Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
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Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Avant même de commencer mon discours d’adieu, j’aimerais entamer mon propos par un hommage aux hommes politiques de mon pays, les vrais, ceux qui ont pour souci de se dédier au bien public pour changer la vie misérable de notre majorité souffrante, et assurer la modernisation démocratique, nationale et progressiste pour le bonheur de la collectivité nationale toute entière. On dit trop souvent que la politique est une activité d’opprobre qu’il faudrait éviter comme la peste, et que c’est un marécage où s‘embourbent même les grenouilles, voire une mare aux crocodiles ! Mais il y a une politique sale, et une bonne politique, cette dernière étant indispensable pour un développement sain des affaires du pays. On connaît notre slogan : « Faire la politique autrement ».
En tout cas, à ces assises où nos invités nous font l’amitié de partager avec nous cette séance inaugurale de notre 8ème convention nationale, je prends plaisir à saluer, en ma qualité d’ancien président constitutionnel de la République, la présence de cinq anciens candidats à la présidence, dont l’un a exercé la magistrature suprême en tant que chef d’Etat provisoire de la République.
C’est l’occasion pour moi de rappeler mon mot favori : « Les affaires politiques sont les affaires de tout le monde, et les affaires de tout le monde sont des affaires politiques » LFM
Le message d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
le professeur Leslie F. Manigat (19 pages)
Nos amis latino-américains ont un mot pour prendre congé avec affection et regret, la « despedida ». Voici arriver à l’échéance de la « despedida » un vieux lion d’Haïti, à ses yeux, atteint par la limite d’âge, sans doute indéfinie à cause de l’élasticité de la longévité en politique, mais qu’il a fixée lui-même pour lui-même et pour les siens, à ses 77 ans, après avoir interrogé le ciel. Mais que dit le ciel justement ? que jodi-a se fèt , e si jodi-a se fèt, alors, comme dit la chanson de Toto Bissainthe dans notre savoureux créole populaire national, an-ye m’santi-m kontan, an-ye m’santi-m kontan !
Embrasser une journée vécue de l’âge précoce de deux ans à celui de 77 ans révolus, c’est récapituler trois quarts de siècle entiers de la vie active d’un personnage qui prend congé, dans l’allégresse du devoir accompli, de l’engagement militant au terme d’un long combat au service des affaires publiques de son pays. C’est la retraite volontaire d’un animal politique qui a ses raisons – l’âge inclus - d’estimer ne plus devoir rester dans la course après les abominations de la désolation de ces temps de la dégradation humaine que deux populismes ont infligés successivement à la dignité nationale. On aurait souhaité même partir un peu plus tôt que rester « pour vivre cette infamie ». Mais les accents de dégoût momentanés de ces temps-ci de calamité masquée et subis avec fatalisme sinon résignation, ne donnent heureusement pas la tonalité dominante d’une humeur naturelle dont une vieille amie disait, il n’y a pas si longtemps, qu’il suffisait de me voir pour reprendre goût à la vie. Vivre, comme dit la chanson de Nana Mouskouri, que c’est bon la vie, et, comme je l’ai dit moi-même à un moment qu’on n’a pas oublié, citant Pablo Neruda, « j’avoue avoir vécu ». Une raison de plus qu’on comprendra aisément : je voudrais naturellement réussir aujourd’hui ma sortie de scène. Des amis ont la bonté de dire, et l’affluence de ce matin ainsi que les messages de partout le confirment, qu’on me doit cela, après avoir joué le rôle que la Providence m’a permis de jouer. S’il en est ainsi, je les en remercie tous, d’un cœur ému.
Certes, l’heure du bilan final n’a pas encore sonné, mais je voudrais profiter de ce départ d’aujourd’hui, voulu comme un retrait d’engagement de toute politique active comme dirigeant de parti, pour retracer, à la manière d’Edgard Morin, l’itinéraire d’un homme public dont la biographie intellectuelle en une accumulation d’un demi-siècle de recherches, d’analyses, d’études et de travaux de toutes sortes, a tourné autour de l’idée-force et axiale que pour comprendre notre identité, « les deux mamelles d’Haiti » ont été géographiquement la région caraïbe consubstantielle à sa constitution même, et historiquement la révolution haïtienne d’indépendance avec les sept premières qu’elle a inaugurées et les conséquences qui s’ensuivirent. Tandis que sa biographie politique a incarné matériellement à la fois sa Roche Tarpéienne comme un exil de vingt ans, la prison politique et la condamnation à mort, et son Capitole, comme la présidence constitutionnelle de la République. Je voudrais également retracer, à la manière d’Eric Hobsbawn, le sort d’un franc-tireur engagé dans l’entreprise collective de « changer la vie » d’un petit état-nation pauvre et noir, en proie, durant ce dernier demi-siècle, aux affres d’un sous-développement intenable. Dire cela ce matin est l’objectif de cette « despedida » en ce moment de la relève électorale d’une équipe de dirigeants fondateurs du RDNP atteints par la limite d’âge, - sans faire de jaloux je citerais, - Daniel Mallebranche déjà parti à l’au-delà – les trois mousquetaires qui ont choisi de m’accompagner dans cette transmission du bâton de relais, un Martial Célestin, un Fritz Benjamin, un Marcel Pereira, pour passer la main à une nouvelle équipe de responsables du parti en charge désormais de son avenir, conjointement avec ceux qui sont en mesure de poursuivre la course « ten fast ». C‘est dire que cette passation de pouvoir se fait sous le signe à la fois de la continuité et du changement.
Faut-il faire appel avec nostalgie aux réminiscences de jadis et naguère, je veux dire à la naissance et au baptême quand les parents ont choisi les prénoms de Leslie François Roc ? Leslie, que mon père tenait de Lelius, lieutenant de César, anglicisé ; François venu des temps ancestraux de la famille paternelle, et Roc pour manifester la confiance en un destin futur de solidité inébranlable voulue par les dieux ! Et puis, le 16 août, ce n’est pas seulement l’anniversaire de ma date de naissance, c’est l’anniversaire de l’avènement d’Estimé au pouvoir, fait mémorable et de bon augure dans nos annales, et c’est aussi la fête patronale de Saint Roch, voilà sous quels heureux auspices est né le rejeton de « Papa France » et de « Man-Dédée ». Mais Simone Signoret nous a averti que la nostalgie elle-même n’est plus ce qu’elle était !
Il y a trois quarts de siècle, un gosse de deux ans, entamait, au jardin d’enfants des demoiselles Barrau, la période précoce d’une carrière studieuse. Dire que j’avais de qui tenir relève des articles du bazar achalandé des louanges mérités pour les parents géniteurs à qui le mérite est dû, mais faire de moi, dés l’arrivée au début du cycle de l’enseignement primaire, une tête de classe pour tout le reste du primaire et du secondaire, demande que je revienne en arrière pour rendre hommage à la formation des classes de « jardin d’enfants » d’une institution qui avait préparé pour la onzième l’enfant que ses parents ont fait inscrire, père et mère d’un commun accord, à Saint Louis de Gonzague, en douzième comme tous les débutants du premier cycle. Je voudrais rendre hommage, à travers ce cas singulier, à toutes ces dévouées spécialistes, j’en parle au féminin car elles appartenaient au beau sexe sans en faire état dans l’exercice de leur profession, hommage à toutes ces dévouées spécialistes des classes du « jardin d’enfants » chez nous, dont le zèle à la source de notre formation, a fait de nous ce que nous sommes. A défaut d’une beauté physique dont elles ne se souciaient guère, souvent à tort, elles nous gratifiaient de leur beauté morale.
Restant à cette époque où l’on ne se souvient d’être gosse que par les risettes affectueuses souvent bêbêtes, du proche entourage familial familier, je me rappelle une photo souriante d’un bébé, le pouce à la bouche, comme hilare, avec l’inscription : « La vie, monsieur, laissez-moi rire ! ». C’est cette image, qu’un Martial Célestin en début de carrière juridique, a pu emporter en visitant le nourrisson à la résidence voisine de ma marraine Madame Camille Doucet, à la rue du Dr Aubry, faisant ainsi de lui quelqu’un qui m’a connu avant que je pusse me connaître moi-même. C’est cette image des premiers accourus devant un berceau entouré « de mille anges divins et de mille séraphins », que je voudrais garder de ma prime enfance et de mon adolescence. Mais mon père, pédagogue impénitent et partisan d’une éducation spartiate sévère jusqu’au brevet supérieur, puis athénienne libérale à partir des classes d’humanité, mathématicien de carrière professorale au lycée national et musicien classique de la meringue lente haïtienne (compositeur de « Quinze jours au Cap-Haïtien »), est mort à un âge pour moi précoce, je n’avais pas six ans. Ses amis les plus proches, un Damoclès Vieux (mon parrain), un Herman Héraux (premier nom retenu parmi les collègues paternels), un Jean-Price Mars (un des plus vieux et proches amis de la famille) etc. n’étaient pour moi que des noms à peine enregistrés dans la mémoire enfantine. Sa disparition subite allait faire de notre existence familiale, un va-et-vient, voire parfois un télescopage, entre le bonheur de vivre, que ma mère incarnait malgré les épreuves rencontrées, et les difficultés de la vie qu’elle n’avait pas été préparée à assumer seule. Je l’écoute encore, « Man Dédée », frappée à jamais de l’infortune, vécue comme infirmité à l’ancienne mode traditionnelle, de vivre sans mari, mais malgré cela, capable d’être une veuve joyeuse et jolie, fredonner « un poète m’a dit, qu’il était une étoile » ou une ballade de Tino Rossi. On avait, à la maison, un phonographe à trompe estampillée « Voix de son Maître » et aux disques cassables et cassants, dont la rapide disparition après le décès paternel a laissé le souvenir d’un plaisir éphémère dans l’ambiance familiale originelle. Les amies de ma mère se partageaient les mêmes fréquentations naturellement, et beaucoup, comme elle, étaient commodément installées dans un veuvage qui était devenu une seconde nature, et qui nous faisait un environnement féminin de veuves ayant autorité parentale sur nous tous : madame Fortunat Guéry, madame George Honorat, madame Léonie Coucou Madiou, madame Benjamin (la mère de Fritz), madame Laroche, madame Lavache, madame Renaud, madame Hermantin, Ninie Gabriel, etc. J’ai lu précocement, avec Man-dédée, « La Divine Comédie de Dante », mais je reconnais avoir été plus à l’aise à lire par exemple, « Le Masque de fer », les « Trois Mousquetaires », « Le Comte de Monte Cristo », reliques sans doute de la bibliothèque familiale que l’institutrice avait sauvegardés du naufrage des ventes successives pour boucher de temps à autre, quelques trous du budget du ménage privé du salaire paternel. J’ai l’air d’anecdotiser, mais c’est de là que l’adulte, devenu une personnalité stellaire universitaire et politique dans les arcanes du landernau haïtien surproducteur d’envieux, a trouvé les ressorts d’une résistance souriante à toute adversité, d’une intransigeance de principe en faveur de l’intégrité sans concession quoiqu’il en coûte, d’une accoutumance de peau d’hippopotame à des coups de langue parfois plus meurtriers que certains coups d’Etat, et une équanimité face aux épreuves même assorties de risques mortels deux fois confrontés dans les encombres de la politique partisane haïtienne.
Ai-je vraiment raté la chance d’une vie avec ma présidence éphémère de quatre mois et demi en 1988 ? Certains l’ont cru. Et si, au contraire c’est sa courte durée qui en a fait l’intérêt intense comme d’un paradis entrevu, puis perdu, et donc à retrouver ? Face à l’éventail de perspectives et de projets de modernisation politique, économique et sociale déployés devant la conscience nationale par mon nouveau gouvernement, en vue de redémarrer le processus de développement démocratique, national et progressiste d’un pays progressivement séduit, le coup de force brutal de certains militaires contre Manigat assiégeant à coup de tanks une résidence présidentielle non fortifiée, n’était pas malin, même si peut-être il a été déclenché à point nommé. Car il lui arriva le pire, et le pire, c’est qu’il ne fut pas efficace. Il faut pardonner à ces militaires un coup dont ils avaient les moyens d’exécution, mais qu’ils ont réalisé à l’aveuglette et dans l’improvisation empressée. Répétons charitablement qu’en réalité, ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient ou ne le savaient que trop. Le coup d’état de ces militaires de parade allait faire d’eux les fossoyeurs de l’institution militaire elle-même. C’est aussi de là que se prit le tournant qui nous a menés de la décadence à l’abîme. La Banque Mondiale a attendu son rapport de 2002 pour entériner le constat qu’ « Haïti est un pays en décomposition ». Nous l’avions déjà établi, chiffres à l’appui, en prenant acte, avec Kesner Farell, du processus d’effondrement constaté des statistiques des comptes de la nation pour l’évolution de la période de notre chute en 1988 au départ forcé du président Aristide en février 2004, en passant par la nouvelle occupation militaire américaine de 1994. Une succession d’échecs, malgré les remèdes de choc claironnés par l’étranger. Cette période, c’est le martyrologe de la nation.
Mais revenons au début car, comme disait l’autre, c’est le commencement que je risque de connaître le moins, réflexion d’importance pour un historien en herbe qui ne pouvait pas alors savoir, qu’il allait être et vivre de la profession, et surtout qu’il allait être le premier en date des historiens universitaires haïtiens de métier, et le premier introducteur de l’enseignement supérieur des Relations internationales chez nous.
Quatre orphelins, dont j’étais le benjamin, d’un père mort quand nous étions en bas âge (je n’avais pas six ans !), et élevés dans la dure par une mère institutrice, « la belle institutrice » que mon père, porteur occasionnel de redingote et de monocles (fonctions obligeant), rencontra, détendu, à un bal masqué du cercle « Le sourire » et dont il s’éprit pour obtenir la main de parents modestes mais d’existence stricte à la manière des « anciens haïtiens à bretelles », soucieux de leur prestige plus que du pain quotidien. Sous le manteau de l’austérité des principes, mon père était un bon vivant. La mère de ma mère se prénommait Laure en référence à la Laure de Pétrarque, « le plus grand des humanistes au lyrisme amoureux de la Renaissance italienne ». Ma mère se prénommait Haydée, prénom tiré du roman « Le comte de Monte Cristo », d’Alexandre Dumas, « le plus populaire des écrivains de l’époque romantique ». C’est dire le milieu et l’époque qui font sourire aujourd’hui.
Du côté des Manigat, l’un des noms les plus anciennement connus dans l’histoire d’Haïti (fin du 18ème siècle et duel politique spectaculaire de l’ancêtre de la famille le premier Guillaume Manigat avec notre Toussaint Louverture pour la suprématie du pouvoir politique), la présentation n’est pas à faire sinon de la situer dans les dynasties éducatives et éducatrices des familles en position de pointe dans le collimateur politique et diplomatique haïtien à chaque génération.
Le plus notoire des Manigat avant Saint Surin François est ce juge de Fort-Liberté, le premier des Guillaume Manigat connus, parvenu à la situation administrative de haut fonctionnaire colonial en position de commande dans la ville et grand propriétaire terrien dans la région pendant les dernières années du 18ème siècle, au fort de la période révolutionnaire. Cependant, Toussaint n’exécuta point son rival, mais le fit emprisonner. Manigat devait lui survivre à l’époque nationale comme grand dignitaire du nouvel état, député, constituant, sénateur, président du premier Sénat de la République, le Sénat de Pétion, bien évidemment.
En tout cas, à ces assises où nos invités nous font l’amitié de partager avec nous cette séance inaugurale de notre 8ème convention nationale, je prends plaisir à saluer, en ma qualité d’ancien président constitutionnel de la République, la présence de cinq anciens candidats à la présidence, dont l’un a exercé la magistrature suprême en tant que chef d’Etat provisoire de la République.
C’est l’occasion pour moi de rappeler mon mot favori : « Les affaires politiques sont les affaires de tout le monde, et les affaires de tout le monde sont des affaires politiques » LFM
Le message d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
le professeur Leslie F. Manigat (19 pages)
Nos amis latino-américains ont un mot pour prendre congé avec affection et regret, la « despedida ». Voici arriver à l’échéance de la « despedida » un vieux lion d’Haïti, à ses yeux, atteint par la limite d’âge, sans doute indéfinie à cause de l’élasticité de la longévité en politique, mais qu’il a fixée lui-même pour lui-même et pour les siens, à ses 77 ans, après avoir interrogé le ciel. Mais que dit le ciel justement ? que jodi-a se fèt , e si jodi-a se fèt, alors, comme dit la chanson de Toto Bissainthe dans notre savoureux créole populaire national, an-ye m’santi-m kontan, an-ye m’santi-m kontan !
Embrasser une journée vécue de l’âge précoce de deux ans à celui de 77 ans révolus, c’est récapituler trois quarts de siècle entiers de la vie active d’un personnage qui prend congé, dans l’allégresse du devoir accompli, de l’engagement militant au terme d’un long combat au service des affaires publiques de son pays. C’est la retraite volontaire d’un animal politique qui a ses raisons – l’âge inclus - d’estimer ne plus devoir rester dans la course après les abominations de la désolation de ces temps de la dégradation humaine que deux populismes ont infligés successivement à la dignité nationale. On aurait souhaité même partir un peu plus tôt que rester « pour vivre cette infamie ». Mais les accents de dégoût momentanés de ces temps-ci de calamité masquée et subis avec fatalisme sinon résignation, ne donnent heureusement pas la tonalité dominante d’une humeur naturelle dont une vieille amie disait, il n’y a pas si longtemps, qu’il suffisait de me voir pour reprendre goût à la vie. Vivre, comme dit la chanson de Nana Mouskouri, que c’est bon la vie, et, comme je l’ai dit moi-même à un moment qu’on n’a pas oublié, citant Pablo Neruda, « j’avoue avoir vécu ». Une raison de plus qu’on comprendra aisément : je voudrais naturellement réussir aujourd’hui ma sortie de scène. Des amis ont la bonté de dire, et l’affluence de ce matin ainsi que les messages de partout le confirment, qu’on me doit cela, après avoir joué le rôle que la Providence m’a permis de jouer. S’il en est ainsi, je les en remercie tous, d’un cœur ému.
Certes, l’heure du bilan final n’a pas encore sonné, mais je voudrais profiter de ce départ d’aujourd’hui, voulu comme un retrait d’engagement de toute politique active comme dirigeant de parti, pour retracer, à la manière d’Edgard Morin, l’itinéraire d’un homme public dont la biographie intellectuelle en une accumulation d’un demi-siècle de recherches, d’analyses, d’études et de travaux de toutes sortes, a tourné autour de l’idée-force et axiale que pour comprendre notre identité, « les deux mamelles d’Haiti » ont été géographiquement la région caraïbe consubstantielle à sa constitution même, et historiquement la révolution haïtienne d’indépendance avec les sept premières qu’elle a inaugurées et les conséquences qui s’ensuivirent. Tandis que sa biographie politique a incarné matériellement à la fois sa Roche Tarpéienne comme un exil de vingt ans, la prison politique et la condamnation à mort, et son Capitole, comme la présidence constitutionnelle de la République. Je voudrais également retracer, à la manière d’Eric Hobsbawn, le sort d’un franc-tireur engagé dans l’entreprise collective de « changer la vie » d’un petit état-nation pauvre et noir, en proie, durant ce dernier demi-siècle, aux affres d’un sous-développement intenable. Dire cela ce matin est l’objectif de cette « despedida » en ce moment de la relève électorale d’une équipe de dirigeants fondateurs du RDNP atteints par la limite d’âge, - sans faire de jaloux je citerais, - Daniel Mallebranche déjà parti à l’au-delà – les trois mousquetaires qui ont choisi de m’accompagner dans cette transmission du bâton de relais, un Martial Célestin, un Fritz Benjamin, un Marcel Pereira, pour passer la main à une nouvelle équipe de responsables du parti en charge désormais de son avenir, conjointement avec ceux qui sont en mesure de poursuivre la course « ten fast ». C‘est dire que cette passation de pouvoir se fait sous le signe à la fois de la continuité et du changement.
Faut-il faire appel avec nostalgie aux réminiscences de jadis et naguère, je veux dire à la naissance et au baptême quand les parents ont choisi les prénoms de Leslie François Roc ? Leslie, que mon père tenait de Lelius, lieutenant de César, anglicisé ; François venu des temps ancestraux de la famille paternelle, et Roc pour manifester la confiance en un destin futur de solidité inébranlable voulue par les dieux ! Et puis, le 16 août, ce n’est pas seulement l’anniversaire de ma date de naissance, c’est l’anniversaire de l’avènement d’Estimé au pouvoir, fait mémorable et de bon augure dans nos annales, et c’est aussi la fête patronale de Saint Roch, voilà sous quels heureux auspices est né le rejeton de « Papa France » et de « Man-Dédée ». Mais Simone Signoret nous a averti que la nostalgie elle-même n’est plus ce qu’elle était !
Il y a trois quarts de siècle, un gosse de deux ans, entamait, au jardin d’enfants des demoiselles Barrau, la période précoce d’une carrière studieuse. Dire que j’avais de qui tenir relève des articles du bazar achalandé des louanges mérités pour les parents géniteurs à qui le mérite est dû, mais faire de moi, dés l’arrivée au début du cycle de l’enseignement primaire, une tête de classe pour tout le reste du primaire et du secondaire, demande que je revienne en arrière pour rendre hommage à la formation des classes de « jardin d’enfants » d’une institution qui avait préparé pour la onzième l’enfant que ses parents ont fait inscrire, père et mère d’un commun accord, à Saint Louis de Gonzague, en douzième comme tous les débutants du premier cycle. Je voudrais rendre hommage, à travers ce cas singulier, à toutes ces dévouées spécialistes, j’en parle au féminin car elles appartenaient au beau sexe sans en faire état dans l’exercice de leur profession, hommage à toutes ces dévouées spécialistes des classes du « jardin d’enfants » chez nous, dont le zèle à la source de notre formation, a fait de nous ce que nous sommes. A défaut d’une beauté physique dont elles ne se souciaient guère, souvent à tort, elles nous gratifiaient de leur beauté morale.
Restant à cette époque où l’on ne se souvient d’être gosse que par les risettes affectueuses souvent bêbêtes, du proche entourage familial familier, je me rappelle une photo souriante d’un bébé, le pouce à la bouche, comme hilare, avec l’inscription : « La vie, monsieur, laissez-moi rire ! ». C’est cette image, qu’un Martial Célestin en début de carrière juridique, a pu emporter en visitant le nourrisson à la résidence voisine de ma marraine Madame Camille Doucet, à la rue du Dr Aubry, faisant ainsi de lui quelqu’un qui m’a connu avant que je pusse me connaître moi-même. C’est cette image des premiers accourus devant un berceau entouré « de mille anges divins et de mille séraphins », que je voudrais garder de ma prime enfance et de mon adolescence. Mais mon père, pédagogue impénitent et partisan d’une éducation spartiate sévère jusqu’au brevet supérieur, puis athénienne libérale à partir des classes d’humanité, mathématicien de carrière professorale au lycée national et musicien classique de la meringue lente haïtienne (compositeur de « Quinze jours au Cap-Haïtien »), est mort à un âge pour moi précoce, je n’avais pas six ans. Ses amis les plus proches, un Damoclès Vieux (mon parrain), un Herman Héraux (premier nom retenu parmi les collègues paternels), un Jean-Price Mars (un des plus vieux et proches amis de la famille) etc. n’étaient pour moi que des noms à peine enregistrés dans la mémoire enfantine. Sa disparition subite allait faire de notre existence familiale, un va-et-vient, voire parfois un télescopage, entre le bonheur de vivre, que ma mère incarnait malgré les épreuves rencontrées, et les difficultés de la vie qu’elle n’avait pas été préparée à assumer seule. Je l’écoute encore, « Man Dédée », frappée à jamais de l’infortune, vécue comme infirmité à l’ancienne mode traditionnelle, de vivre sans mari, mais malgré cela, capable d’être une veuve joyeuse et jolie, fredonner « un poète m’a dit, qu’il était une étoile » ou une ballade de Tino Rossi. On avait, à la maison, un phonographe à trompe estampillée « Voix de son Maître » et aux disques cassables et cassants, dont la rapide disparition après le décès paternel a laissé le souvenir d’un plaisir éphémère dans l’ambiance familiale originelle. Les amies de ma mère se partageaient les mêmes fréquentations naturellement, et beaucoup, comme elle, étaient commodément installées dans un veuvage qui était devenu une seconde nature, et qui nous faisait un environnement féminin de veuves ayant autorité parentale sur nous tous : madame Fortunat Guéry, madame George Honorat, madame Léonie Coucou Madiou, madame Benjamin (la mère de Fritz), madame Laroche, madame Lavache, madame Renaud, madame Hermantin, Ninie Gabriel, etc. J’ai lu précocement, avec Man-dédée, « La Divine Comédie de Dante », mais je reconnais avoir été plus à l’aise à lire par exemple, « Le Masque de fer », les « Trois Mousquetaires », « Le Comte de Monte Cristo », reliques sans doute de la bibliothèque familiale que l’institutrice avait sauvegardés du naufrage des ventes successives pour boucher de temps à autre, quelques trous du budget du ménage privé du salaire paternel. J’ai l’air d’anecdotiser, mais c’est de là que l’adulte, devenu une personnalité stellaire universitaire et politique dans les arcanes du landernau haïtien surproducteur d’envieux, a trouvé les ressorts d’une résistance souriante à toute adversité, d’une intransigeance de principe en faveur de l’intégrité sans concession quoiqu’il en coûte, d’une accoutumance de peau d’hippopotame à des coups de langue parfois plus meurtriers que certains coups d’Etat, et une équanimité face aux épreuves même assorties de risques mortels deux fois confrontés dans les encombres de la politique partisane haïtienne.
Ai-je vraiment raté la chance d’une vie avec ma présidence éphémère de quatre mois et demi en 1988 ? Certains l’ont cru. Et si, au contraire c’est sa courte durée qui en a fait l’intérêt intense comme d’un paradis entrevu, puis perdu, et donc à retrouver ? Face à l’éventail de perspectives et de projets de modernisation politique, économique et sociale déployés devant la conscience nationale par mon nouveau gouvernement, en vue de redémarrer le processus de développement démocratique, national et progressiste d’un pays progressivement séduit, le coup de force brutal de certains militaires contre Manigat assiégeant à coup de tanks une résidence présidentielle non fortifiée, n’était pas malin, même si peut-être il a été déclenché à point nommé. Car il lui arriva le pire, et le pire, c’est qu’il ne fut pas efficace. Il faut pardonner à ces militaires un coup dont ils avaient les moyens d’exécution, mais qu’ils ont réalisé à l’aveuglette et dans l’improvisation empressée. Répétons charitablement qu’en réalité, ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient ou ne le savaient que trop. Le coup d’état de ces militaires de parade allait faire d’eux les fossoyeurs de l’institution militaire elle-même. C’est aussi de là que se prit le tournant qui nous a menés de la décadence à l’abîme. La Banque Mondiale a attendu son rapport de 2002 pour entériner le constat qu’ « Haïti est un pays en décomposition ». Nous l’avions déjà établi, chiffres à l’appui, en prenant acte, avec Kesner Farell, du processus d’effondrement constaté des statistiques des comptes de la nation pour l’évolution de la période de notre chute en 1988 au départ forcé du président Aristide en février 2004, en passant par la nouvelle occupation militaire américaine de 1994. Une succession d’échecs, malgré les remèdes de choc claironnés par l’étranger. Cette période, c’est le martyrologe de la nation.
Mais revenons au début car, comme disait l’autre, c’est le commencement que je risque de connaître le moins, réflexion d’importance pour un historien en herbe qui ne pouvait pas alors savoir, qu’il allait être et vivre de la profession, et surtout qu’il allait être le premier en date des historiens universitaires haïtiens de métier, et le premier introducteur de l’enseignement supérieur des Relations internationales chez nous.
Quatre orphelins, dont j’étais le benjamin, d’un père mort quand nous étions en bas âge (je n’avais pas six ans !), et élevés dans la dure par une mère institutrice, « la belle institutrice » que mon père, porteur occasionnel de redingote et de monocles (fonctions obligeant), rencontra, détendu, à un bal masqué du cercle « Le sourire » et dont il s’éprit pour obtenir la main de parents modestes mais d’existence stricte à la manière des « anciens haïtiens à bretelles », soucieux de leur prestige plus que du pain quotidien. Sous le manteau de l’austérité des principes, mon père était un bon vivant. La mère de ma mère se prénommait Laure en référence à la Laure de Pétrarque, « le plus grand des humanistes au lyrisme amoureux de la Renaissance italienne ». Ma mère se prénommait Haydée, prénom tiré du roman « Le comte de Monte Cristo », d’Alexandre Dumas, « le plus populaire des écrivains de l’époque romantique ». C’est dire le milieu et l’époque qui font sourire aujourd’hui.
Du côté des Manigat, l’un des noms les plus anciennement connus dans l’histoire d’Haïti (fin du 18ème siècle et duel politique spectaculaire de l’ancêtre de la famille le premier Guillaume Manigat avec notre Toussaint Louverture pour la suprématie du pouvoir politique), la présentation n’est pas à faire sinon de la situer dans les dynasties éducatives et éducatrices des familles en position de pointe dans le collimateur politique et diplomatique haïtien à chaque génération.
Le plus notoire des Manigat avant Saint Surin François est ce juge de Fort-Liberté, le premier des Guillaume Manigat connus, parvenu à la situation administrative de haut fonctionnaire colonial en position de commande dans la ville et grand propriétaire terrien dans la région pendant les dernières années du 18ème siècle, au fort de la période révolutionnaire. Cependant, Toussaint n’exécuta point son rival, mais le fit emprisonner. Manigat devait lui survivre à l’époque nationale comme grand dignitaire du nouvel état, député, constituant, sénateur, président du premier Sénat de la République, le Sénat de Pétion, bien évidemment.
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Avant l’émergence de Saint-Surin, ou avec elle, on trouve d’autres ancêtres marquants de la famille, tous intellectuels de renom, éducateurs de carrière, passés à la fonction publique et à la politique dans le sillage de leur notoriété intellectuelle et sociale. Par exemple, l’arrière grand oncle Jeantel Manigat, inspecteur général des écoles dans le Nord, avait au Cap l’école des jeunes filles la mieux fréquentée de la ville. Il avait tenu à faire les sacrifices nécessaires pour envoyer deux de ses fils poursuivre des études supérieures au collège Dentu du Havre, et c’est lui qui fera aboutir les démarches auprès du gouvernement de Geffrard pour l’octroi d’une bourse au déjà brillant Saint-Surin, alors âgé de douze ans, pour aller faire ses études secondaires et supérieures en France en 1859. Thalès Manigat, directeur du collège Grégoire au Cap où Jean Price Mars fit quelques classes et commença ses humanités, avait fait acquérir une renommée enviable à son établissement encore à ses débuts, sous le gouvernement de Florville Hyppolite. Voici en quels termes un historien de la ville du Cap le présente : “Thalès représentait l’un des plus brillants conférenciers de l’époque. Sa notoriété et la place privilégiée qu’il occupait dans le mouvement des idées venaient du fait qu’il avait entrepris des recherches sur le vodou. C’était pour la première fois au Cap, qu’un intellectuel orientait ses investigations dans cette direction…. Son étude circula dans les “salons” et connut un franc succès. Thalès Manigat devait également être apprécié comme historien – eh oui, déjà -. Son Histoire du Roi Christophe, dont il donna les belles pages au Vingtième Siècle, ne fut malheureusement jamais imprimée. Le genre historique était alors goûté par de nombreux lecteurs”. Enfin, prenons, au niveau de la génération même du général, son cousin frère Guillaume, qui lui est resté proche jusqu’à la mort. Encore un autre Manigat intellectuel, qui a fait ses études secondaires et supérieures en France, au Havre, au collège Dentu. Fin lettré, il était minutieux jusqu’au détail dans son souci de correction. Il sera directeur du lycée Pétion sous Salomon, après avoir été député du Cap en 1879, président de la Chambre des Députés, et c’est lui qui recruta à Paris, toujours sous Salomon, une mission universitaire qui a formé les promotions les plus remarquables de la génération de la fin du 19ème et du début du 20ème siècles. Sa fille, Amélie Manigat, sera retenue par l’histoire, comme « la première haïtienne devenue Supérieure Générale d’une Congrégation religieuse d’Europe », sous le nom de « Mère aimée de Marie ».
Mais c’est avec « le général Saint Surin François Manigat » (1847-1900), mon grand-père que le nom revient en étoile de première grandeur. On a retenu de lui qu’il fut le ministre de l’intérieur tout-puissant de Salomon, « très actif et très entendu » selon le témoignage appréciatif du Père Cabon. Louis Joseph Janvier le campait dans une formule lapidaire : « Il sait vouloir. Il sait agir ».
Saint-Surin était un « Sorbonnard » de la tête au pied (treize ans d’études primaires, secondaires et supérieures à Versailles puis à Paris). A la suspension du service de sa bourse à cause des troubles politiques de l’époque, le directeur du collège Monge, monsieur Godard, refusant l’idée de perdre un élève aussi brillant, lui créa une bouse complète dans son institution. A la grande joie et à la fierté de la famille Godard, Saint-Surin fut reçu bachelier-ès-lettres au grand amphithátre de la Sorbonne le 27 août 1869. Mais pragmatique à l’anglaise, patriote réalisateur soucieux d’aller au-delà des beaux mots, le jeune bachelier était féru des arts martiaux. Il voulut faire l’Ecole Militaire de Saint Cyr à l’entrée de laquelle il se préparait au collège Monge. C’était comme une préfiguration, puisqu’il se fera soldat pour combattre l’insurrection libérale de Boyer Bazelais en 1883, et que Salomon le nommera son délégué extraordinaire à la tête des troupes gouvernementales dans les régions insurgées, achevant de créer la figure légendaire cent fois photographiée du « général Manigat ». Mais sont survenus les événements de la guerre franco-prussienne de 1870 avec le siège de Paris, la défaite de la France, puis la commune de Paris, au sujet de laquelle des adversaires libéraux ont écrit et publié que le jeune bachelier ès-lettres avait alors fougueusement pris parti pour les communards. Les étapes d’une carrière peu commune ? Professeur puis directeur d’école au Cap-Haïtien à son retour en Haïti, député du peuple en 1879 dans les rangs du parti national, chef de cabinet de Salomon à l’avènement de celui-ci, plusieurs fois ministre de l’Agriculture et de l’Instruction publique, et surtout tout-puissant titulaire du portefeuille de l’Intérieur, constructeur initiateur du plus grand chantier de Travaux Publics dans le pays après la Citadelle Henri, le Palais des six ministères, candidat à la présidence de 1886 à 1896, exilé politique à Kingston, puis à Paris, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire d’Haïti en France de 1896 à 1900. Il est mort à Paris, en juillet 1900, « l’homme politique le plus marquant du pays » aux dires de J-C. Dorsainvil dans son Manuel d’Histoire d’Haiti, « si grand déjà, si jeune encore » selon le mot du journal « Le Patriote ». C’était un destin hors série. Louis Marcelin, à sa mort, a commenté : « Un météore est passé dans le firmament haïtien », mais l’hommage qui lui aurait le plus plu, lui a été rendu par Frédéric Marcelin : « Il rêvait de clore chez nous l’ère des despotes ignorants ». Le Ministre français des Affaires Etrangères Théophile Delcassé réagira, en apprenant sa mort, en disant que le général Manigat « a représenté la République d’Haïti avec dignité et a bien servi son pays » et le chef du Quai d’Orsay s’associait à l’expression de l’opinion du corps diplomatique à Paris que « la nation haïtienne était redevable au général Manigat de l’une des plus brillantes pages de ses annales diplomatiques ».
Ceci dit, il faut redire que nous avons connu une enfance matériellement difficile avec des moments de gêne voisins de la misère, mais une enfance et une adolescence heureuses d’un dévouement maternel indicible (« Manman Dédée ») et pour lequel « la vie était partage », (comme dit Jean Metellus Les joies de l’enfance impécunieuse étaient saines.. Paradoxalement et légitimement, nous nous réclamions tranquillement de la fierté du nom porté et des origines familiales célèbres. Cela rétablissait à l’école un sain équilibre avec le milieu d’une institution de l’élite traditionnelle de l’avoir d’abord, du savoir ensuite, sinon toujours du pouvoir. Notre promotion, toutefois, était d’origine et d’appartenance sociales assez mitigées, comme cela arrivait souvent à Saint Louis, promotion remarquable et professionnellement marquante par la suite, et on s’y côtoyait en toute et naturelle solidarité fraternelle, sans aucune allergie sociale. Mais il y avait l’écolage mensuel à payer sous menace d’expulsion, ce à quoi, tête de classe, j’échappais, non sans problèmes toutefois avec l’économat de l’institution, jusqu’à ce que finalement la direction décida de régler la question en nous attribuant une bourse d’études, mon frère Gesner et moi, pour ne pas nous perdre, car ma mère était acculée à solliciter le recours au lycée Pétion, ce qui était le vœu civique posthume de mon père pour le secondaire et surtout pour les classes d’humanité, persuadé qu’il était, qu’il fallait les faire au lycée national. Ainsi suis-je resté donc à Saint Louis de Gonzague. L’éducation classique reçue était des meilleures possibles alors disponibles en Haïti, (si on exclut le modèle d’instruction moderniste, égalitariste, démocratique et laïque de l’enseignement public français depuis Jules Ferry), avec la méthode pédagogique traditionnelle des Frères de l’Instruction Chrétienne du vénérable Jean-Marie Robert de Lamennais. Celui-ci était resté en odeur de sainteté fidèle avec Rome (Jean-Marie était le frère douloureusement tenaillé du grand Féli, devenu l’apostat, « le trop croyant », tourmenté de la rencontre alors incompatible aux yeux du Vatican entre Dieu et la démocratie sociale, ce qui lui valut la condamnation de Rome et son acceptation orgueilleuse mais poignante de cette condamnation sans courber la tête. J’allais mieux connaître à son avantage Féli l’apostat malgré lui, dès mon arrivée en Sorbonne. Féli, c’était le grand pathétique des deux frères bretons entrés ensemble en religion, mais au destin si dissemblable, l’un aux « orages désirés » et l’autre à l’humilité douloureuse et altruiste. Dans mon esprit aux approches de mes vingt ans, Féli fut mon modèle, Jean-Marie Robert avait été mon maître.
En 1946, la « révolution » me surprit toujours en « culottes courtes » et un ancien élève de Saint Louis, étudiant de l’Ecole des Sciences Appliquées en génie civil et de la Faculté de Droit de l’Université d’Haiti, Massillon Coicou, vint nous sortir littéralement des classes à Saint Louis pour adhérer à la fièvre révolutionnaire des « cinq glorieuses » déclenchée à l’initiative de René Dépestre à la tête de ses amis du journal « La Ruche », camarades de gauche marxistes ou proches du marxisme que je voyais bivouaquer avec une curiosité admirative dans notre quartier de l’avenue de Lafleur Ducheine et de l’impasse Lajoie, au Bas Peu de Choses, souvenirs que j’associais avec mes débuts amoureux d’une future grande peintre haitienne du nom de Rose (Rose-Marie Desruisseaux). J’avais 15 ans, mais déjà René, Maurice, et Roger Dépestre (« Ti Roger ») et leur soeur Luce étaient nos voisins et « amis du voisinage », et, « bambins » par rapport à eux sans une grande différence d’âge cependant, car ils étaient dans la vingtaine à peine, nous sommes devenus quarante-sixards avec eux, sans être communistes pour le moins du monde. Mais il y avait plusieurs Révolutions de 1946. Et d’abord, un projet « contre-révolutionnaire » à l’instigation du président de la Chambre de Commerce, le sénateur Louis Déjoie, qui voulait profiter du changement de situation dans l’après-guerre y compris des initiatives même de Dépestre, pour mieux se subordonner le pouvoir politique en Haïti, et l’orienter vers les objectifs propres d’expansion économique d’une classe d’affaires soucieuse d’organiser le progrès autonome d’un développement national politiquement libéral et économiquement conservateur sous contrôle. Puis, il y avait « les révolutions de 1946 » proprement dites, en éventail déployé. Outre celle de René Dépestre et de ses « petits camarades » marxistes » de « La Ruche », organe de leur tendance poétiquement contestataire en faveur du « grand soir », il y avait celle des patriciens « éclairés » de gauche du Parti Socialiste Populaire (PSP),avec des noms tels que ceux du Dr Etienne Charlier, de Max Hudicourt, de Max D. Sam, de Georges J. Petit, d’Anthony Lespès, d’Albert Mangonès etc., une belle brochette d’intellectuels élitaires sinon élitistes, se réclamant d’un socialisme populaire qui n’était pas encore à l’horloge sociale ni politique des masses noires de la majorité numérique du pays. Il y avait celle du populiste Daniel Fignolé capable d’électriser et de mobiliser les organisations syndicales, et de haranguer ses partisans fanatisés des masses populaires de la capitale et des faubourgs – « le rouleau compresseur » - au nom de « la question sociale » posée alors en termes de sa dominante coloriste, c’est a dire peu favorable à l’hégémonie traditionnelle des mulâtres. Il y avait celle d’un noyau communiste professant l’alliance des classes moyennes et des masses populaires ayant en partage la communauté d’idées et de sentiments de base que la question de couleur était symboliquement et stratégiquement importante dans les luttes de classes en Haiti, et que la carte gagnante à jouer était celle de l’alliance classes moyennes et masses au nom du prolétariat qui se reconnaissait dans la couleur noire commune discriminée et maintenue au bas de l’échelle sociale. Ce noyau de communistes noiristes était identifié au nom du pasteur Dorléans Juste Constant, leur chef de file. Et enfin la Révolution de 1946 des progressistes « noiristes » dits « authentiques », souchés dans les classes moyennes revendicatrices de l’égalité des chances dans la société, et sensibles à l’appel de Dumarsais Estimé devenu président de la République aux élections du 16 août 1946. Cette dernière devint un « nouveau pouvoir noir » réformiste sans cesser d’être ambivalent (« Roulé-m 2 bò »). Avec elle, toutefois, c’était l’ascension de couches sociales nouvelles. Une expérience porteuse d’espoirs populaires avec le ralliement des classes moyennes et des masses à un Estimisme réalisateur (1946-1950). Le coup d’Etat de Magloire en 1950 a été facilité par la manœuvre « continuiste » d’Estimé à la recherche d’un second mandat immédiat inconstitutionnel. Mais il fut regretté, même au fort du régime de progrès mais de facilité jouisseuse de Magloire (« tou le jou m’sou, nan pwen pwoblem » 1950-1956), et Duvalier, le résistant anti-Magloire, resté fidèle à Estimé donc « le simili-maquisard » d’une période de confusion où les cartes étaient à rebattre, figura comme un dur et pur.
Mais c’est avec « le général Saint Surin François Manigat » (1847-1900), mon grand-père que le nom revient en étoile de première grandeur. On a retenu de lui qu’il fut le ministre de l’intérieur tout-puissant de Salomon, « très actif et très entendu » selon le témoignage appréciatif du Père Cabon. Louis Joseph Janvier le campait dans une formule lapidaire : « Il sait vouloir. Il sait agir ».
Saint-Surin était un « Sorbonnard » de la tête au pied (treize ans d’études primaires, secondaires et supérieures à Versailles puis à Paris). A la suspension du service de sa bourse à cause des troubles politiques de l’époque, le directeur du collège Monge, monsieur Godard, refusant l’idée de perdre un élève aussi brillant, lui créa une bouse complète dans son institution. A la grande joie et à la fierté de la famille Godard, Saint-Surin fut reçu bachelier-ès-lettres au grand amphithátre de la Sorbonne le 27 août 1869. Mais pragmatique à l’anglaise, patriote réalisateur soucieux d’aller au-delà des beaux mots, le jeune bachelier était féru des arts martiaux. Il voulut faire l’Ecole Militaire de Saint Cyr à l’entrée de laquelle il se préparait au collège Monge. C’était comme une préfiguration, puisqu’il se fera soldat pour combattre l’insurrection libérale de Boyer Bazelais en 1883, et que Salomon le nommera son délégué extraordinaire à la tête des troupes gouvernementales dans les régions insurgées, achevant de créer la figure légendaire cent fois photographiée du « général Manigat ». Mais sont survenus les événements de la guerre franco-prussienne de 1870 avec le siège de Paris, la défaite de la France, puis la commune de Paris, au sujet de laquelle des adversaires libéraux ont écrit et publié que le jeune bachelier ès-lettres avait alors fougueusement pris parti pour les communards. Les étapes d’une carrière peu commune ? Professeur puis directeur d’école au Cap-Haïtien à son retour en Haïti, député du peuple en 1879 dans les rangs du parti national, chef de cabinet de Salomon à l’avènement de celui-ci, plusieurs fois ministre de l’Agriculture et de l’Instruction publique, et surtout tout-puissant titulaire du portefeuille de l’Intérieur, constructeur initiateur du plus grand chantier de Travaux Publics dans le pays après la Citadelle Henri, le Palais des six ministères, candidat à la présidence de 1886 à 1896, exilé politique à Kingston, puis à Paris, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire d’Haïti en France de 1896 à 1900. Il est mort à Paris, en juillet 1900, « l’homme politique le plus marquant du pays » aux dires de J-C. Dorsainvil dans son Manuel d’Histoire d’Haiti, « si grand déjà, si jeune encore » selon le mot du journal « Le Patriote ». C’était un destin hors série. Louis Marcelin, à sa mort, a commenté : « Un météore est passé dans le firmament haïtien », mais l’hommage qui lui aurait le plus plu, lui a été rendu par Frédéric Marcelin : « Il rêvait de clore chez nous l’ère des despotes ignorants ». Le Ministre français des Affaires Etrangères Théophile Delcassé réagira, en apprenant sa mort, en disant que le général Manigat « a représenté la République d’Haïti avec dignité et a bien servi son pays » et le chef du Quai d’Orsay s’associait à l’expression de l’opinion du corps diplomatique à Paris que « la nation haïtienne était redevable au général Manigat de l’une des plus brillantes pages de ses annales diplomatiques ».
Ceci dit, il faut redire que nous avons connu une enfance matériellement difficile avec des moments de gêne voisins de la misère, mais une enfance et une adolescence heureuses d’un dévouement maternel indicible (« Manman Dédée ») et pour lequel « la vie était partage », (comme dit Jean Metellus Les joies de l’enfance impécunieuse étaient saines.. Paradoxalement et légitimement, nous nous réclamions tranquillement de la fierté du nom porté et des origines familiales célèbres. Cela rétablissait à l’école un sain équilibre avec le milieu d’une institution de l’élite traditionnelle de l’avoir d’abord, du savoir ensuite, sinon toujours du pouvoir. Notre promotion, toutefois, était d’origine et d’appartenance sociales assez mitigées, comme cela arrivait souvent à Saint Louis, promotion remarquable et professionnellement marquante par la suite, et on s’y côtoyait en toute et naturelle solidarité fraternelle, sans aucune allergie sociale. Mais il y avait l’écolage mensuel à payer sous menace d’expulsion, ce à quoi, tête de classe, j’échappais, non sans problèmes toutefois avec l’économat de l’institution, jusqu’à ce que finalement la direction décida de régler la question en nous attribuant une bourse d’études, mon frère Gesner et moi, pour ne pas nous perdre, car ma mère était acculée à solliciter le recours au lycée Pétion, ce qui était le vœu civique posthume de mon père pour le secondaire et surtout pour les classes d’humanité, persuadé qu’il était, qu’il fallait les faire au lycée national. Ainsi suis-je resté donc à Saint Louis de Gonzague. L’éducation classique reçue était des meilleures possibles alors disponibles en Haïti, (si on exclut le modèle d’instruction moderniste, égalitariste, démocratique et laïque de l’enseignement public français depuis Jules Ferry), avec la méthode pédagogique traditionnelle des Frères de l’Instruction Chrétienne du vénérable Jean-Marie Robert de Lamennais. Celui-ci était resté en odeur de sainteté fidèle avec Rome (Jean-Marie était le frère douloureusement tenaillé du grand Féli, devenu l’apostat, « le trop croyant », tourmenté de la rencontre alors incompatible aux yeux du Vatican entre Dieu et la démocratie sociale, ce qui lui valut la condamnation de Rome et son acceptation orgueilleuse mais poignante de cette condamnation sans courber la tête. J’allais mieux connaître à son avantage Féli l’apostat malgré lui, dès mon arrivée en Sorbonne. Féli, c’était le grand pathétique des deux frères bretons entrés ensemble en religion, mais au destin si dissemblable, l’un aux « orages désirés » et l’autre à l’humilité douloureuse et altruiste. Dans mon esprit aux approches de mes vingt ans, Féli fut mon modèle, Jean-Marie Robert avait été mon maître.
En 1946, la « révolution » me surprit toujours en « culottes courtes » et un ancien élève de Saint Louis, étudiant de l’Ecole des Sciences Appliquées en génie civil et de la Faculté de Droit de l’Université d’Haiti, Massillon Coicou, vint nous sortir littéralement des classes à Saint Louis pour adhérer à la fièvre révolutionnaire des « cinq glorieuses » déclenchée à l’initiative de René Dépestre à la tête de ses amis du journal « La Ruche », camarades de gauche marxistes ou proches du marxisme que je voyais bivouaquer avec une curiosité admirative dans notre quartier de l’avenue de Lafleur Ducheine et de l’impasse Lajoie, au Bas Peu de Choses, souvenirs que j’associais avec mes débuts amoureux d’une future grande peintre haitienne du nom de Rose (Rose-Marie Desruisseaux). J’avais 15 ans, mais déjà René, Maurice, et Roger Dépestre (« Ti Roger ») et leur soeur Luce étaient nos voisins et « amis du voisinage », et, « bambins » par rapport à eux sans une grande différence d’âge cependant, car ils étaient dans la vingtaine à peine, nous sommes devenus quarante-sixards avec eux, sans être communistes pour le moins du monde. Mais il y avait plusieurs Révolutions de 1946. Et d’abord, un projet « contre-révolutionnaire » à l’instigation du président de la Chambre de Commerce, le sénateur Louis Déjoie, qui voulait profiter du changement de situation dans l’après-guerre y compris des initiatives même de Dépestre, pour mieux se subordonner le pouvoir politique en Haïti, et l’orienter vers les objectifs propres d’expansion économique d’une classe d’affaires soucieuse d’organiser le progrès autonome d’un développement national politiquement libéral et économiquement conservateur sous contrôle. Puis, il y avait « les révolutions de 1946 » proprement dites, en éventail déployé. Outre celle de René Dépestre et de ses « petits camarades » marxistes » de « La Ruche », organe de leur tendance poétiquement contestataire en faveur du « grand soir », il y avait celle des patriciens « éclairés » de gauche du Parti Socialiste Populaire (PSP),avec des noms tels que ceux du Dr Etienne Charlier, de Max Hudicourt, de Max D. Sam, de Georges J. Petit, d’Anthony Lespès, d’Albert Mangonès etc., une belle brochette d’intellectuels élitaires sinon élitistes, se réclamant d’un socialisme populaire qui n’était pas encore à l’horloge sociale ni politique des masses noires de la majorité numérique du pays. Il y avait celle du populiste Daniel Fignolé capable d’électriser et de mobiliser les organisations syndicales, et de haranguer ses partisans fanatisés des masses populaires de la capitale et des faubourgs – « le rouleau compresseur » - au nom de « la question sociale » posée alors en termes de sa dominante coloriste, c’est a dire peu favorable à l’hégémonie traditionnelle des mulâtres. Il y avait celle d’un noyau communiste professant l’alliance des classes moyennes et des masses populaires ayant en partage la communauté d’idées et de sentiments de base que la question de couleur était symboliquement et stratégiquement importante dans les luttes de classes en Haiti, et que la carte gagnante à jouer était celle de l’alliance classes moyennes et masses au nom du prolétariat qui se reconnaissait dans la couleur noire commune discriminée et maintenue au bas de l’échelle sociale. Ce noyau de communistes noiristes était identifié au nom du pasteur Dorléans Juste Constant, leur chef de file. Et enfin la Révolution de 1946 des progressistes « noiristes » dits « authentiques », souchés dans les classes moyennes revendicatrices de l’égalité des chances dans la société, et sensibles à l’appel de Dumarsais Estimé devenu président de la République aux élections du 16 août 1946. Cette dernière devint un « nouveau pouvoir noir » réformiste sans cesser d’être ambivalent (« Roulé-m 2 bò »). Avec elle, toutefois, c’était l’ascension de couches sociales nouvelles. Une expérience porteuse d’espoirs populaires avec le ralliement des classes moyennes et des masses à un Estimisme réalisateur (1946-1950). Le coup d’Etat de Magloire en 1950 a été facilité par la manœuvre « continuiste » d’Estimé à la recherche d’un second mandat immédiat inconstitutionnel. Mais il fut regretté, même au fort du régime de progrès mais de facilité jouisseuse de Magloire (« tou le jou m’sou, nan pwen pwoblem » 1950-1956), et Duvalier, le résistant anti-Magloire, resté fidèle à Estimé donc « le simili-maquisard » d’une période de confusion où les cartes étaient à rebattre, figura comme un dur et pur.
