Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti


Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti
Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Lettre ouverte de Jean Ernest Pierre au premier ministre Bellerive

Aller en bas

Lettre ouverte de Jean Ernest Pierre au premier ministre Bellerive Empty Lettre ouverte de Jean Ernest Pierre au premier ministre Bellerive

Message  Invité Mer 3 Mar 2010 - 12:59

Objet : Plan B de la refondation d’Haïti
__________________________________


Monsieur le premier ministre,

Le soussigné a eu l’occasion, à titre de journaliste, de vous recevoir en entrevue à CPAM, 1610 AM Montréal lors des vos récentes visites à Montréal. Chaque fois, je n’ai pu m’empêcher de signaler à la diaspora haïtienne d’apprécier en vous l’homme au discours empreint de sincérité, cette sincérité qui frise la naïveté. Cependant, récemment j’ai entendu une de vos prestations qui m’a franchement scandalisé. Aussi, attendu qu’Haïti s’engage dans une phase vitale pour tous les Haïtiens qui s’attachent encore à ce pays, au nom justement de ceux-ci, m’empressé-je de vous signaler ce qui suit:


Monsieur le premier ministre, vous avez dit dans une entrevue accordée à une station de la capitale haïtienne que vous avez depuis toujours entendu dire qu’Haïti regorge de ressources naturelles mais que vous n’en savez rien. Cette simple phrase a eu l’effet d’une bombe en moi; et j’ai, comme de raison, propagé ce sentiment de frustration et de honte qui m’habite à mes nombreux auditeurs. En fait, je savais que je venais d’un pays qui a été appauvri par le rôle qu’il a assumé dans l’Histoire de l’humanité, mais je ne savais pas que mes dirigeants ne prenaient pas les dispositions nécessaires pour assurer un mieux être à l’ensemble de la population, se contentant, au contraire, de se promener à travers le monde avec leur sébile et brandissant fièrement la bannière:Haïti est le pays le plus pauvre de l’Hémisphère, aidez-nous.

Monsieur Bellerive, je ne vous reproche pas d’avoir dit que vous ne saviez pas de quelles ressources dont dispose Haïti dans son sous-sol. Je vous reproche tout simplement de n’avoir pas fait faire un état des lieux depuis le temps que avez le privilège d’agir pour l’État d’Haïti. Vos propos permettent non seulement d’alimenter les rumeurs quant à l’immense richesse présumée d’Haïti, mais aussi aux possibilités de collusion de nos dirigeants avec les États-Unis qui considèreraient nos ‘gigantesques nappes pétrolières’ comme leurs réserves géostratégiques.

Le soussigné rappelle par la présente les études du Docteur Matthurin qui prétend que le sous-sol d’Haïti regorge de richesses.Et si tout cela était vrai? Et si c’était vrai à moitié? L’Histoire aurait à questionner ceux de nos dirigeants qui n’ont rien tenté pour sortir le peuple de son sous-développement et sa misère chronique. Haïti serait comme un pauvre extrêmement riche. Aberration !

Monsieur le premier ministre, dans le contexte de la refondation d’Haïti, il est plus que jamais urgent de faire l’inventaire de nos ressources, et ce, essentiellement les raisons que voici :

1. Nous avons souvent été déçus par la communauté internationale avec ses promesses non tenues; et, il n’est pas dit que cette communauté internationale n’abandonnera pas le projet de reconstruction du pays en cours de route. Malgré les leçons d’un passé très récent, nous plaçons tous nos œufs de la refondation de notre pays dans le panier de la communauté internationale. Quelle imprudence! Si nous savons sur quelles ressources le pays peut compter, nous serons plus à même de négocier notre projet de refondation d’Haïti. Par ailleurs, si nos recherches scientifiques prouvent hors de tout doute que notre pays dispose de ressources naturelles, vous serez alors habilités à hypothéquer lesdites ressources pour garantir le projet de refondation; et ce serait notre Plan B;

2. Et puis, c’est une question de dignité pour les Haïtiens. Que vous soyez mulâtres, noirs, intellectuels ou analphabètes, en Haïti ou dans la diaspora haïtienne, les étrangers rient littéralement des Haïtiens comme des incapables qui ne savent pas ce qu’ils ont chez eux, alors que eux, ils savent ce que nous avons chez nous et ce que nous n’avons pas;

3. En ce qui concerne le pétrole, disons que depuis plusieurs décennies, le monde est à la recherche de solutions alternatives à l’utilisation de ce produit. De nos jours, les voitures hybrides en consomment très peu. Le jour où une solution présentera des aspects plus intéressants que le pétrole, les pays producteurs auront moins la côte avec un produit dont on prônera, peut-être, le bannissement pour des raisons écologiques;

4. Enfin, les dirigeants haïtiens doivent apprendre à mériter la confiance de la population. Vous l’avez dit vous-même,dès que vous êtes nommé ministre, la population vous perçoit comme un voleur, comme un ennemi. Alors, qu’est-ce qui explique cette situation? Les Haïtiens, dès qu’ils sont en position de pouvoir ont presque toujours exploité les plus démunis de la population. Le président Préval avait bien promis de restaurer l’autorité de l’État au cours de son premier mandat. C’est justement parce qu’il ne l’a pas fait qu’il il a perdu la confiance et le respect de son peuple.

En conclusion, c’est sans prétention aucune que j’estime cette proposition qui consiste à faire un état des lieux, fait partie des étapes nécessaires et incontournables dans le projet de refondation du pays. Nous n’en avons pas les moyens? L’État Haïtien doit demander, en guise d’aide dans la reconstruction, à l’un des pays voisins qui ont fait la même démarche comme le Brésil ou le Venezuela, à venir à sa rescousse. Ces pays progressistes de la région verraient là la volonté des Haïtiens à se mettre enfin en mode décollage. Le peuple reprendrait confiance dans ses dirigeants.

Et, si l’on doit arriver à la conclusion que le sous-sol d’Haïti ne contient aucune richesse, les Haïtiens de partout à travers le monde assumeront le Plan B de la reconstruction de leur pays. Et vous, quand viendra le temps de partir, partirez la tête haute, avec le sentiment du devoir accompli. Monsieur le premier ministre, votre fonction vous condamne à tout savoir sur le sujet relatif aux richesses éventuelles du pays et non le contraire.

En attendant les suites nécessaires, veuillez agréer, Monsieur le premier ministre, l’expression de mes sentiments les meilleurs.



____________________________

Me Jean Ernest Pierre
Avocat
PDG CPAM 1610 AM Montréal
Journaliste
Ing. diplômé de l’ISTH, 1980.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum