Joachim Alcine, champion du monde

La Presse

Les églises étaient exceptionnellement bondées hier, dit-on. Au pied de l'autel, de nombreux couples en ont profité pour unir leurs destinées. C'était la folie un peu partout, à l'occasion du 07-07-07. Un jour de chance, selon plusieurs. L'Américain Travis Simms y croyait aussi, répétait-il depuis un mois. Sur le ton de l'arrogance, il avait même prévu gagner en sept rounds. Grossière erreur! C'est Joachim Alcine, avec son talent, pas la chance, qui s'est emparé du titre mondial devant 3896 personnes, dont plusieurs fans québécois enflammés, à Bridgeport, au Connecticut.

Ti-Joa (29-0, 18 K.-O.) a suivi son plan de match à la lettre. C'est vrai, on a dû attendre en mi-combat avant que l'action commence. «Je n'étais pas trop actif dans les deux, trois premiers rounds, mais je suis ensuite allé en force. Mon entraîneur m'a dit de ne pas le respecter», a-t-il dit après.

Mais Joachim, de plus en plus dominant, a imposé son intensité dès le sixième round. Les juges ont sacré Joachim Alcine champion par décision unanime avec des scores de 114-111, 115-110 et 116-109. «J'étais confiant. Je l'ai envoyé au plancher, mais je ne doutais pas de la décision des juges. J'ai gagné, je remercie le Québec, le bon Dieu.»

Simms n'a pas réussi à placer sa gauche dévastatrice. Jamais il n'a pincé son adversaire. En fin de match, cet ambidextre semblait ne plus savoir sur quel pied danser!

«Joachim doit boxer, il doit être prudent dès le début du combat. Simms boxe bien, il lance des coups précis. Il n'aime pas être sous pression, s'engager dans la bataille. On jouera là-dessus. Si on passe les cinq premiers rounds sans problème, ça sera dans la poche. Joachim deviendra de plus en plus fort. On va gagner ce combat», avait prédit son entraîneur Howard Grant.

Par cette victoire, Alcine devient le premier champion du monde du groupe GYM, le premier champion du monde originaire d'Haïti. Quand il a marché vers l'arène, sous les cris d'une foule hostile, le Québécois a pensé aux enfants pauvres et à ses proches restés en Haïti. «Ça m'a aidé, en pensée. Dieu m'a donné un talent et je dois l'utiliser à bon escient. Pas pour profiter de l'argent, mais pour aider les autres», a-t-il dit.

Il pourra sans attendre commencer sa mission. Il veut aller à Madagascar.

Après trois victoires en championnat du monde, Simms (25-1, 19 K.-O.) a quitté l'aréna la tête basse. Une bonne leçon pour celui qui a trop parlé. «Il n'est qu'un boxeur amateur, de catégorie C», disait-il d'Alcine. Il parlait déjà d'affronter Floyd Mayweather. Il devra ravaler ses paroles.

«J'ai réalisé en pleine nuit que notre drapeau était sale. À trois heures ce matin, je lavais le drapeau à la main!» racontait Marianne, l'épouse de Joachim, vendredi matin. Un drapeau qui a sûrement flotté longtemps hier soir...

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