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Il me faudrait avoir le temps, dans mes mémoires à venir, pour dire une conjoncture privilégiée dans ma jeunesse, au retour de Paris en 1953, mes études terminées, pour entrer dans la vie professionnelle, quand toute une équipe d’amis et moi, nous animions un véritable « printemps intellectuel » au pays entre 1953 et 1963 auquel la glaciation duvaliérienne allait brutalement mettre fin. Le pays était à l’écoute de notre génération montante, et l’espoir de lendemains chantants renaissait malgré la diversité des agendas des chapelles idéologiques et sociales (on était en pleine guerre froide). C’était l’époque quand un Dr.Joseph Chatelain, directeur d’études à la Banque Nationale et professeur de sciences économiques à la Faculté de Droit et à l’Ecole des Hautes Etudes Internationales, animait le syndicat des employés et des travailleurs de la Banque, et commençait ses cours par la description et l’analyse de la misère haïtienne. Un Dr. Pierre Cauvin, son collègue économiste à la Faculté de Droit et compagnon de lutte syndicale, faisait des cours d’économie politique en créole pour les travailleurs du bas de la ville. Un Leslie F. Manigat, du haut de ses multiples chaires ou dans ses publications sur l’histoire d’Haïti émaillées d’explications marquées du sceau de « l’histoire totale », son flambeau conceptuel et méthodologique, invoquait la « question sociale » haïtienne, tant dans ses inégalités économiques que dans les préjugés sociaux y afférents. Par exemple, entre autres initiatives publiques, j’ai organisé, dans l’été 1957, des Cours Universitaires de Vacances pour les étudiants de toutes les facultés et écoles supérieures et pour le grand public lettré, avec un succès sans précédent pour l’affluence et la résonance. Ce grand forum des idées nouvelles organisé avec le concours du « Cercle des Etudiants », avait convié, selon les termes de l’invitation de Manigat et de ses amis : « tous ceux, quelque fussent leurs tendances, qui étaient engagés dans un enseignement original ou dans une entreprise novatrice sur des problèmes et des thèmes liés au développement du pays, à venir exposer leurs points de vue et découvertes au profit de la jeunesse haitienne pour en débattre avec elle ». Le « Nouvelliste » de Lucien Montas leur donnait un grand écho en publiant les compte-rendus de ces cours universitaires de vacances qui faisaient accourir la jeunesse malgré la compétition de la campagne électorale de l’été 1957.
Le pays intellectuel bougeait et on voyait Manigat se propulser comme un véritable chef de file, bouillant d’idées et d’initiatives. Le témoignage même de ses rivaux idéologiques marxistes lui reconnaissait d’être le phare, avec Chatelain, de l’équipe du renouveau et du camp de l‘espoir national.
Même mon « vieux copain plus que camarade » Marcel Gilbert, adversaire idéologique, professeur de philosophie à succès et pontife non officiellement déclaré mais vigilant d’une branche indigéniste et austère de la gauche marxiste-léniniste haitienne, le PPLN (parti populaire de libération nationale) acceptait d’afficher avec moi une amitié empreinte de familiarité détendue et capable d’une sincérité qui nous mettait souvent à l’aise dans nos entretiens, nos débats et même nos combats communs dans une direction sinon en tous points identique du moins le plus souvent compatible. Mais, en même temps, la méfiance du « sectaire » dénoncé en lui par le porte-parole d’une autre branche marxiste-léniniste plus libérale et plus moscoutaire le PEP (parti d’entente populaire), ne désarmait pas, sauf plus tard, bien plus tard, à l’heure des questionnements, du doute, et des yeux enfin dessillés. Des textes de cette époque tardive en font foi. Je crois qu’en fin de compte, nous étions amis, Gilbert et moi, sur le plan personnel, et « veillatifs » d’éventuels coups bas « de gauchistes irréductibles » sur le plan tactique exprimant les limites de la collaboration qu’il voulait cependant « propulser » (le mot est de lui) entre nous deux, précisait-il. Et j’en étais d’accord ! J’y étais sincèrement prêt au nom des chances du progressisme haïtien dans son état d’alors par rapport à la corrélation générale des forces, conscient toutefois que ç’eut été un tandem à problèmes, mais une dose d’oxygène pour ceux qui voulaient aider à sortir de la routine politique droite traditionnelle gauche marxiste depuis 1946, sans la renier certes, mais pour emprunter l’exploration de l’aventure de « faire la politique autrement ». Mon ami Gilbert, trop Robespierre et pas assez Danton dans son cocon de doctrinaire marxiste, s’il se trouvait subitement placé dans l’environnement haïtien global avec les forces et les intérêts du système à gérer en « progressiste », en aurait-il l’étoffe et la capacité de co-leadership ? I wish he could ! Mais on n’en était pas là.
Dès mon retour en Haïti, dans une conférence faite à la demande du frère Raphaël, un des meilleurs cerveaux de l’institution Saint Louis de Gonzague, l’Alma Mater, co-auteur avec notre Pradel Pompilus, de l’enseignement de la littérature haïtienne comme nouvelle discipline dans les écoles chez nous - (conférence intitulée « La vocation intellectuelle » ou le plaisir dans l’exercice d’un métier d’intelligence quand un jeune parle à d’autres jeunes de notre jeunesse commune » - j’avais dit avec raison que le vrai salaire d’un enseignant se trouvait dans la reconnaissance intellectuelle et la réputation qu’on en tire comme un capital investi avec profit dans la notoriété, en rendant service à la communauté nationale. Pour moi, les intellectuels pouvaient constituer une force démocratique progressiste. J’enseignais au « Centre d’Etudes secondaires », à l’ Ecole Normale Supérieure et à l’Ecole des Hautes Etudes Internationales qui en étaient les foyers et l’illustration. En 1955, je fêtais mes vingt-cinq ans d’âge. On m’en donnait dix à quinze ans de plus comme ce capois qui, en 1960, me listait « à coup sûr », disait-il sans me connaitre, comme un candidat à la présidence, - il ne savait pas que j’avais à peine trente ans !
Honnêtement conscient d’être sans nul doute dans le camp de l’Occident chrétien et de m’y mouvoir avec quelque aisance, appréciant les vertus de la démocratie politique libérale et représentative des pays développés, je me sentais mal à l’aise parfois, dans l’ambiance manichéenne de la guerre froide qui voulait obliger chaque intellectuel à choisir son camp, les communistes ayant tendance alors à taxer tout non communiste d’anti-communiste et de valet de l’impérialisme. Je n’ai pas échappé à la règle, à l’instigation de quelques zélotes d’extrême gauche, certains plus maoïstes que Mao-Tse-Toung lui-même, et qui reprochaient à mes amis communistes de tenir compte de ma position non communiste mais progressiste comme « social-chrétien » centriste et même socialisant, car pour eux je ne pouvais être qu’un « valet de l’impérialisme », un « agent de la CIA » ou presque… ! C’était le renversement de la formule « Hors de l’église point de salut » par son application à une autre chapelle non moins dogmatique !
Le pays intellectuel bougeait et on voyait Manigat se propulser comme un véritable chef de file, bouillant d’idées et d’initiatives. Le témoignage même de ses rivaux idéologiques marxistes lui reconnaissait d’être le phare, avec Chatelain, de l’équipe du renouveau et du camp de l‘espoir national.
Même mon « vieux copain plus que camarade » Marcel Gilbert, adversaire idéologique, professeur de philosophie à succès et pontife non officiellement déclaré mais vigilant d’une branche indigéniste et austère de la gauche marxiste-léniniste haitienne, le PPLN (parti populaire de libération nationale) acceptait d’afficher avec moi une amitié empreinte de familiarité détendue et capable d’une sincérité qui nous mettait souvent à l’aise dans nos entretiens, nos débats et même nos combats communs dans une direction sinon en tous points identique du moins le plus souvent compatible. Mais, en même temps, la méfiance du « sectaire » dénoncé en lui par le porte-parole d’une autre branche marxiste-léniniste plus libérale et plus moscoutaire le PEP (parti d’entente populaire), ne désarmait pas, sauf plus tard, bien plus tard, à l’heure des questionnements, du doute, et des yeux enfin dessillés. Des textes de cette époque tardive en font foi. Je crois qu’en fin de compte, nous étions amis, Gilbert et moi, sur le plan personnel, et « veillatifs » d’éventuels coups bas « de gauchistes irréductibles » sur le plan tactique exprimant les limites de la collaboration qu’il voulait cependant « propulser » (le mot est de lui) entre nous deux, précisait-il. Et j’en étais d’accord ! J’y étais sincèrement prêt au nom des chances du progressisme haïtien dans son état d’alors par rapport à la corrélation générale des forces, conscient toutefois que ç’eut été un tandem à problèmes, mais une dose d’oxygène pour ceux qui voulaient aider à sortir de la routine politique droite traditionnelle gauche marxiste depuis 1946, sans la renier certes, mais pour emprunter l’exploration de l’aventure de « faire la politique autrement ». Mon ami Gilbert, trop Robespierre et pas assez Danton dans son cocon de doctrinaire marxiste, s’il se trouvait subitement placé dans l’environnement haïtien global avec les forces et les intérêts du système à gérer en « progressiste », en aurait-il l’étoffe et la capacité de co-leadership ? I wish he could ! Mais on n’en était pas là.
Dès mon retour en Haïti, dans une conférence faite à la demande du frère Raphaël, un des meilleurs cerveaux de l’institution Saint Louis de Gonzague, l’Alma Mater, co-auteur avec notre Pradel Pompilus, de l’enseignement de la littérature haïtienne comme nouvelle discipline dans les écoles chez nous - (conférence intitulée « La vocation intellectuelle » ou le plaisir dans l’exercice d’un métier d’intelligence quand un jeune parle à d’autres jeunes de notre jeunesse commune » - j’avais dit avec raison que le vrai salaire d’un enseignant se trouvait dans la reconnaissance intellectuelle et la réputation qu’on en tire comme un capital investi avec profit dans la notoriété, en rendant service à la communauté nationale. Pour moi, les intellectuels pouvaient constituer une force démocratique progressiste. J’enseignais au « Centre d’Etudes secondaires », à l’ Ecole Normale Supérieure et à l’Ecole des Hautes Etudes Internationales qui en étaient les foyers et l’illustration. En 1955, je fêtais mes vingt-cinq ans d’âge. On m’en donnait dix à quinze ans de plus comme ce capois qui, en 1960, me listait « à coup sûr », disait-il sans me connaitre, comme un candidat à la présidence, - il ne savait pas que j’avais à peine trente ans !
Honnêtement conscient d’être sans nul doute dans le camp de l’Occident chrétien et de m’y mouvoir avec quelque aisance, appréciant les vertus de la démocratie politique libérale et représentative des pays développés, je me sentais mal à l’aise parfois, dans l’ambiance manichéenne de la guerre froide qui voulait obliger chaque intellectuel à choisir son camp, les communistes ayant tendance alors à taxer tout non communiste d’anti-communiste et de valet de l’impérialisme. Je n’ai pas échappé à la règle, à l’instigation de quelques zélotes d’extrême gauche, certains plus maoïstes que Mao-Tse-Toung lui-même, et qui reprochaient à mes amis communistes de tenir compte de ma position non communiste mais progressiste comme « social-chrétien » centriste et même socialisant, car pour eux je ne pouvais être qu’un « valet de l’impérialisme », un « agent de la CIA » ou presque… ! C’était le renversement de la formule « Hors de l’église point de salut » par son application à une autre chapelle non moins dogmatique !
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Même aux yeux d’un Raoul Roa à la conférence de San José de Costa-Rica en 1960, le cas de Duvalier, après seulement les deux premiers ans au pouvoir, pouvait encore laisser perplexe à cause de la complexité de la problématique de la « question sociale haïtienne » (où était le camp de la pauvreté des démunis et où celui de l’opulence des nantis dans l’éventail des partis et organisations politiques haitiennes ?) et de l’héritage de l’histoire d’Haïti dont il fallait tenir compte pour comprendre les luttes de classes d’hier et d’aujourd’hui. Ceci rencontrait ma propre perplexité d’alors encore, moi qui étais pourtant déjà en difficulté vis-à-vis des premières manifestations de la dictature de Duvalier (appelée à devenir fascistoide après 1963). C’était déjà au point que Roger Dorsinville jugeait imprudent voire risqué que je rentre en Haïti après la conférence de Costa Rica, surtout que Duvalier, à propos de notre prise de position trop avancée vis-à-vis de Trujillo pour nous l’ennemi, mais qu’il voulait ménager encore même à cette heure tardive de l’été 1960, eut une réaction de méfiance vis-à-vis de moi dans un câble codé à Raymond Moise que c’était à moi de décoder en tant que seul haut fonctionnaire de la Chancellerie sur place, ce à quoi Duvalier n’avait pas pensé. Situation des plus cocasses, mais déjà dangereuse pour moi désigné comme porteur d’une influence non agréable à la manière de voir et d’agir du chef de l’Etat, et dont il lui indiquait de se méfier. Moise, ainsi averti, convenait avec Roger Dorsinville, que c’était de mauvais augure pour mon avenir, et l’ami chez lui, se faisait du souci en se rapprochant davantage de moi à qui il laissait la responsabilité de la représentation haïtienne à la première commission politique de la conférence dont l’américain Roy Rubottom et le cubain Raoul Roa étaient les vedettes mais dont plusieurs chanceliers sud-américains, dont le Mexicain et le Vénézuélien assuraient le partage des eaux. Je me souviens encore de l’énergie avec laquelle le Secrétaire d’Etat Roy Rubbotom utilisait l’emprise des moyens de la diplomatie américaine pour faire passer sa stratégie du donnant-donnant, à savoir qu’il laissait tomber Trujillo pour avoir, en échange, un désaveu du castrisme offensif de la Havane révolutionnaire ouvertement anti-impérialiste mais pas du tout avouée communiste en ce temps-là. Mais c’était encore le Duvalier de 1960, encore « potable », voire encore crédité d’un « progressisme » possible, et il avait donné comme instructions pour nos prises de position à la conférence, de « bien savoir utiliser le génie et les ressources de la langue française » ! Autrement dit, Duvalier se croyait jusqu’en 1960 en situation de joueur « finassier » dans la stratégie nationale, régionale et mondiale! J’ai essayé, dans un compte-rendu de la conférence de San José de Costa Rica publié au Nouvelliste, de dire la vérité des positions que nous y avions défendues, avec le sentiment que nous avions laissé parler les exigences de la justice et notre patriotisme contre Trujillo dans l’affaire dominicaine et rapproché Haïti d’une image de proximité avec le camp démocratique Venezuela Costa Rica Mexique. Duvalier n’a jamais laissé savoir, à ma connaissance, si à ses yeux notre mission d’août 1960 au Costa Rica avait été bien ou mal accomplie. Mais Raymond Moise ne fit pas long feu à la tête de la chancellerie à son retour au pays, ni carrière dans notre diplomatie, et Roger Dorsinville fut muté de Costa Rica au Sénégal en décembre 1960, ce qui n’était pas une promotion. Et moi, révoqué de la chancellerie en novembre 1960 par le ministre Joseph D. Baguidy, j’étais jeté au Pénitencier National en janvier 1961, et je fus finalement le seul doyen à refuser de reprendre son poste à la normalisation de la vie universitaire sous un régime académique autoritaire et outrancièrement partisan. En effet, c’est à ce premier moment, puis moins de trois ans plus tard en une seconde échéance, que le temps de la prison politique est arrivé en janvier 1961, et celui de l’exil à partir de mai 1963, ces 23 ans d’un premier exil vécu à Paris surtout, puis à Trinidad et enfin à Caracas).
On sait qu’à la conférence de Punta del Este, en 1962, où Haiti a été représentée cette fois par le Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères René Chalmers, homme lige de Duvalier, celui-ci put se faire payer une facture salée par Dean Rusk à ce fameux déjeuner au cours duquel le chancelier haitien concéda son vote décisif en faveur des Etats-Unis à coups de millions de dollars. Le carnet de comptes de Dean Rusk inscrivit à la date du 28 janvier 1962
Petit-déjeuner 2 $ 25
Déjeuner avec le ministre haïtien des Affaires Etrangères 2.800.000 $ 00
On sait qu’à la conférence de Punta del Este, en 1962, où Haiti a été représentée cette fois par le Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères René Chalmers, homme lige de Duvalier, celui-ci put se faire payer une facture salée par Dean Rusk à ce fameux déjeuner au cours duquel le chancelier haitien concéda son vote décisif en faveur des Etats-Unis à coups de millions de dollars. Le carnet de comptes de Dean Rusk inscrivit à la date du 28 janvier 1962
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Le jeu duvaliérien « feinteur » a obligé Washington à couper après un chantage menaçant de pouvoir opter en faveur d’un vote décisif pro-Castro comme dans l’ordre des choses encore envisageable. Le jeu forçait à couper dans l’immédiat, à la conférence même. Mais Duvalier s’était déjà assuré que rien d’apocalyptique pouvait lui arriver après, en agissant de la sorte, grâce à d’autres tuyaux d’information washingtoniens eux favorables, - les sources d’information de Heinl en convenaient - qui lui garantissaient une contre-assurance..
