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Lettre du Président Préval aux sénateurs et aux députés

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Lettre du Président Préval aux sénateurs et aux députés Empty Lettre du Président Préval aux sénateurs et aux députés

Message  Sasaye Jeu 23 Juil 2009 - 16:50

Lettre du Président René Préval aux sénateurs et aux députés de la 48ème Législature

Honorables Sénateurs de la République
Honorables Députés de la 48ème Législature
Palais Législatif

Mesdames et Messieurs les Honorables Députés et Sénateurs,
Nous avons été conjointement investis par le Peuple Haïtien de la mission de la conduire sur la voie du progrès. Mission difficile certes, mais que nous avons acceptée ensemble et que nous nous devons de mener à bien.

Mesdames et Messieurs,

Trop longtemps, les rapports entre les pouvoirs Législatif et Exécutif ont été mal interprétés, soit en termes d’asservissement ou d’affrontement. Ils doivent plutôt être de coopération respectueuse et critique.

Préoccupés par le climat d’insécurité qui paralysait littéralement notre société et par l’instabilité politique qui nous jetait en permanence les uns contre les autres, pris par la gestion des catastrophes naturelles, nous n’avons pas accordé toute l’attention nécessaire à des problèmes aussi importants que le chômage, la baisse du pouvoir d’achat, et le salaire de cette minorité de nos compatriotes qui ont la chance d’avoir un emploi régulier.

Nous voilà aujourd’hui confrontés à la question complexe du « salaire minimum ». Je voudrais tout d’abord affirmer, qu’en vous soumettant mes objections à la loi votée par les deux Chambres, j’ai plutôt pensé initier un dialogue qui nous permettrait d’offrir au peuple Haïtien des solutions meilleures que celles auxquelles nous aurions abouti en travaillant sans concertation.

Dans ma lettre du 17 juin adressée aux Honorables Présidents des deux Chambres, accompagnant mes objections à la loi sur le salaire minimum, je disais : « Si mwen voye objeksyon sa a jodi ya se pa paske mwen panse li bon nèt…se paske 8 jou konstitisyon an banmwen yan rive. Mwen kwè fòk ta gen plis refleksyon ki fèt toujou ». Plus que des objections, je vous ai soumis mes interrogations et mes inquiétudes. J’ai voulu les partager avec vous, conscient que devant l’énormité des défis auxquels nous faisons face, aucun des pouvoirs prévus par la Constitution ne peut y répondre de manière isolée.
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La question du salaire minimum exige une réflexion profonde. Elle ne peut s’inscrire que dans un questionnement plus responsable sur la création de richesse, sa répartition plus équitable et, surtout, l’ouverture du marché du travail à une jeunesse qui représente plus de la moitié de notre population.

Une loi sur le salaire minimum doit tenir compte de notre réalité et de sa complexité.

Baradères n’est pas Port-au-Prince. Ni le coût de la vie, ni les distances, ni les opportunités d’emploi n’y sont les mêmes. Faudrait-il qu’un même salaire minimum national s’applique aux deux localités ?

La majorité des établissements qui sont de loin les plus grands pourvoyeurs d’emploi dans notre pays sont des micro et petites entreprises avec un faible chiffre d’affaires et moins de 5 employés. Ceux-là y gagnent en même temps qu’un salaire, la dignité, l’autonomie et le sens que le travail procure à la vie. Faut-il astreindre ces micro, petites et moyennes entreprises aux mêmes critères que des compagnies qui gèrent des actifs 100 ou 1000 fois plus importants ?

Pourquoi privilégier dans le débat le secteur de la sous-traitance ? Il est vrai qu’à court terme, il peut créer de nombreux emplois dans notre pays. Toujours est-il que pour le moment il ne mobilise que 10% de la force de travail engagée dans le secteur formel (public et privé compris). N’est ce pas réducteur de choisir ce secteur comme principale référence, et sans tenir compte de ces contraintes spécifiques ?

L’agriculture, ses grandes potentialités à créer des emplois en amont et aval du travail des cultivateurs, est-elle viable aux quatre coins du pays avec un salaire minimum fixé sans nuance ?

Qu’en sera-t-il du secteur du tourisme qui, de Value à Jacmel, de Port Salut au Cap Haïtien tente une percée difficile mais prometteus ?

Le coût de la vie a augmenté aussi bien pour les ouvriers non spécialisés que pour les travailleurs considérés comme faisant partie de la classe moyenne : professeurs, infirmières, caissières de banque ou de supermarchés, policiers et d’autres membres de la fonction publique. Ces travailleurs dont beaucoup ont acquis leurs compétences au coût de lourds sacrifices consentis par leurs parents ne risquent-ils pas de se sentir lésés par une législation qui ne les prend pas en compte? Comment, dès lors, ne pas être sensible aux conséquences de l’inflation qui pourrait entrainer une augmentation inadéquate du salaire de cette catégorie de travailleurs et ses effets sur le pouvoir d’achat des 70% de notre population au chômage ?

Ces questions nous interpellent et nous devrons ensemble y trouver des réponses efficaces.

Compatriotes du Sénat et de la Chambre des Députés, le vrai défi auquel nous faisons face est celui de la croissance et de l’emploi maximum. Nous devons travailler ensemble pour que dans notre pays le chômage ne soit plus la norme mais l’exception.

Je vous convie donc à considérer mes objections comme une invitation à poursuivre le dialogue ainsi entamé, pour qu’ensemble nous nous montrions dignes de la confiance que le Peuple haïtien a bien voulu placer en nous.

J’en profite pour remercier et féliciter la Commission des Affaires Sociales de la Chambre des Députés, qui a pris la courageuse initiative de consulter divers secteurs intéressés par la question du salaire minimum. Cet esprit d’ouverture constitue un véritable modèle d’exercice du dialogue démocratique au sein de notre société et plus précisément dans les rapports entre le Législatif et l’Exécutif. Je formule le vœu que l’exemple tracé par la Commission fera date, dans le processus d’apprentissage de notre jeune démocratie.

Je vous prie d’agréer Mesdames et Messieurs les Honorables Députés et Sénateurs, mes patriotiques salutations.


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