Pour en finir avec les assassinats politiques
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Pour en finir avec les assassinats politiques
Pour en finir avec les assassinats politiques
En février 1986, nous avons entonné le requiem. Nous croyons avoir banni le nom des Duvalier de la mémoire collective. Nous avons honni le nom de cette famille tristement célèbre dans l'histoire de la nation. Nous avons erré. Le dimanche 16 janvier écoulé, la nation entière se trouve en pleine déprime. Sans frapper, Jean Claude, l'héritier du pouvoir maudit, est revenu hanter nos nuits de cauchemars hideux à faire transpirer d'effroi le front des plus endurcis.
On l'avait combattu. Il s'est sauvé sans demander l'addition. Par une gifle bien flanquée sur notre joue, il est revenu et s'est imposé en donneur de leçons « pour aider » les incapables, dit-il. Odieuse présence qui vient confirmer notre échec après 25 ans de gabegie, 25 ans d'anarchie, 25 ans d'incompétence crasse, 25 ans de folies éhontées qui nous ont conduit tout droit dans les bas-fonds de l'enfer.
C'était écrit dans le ciel.
Bref, nous avons hurlé notre désarroi. Nous avons souligné au trait rouge notre profonde aversion. Nous avons colorié des tonnes de papier de notre désespoir. Impuissants, nous voilà, le dos acculé au mur. Le spectre de l'impunité du revenant, basée sur la prescription légale des crimes perpétrés, plane sur cette démoralisante expectative.
J.C est presqu'un intouchable. Les forbans nous ridiculisent. Nous sommes les poulets du barbecue, la table est déjà mise. Les malfaiteurs sont comblés. La récurrence de l'histoire n'est pas à dédaigner.
En Haïti, la fiction vogue toujours à l'envers de la logique, pour s'y établir en fin de ligne.
Existe-t-il une solution pour enrayer l'engrenage de cette infernale machine qui avait broyé et broiera encore demain les os de nos frères?
Ne nous trompons pas d'histoires une nouvelle fois. Avec un peut-être, tentons de sauver les meubles. Condamnés à réparer l'irréparable, nous devons stopper ces cons et leurs connards de fanatiques, sinon, il restera peu de mains pour écrire l'histoire de ce pays.
En parcourant cette semaine la liste non exhaustive des assassinats sous le règne des Duvalier, et les autres éphémères locataires du Palais, j'ai été confronté à la triste réalité de certains mauvais rêves encore vivaces en ma mémoire.
Délicatement, je pointais, simplement pour la ville de Jérémie, ma ville natale, les égorgés par famille ou par individu, sous le régime Papa Doc.
Des familles entières ont été décimées par des mains connues de ma ville pour le plaisir du tyran : Les 13 Sansaricq, les 4 Drouin, les 10 Villedrouin, les 2 frères Vital, Me. Alphonse Bazile….etc…etc.
Sans nul doute, chaque Haïtien s'en est déjà prêté à ce devoir funeste avec cette similaire minutie, cette apparente fixité géographique en quête d'un nom très cher, d'une connaissance, d'un voisin, d'un camarade de jeu, de classe, de quartier, emportés par la fureur de ces égorgeurs sans foi, ni loi qui nous avaient gouvernés.
Une proposition entre 1000 :
Pour éviter la répétition de ces actes de vampirisme, de cette tendance qui métamorphose nos élites en bêtes sauvages, confondons ou plaçons nos bourreaux devant leurs crimes, en exhibant des témoins silencieux de la barbarie passée, présente et à venir.
Érigeons dans chaque ville, chaque village, chaque bourgade, une stèle, sorte de monument monolithe à la mémoire des exterminés, des étripés;
sorte de « Mur d'imputations », ou « Pierre de lamentations », ça va de soi.
Nous y graverons les noms de tous les sacrifiés, suivis de celui de leurs meurtriers.
On y ajoutera, pour compléter le décor macabre, le nom du chef d'état qui avait ordonné ou employé ces malfrats.
Par exemple, à Jérémie, on érigera à l'entrée de la ville, une stèle en ciment ou en marbre, où l'on cisèlera le nom de tous les pauvres fusillés suscités :
Sansaricq…etc, suivis de tous les macoutes qui avaient épaulé leur arme, ou joué des baïonnettes, des commandants militaires, macoutes et civils qui supervisaient, des auteurs intellectuels qui avaient entériné le forfait, du gouvernement qui les avait cautionnés.
Que les noms de ces forbans soient à jamais maudits.
Attention! Ce ne sera pas si simple.
En démocratie, car on leur offrira cet état de grâce; en démocratie, ces éventreurs, tout en se faisant dans leur froc, vont user de toutes les dispositions légales pour se substituer à cette exposition ou à cette érection.
Cette réaction en chaîne aura l'avantage de délier les langues, de briser l'omerta pour le bénéfice de la collectivité. Étant des lâches, l'un va accuser l'autre des pires forfaits. Conséquemment, nous saurons au moins, comment sont morts et où sont enterrés nos pères, nos frères et nos fils.
Toutefois, une chose est sûre, prescription ou pas, le nom du Président de l'époque ne saurait être omis. Quoiqu'il en fasse. Par contre, c'est une mesure drastique destinée à pacifier le pays, à tuer dans l'oeuf les excès de zèle aiguillonnés par l'appât du gain et du pouvoir. Nos serviteurs ont la couenne dure et ne font qu'à leur tête. Point n'est besoin de les pendre ou de les exiler. Montrons leur qu'ils n'ont jamais laissé notre mémoire en rééditant les mauvais coups de leur règne en lettre de feu éternel dans la conscience de la nation.
Ainsi, à chaque fois qu'un voyageur débarque dans son coin de pays,
il aura l'obligation de faire son devoir de mémoire, en allant rendre un hommage aux morts, perpétuer le souvenir de ces humbles disparus et honnir tous ceux qui avaient contribué à leur perte, le plus souvent à la fleur de l'âge.
Par contre, garantissant le futur, tout bourreau inné qui se respecte, aura à réfléchir deux fois avant d'agir comme des robots sans âme au nom du crétin qui habite le Palais, s'il ne désire voir son nom incrusté dans le marbre de l'histoire pour le restant de ces jours. Ce sera pour nous un premier pas vers la radiation de la racine du mal haïtien. En effet, entre naître et mourir, nous sommes tous entraîné malgré nous dans l'aventure de la vie. Nul ne peut y échapper. Donc, personne ne peut s'arroger le droit de mettre fin à nos jours selon ses caprices avant l'heure fixé au cadran du temps.
Le jour est venu pour nous de sortir Haïti des cavernes.
Si tel est notre objectif de construire une nouvelle Haïti;
si tel est notre rêve de faire disparaître les Macoutes, les Zenglendos, les Chimè, les mécréants, les insignifiants, ne gommons pas notre lugubre passé.
Au contraire, auscultons de temps à autre les méfaits de l'histoire, sinon, nous sommes condamnés à les revivre. Le ventre de la bête est encore fécond. Des monstres, elle pourra en enfanter à volonté.
Max Dorismond (26 Janvier 2011).
En février 1986, nous avons entonné le requiem. Nous croyons avoir banni le nom des Duvalier de la mémoire collective. Nous avons honni le nom de cette famille tristement célèbre dans l'histoire de la nation. Nous avons erré. Le dimanche 16 janvier écoulé, la nation entière se trouve en pleine déprime. Sans frapper, Jean Claude, l'héritier du pouvoir maudit, est revenu hanter nos nuits de cauchemars hideux à faire transpirer d'effroi le front des plus endurcis.
On l'avait combattu. Il s'est sauvé sans demander l'addition. Par une gifle bien flanquée sur notre joue, il est revenu et s'est imposé en donneur de leçons « pour aider » les incapables, dit-il. Odieuse présence qui vient confirmer notre échec après 25 ans de gabegie, 25 ans d'anarchie, 25 ans d'incompétence crasse, 25 ans de folies éhontées qui nous ont conduit tout droit dans les bas-fonds de l'enfer.
C'était écrit dans le ciel.
Bref, nous avons hurlé notre désarroi. Nous avons souligné au trait rouge notre profonde aversion. Nous avons colorié des tonnes de papier de notre désespoir. Impuissants, nous voilà, le dos acculé au mur. Le spectre de l'impunité du revenant, basée sur la prescription légale des crimes perpétrés, plane sur cette démoralisante expectative.
J.C est presqu'un intouchable. Les forbans nous ridiculisent. Nous sommes les poulets du barbecue, la table est déjà mise. Les malfaiteurs sont comblés. La récurrence de l'histoire n'est pas à dédaigner.
En Haïti, la fiction vogue toujours à l'envers de la logique, pour s'y établir en fin de ligne.
Existe-t-il une solution pour enrayer l'engrenage de cette infernale machine qui avait broyé et broiera encore demain les os de nos frères?
Ne nous trompons pas d'histoires une nouvelle fois. Avec un peut-être, tentons de sauver les meubles. Condamnés à réparer l'irréparable, nous devons stopper ces cons et leurs connards de fanatiques, sinon, il restera peu de mains pour écrire l'histoire de ce pays.
En parcourant cette semaine la liste non exhaustive des assassinats sous le règne des Duvalier, et les autres éphémères locataires du Palais, j'ai été confronté à la triste réalité de certains mauvais rêves encore vivaces en ma mémoire.
Délicatement, je pointais, simplement pour la ville de Jérémie, ma ville natale, les égorgés par famille ou par individu, sous le régime Papa Doc.
