A bien réfléchir!
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A bien réfléchir!
Les sirènes ? Une simple question sociopsychologique
Publié le 2018-01-10 | Le Nouvelliste
National -
Assez, c’est assez, Tonnerrrrrrrrre !
Tout le monde ou presque, particulièrement les automobilistes, se plaint des sirènes qui polluent notre atmosphère. Voitures officielles, de location, service de l’État ou même privées nous écorchent les oreilles, mais surtout nous agressent en nous forçant, à la manière des tontons macoutes, de leur faire de la place; sans compter les idiots du même acabit qui profitent pour prendre une «roulibe» sur le chef. Alors que dans les pays «normaux» ces sirènes sont des avertisseurs d’une situation d’urgence nécessitant une priorité fondée. Chez nous, ce n’est que l’expression d’un pouvoir que veut affirmer un chef. Au-delà de la colère et de la frustration que provoquent dans un premier temps ces comportements, il m’a paru intéressant d’essayer d’en comprendre les causes.
Elles sont certes nombreuses, mais toutefois elles ont un dénominateur commun, qui d’ailleurs, explique l’attitude générale de nos chefs en Haïti. Il semblerait que, d’une part, l’effritement des valeurs dans notre société et, d’autre part, les conditions inhumaines que subit la grande majorité font que tout ce qui reste à certains pour s’assurer une humanité, c’est le pouvoir et l’argent (se sa ki fè yo santi yo moun). Ce n’est pas pour rien que l’on se bouscule ainsi aux “élections”. Le problème serait alors une question sociopsychologique qui nécessite que l’on décortique un peu le profil socioéconomique de ces nouveaux chefs tontons macoutes.
Ce n’est un secret pour personne - sauf évidement pour ceux qui refusent d’en prendre conscience - que notre société est truffée d’inégalités sociales.
La santé, l’éducation, la nourriture quotidienne, le transport, les loisirs, les beaux atours et les tenues d’apparat, les grandes cérémonies ostentatoires, le confort domestique, et tout ce qui peut matériellement rendre agréable une vie terrestre n’est le privilège que d’une très petite minorité. Certains diraient que cela existe dans tous les pays du monde; c’est vrai, mais il est des pays où ces inégalités sont inacceptables, étouffantes, insoutenables, voire révoltantes. Et notre chère Haïti en fait partie - en tête du peloton.
Les conditions de vie que connaît la grande majorité de notre population créent malheureusement de profondes frustrations et produisent certains énergumènes qui sont prêts à tout pour s’en sortir : vol, détournement de fonds, kidnapping, mensonges, trafic de drogues, malversation, prévarication, trafic d’influence, délit d’initié, contrebande, enrichissement illicite et corruption de toutes sortes. Même certains nantis de la bourgeoisie ancestrale (petite, moyenne et grande), eux aussi frustrés à leur manière, profitant de l’impunité et d’un système judiciaire pourri (suivez mon regard vers la prison de Croix-des-Bouquets) se faufilent et se mêlent à ces énergumènes pour satisfaire gloutonnement leur appétit, résoudre leurs petits problèmes personnels et garder leurs privilèges. Et lorsque ces déviances délictuelles et criminelles, venant de tout bord, se mêlent à la politique (ou vice versa), on obtient le mode de pays que l’on a aujourd’hui avec des dirigeants corrompus jusqu’à la moelle.
Ce n’est donc pas un hasard que notre pays soit devenu aujourd’hui une véritable jungle d'où les jeunes gens foutent le camp avec raison, et où la majorité de ceux qui restent connaît l’enfer.
Les frustrations sont de toutes sortes. Parmi ceux qui vivent encore dans ces conditions infrahumaines, elles prennent la forme de sentiments de haine et d’aigreur envers les plus aisés. Quel humain n’éprouverait pas de tels sentiments lorsqu’il se fait arroser par les flaques d’eaux pestilentielles provenant de gros ses cylindrées climatisées, toutes vitres fumées, alors qu’il enjambe les fatras et patauge dans la boue ou encore lorsqu’il voit certaines soirées afficher des prix dépassant de loin son salaire mensuel ?
Souvent, malheureusement, la réaction psychologique qui suit, c’est qu’il rêve de posséder demain une telle voiture pour en faire autant ou encore aspire à participer à ces soirées, perpétuant ainsi les mêmes comportements.
Parmi les autres où l'on compte des arrivistes de tout poil, des nantis gloutons et même un ordurier (qui va jusqu’à descendre ses pantalons en public), tous, assoiffés de pouvoir, c’est l’arrogance qui leur sert de carte de visite.
C'est ce miasme sociopsychologique qui produit les sirènes qui hurlent et emmerdent nos oreilles à longueur de journée, nous agressant aussi bien psychologiquement que physiquement, car très souvent, les “tioules” et hommes de main zélés de leurs auteurs (gwo zam a la men- provenant des classes les plus défavorisées) s’arrogent le droit de taper du pied et des mains “macoutiquement” sur nos voitures ou de les frapper carrément pour nous faire ... obtempérer.
C'est vraiment triste qu’on ait le besoin d’être un chef, d’avoir du pouvoir et de l’argent pour se sentir “yon moun”. Parce que chez nous “tout moun pa moun”. Oh mon pays, si triste est la saison .... !
Tant que les conditions socioéconomiques, politiques et juridiques de notre société continueront de produire ces arrivistes frustrés et aigris, de même que ces nantis gloutons, arrogants et suffisants (tous des classes moyennes - anciennes et nouvelles) qui aspirent à diriger le pays, les sirènes ne cesseront pas; et on continuera tout comme Ulysse à nous faire entendre “le chant des sirènes” lors des campagnes électorales. Heureusement que ces deux composantes des classes moyennes comptent des citoyens et citoyennes éduqués, respectueux et honnêtes qui n’ont pas ce genre de comportement.
N'avait-on pas constaté un répit en la matière sous la houlette des gouvernements Préval /Pierre-Louis et Préval /Alexis ?
Il est temps que nos nouveaux politiciens-macoutes-frustrés nous foutent la paix en arrêtant d’affirmer leur pouvoir en jouant des sirènes avec les petites voitures aux clignotants bleu et rouge qu’ils n’ont pas eues dans leur enfance ou qu’ils n’avaient espéré conduire. Souvenez-vous de la chanson : “Ou wè Tèt Bèf, ou wè Acura, BMW, ... ”.
Terminons pour dire que notre réflexion n’avait pas pour but de proposer des solutions miracles au problème abordé, n’en déplaise à ceux qui s’y attendaient. Si de telles solutions existaient, ce serait d’ailleurs peine perdue, car les concernés, du haut de leur pouvoir et de leur ignorance, n’ont ni conscience de leurs agissements ni le sens du dialogue.
Notre analyse voulait montrer plutôt la relation entre les appartenances de classes et les comportements (sujet tabou dans notre société, qui, mal posé, peut aggraver les préjugés et attiser les contradictions). En ce sens, la solution se trouve intrinsèquement dans la transformation sociale de notre société qui apportera un jour une meilleure éducation pour tous et une amélioration des conditions matérielles d’existence de nos laissés-pour-compte.
En attendant, l’exercice peut être considéré comme l’expression d’une colère, d’un ras-le-bol, voire d’un défoulement que j’assume pour tous ceux qui, comme moi vivent quotidiennement ce cauchemar, qui rassurez-vous, “ap gen pou l fini yon jou. Tout priyè gen amèn”.
Patrick Ambroise Auteur
Publié le 2018-01-10 | Le Nouvelliste
National -
Assez, c’est assez, Tonnerrrrrrrrre !
Tout le monde ou presque, particulièrement les automobilistes, se plaint des sirènes qui polluent notre atmosphère. Voitures officielles, de location, service de l’État ou même privées nous écorchent les oreilles, mais surtout nous agressent en nous forçant, à la manière des tontons macoutes, de leur faire de la place; sans compter les idiots du même acabit qui profitent pour prendre une «roulibe» sur le chef. Alors que dans les pays «normaux» ces sirènes sont des avertisseurs d’une situation d’urgence nécessitant une priorité fondée. Chez nous, ce n’est que l’expression d’un pouvoir que veut affirmer un chef. Au-delà de la colère et de la frustration que provoquent dans un premier temps ces comportements, il m’a paru intéressant d’essayer d’en comprendre les causes.
Elles sont certes nombreuses, mais toutefois elles ont un dénominateur commun, qui d’ailleurs, explique l’attitude générale de nos chefs en Haïti. Il semblerait que, d’une part, l’effritement des valeurs dans notre société et, d’autre part, les conditions inhumaines que subit la grande majorité font que tout ce qui reste à certains pour s’assurer une humanité, c’est le pouvoir et l’argent (se sa ki fè yo santi yo moun). Ce n’est pas pour rien que l’on se bouscule ainsi aux “élections”. Le problème serait alors une question sociopsychologique qui nécessite que l’on décortique un peu le profil socioéconomique de ces nouveaux chefs tontons macoutes.
Ce n’est un secret pour personne - sauf évidement pour ceux qui refusent d’en prendre conscience - que notre société est truffée d’inégalités sociales.
La santé, l’éducation, la nourriture quotidienne, le transport, les loisirs, les beaux atours et les tenues d’apparat, les grandes cérémonies ostentatoires, le confort domestique, et tout ce qui peut matériellement rendre agréable une vie terrestre n’est le privilège que d’une très petite minorité. Certains diraient que cela existe dans tous les pays du monde; c’est vrai, mais il est des pays où ces inégalités sont inacceptables, étouffantes, insoutenables, voire révoltantes. Et notre chère Haïti en fait partie - en tête du peloton.
Les conditions de vie que connaît la grande majorité de notre population créent malheureusement de profondes frustrations et produisent certains énergumènes qui sont prêts à tout pour s’en sortir : vol, détournement de fonds, kidnapping, mensonges, trafic de drogues, malversation, prévarication, trafic d’influence, délit d’initié, contrebande, enrichissement illicite et corruption de toutes sortes. Même certains nantis de la bourgeoisie ancestrale (petite, moyenne et grande), eux aussi frustrés à leur manière, profitant de l’impunité et d’un système judiciaire pourri (suivez mon regard vers la prison de Croix-des-Bouquets) se faufilent et se mêlent à ces énergumènes pour satisfaire gloutonnement leur appétit, résoudre leurs petits problèmes personnels et garder leurs privilèges. Et lorsque ces déviances délictuelles et criminelles, venant de tout bord, se mêlent à la politique (ou vice versa), on obtient le mode de pays que l’on a aujourd’hui avec des dirigeants corrompus jusqu’à la moelle.
Ce n’est donc pas un hasard que notre pays soit devenu aujourd’hui une véritable jungle d'où les jeunes gens foutent le camp avec raison, et où la majorité de ceux qui restent connaît l’enfer.
Les frustrations sont de toutes sortes. Parmi ceux qui vivent encore dans ces conditions infrahumaines, elles prennent la forme de sentiments de haine et d’aigreur envers les plus aisés. Quel humain n’éprouverait pas de tels sentiments lorsqu’il se fait arroser par les flaques d’eaux pestilentielles provenant de gros ses cylindrées climatisées, toutes vitres fumées, alors qu’il enjambe les fatras et patauge dans la boue ou encore lorsqu’il voit certaines soirées afficher des prix dépassant de loin son salaire mensuel ?
Souvent, malheureusement, la réaction psychologique qui suit, c’est qu’il rêve de posséder demain une telle voiture pour en faire autant ou encore aspire à participer à ces soirées, perpétuant ainsi les mêmes comportements.
Parmi les autres où l'on compte des arrivistes de tout poil, des nantis gloutons et même un ordurier (qui va jusqu’à descendre ses pantalons en public), tous, assoiffés de pouvoir, c’est l’arrogance qui leur sert de carte de visite.
C'est ce miasme sociopsychologique qui produit les sirènes qui hurlent et emmerdent nos oreilles à longueur de journée, nous agressant aussi bien psychologiquement que physiquement, car très souvent, les “tioules” et hommes de main zélés de leurs auteurs (gwo zam a la men- provenant des classes les plus défavorisées) s’arrogent le droit de taper du pied et des mains “macoutiquement” sur nos voitures ou de les frapper carrément pour nous faire ... obtempérer.
C'est vraiment triste qu’on ait le besoin d’être un chef, d’avoir du pouvoir et de l’argent pour se sentir “yon moun”. Parce que chez nous “tout moun pa moun”. Oh mon pays, si triste est la saison .... !
Tant que les conditions socioéconomiques, politiques et juridiques de notre société continueront de produire ces arrivistes frustrés et aigris, de même que ces nantis gloutons, arrogants et suffisants (tous des classes moyennes - anciennes et nouvelles) qui aspirent à diriger le pays, les sirènes ne cesseront pas; et on continuera tout comme Ulysse à nous faire entendre “le chant des sirènes” lors des campagnes électorales. Heureusement que ces deux composantes des classes moyennes comptent des citoyens et citoyennes éduqués, respectueux et honnêtes qui n’ont pas ce genre de comportement.
N'avait-on pas constaté un répit en la matière sous la houlette des gouvernements Préval /Pierre-Louis et Préval /Alexis ?
Il est temps que nos nouveaux politiciens-macoutes-frustrés nous foutent la paix en arrêtant d’affirmer leur pouvoir en jouant des sirènes avec les petites voitures aux clignotants bleu et rouge qu’ils n’ont pas eues dans leur enfance ou qu’ils n’avaient espéré conduire. Souvenez-vous de la chanson : “Ou wè Tèt Bèf, ou wè Acura, BMW, ... ”.
Terminons pour dire que notre réflexion n’avait pas pour but de proposer des solutions miracles au problème abordé, n’en déplaise à ceux qui s’y attendaient. Si de telles solutions existaient, ce serait d’ailleurs peine perdue, car les concernés, du haut de leur pouvoir et de leur ignorance, n’ont ni conscience de leurs agissements ni le sens du dialogue.
Notre analyse voulait montrer plutôt la relation entre les appartenances de classes et les comportements (sujet tabou dans notre société, qui, mal posé, peut aggraver les préjugés et attiser les contradictions). En ce sens, la solution se trouve intrinsèquement dans la transformation sociale de notre société qui apportera un jour une meilleure éducation pour tous et une amélioration des conditions matérielles d’existence de nos laissés-pour-compte.
En attendant, l’exercice peut être considéré comme l’expression d’une colère, d’un ras-le-bol, voire d’un défoulement que j’assume pour tous ceux qui, comme moi vivent quotidiennement ce cauchemar, qui rassurez-vous, “ap gen pou l fini yon jou. Tout priyè gen amèn”.
Patrick Ambroise Auteur
Sasaye- Super Star
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Localisation : Canada
Opinion politique : Indépendance totale
Loisirs : Arts et Musique, Pale Ayisien
Date d'inscription : 02/03/2007
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