Kisa nou panse dentèvensyon de Lucie Bonhomme la
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Kisa nou panse dentèvensyon de Lucie Bonhomme la
Mwen panse ke yon fason pou madan lan retounen nan radyo an douseu apre tout sa mari l fe nan peyi an .
http://www.journal509.com/politique/crise-electorale-opont-se-fait-attaquer-par-sa-femme.html
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Marc H- Super Star
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Re: Kisa nou panse dentèvensyon de Lucie Bonhomme la
Si gen MOUN ki kwe MARIE LUCIE BONHOMME ,tankou AMERIKEN yo konn di ,gen yon PON lan BROOKLYN pou VANN.
MARIE LUCIE BONHOMME ap pwoteje DENGONN ;OPONT pa touche ase pou l pran EGZIL ak li.
OZETAZINI pa gen anyen ki seten ,se tout TAN y ap mete MEN sou KOUDETAYIS lan AMERIK SANTRAL yo ,le yo mete PYE OZETAZINI sitou lan MIYAMI.
AMERIKEN yo konn vann ,yo pa konn separe ;yo voye ZOT ap fe EKZAKSYON e le sa gate ,yo pa leve yon DWET pou EDE.
PRES ANMH-FADH lan gen yon move REPITASYON OZETAZINI ,swa di an pasan.
Sa fe m sonje ATIK ke JOEL LEON te ekri mwen kwe sou HAITI LIBERTE an 2011:
Mercredi 26 janvier 2011 3 26 /01 /Jan /2011 10:38
Radiographie d'une presse réactionnaire, jadis progressiste par Joël Léon
Le simplisme, un mal sociologique a éradiquer - Pierre Bourdieu
Les émeutes de trois jours qui avaient saccagé le pays après la proclamation des résultats du premier tour des élections du 28 novembre tiennent encore le pays entier en alerte. Ajouter à cela, le cholera et le quotidien morose des citoyens appauvris prennent tous en otages. Tout effort de sortir de ce train-train journalier exige un surplus humain qui, très souvent manque au commun des mortels. En ce sens, je vais aborder un sujet essentiel qui m’a toujours tenu à cœur a propos d’Haïti. La presse haïtienne et son comportement a travers les événements de 2004 qui ont conduit au coup d’état contre Aristide, suivi de l’occupation du pays et, celui de l’après 5 Décembre 2010.
Nous rêvons encore de la presse militante proche du peuple qui fleurissait après la fin de la dynastie duvalierienne. Longtemps avant de sombrer dans la vacuité morbide de la dominance, sous le charme de la sirène de la presse globale, dite de référence. En peu de temps, le champ médiatique a subi deux transformations fondamentales, la première était due au fait des tentatives dictatoriales de l’armée d’Haïti défunte qui, a chaque coup d’Etat expulsait volontairement ou non des journalistes engagés en exil. Ces travailleurs de presse subissaient les retombées d’une politique globale antipopulaire mise en œuvre dans les états en transition démocratique. Dont l’essence était de vider le pays du mouvement populaire. L’USIS fut le pilier de cette politique qui consistait à pousser hors du pays un nombre imposant de journalistes vedettes qui peuplaient les media du pays. Ernst Laventure Edouard, allias « Moloskot », fut parmi les premières victimes d’une longue série. Apres quoi, ce fut le tour de Marcus Darbouze et Plaisimond…
La deuxième transformation est le fait que bon nombre de journalistes engagés ont réussi leurs « transfert de classe ». Marvel Dandin et Liliane Pierre-Paul sont deux exemples typiques de journalistes transformés en patrons de presse. A partir de ce moment ils partagent les mêmes intérêts socio-économiques que les nantis traditionnels, exploitant leurs salariés en vue de maximiser leurs profits, même s’il faut admettre la particularité de l’industrie médiatique dans le tiers-monde, moins riche qu'ailleurs. D’autres, comme Daly Valet, Valery Numa, Marie Lucie Bonhomme…ont pénétré le cercle classique de la classe moyenne communément appelée aux Etats-Unis « American dream ». A la manière des grandes capitales occidentales, la presse haïtienne est capitalisée. Les riches s’approprient de la totalité écrite, à l’exception des hebdomadaires haïtiens édités aux Etats-Unis : Haïti liberté, Haïti en marche, Haïti progrès et Haïti observateur. Les stations de radio ont connu une vague de main mise aussi, pour la plupart, sous la présidence même de Jean B. Aristide. Les plus puissantes, telles que : Vision 2000, radio Métropole, Signal FM… ayant une couverture nationale, sont les produits de grands investissements venus du secteur le plus réactionnaire de la classe dominante, notamment les Boulos et compagnie. Ces media, pendant tout le mouvement GNB, avaient démontré leurs capacités de défaire et faire les gouvernements en Haïti, prérogative constitutionnelle jusque-là confiée aux citoyens haïtiens. Les media sont carrément passés à une vitesse supérieure : du stade de 4eme pouvoir au 1er pouvoir. Dans ce même groupe de transfuges, il y a ceux-là qui ont abandonné le métier pour rejoindre le train de la richesse facile qu’est le pouvoir politique. Ils deviennent ministres, conseillers à la présidence, secrétaires d’état, députés, maires…
Toutefois, il faut reconnaître le rôle joué par radio signal FM des minutes suivant le tremblement de terre du 12 Janvier 2010 jusqu’à maintenant. Ces confrères de la presse étaient magnanimes en cette occasion, particulièrement pour ceux vivant à l’étranger, signal FM constituait un fil de vie qui symbolisait encore l’existence d’Haïti comme nation.
Le paysage politique haïtien s’est recyclé à droite a partir de l’année 2000. C’était le commencement d’une nouvelle ère, des leaders politiques haïtiens de « gauche », tels que : Gérard Pierre-Charles, Paul Denis, Sauveur Pierre Etienne, Turneb Delpé et organisations de la société civile paradaient a Washington mains dans les mains avec le sénateur Jesse Helms et autres ultraconservateurs de la politique américaine. Max Bourjoly, ancien numéro deux du PUCH, souhaite la présence des troupes d’occupation dans le pays pour au moins vingt cinq ans. Les media, eux aussi, ont subi cette même influence. Les journalistes haïtiens avaient aussi défilé dans la capitale fédérale dans des séminaires bidon, des séances de formation au rabais et des tours inutiles. Sous la baguette droitière de Stanley Lucas, ancien représentant de l’IRI en Haïti. Des dizaines d’étudiants ont Parcourant Washington avec leurs hamburgers en mains, scandant "Que je suis heureux !". La droitisation à outrance de la classe moyenne a permis de récupérer un espace sociologique jusque-là jalousement gardé entre les mains des animateurs du mouvement populaire. Les journalistes d’aujourd’hui n’ont plus Gasner Raymond, Pierre Petit et Richard Brisson comme modèles. Ils veulent devenir Peter Jennings, Tom Brokow et autres Anchor américains. Ils s’identifient à Mr Menard de Reporters sans frontières, une organisation financée par le parti républicain américain afin de renforcer institutionnellement les organisations médiatiques locales. D’où le début du culte réactionnaire dans les media locaux. Le journaliste haïtien a été toujours vénéré, mais dans des conditions modestes et solidaire de sa classe.
Je me souviens encore, après le massacre de saint Jean Bosco de 1989, Liliane Pierre-Paul pleurait sur les ondes en diffusant les nouvelles sur l’état de sante de la mère de la petite fille, baptisée Esperanta pour sa protection, elle qui fut perforée dans le sein de sa mère par les bourreaux de Franck Romain à l’intérieur même de l’église martyre. En écoutant les nouvelles on pouvait sentir la douleur des journalistes face aux répressions systématiques dont était victime le peuple des bidonvilles et de la paysannerie. Les media étaient en phase avec le quotidien des masses haïtiennes. Les braves des organisations populaires furent reçus en héros dans les salles de nouvelles. Les dirigeants de la plate-forme des organisations populaires de Carrefour-feuilles : Wilfrid Destin, Jean-Claude Lubin, Tissaint Eralien, Patrice Laporte… étaient appréciés partout par les journalistes qui voyaient en eux des combattants de la liberté. Il fut un temps, la presse était digne, les journalistes étaient encore Haïtiens.
La capitalisation, tellement féroce, prend la forme scélérate de la corruption. Les missions diplomatiques utilisent la distribution de visas pour tenir journalistes et officiels sous leurs coupes. A des moments donnés, ils frisaient l’exagération en inventant des histoires de kidnapping ou de persécutions politiques pour l’obtention du droit d’asile. On les rencontre trop nombreux dans les ministères, pas pour interviewer des responsables mais à la recherche de moyens financiers personnels ou faveurs pour leurs proches. La noblesse du métier est en chute libre.