En tout cas, le premier Duvalier – celui des années 1957-1960 – flirtait avec les communistes, en avait dans son camp (on ne citait pas seulement le groupe Mercier par exemple), essayait de séduire mon ami René Dépestre qu’il voulait intéresser à rester au pays avec sa femme, la belle hongroise Edith, nommée significativement traductrice dans un service public. Duvalier avait même été jusqu’à dire à René : « je ne peux pas faire ce que tu voudrais, mais je peux rendre possible après moi ce à quoi tu aspires » (sic). René, intelligent, informé, avisé, sceptique devant le spectacle du duvaliérisme en action, et fort déjà d’une expérience de quinze années de luttes au service du marxisme le plus dur, le stalinisme alors régnant, reprit son bâton de pèlerin sur la route des fronts chauds de la planète où il allait continuer ses engagements de militants alors d’extrême gauche comme chevalier sans peur. D’autres cas, comme ceux de mes amis Edriss Saint-Amand et Roger Gaillard ont montré que le premier Duvalier de 1960 savait suspendre le vol du temps pour continuer même après 1963 et jusqu’à sa mort en 1971, sa mansuétude lénifiante à l’endroit de léninistes notoires qui n’avaient pas renié leur foi marxiste originelle.
Le premier Duvalier (1957-1960) n’était donc pas encore l’anti-communiste de « faucon » dont le second Duvalier allait adopter la posture après 1960 ou plus exactement après la reprise en janvier 1961 de la grève des étudiants, pour se durcir en anti-communiste farouche après 1963, dans une lutte à mort décrétée et menée des deux côtés (Jacques Alexis, les frères Baptiste, Gérald Brisson pour citer les seuls communistes avaient pris les armes contre lui), mais chez Duvalier, c’était désormais le jeu du chat et de la souris avec l’adversaire communiste car, de toute évidence, il ne rêvait plus que d’être du côté américain dans le conflit Est-Ouest et en tirer le triple bénéfice qu’il attendait de Washington, personnel (acceptation de sa présidence à vie), politique (préparation de sa succession dynastique) et matériel (reprise de l’aide). C’est ce qu’on appelle « la realpolitik ». « Papa Knox » fut dépêché de Washington pour faire la besogne en faveur d’un « Baby Doc » bouffi, sur les épaules de qui un « Papa Doc » mourant posait une main protectrice.
Les dernières séquelles du François Duvalier d’avant 1960 servirent à faire un boucan allumé par Duvalier lui-même de main de maître, à la fois sincérité – (il faut en convenir) -, fourberie – (sans doute un peu), - et chantage – (à peu près certain - ) : ce qu’on appelle « le cri de Jacmel » de l’ été 1960. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit au sujet du fameux « cri de Jacmel » ? Les spécialistes en exégèse politique s’en sont donnés à cœur joie ! Cri du cœur ? Il en avait toutes les apparences. Ce fut, en tout cas, le dernier appel explicite de Duvalier à la collaboration avec l’Est communiste, la main tendue dramatiquement. On pense à Dépestre ! « Un leader du Tiers-monde se doit de chercher le bien-être de son peuple là où il est assuré de le trouver. Si, en dépit de ses allégeances et de ses témoignages d’appartenance et d‘amitié, il est rejeté par l’Ouest, il devient logique et légitime qu’il se tourne vers l’Est » (sic). La logique était implacable, mais ceci était dit publiquement ! Malgré cela, même des marxistes chevronnés se demandaient s’il ne fallait pas prendre au sérieux « cette invite publique et sincère du 21 juin 1960 à passer à l’Est dans un mouvement délibéré de dérive à gauche par nécessité et par intérêt », car le président faisait aussi miroiter les bénéfices attendus de cette opération de « mamours » vers le second pôle dit oriental, l’Est soviétique du conflit Est-Ouest. Ce disant, avait-il préparé ses arrières, se demandait-on quelque part à la chancellerie ? Mystère et bouche cousue. Comme auteurs de ce manifeste prosoviétique de Duvalier, on a cherché du côté des idéologues, peut-être avec raison. Mais. peu de gens savent que ce discours a été préparé sous l’inspiration et avec l’aide techniques d’un haut fonctionnaire de la chancellerie. Duvalier savait l’importance du conflit Est Ouest pour son régime, et ne dédaignait pas de se montrer intéressé aux moindres signes de reconnaissance qu’il n’était pas un « sousou » inconditionnellement aligné sur les positions de Washington. Il tenait aux rares relations diplomatiques qu’il entretenait avec quelques pays de l’Est, et gardait des rapports amicaux avec des compatriotes ou des étrangers de passage ou résidents en Haiti ayant des liens de familiarité avec l’Est. Il se piquait d’avoir des penchants pro-marxistes à l’instar d’Edner Brutus, idéologue de l’école noiriste et grand dignitaire du duvaliérisme. Il avait dit dans un discours des débuts que parmi les gens pour lesquels il avait de l’admiration se trouvaient Marx, Lénine et Mao Tse Toung. Il rappelait, en strict comité, qu’il avait écrit un livre dans la veine d’un radicalisme de vision intitulé «le problème des classes à travers l’histoire d’Haïti », et qu’il en était resté quelque chose.. Il ne faut sûrement pas oublier le culte françoisiste viscéral de Mustapha Kemal Ataturk, l’homme de poigne de la rénovation nationale et de la modernisation musclée de la Turquie, pays que l’Occident appelait avant lui : « l’homme malade de l’Europe ». Duvalier faisait de Mustapha Kemal Ataturk, un « modèle » d’inspiration et d’énergie revitalisatrice, une « référence » et un « prototype ». Paul Dumont voyait dans « le père des Turcs » (Ataturk) « un des conducteurs d’hommes les plus fascinants de ce siècle ». A l’époque, on faisait grand cas de l’appui donné par la Russie soviétique au gouvernement kemaliste dans sa résistance nationaliste à l’Occident, et sa pression belliqueuse victorieuse face à la Grande Bretagne, la France et l’Italie, puissances capitalistes dont Lénine redoutait la politique d’isolement et d’encerclement, pour laisser les soviétiques cuire dans leur jus. Kemal profitait ainsi d’une amitié soviétique opportune et opérationnelle pour collaborer ouvertement avec Moscou contre les Occidentaux et à leur barbe…. Duvalier en avait-il tiré des leçons pour ses rapports d’aménité avec les communistes haitiens, et par exemple, pour son « cri de Jacmel » ?
Mais peu après cette date, ma situation personnelle allait être plus délicate, et elle allait se dégrader rapidement de juillet à novembre 1960 par un concours de circonstances où Duvalier, encore enclin à se souvenir de l’admiration qu’il professait à l’endroit de mon grand-père et grand salomoniste le général François Saint Surin Manigat, et de ma propre prise de position publique en faveur de sa candidature en 1757, était cependant déçu de n’avoir pas ajouté mon nom à ceux qu’il aimait parce qu’il était séduit par leurs flatteries et qui s’écrasaient devant lui, ou à ceux qu’il domptait en les humiliant, ou à ceux qu’il gagnait en les méprisant, ou à ceux qu’il brisait pour les réhabiliter ensuite par un pardon obligeamment déshonorant. Autrement dit, c’était moi qui étais déçu, et de ce fait, devenu allergique à la méthode autoritaire et à l’esprit de séduction d’un duvaliérisme au ventre animalesque fécond. Dans l’été 1960, j’ai rencontré un représentant connu et attitré de Déjoie à un bal haïtien de New York auquel des amis m’avaient invité pendant un voyage de conférence, et surpris de m’y voir à cause de la couleur politique de certains organisateurs, il a échangé avec moi des propos mutuellement courtois de politesse cordiale de circonstance. Déjoie lui-même, était un homme du monde accompli et, même adversaires politiques, nous entretenions en 1957, notamment aux déjeuners de la presse organisés par Lucien Montas, Secrétaire Général de l’Association des Journalistes haïtiens, des rapports tout à fait occasionnels d’échanges d’idées, lui qui me prenait au début pour un « sorbonnard jumelliste » ( ?), ce qui n’a pas changé quand je l’ai détrompé en lui disant avec le sourire que j’étais un « sorbonnard duvaliériste » ( ?), mais ami de Jumelle dont je me sentais effectivement beaucoup plus proche intellectuellement, mais que Magloire, son dauphin présumé jusque-là, avait politiquement éliminé d’un coup de langue public « tuatoire » (pourquoi d’ailleurs l’étiquette de « sorbonnard » dans ce contexte ?). Ma présence à ce bal haitien de New-York où participaient cependant des tendances politiques diverses, fut rapportée à la police de Duvalier, d’après une confidence faite à mon cousin Henri Rosemond.
En tout cas, le premier Duvalier – celui des années 1957-1960 – flirtait avec les communistes, en avait dans son camp (on ne citait pas seulement le groupe Mercier par exemple), essayait de séduire mon ami René Dépestre qu’il voulait intéresser à rester au pays avec sa femme, la belle hongroise Edith, nommée significativement traductrice dans un service public. Duvalier avait même été jusqu’à dire à René : « je ne peux pas faire ce que tu voudrais, mais je peux rendre possible après moi ce à quoi tu aspires » (sic). René, intelligent, informé, avisé, sceptique devant le spectacle du duvaliérisme en action, et fort déjà d’une expérience de quinze années de luttes au service du marxisme le plus dur, le stalinisme alors régnant, reprit son bâton de pèlerin sur la route des fronts chauds de la planète où il allait continuer ses engagements de militants alors d’extrême gauche comme chevalier sans peur. D’autres cas, comme ceux de mes amis Edriss Saint-Amand et Roger Gaillard ont montré que le premier Duvalier de 1960 savait suspendre le vol du temps pour continuer même après 1963 et jusqu’à sa mort en 1971, sa mansuétude lénifiante à l’endroit de léninistes notoires qui n’avaient pas renié leur foi marxiste originelle.
Le premier Duvalier (1957-1960) n’était donc pas encore l’anti-communiste de « faucon » dont le second Duvalier allait adopter la posture après 1960 ou plus exactement après la reprise en janvier 1961 de la grève des étudiants, pour se durcir en anti-communiste farouche après 1963, dans une lutte à mort décrétée et menée des deux côtés (Jacques Alexis, les frères Baptiste, Gérald Brisson pour citer les seuls communistes avaient pris les armes contre lui), mais chez Duvalier, c’était désormais le jeu du chat et de la souris avec l’adversaire communiste car, de toute évidence, il ne rêvait plus que d’être du côté américain dans le conflit Est-Ouest et en tirer le triple bénéfice qu’il attendait de Washington, personnel (acceptation de sa présidence à vie), politique (préparation de sa succession dynastique) et matériel (reprise de l’aide). C’est ce qu’on appelle « la realpolitik ». « Papa Knox » fut dépêché de Washington pour faire la besogne en faveur d’un « Baby Doc » bouffi, sur les épaules de qui un « Papa Doc » mourant posait une main protectrice.
Les dernières séquelles du François Duvalier d’avant 1960 servirent à faire un boucan allumé par Duvalier lui-même de main de maître, à la fois sincérité – (il faut en convenir) -, fourberie – (sans doute un peu), - et chantage – (à peu près certain - ) : ce qu’on appelle « le cri de Jacmel » de l’ été 1960. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit au sujet du fameux « cri de Jacmel » ? Les spécialistes en exégèse politique s’en sont donnés à cœur joie ! Cri du cœur ? Il en avait toutes les apparences. Ce fut, en tout cas, le dernier appel explicite de Duvalier à la collaboration avec l’Est communiste, la main tendue dramatiquement. On pense à Dépestre ! « Un leader du Tiers-monde se doit de chercher le bien-être de son peuple là où il est assuré de le trouver. Si, en dépit de ses allégeances et de ses témoignages d’appartenance et d‘amitié, il est rejeté par l’Ouest, il devient logique et légitime qu’il se tourne vers l’Est » (sic). La logique était implacable, mais ceci était dit publiquement ! Malgré cela, même des marxistes chevronnés se demandaient s’il ne fallait pas prendre au sérieux « cette invite publique et sincère du 21 juin 1960 à passer à l’Est dans un mouvement délibéré de dérive à gauche par nécessité et par intérêt », car le président faisait aussi miroiter les bénéfices attendus de cette opération de « mamours » vers le second pôle dit oriental, l’Est soviétique du conflit Est-Ouest. Ce disant, avait-il préparé ses arrières, se demandait-on quelque part à la chancellerie ? Mystère et bouche cousue. Comme auteurs de ce manifeste prosoviétique de Duvalier, on a cherché du côté des idéologues, peut-être avec raison. Mais. peu de gens savent que ce discours a été préparé sous l’inspiration et avec l’aide techniques d’un haut fonctionnaire de la chancellerie. Duvalier savait l’importance du conflit Est Ouest pour son régime, et ne dédaignait pas de se montrer intéressé aux moindres signes de reconnaissance qu’il n’était pas un « sousou » inconditionnellement aligné sur les positions de Washington. Il tenait aux rares relations diplomatiques qu’il entretenait avec quelques pays de l’Est, et gardait des rapports amicaux avec des compatriotes ou des étrangers de passage ou résidents en Haiti ayant des liens de familiarité avec l’Est. Il se piquait d’avoir des penchants pro-marxistes à l’instar d’Edner Brutus, idéologue de l’école noiriste et grand dignitaire du duvaliérisme. Il avait dit dans un discours des débuts que parmi les gens pour lesquels il avait de l’admiration se trouvaient Marx, Lénine et Mao Tse Toung. Il rappelait, en strict comité, qu’il avait écrit un livre dans la veine d’un radicalisme de vision intitulé «le problème des classes à travers l’histoire d’Haïti », et qu’il en était resté quelque chose.. Il ne faut sûrement pas oublier le culte françoisiste viscéral de Mustapha Kemal Ataturk, l’homme de poigne de la rénovation nationale et de la modernisation musclée de la Turquie, pays que l’Occident appelait avant lui : « l’homme malade de l’Europe ». Duvalier faisait de Mustapha Kemal Ataturk, un « modèle » d’inspiration et d’énergie revitalisatrice, une « référence » et un « prototype ». Paul Dumont voyait dans « le père des Turcs » (Ataturk) « un des conducteurs d’hommes les plus fascinants de ce siècle ». A l’époque, on faisait grand cas de l’appui donné par la Russie soviétique au gouvernement kemaliste dans sa résistance nationaliste à l’Occident, et sa pression belliqueuse victorieuse face à la Grande Bretagne, la France et l’Italie, puissances capitalistes dont Lénine redoutait la politique d’isolement et d’encerclement, pour laisser les soviétiques cuire dans leur jus. Kemal profitait ainsi d’une amitié soviétique opportune et opérationnelle pour collaborer ouvertement avec Moscou contre les Occidentaux et à leur barbe…. Duvalier en avait-il tiré des leçons pour ses rapports d’aménité avec les communistes haitiens, et par exemple, pour son « cri de Jacmel » ?
Mais peu après cette date, ma situation personnelle allait être plus délicate, et elle allait se dégrader rapidement de juillet à novembre 1960 par un concours de circonstances où Duvalier, encore enclin à se souvenir de l’admiration qu’il professait à l’endroit de mon grand-père et grand salomoniste le général François Saint Surin Manigat, et de ma propre prise de position publique en faveur de sa candidature en 1757, était cependant déçu de n’avoir pas ajouté mon nom à ceux qu’il aimait parce qu’il était séduit par leurs flatteries et qui s’écrasaient devant lui, ou à ceux qu’il domptait en les humiliant, ou à ceux qu’il gagnait en les méprisant, ou à ceux qu’il brisait pour les réhabiliter ensuite par un pardon obligeamment déshonorant. Autrement dit, c’était moi qui étais déçu, et de ce fait, devenu allergique à la méthode autoritaire et à l’esprit de séduction d’un duvaliérisme au ventre animalesque fécond. Dans l’été 1960, j’ai rencontré un représentant connu et attitré de Déjoie à un bal haïtien de New York auquel des amis m’avaient invité pendant un voyage de conférence, et surpris de m’y voir à cause de la couleur politique de certains organisateurs, il a échangé avec moi des propos mutuellement courtois de politesse cordiale de circonstance. Déjoie lui-même, était un homme du monde accompli et, même adversaires politiques, nous entretenions en 1957, notamment aux déjeuners de la presse organisés par Lucien Montas, Secrétaire Général de l’Association des Journalistes haïtiens, des rapports tout à fait occasionnels d’échanges d’idées, lui qui me prenait au début pour un « sorbonnard jumelliste » ( ?), ce qui n’a pas changé quand je l’ai détrompé en lui disant avec le sourire que j’étais un « sorbonnard duvaliériste » ( ?), mais ami de Jumelle dont je me sentais effectivement beaucoup plus proche intellectuellement, mais que Magloire, son dauphin présumé jusque-là, avait politiquement éliminé d’un coup de langue public « tuatoire » (pourquoi d’ailleurs l’étiquette de « sorbonnard » dans ce contexte ?). Ma présence à ce bal haitien de New-York où participaient cependant des tendances politiques diverses, fut rapportée à la police de Duvalier, d’après une confidence faite à mon cousin Henri Rosemond.
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Sur ces entrefaites, l’ambassadeur Drew pour la première fois, s’entrouvrit a moi en tête-à-tête de la situation politique du pays, et cela me fit réfléchir sur le sens de ce test pour moi significatif et à suivre, étant toujours directeur de la division des affaires politiques de la chancellerie, mais conscient que l’on semblait aller vers un tournant sur lequel on me signalait d’avoir l’attention en éveil. Quelque chose se tramait, interne et externe. Mais Duvalier veillait. Un jour, il me fit chercher au palais. Cela ne m’était jamais arrivé d’aller au palais, et Claude Raymond, qui me voulait du bien, me le reprochait, et Henri Bernardin, chef du protocole, s’en inquiétait pour moi. On en parlait dans l’entourage du Chef de l’Etat au palais. Duvalier me reçut à son bureau, un revolver et une bible posés visiblement sur son bureau de travail. A ma grande surprise, il n’avait rien à me dire. Seulement, il y avait à la fenêtre Clément Barbot, qui, sur un signe du président, s’approcha. Et Duvalier me dit en présentant celui-ci : « Comment ? Vous ne connaissez point Clément Barbot ? ». C’était la fin de l’entretien dont il n’attendait visiblement aucune réponse de ma part. Quelque temps après, quelques coups de feu (deux ou trois, pas plus) vinrent faire ricochet sur une fenêtre de la maison que j’habitais au Pont Morin, et mes voisins et amis Léopold Pinchinat et l’agronome Rodini Conte l’ont perçu comme un avertissement, alors qu’au prime abord je pensais qu’une patrouille voulait m’obliger à éteindre la lumière à une période de « black-out couvre-feu » alors effectivement en cours.
En novembre 1960, invité par l’Université of the West Indies au campus de Mona, Jamaica, en développement d’un programme inter-caraïbe initié à l’Institute of Caribbean Sudies de l’Université de Puerto Rico (Rio Piedras), je débarque à l’aéroport de Kingston pour me trouver face à face avec mon ami et condisciple de promotion à Saint Louis de Gonzague Jacky Deschamps, un Déjoiste notoire venu accueillir son épouse que Duvalier avait accepté de laisser partir sur l’intervention de Hervé Boyer. Accolades fraternelles entre Jacky et moi bien sûr, et il s’empressait même de se préparer à m’accompagner au campus de Mona quand le chauffeur de l’Université, en retard, m’identifia enfin pour me conduire à destination. Le consul d’Haiti à Kingston, présent sur les lieux, téléphona illico le tout à la police de Duvalier, et c’est grâce à mes amis Georges Salomon et René Piquion que je fus averti du fait à mon retour, comme étant venu à Kingston pour des conversations de synchronisation politique avec l’opposition. Mais Duvalier était-il un homme à écouter son grand ami Piquion, du « Manuel de la négritude » et partisan doctrinaire inconditionnel, lui dire la vérité plutôt qu’un rapport de police hostile à quelqu’un qu’on avait déjà rendu « suspect » à ses yeux ?
En novembre 1960, donc peu de jours après, mon ami Abner Bouchereau vint me voir, affolé, au local de l’Ecole des Hautes Etudes à mon retour de Kingston, après avoir entendu d’oreilles directement « autorisées », que l’ordre avait été donné aux macoutes de mon arrestation si l’Ecole des Hautes Etudes entrait en grève, car c’était la création de Duvalier. Peu après, celui-ci vint d’ailleurs personnellement et spectaculairement fermer l’Ecole, de son autorité présidentielle, martialement vêtu et casqué, dans une jeep militaire en emportant symboliquement les clefs.
Quatre semaines plus tard, c'est-à-dire début janvier 1961, après les vacances, la reprise de la grève des étudiants à la rentrée fut l’occasion pour Duvalier de m’envoyer en tôle comme un des auteurs intellectuels de la grève avec Marcel Gilbert, déjà et futur habitué des prisons de Duvalier. Avec cette incarcération, la rupture définitive ne pouvait pas être plus éclatante et brutale. Mais le candidat de 1957 en faveur duquel j’avais fait à 26 ans l’option publique que l’on sait avec une partie de la jeunesse montante, n’était plus le modeste médecin rural qui avait soigné les paysans à travers le pays avec tant de dévouement et de constance, du pian, mal endémique de nos campagnes, qui s’était présenté comme le repreneur du progressisme d’Estimé revu et corrigé en mieux, en qui on voyait l’incarnation patriotique de la dignité nationale, qui était accrédité d’être le présumé connaisseur, en ethno historien, de l’anthropologie sociale, et qu’on affirmait être le parangon de l’honnêteté personnelle et administrative, tout en étant acceptable pour l’américain pour compte duquel il avait travaillé dans les services techniques US. Il faut revoir ses classiques : « Comment en un plomb vil, l’or pur s’est-il changé ? » (Racine).
Et s’il avait déjà en lui, en herbe, comme le ver dans le fruit, en 1957 même, le Léviathan monstrueux d’après 1960, déjà caméléon, corruptible, corrupteur, dissimulé et qui allait faire une hécatombe de victimes par dizaines de milliers dans une paranoïa débridée en se définissant publiquement comme « un géant capable d’éclipser le soleil » (sic) ! Qui en a la réponse certaine ? Un faux ami m’a sorti la réflexion d’indulgence suprême « Mais il ne t’a pas fait tuer comme Georges Rigaud ou Antonio Vieux, et tu es sorti libre de prison » ! Certains ont même pensé que, sorti de prison, mon premier geste devrait être d’aller remercier le chef de l’Etat de m’y avoir mis puis libéré un mois après ! Je ne peux que garder bouche bée devant l’inénarrable d’une mentalité pareille qui existe pourtant dans le pays !
En novembre 1960, invité par l’Université of the West Indies au campus de Mona, Jamaica, en développement d’un programme inter-caraïbe initié à l’Institute of Caribbean Sudies de l’Université de Puerto Rico (Rio Piedras), je débarque à l’aéroport de Kingston pour me trouver face à face avec mon ami et condisciple de promotion à Saint Louis de Gonzague Jacky Deschamps, un Déjoiste notoire venu accueillir son épouse que Duvalier avait accepté de laisser partir sur l’intervention de Hervé Boyer. Accolades fraternelles entre Jacky et moi bien sûr, et il s’empressait même de se préparer à m’accompagner au campus de Mona quand le chauffeur de l’Université, en retard, m’identifia enfin pour me conduire à destination. Le consul d’Haiti à Kingston, présent sur les lieux, téléphona illico le tout à la police de Duvalier, et c’est grâce à mes amis Georges Salomon et René Piquion que je fus averti du fait à mon retour, comme étant venu à Kingston pour des conversations de synchronisation politique avec l’opposition. Mais Duvalier était-il un homme à écouter son grand ami Piquion, du « Manuel de la négritude » et partisan doctrinaire inconditionnel, lui dire la vérité plutôt qu’un rapport de police hostile à quelqu’un qu’on avait déjà rendu « suspect » à ses yeux ?
En novembre 1960, donc peu de jours après, mon ami Abner Bouchereau vint me voir, affolé, au local de l’Ecole des Hautes Etudes à mon retour de Kingston, après avoir entendu d’oreilles directement « autorisées », que l’ordre avait été donné aux macoutes de mon arrestation si l’Ecole des Hautes Etudes entrait en grève, car c’était la création de Duvalier. Peu après, celui-ci vint d’ailleurs personnellement et spectaculairement fermer l’Ecole, de son autorité présidentielle, martialement vêtu et casqué, dans une jeep militaire en emportant symboliquement les clefs.
Quatre semaines plus tard, c'est-à-dire début janvier 1961, après les vacances, la reprise de la grève des étudiants à la rentrée fut l’occasion pour Duvalier de m’envoyer en tôle comme un des auteurs intellectuels de la grève avec Marcel Gilbert, déjà et futur habitué des prisons de Duvalier. Avec cette incarcération, la rupture définitive ne pouvait pas être plus éclatante et brutale. Mais le candidat de 1957 en faveur duquel j’avais fait à 26 ans l’option publique que l’on sait avec une partie de la jeunesse montante, n’était plus le modeste médecin rural qui avait soigné les paysans à travers le pays avec tant de dévouement et de constance, du pian, mal endémique de nos campagnes, qui s’était présenté comme le repreneur du progressisme d’Estimé revu et corrigé en mieux, en qui on voyait l’incarnation patriotique de la dignité nationale, qui était accrédité d’être le présumé connaisseur, en ethno historien, de l’anthropologie sociale, et qu’on affirmait être le parangon de l’honnêteté personnelle et administrative, tout en étant acceptable pour l’américain pour compte duquel il avait travaillé dans les services techniques US. Il faut revoir ses classiques : « Comment en un plomb vil, l’or pur s’est-il changé ? » (Racine).
Et s’il avait déjà en lui, en herbe, comme le ver dans le fruit, en 1957 même, le Léviathan monstrueux d’après 1960, déjà caméléon, corruptible, corrupteur, dissimulé et qui allait faire une hécatombe de victimes par dizaines de milliers dans une paranoïa débridée en se définissant publiquement comme « un géant capable d’éclipser le soleil » (sic) ! Qui en a la réponse certaine ? Un faux ami m’a sorti la réflexion d’indulgence suprême « Mais il ne t’a pas fait tuer comme Georges Rigaud ou Antonio Vieux, et tu es sorti libre de prison » ! Certains ont même pensé que, sorti de prison, mon premier geste devrait être d’aller remercier le chef de l’Etat de m’y avoir mis puis libéré un mois après ! Je ne peux que garder bouche bée devant l’inénarrable d’une mentalité pareille qui existe pourtant dans le pays !
piporiko- Super Star
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Opinion politique : Homme de gauche,anti-imperialiste....
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Une dure expérience, de Duvalier à Aristide, nous a confirmé que, s’il existe heureusement des hommes de bien dans toutes les couches sociales de notre peuple et que le pays compte des hommes de valeur et d’intégrité en grand nombre pour assurer que la majorité nationale est encore saine ou récupérable, et donc que le bon exemple doit continuer à être donné sans relâche, par contre lucidement il faut reconnaître que ce pays a été voué aux « forces du mal absolu » dans une démence criminelle et mystique, sous un Duvalier mystifiant un père Jean-Baptiste Georges au début son partisan, et sous Aristide mystifiant un père Antoine Adrien au début son affidé. Le populisme a frappé deux fois.
Mais c’est sur le RDNP qu’il faut maintenant fixer l’objectif de notre appareil de visée, notre RDNP, l’acteur principal du jour, dont il suffit de dire qu’il en est à sa 8ème convention nationale triennale pour situer l’espace de son espérance de vie partisane dans les approches de la trentaine. Pour un parti politique de chez nous, à cette heure d’un bilan général, ce n’est pas si mal : qui dit mieux ?
Le RDNP a une préhistoire, comme la confluence de courants nés d’affluents divers internes et externes, je précise : nationaux et étrangers, coagulés autour de la personnalité qui allait émerger comme le fondateur principal, le « founding father » des anglo-saxons. Nos amis des Antilles anglophones en font le « polititical leader » attitré de son parti, appellation contrôlée en quelque sorte,
Une démarche individuelle allait donner au parti une préhistoire. En 1972 , Pierre Rigaud, ancien diplomate haïtien de prestige et père de notre amie Nicole Forman établie à Paris avec son mari pour leurs affaires dans l’industrie de la confection, et qui était de notre affection et de notre fréquentation quasi-quotidienne, fit le voyage exprès chez sa fille pour venir me demander de m’engager à donner une tête responsable à une opposition valeureuse mais divisée. Bien que flatté de la considération que me portait un aîné apprécié, ma réponse fut de décliner l’honneur, non la responsabilité, arguant que je ne me voyais pas en mesure de réussir un tel exploit politique, connaissant les miens, et que, d’ailleurs, je préférais continuer ma carrière de professeur à l’Université de Paris où je sentais mes affinités supérieures et mes perspectives d’avenir meilleures, que la politique haïtienne dont je n’avais pas une haute idée. Politologue, oui. Homme politique, voire politicien, non. Mais Pierre avait éveillé le chat qui dormait en moi dès l’adolescence, et que mes condisciples des bancs d’école à Saint Louis de Gonzague diagnostiquaient déjà comme une ambition politique d’être un jour président de la République. Comment y parvenir sans s’engager dans la politique active ? Pierre avait marqué au score le premier point de mon consentement futur.
Entre-temps, des jeunes intellectuels de vingt trente et des moins jeunes de trente quarante essayaient de débroussailler les sentiers épineux du chemin de l’unité au moins de cette partie de l’opposition haïtienne qui, en Nord Amérique, pensait possible et rêvait de jeter des passerelles entre les adversaires idéologiques que la guerre froide dressait en ennemis irréconciliables. Leurs congrès tenus à Boston et à Montréal, posaient au-devant de la scène la problématique complexe de l’unité de l’opposition à Duvalier.
En 1974, ayant accepté le poste de directeur de l « Institute of International Relations » de l’University of the West Indies, je me trouvais, pour les besoins de ma fonction ou à l’occasion de celle-ci, en rapports avec le Venezuela tout proche, et des compatriotes amis m’ont fait connaître, lors d’une visite provoquée, l’ex-chancelier vénézuelien Aristides Calvani, devenu Secrétaire-Général de l’Organisation Chrétienne des Amériques ODCA. La rencontre avec Calvani allait donner l’occasion de marquer au score le deuxième point, et le point décisif, de mon consentement à venir à l’engagement politique personnel et institutionnel. En effet, j’étais ancré institutionnellement dans le social-christianisme avec la fondation de notre parti le RDNP (Rassemblement des Démocrates Nationaux-Progressistes) en 1979 sous l’égide de l’Organisation de la Démocratie Chrétienne en Amérique (ODCA), avec l’aide de l’ami Aristides Calvani, ex-chancelier vénézuélien, secrétaire général de l’ODCA (un homme d’un humanisme remarquable, qui, à la tête de l’ODCA, nous a gardé fidèlement sa confiance jusqu’à sa mort accidentellement tragique). Calvani approuvant notre stratégie, c’est d’un commun accord avec lui que je m’inscrivais dans des relations de sympathie ouverte avec l’Internationale Socialiste (IS), en acceptant les invitations de cette internationale à participer à ses congrès mondiaux (comme à Albufeira en Portugal en avril 1983) et aux conventions nationales de ses membres (comme celle du parti socialiste italien à Vérone en mai de l’année suivante). On n’a pas oublié, à Caracas, la participation ostentatoire et sincère du RDNP aux funérailles de Romulo Betancourt leader-fondateur d’Accion Democratica (AD), le grand parti social-démocrate de la démocratie vénézuélienne avec lequel nous sympathisions ouvertement pour la lutte commune contre Duvalier. Le président Luis Herrera Campins, notre grand ami et protecteur démocrate-chrétien, nous encourageait dans cette ligne d’action solidaire avec Accion Democratica en front commun pour la lutte démocratique en faveur d’Haiti. Calvani en était d’accord et s’abouchait avec Peña Gomez du PRD dominicain social-démocrate pour explorer la faisabilité d’une entente. En effet, mon ami personnel dominicain, grand dignitaire de l’Internationale Socialiste, Peña Gomez, rencontré à Paris où il faisait ses études doctorales, acceptait de travailler à la formulation de cet avenir commun de la démocratisation des deux parties de l’île, sous une éventuelle double présidence parallèle, la sienne en République Dominicaine et la mienne en Haïti, cas de figure nullement invraisemblable pour lequel il encourageait à la collaboration à cette fin, de notre RDNP avec la gauche haïtienne, mais rencontrait l’opposition idéologique et tactique de celle-ci et nos propres réticences à l’égard des ambitions hégémoniques compréhensibles mais irréalistes du Parti Communiste Unifié et du Parti Socialiste Haïtiens.
Mais revenons aux conditions de naissance de notre RDNP lors de l’exil au Venezuela. Il y a des occasions qui entraînent une décision dans le tournant d’une vie : telle fut pour moi Cayo Lobos, coup de gong dans la tragédie alors à ses débuts, des boat-people haitiens dans leurs tentatives illégales et désespérées pour échapper miraculeusement à la mort sur mer, et aboutir à la terre promise en Floride, mais c’était pour se voir enfermer dans de véritables camps de concentration comme Chrome, avant d’être refoulés. On ne pouvait continuer à se dire haïtien, fier de l’être, et rester sur son Mont Aventin à Colinas de Bello Monte sur les hauteurs d’un quartier huppé de la capitale vénézuélienne, à enseigner les relations internationales au troisième cycle de l’enseignement supérieur au pays de Simon Bolivar, pendant que ses compatriotes expérimentaient une telle détresse extrême. Et, allant à la racine du mal, on a décidé que la lutte devait être politique et haïtienne pour changer les choses au pays haitien même, et se battre « ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale ». Le RDNP achevait de naître.
Avant même de s’organiser, il s’est aussitôt exprimé dans trois publications-phares. Une brochure du concepteur fondateur, bilingue français créole, « Les impératifs de la conjoncture » ou « Ki sa sitiyasion Ayiti a mandé tout Ayisyin » qui est devenu la bible du nouvel évangile du nouveau parti articulée en trois grandes idées forces : démocratie, nationalisme et progressisme, la trilogie doctrinale qui devait servir de propositions programmatiques et de mot d’ordre aux adhérents du parti, mais aussi et d’emblée, d’offre de base de ralliement pour l’unité nationale. Expression d’une position de centre-gauche à vocation d’ouverture, comme pivot et fer de lance d’un rassemblement couvrant un spectre idéologique allant de la droite libérale éclairée ou de progrès, à la gauche démocratique ou du socialisme démocratique, le manifeste d’une vingtaine de pages à l’estampille de Manigat devenait l’objet d’un débat au cours duquel des points d’accord ou d’adhésion transcendaient les clivages des partis constitués. Les éditions se sont multipliées d’autant plus que l’opuscule était gratuit. Les Haïtiens des trois continents se l’arrachaient. Le RDNP était définitivement lancé comme projet politique.
Il pouvait se permettre de se savoir crédible quand il lança « l’appel de l’été 1980 », deuxième texte-clef, appel aux sept piliers du renouveau haïtien, texte également devenu fameux : « Nous lançons un appel aux forces vives de la nation, c'est-à-dire aux sept piliers locaux possibles du renouveau démocratique, national et progressiste : A la jeunesse haïtienne, aux travailleurs, aux intellectuels, techniciens et professionnels, aux femmes de notre pays, aux églises, aux membres restés sains des forces armées ou capables de se ressaisir au sein de celles-ci, enfin aux éléments patriotes et capable de progressisme au sein de la bourgeoisie, et je ne doute pas aujourd’hui qu’ils soient nombreux, particulièrement parmi les entrepreneurs d’esprit moderniste.
A la fin de l’année 1980, une revue d’idées et d’analyses de l’actualité nationale, au titre de « L’Alternative démocratique, nationale et progressiste » est venue donner de sa voix trimestrielle aux initiatives individuelles de mai 1979 et de l’été 1980, pour en faire avec et pour tous désormais collectivement impliqués, auteurs et lecteurs, une nécessité sociale, avec ses 12 rubriques permanentes. Un exemple parmi ceux qui illustraient ces rubriques régulières : « Problèmes haitiens : la conquête du marché haitien par la République Dominicaine » (vol 1, No 4-5, double juillet septembre et octobre décembre 1980).
Mais c’est sur le RDNP qu’il faut maintenant fixer l’objectif de notre appareil de visée, notre RDNP, l’acteur principal du jour, dont il suffit de dire qu’il en est à sa 8ème convention nationale triennale pour situer l’espace de son espérance de vie partisane dans les approches de la trentaine. Pour un parti politique de chez nous, à cette heure d’un bilan général, ce n’est pas si mal : qui dit mieux ?
Le RDNP a une préhistoire, comme la confluence de courants nés d’affluents divers internes et externes, je précise : nationaux et étrangers, coagulés autour de la personnalité qui allait émerger comme le fondateur principal, le « founding father » des anglo-saxons. Nos amis des Antilles anglophones en font le « polititical leader » attitré de son parti, appellation contrôlée en quelque sorte,
Une démarche individuelle allait donner au parti une préhistoire. En 1972 , Pierre Rigaud, ancien diplomate haïtien de prestige et père de notre amie Nicole Forman établie à Paris avec son mari pour leurs affaires dans l’industrie de la confection, et qui était de notre affection et de notre fréquentation quasi-quotidienne, fit le voyage exprès chez sa fille pour venir me demander de m’engager à donner une tête responsable à une opposition valeureuse mais divisée. Bien que flatté de la considération que me portait un aîné apprécié, ma réponse fut de décliner l’honneur, non la responsabilité, arguant que je ne me voyais pas en mesure de réussir un tel exploit politique, connaissant les miens, et que, d’ailleurs, je préférais continuer ma carrière de professeur à l’Université de Paris où je sentais mes affinités supérieures et mes perspectives d’avenir meilleures, que la politique haïtienne dont je n’avais pas une haute idée. Politologue, oui. Homme politique, voire politicien, non. Mais Pierre avait éveillé le chat qui dormait en moi dès l’adolescence, et que mes condisciples des bancs d’école à Saint Louis de Gonzague diagnostiquaient déjà comme une ambition politique d’être un jour président de la République. Comment y parvenir sans s’engager dans la politique active ? Pierre avait marqué au score le premier point de mon consentement futur.
Entre-temps, des jeunes intellectuels de vingt trente et des moins jeunes de trente quarante essayaient de débroussailler les sentiers épineux du chemin de l’unité au moins de cette partie de l’opposition haïtienne qui, en Nord Amérique, pensait possible et rêvait de jeter des passerelles entre les adversaires idéologiques que la guerre froide dressait en ennemis irréconciliables. Leurs congrès tenus à Boston et à Montréal, posaient au-devant de la scène la problématique complexe de l’unité de l’opposition à Duvalier.
En 1974, ayant accepté le poste de directeur de l « Institute of International Relations » de l’University of the West Indies, je me trouvais, pour les besoins de ma fonction ou à l’occasion de celle-ci, en rapports avec le Venezuela tout proche, et des compatriotes amis m’ont fait connaître, lors d’une visite provoquée, l’ex-chancelier vénézuelien Aristides Calvani, devenu Secrétaire-Général de l’Organisation Chrétienne des Amériques ODCA. La rencontre avec Calvani allait donner l’occasion de marquer au score le deuxième point, et le point décisif, de mon consentement à venir à l’engagement politique personnel et institutionnel. En effet, j’étais ancré institutionnellement dans le social-christianisme avec la fondation de notre parti le RDNP (Rassemblement des Démocrates Nationaux-Progressistes) en 1979 sous l’égide de l’Organisation de la Démocratie Chrétienne en Amérique (ODCA), avec l’aide de l’ami Aristides Calvani, ex-chancelier vénézuélien, secrétaire général de l’ODCA (un homme d’un humanisme remarquable, qui, à la tête de l’ODCA, nous a gardé fidèlement sa confiance jusqu’à sa mort accidentellement tragique). Calvani approuvant notre stratégie, c’est d’un commun accord avec lui que je m’inscrivais dans des relations de sympathie ouverte avec l’Internationale Socialiste (IS), en acceptant les invitations de cette internationale à participer à ses congrès mondiaux (comme à Albufeira en Portugal en avril 1983) et aux conventions nationales de ses membres (comme celle du parti socialiste italien à Vérone en mai de l’année suivante). On n’a pas oublié, à Caracas, la participation ostentatoire et sincère du RDNP aux funérailles de Romulo Betancourt leader-fondateur d’Accion Democratica (AD), le grand parti social-démocrate de la démocratie vénézuélienne avec lequel nous sympathisions ouvertement pour la lutte commune contre Duvalier. Le président Luis Herrera Campins, notre grand ami et protecteur démocrate-chrétien, nous encourageait dans cette ligne d’action solidaire avec Accion Democratica en front commun pour la lutte démocratique en faveur d’Haiti. Calvani en était d’accord et s’abouchait avec Peña Gomez du PRD dominicain social-démocrate pour explorer la faisabilité d’une entente. En effet, mon ami personnel dominicain, grand dignitaire de l’Internationale Socialiste, Peña Gomez, rencontré à Paris où il faisait ses études doctorales, acceptait de travailler à la formulation de cet avenir commun de la démocratisation des deux parties de l’île, sous une éventuelle double présidence parallèle, la sienne en République Dominicaine et la mienne en Haïti, cas de figure nullement invraisemblable pour lequel il encourageait à la collaboration à cette fin, de notre RDNP avec la gauche haïtienne, mais rencontrait l’opposition idéologique et tactique de celle-ci et nos propres réticences à l’égard des ambitions hégémoniques compréhensibles mais irréalistes du Parti Communiste Unifié et du Parti Socialiste Haïtiens.
Mais revenons aux conditions de naissance de notre RDNP lors de l’exil au Venezuela. Il y a des occasions qui entraînent une décision dans le tournant d’une vie : telle fut pour moi Cayo Lobos, coup de gong dans la tragédie alors à ses débuts, des boat-people haitiens dans leurs tentatives illégales et désespérées pour échapper miraculeusement à la mort sur mer, et aboutir à la terre promise en Floride, mais c’était pour se voir enfermer dans de véritables camps de concentration comme Chrome, avant d’être refoulés. On ne pouvait continuer à se dire haïtien, fier de l’être, et rester sur son Mont Aventin à Colinas de Bello Monte sur les hauteurs d’un quartier huppé de la capitale vénézuélienne, à enseigner les relations internationales au troisième cycle de l’enseignement supérieur au pays de Simon Bolivar, pendant que ses compatriotes expérimentaient une telle détresse extrême. Et, allant à la racine du mal, on a décidé que la lutte devait être politique et haïtienne pour changer les choses au pays haitien même, et se battre « ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale ». Le RDNP achevait de naître.
Avant même de s’organiser, il s’est aussitôt exprimé dans trois publications-phares. Une brochure du concepteur fondateur, bilingue français créole, « Les impératifs de la conjoncture » ou « Ki sa sitiyasion Ayiti a mandé tout Ayisyin » qui est devenu la bible du nouvel évangile du nouveau parti articulée en trois grandes idées forces : démocratie, nationalisme et progressisme, la trilogie doctrinale qui devait servir de propositions programmatiques et de mot d’ordre aux adhérents du parti, mais aussi et d’emblée, d’offre de base de ralliement pour l’unité nationale. Expression d’une position de centre-gauche à vocation d’ouverture, comme pivot et fer de lance d’un rassemblement couvrant un spectre idéologique allant de la droite libérale éclairée ou de progrès, à la gauche démocratique ou du socialisme démocratique, le manifeste d’une vingtaine de pages à l’estampille de Manigat devenait l’objet d’un débat au cours duquel des points d’accord ou d’adhésion transcendaient les clivages des partis constitués. Les éditions se sont multipliées d’autant plus que l’opuscule était gratuit. Les Haïtiens des trois continents se l’arrachaient. Le RDNP était définitivement lancé comme projet politique.
Il pouvait se permettre de se savoir crédible quand il lança « l’appel de l’été 1980 », deuxième texte-clef, appel aux sept piliers du renouveau haïtien, texte également devenu fameux : « Nous lançons un appel aux forces vives de la nation, c'est-à-dire aux sept piliers locaux possibles du renouveau démocratique, national et progressiste : A la jeunesse haïtienne, aux travailleurs, aux intellectuels, techniciens et professionnels, aux femmes de notre pays, aux églises, aux membres restés sains des forces armées ou capables de se ressaisir au sein de celles-ci, enfin aux éléments patriotes et capable de progressisme au sein de la bourgeoisie, et je ne doute pas aujourd’hui qu’ils soient nombreux, particulièrement parmi les entrepreneurs d’esprit moderniste.
A la fin de l’année 1980, une revue d’idées et d’analyses de l’actualité nationale, au titre de « L’Alternative démocratique, nationale et progressiste » est venue donner de sa voix trimestrielle aux initiatives individuelles de mai 1979 et de l’été 1980, pour en faire avec et pour tous désormais collectivement impliqués, auteurs et lecteurs, une nécessité sociale, avec ses 12 rubriques permanentes. Un exemple parmi ceux qui illustraient ces rubriques régulières : « Problèmes haitiens : la conquête du marché haitien par la République Dominicaine » (vol 1, No 4-5, double juillet septembre et octobre décembre 1980).
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Le noyau central de l’équipe des fondateurs à Caracas s’était fait connaître entre-temps. Aux côtés du « professeur Leslie F. Manigat », Secrétaire Général, se trouvait placé un professionnel bien introduit dans les milieux démocrates-chrétiens de la capitale vénézuélienne et dont les parents avaient péri victimes de la répression sanguinaire de la dictature de Papa Doc en Haïti, Jean-Marie Benoît, comptable d’expérience, qui servait de trésorier général et administrateur. Un syndicaliste chevronné, venu d’une organisation de travailleurs démocrates chrétiens haïtiens qui avait dû prendre refuge à Caracas et était devenu membre actif et influent de la Confédération Latino-américaine des Travailleurs, achevait de constituer la troïka dirigeante : il s’appelait Georges Misère Fortuné. Mon épouse, Mirlande, constamment à mes côtés dans la lutte tout en étant professeur de Sciences politiques à l’Université Simon Bolivar, se trouvait forcément mon bras droit dès le début dans les affaires du RDNP et est la personne la plus au courant, après moi, d’une expérience de luttes partisanes dans laquelle elle était impliquée corps et âme, avec la compétence et l’aura personnelle qu’on lui connaît aujourd’hui mais dont elle avait commencé a faire preuve dès cette époque. Et l’épouse de Jean-Marie Benoit, qui se prénommait Gladys, était notre sténodactylographe attitrée, en charge des affaires administratives. C’était une vieille amie d’enfance presque, pour laquelle ma mère avait un faible, retrouvée avec plaisir comme étudiante à Paris, et restée proche.
Nous avons créé l’occasion de réunir à Caracas, sous les auspices de la CLAT en son siège de San Antonio de los Altos, une conférence réunissant des représentants de l’opposition haïtienne venus des trois continents, et qui partageaient, avec le coordonnateur général de la conférence le professeur Leslie F. Manigat, l’idée qu’il fallait une plateforme pour les idées nouvelles en vue de donner forme aux perspectives prometteuses du futur national. A cette conférence, l’audace fut d’inviter des représentants haitiens venus de l’intérieur, bravant la dictature de « Baby Doc ». Acceptèrent de venir de Port-au-Prince pour y participer notamment : Martial Célestin, Lionel Delatour, Charlie Clermont, Pierre Clitandre…. Il en sortit « les 15 thèmes de Caracas » pour un grand débat national sur un projet de société pour l’Haiti nouvelle de nos rêves, de nos aspirations et de nos combats.
La présentation solennelle des « 15 thèmes de Caracas » à la séance de clôture puis à la conférence de presse qui s’ensuivit, permit au professeur Leslie F. Manigat, coordonnateur général de la conférence, de souligner, devant un parterre de journalistes haitiens et étrangers, l’originalité du « diagnostic et de la thérapeutique » proposés, et de faire l’exégèse, en un résumé synthétique d’une qualité pédagogique dont il a le secret, « des points forts » du document qu’il a défini comme la charte de l’avenir d’une Haiti qui se cherche encore, mais dont la conférence même a été une vivante illustration qu’elle est définitivement en marche.
Au bout de ce processus préparatoire, fut convoquée, enfin, l’Assemblée constitutive des premiers membres du RDNP, les fondateurs historiques du parti, nos compagnons de la première heure qu’une photo a fixés pour la postérité à une réception officielle offerte par le président Luis Herrerra Campins au palais de Miraflores à Caracas. Ce fut la première convention nationale du RDNP. Je me souviens qu’à cette convention, notre ami l’ex-chancelier Aristide Calvani chanta en s’accompagnant de la guitare, les plus beaux airs vénézuéliens et latino-américains de son répertoire. C’était une fête de famille.
Les cinq années qui suivirent furent consacrées aux incessants voyages du Secrétaire-Général pour organiser et dynamiser les branches régionales (vite une douzaine de créés) et les antennes locales (trois ou quatre) du parti dans la diaspora haïtienne tricontinentale, branches régionales aux réunions statutaires périodiques dont la direction assurée par cinq membres était structurées selon le même modèle : un directeur, un secrétaire, un trésorier et deux conseillers. Chaque branche organisait sa tâche en « Unités de travail » ou Utas, regroupées en « anneaux locaux ».
Les relations internationales du parti se développaient au point d’entretenir des rapports suivis ou occasionnels avec des chefs d’état ou de gouvernements amis ou des figures parlementaires de premier plan, comme si on détenait déjà une parcelle du pouvoir d’état. Le Vatican nous accueillait, comme avant la visite du pape Jean XXIII en Haiti, dans le cadre de la préparation de cette visite. Le président ivoirien Houphouet Boigny nous recevait en entretien privé. L’influent chairman du Comité des relations internationales du Congrès américain était notre ami fidèle et proche. Des membres du parti faisaient jouer en notre faveur les relations qu’ils avaient nouées dans des milieux dirigeants étrangers. Je tiens à rappeler en le soulignant, que chaque week-end ordinaire, nous animions des séances de formation et de conscientisation dans un faubourg populaire de Caracas (Katia) à l’adresse de nos compatriotes travailleurs et presque tous les week-ends des interludes de nos vacances universitaires, Mirlande et moi, nous voyagions en Guadeloupe ou en Guyane Française dispenser des cours de formation politique en créole à l’intention des travailleurs haïtiens immigrés là-bas, avec l’assentiment des autorités préfectorales régionales avec lesquelles nous avions développé des relations de collaboration locale préférentielle. Beaucoup de ces travailleurs dotés de leurs cartes de membres du parti, nous ont payé de retour lors de leur rapatriement volontaire après le départ de Baby Doc et nous ont donné des zones entières du pays endoctrinées par leur prosélytisme.
En 1982, j’organisai, avec le concours de Mirlande et avec l’assistance de Calvani, un séminaire de haut niveau (post-secondaire) pour les cadres supérieurs (la plupart des universitaires) du parti pendant deux semaines intensives, matin, après-midi et soir, au siège de l’IFEDEC (Institut de Formation de la Démocratie Chrétienne). Une trentaine de participants assura au RDNP ses premiers politologues brevetés pour disséminer à leur tour la formation reçue parmi les coreligionnaires RDNPistes.
Les deux premières conventions nationales triennales du parti tinrent leurs assises : la première à Caracas (1981), la seconde à Curacao (1984), et chaque fois les délégations nomades venues de toute la diaspora charriaient les RDNPistes comme à de grandes fêtes politiques et patriotiques où il faisait bon de retrouver ceux que l’amitié politique et l’amitié tout court rassemblaient. C’est resté l’image de marque de notre parti, malgré une première dissidence numériquement négligeable de cadres intellectuels et professionnels mais qualitativement d’élite. Incident de parcours regrettable mais inévitable, dont on se remet vite pour aller de l’avant
Nous avons créé l’occasion de réunir à Caracas, sous les auspices de la CLAT en son siège de San Antonio de los Altos, une conférence réunissant des représentants de l’opposition haïtienne venus des trois continents, et qui partageaient, avec le coordonnateur général de la conférence le professeur Leslie F. Manigat, l’idée qu’il fallait une plateforme pour les idées nouvelles en vue de donner forme aux perspectives prometteuses du futur national. A cette conférence, l’audace fut d’inviter des représentants haitiens venus de l’intérieur, bravant la dictature de « Baby Doc ». Acceptèrent de venir de Port-au-Prince pour y participer notamment : Martial Célestin, Lionel Delatour, Charlie Clermont, Pierre Clitandre…. Il en sortit « les 15 thèmes de Caracas » pour un grand débat national sur un projet de société pour l’Haiti nouvelle de nos rêves, de nos aspirations et de nos combats.
