Beauvoir Jean:« Des aspects positifs des les gang de rue »
Page 1 sur 1
Beauvoir Jean:« Des aspects positifs des les gang de rue »
Les gangs de rue ont-ils contribué à l’avancement des Noirs au Québec ? PDF Imprimer Envoyer
Nouvelles générales - Société
Écrit par Vincent Larouche
Samedi, 04 juin 2011 04:30
Mise à jour le Lundi, 06 juin 2011 01:50
Les gangs de rue ont-ils contribué à l’avancement des Noirs au Québec? En se basant sur sa longue expérience, c’est la théorie qu’avance le fondateur du premier gang de Montréal-Nord, Beauvoir Jean, dans un livre paru cette semaine.
Jamais cet univers clos n’avait été décrit avec autant de détails par quelqu’un qui y était aussi impliqué. Dans Le Récit du vétéran, écrit en collaboration avec le criminologue Pierre Tremblay, Beauvoir Jean parle évidemment des aspects négatifs des gangs de rue, de la drogue, des guerres fratricides, de la violence.
Mais il trouve aussi des points positifs à ces bandes que lui et ses amis ont créées. Des points positifs qui ne font pas l’unanimité et qui risquent de provoquer des controverses et des débats enflammés au sein de la communauté haïtienne.
« Si vous voulez comprendre le rôle que les gangs de rue jouent en ville, dites-vous qu’ils sont les policiers de la rue. Ils ont pacifié et assuré l’ordre dans la vente de crack, ce qui n’est pas une mince affaire. Mais avant cela, ils ont accompli quelque chose de plus important: ils ont mis fin au racisme de la rue », écrit-il.
Dans Le Récit du vétéran, écrit en collaboration avec le criminologue Pierre Tremblay, Beauvoir Jean parle des aspects négatifs et «positifs» des gangs de rue.
Pas seulement Gregory Charles et Luck Mervil
Lorsqu’il a formé le gang des Master B, en 1984, une des premières préoccupations de ses amis était de se soutenir mutuellement dans les bagarres contre les jeunes Blancs à Montréal-Nord, affirme-t-il. Les nouveaux arrivants noirs, majoritairement haïtiens, étaient alors la cible de commentaires et d’agressions physiques ouvertement racistes, se souvient-il.
« Pas de respect sans crainte. Les policiers et les soldats le savent. Si les Noirs ont obtenu le droit au respect, ce n’est pas seulement parce qu’ils étaient talentueux, travaillants, aimables comme Gregory Charles ou Luck Mervil […] mais aussi parce qu’ils ont su démontrer qu’ils pouvaient être vilains, violents et hargneux », écrit celui qui a toujours eu la réputation d’être un redoutable combattant de rue et un expert en arts martiaux.
Évidemment, en dehors des bagarres rangées dans les parcs, les gangs de rue ont rapidement développé un intérêt pour toutes sortes d'activités criminelles, lucratives mais destructrices, qui ont créé de graves problèmes dans leur communauté et leur quartier.
« Et comme il faut bien manger, elles en ont profité pour mettre de l’ordre dans les affaires, celles des drogues et du sexe », affirme Beauvoir Jean. Là encore, la question raciale était un enjeu. Les membres des gangs débattaient à savoir s’il fallait accepter d’être subordonnés aux dangereux motards des Hells Angels, « la fierté des Québécois », dit-il.
« Malcom prétendait qu’en devenant mercenaires pour les Jamaïcains ou les motards (tous des Blancs), on aurait de quoi donner à manger à nos Noirs; moi, je disais qu’en devenant mercenaires, on leur donnait des Noirs à manger », écrit l’auteur.
Un nouveau gang aux quatre ans
Après les Master B, Beauvoir Jean a créé un nouveau gang en 1988, la Compagnie B, qui cédera le terrain de Montréal-Nord en 1992 aux gars de BO, pour Bad Organization, ceux qu’on appelle couramment les Bo-Gars. Vers 1996, les différents gangs de rue se fédèrent en deux grandes familles distinctes, les Bloods (Rouges) et les Crips (Bleus).
« Au rythme d’une nouvelle gang tous les quatre ans, vous pouvez dire qu’il y a eu sept ou huit cohortes successives de gangs de rue », dit-il. Une partie des vétérans gardent pour toujours le statut et l’influence hérités de leur vieux gang. Certains ont aujourd’hui dans la trentaine ou la quarantaine, vivent dans l’abondance, ont des commerces et des voitures de luxe.
Beauvoir Jean, lui, raconte que ses années de délinquance ne l’ont pas enrichi. Il ne s’est jamais acheté une voiture, a été locataire toute sa vie et a même sombré un moment dans la dépendance au crack, cette drogue que les gangsters sont censés vendre mais pas consommer.
Certains connaissent bien pire sort. Son ami Bresson, pris dans une embuscade à la sortie d’une discothèque lorsqu’il n’avait que 22 ans, a reçu deux balles dans le bas du dos. Résultat: un rein endommagé, deux jambes paralysées, l’impotence et une séance hebdomadaire d’hémodialyse pour le restant de ses jours. Il est mort récemment, après 16 années à souffrir.
« Seize années de souffrances et de bien-être social qu’il anesthésiait avec son six pack le matin, de l’herbe durant la journée et un ou deux scotchs le soir », explique l’auteur.
Encore des gens à convaincre
Beauvoir Jean est aujourd’hui travailleur de rue, mais il est loin d’avoir convaincu tout le monde de sa réhabilitation. Il y a quelques semaines, un sergent-détective expert en gangs de rue du SPVM a affirmé en cour qu’il détient des informations confidentielles selon lesquelles le fondateur des Master B est toujours actif au sein des gangs, ce que le principal intéressé nie.
Il en a aussi déçu beaucoup lorsqu’il a refusé de témoigner récemment au procès pour tentative de meurtre de Philistin Crazy Paul, un membre des Bloods qui lui aurait tiré dessus en pleine rue devant une foule de témoins.
Dans son livre, il s’explique toutefois à ce sujet. C’est justement pour pouvoir continuer son rôle de travailleur de rue qu’il a refusé de collaborer avec les autorités, dit-il.
« Je n’ai pas, non plus, de parchemin de l’université dans ma poche pour aller travailler ailleurs à Montréal. Mon seul diplôme est le respect que me donne la rue. Si je témoigne contre Crazy, je perds ce diplôme aussi sûrement que le verre sur cette table tombera à terre si vous le poussez dans le vide », résume-t-il.
http://ruefrontenac.com/nouvelles-generales/societe/38105-gangs-de-rue-noirs
Nouvelles générales - Société
Écrit par Vincent Larouche
Samedi, 04 juin 2011 04:30
Mise à jour le Lundi, 06 juin 2011 01:50
Les gangs de rue ont-ils contribué à l’avancement des Noirs au Québec? En se basant sur sa longue expérience, c’est la théorie qu’avance le fondateur du premier gang de Montréal-Nord, Beauvoir Jean, dans un livre paru cette semaine.
Jamais cet univers clos n’avait été décrit avec autant de détails par quelqu’un qui y était aussi impliqué. Dans Le Récit du vétéran, écrit en collaboration avec le criminologue Pierre Tremblay, Beauvoir Jean parle évidemment des aspects négatifs des gangs de rue, de la drogue, des guerres fratricides, de la violence.
Mais il trouve aussi des points positifs à ces bandes que lui et ses amis ont créées. Des points positifs qui ne font pas l’unanimité et qui risquent de provoquer des controverses et des débats enflammés au sein de la communauté haïtienne.
« Si vous voulez comprendre le rôle que les gangs de rue jouent en ville, dites-vous qu’ils sont les policiers de la rue. Ils ont pacifié et assuré l’ordre dans la vente de crack, ce qui n’est pas une mince affaire. Mais avant cela, ils ont accompli quelque chose de plus important: ils ont mis fin au racisme de la rue », écrit-il.
Dans Le Récit du vétéran, écrit en collaboration avec le criminologue Pierre Tremblay, Beauvoir Jean parle des aspects négatifs et «positifs» des gangs de rue.
Pas seulement Gregory Charles et Luck Mervil
Lorsqu’il a formé le gang des Master B, en 1984, une des premières préoccupations de ses amis était de se soutenir mutuellement dans les bagarres contre les jeunes Blancs à Montréal-Nord, affirme-t-il. Les nouveaux arrivants noirs, majoritairement haïtiens, étaient alors la cible de commentaires et d’agressions physiques ouvertement racistes, se souvient-il.
« Pas de respect sans crainte. Les policiers et les soldats le savent. Si les Noirs ont obtenu le droit au respect, ce n’est pas seulement parce qu’ils étaient talentueux, travaillants, aimables comme Gregory Charles ou Luck Mervil […] mais aussi parce qu’ils ont su démontrer qu’ils pouvaient être vilains, violents et hargneux », écrit celui qui a toujours eu la réputation d’être un redoutable combattant de rue et un expert en arts martiaux.
