Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti


Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti
Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

Enlisement ! Dans la jupe de papa !

3 participants

Aller en bas

Enlisement ! Dans la jupe de papa ! Empty Enlisement ! Dans la jupe de papa !

Message  Goya Ven 19 Aoû 2011 - 23:52

Comme dans un mauvais concerto baroque. 14 mai 2011. Allegro. Nouveau tournant pour la République. Fébrilité. Liesse. Solennités. L’espoir au levant. Le désespoir au couchant. Le changement enfin à deux doigts. Un baroudeur aux commandes. Tout un récital de promesses. D’envolées lyriques. Feux d’artifice. Des chants révolutionnaires. Un « système corrompu » à abattre. L’école gratuite pour tous et partout. Comme ces cailloux qui jonchent le sol. Des proclamations grandiloquentes. Exubérantes. Une autre Haïti nous était chantée en rose. Loin de la grisaille prévalienne. Un « cantador » dans ses cantates.

Plus de quatre-vingt-dix jours après ? Autre tempo. Adagio. Des musiciens somnambules. Peu talentueux. Renfermés sur eux-mêmes. Et surtout enfermés, en parvenus, dans la jouissance ostentatoire, arrogante et en solo d’un moment de gloire inespéré. Lenteur. Déprime. Monotonie. Le peuple spectateur bâille d’ennui. De fatigue. De faim aussi. En attendant de râler de colère devant cette piètre performance de ses artistes au pouvoir. Les institutions fonctionnent comme un orchestre dysharmonique. Où va le Palais national ? Que veut le Parlement ? Vers quelle direction concertée s’engage la République ? Jeu de devinettes. Un exercice assez frustrant. Les acteurs qui contrôlent ces lieux sont plus qu’énigmatiques. Leurs actes sont illisibles et impénétrables, même quand ils les inscrivent sous le signe de la transparence. Comment cerner des élus qui subordonnent les intérêts de leur propre pays et de leurs mandants à ceux de leurs clans et de leurs cercles restreints d’amis ? Il y a lieu de plaindre ce peuple inoffensif, qui vote avec ses coudes et ses genoux, mais qui espère, hélas, des lunes éternelles de ses ténébreuses étoiles filantes. Sont à plaindre, parallèlement, ces étrangers, qui tentent de percer, enfin, ce que nous sommes, nous autres Haïtiens, et qui affirment vouloir aider Haïti dans leur bienveillante maladresse de missionnaires du « nation building ».

Michel Martelly compte, à peine, quelques mois au pouvoir. Mais, jamais dans notre histoire, un jeune pouvoir, issu d’élections, n’a vieilli aussi vite. Le vieillissement se lit sur le visage même du jeune président. Dans la réactualisation de vieilles pratiques honnies d’ancien régime, M. Martelly est allé trop vite, trop mal et trop loin. Il mime l’ex-président René Préval jusque dans la caricature. La Constitution lui sert, désormais, d’excuse pour justifier son immobilisme et se donner bonne conscience devant l’insignifiance de son bilan. Sa gestion de son entourage et les privilèges dont jouit déjà sa famille glissent carrément dans du népotisme. Un T-Micky va faire ses multiples prestations musicales dans des voitures blindées et sous forte escorte sécuritaire aux frais d’une République exsangue. Ce même T-Micky reçoit un chèque assez intéressant pour l’une de ces prestations à partir de fonds de l’État sous contrôle direct du Palais national de son papa. Cafouillis. Conflit d’intérêts. Une forme d’enchevêtrement, des frontières du familial, du privé et du public, qui jure avec les coordonnées éthiques de cette bonne gouvernance que prône le chef de l’État.

Là où il devait rassembler, M. Martelly polarise gratuitement et se crée d’inutiles inimitiés dans des cercles qui lui étaient plutôt sympathiques à l’inauguration de son mandat. Il semble entretenir en lui l’amour du désamour. Un anticonformiste qui, même devenu président, choisit de faire de la provocation une alliée sûre. Tout un tempérament. Agressif. Poussif. Jouissif. Passif. Compulsif. Transgressif. Ces traits de caractère sont tous perceptibles dans sa gestion du dossier du Premier ministre. Le Président prend aujourd’hui son temps. Calme plat. Ce qui est, en soi, bien si l’enjeu est la recherche de consensus, d’entente politique cordiale et de solidarités législatives et exécutives constructives. Pourtant, avec Daniel Rouzier et Bernard Gousse, à l’instar d’un brigadier impatient, sans plan de bataille cohérent et sans une évaluation réaliste de ses propres moyens et de ceux des forces politiques qui lui font face, le Président faisait tout dans la précipitation immature. Pour son discrédit. Pour le malheur du pays.

Trois mois dilapidés. Un capital de sympathie populaire évanescent. Une présidence hypothéquée et suspectée d’incompétence. Des partenaires internationaux anxieux. Une rentrée des classes troublante et déjà troublée. D’intéressants et de louables projets présidentiels, comme celui de l’éducation gratuite, très mal initiés et entachés de failles dans leur conception et de vices dans leur mise en application. Un vide gouvernemental qui dérange. Nul ne savait que le black-out, le soir de son investiture, annonçait, pour M. Martelly, un cheminement inexorable, aveugle et mal éclairé vers du sable mouvant. Pour d’autres, le pays et son président seraient même coincés dans la boue. Les coulées de cette boue nous souillent tous. Il faudra donc en sortir ensemble. Dans la cohabitation. Dans le cadre d’un pacte de gouvernabilité. À partir d’un dialogue national.

Dans un accès d’optimisme, nous choisissons de mettre les ratés et les erreurs passés du nouveau pouvoir sur le compte de l’inexpérience de néophytes qui font un apprentissage laborieux du métier de gouverner et dans l’art de donner des résultats avec les moyens du bord. Dans les mois à venir, nous n’accepterons plus d’excuses. Il nous faut des actions tangibles dans le sens de la reconstruction postséisme, du relogement des sans-abri, de la bonne gouvernance et de l’établissement d’un État de droit viable. À moins que l’enlisement irréversible du pays dans du sable mouvant et la boue soient aussi un programme de gouvernement. Et que le mauvais concerto serve de prologue au requiem de nos minces espoirs.

Daly Valet

Goya
Star
Star

Masculin
Nombre de messages : 490
Localisation : Montreal
Loisirs : lecture
Date d'inscription : 20/11/2010

Revenir en haut Aller en bas

Enlisement ! Dans la jupe de papa ! Empty Re: Enlisement ! Dans la jupe de papa !

Message  Marc H Sam 20 Aoû 2011 - 0:45

Autrement dit, en Haïti, en ce moment, ça va comme c'est mené. Ça a un mauvais cru politique. Aucun goût, aucune saveur. De la piquette…
Marc H
Marc H
Super Star
Super Star

Masculin
Nombre de messages : 10031
Localisation : Quebec
Opinion politique : Démocrate
Loisirs : soccer
Date d'inscription : 28/08/2006

Feuille de personnage
Jeu de rôle: Le voyeur

Revenir en haut Aller en bas

Enlisement ! Dans la jupe de papa ! Empty Re: Enlisement ! Dans la jupe de papa !

Message  Le gros roseau Sam 20 Aoû 2011 - 14:13

"Et que le mauvais concerto serve de prologue au requiem de nos minces espoirs."

J'aime lire Valet.Il me rappelle Desroches.C'est peut-etre le requiem d'haiti que nous ecoutons cette fois ci.

Le gros roseau
Super Star
Super Star

Masculin
Nombre de messages : 9664
Localisation : Usa
Loisirs : sport ,internet,stock market
Date d'inscription : 21/08/2010

Revenir en haut Aller en bas

Enlisement ! Dans la jupe de papa ! Empty Re: Enlisement ! Dans la jupe de papa !

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum