DALY VALET RETOURNE AU PAYS
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DALY VALET RETOURNE AU PAYS
Sur mon projet de retour au pays natal
Cher Marcel Lecorps,
Merci de tes gentils mots. Merci aussi de ton soutien actif sur le net durant nos récents démêlés avec le ministre haïtien de la Justice, Jean Joseph Exumé. J'ai de l'admiration pour toi aussi, cher compatriote, seulement à te lire. Tu n'es pas de ceux-là qui élaborent beaucoup pour peu dire. Succincts, empreints de patriotisme et de courage, tes messages relèvent de la pensée généreuse. Tout à ton honneur.
Je comprends tes préoccupations de compatriote concerné relatives à mon plan de retour au pays. Que veux-tu que je fasse, mon frère? Poser ma tente éternellement en Amérique du Nord entre Montréal et Washington DC? Laisser la peur des bandits m'envahir jusqu'à ce que cette peur devienne plus criminelle et corrosive que les bandits eux-mêmes? La peur tue autant que les bandits. En fait, j'ai plutôt peur d'avoir peur.
Je retourne au pays. La décision est irrévocable à ce stade. Notre Haïti moribonde, cancéreuse et agressive n'a, peut-être, que la mort, la peur, l'angoisse, la jalousie, l'incompréhension à offrir à ceux d'entre ses expatriés de la diaspora contemplant un retour en son sein meurtri. Est-ce une raison suffisante d'abandonner notre pays au sort que ses enfants dévoyés lui font? Faut-il que ces engeances continuent de dicter la norme là-bas pour l’éternité ? Sont-ce là des motifs valables pour ne pas rédiger comme Césaire son propre cahier de retour au pays natal une fois exilé? D’ailleurs si Haïti s‘est muée en mouroir pour ses enfants, les premières victimes sont d’abord ces millions de héros qui y vivent encore. Sur le terrain. Et qui y résistent honorablement, avec les moyens artisanaux du bord. Par choix patriotique ou impossibilité logistique d’évacuer les lieux du désastre. Ces lieux que nous de la diaspora entendons déserter et éviter. Je retire mon chapeau à tous ceux qui choisissent de mourir en Europe ou en Amérique du Nord. C’est leur droit. Je le respecte. De mon coté, si Haïti a été mon berceau sans avoir pu jouer le moindre rôle dans cette opération du Ciel, et sans que Dieu ait eu l’élégance de solliciter mon avis dans une décision aussi cruciale liée à la vie terrestre d’un de ses fils, j’ai opté toutefois de gré de faire d’elle mon tombeau avec notre bicolore pour linceul.
Dans ma carte de vie, Haïti a toujours été le point de départ, le port d’embarquement, le point de chute, la piste d’atterrissage finale et ma destination dernière. Dans mon itinéraire, Montréal, Paris et Washington D.C n’ont toujours constitué que des détours passagers pour des emplettes et des approvisionnements spécifiques. Des approvisionnements liés avant tout à l’éducation. Une odeur de moisi m’indisposait quand j’avais laissé Haïti pour Montréal. Je voulais grimper intellectuellement et spirituellement jusqu’aux cieux. Mais les disponibilité s de dépassement de soi et de l’autre, les frontières de l’esprit sont si précaires et étroites chez nous que je vivais avec l’impression délétère de tournoyer. Dans le vide. Je me sentais prisonnier d’une insularité sclérosante. Il est maintenant minuit à mon cadran. Une nouvelle révolution horaire a commencé. Un nouveau jour. Un nouvel état d’âme. Un nouveau regard sur moi-même. Mon pays. Et le monde. L’heure de faire les valises a pour moi sonné. Enveloppées de ténèbres, les premières heures du jour sont toujours incertaines. Nos pas ne sont ni suffisamment éclairés ni amplement informés. Mais l’aube nous attend toujours au bout du coin. Avec ses lueurs timides et ses promesses éblouissantes de soleil. Il suffit de croire et d’espérer.
Israéliens, Palestiniens, Libanais ont toujours tout bravé pour se frayer un chemin parmi les bombes et les décombres vers l’Alma Mater. Un grand retour au bercail, qui pour la consolidation des acquis, qui pour la libération nationale, qui pour la reconstruction et la réconciliation nationale. Mon cher Marcel, ce ne sont pas nos mornes dégarnis, nos rochers sauvages, nos kidnappeurs, les troupes étrangères qui vont aider notre pays grabataire à se refaire un nom, un visage, une santé, et un demain.