Toutefois, il faut admettre que la presse haïtienne est plus académiquement représentée aujourd’hui qu’avant. Les journalistes haïtiens sont mieux éduqués que leurs prédécesseurs, mieux préparés techniquement, encadrés d’équipement moderne et jouissant des dernières technologies. Paradoxalement, cette nouvelle réalité coïncide avec une dérive patriotique et nationale, au fur et a mesure que le métier est plus savant la réaction s’impose d’avantage. Le reporter a seulement un job qu’il exécute dans la plus grande froideur, il y a un excès de professionnalisme qui le vide de sa responsabilité citoyenne, ce qui favorise le statu quo et l’étranger. Par exemple, l’occupation du territoire national est acceptée, l’immixtion journalière des missions diplomatiques dans les affaires haïtiennes n’est plus mentionnée. Quand l’ambassade américaine envoie une note à la presse, elle est diffusée incessamment et commentée en même temps partout comme s’il s’agit d’un ordre venu du maitre des lieux. Les termes empruntés à la grande presse raciste internationale tels que : "Haïti, entité chaotique ingouvernable, Haïti espace de non-droit etc.", pourtant très dégradants à l’ endroit de leurs propre peuple. sont convertis en les leurs, ils les répètent comme des perroquets et Ils n’ont plus ce sentiment d’appartenance qui portait les journalistes d’hier à prendre toutes sortes de risques.
Je vis aux Etats-Unis depuis 17 ans, aucune presse n’est plus patriotique que celle de ce pays. L’attentat meurtrier du 11 septembre avait clairement démontré les limites de l’indépendance de la presse. Les media étaient soldatises et autocensurés. Tout journaliste non-conformiste était réduit au silence ou viré ipso facto, Dan Rather et Bill Maher peuvent en témoigner. C’était la raison d’état, fille de la sécurité nationale qui s’imposait a tous, en premier lieu, les media.
Les émeutes éclatées après la publication des résultats préliminaires du 28 novembre dernier par le CEP ont été reportées avec superficialité et sensation. Les salles de nouvelles, apparemment, n’analysent plus les événements politiques. Martelly, chanteur de compas direct, a été mis devant la scène comme si tous les protestataires étaient membres du parti bidon « repons peyizan ». Et pourtant, il était clair dans les esprits que le peuple en a marre de l’équipe gouvernementale, et que « Ti Simone » n’était rien d’autre qu’un alibi ou une raison opportuniste pour faire éclater leur colère face a un pouvoir vassalisé. Sur les 4.712.693 inscrits, seulement 1.074056 avaient voté le 28 novembre dernier, c’est-à-dire moins d’un tiers, soit environ 25% de l’électorat a pris part au scrutin. Considérant la grande foule qui envahissait les rues pour exprimer leur ras-le-bol, la différence était patente. Elles étaient quatre fois supérieures au nombre de votants, pendant trois jours et nuits, les rues des dix départements géographiques du pays étaient occupées en permanence. Michel Martelly auquel on veut accorder la paternité des protestations n’a pas pu dépasser le seuil de 234617 votes au cours de la journée électorale émaillée d’incidents malheureux. Si pendant la campagne électorale aucun parti ou candidat n’avait pu réunir la grande foule, il serait insensé d’interpréter les protestations postélectorales comme un soutien d'un quelconque candidat. D’ailleurs, tous les observateurs étaient unanimement d’accord pour dire qu’il n’y avait eu aucun engouement électoral proche de celui du 16 décembre 1990. Et pourtant, les protestataires étaient si nombreux dans les rues que ça rappellait la manifestation de joie du 17 décembre 1991. Le travail de la presse aurait du être d’analyser cette situation afin de permettre une meilleure compréhension de la mascarade du 28 novembre.
Préval a tout fait pour être perçu par le peuple comme un emmerdeur. Cependant, il faut comprendre l’acharnement de la droite contre son pouvoir. Paradoxalement, René Preval a débordé la droite classique haïtienne vers la droite, à la manière de l’ancien ailier droit de l’équipe de football Victory, Jean Michel Malenkov. En d’autres termes, le président a récupéré l’audience politique des partis traditionnels, il est devenu le chouchou légitime de l’ « american establishment ». Tout ceci, pendant une courte période, il a acculé les traditionnels alliés de Washington à l’orphelin, ce que les perpétuels chefs de partis ne lui pardonneront jamais.
Voila ce que les journalistes haïtiens, pour la plupart, n’arrivent pas à communiquer à leurs lecteurs ou auditeurs dans une approche simple et intelligible. Les problèmes de fond sont sacrifiés au profit de haine anti-lavalas et des valses électorales. Il y a une carence de journalistes d’opinion capables d’aider à déceler ce que l’Américain appelle « inférence », c’est-à-dire les non-dits. Tout est conjoncturel dans les analyses, ce qui conduit à une sorte de disparate au niveau de l’opinion publique haïtienne. C’est le culte de l’information au détriment de la formation, c’est la fin du relatif et la dictature du manichéisme ou du « noir et blanc ». La perspicacité qui portait Gasner Raymond à enquêter sur l’exploitation des ouvriers du ciment d’Haïti, n’existe plus chez les confrères. Dans les salles de nouvelles c’est l’autocensure totale. Chaque responsable politique a sa clientèle au sein des organes de presse. On a vu avec tristesse des commentateurs politiques faire l’apologie des dealers de drogue connus. Ils vont jusqu’à utiliser leurs micros pour influencer des juges à prendre des décisions juridiques favorables à des corrompus de l’administration publique ou à des trafiquants de drogue, pourvu qu’ils paient.
Entretemps, on interdit le micro aux dirigeants d’organisations de base non attachés à une organisation gouvernementale. Sous des formules fallacieuses de « chimères », on les définit comme des violents. Ainsi on a expulse du débat national la majorité du peuple haïtien. Il fut un temps le journaliste « walking tall » dans leurs quartiers.
A côte de ceux qui utilisent leurs positions de directeurs d’opinion pour promouvoir leurs agendas personnels, il y a ceux-là qui conservent encore dignement leurs positions de proximité au peuple haïtien. Ils travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, avec peu de moyens ils réalisent des reportages extraordinaires, ils ne sont fils de personnes, sinon que de leurs consciences. Les correspondants des média des villes de province restent fidèles à cette grande tradition de journalistes engagés dans la défense des paysans pauvres. Et, ils sont solidaires de leurs origines sociologiques, malgré vents et marées ils continuent d’être proches des plus vulnérables de la société haïtienne en face des riches latifundistes et autorités cupides qui font la loi dans les zones inaccessibles. Ils sont les véritables héros et héritiers des grands travailleurs de presses qui ont toujours marqué l’histoire de cette noble profession.
Joël Léon
MARIE LUCIE BONHOMME ap pwoteje DENGONN ;OPONT pa touche ase pou l pran EGZIL ak li.
OZETAZINI pa gen anyen ki seten ,se tout TAN y ap mete MEN sou KOUDETAYIS lan AMERIK SANTRAL yo ,le yo mete PYE OZETAZINI sitou lan MIYAMI.
AMERIKEN yo konn vann ,yo pa konn separe ;yo voye ZOT ap fe EKZAKSYON e le sa gate ,yo pa leve yon DWET pou EDE.
PRES ANMH-FADH lan gen yon move REPITASYON OZETAZINI ,swa di an pasan.
Sa fe m sonje ATIK ke JOEL LEON te ekri mwen kwe sou HAITI LIBERTE an 2011:
Mercredi 26 janvier 2011 3 26 /01 /Jan /2011 10:38
Radiographie d'une presse réactionnaire, jadis progressiste par Joël Léon
Le simplisme, un mal sociologique a éradiquer - Pierre Bourdieu
Les émeutes de trois jours qui avaient saccagé le pays après la proclamation des résultats du premier tour des élections du 28 novembre tiennent encore le pays entier en alerte. Ajouter à cela, le cholera et le quotidien morose des citoyens appauvris prennent tous en otages. Tout effort de sortir de ce train-train journalier exige un surplus humain qui, très souvent manque au commun des mortels. En ce sens, je vais aborder un sujet essentiel qui m’a toujours tenu à cœur a propos d’Haïti. La presse haïtienne et son comportement a travers les événements de 2004 qui ont conduit au coup d’état contre Aristide, suivi de l’occupation du pays et, celui de l’après 5 Décembre 2010.
Nous rêvons encore de la presse militante proche du peuple qui fleurissait après la fin de la dynastie duvalierienne. Longtemps avant de sombrer dans la vacuité morbide de la dominance, sous le charme de la sirène de la presse globale, dite de référence. En peu de temps, le champ médiatique a subi deux transformations fondamentales, la première était due au fait des tentatives dictatoriales de l’armée d’Haïti défunte qui, a chaque coup d’Etat expulsait volontairement ou non des journalistes engagés en exil. Ces travailleurs de presse subissaient les retombées d’une politique globale antipopulaire mise en œuvre dans les états en transition démocratique. Dont l’essence était de vider le pays du mouvement populaire. L’USIS fut le pilier de cette politique qui consistait à pousser hors du pays un nombre imposant de journalistes vedettes qui peuplaient les media du pays. Ernst Laventure Edouard, allias « Moloskot », fut parmi les premières victimes d’une longue série. Apres quoi, ce fut le tour de Marcus Darbouze et Plaisimond…
La deuxième transformation est le fait que bon nombre de journalistes engagés ont réussi leurs « transfert de classe ». Marvel Dandin et Liliane Pierre-Paul sont deux exemples typiques de journalistes transformés en patrons de presse. A partir de ce moment ils partagent les mêmes intérêts socio-économiques que les nantis traditionnels, exploitant leurs salariés en vue de maximiser leurs profits, même s’il faut admettre la particularité de l’industrie médiatique dans le tiers-monde, moins riche qu'ailleurs. D’autres, comme Daly Valet, Valery Numa, Marie Lucie Bonhomme…ont pénétré le cercle classique de la classe moyenne communément appelée aux Etats-Unis « American dream ». A la manière des grandes capitales occidentales, la presse haïtienne est capitalisée. Les riches s’approprient de la totalité écrite, à l’exception des hebdomadaires haïtiens édités aux Etats-Unis : Haïti liberté, Haïti en marche, Haïti progrès et Haïti observateur. Les stations de radio ont connu une vague de main mise aussi, pour la plupart, sous la présidence même de Jean B. Aristide. Les plus puissantes, telles que : Vision 2000, radio Métropole, Signal FM… ayant une couverture nationale, sont les produits de grands investissements venus du secteur le plus réactionnaire de la classe dominante, notamment les Boulos et compagnie. Ces media, pendant tout le mouvement GNB, avaient démontré leurs capacités de défaire et faire les gouvernements en Haïti, prérogative constitutionnelle jusque-là confiée aux citoyens haïtiens. Les media sont carrément passés à une vitesse supérieure : du stade de 4eme pouvoir au 1er pouvoir. Dans ce même groupe de transfuges, il y a ceux-là qui ont abandonné le métier pour rejoindre le train de la richesse facile qu’est le pouvoir politique. Ils deviennent ministres, conseillers à la présidence, secrétaires d’état, députés, maires…
Toutefois, il faut reconnaître le rôle joué par radio signal FM des minutes suivant le tremblement de terre du 12 Janvier 2010 jusqu’à maintenant. Ces confrères de la presse étaient magnanimes en cette occasion, particulièrement pour ceux vivant à l’étranger, signal FM constituait un fil de vie qui symbolisait encore l’existence d’Haïti comme nation.
Le paysage politique haïtien s’est recyclé à droite a partir de l’année 2000. C’était le commencement d’une nouvelle ère, des leaders politiques haïtiens de « gauche », tels que : Gérard Pierre-Charles, Paul Denis, Sauveur Pierre Etienne, Turneb Delpé et organisations de la société civile paradaient a Washington mains dans les mains avec le sénateur Jesse Helms et autres ultraconservateurs de la politique américaine. Max Bourjoly, ancien numéro deux du PUCH, souhaite la présence des troupes d’occupation dans le pays pour au moins vingt cinq ans. Les media, eux aussi, ont subi cette même influence. Les journalistes haïtiens avaient aussi défilé dans la capitale fédérale dans des séminaires bidon, des séances de formation au rabais et des tours inutiles. Sous la baguette droitière de Stanley Lucas, ancien représentant de l’IRI en Haïti. Des dizaines d’étudiants ont Parcourant Washington avec leurs hamburgers en mains, scandant "Que je suis heureux !". La droitisation à outrance de la classe moyenne a permis de récupérer un espace sociologique jusque-là jalousement gardé entre les mains des animateurs du mouvement populaire. Les journalistes d’aujourd’hui n’ont plus Gasner Raymond, Pierre Petit et Richard Brisson comme modèles. Ils veulent devenir Peter Jennings, Tom Brokow et autres Anchor américains. Ils s’identifient à Mr Menard de Reporters sans frontières, une organisation financée par le parti républicain américain afin de renforcer institutionnellement les organisations médiatiques locales. D’où le début du culte réactionnaire dans les media locaux. Le journaliste haïtien a été toujours vénéré, mais dans des conditions modestes et solidaire de sa classe.