Évidemment, en dehors des bagarres rangées dans les parcs, les gangs de rue ont rapidement développé un intérêt pour toutes sortes d'activités criminelles, lucratives mais destructrices, qui ont créé de graves problèmes dans leur communauté et leur quartier.
« Et comme il faut bien manger, elles en ont profité pour mettre de l’ordre dans les affaires, celles des drogues et du sexe », affirme Beauvoir Jean. Là encore, la question raciale était un enjeu. Les membres des gangs débattaient à savoir s’il fallait accepter d’être subordonnés aux dangereux motards des Hells Angels, « la fierté des Québécois », dit-il.
« Malcom prétendait qu’en devenant mercenaires pour les Jamaïcains ou les motards (tous des Blancs), on aurait de quoi donner à manger à nos Noirs; moi, je disais qu’en devenant mercenaires, on leur donnait des Noirs à manger », écrit l’auteur.
Un nouveau gang aux quatre ans
Après les Master B, Beauvoir Jean a créé un nouveau gang en 1988, la Compagnie B, qui cédera le terrain de Montréal-Nord en 1992 aux gars de BO, pour Bad Organization, ceux qu’on appelle couramment les Bo-Gars. Vers 1996, les différents gangs de rue se fédèrent en deux grandes familles distinctes, les Bloods (Rouges) et les Crips (Bleus).
« Au rythme d’une nouvelle gang tous les quatre ans, vous pouvez dire qu’il y a eu sept ou huit cohortes successives de gangs de rue », dit-il. Une partie des vétérans gardent pour toujours le statut et l’influence hérités de leur vieux gang. Certains ont aujourd’hui dans la trentaine ou la quarantaine, vivent dans l’abondance, ont des commerces et des voitures de luxe.
Beauvoir Jean, lui, raconte que ses années de délinquance ne l’ont pas enrichi. Il ne s’est jamais acheté une voiture, a été locataire toute sa vie et a même sombré un moment dans la dépendance au crack, cette drogue que les gangsters sont censés vendre mais pas consommer.
Certains connaissent bien pire sort. Son ami Bresson, pris dans une embuscade à la sortie d’une discothèque lorsqu’il n’avait que 22 ans, a reçu deux balles dans le bas du dos. Résultat: un rein endommagé, deux jambes paralysées, l’impotence et une séance hebdomadaire d’hémodialyse pour le restant de ses jours. Il est mort récemment, après 16 années à souffrir.
« Seize années de souffrances et de bien-être social qu’il anesthésiait avec son six pack le matin, de l’herbe durant la journée et un ou deux scotchs le soir », explique l’auteur.
Encore des gens à convaincre
Beauvoir Jean est aujourd’hui travailleur de rue, mais il est loin d’avoir convaincu tout le monde de sa réhabilitation. Il y a quelques semaines, un sergent-détective expert en gangs de rue du SPVM a affirmé en cour qu’il détient des informations confidentielles selon lesquelles le fondateur des Master B est toujours actif au sein des gangs, ce que le principal intéressé nie.
Il en a aussi déçu beaucoup lorsqu’il a refusé de témoigner récemment au procès pour tentative de meurtre de Philistin Crazy Paul, un membre des Bloods qui lui aurait tiré dessus en pleine rue devant une foule de témoins.
Dans son livre, il s’explique toutefois à ce sujet. C’est justement pour pouvoir continuer son rôle de travailleur de rue qu’il a refusé de collaborer avec les autorités, dit-il.
« Je n’ai pas, non plus, de parchemin de l’université dans ma poche pour aller travailler ailleurs à Montréal. Mon seul diplôme est le respect que me donne la rue. Si je témoigne contre Crazy, je perds ce diplôme aussi sûrement que le verre sur cette table tombera à terre si vous le poussez dans le vide », résume-t-il.
http://ruefrontenac.com/nouvelles-generales/societe/38105-gangs-de-rue-noirs
Invité- Invité
Sujets similaires
» CONFESSION DE BEAUVOIR JEAN EX-CHEF GANG DE MASTER B A MONTRÉAL-NORD
» Gang gouvenman fose yon lot gang lage Senatè Andrys Chery
» Wyclef Jean président d'Haïti? UN AUTRE JEAN APRES NOS 2 JEAN DE MALHEUR
» Max Beauvoir, est décédé ce midi à Port-au-Prince.
» De légers changements positifs, selon Louis Joinet
» Gang gouvenman fose yon lot gang lage Senatè Andrys Chery
» Wyclef Jean président d'Haïti? UN AUTRE JEAN APRES NOS 2 JEAN DE MALHEUR
» Max Beauvoir, est décédé ce midi à Port-au-Prince.
» De légers changements positifs, selon Louis Joinet
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum