable allé travail sous bitation ,mais pour ça io va bligé mandé ion congé à capitaine à io,ou bin à Commissire Civil & io metté ion monde bon volonté pour remplacer io

XI

Toutes nègues qui zesclaves et qui travaille sous bitation ,io va engagé pour ion an.;pendant toute l'année là io va capable changé bitayon sans io prend permission dans main juge de paix ,comme li va parlé titalor.

XII

Revenue à chaque bitation va partagé en trois parts,quand toute droit va payé à la République.
Premier part li va pour maitre bitation.La dexième part pour acheté bèfe ,milète ,cabrouete ,& tout ça qui faut pour travail.
Troisième part ,c'est pour séparer entre toute monde qui travaille dans bitation là.

XIII

Part là que maite la terre va prend pour acheté toutes zanimaux va servi pour payé zouvriers ,pour commandé cazes ,payé chirurgien,& tout à qui faut pour l'hopital.

XIV

Dans part revenu qui rété pour nègues qui travail terre commandor va gagné trois gourdes ;ou bin quand les autres nègues ion gourde conducteur là va gagner trois gourdes.

XV

Deixième conducteur ,avec sucrier ,digotier va gagné deux parts ou bin quand les autres nègues gagné ion gourde ,io va gagné deux.

XVI

Toutes les autres nègues qui travail la terre ,& que yo va hélé cultivateur ,tout cila io gagné déjà quinze ans ou qui passé quinze ans ,io va gagné yon part dans revenu.

XVII

Tout nèguesse qui gagné 15 ans ou qui passé quinze ans ,io va gagné deux tiers de part,ou bin quamd les autres nègues gagné trois gourdes ,femme là yo va gagné deux.

XVIII

Jeune monde depuis dix ans jouque quinze ans ,va gagné demi part,ou bin quand les autres nègues va gagné ion gourde ,jeune monde là va gagné deux gourdins.

XIX

Toute monde va gagné place à io pour planter vives pour io;io va séparé places là io par famille suivant que gny en a monde dans chaque famille.


XX

Toute femme qui gagné pitite qui pas encore gagné dix ans ,io va gagné ion part entier dans revenu,mais io mème va nourrir et billé pitite yo.

XXI

Pitite monde depuis dix ans jouque quinze ans ,io va gardé zanimaux assez,ou bin io va ramassé café ou coton ou bin io va faire travail qui pas fort.

XXII

Vieux monde aqué malades qui pas capables travail encore ,parens à io mème va nourrir io,& maite bitation là va billé io & ba io remède si io besoin


Dernière édition par Joel le Sam 27 Sep 2008 - 21:18, édité 1 fois

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Message  Joel Sam 27 Sep 2008 - 17:38

XXIII

Quand io va séparé revenu ,maite bitation là va baye part à cultivateurs en denrées ,si li vlé;ou bin en argent si li vlé en payant mème prix ,que io vende denrées tout par tout.Si li vlé payé en denrées ,li va bligè charreyé part à io toute à l'embarcadaire qui pis proche bitation là.


Dernière édition par Joel le Sam 27 Sep 2008 - 21:20, édité 1 fois

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Message  Rico Sam 27 Sep 2008 - 19:06

Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 9137d1181065086-le_fabuleux_destin_de_la_reine_marie_louise_dhaiti-marielouise1

Le Fabuleux Destin de la Reine Marie-Louise d'Haïti

Marie-Louise Coidavid est née de parents affranchis, en 1778, sur l'habitation Bédiou, commune de Ouanaminthe. Devenue une douce jeune fille à l'heureuse physionomie, Marie-Louise avait quinze ans quand elle épousa Henry Christophe au Cap-Francais en 1793. Christophe était à l'époque chef de brigade et instructeur de l'armée. C'était un beau jeune homme aux manières aisées et qui affichait un air de noblesse pouvant paraître surprenant chez un homme presque dépourvu de formation académique. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

Le couple aura quatre enfants, François Ferdinand, né en 1794, suivi bientôt de Françoise-Améthyste, d'Athénaïs et de Victor-Henri. En 1798, le colonel Christophe est nommé commandant des arrondissements du Cap et de l'Est. Le commandant et sa femme Marie-Louise, vivent au Cap-Français, à l'angle des rues du Hasard et Dauphine, (8-F) dans un somptueux palace où voisinent tableaux de maître, tapis de haute lisse, lustres de cristal, statuettes de bronzes et meubles précieux qui seront incendiés de la main même de Christophe au moment du débarquement des troupes du capitaine-général Leclerc. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

Jusqu'à la reddition de Toussaint Louverture, Marie-Louise vécut avec ses enfants dans la clandestinité. Selon Vergniaud Leconte, en novembre 1803, Christophe qui avait formé le dessein d'envoyer son premier-né Ferdinand, faire ses études à Paris, trouva l'occurrence favorable de confier le jeune garçon au soin du général Boudet, qui rentrait dans la métropole demander des renforts à Napoléon. Ferdinand devait mourir de faim et de privations en 1805 dans la maison des Orphelins à Paris. Marie-Louise et son mari conçurent un cruel chagrin de cette fin horrible que connut leur fils aîné en terre de France. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear
Après la chute de l'Empire en 1806, Christophe est élu président à vie de l'État d'Haïti par une assemblée de trente notables, militaires et civils. En 1811, le 26 mars, après une messe suivie d'un banquet à Fort-Liberté, Christophe et Marie-Louise sont proclamés roi et reine d'Haïti par les officiers et soldats de l'armée. La Constitution royale reconnaîtra à Marie-Louise le titre de Reine d'Haïti avec sa Maison civile, ses dames d'honneur, ses dames d'atour et de Palais, son secrétaire, son aumônier, ses chambellans, ses écuyers, ses pages et le gouverneur de ses pages. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