Le Ciel ne me laissera pas mourir sans avoir partagé magnanimement avec la jeunesse de mon pays ce que j’ai engrangé de trésor dans les universités canadiennes et américaines.
Je forme le vœu que nos frères et sœurs haïtiens de cœur et de sang, dispersés ici et là, réaliseront un jour que s’ils ont besoin de l’Europe et de l’Amérique du Nord, ces terres n’ont plus besoin de nous. Par contre, s’ils n’ont plus besoin d’Haïti, ce pays a eu et aura toujours besoin d’eux. Aujourd’hui plus qu’hier. Et demain plus qu’aujourd’hui.
Patriotiquement,
Kenbe la !
Daly Valet
Washington, DC
31 Janv. 2009
Nb. Archivez ce message. On ne sait jamais.
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La vérité est pour nous la démocratie organisée en société civile et en gouvernement politique. Tout le reste est fiction, sophisme, mensonge, tyrannie. La fiction n’a qu’une apparence, le sophisme n’a qu’une face, le mensonge n’a qu’un temps, la tyrannie n’a qu’une arme, qu’on lui brise tôt ou tard dans la main. Les gouvernements vraiment solides ne peuvent porter que sur une vérité complète. Le gouvernement démocratique sera le gouvernement éternel de l’avenir vers lequel nous marchons; telle est notre foi. Lamartine--------------------------------------------------------------------------------
Cher Marcel Lecorps,
Merci de tes gentils mots. Merci aussi de ton soutien actif sur le net durant nos récents démêlés avec le ministre haïtien de la Justice, Jean Joseph Exumé. J'ai de l'admiration pour toi aussi, cher compatriote, seulement à te lire. Tu n'es pas de ceux-là qui élaborent beaucoup pour peu dire. Succincts, empreints de patriotisme et de courage, tes messages relèvent de la pensée généreuse. Tout à ton honneur.
Je comprends tes préoccupations de compatriote concerné relatives à mon plan de retour au pays. Que veux-tu que je fasse, mon frère? Poser ma tente éternellement en Amérique du Nord entre Montréal et Washington DC? Laisser la peur des bandits m'envahir jusqu'à ce que cette peur devienne plus criminelle et corrosive que les bandits eux-mêmes? La peur tue autant que les bandits. En fait, j'ai plutôt peur d'avoir peur.
Je retourne au pays. La décision est irrévocable à ce stade. Notre Haïti moribonde, cancéreuse et agressive n'a, peut-être, que la mort, la peur, l'angoisse, la jalousie, l'incompréhension à offrir à ceux d'entre ses expatriés de la diaspora contemplant un retour en son sein meurtri. Est-ce une raison suffisante d'abandonner notre pays au sort que ses enfants dévoyés lui font? Faut-il que ces engeances continuent de dicter la norme là-bas pour l’éternité ? Sont-ce là des motifs valables pour ne pas rédiger comme Césaire son propre cahier de retour au pays natal une fois exilé? D’ailleurs si Haïti s‘est muée en mouroir pour ses enfants, les premières victimes sont d’abord ces millions de héros qui y vivent encore. Sur le terrain. Et qui y résistent honorablement, avec les moyens artisanaux du bord. Par choix patriotique ou impossibilité logistique d’évacuer les lieux du désastre. Ces lieux que nous de la diaspora entendons déserter et éviter. Je retire mon chapeau à tous ceux qui choisissent de mourir en Europe ou en Amérique du Nord. C’est leur droit. Je le respecte. De mon coté, si Haïti a été mon berceau sans avoir pu jouer le moindre rôle dans cette opération du Ciel, et sans que Dieu ait eu l’élégance de solliciter mon avis dans une décision aussi cruciale liée à la vie terrestre d’un de ses fils, j’ai opté toutefois de gré de faire d’elle mon tombeau avec notre bicolore pour linceul.
Dans ma carte de vie, Haïti a toujours été le point de départ, le port d’embarquement, le point de chute, la piste d’atterrissage finale et ma destination dernière. Dans mon itinéraire, Montréal, Paris et Washington D.C n’ont toujours constitué que des détours passagers pour des emplettes et des approvisionnements spécifiques. Des approvisionnements liés avant tout à l’éducation. Une odeur de moisi m’indisposait quand j’avais laissé Haïti pour Montréal. Je voulais grimper intellectuellement et spirituellement jusqu’aux cieux. Mais les disponibilité s de dépassement de soi et de l’autre, les frontières de l’esprit sont si précaires et étroites chez nous que je vivais avec l’impression délétère de tournoyer. Dans le vide. Je me sentais prisonnier d’une insularité sclérosante. Il est maintenant minuit à mon cadran. Une nouvelle révolution horaire a commencé. Un nouveau jour. Un nouvel état d’âme. Un nouveau regard sur moi-même. Mon pays. Et le monde. L’heure de faire les valises a pour moi sonné. Enveloppées de ténèbres, les premières heures du jour sont toujours incertaines. Nos pas ne sont ni suffisamment éclairés ni amplement informés. Mais l’aube nous attend toujours au bout du coin. Avec ses lueurs timides et ses promesses éblouissantes de soleil. Il suffit de croire et d’espérer.
Israéliens, Palestiniens, Libanais ont toujours tout bravé pour se frayer un chemin parmi les bombes et les décombres vers l’Alma Mater. Un grand retour au bercail, qui pour la consolidation des acquis, qui pour la libération nationale, qui pour la reconstruction et la réconciliation nationale. Mon cher Marcel, ce ne sont pas nos mornes dégarnis, nos rochers sauvages, nos kidnappeurs, les troupes étrangères qui vont aider notre pays grabataire à se refaire un nom, un visage, une santé, et un demain.
Le Ciel ne me laissera pas mourir sans avoir partagé magnanimement avec la jeunesse de mon pays ce que j’ai engrangé de trésor dans les universités canadiennes et américaines.
Je forme le vœu que nos frères et sœurs haïtiens de cœur et de sang, dispersés ici et là, réaliseront un jour que s’ils ont besoin de l’Europe et de l’Amérique du Nord, ces terres n’ont plus besoin de nous. Par contre, s’ils n’ont plus besoin d’Haïti, ce pays a eu et aura toujours besoin d’eux. Aujourd’hui plus qu’hier. Et demain plus qu’aujourd’hui.
Patriotiquement,
Kenbe la !
Daly Valet
Washington, DC
31 Janv. 2009
Nb. Archivez ce message. On ne sait jamais.
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La vérité est pour nous la démocratie organisée en société civile et en gouvernement politique. Tout le reste est fiction, sophisme, mensonge, tyrannie. La fiction n’a qu’une apparence, le sophisme n’a qu’une face, le mensonge n’a qu’un temps, la tyrannie n’a qu’une arme, qu’on lui brise tôt ou tard dans la main. Les gouvernements vraiment solides ne peuvent porter que sur une vérité complète. Le gouvernement démocratique sera le gouvernement éternel de l’avenir vers lequel nous marchons; telle est notre foi. Lamartine--------------------------------------------------------------------------------
piporiko- Super Star
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Nombre de messages : 4753
Age : 53
Localisation : USA
Opinion politique : Homme de gauche,anti-imperialiste....
Loisirs : MUSIC MOVIES BOOKS
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: L'impulsif
Re: DALY VALET RETOURNE AU PAYS
Bon retour Daly. J'espère que tu seras en mesure de mettre tes connaissances au profit de ton pays que tu aimes tant, en espérant que rien ni personne ne t'y opposera
Nickie- Star plus
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Nombre de messages : 1132
Localisation : Montréal, Canada
Loisirs : La lecture, la musique tendre, le net, le cinema, la plage, les voyages
Date d'inscription : 21/12/2007
Feuille de personnage
Jeu de rôle: La rose
Re: DALY VALET RETOURNE AU PAYS
Koken yo pral konnen konna
Rico- Super Star
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Nombre de messages : 8954
Localisation : inconnue
Loisirs : néant
Date d'inscription : 02/09/2006
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Jeu de rôle: dindon de la farce
Re: DALY VALET RETOURNE AU PAYS
Qui vivra verra
Nickie- Star plus
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Nombre de messages : 1132
Localisation : Montréal, Canada
Loisirs : La lecture, la musique tendre, le net, le cinema, la plage, les voyages
Date d'inscription : 21/12/2007
Feuille de personnage
Jeu de rôle: La rose
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