Des familles entières ont été décimées par des mains connues de ma ville pour le plaisir du tyran : Les 13 Sansaricq, les 4 Drouin, les 10 Villedrouin, les 2 frères Vital, Me. Alphonse Bazile….etc…etc.
Sans nul doute, chaque Haïtien s'en est déjà prêté à ce devoir funeste avec cette similaire minutie, cette apparente fixité géographique en quête d'un nom très cher, d'une connaissance, d'un voisin, d'un camarade de jeu, de classe, de quartier, emportés par la fureur de ces égorgeurs sans foi, ni loi qui nous avaient gouvernés.
Une proposition entre 1000 :
Pour éviter la répétition de ces actes de vampirisme, de cette tendance qui métamorphose nos élites en bêtes sauvages, confondons ou plaçons nos bourreaux devant leurs crimes, en exhibant des témoins silencieux de la barbarie passée, présente et à venir.
Érigeons dans chaque ville, chaque village, chaque bourgade, une stèle, sorte de monument monolithe à la mémoire des exterminés, des étripés;
sorte de « Mur d'imputations », ou « Pierre de lamentations », ça va de soi.
Nous y graverons les noms de tous les sacrifiés, suivis de celui de leurs meurtriers.
On y ajoutera, pour compléter le décor macabre, le nom du chef d'état qui avait ordonné ou employé ces malfrats.
Par exemple, à Jérémie, on érigera à l'entrée de la ville, une stèle en ciment ou en marbre, où l'on cisèlera le nom de tous les pauvres fusillés suscités :
Sansaricq…etc, suivis de tous les macoutes qui avaient épaulé leur arme, ou joué des baïonnettes, des commandants militaires, macoutes et civils qui supervisaient, des auteurs intellectuels qui avaient entériné le forfait, du gouvernement qui les avait cautionnés.
Que les noms de ces forbans soient à jamais maudits.
Attention! Ce ne sera pas si simple.
En démocratie, car on leur offrira cet état de grâce; en démocratie, ces éventreurs, tout en se faisant dans leur froc, vont user de toutes les dispositions légales pour se substituer à cette exposition ou à cette érection.
Cette réaction en chaîne aura l'avantage de délier les langues, de briser l'omerta pour le bénéfice de la collectivité. Étant des lâches, l'un va accuser l'autre des pires forfaits. Conséquemment, nous saurons au moins, comment sont morts et où sont enterrés nos pères, nos frères et nos fils.
Toutefois, une chose est sûre, prescription ou pas, le nom du Président de l'époque ne saurait être omis. Quoiqu'il en fasse. Par contre, c'est une mesure drastique destinée à pacifier le pays, à tuer dans l'oeuf les excès de zèle aiguillonnés par l'appât du gain et du pouvoir. Nos serviteurs ont la couenne dure et ne font qu'à leur tête. Point n'est besoin de les pendre ou de les exiler. Montrons leur qu'ils n'ont jamais laissé notre mémoire en rééditant les mauvais coups de leur règne en lettre de feu éternel dans la conscience de la nation.
Ainsi, à chaque fois qu'un voyageur débarque dans son coin de pays,
il aura l'obligation de faire son devoir de mémoire, en allant rendre un hommage aux morts, perpétuer le souvenir de ces humbles disparus et honnir tous ceux qui avaient contribué à leur perte, le plus souvent à la fleur de l'âge.
Par contre, garantissant le futur, tout bourreau inné qui se respecte, aura à réfléchir deux fois avant d'agir comme des robots sans âme au nom du crétin qui habite le Palais, s'il ne désire voir son nom incrusté dans le marbre de l'histoire pour le restant de ces jours. Ce sera pour nous un premier pas vers la radiation de la racine du mal haïtien. En effet, entre naître et mourir, nous sommes tous entraîné malgré nous dans l'aventure de la vie. Nul ne peut y échapper. Donc, personne ne peut s'arroger le droit de mettre fin à nos jours selon ses caprices avant l'heure fixé au cadran du temps.
Le jour est venu pour nous de sortir Haïti des cavernes.
Si tel est notre objectif de construire une nouvelle Haïti;
si tel est notre rêve de faire disparaître les Macoutes, les Zenglendos, les Chimè, les mécréants, les insignifiants, ne gommons pas notre lugubre passé.
Au contraire, auscultons de temps à autre les méfaits de l'histoire, sinon, nous sommes condamnés à les revivre. Le ventre de la bête est encore fécond. Des monstres, elle pourra en enfanter à volonté.
Max Dorismond (26 Janvier 2011).
Sasaye- Super Star
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Localisation : Canada
Opinion politique : Indépendance totale
Loisirs : Arts et Musique, Pale Ayisien
Date d'inscription : 02/03/2007
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