Pour remercier le général Paul Romani qui venait de lui adresser un compliment de circonstance, Marie-Louise répondit : « le nom de reine que la Nation vient de me décerner me lie encore plus particulièrement au sort du peuple hardent […] Je n'oublierai pas sur le trône les devoirs qu'impose la majesté royale, et quand ma famille est destinée à y prendre place, c'est assez m'éclairer sur le soin extrême que je dois apporter à son éducation. Oui, mes enfants seront ma parure la plus chère, puisque d'eux doit dépendre un jour la destinée de ma patrie (Vergniaud Leconte, in Henry Christophe dans l'Histoire d'Haïti)
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Le couple royal s'établira bientôt de manière définitive d'après l'immense château de Sans-Souci dont la construction, qui allait coûter près de quinze millions de dollars, avait débuté vers 1808. L'un des plus captivants attraits du magnifique palais royal, émit sans aucun doute le splendide jardin de la Reine, appelé aussi Folies des dames, un véritable jardin botanique entretenu avec des soins particuliers par les paysagistes et arboriculteurs du roi qui, sous la direction du baron Thomas Béliard, le directeur des Eaux et Forets, y avaient parsemé les fleurs, les arbres fruitiers et les essences les plus rares au milieu des vastes pelouses, des statues de marbre, des colonnes, des vasques et des fontaines. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

Après le suicide du roi, la mort de Victor-Henri et la chute de la monarchie, Marie-Louise, qui se retrouvait seule au château de Sans-Souci avec ses filles Améthyste et Athénaïs, se fit accompagner à la citadelle par les deniers dignitaires encore fidèles et par de simples soldats qui portèrent le corps du roi enveloppé dans un hamac. Avant leur retour du fort, le somptueux château avait déjà été saccagé par les pillards et les soldats révoltés. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

C'est donc à Lambert, une propriété royale proche de la ville du Cap, un ancien verger colonial, que se retira la reine et les princesses. C'est là qu'elles reçurent la visite du président Boyer qui leur proposa de se placer sous sa protection et de regagner Port-au-Prince en sa compagnie. A la fin de l'entrevue, la reine remit aimablement au président les éperons d'or et tout le harnais du défunt roi, cadeau que Boyer refusa avec cette réplique fielleuse : « Je dirige un peuple trop pauvre, Madame, pour accepter de si riches présents. » Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear
Ironiquement, pendant que le président Boyer maniait son sens de la repartie avec arrogance devant la reine, il n'oubliait pas de faire déposer dans les comptes non-fiscaux de la République, tout le trésor royal de Christophe, c est à dire un riche butin que la plupart des historiens s'accordent à fixer autour de vingt millions de dollars.
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Les survivants de la famille royale séjournèrent à Port-au-Prince où une maison et une garde particulière fut mise à leur disposition. Selon les témoins, la reine se montrait calme et résignée de son sort, cependant que les princesses, en particulier la plus jeune. Athénaïs, maudissaient les ingrats et ruminaient mille projets de vengeance. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

En août 1821, Marie-Louise et ses filles quittaient Port-au-Prince à destination de Londres sous la protection de l'amiral anglais Sir Home Popham. La reine adressa pour la circonstance une lettre à Boyer dans laquelle elle exprimait sa reconnaissance pour les bons procédés du président à son égard. Élie écrivait «Je laisse au Cap, une partie de ma famille et celle de mon feu mari, je les recommande à toute votre bienveillance. Je laisse sous votre sauvegarde puissante et sous celle de l'honneur de mes concitoyens [...] et la maison que je possède depuis de longues années au Cap et celle que mes filles et moi avons acquises et payées comptant aux domaines, lors des ventes qui en ont été faites par l'État.» (Vergniaud Leconte, Henry Christophe dans l'Histoire d'Haïti) Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

Marie-Louise qui, dans sa correspondance avec Boyer, reconnaît prudemment à son titre de reine pour redevenir la citoyenne veuve Henry Christophe, lui apprenait que pour régir ses diverses propriétés, elle avait laissé une procuration au général Magny, l'ancien général en chef de l'armée royale, un ami intime en qui elle plaçait une confiance illimitée. A Londres, la reine tenta de se faire restituer l'immense fortune du roi Henry. Selon certaines rumeurs, Christophe aurait déposé dans les banques londoniennes une fortune immense que l'on estimait à quelque trois millions de livres sterling. Il est incontestable que les banquiers remirent d'importantes valeurs à la reine, ou du moins, peut-on envisager que les deux parties parvinrent à une sorte d'arrangement selon lequel les financiers verseraient une rente viagère à la veuve Christophe. En tout état de cause, cette dernière vécut tout le reste de son existence sans jamais connaitre la gène ou les embarras d'argent. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

