Haïti-Industrie : La zone franche de Caracol met en péril le patrimoine naturel
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Haïti-Industrie : La zone franche de Caracol met en péril le patrimoine naturel
Outre la délocalisation d’environ 1,000 agriculteurs et de leurs familles, une pression démographique énorme sur les ressources disponibles ainsi qu’une migration estimée entre 30,000 à 300,000 personnes, De nombreux risques environnementaux sont associés à une perspective de création d’emplois, miroités avec l’implantation d’un parc industriel, d’ici fin mars 2012, à Caracol (Nord-Est d’Haïti) sur de meilleures terres arables et irriguées dans la zone…
Il importe de prendre des mesures audacieuses pour assurer le bien-être collectif, de ne pas laisser les préoccupations politiques prendre le pas sur la préservation de l’environnement.
Par Rachelle Charlier Doucet [1]
Soumis à AlterPresse le 12 mars 2012
« En fonçant allégrement dans la construction d’un parc industriel à Caracol, ne sommes-nous pas en train de couper sciemment l’un de nos derniers arbres ? »
Notre propos, dans cet article, est de poser la question de la nécessaire articulation des choix économiques d’Haïti avec les exigences de protection de l’environnement naturel et culturel du pays, dans une perspective de respect des droits des ouvriers haïtiens et des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux de la population dans son ensemble.
Nous examinerons un cas précis : le projet de parc industriel à Caracol (Nord-Est).
Sans nier l’impact de ce projet pour la création d’emplois tellement nécessaires en Haïti, nous voudrions attirer l’attention sur les risques liés à l’implantation de ce futur parc, les dangers pour l’environnement en général et pour l’écosystème marin de la baie de Caracol en particulier.
Ces dangers concernent également le patrimoine culturel et le potentiel touristique dans les départements géographiques du Nord et du Nord-Est.
Une fois de plus, nous semblons donner raison à Jared Diamond, biologiste, professeur de géographie à l’université de Californie à Los Angeles (États-Unis d’Amérique).
Diamond pose le problème crucial du « développement durable et écologiquement soutenable » à travers les âges et cherche à comprendre les mécanismes par lesquels une société humaine emprunte la voie de l’autodestruction à court, moyen et long terme.
Développée dans son ouvrage retentissant “collapse » (effondrement), sa théorie est simple : il y a des sociétés qui choisissent d’échouer, il y en a d’autres qui choisissent de réussir.
Les premières ont épuisé leurs ressources naturelles et ont été incapables de reconnaître les moments, où des changements étaient devenus nécessaires à leur survie.
Les deuxièmes, par contre, sont parvenues à renverser leurs paradigmes culturels, à bousculer leur confortable routine et à prendre des mesures audacieuses qui ont assuré leur bien-être collectif.
Cinq (5) facteurs principaux sont à la base de ces « choix » et ils sont tant externes qu’internes.
Ce qui importe de retenir de l’analyse des comportements collectifs, faite par Diamond, c’est le rapport qu’il établit entre les besoins du groupe social, ses valeurs, les ressources du milieu et la vision de ses leaders.
Pour Diamond, un groupe, dans son ensemble, peut prendre de mauvaises décisions, en se basant sur des décisions individuelles erronées.
Diamond illustre sa thèse en prenant l’exemple de civilisations passées et aussi de sociétés contemporaines.
L’exemple passé, le plus parlant, est peut-être celui de l’île de Pâques (dans le Pacifique).
Cette société jadis florissante, vivant dans une végétation luxuriante, a connu un déclin lent, mais inexorable, parce que les préoccupations politiques et sociales ont pris le pas sur la préservation de l’environnement, souligne Diamond.
Les premiers Polynésiens de l’île ont coupé jusqu’au dernier arbre pour ériger des statues à leurs dieux, retient-on.
Le résultat du déboisement, prévisible sur le long terme, mais invisible du dedans et à court terme, a été atteint en quelques siècles : désertification et disparition du groupe humain établi sur l’île.
Pour les sociétés contemporaines, Diamond compare la République Dominicaine et la République d’Haïti. Vous aurez deviné dans quelles catégories respectives - succès ou échec - il place nos deux pays !
Haïti est le mauvais exemple à ne pas suivre et il lance une mise en garde sévère : « la plus grande menace pour le monde actuel est que des conditions pareilles à celles d’Haïti se généralisent dans le tiers-monde » ( Diamond 2005 : 499).
On peut, certes, critiquer Diamond pour un certain déterminisme écologique, et un regard, parfois superficiel et erroné, sur Haïti, mais il y a quand même des enseignements salutaires à tirer de ses réflexions.
Si sa comparaison avec la Dominicanie est instructive, il est encore plus productif pour nous, Haïtiennes et Haïtiens d’aujourd’hui, de comparer notre comportement environnemental avec celui des Polynésiens de l’Île de Pâques.
Les dévastations, causées par la tempête Jeanne en 2004 et les cyclones, Faye, Gustav, Hanna et Ike en 2008 - pour nous cantonner à un passé récent - devraient nous interpeller.
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 nous a remis face à notre grande vulnérabilité.
Avons-nous tiré les leçons qu’il faut ? Allons-nous enfin reconnaître qu’il est venu le temps d’agir et de changer de comportement ?
« En fonçant allégrement dans la construction d’un parc industriel à Caracol, ne sommes-nous pas en train de couper sciemment l’un de nos derniers arbres ? »
Une solution a court terme qui risque d’hypothéquer l’avenir
La création du parc industriel promet 20,000 emplois dans un premier temps, pour atteindre 60,000 à 80,000 d’ici quatre à cinq ans.
Cependant, le parc ne sera attractif que si Haïti parvient à maintenir son « avantage comparatif », basé sur une main-d’œuvre abondante, mais non qualifiée, et à qui l’on offrira de bas salaires. [2]
Comme le souligne le rapport, cet « avantage » est volatil : « en tant que pays, où les coûts de main-d’œuvre sont faibles, Haïti peut soutenir la concurrence dans le bas de gamme du marché à l’heure actuelle, mais cette situation ne persistera probablement pas indéfiniment. En effet, les coûts dans plusieurs autres pays sont d’ores et déjà compétitifs par rapport à ceux d’Haïti ».
Nous devrions soigneusement penser nos choix économiques et adopter une approche holistique.Nous savons ce que cela veut dire, quand on veut transformer les agriculteurs haïtiens en salariés pour les usines de sous-traitance, sans peser les conséquences de la démarche dans une perspective globale.
Nous en avons fait l’expérience avec la « révolution économique » de Jean-Claude Duvalier et son projet de faire d’Haïti la « Taiwan dans les Caraïbes ».
Depuis la fin des années 1980, nous avons accéléré la destruction de la production nationale agricole « pour donner à manger au peuple à bon marché », en important du riz américain, et nous avons laissé les campagnes haïtiennes à l’abandon. Le président William Jefferson (Bill) Clinton a reconnu publiquement les impacts néfastes de choix économique pour Haïti, basé sur des prémisses néolibérales erronées.
La création du parc de la société nationale des parcs industriels (Sonapi) à Port-au-Prince et la bidonvillisation qui s’en est suivie affectent encore toute la zone métropolitaine de la capitale.
Côté environnement nous avons assisté - impuissants ou insouciants - à la détérioration, sous nos yeux, de l’une des plus belles baies du monde (la troisième, dit-on, après celle de Rio et de Naples) avec ses montagnes avoisinantes et ses précieux bassins versants qui alimentent des sources aujourd’hui polluées et à débit réduit.
Port-au Prince aurait pu être la plus belle capitale dans les Caraïbes. Aujourd’hui Port-aux-Fatras, elle subit les conséquences de nos inconséquences.
L’exemple récent de la compagnie de développement industriel (Codevi) à Ouanaminthe (Nord-Est) est tout aussi parlant.
La création d’emplois, que promet le parc industriel de Caracol, ne va pas sans risques, selon ce que révèlent les rapports commandités par le ministère des finances et la banque interaméricaine de développement (Bid) et publiés en mai 2011 [3].
Les dangers, identifiés par le rapport Koios, sont nombreux et graves. En voici quelques-uns.
Il faudra d’abord effectuer le défrichage du parc, situé sur les meilleures terres arables et irriguées de la zone, et délocaliser 1,000 agriculteurs et leurs familles [4].
Ce parc sera la cause de grands stress sur les infrastructures sociales et urbaines, provoquera une migration estimée entre 30,000 à 300,000 personnes. Il exercera donc une pression démographie énorme sur les ressources disponibles.
Pour les seuls besoins de fabrication et de teinture du textile, il faudra pomper 6,000 m3 d’eau par jour dans la nappe phréatique - ce qui pourrait compromettre la recharge aquifère - et rejeter les eaux usées –mais traitées, on veut bien l’espérer ! - dans la rivière du Trou du Nord et, au final, dans la baie de Caracol.
L’électricité ne sera pas verte – opportunité ratée d’innover -, mais plutôt se produira au mazout, d’où des déchets lourds et toxiques.
La construction de 5,000 logements, par le gouvernement américain en partenariat avec Food for the Poor [5] ne pourra pas conjurer le danger de bidonvillisation, non seulement de Caracol, mais des localités avoisinantes.
La liste est longue : des risques et impacts négatifs, énumérés dans le rapport.
Nous voudrions insister sur deux aspects des risques, liés au projet de Caracol, qui devraient retenir notre attention.
Le rapport établit clairement les dangers pour l’environnement en général et l’écosystème marin en particulier. Il mentionne rapidement les dangers pour le patrimoine culturel et le potentiel touristique de la région Nord.
Sur le premier aspect, on lit ceci dans le rapport Koios :
“La baie de Caracol est reconnue comme une zone unique à Haïti. Elle comprend les plus grandes mangroves restantes du pays, accueille plus de 20,000 oiseaux migrateurs par an et représente un habitat et une zone d’alevinage productifs pour un écosystème marin qui fournit de nombreux services aux communautés côtières haïtiennes.
Le gouvernement a d’ailleurs proposé d’en faire la prochaine aire protégée du pays. Un autre site serait une meilleure solution pour éviter les impacts sur des endroits sensibles tels que la Baie de Caracol.
Si un autre site n’est pas disponible, un plan de conservatiion et de gestion, soutenu et appliqué rigoureusement, doit être mis en place.”
En plus de leur rôle irremplaçable dans le maintien de l’équilibre écologique marin, les mangroves jouent également un rôle de protection en cas de tsunami et de cyclones. Ce que ne signale pas le rapport Koios.
