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Les Mendiants Sans Frontières II

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Les Mendiants Sans Frontières II Empty Les Mendiants Sans Frontières II

Message  piporiko Dim 13 Déc 2009 - 19:11

Les Mendiants Sans Frontières II

La semaine dernière, une ONG
Haitienne a lancé une campagne de sensibilisation visant à éliminer la
domesticité des enfants en Haiti. Pour une "Ayiti San Restavèk" est un
projet financé par l'USAID et encadré par le Pan American Devlopment
Foundation et bien sur la Fondation Maurixe Sixto du nom du célèbre
diseur qui força les discussions sur le drame des Ti Saintaniz jusque
dans nos salons.
A priori, les intentions sont bonnes. Les moyens ou
stratégies exposés pour parvenir à une Ayiti San Restavèk sont-ils
efficaces? Allons plus directement au fond des choses. Arrivera-t-on à
se débarasser de nos chers Restavèk?
Est-ce une campagne
supplémentaire qui est en train d'adoubber l'Etat Haitien (déclaré en
faillite de ses responsabilités)? Je voudrais partager mon point de vue
en mettant d'abord en relief, ce nouveau rapport de dépendance
supplémentaire établi par la "la communauté internationale" et un pan
de notre société. Certains veulent aujourd'hui, grimper le dos de leur
"cheval patriotique" en voulant voir partir la MINUSTHA, ses soldats et
policiers, ses fusils et ses chars. Aïiiiiiiiiiiiie. Lwa Dessalines yo
monte nan tèt yo. C'est le seul Lwa du Vodoun qu'ils font appellent
discrètement lorsqu'il faut enfourcher ce cheval ... de circonstance.
Les
jours précédents, j'ai lu sur l'un des fora la correspondance d'un
"patriotard" suggérant à un autre sa collaboration pour monter une ONG
visant à traquer les prédateurs et touristes sexuels en Haiti. ONG,
ONG, ONG. MSF, MSF, MSF .... MENDIANTS SANS FRONTIERES. Une ONG en
Haiti, est financée par les "blancs" que l'on demande de partir. On ne
peut rejeter avec une main ce que l'on réclame ouvertement avec une
autre main.
Prenons le cas spécifique du programme "Pou Yon Ayiti
San Restavèk", c'est du lave men siye atè. On va sensibiliser la
population sur quoi? La nécessité d'en finir avec "l'esclavage des
enfants?" Je répondrais: Encore des voeux pieux et une nouvelle
descente en cascades de bondieuseries. Depuis quand a-t-on trouvé une
solution à un problème en attaquant le ou les effet(s) et non pas la ou
les cause (s)?
Sans vouloir trop m'étendre, je dirai que le
Restavèk est un fait social comportant plusieurs volets qu'on se doit
d'interpréter en tant que sous-produit de notre société axé sur son
schéma colonial. Pourquoi existe-t-il des Restavèk en Haiti et non pas
en Jamaique, Saint Thomas, Grenade et autres iles de la Caraïbe dont
les populations sont majoritairement d'origine africaine et qui
partagent le meme passé colonial que nous autres de la Première
République Noire du Monde?
Je crois que le phénomème Restavèk va
encore perdurer parce qu'il est le corrollaire de la pauvreté endémique
qui frappera notre société pour longtemps encore. Il s'agit d'un
systeme de survie que nous avions charrié de l'Afrique. J'ai constaté,
lors de mes voyages en Afrique (je loge chez des amis et vit au sein
des populations en m'adaptant à leur vécu quotidien et non pas dans les
hotels ou quartiers pour les expatriés), l'existence du meme phénomène
au Bénin (ex-Dahomey) et au Togo. Au Bénin on les appelle en langue
locale Fon, Vidèmigon. Un de mes traducteurs eut à utiliser le meme mot
qu'on utilise en Haiti pour désigner un enfant en domesticité:
Restavèk. Vi = enfant, dè=rester, mi =moi, gon=avec. Waoaw! Comme en
Haiti, ils sont logés chez des familles relativement ou plus fortunés
que leur géniteur. On les rencontre souvent dans les marchés publics où
ils assistent leur "maitre" à débiter les marchandises. On les
voit
aussi comme jeunes ambulants offrant des lots de tomates, d'onions ou
de sachets d'emballage et autres produits légers dans les entrées des
couloirs de ces marchés publics.
Le Bénin et le sud du Togo sont
reconnus comme pays exportateurs d'enfants vers la domesticité dans les
pays limitrophes tels que le Ghana, la Cote d'Ivoire, le Nigeria ou le
Gabon disposant d'une économie plus ou moins dynamique. On m'a raconté
que des parents venus des régions éloignées s'emmènent à Cotounou, la
capitale, avec trois ou quatre de ses enfants pour les "placer" dans
les familles. Ces parents passent régulièrement en fin de mois pour
"toucher" leur prime sur le dos de leurs propres enfants. Cela a l'air
d'etre très Dahoméen, parce que cela se fait aussi en Haiti.
Pourtant,
la richesse nationale du Bénin est mieux distribuée qu'en Haiti (les
deux pays séparés par l'océan Atlantique furent colonisés par la
France). Mais nos pauvres africains et haitiens se partagent ce meme
réflexe vis-à-vis de leurs progénitures. "Manman bourik fè pitit li se
pou do l poze" disent habituellement les parents agriculteurs intiant
leurs gosses aux durs travaux des champs". Le pauvre noir venu
d'Afrique ou vivant en Afrique s'introjecte, voire se compare à une
bette de somme (bourique). "M'ap travay pou anyen", on se souvient de
ce refrain des Gramax de nos cousins Martiniquais. Libre, il n'arrive
pas à jouir des fruits de son travail, puisqu'il est sans terre, et
lorsqu'il dispose d'un lopin, il ne dispose d'aucune assistance à la
production. Lorsqu'il produit, il est obligé de verser les trois quarts
de sa production au grand propriétaire terrien absentéiste (les 2
mwatye), ou il se fait gruger par les "coups de
faux poids" des
spéculateurs en denrées (middle person et parasites) et les
exportateurs (opportunistes et imbéciles heureux). La mobilité sociale
pour le pauvre Haitien repose à 98% sur un coup de chance qui est le
plus souvent ... un pwen kay dyab. C'est la seule alternative qui
s'offre au plus audacieux. Mieux, le pwen kay dyab n'est pas accessible
au premier venu.
Ne demandez pas à quelqu'un devant qui aucun
perspective de changement de sa condition de vie ne lui est proposé de
renoncer à ses techniques de survie. La campagne de sensibilisation ne
va rien approter si on ne cherche pas à couper la source du phénomène
en luttant pour offrir une meilleure existence aux fournisseurs des
Restavèk
La classe soit-disant éduquée répète souvent que le pays
n'offre rien et s'en prend habituellement aux dirigeants. Ceux qui
peuvent fuir "l'enfer", le font sans regarder leurs talons. Nombre
de ceux qui restent sur place s'accomodent tant bien que mal et
s'accrochent aux radeaux de la barque nationale en détresse.
Il y
a ceux qui croient bien faire en se faisant les canaux de distribution
de l'assistance internationale. Ce projet de Pou yon Ayiti san
Restavèk sera un exemple flagrant du gaspillage de l'aide via les ONGs.
Encore une fois, dans notre mentalité d'assistés ou de Mendiants Sans
Frontères devenue la grande mode, le "petit peuple" abandonné à son
sort traditionnel, se demandera dans quelques années, à coup sur: Kote
tout kob blan bay pou devlope peyi a? Il ne saura jamais que, des
sommes mentionnées dans les bulletins de nouvelles informant du volume
d'aide accordé à leur pays, une bonne partie de ces enveloppes sert à
payer les salaires de ces ONGistes.
Si la société Haitienne dans
son ensemble ne se concerte pas sur les mesures à adopter pour réduire
le nombre de ceux qui se trouvent dans l'extremement
grand diagramme des "appauvris", les fonds décaissés pour financer ce
nouveau projet se révèleront dans 10 ans, un gaspillage qui n'a servi à
grand chose. Après, les reportages que ne manqueront pas de diffuser
les CNN, TV5 ou TF1 sur l'existence de l'esclavage des enfants, une
fois de plus, le gouvernement (quelque soit celui qui sera là) sera
indexé pour n'avoir "rien fait pour enrayer le phénomène". Les
diplomates "ayant requis l'anonymat" que relairont les ONGs (de
service) des droits de l'homme locaux et internationaux ne se priveront
pas de parler de "corruption" et "placement du pays sur la liste des
pays les plus corrompus de la planète". Les braillards de service dans
les média en feront logiquement écho. Mais, ils ne diront jamais que de
nos jours les chefs des ONGs et
leurs accolytes sont ceux qui engloutissent l'aide internationale dans les salaires administratifs.
Réduire
la pauvreté, construire un momentum national devraient etre les points
focaux d'actions à entreprendre par les citoyens concernés par
l'ensemble des problèmes que confronte notre pays.
Je demanderais
aux citoyens concernés de regarder dans la liste des "patriotes" et
fouiller pour voir certains liens ONGistes. Dans ce cas, cette pétition
va se révèler une vaste plaisanterie. On ne peut pas se dire "patriote"
et à la fois ONGiste. On est en réalité du club des MENDIANTS SANS
FRONTIERES. Un mendiant n'a pas de dignité. Il fait comme lui dicte
celui qui lui ournit un salaire.

Cordialement.

Norluck

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