Je me souviens encore, après le massacre de saint Jean Bosco de 1989, Liliane Pierre-Paul pleurait sur les ondes en diffusant les nouvelles sur l’état de sante de la mère de la petite fille, baptisée Esperanta pour sa protection, elle qui fut perforée dans le sein de sa mère par les bourreaux de Franck Romain à l’intérieur même de l’église martyre. En écoutant les nouvelles on pouvait sentir la douleur des journalistes face aux répressions systématiques dont était victime le peuple des bidonvilles et de la paysannerie. Les media étaient en phase avec le quotidien des masses haïtiennes. Les braves des organisations populaires furent reçus en héros dans les salles de nouvelles. Les dirigeants de la plate-forme des organisations populaires de Carrefour-feuilles : Wilfrid Destin, Jean-Claude Lubin, Tissaint Eralien, Patrice Laporte… étaient appréciés partout par les journalistes qui voyaient en eux des combattants de la liberté. Il fut un temps, la presse était digne, les journalistes étaient encore Haïtiens.
La capitalisation, tellement féroce, prend la forme scélérate de la corruption. Les missions diplomatiques utilisent la distribution de visas pour tenir journalistes et officiels sous leurs coupes. A des moments donnés, ils frisaient l’exagération en inventant des histoires de kidnapping ou de persécutions politiques pour l’obtention du droit d’asile. On les rencontre trop nombreux dans les ministères, pas pour interviewer des responsables mais à la recherche de moyens financiers personnels ou faveurs pour leurs proches. La noblesse du métier est en chute libre.
Toutefois, il faut admettre que la presse haïtienne est plus académiquement représentée aujourd’hui qu’avant. Les journalistes haïtiens sont mieux éduqués que leurs prédécesseurs, mieux préparés techniquement, encadrés d’équipement moderne et jouissant des dernières technologies. Paradoxalement, cette nouvelle réalité coïncide avec une dérive patriotique et nationale, au fur et a mesure que le métier est plus savant la réaction s’impose d’avantage. Le reporter a seulement un job qu’il exécute dans la plus grande froideur, il y a un excès de professionnalisme qui le vide de sa responsabilité citoyenne, ce qui favorise le statu quo et l’étranger. Par exemple, l’occupation du territoire national est acceptée, l’immixtion journalière des missions diplomatiques dans les affaires haïtiennes n’est plus mentionnée. Quand l’ambassade américaine envoie une note à la presse, elle est diffusée incessamment et commentée en même temps partout comme s’il s’agit d’un ordre venu du maitre des lieux. Les termes empruntés à la grande presse raciste internationale tels que : "Haïti, entité chaotique ingouvernable, Haïti espace de non-droit etc.", pourtant très dégradants à l’ endroit de leurs propre peuple. sont convertis en les leurs, ils les répètent comme des perroquets et Ils n’ont plus ce sentiment d’appartenance qui portait les journalistes d’hier à prendre toutes sortes de risques.
Je vis aux Etats-Unis depuis 17 ans, aucune presse n’est plus patriotique que celle de ce pays. L’attentat meurtrier du 11 septembre avait clairement démontré les limites de l’indépendance de la presse. Les media étaient soldatises et autocensurés. Tout journaliste non-conformiste était réduit au silence ou viré ipso facto, Dan Rather et Bill Maher peuvent en témoigner. C’était la raison d’état, fille de la sécurité nationale qui s’imposait a tous, en premier lieu, les media.