“ Le potentiel touristique de la zone et de la région environnante est considérable, car on peut y trouver certains sites historiques clés, tels que le parc national historique Sans Souci, la Citadelle Ramiers (sic) et la Citadelle Henri. La Navidad, où Christophe Colomb aurait débarqué la première fois et Puerto Real (sic), dans la baie de Caracol (le premier port commercial connu du Nouveau Monde) s’y trouvent également. Bien que ces sites culturels ne soient pas directement touchés par le projet, il est important de planifier et d’évaluer le parc industriel dans le contexte régional plus large des plans régionaux et du potentiel de la région », souligne le rapport Koios sur le volet patrimoine culturel et touristique.
Nous voudrions prendre le contrepied de la dernière affirmation, à savoir que ces sites ne seront pas touchés directement par le projet.
Nous pouvons aisément prévoir les effets d’une migration non contrôlée de 300,000 personnes sur les paysages naturels et culturels de toute la région, et surtout sur les sites situés aux alentours immédiats de Caracol.
Or, c’est le cas pour La Nativité (ou La Navidad en espagnol) et Puerto Real.
Il faut préciser que les traces du fortin La Navidad, érigé le 24 novembre 1492 sur les instructions de Colomb - suite au naufrage de la Santa Maria -, ont été identifiés à En-Bas Saline, à seulement un kilomètre de Caracol.
C’est, donc, chez nous que se trouve la première fortification du Nouveau Monde. Nous pouvons revendiquer son existence et la vendre comme un produit touristique d’un intérêt certain.
Ce fortin, érigé au milieu du village taino de Guacanagaric, a été détruit par les tainos, mais des traces et l’emplacement subsistent.
En outre, des fouilles archéologiques, menées par l’université de Floride à Gainsville et le bureau d’ethnologie [6], ont révélé que le village taino de Guacanagaric, vieux déjà de 300 ans à l’arrivée de Colomb, est l’un des plus grands et plus complets dans les Caraïbes.
Il est aujourd’hui recouvert d’herbes folles et livré en pâture aux cabris.
Par ailleurs, la « cité perdue » de Christophe Colomb, la fameuse ville de Puerto Real, longtemps restée une énigme pour l’archéologie dans les Caraïbes, a été retrouvée, grâce au Dr. William Hodges, non loin de Caracol, à environ 2 km de En-Bas Saline.
L’importance de Puerto Real, pour l’histoire de la colonisation et l’émergence de cultures créoles, est d’un intérêt scientifique indiscutable.
Les artefacts, recueillis par l’équipe de la Dre. Kathleen Deagan, ont permis d’identifier des phases et des mécanismes de créolisation entre les cultures taino, hispaniques et africaines. Les trois cultures y ont coexisté entre 1503 et 1578.
Sur ce lieu hautement important et symbolique, devrait être érigé un musée ou un centre d’interprétation historique.
Le site ne devrait pas retomber tout doucement dans l’oubli, ou pire vandalisé par de futurs squatters.
Donc, dans un rayon de 2 km de Caracol, nous trouvons trois sites archéologiques importants et d’une valeur historique et culturelle inestimable : le village taino de Guacanagaric, le fortin de la Nativité et la ville hispanique de Puerto Real.
Qui dit mieux, comme atout touristique ?
Tout le quadrilatère « Limonade / Caracol / Trou-du-Nord / Fort Liberté » devrait être classé patrimoine national et protégé.
En dehors de l’aspect historique, les baies de Caracol et de Fort-Liberté (Bayaha en taino) sont des sites d’une époustouflante beauté qui devraient se prêter au tourisme écologique !
Et on voudrait les détruire !
Les termes de l’équation
La situation est donc on ne peut plus claire.
L’ingénieur-agronome Ronald Toussaint, actuel ministre démissionnaire de l’environnement (Mde), lors d’une rencontre organisée le 8 février 2012 à l’est de la capitale, a dû l’admettre devant les bailleurs et ses invités : tout l’écosystème « précieux et unique de la baie de de Caracol » est en danger par l’implantation du parc industriel, précisément à cet endroit-là.
L’étude de la compagnie Koios, engagée pour évaluer les impacts sociaux et économiques après le choix du site (oui, comme toujours, nous mettons la charrue avant les bœufs), même si elle peut être prise à défaut pour négligences et erreurs méthodologiques graves, donne, cependant, un avis clair : vu les menaces certaines sur les infrastructures sociales et physiques locales, et en particulier sur l’environnement et l’écosystème marin de la baie, « l’alternative laissée au gouvernement est ou bien d’annuler, ou bien de relocaliser le parc » …
« Le choix, évidemment, n’est pas technique mais politique » [7] (Koios 2011 : 35 ).
Plus loin, prenant en compte des considérations« d’ordre politique », le même rapport nuance sa position.
Le mot « politique » - on le comprend - est pris ici dans un sens étroit, qui concerne, non pas les « affaires de la cité », donc de la nation, mais bien les intérêts de certains groupes puissants, locaux et internationaux.
Ces considérations « politiques » se lisent comme suit :
“ Il serait possible d’annuler carrément le projet, mais les enjeux sont majeurs.
En premier lieu, le projet de parc industriel de la région du Nord-Est d’une grande visibilité, grâce à la participation de la Bid, du gouvernement des États-Unis d’Amérique, et d’un grand groupe sud-coréen, ainsi qu’à la grande publicité qui accompagne le projet depuis plusieurs mois. Son annulation pourrait mettre en jeu la réputation de ces parties prenantes et pourrait nuire à la réputation d’Haïti comme un pays accueillant à l’investissement”.
Ce qui amène la firme Koios à proposer d’autres choix au gouvernement, en particulier surseoir à l’exécution pour mener des études scientifiques et élaborer des plans de gestion axés sur le fonctionnement et les impacts du parc, ainsi que sur l’établissement d’un cadre de politiques et de normes, auxquelles tous les occupants du parc devront se conformer. Mais, le rapport ajoute ce bémol important :
« Les bonnes pratiques standard de gestion ne peuvent pas atténuer ces impacts facilement ou à peu de frais. Les mesures nécessaires impliqueront, non seulement la sensibilisation du public, mais aussi des dépenses en capital ».
Plan de gestion et mesures de mitigation indispensables
Il faudrait au ministère de l’environnement environ 50 millions de dollars américains [Ndlr : US $ 1.00 = 42.00 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui] pour un plan de mitigation de ces risques, selon le ministre Toussaint.
Or, à date, le Mde n’a trouvé que 4,2 millions de dollars [8].
Que va-t-il se passer si les fonds ne sont pas disponibles et si les recommandations, contenues dans les différents plans de gestion, ne peuvent pas être mises en pratique ?
Nous connaissons la réponse : très probablement RIEN.
Et c’est là la raison de notre inquiétude.
Au vu de notre insouciance passée, du manque de sensibilisation de la population et des plus hautes instances de l’État sur les questions environnementales et patrimoniales, et surtout vu le manque d’infrastructures légales et administratives, et les carences actuelles en ressources matérielles, humaines et financières, avons-nous de bonnes raisons de croire que toutes les mesures seront prises pour faire face à tous les problèmes mentionnés, et ce avant l’ouverture du parc, prévu pour fin mars 2012 ?
On attend donc de nous, citoyennes et citoyens haïtiens, ou bien une confiance aveugle dans les femmes / hommes politiques et les femmes / hommes d’affaires de ce pays et une foi béate dans la bienveillance internationale, ou bien on nous force à adopter une mentalité « magique », qui nous permettrait d’affirmer que, dans ce « singulier petit pays », les mêmes causes ne produisent plus les mêmes effets.
Tout ira bien, les choses s’arrangeront d’elles-mêmes.
Nous avons une propension à classer tout avertissement, basé sur des données scientifiques, au rang d’élucubrations fantaisistes d’une poignée de lunatiques.
Dans notre incrédulité et notre insouciance proverbiales, le concept « catastrophe prévisible » est tout simplement inconcevable.Nous sommes en Haïti, vous savez…au pays du Bon Dieu deux fois Bon.
Conclusion
« Notre conclusion est que le projet aura une incidence sur des habitats naturels critiques, s’il est établi à cet endroit (...) La question, qui reste à déterminer, est de savoir si le projet [est de nature à] changer ou dégrader des habitats naturels critiques de manière significative” (rapport Koios 2011 : p.126).
Non, la vraie question n’est pas de savoir si l’impact va être significatif ou pas.
La réponse, nous l’aurions trop tard !
Le vrai problème, c’est qu’il y aura un impact certain, et à moins d’un miracle, nous n’aurons pas les moyens d’y faire face.
par Rachelle Charlier Doucet
En effet, comment penser autrement, quand nous mettons en regard nos forces et nos faiblesses, en termes de gestion rigoureuse, de suivi et de monitoring des dossiers de l’État ?
Dans l’état actuel des choses, le dilemme, c’est comment saisir équitablement les opportunités économiques à court terme, offertes par le futur parc de Caracol, sans compromettre à tout jamais le patrimoine naturel et culturel de toute la région ?
Ensemble, milieux académiques, organisations sociales de tout le pays, investisseurs, gouvernement et bailleurs, nous devons, par la réflexion et la concertation la plus large possible, arriver à des solutions gagnant-gagnant.
Tout en reconnaissant les impératifs économiques de l’heure, nous devons nous mobiliser pour empêcher la destruction irréparable et irréversible de ces richesses nationales.
C’est pourquoi le centre d’études et de recherche sur les cultures et sociétés (Cerdecs) lance les appels suivants, non pas pour annuler le projet – ce serait irréaliste, vu l’état d’avancement des travaux – mais, au moins, pour obtenir un engagement ferme des parties prenantes, afin de prévenir et limiter les dommages collatéraux qui affecteront la population et son milieu de vie.
Il importe de prendre des mesures audacieuses pour assurer le bien-être collectif, de ne pas laisser les préoccupations politiques prendre le pas sur la préservation de l’environnement.
Par Rachelle Charlier Doucet [1]
Soumis à AlterPresse le 12 mars 2012
« En fonçant allégrement dans la construction d’un parc industriel à Caracol, ne sommes-nous pas en train de couper sciemment l’un de nos derniers arbres ? »
Notre propos, dans cet article, est de poser la question de la nécessaire articulation des choix économiques d’Haïti avec les exigences de protection de l’environnement naturel et culturel du pays, dans une perspective de respect des droits des ouvriers haïtiens et des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux de la population dans son ensemble.
Nous examinerons un cas précis : le projet de parc industriel à Caracol (Nord-Est).
Sans nier l’impact de ce projet pour la création d’emplois tellement nécessaires en Haïti, nous voudrions attirer l’attention sur les risques liés à l’implantation de ce futur parc, les dangers pour l’environnement en général et pour l’écosystème marin de la baie de Caracol en particulier.
Ces dangers concernent également le patrimoine culturel et le potentiel touristique dans les départements géographiques du Nord et du Nord-Est.
Une fois de plus, nous semblons donner raison à Jared Diamond, biologiste, professeur de géographie à l’université de Californie à Los Angeles (États-Unis d’Amérique).
Diamond pose le problème crucial du « développement durable et écologiquement soutenable » à travers les âges et cherche à comprendre les mécanismes par lesquels une société humaine emprunte la voie de l’autodestruction à court, moyen et long terme.
Développée dans son ouvrage retentissant “collapse » (effondrement), sa théorie est simple : il y a des sociétés qui choisissent d’échouer, il y en a d’autres qui choisissent de réussir.
Les premières ont épuisé leurs ressources naturelles et ont été incapables de reconnaître les moments, où des changements étaient devenus nécessaires à leur survie.
Les deuxièmes, par contre, sont parvenues à renverser leurs paradigmes culturels, à bousculer leur confortable routine et à prendre des mesures audacieuses qui ont assuré leur bien-être collectif.
Cinq (5) facteurs principaux sont à la base de ces « choix » et ils sont tant externes qu’internes.
Ce qui importe de retenir de l’analyse des comportements collectifs, faite par Diamond, c’est le rapport qu’il établit entre les besoins du groupe social, ses valeurs, les ressources du milieu et la vision de ses leaders.
Pour Diamond, un groupe, dans son ensemble, peut prendre de mauvaises décisions, en se basant sur des décisions individuelles erronées.
Diamond illustre sa thèse en prenant l’exemple de civilisations passées et aussi de sociétés contemporaines.
L’exemple passé, le plus parlant, est peut-être celui de l’île de Pâques (dans le Pacifique).
Cette société jadis florissante, vivant dans une végétation luxuriante, a connu un déclin lent, mais inexorable, parce que les préoccupations politiques et sociales ont pris le pas sur la préservation de l’environnement, souligne Diamond.
Les premiers Polynésiens de l’île ont coupé jusqu’au dernier arbre pour ériger des statues à leurs dieux, retient-on.
Le résultat du déboisement, prévisible sur le long terme, mais invisible du dedans et à court terme, a été atteint en quelques siècles : désertification et disparition du groupe humain établi sur l’île.
Pour les sociétés contemporaines, Diamond compare la République Dominicaine et la République d’Haïti. Vous aurez deviné dans quelles catégories respectives - succès ou échec - il place nos deux pays !
Haïti est le mauvais exemple à ne pas suivre et il lance une mise en garde sévère : « la plus grande menace pour le monde actuel est que des conditions pareilles à celles d’Haïti se généralisent dans le tiers-monde » ( Diamond 2005 : 499).
On peut, certes, critiquer Diamond pour un certain déterminisme écologique, et un regard, parfois superficiel et erroné, sur Haïti, mais il y a quand même des enseignements salutaires à tirer de ses réflexions.
Si sa comparaison avec la Dominicanie est instructive, il est encore plus productif pour nous, Haïtiennes et Haïtiens d’aujourd’hui, de comparer notre comportement environnemental avec celui des Polynésiens de l’Île de Pâques.
Les dévastations, causées par la tempête Jeanne en 2004 et les cyclones, Faye, Gustav, Hanna et Ike en 2008 - pour nous cantonner à un passé récent - devraient nous interpeller.
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 nous a remis face à notre grande vulnérabilité.
Avons-nous tiré les leçons qu’il faut ? Allons-nous enfin reconnaître qu’il est venu le temps d’agir et de changer de comportement ?
« En fonçant allégrement dans la construction d’un parc industriel à Caracol, ne sommes-nous pas en train de couper sciemment l’un de nos derniers arbres ? »
Une solution a court terme qui risque d’hypothéquer l’avenir
La création du parc industriel promet 20,000 emplois dans un premier temps, pour atteindre 60,000 à 80,000 d’ici quatre à cinq ans.
Cependant, le parc ne sera attractif que si Haïti parvient à maintenir son « avantage comparatif », basé sur une main-d’œuvre abondante, mais non qualifiée, et à qui l’on offrira de bas salaires. [2]
Comme le souligne le rapport, cet « avantage » est volatil : « en tant que pays, où les coûts de main-d’œuvre sont faibles, Haïti peut soutenir la concurrence dans le bas de gamme du marché à l’heure actuelle, mais cette situation ne persistera probablement pas indéfiniment. En effet, les coûts dans plusieurs autres pays sont d’ores et déjà compétitifs par rapport à ceux d’Haïti ».
Nous devrions soigneusement penser nos choix économiques et adopter une approche holistique.Nous savons ce que cela veut dire, quand on veut transformer les agriculteurs haïtiens en salariés pour les usines de sous-traitance, sans peser les conséquences de la démarche dans une perspective globale.
Nous en avons fait l’expérience avec la « révolution économique » de Jean-Claude Duvalier et son projet de faire d’Haïti la « Taiwan dans les Caraïbes ».
Depuis la fin des années 1980, nous avons accéléré la destruction de la production nationale agricole « pour donner à manger au peuple à bon marché », en important du riz américain, et nous avons laissé les campagnes haïtiennes à l’abandon. Le président William Jefferson (Bill) Clinton a reconnu publiquement les impacts néfastes de choix économique pour Haïti, basé sur des prémisses néolibérales erronées.
La création du parc de la société nationale des parcs industriels (Sonapi) à Port-au-Prince et la bidonvillisation qui s’en est suivie affectent encore toute la zone métropolitaine de la capitale.
Côté environnement nous avons assisté - impuissants ou insouciants - à la détérioration, sous nos yeux, de l’une des plus belles baies du monde (la troisième, dit-on, après celle de Rio et de Naples) avec ses montagnes avoisinantes et ses précieux bassins versants qui alimentent des sources aujourd’hui polluées et à débit réduit.
Port-au Prince aurait pu être la plus belle capitale dans les Caraïbes. Aujourd’hui Port-aux-Fatras, elle subit les conséquences de nos inconséquences.
L’exemple récent de la compagnie de développement industriel (Codevi) à Ouanaminthe (Nord-Est) est tout aussi parlant.
La création d’emplois, que promet le parc industriel de Caracol, ne va pas sans risques, selon ce que révèlent les rapports commandités par le ministère des finances et la banque interaméricaine de développement (Bid) et publiés en mai 2011 [3].
Les dangers, identifiés par le rapport Koios, sont nombreux et graves. En voici quelques-uns.
Il faudra d’abord effectuer le défrichage du parc, situé sur les meilleures terres arables et irriguées de la zone, et délocaliser 1,000 agriculteurs et leurs familles [4].
Ce parc sera la cause de grands stress sur les infrastructures sociales et urbaines, provoquera une migration estimée entre 30,000 à 300,000 personnes. Il exercera donc une pression démographie énorme sur les ressources disponibles.
Pour les seuls besoins de fabrication et de teinture du textile, il faudra pomper 6,000 m3 d’eau par jour dans la nappe phréatique - ce qui pourrait compromettre la recharge aquifère - et rejeter les eaux usées –mais traitées, on veut bien l’espérer ! - dans la rivière du Trou du Nord et, au final, dans la baie de Caracol.
L’électricité ne sera pas verte – opportunité ratée d’innover -, mais plutôt se produira au mazout, d’où des déchets lourds et toxiques.
La construction de 5,000 logements, par le gouvernement américain en partenariat avec Food for the Poor [5] ne pourra pas conjurer le danger de bidonvillisation, non seulement de Caracol, mais des localités avoisinantes.
La liste est longue : des risques et impacts négatifs, énumérés dans le rapport.
Nous voudrions insister sur deux aspects des risques, liés au projet de Caracol, qui devraient retenir notre attention.
Le rapport établit clairement les dangers pour l’environnement en général et l’écosystème marin en particulier. Il mentionne rapidement les dangers pour le patrimoine culturel et le potentiel touristique de la région Nord.
Sur le premier aspect, on lit ceci dans le rapport Koios :
“La baie de Caracol est reconnue comme une zone unique à Haïti. Elle comprend les plus grandes mangroves restantes du pays, accueille plus de 20,000 oiseaux migrateurs par an et représente un habitat et une zone d’alevinage productifs pour un écosystème marin qui fournit de nombreux services aux communautés côtières haïtiennes.
Le gouvernement a d’ailleurs proposé d’en faire la prochaine aire protégée du pays. Un autre site serait une meilleure solution pour éviter les impacts sur des endroits sensibles tels que la Baie de Caracol.
Si un autre site n’est pas disponible, un plan de conservatiion et de gestion, soutenu et appliqué rigoureusement, doit être mis en place.”
En plus de leur rôle irremplaçable dans le maintien de l’équilibre écologique marin, les mangroves jouent également un rôle de protection en cas de tsunami et de cyclones. Ce que ne signale pas le rapport Koios.
“ Le potentiel touristique de la zone et de la région environnante est considérable, car on peut y trouver certains sites historiques clés, tels que le parc national historique Sans Souci, la Citadelle Ramiers (sic) et la Citadelle Henri. La Navidad, où Christophe Colomb aurait débarqué la première fois et Puerto Real (sic), dans la baie de Caracol (le premier port commercial connu du Nouveau Monde) s’y trouvent également. Bien que ces sites culturels ne soient pas directement touchés par le projet, il est important de planifier et d’évaluer le parc industriel dans le contexte régional plus large des plans régionaux et du potentiel de la région », souligne le rapport Koios sur le volet patrimoine culturel et touristique.
Nous voudrions prendre le contrepied de la dernière affirmation, à savoir que ces sites ne seront pas touchés directement par le projet.
Nous pouvons aisément prévoir les effets d’une migration non contrôlée de 300,000 personnes sur les paysages naturels et culturels de toute la région, et surtout sur les sites situés aux alentours immédiats de Caracol.
Or, c’est le cas pour La Nativité (ou La Navidad en espagnol) et Puerto Real.
Il faut préciser que les traces du fortin La Navidad, érigé le 24 novembre 1492 sur les instructions de Colomb - suite au naufrage de la Santa Maria -, ont été identifiés à En-Bas Saline, à seulement un kilomètre de Caracol.
C’est, donc, chez nous que se trouve la première fortification du Nouveau Monde. Nous pouvons revendiquer son existence et la vendre comme un produit touristique d’un intérêt certain.
Ce fortin, érigé au milieu du village taino de Guacanagaric, a été détruit par les tainos, mais des traces et l’emplacement subsistent.
En outre, des fouilles archéologiques, menées par l’université de Floride à Gainsville et le bureau d’ethnologie [6], ont révélé que le village taino de Guacanagaric, vieux déjà de 300 ans à l’arrivée de Colomb, est l’un des plus grands et plus complets dans les Caraïbes.
Il est aujourd’hui recouvert d’herbes folles et livré en pâture aux cabris.
Par ailleurs, la « cité perdue » de Christophe Colomb, la fameuse ville de Puerto Real, longtemps restée une énigme pour l’archéologie dans les Caraïbes, a été retrouvée, grâce au Dr. William Hodges, non loin de Caracol, à environ 2 km de En-Bas Saline.
L’importance de Puerto Real, pour l’histoire de la colonisation et l’émergence de cultures créoles, est d’un intérêt scientifique indiscutable.
Les artefacts, recueillis par l’équipe de la Dre. Kathleen Deagan, ont permis d’identifier des phases et des mécanismes de créolisation entre les cultures taino, hispaniques et africaines. Les trois cultures y ont coexisté entre 1503 et 1578.
Sur ce lieu hautement important et symbolique, devrait être érigé un musée ou un centre d’interprétation historique.
Le site ne devrait pas retomber tout doucement dans l’oubli, ou pire vandalisé par de futurs squatters.
Donc, dans un rayon de 2 km de Caracol, nous trouvons trois sites archéologiques importants et d’une valeur historique et culturelle inestimable : le village taino de Guacanagaric, le fortin de la Nativité et la ville hispanique de Puerto Real.
Qui dit mieux, comme atout touristique ?
Tout le quadrilatère « Limonade / Caracol / Trou-du-Nord / Fort Liberté » devrait être classé patrimoine national et protégé.
En dehors de l’aspect historique, les baies de Caracol et de Fort-Liberté (Bayaha en taino) sont des sites d’une époustouflante beauté qui devraient se prêter au tourisme écologique !
Et on voudrait les détruire !
Les termes de l’équation
La situation est donc on ne peut plus claire.
L’ingénieur-agronome Ronald Toussaint, actuel ministre démissionnaire de l’environnement (Mde), lors d’une rencontre organisée le 8 février 2012 à l’est de la capitale, a dû l’admettre devant les bailleurs et ses invités : tout l’écosystème « précieux et unique de la baie de de Caracol » est en danger par l’implantation du parc industriel, précisément à cet endroit-là.
L’étude de la compagnie Koios, engagée pour évaluer les impacts sociaux et économiques après le choix du site (oui, comme toujours, nous mettons la charrue avant les bœufs), même si elle peut être prise à défaut pour négligences et erreurs méthodologiques graves, donne, cependant, un avis clair : vu les menaces certaines sur les infrastructures sociales et physiques locales, et en particulier sur l’environnement et l’écosystème marin de la baie, « l’alternative laissée au gouvernement est ou bien d’annuler, ou bien de relocaliser le parc » …
« Le choix, évidemment, n’est pas technique mais politique » [7] (Koios 2011 : 35 ).
Plus loin, prenant en compte des considérations« d’ordre politique », le même rapport nuance sa position.
Le mot « politique » - on le comprend - est pris ici dans un sens étroit, qui concerne, non pas les « affaires de la cité », donc de la nation, mais bien les intérêts de certains groupes puissants, locaux et internationaux.
Ces considérations « politiques » se lisent comme suit :
“ Il serait possible d’annuler carrément le projet, mais les enjeux sont majeurs.
En premier lieu, le projet de parc industriel de la région du Nord-Est d’une grande visibilité, grâce à la participation de la Bid, du gouvernement des États-Unis d’Amérique, et d’un grand groupe sud-coréen, ainsi qu’à la grande publicité qui accompagne le projet depuis plusieurs mois. Son annulation pourrait mettre en jeu la réputation de ces parties prenantes et pourrait nuire à la réputation d’Haïti comme un pays accueillant à l’investissement”.
Ce qui amène la firme Koios à proposer d’autres choix au gouvernement, en particulier surseoir à l’exécution pour mener des études scientifiques et élaborer des plans de gestion axés sur le fonctionnement et les impacts du parc, ainsi que sur l’établissement d’un cadre de politiques et de normes, auxquelles tous les occupants du parc devront se conformer. Mais, le rapport ajoute ce bémol important :
« Les bonnes pratiques standard de gestion ne peuvent pas atténuer ces impacts facilement ou à peu de frais. Les mesures nécessaires impliqueront, non seulement la sensibilisation du public, mais aussi des dépenses en capital ».
Plan de gestion et mesures de mitigation indispensables
Il faudrait au ministère de l’environnement environ 50 millions de dollars américains [Ndlr : US $ 1.00 = 42.00 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui] pour un plan de mitigation de ces risques, selon le ministre Toussaint.