L'ancienne souveraine acheta ainsi une luxueuse résidence à Pise, en Italie, où elle et ses deux filles, mise à part une visite sensationnelle qu'elles firent à Rome en 1828, vécurent dans la plus grande discrétion. Évidemment des aventuriers de tout acabit, alléchés par le fabuleux héritage dont disposeraient cette veuve solitaire et ses deux filles, approchèrent la reine en se présentant sous les identités les plus ronflantes pour tenter de la faire chanter ou encore pour lui réclamer la couronne d'Haïti. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

La reine allait finir ses jours dans une poignante amertume. En effet, Améthyste, malgré les longues cures thermales en Bohême qu'avaient recommandées les médecins, décédait en 1831. Huit ans plus tard, c'est la princesse Athénaïs qui, après des traitements infructueux aux eaux de Stressa sur le lac Majeur, mourait à Pise, dans les bras de sa mère.
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Courageuse face à la douleur, la reine Marie-Louise voulut alors rentrer au pays. Elle écrivit une lettre en ce sens au président Boyer de qui elle sollicitait un passeport pour elle-même et pour sa jeune soeur Louisa Pierrot, (la femme du général Jean-Louis Pierrot, le futur président d'Haïti) laquelle devait la rejoindre en Italie et l'accompagner dans son voyage de retour en Haïti. Louisa se rendit effectivement en Italie, mais les deux soeurs, pour des raisons indéfinissables, décidèrent de prolonger leur séjour en terre étrangère. Pages d'histoire des hommes et des femmes d'Haiti  et leurs épisodes - Page 2 Clear

La reine Marie-Louise d'Haïti est morte par une fraîche soirée de mars 1851, dans son château italien. La reine fut enterrée dans la petite chapelle du couvent des Capucins de Pise où, aujourd'hui encore, elle repose à coté de ses deux filles, les princesses Améthyste et Athénaïs.
Charles Dupuy, Le Coin de l'Histoire, Tome I

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Message  Rico Lun 29 Sep 2008 - 19:08

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LIBERTÉ OU LA MORT
Proclamation du Général en Chef au Peuple d'Haïti

Quartier-général des Gonaïves, le 1er janvier 1804, an 1er de l'Indépendance


Citoyens,

Ce n'est pas assez d'avoir expulsé de votre pays les barbares qui l'ont ensanglanté depuis deux siècles; ce n'est pas assez d'avoir mis un frein aux factions toujours renaissantes qui se jouaient tour a tour du fantôme de liberté que la France exposait à vos yeux; il faut, par un dernier acte d'autorité nationale, assurer à jamais l'empire de la liberté dans le pays qui nous a vus naître; il faut ravir au gouvernement inhumain, qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous reasservir; il faut enfin vivre indépendant ou mourir.

Indépendance ou la mort... Que ces mots sacrés nous rallient, et qu'ils soient le signal des combats et de notre réunion. Citoyens, mes compatriotes, j'ai rassemblé dans ce jour solennel ces militaires courageux, qui, à la veille de recueillir les derniers soupirs de la liberté, ont prodigué leur sang pour la sauver; ces généraux qui ont guidé vos efforts contre la tyrannie, n'ont point encore assez fait pour votre bonheur... Le nom français lugubre encore nos contrées.

Tout y retrace le souvenir des cruautés de ce peuple barbare: nos lois, nos moeurs, nos villes, tout porte encore l'empreinte française; que dis-je? il existe des Français dans notre île, et vous vous croyez libres et indépendants de cette république qui a combattu toutes les nations, il est vrai, mais qui n'a jamais vaincu celles qui ont voulu être libres.

Eh quoi! victimes pendant quatorze ans de notre crédulité et de notre indulgence; vaincus, non par des armées françaises, mais par la piteuse éloquence des proclamations de leurs agents; quand nous lasserons-nous de respirer le même air qu'eux? Sa cruauté comparée a notre patiente modération; sa couleur à la nôtre; l'étendue des mers qui nous séparent, notre climat vengeur, nous disent assez qu'ils ne sont pas nos frères, qu'ils ne le deviendront jamais et que, s'ils trouvent un asile parmi nous, ils seront encore les machinateurs de nos troubles et de nos divisions.

Citoyens indigènes, hommes, femmes, filles et enfants, portez les regards sur toutes les parties de cette île; cherchez-y, vous, vos épouses, vous, vos maris, vous, vos frères, vous, vos soeurs; que dis-je? cherchez-y vos enfants, vos enfants à la mamelle! Que sont-ils devenus? ... Je frémis de le dire... la proie de ces vautours. Au lieu de ces victimes intéressantes, votre oeil consterné n'aperçoit que leurs assassins; que les tigres encore dégouttants de leur sang, et dont l'affreuse présence vous reproche votre insensibilité et votre lenteur à les venger. Qu'attendez-vous pour apaiser leurs mânes? Songez que vous avez voulu que vos restes reposassent auprès de ceux de vos pères, quand vous avez chassé la tyrannie; descendrez-vous dans la tombe sans les avoir vengés? Non, leurs ossements repousseraient les vôtres.

Et vous, hommes précieux, généraux intrépides, qui insensibles à vos propres malheurs, avez ressuscité la liberté en lui prodiguant tout votre sang; sachez que vous n'avez rien fait si vous ne donnez aux nations un exemple terrible, mais juste, de la vengeance que doit exercer un peuple fier d'avoir recouvré sa liberté, et jaloux de la maintenir; effrayons tous ceux qui oseraient tenter de nous la ravir encore: commençons par les Français... Qu'ils frémissent en abordant nos côtes, sinon par le souvenir des cruautés qu'ils y ont exercées, au moins par la résolution terrible que nous allons prendre de dévouer à la mort quiconque, né français, souillerait de son pied sacrilège le territoire de la liberté.

Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes; imitons l'enfant qui grandit: son propre poids brise la lisière qui lui devient inutile et l'entrave dans sa marche. Quel peuple a combattu pour nous? Quel peuple voudrait recueillir les fruits de nos travaux? Et quelle déshonorante absurdité que de vaincre pour être esclaves. Esclaves!... Laissons aux Français cette épithète qualificative: ils ont vaincu pour cesser d'être libres.

Marchons sur d'autres traces; imitons ces peuples qui, portant leur sollicitude jusque sur l'avenir, et appréhendant de laisser à la postérité l'exemple de la lâcheté, ont préféré être exterminés que rayés du nombre des peuples libres.

Gardons-nous cependant que l'esprit de prosélytisme ne détruise notre ouvrage; laissons en paix respirer nos voisins, qu'ils vivent paisiblement sous l'empire des lois qu'ils se sont faites, et n'allons pas, boutefeux révolutionnaires, nous érigeant en legislateurs des Antilles, faire consister notre gloire à troubler le repos des îles qui nous avoisinent: elles n'ont point, comme celle que nous habitons, été arrosées du sang innocent de leurs habitants; elles n'ont point de vengeance à exercer contre l'autorité qui les protège. Heureuses de n'avoir jamais connu les fléaux qui nous ont détruits, elles ne peuvent que faire des voeux pour notre prospérité. Paix à nos voisins! mais anathème au nom français! haine éternelle à la France! voilà notre cri.

Indigènes d'Haïti, mon heureuse destinée me réservait à être un jour la sentinelle qui dût veiller à la garde de l'idole à laquelle vous sacrifiez, j'ai veillé, combattu, quelquefois seul, et, si j'ai été assez heureux pour remettre en vos mains le dépôt sacré que vous m'avez confié, songez que c'est à vous maintenant à le conserver. En combattant pour votre liberté, j'ai travaillé à mon propre bonheur. Avant de la consolider par des lois qui assurent votre libre individualité, vos chefs que j'assemble ici, et moi-même, nous vous devons la dernière preuve de notre dévouement.

Généraux, et vous chefs, réunis ici près de moi pour le bonheur de notre pays, le jour est arrivé, ce jour qui doit éterniser notre gloire, notre indépendance.

S'il pouvait exister parmi vous un coeur tiède, qu'il s'éloigne et tremble de prononcer le serment qui doit nous unir.

Jurons à l'univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination.

De combattre jusqu'au dernier soupir pour l'indépendance de notre pays!

Et toi, peuple trop longtemps infortuné, témoin du serment que nous prononçons, souviens-toi que c'est sur ta constance et ton courage que j'ai compté quand je me suis lancé dans la carrière de la liberté pour y combattre le despotisme et la tyrannie contre laquelle tu luttais depuis quatorze ans. Rappelle-toi que j'ai tout sacrifié pour voler à ta défense, parents, enfants, fortune, et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté; que mon nom est devenu en horreur à tous les peuples qui veulent l'esclavage, et que les despotes et les tyrans ne le prononcent qu'en maudissant le jour qui m'a vu naître; et si jamais tu refusais ou recevais en murmurant les lois que le genie qui veille a tes destinées me dictera pour ton bonheur, tu mériterais le sort des peuples ingrats.

Mais loin de moi cette affreuse idée. Tu seras le soutien de la liberté que tu chéris, l'appui du chef qui te commande.

Prête donc entre ses mains le serment de vivre libre et indépendant, et de préférer la mort à tout ce qui tendrait à te remettre sous le joug.
Jure enfin de poursuivre à jamais les traîtres et les ennemis de ton indépendance.

Fait au quartier général des Gonaïves, le 1er janvier 1804, l'an 1er de l'indépendance. </BLOCKQUOTE>
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Message  Rico Lun 29 Sep 2008 - 19:16

Cécile Fatiman

Parmi toutes celles qui ont joué un rôle prépondérant dans l'histoire de notre pays, une place à part doit être faite à Cécile Fatiman, l'une des principales figures au congrès du bois Caïman où tous les fils de "Lafrik Ginen" étaient réunis pour définir une stratégie afin de sortir le pays du joug de l'esclavage.
Rien de plus sinistre que cette réunion nocturne des nègres, dans l'épaisseur d'un bois, que la foudre éclairait par intervalles. Les nègres, après avoir posté des sentinelles, par crainte de surprise, formèrent un grand cercle et s'assirent tous par terre.
L'un d'eux, cependant, prit la parole, et retraça avec véhémence la conduite injuste et inhumaine de leurs maîtres envers eux; il leur vanta beaucoup les délices de l'indépendance et de la liberté dont ils allaient enfin jouir. Ce discours arracha des larmes à tous les auditeurs et enflamma dans leurs coeurs le désir de la vengeance.
Après quelques cérémonies d'usage, une jeune femme, vêtue d'une tunique blanche, plongea le couteau sacré dans les entrailles de l'animal. Celle-ci s'appelait Cécile Fatiman, épouse de Louis Michel Pierrot qui commanda un bataillon militaire à Vertières et devint plus tard Président d'Haïti. Elle participa à la cérémonie du Bois Caïman: elle était une mambo, fille d'une négresse africaine et d'un prince corse. Cécile Fatiman était une mulatresse aux yeux verts et à longue chevelure noire et soyeuse. Elle avait été vendue, avec sa mère, à Saint Domingue. Cécile Fatiman vécut au Cap jusqu'à l'âge de 112 ans, en pleine possession de ses facultés.
Fatiman est, s'il en fut, un prénom musulman, qui curieusement émerge au coeur même de cette cérémonie.
Source: Bayyinah Bello

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Message  Sasaye Lun 29 Sep 2008 - 19:43

Elle ( La reine Marie-Louise) écrivit une lettre en ce sens au président Boyer de qui elle sollicitait un passeport pour elle-même et pour sa jeune soeur Louisa Pierrot, (la femme du général Jean-Louis Pierrot, le futur président d'Haïti) laquelle devait la rejoindre en Italie et l'accompagner dans son voyage de retour en Haïti.
Louisa se rendit effectivement en Italie, mais les deux soeurs, pour des raisons
indéfinissables, décidèrent de prolonger leur séjour en terre étrangère.
-------------------------------------------------------------------------------

Celle-ci s'appelait Cécile Fatiman, épouse de Louis Michel Pierrot qui commanda un bataillon militaire à Vertières et devint plus tard Président d'Haïti.

Eske achiv yo kapab montre si se menm fanm nan avèk 2 non diferan.
Menmjan yo bay Presidan Pyero 2 non.
Mwen te konnen l lan istwa dAyiti kom Janlwi Pyero, men yo mansyonen Lwi Michel Pyero.

Klarifye pou mwen, tanpri.
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Message  Rico Lun 29 Sep 2008 - 21:03

Mwen kontaste konfizyon a pwopo madanm lan, men pa gen 2 Pierrot selon sa mwen konprann, map fè ti ankèt.
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Message  Rico Ven 10 Oct 2008 - 15:20

Démesvar Delorme

Démesvar Delorme est né au Cap Haïtien le 10 février 1831. Il est mort à Paris le 26 décembre 1901. Successivement professeur, journaliste, homme politique, ministre, écrivain, il fut toute sa vie au service d'une certaine idée d'Haïti, qu'il défendit dans ses écrits: il revendiqua pour son pays la nécessité d'accéder à une modernité politique, sociale et économique, mais fut sans cesse en butte à des persécutions, entraînées bien souvent par les intérêts particuliers et partisans de ses adversaires. Toute son ouvre est tournée vers la question de la déchirure interne à la société haïtienne, ainsi que la place du mal dans l'action politique, imprimée par l'usage de la force, par opposition à une figure qui est celle de la réflexion et de la constitution du politique comme d'une science. On peut aisément reprendre pour son compte ce qu'il écrivait de Cicéron dans Les Théoriciens au pouvoir: «il avait consacré sa vie entière à une idée fixe: celle de remplacer le règne de la force par le pouvoir de la raison» (376), ce que l'adage cedant arma togae, que reprend Delorme, fait résonner tout au long de l'histoire troublée d'Haïti. Son esprit d'ouverture se déclare dès ses études secondaires. Il se manifeste par un intérêt soutenu pour les humanités classiques mais aussi pour les écrivains romantiques français contemporains et leurs parti pris politiques. Il voue dès son adolescence une admiration soutenue à Lamartine, notamment.

En 1859, à la chute de l'empereur Faustin 1er, Delorme fonde un journal, L'Avenir. Il y défend une conception libérale de la république, alors dirigée par le président Geffrard (1859-1867), que les autorités n'entendent pas accepter. L'Avenir est interdit. Delorme envoie alors la collection complète du journal à Victor Hugo, alors exilé, qui lui répond: «Vous êtes comme votre éloquent compatriote, M. Heurtelou, de ces hommes qui honorent leur race, vous prouvez que sous la peau du Noir, l'âme peut être lumineuse; la clarté est en vous» (cité par Berrou et Pompilus
[*]). Delorme se lance alors dans l'action politique et en 1862, il est élu député du Cap. Il se range aux côtés de l'opposition libérale. Mais la chambre est dissoute en 1863. Il rentre au Cap, se marie, délaisse la politique et se tourne vers les études littéraires. Il tient un salon reconnu. Mais en 1865, lors du soulèvement du Cap, il se range aux côtés de Salnave, pour qui il rédige les bulletins du soulèvement. Après cinq mois de lutte, l'échec du soulèvement est patent. Il part en exil en Belgique et ne revient en Haïti qu'à la chute de Geffrard, en 1867. Salnave est alors élu président. Delorme fait partie du ministère, constitué dans une atmosphère tendue et dans un climat quasi insurrectionnel, la légitimité de Salnave n'étant pas d'emblée reconnue. Le pays est secoué par des prises d'armes de Cacos et de Piquets. Delorme occupera successivement et cumulativement plusieurs portefeuilles: les relations extérieures, l'instruction publique et les cultes, l'intérieur, l'agriculture, la guerre, la marine. Il administre le pays, tandis que Salnave parcourt le pays en tentant de contenir les soulèvements. En 1867, Delorme devient suspect au président qui l'envoie ministre résident à Londres, et qui le révoque brutalement avant son arrivée à son poste. C'est dans ce temps d'exil qu'il commence à rédiger son ouvre. Il débute par un pamphlet, où il s'en prend directement au président Salnave, pamphlet dans lequel il dénonce l'absence de réel projet politique et de société des élites politiques haïtiennes: La reconnaissance du général Salnave, en 1868. Les désordres qui secouent le pays lui donnent largement raison: en 1869, Salnave est sommairement fusillé sur les ruines du Palais national. Ses successeurs (Nissage Saget, 1870-1874, puis Michel Domingue, 1874-1876) tentent de rétablir un ordre monétaire et économique par des moyens que conteste Delorme (mesures de déflation, construction d'un chemin de fer entre Port-au-Prince et Saint-Marc).

Delorme s'installe à Paris où il fréquente Hugo, Dumas, Lamartine, Taine, et publie entre 1870 et 1877 plusieurs ouvrages majeurs: Les théoriciens au pouvoir (1870), Francesca (roman, 1872), Réflexions diverses sur Haïti (1873), Les Paisibles (pamphlet, 1874) et Le Damné (roman, 1877). Il rentre en Haïti et est de nouveau élu en 1878 député au Cap. Le président Lysius Salomon (1879-1888) le fait jeter en prison, et il est sommairement condamné à mort. Il est cependant gracié et rendu à la vie publique. En 1884 il est directeur du Moniteur, le grand quotidien de Port-au-Prince. Il y fait paraître en feuilleton un troisième roman, L'Albanaise (1884-1885). C'est sous Florvil Hyppolyte (1889-1896) qu'il sera à nouveau chargé de missions diplomatiques en Europe, particulièrement à Berlin et au Vatican, en 1891 et 1893. Il ne reviendra que quelques mois en Haïti, en 1901, avant de revenir mourir à Paris, la même année. Anténor Firmin, alors ministre plénipotentiaire à Paris, prononcera son éloge funèbre.

L'ouvre littéraire de Delorme est diversement appréciée: il est d'usage de dénoncer le caractère exotique de Francesca, du Damné, dont l'action se déroule pendant les guerres européennes de la fin du XVe et du début du XVIe siècles, et de reprocher à l'auteur de ne pas avoir inscrit la réalité haïtienne dans son ouvre littéraire. Mais Delorme se pensait avant tout comme écrivain, et visait une universalité que la posture romantique rendait possible. Mais en même temps, il faut relever que ces romans mettent en scène les périodes de constitution d'espaces nationaux en cours d'unification en Europe, et les problématiques dont ils traitent ne sont guère éloignées des soucis majeurs de l'espace haïtien. Il y est essentiellement question de la déliaison, et du mal, provoqués par l'incapacité à penser rationnellement les contacts de cultures. Ils témoignent d'une vision pessimiste de cette prospérité du mal, accomplie dans le fracas des armes. C'est dans son ouvre d'essayiste que l'inscription haïtienne est très clairement marquée. Elle l'est de manière particulièrement subtile dans Les théoriciens au pouvoir, paru en 1870. Ce fort volume (732 pages), somme politique, idéologique et littéraire, met en scène des conversations dans la campagne haïtienne entre deux jeunes hommes: dans de longues conversations, tournées comme des audiences - au sens haïtien du terme - ils examinent le rôle et l'action politique positive d'une lignée d'hommes de lettres, de Périclès à Lamartine. Delorme défend l'idée que les littérateurs sont les mieux placés pour défendre la démocratie la plus éclairée et surtout la plus efficace. Au fur et à mesure que se déroulent les arguments des deux interlocuteurs, le lecteur assiste à une inscription de ces conversations dans le paysage haïtien. Cette inscription a pour pivot central la description de la Voûte à Minguettes, par laquelle Delorme se réapproprie la profondeur temporelle haïtienne: les deux hommes s'avancent dans la grotte vers la trouée de lumière, enfoncés jusqu'aux genoux dans le guano accumulé depuis trois siècles, et posent leur regard sur l'ancien autel taïno: «Ces tas de pierres, la forme l'indique, c'étaient les autels des Caraïbes. Là s'agenouillaient les prêtres, suivis des caciques, les rois légendaires de ces forêts. Derrière eux se pressait la foule des fidèles, pieuse et docile, remplissant de ses cantiques ces voûtes solitaires qui n'entendent plus depuis trois cents ans que le cri de l'oiseau qui les traverse» (389). C'est à partir de ce silence, la trace de l'extermination originelle, que Delorme repense l'émergence du phénomène haïtien, dans ses déclinaisons tout à la fois réelles, imaginaires et symboliques. Il traite ainsi du vaudou comme d'une religion à l'origine d'une société possible et non comme d'une pratique dégradée et dégradante. Toute une série de notations, de descriptions subtiles et attentives, témoignent de cette volonté d'inscrire la réalité paysanne dans le champ de la littérature.

Dans La Misère au sein des richesses, Delorme rappelle, chiffres à l'appui, combien le pays était riche, sous la colonie, mais aussi combien la défaillance morale, l'incurie, les prébendes, l'incitation au mal politique, après l'Indépendance, ont ruiné les familles, abîmé les paysages et réduit les cadres mentaux propices au développement. Il décrit de façon saisissante le règne de Faustin 1er comme un régime totalitaire avant la lettre, caractérisé par «un silence effaré», «un ordre muet, né de la stupeur». Ce silence a accentué, pour Delorme, le repli sur soi des différents groupes sociaux, et empêché l'émergence d'un véritable projet de société intégrateur tandis que se développait, sous Geffrard puis sous Salnave, un discours politique caractérisé par l'emphase et la grandiloquence. Il décrit son pays comme enfoncé dans la déshérence et dont l'improductivité est considérée comme un signal pour les puissances colonisatrices, notamment les États-Unis où le sort des Noirs est pitoyable. Il prédit un avenir sombre si le pays est annexé: «Si jamais, Haïtiens, vous perdez votre nationalité, ce dont Dieu vous garde! vous n'aurez pas chez vous le droit de parler en hommes» (123). Il montre combien, pour les occidentaux, «la raison est circonscrite dans le préjugé» (127), et combien désormais les intellectuels haïtiens doivent faire effort pour redonner à leur pays un rang élevé dans le concert des nations. C'est sans doute ce dont sauront se souvenir des penseurs et des hommes d'action comme Firmin, ou, plus tard, Dantès Bellegarde.

Source: Windows on Haiti
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Message  Rico Ven 10 Oct 2008 - 15:53

BOUKMAN


Par Max Manigat

Il y a deux cent six ans, en août 1971, sur la terre gorgée de sang et de sueur de centaines de milliers d’Africains, dans la géhenne ayant pour nom Saint-Domingue, la plus riche colonie de l’époque, les "damnés de la terre", au signal d’un leader "charismatique", Boukman, se dressèrent, brisèrent leurs chaînes pour toujours et commencèrent la seule révolution d’esclaves victorieuse de toute l’histoire de l’humanité: la Révolution Haïtienne.

Qui était ce Boukman? D’où venait-il? Que savons-nous de lui?

Les descriptions de l’homme, par des historiens étrangers ou haïtiens, même par des témoins de ces évènements, s’accordent sur la question de sa prodigieuse force physique. Jean Fouchard dans son excellent ouvrage "Les marrons de la liberté"* abonde dans le même sens:

"Alors paraît le chef marron Boukman Dutty. Boukman était
venu de la Jamaïque, esclave vendu en contrebande par un négrier anglais. Il était doué d’autant de courage et de témérité que de force physique. Ce colosse d’une stature déjà imposante ajoutait à sa puissance de domination celle que lui conférait son auréole de prêtre vaudou. Il .... était parvenu au rang de commandeur puis de cocher de l’habitation Clément." (1)


L’un des plus récents livres sur la révolution haïtienne, celui de Carolyn E. Flick le présente:

"He had been a commandeur (slave driver) and later a coachman on the Clément plantation, among the first to go up in flames once the revolt began. While his experience as commandeur provided him with certain organizational and leadership qualities, the post as coachman no doubt enabled him to follow the ongoing political developments in the colony, as well as to facilitate communication links and establish contacts among the slaves of different plantations. Reputedly, Bouk
man was also a voodoo priest and, as such, exercised an undisputed influence and command over his followers, who knew him as "Zamba" Boukman. His authority was only enhanced by the overpowering impression projected by his gigantic size." (2)


Son origine jamaïcaine pourrait être établie par des recherches peu difficiles. Si l’esclave n’avait pas de personnalité légale, il était inscrit sur le registre de la plantation où il travaillait. Sa tribu africaine figurait, le plus souvent, à côté du nom dont on l’affublait. Moyen de le distinguer d’autres esclaves portant le même prénom. On ajoutait parfois le patronyme du maître. C’est ainsi que nous entendons parler d’un Boukman Dutty. Donc, s’il était vraiment originaire de la Jamaïque, qu’il était arrivé à Saint-Domingue à l’age adulte, ces renseignements pourraient être vérifiés sur les registres de l’habitation Clément, s’ils ont été conservés. De plus, le nom Boukman ainsi que son accent devraient pointer dans le sens de cette origine étrangère. On prétend même qu’il aurai reçu le surnom de "Book man" qu’on donnait à beaucoup d’esclaves sachant lire le Coran, dans les colo-nies anglaises de la Caraïbe. Était-ce le cas pour notre Boukman? Une réponse affirmative ouvrirait la voie à une autre interrogation: un musulman, de surcroît lettré, pouvait-il être hougan puisqu’on le présente comme tel ? Une piste à explorer!