Les émeutes éclatées après la publication des résultats préliminaires du 28 novembre dernier par le CEP ont été reportées avec superficialité et sensation. Les salles de nouvelles, apparemment, n’analysent plus les événements politiques. Martelly, chanteur de compas direct, a été mis devant la scène comme si tous les protestataires étaient membres du parti bidon « repons peyizan ». Et pourtant, il était clair dans les esprits que le peuple en a marre de l’équipe gouvernementale, et que « Ti Simone » n’était rien d’autre qu’un alibi ou une raison opportuniste pour faire éclater leur colère face a un pouvoir vassalisé. Sur les 4.712.693 inscrits, seulement 1.074056 avaient voté le 28 novembre dernier, c’est-à-dire moins d’un tiers, soit environ 25% de l’électorat a pris part au scrutin. Considérant la grande foule qui envahissait les rues pour exprimer leur ras-le-bol, la différence était patente. Elles étaient quatre fois supérieures au nombre de votants, pendant trois jours et nuits, les rues des dix départements géographiques du pays étaient occupées en permanence. Michel Martelly auquel on veut accorder la paternité des protestations n’a pas pu dépasser le seuil de 234617 votes au cours de la journée électorale émaillée d’incidents malheureux. Si pendant la campagne électorale aucun parti ou candidat n’avait pu réunir la grande foule, il serait insensé d’interpréter les protestations postélectorales comme un soutien d'un quelconque candidat. D’ailleurs, tous les observateurs étaient unanimement d’accord pour dire qu’il n’y avait eu aucun engouement électoral proche de celui du 16 décembre 1990. Et pourtant, les protestataires étaient si nombreux dans les rues que ça rappellait la manifestation de joie du 17 décembre 1991. Le travail de la presse aurait du être d’analyser cette situation afin de permettre une meilleure compréhension de la mascarade du 28 novembre.
Préval a tout fait pour être perçu par le peuple comme un emmerdeur. Cependant, il faut comprendre l’acharnement de la droite contre son pouvoir. Paradoxalement, René Preval a débordé la droite classique haïtienne vers la droite, à la manière de l’ancien ailier droit de l’équipe de football Victory, Jean Michel Malenkov. En d’autres termes, le président a récupéré l’audience politique des partis traditionnels, il est devenu le chouchou légitime de l’ « american establishment ». Tout ceci, pendant une courte période, il a acculé les traditionnels alliés de Washington à l’orphelin, ce que les perpétuels chefs de partis ne lui pardonneront jamais.
Voila ce que les journalistes haïtiens, pour la plupart, n’arrivent pas à communiquer à leurs lecteurs ou auditeurs dans une approche simple et intelligible. Les problèmes de fond sont sacrifiés au profit de haine anti-lavalas et des valses électorales. Il y a une carence de journalistes d’opinion capables d’aider à déceler ce que l’Américain appelle « inférence », c’est-à-dire les non-dits. Tout est conjoncturel dans les analyses, ce qui conduit à une sorte de disparate au niveau de l’opinion publique haïtienne. C’est le culte de l’information au détriment de la formation, c’est la fin du relatif et la dictature du manichéisme ou du « noir et blanc ». La perspicacité qui portait Gasner Raymond à enquêter sur l’exploitation des ouvriers du ciment d’Haïti, n’existe plus chez les confrères. Dans les salles de nouvelles c’est l’autocensure totale. Chaque responsable politique a sa clientèle au sein des organes de presse. On a vu avec tristesse des commentateurs politiques faire l’apologie des dealers de drogue connus. Ils vont jusqu’à utiliser leurs micros pour influencer des juges à prendre des décisions juridiques favorables à des corrompus de l’administration publique ou à des trafiquants de drogue, pourvu qu’ils paient.
Entretemps, on interdit le micro aux dirigeants d’organisations de base non attachés à une organisation gouvernementale. Sous des formules fallacieuses de « chimères », on les définit comme des violents. Ainsi on a expulse du débat national la majorité du peuple haïtien. Il fut un temps le journaliste « walking tall » dans leurs quartiers.
A côte de ceux qui utilisent leurs positions de directeurs d’opinion pour promouvoir leurs agendas personnels, il y a ceux-là qui conservent encore dignement leurs positions de proximité au peuple haïtien. Ils travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, avec peu de moyens ils réalisent des reportages extraordinaires, ils ne sont fils de personnes, sinon que de leurs consciences. Les correspondants des média des villes de province restent fidèles à cette grande tradition de journalistes engagés dans la défense des paysans pauvres. Et, ils sont solidaires de leurs origines sociologiques, malgré vents et marées ils continuent d’être proches des plus vulnérables de la société haïtienne en face des riches latifundistes et autorités cupides qui font la loi dans les zones inaccessibles. Ils sont les véritables héros et héritiers des grands travailleurs de presses qui ont toujours marqué l’histoire de cette noble profession.
Joël Léon
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