Or, à date, le Mde n’a trouvé que 4,2 millions de dollars [8].
Que va-t-il se passer si les fonds ne sont pas disponibles et si les recommandations, contenues dans les différents plans de gestion, ne peuvent pas être mises en pratique ?
Nous connaissons la réponse : très probablement RIEN.
Et c’est là la raison de notre inquiétude.
Au vu de notre insouciance passée, du manque de sensibilisation de la population et des plus hautes instances de l’État sur les questions environnementales et patrimoniales, et surtout vu le manque d’infrastructures légales et administratives, et les carences actuelles en ressources matérielles, humaines et financières, avons-nous de bonnes raisons de croire que toutes les mesures seront prises pour faire face à tous les problèmes mentionnés, et ce avant l’ouverture du parc, prévu pour fin mars 2012 ?
On attend donc de nous, citoyennes et citoyens haïtiens, ou bien une confiance aveugle dans les femmes / hommes politiques et les femmes / hommes d’affaires de ce pays et une foi béate dans la bienveillance internationale, ou bien on nous force à adopter une mentalité « magique », qui nous permettrait d’affirmer que, dans ce « singulier petit pays », les mêmes causes ne produisent plus les mêmes effets.
Tout ira bien, les choses s’arrangeront d’elles-mêmes.
Nous avons une propension à classer tout avertissement, basé sur des données scientifiques, au rang d’élucubrations fantaisistes d’une poignée de lunatiques.
Dans notre incrédulité et notre insouciance proverbiales, le concept « catastrophe prévisible » est tout simplement inconcevable.Nous sommes en Haïti, vous savez…au pays du Bon Dieu deux fois Bon.
Conclusion
« Notre conclusion est que le projet aura une incidence sur des habitats naturels critiques, s’il est établi à cet endroit (...) La question, qui reste à déterminer, est de savoir si le projet [est de nature à] changer ou dégrader des habitats naturels critiques de manière significative” (rapport Koios 2011 : p.126).
Non, la vraie question n’est pas de savoir si l’impact va être significatif ou pas.
La réponse, nous l’aurions trop tard !
Le vrai problème, c’est qu’il y aura un impact certain, et à moins d’un miracle, nous n’aurons pas les moyens d’y faire face.
par Rachelle Charlier Doucet
En effet, comment penser autrement, quand nous mettons en regard nos forces et nos faiblesses, en termes de gestion rigoureuse, de suivi et de monitoring des dossiers de l’État ?
Dans l’état actuel des choses, le dilemme, c’est comment saisir équitablement les opportunités économiques à court terme, offertes par le futur parc de Caracol, sans compromettre à tout jamais le patrimoine naturel et culturel de toute la région ?
Ensemble, milieux académiques, organisations sociales de tout le pays, investisseurs, gouvernement et bailleurs, nous devons, par la réflexion et la concertation la plus large possible, arriver à des solutions gagnant-gagnant.
Tout en reconnaissant les impératifs économiques de l’heure, nous devons nous mobiliser pour empêcher la destruction irréparable et irréversible de ces richesses nationales.
C’est pourquoi le centre d’études et de recherche sur les cultures et sociétés (Cerdecs) lance les appels suivants, non pas pour annuler le projet – ce serait irréaliste, vu l’état d’avancement des travaux – mais, au moins, pour obtenir un engagement ferme des parties prenantes, afin de prévenir et limiter les dommages collatéraux qui affecteront la population et son milieu de vie.
Goya- Star
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Re: Haïti-Industrie : La zone franche de Caracol met en péril le patrimoine naturel
Men resilta wi ,mwen pa kwè yon moun te beswen genyen anpil edikatyon pou te konprann ke park indistriyel saa pap itil peyi ya yon merd. se yon teks ke tout ayisyen konsyan te dwe li.Men genyne yon ilusyon ke yo mete nan tet nou pou fè nou konprann ke depi se bagay ki ap ba ayisyen travay li bon.Men eske yon moun ki pral touche 150 goud pa jou ka yon ajan ekonomik nan peyi ya.Fok nou pa bliye nan tan esklavaj la tout esklav yo tap travay eske sa vle di yo te byen?Eske se vre isin sa yo pral pote yon byenet pou popilatyon zonn lan.eske se vre li vo kalamite li pral pote nan zonn?mwen fè otè teks la konpliman.Se pa tout ayisyen ki bet tankou Preval ak Bellerive.
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Re: Haïti-Industrie : La zone franche de Caracol met en péril le patrimoine naturel
Map mande marc ak Goya pou yo pibliye teks saa tou sou haiti Cherie.Fok tout ayisyen o kouran de impact bagay saa pral genyen sou environman peyi ya.
Le gros roseau- Super Star
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Re: Haïti-Industrie : La zone franche de Caracol met en péril le patrimoine naturel
Rozo,
Sak pi rèd la nou anafè ak yon gouvènman ki pa gen ni visyon ni plan.
Le mal est déjà fait et consomé.
Goya- Star
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Re: Haïti-Industrie : La zone franche de Caracol met en péril le patrimoine naturel
Goya
Fok nou di la verité.saa nou pa ka metel sou do Mickey non. se Preval ki yon serpan.
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