Des recherches nouvelles, par exemple celles entreprises par un grand ami d’Haïti, expert de sa littérature et très versé, aussi, dans les questions culturelles de notre pays, le professeur Léon-François Hoffmann, de Princeton University, laisse planer des doutes même sur l’authenticité de la fa-meuse "cérémonie" du Bois-Caïman. (3) L’analyse d’Hoffmann ne nie pas qu’il y ait eu une "réunion" politique à l’effet de préparer la révolte. Il cite:

"la déposition de l’esclave Dechaussée, confirmée par celle de Jacques, commandeur de l’habitation de Grieu: ‘Il s’est tenu d
imanche dernier sur l’habitation Le Normand au morne Rouge près du Cap une assemblée générale des Nègres députés des ateliers circonvoisins [...]. Le but de cette assemblée, où je me trouvais, était de déterminer le jour de l’exécution de la Révolte depuis longtemps méditée." (4)


Mais y eut-il "cérémonie" vodou avec sacrifice d’un cochon noir dans un lieu connu sous le nom de Bois-Caïman? "That is the question!" En tout cas, voilà un pièce importante à verser au dossier! Mythe ou réalité, les Haïtiens semblent accepter ce qui s’est passé en ce lieu, le 14 août 1791, comme partie intégrante de leur histoire. Pour répéter Emmanuel C. Paul, cité par Hoffmann:

"Cette légende populaire qui n’est pas l’histoire fait pénétrer et comprendre l’histoire." (5)


Rassemblement de délégués d’ateliers de la province du Nord de la colonie française, discussion des derniers préparatifs de la grande révolt
e, discours du chef de la rébellion, pacte du sang, ser-ment d’exécuter les ordres de Boukman. Tels furent les points forts de cette réunion qui font l’unanimité.Qu’il y eut cérémonie vodou ou non, que le lieu fut le Morne Rouge, sur l’habitation Lenor-mand, ou le Bois-Caïman, ne revêtent pas pour nous Haïtiens une importance extraordinaire. Certains privilégient l’aspect religieux. D’autres acceptent uniquement les faits historiques do-cumentés. Tous admettent que cette nuit d’août 1791, quelque part dans la plaine du Nord de la plus fameuse colonie de l’époque, des hommes et des femmes exploités jurèrent de briser leurs chaînes.

Beaucoup de belles descriptions de ce rassemblement, par des historiens haïtiens ou étrangers, e-xistent. L’allocution prononcée par Boukman nous est parvenue sous cette forme** et mérite d’ê-tre rapportée:

"Bondye ki fè solèy ki klere nou anwo,
Ki soulve lanmè, ki fè gwonde loraj,
Bondye la zòt tande? kache nan yon nyaj,
E la
li gade nou, li vwè (wè) tou sa Blan fè!
Bondye Blan mande krim, e pa nou vle byenfè
Men dye la ki si bon, òdonen nou vajans;
Li va kondui bra nou, li ba nou asistans,
Jete pòtre dye Blan ki swaf dlo nan je nou,
Koute lalibète li pale kè nou tout." (6)


Les délégués regagnèrent leurs plantations. Au jour J, 22 août 1791, les consignes discutées et adoptées, la nuit du 14 août, furent mises à exécution. Et commença la grande épopée qui devait aboutir à l’indépendance du premier État noir de notre hémisphère. Boukman fut tué, en novembre 1791, par la contre-offensive française. Sa tête, coupée, fut exposée avec cette inscription: "Tête de Boukman, chef des révoltés!"

Il donna le coup d’envoi. D’autres suivirent, dont les noms appartiennent désormais à l’histoire universelle, et lentement mais inexorablement, de 1791 à 1803, la triple révolution haïtienne, anti-esclavagiste, anti-coloniale et sociale des "damnés de la terre", de Saint-Domingue, trio
mpha et devint réalité.

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Max Manigat, professeur de carrière, a enseigné au Collège Saint-Pierre de Port-au-Prince, aux Athénées de Kenge, de Butembo et de Bukavu (République de Démocratique du Congo), et, pendant vinght-trois ans, au City College de la City University of New York.

* Ce livre a été traduit en anglais sous le titre: "Haitian Maroons. Liberty or Death."
** Le texte d’Hérad Dumesle a été transcrit dans l’orthographe créole contemporaine.


* Ce livre a été traduit en anglais sous le titre: "Haitian Maroons. Liberty or Death."
** Le texte d’Hérad Dumesle a été transcrit dans l’orthographe créole contemporaine.

Notes

1) Jean Fouchard : Les marrons de la liberté. 2e éd., Port-au-Prince,1988. pp. 410-411.
2) Carolyn E. Flick : The Making of Haiti. The Saint Domingue Revolution from Below. Knoxville, 1990, p. 92.
3) Léon-François Hoffmann : Haïti: lettres et l’être. Toronto, 1992. pp. 267-301.
4) M. Le Clerc : Détails sur la révolte des Nègres à Saint-Domingue. Manuscrit, 1791. Cité par Hoffmann, p.270
5) Emmanuel C. Paul : Cent cinquante-trois ans en arrière. Port-au-Prince, 1944. Cité par Hoffmann, p. 273.
6) Hér
ard Dumesle : Voyage dans le Nord d’Hayti. Les Cayes, 1824. Cité par Hoffmann, p.283.
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