La présentation solennelle des « 15 thèmes de Caracas » à la séance de clôture puis à la conférence de presse qui s’ensuivit, permit au professeur Leslie F. Manigat, coordonnateur général de la conférence, de souligner, devant un parterre de journalistes haitiens et étrangers, l’originalité du « diagnostic et de la thérapeutique » proposés, et de faire l’exégèse, en un résumé synthétique d’une qualité pédagogique dont il a le secret, « des points forts » du document qu’il a défini comme la charte de l’avenir d’une Haiti qui se cherche encore, mais dont la conférence même a été une vivante illustration qu’elle est définitivement en marche.
Au bout de ce processus préparatoire, fut convoquée, enfin, l’Assemblée constitutive des premiers membres du RDNP, les fondateurs historiques du parti, nos compagnons de la première heure qu’une photo a fixés pour la postérité à une réception officielle offerte par le président Luis Herrerra Campins au palais de Miraflores à Caracas. Ce fut la première convention nationale du RDNP. Je me souviens qu’à cette convention, notre ami l’ex-chancelier Aristide Calvani chanta en s’accompagnant de la guitare, les plus beaux airs vénézuéliens et latino-américains de son répertoire. C’était une fête de famille.
Les cinq années qui suivirent furent consacrées aux incessants voyages du Secrétaire-Général pour organiser et dynamiser les branches régionales (vite une douzaine de créés) et les antennes locales (trois ou quatre) du parti dans la diaspora haïtienne tricontinentale, branches régionales aux réunions statutaires périodiques dont la direction assurée par cinq membres était structurées selon le même modèle : un directeur, un secrétaire, un trésorier et deux conseillers. Chaque branche organisait sa tâche en « Unités de travail » ou Utas, regroupées en « anneaux locaux ».
Les relations internationales du parti se développaient au point d’entretenir des rapports suivis ou occasionnels avec des chefs d’état ou de gouvernements amis ou des figures parlementaires de premier plan, comme si on détenait déjà une parcelle du pouvoir d’état. Le Vatican nous accueillait, comme avant la visite du pape Jean XXIII en Haiti, dans le cadre de la préparation de cette visite. Le président ivoirien Houphouet Boigny nous recevait en entretien privé. L’influent chairman du Comité des relations internationales du Congrès américain était notre ami fidèle et proche. Des membres du parti faisaient jouer en notre faveur les relations qu’ils avaient nouées dans des milieux dirigeants étrangers. Je tiens à rappeler en le soulignant, que chaque week-end ordinaire, nous animions des séances de formation et de conscientisation dans un faubourg populaire de Caracas (Katia) à l’adresse de nos compatriotes travailleurs et presque tous les week-ends des interludes de nos vacances universitaires, Mirlande et moi, nous voyagions en Guadeloupe ou en Guyane Française dispenser des cours de formation politique en créole à l’intention des travailleurs haïtiens immigrés là-bas, avec l’assentiment des autorités préfectorales régionales avec lesquelles nous avions développé des relations de collaboration locale préférentielle. Beaucoup de ces travailleurs dotés de leurs cartes de membres du parti, nous ont payé de retour lors de leur rapatriement volontaire après le départ de Baby Doc et nous ont donné des zones entières du pays endoctrinées par leur prosélytisme.
En 1982, j’organisai, avec le concours de Mirlande et avec l’assistance de Calvani, un séminaire de haut niveau (post-secondaire) pour les cadres supérieurs (la plupart des universitaires) du parti pendant deux semaines intensives, matin, après-midi et soir, au siège de l’IFEDEC (Institut de Formation de la Démocratie Chrétienne). Une trentaine de participants assura au RDNP ses premiers politologues brevetés pour disséminer à leur tour la formation reçue parmi les coreligionnaires RDNPistes.
Les deux premières conventions nationales triennales du parti tinrent leurs assises : la première à Caracas (1981), la seconde à Curacao (1984), et chaque fois les délégations nomades venues de toute la diaspora charriaient les RDNPistes comme à de grandes fêtes politiques et patriotiques où il faisait bon de retrouver ceux que l’amitié politique et l’amitié tout court rassemblaient. C’est resté l’image de marque de notre parti, malgré une première dissidence numériquement négligeable de cadres intellectuels et professionnels mais qualitativement d’élite. Incident de parcours regrettable mais inévitable, dont on se remet vite pour aller de l’avant
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Le 7 février 1986, c’était la libération. On s’est aussitôt consacré au rapatriement de la direction du parti qui a gardé dans la diaspora ses branches régionales extérieures et s’est implanté à travers tout le territoire national avec ses nouvelles branches internes géographiques, ses UTAS et ses anneaux locaux sur le modèle éprouvé de la structure en diaspora, avec toutefois des adaptations requises par les nécessités du travail sur le terrain. Et tout de suite le parti s’est lancé à la conquête du pouvoir avec la campagne présidentielle de 1986-1987, le Secrétaire Général le professeur Leslie F. Manigat s’étant porté candidat à la présidence de la république. La première convention nationale d’après le temps de l’exil à Caracas, la troisième, celle de 1987, dota le parti de son programme de gouvernement « Changer la Vie ».
Nous avons déjà anticipé les événements de l’actualité politique relative à notre parti et au pays pour la période de 1987 à nos jours, la conquête, l’aménagement, la brève gestion, la perte du pouvoir, le second exil, et le second retour au pays avec la vaine recherche jusqu’ici d’un retour au pouvoir logique et souhaité par le pays sain, mais contré par la politique machiavélique des habiles pour nous barrer la route comme s’ils avaient l’option du pire, l’option du « mal absolu », à faire prévaloir sur les choix d’un électorat fourvoyé.
Il en résulte que le RDNP, tenu éloigné du pouvoir face à une majorité gouvernementale « droite-gauche » de circonstance condamnée au pilotage à vue, est aujourd’hui, ce qu’il a été toujours hors de l’intermède de 1988, « la principale force de l’opposition ». Les « soit-disantes ? » élections de février 2007 en ont fabriqué la récidive malgré la falsification des résultats, car on n’a pas pu nous placer plus bas que la seconde place dans les suffrages publiés. La farce infamante (violence publique exercée en commandite, scandale des bulletins blancs attribués à Préval) de février 2007 à laquelle toute la classe politique ou presque s’est ralliée dans un « caché feuille couvri-ça » honteux et immoral, a dû admettre le RDNP, ses amis et ses alliés dans la compétition d’alors comme la première force politique électorale du pays et la seule force politique organisée de l’opposition haitienne. Malgré des trahisons inattendues et explicables a posteriori quand des données insuffisamment connues ont été mises à jour après coup, l’unité du parti et sa première place sont assurées plus que jamais. Le RDNP, force tranquille, est une force indestructible. Nos cinq cent délégués venus de chacune des communes du territoire national sans exception aucune, et notre trentaine de participants membres du parti accourus de nos branches régionales de la diaspora sont là pour en témoigner.
Nous avons fait claironner partout la fameuse prise de position du 7 février 2006 : condamner sans réserve l’infamie du 7 février 2006, refuser de pactiser avec ses auteurs et bénéficiaires donc non-participation à ce gouvernement, se garder toutefois de toute agressivité vis-à-vis du nouveau pouvoir pour lui laisser, aux yeux du pays, toute la responsabilité de tout ce qu’il aura fait ou non, jusqu’à la présente convention nationale. Le parti de l’opposition politique véritable est et demeure le parti de l’avenir.
Au moment où la tête de la direction politique de la génération des fondateurs historiques du RDNP passe la main, après ces premiers 27 ans pendant lesquels le même leader a gardé le pouvoir suprême au sommet de la pyramide du parti depuis la création de ce dernier en 1979, à une équipe dirigeante largement renouvelée, ce qui met notre RDNP sous le signe et sous l’égide à la fois de la continuité souhaitée et du changement nécessaire pour préparer efficacement le sursaut citoyen, laissez-moi assurer, remercier et féliciter les 500 délégués réunis pour rendre féconds les travaux de ces deux jours et qui sont là pour montrer, et ils le font avec foi, courage, détermination et persévérance que l’avenir leur a donné rendez-vous ici, en ces lieux. Je veux dire à notre millier d’invités, que nous remercions d’être venus répondre à ce rendez-vous de l’amitié, qu’ils peuvent témoigner que le RDNP demeure cette force tranquille à tous moments et en tous lieux, comme les scouts de Baden Powell, « Toujours prêts », et une force indestructible. Notre mot d’ordre renouvelé à l’avènement de notre nouvelle Secrétaire-Générale annoncée est bien : la tête froide, le cœur chaud et les mains pures. Je veux particulièrement préciser à l’adresse de qui veut l’entendre, que le RDNP, dans cette passation de pouvoirs, n’est pas en je ne sais quelle guerre de succession, et ne règle pas une affaire de famille privée de mari à épouse comme certains ont essayé de le faire accroire, mais traite une affaire publique de parti pour le bien duquel c’est le meilleur candidat qui doit gagner et donc est en train de l’emporter.
En effet, le comité de préparation et d’organisation de notre présente convention nationale, par la voix de son porte-parole autorisé Jocelyn Louis Borgella, confirmée publiquement par tous les membres unanimes du comité, m’a assuré, preuves documentaires à l’appui, qu’il n’y a qu’un seul candidat régulièrement et définitivement inscrit au poste de Secrétaire Général. Voilà qui me libère d’un devoir de neutralité scrupuleusement respecté jusqu’à la semaine dernière. Voilà qui m’autorise à me réjouir de pouvoir exprimer publiquement ma satisfaction joyeuse que le parti va passer dans des mains responsables conscientes de son passé et capables de garantir son avenir.
Il se trouve que cet air de fête est en harmonie d’esprit avec un interlude de musique classique prévu à notre séance inaugurale au programme duquel, après la sérénade pour quatuor à cordes et le scherzo de Joseph Haydn, le petit ensemble philharmonique à cinq cordes sous la direction du violoniste Fritz Benjamin, exécutera le Quintette de notre compatriote Dickens Princivil (l’auteur étant lui-même au pupitre du violoncelliste contrebassiste) : quintette à cordes 1.- « Pa bam’ chjay pote » et 2.- « La détente ».
Aussi est-ce avec soulagement et comme dans un cantique d’allégresse que je peux dire, au moment de dire adieu : Le Roi est mort, Vive le Roi !
Leslie s’en va, Mirlande arrive !
======================
Nous avons déjà anticipé les événements de l’actualité politique relative à notre parti et au pays pour la période de 1987 à nos jours, la conquête, l’aménagement, la brève gestion, la perte du pouvoir, le second exil, et le second retour au pays avec la vaine recherche jusqu’ici d’un retour au pouvoir logique et souhaité par le pays sain, mais contré par la politique machiavélique des habiles pour nous barrer la route comme s’ils avaient l’option du pire, l’option du « mal absolu », à faire prévaloir sur les choix d’un électorat fourvoyé.
Il en résulte que le RDNP, tenu éloigné du pouvoir face à une majorité gouvernementale « droite-gauche » de circonstance condamnée au pilotage à vue, est aujourd’hui, ce qu’il a été toujours hors de l’intermède de 1988, « la principale force de l’opposition ». Les « soit-disantes ? » élections de février 2007 en ont fabriqué la récidive malgré la falsification des résultats, car on n’a pas pu nous placer plus bas que la seconde place dans les suffrages publiés. La farce infamante (violence publique exercée en commandite, scandale des bulletins blancs attribués à Préval) de février 2007 à laquelle toute la classe politique ou presque s’est ralliée dans un « caché feuille couvri-ça » honteux et immoral, a dû admettre le RDNP, ses amis et ses alliés dans la compétition d’alors comme la première force politique électorale du pays et la seule force politique organisée de l’opposition haitienne. Malgré des trahisons inattendues et explicables a posteriori quand des données insuffisamment connues ont été mises à jour après coup, l’unité du parti et sa première place sont assurées plus que jamais. Le RDNP, force tranquille, est une force indestructible. Nos cinq cent délégués venus de chacune des communes du territoire national sans exception aucune, et notre trentaine de participants membres du parti accourus de nos branches régionales de la diaspora sont là pour en témoigner.
Nous avons fait claironner partout la fameuse prise de position du 7 février 2006 : condamner sans réserve l’infamie du 7 février 2006, refuser de pactiser avec ses auteurs et bénéficiaires donc non-participation à ce gouvernement, se garder toutefois de toute agressivité vis-à-vis du nouveau pouvoir pour lui laisser, aux yeux du pays, toute la responsabilité de tout ce qu’il aura fait ou non, jusqu’à la présente convention nationale. Le parti de l’opposition politique véritable est et demeure le parti de l’avenir.
Au moment où la tête de la direction politique de la génération des fondateurs historiques du RDNP passe la main, après ces premiers 27 ans pendant lesquels le même leader a gardé le pouvoir suprême au sommet de la pyramide du parti depuis la création de ce dernier en 1979, à une équipe dirigeante largement renouvelée, ce qui met notre RDNP sous le signe et sous l’égide à la fois de la continuité souhaitée et du changement nécessaire pour préparer efficacement le sursaut citoyen, laissez-moi assurer, remercier et féliciter les 500 délégués réunis pour rendre féconds les travaux de ces deux jours et qui sont là pour montrer, et ils le font avec foi, courage, détermination et persévérance que l’avenir leur a donné rendez-vous ici, en ces lieux. Je veux dire à notre millier d’invités, que nous remercions d’être venus répondre à ce rendez-vous de l’amitié, qu’ils peuvent témoigner que le RDNP demeure cette force tranquille à tous moments et en tous lieux, comme les scouts de Baden Powell, « Toujours prêts », et une force indestructible. Notre mot d’ordre renouvelé à l’avènement de notre nouvelle Secrétaire-Générale annoncée est bien : la tête froide, le cœur chaud et les mains pures. Je veux particulièrement préciser à l’adresse de qui veut l’entendre, que le RDNP, dans cette passation de pouvoirs, n’est pas en je ne sais quelle guerre de succession, et ne règle pas une affaire de famille privée de mari à épouse comme certains ont essayé de le faire accroire, mais traite une affaire publique de parti pour le bien duquel c’est le meilleur candidat qui doit gagner et donc est en train de l’emporter.
En effet, le comité de préparation et d’organisation de notre présente convention nationale, par la voix de son porte-parole autorisé Jocelyn Louis Borgella, confirmée publiquement par tous les membres unanimes du comité, m’a assuré, preuves documentaires à l’appui, qu’il n’y a qu’un seul candidat régulièrement et définitivement inscrit au poste de Secrétaire Général. Voilà qui me libère d’un devoir de neutralité scrupuleusement respecté jusqu’à la semaine dernière. Voilà qui m’autorise à me réjouir de pouvoir exprimer publiquement ma satisfaction joyeuse que le parti va passer dans des mains responsables conscientes de son passé et capables de garantir son avenir.
Il se trouve que cet air de fête est en harmonie d’esprit avec un interlude de musique classique prévu à notre séance inaugurale au programme duquel, après la sérénade pour quatuor à cordes et le scherzo de Joseph Haydn, le petit ensemble philharmonique à cinq cordes sous la direction du violoniste Fritz Benjamin, exécutera le Quintette de notre compatriote Dickens Princivil (l’auteur étant lui-même au pupitre du violoncelliste contrebassiste) : quintette à cordes 1.- « Pa bam’ chjay pote » et 2.- « La détente ».
Aussi est-ce avec soulagement et comme dans un cantique d’allégresse que je peux dire, au moment de dire adieu : Le Roi est mort, Vive le Roi !
Leslie s’en va, Mirlande arrive !
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
En lisant ce discours d'adieu du Professeur Manigat je me demande pourquoi René Preval a reussi et Lesly Manigat a échoué en politique.Que les detracteurs du peuple haitien m'epargnent leurs critiques car mon but ici n'est pas de critiquer le professeur ,mais plutot d'inciter un debat sur l'echec de cet homme bien eduqué et cultivé.
Pourquoi après tant de sacrifices consentis ,tant de persecutions subies: l'exil ,la condamnation à mort, Lesly Manigat n'a pas été apprécié par son peuple?Tandis que des jeunes hommes qui ont rejoint la lutte longtemps après le professeur ont été acclamés les vrais deboulonneurs de la dictature?Est-ce son exil prolongé ou bien sa facon de communiquer avec le peuple qui causa son echec?
En lisant ce discours d'adieu je suis surpris de sa simplicité bien qu'il aurait pu nous epargner cet etalage de son erudition en invoquant la serenade pour quator a corde et le scherzo de joseph Haydn; ne pense-t-il pas que nous apprecierons beaucoup mieux un morceau de nos musciciens.La culture et l'erudition de Lesly manigat loin d'etre des atouts en sa faveur ont-elles de preference contribué à effaroucher le peuple?Peut-on attribuer son echec à sa percée Louverturienne qui fut a mon avis l'une des plus grandes erreurs de sa vie.
C'est vraiment malheureux que ce lutteur ait fini sa carrière sans jouir des trophées et de la gloire qui l'auraient placé parmi l'un des grands chefs d'etat de notre pays.Bien que je n'aie jamais ete un partisan du Professeur j'admire son courage, sa tenacité et son devouement a la cause de son pays,car sincèrement il faut etre courageux pour supporter ,les trahisons .les insultes ,les coups bas ,la prison et meme des coups quand on choisit la carrière
politique en haiti.Tous mes respects Professeur Manigat.
Pourquoi après tant de sacrifices consentis ,tant de persecutions subies: l'exil ,la condamnation à mort, Lesly Manigat n'a pas été apprécié par son peuple?Tandis que des jeunes hommes qui ont rejoint la lutte longtemps après le professeur ont été acclamés les vrais deboulonneurs de la dictature?Est-ce son exil prolongé ou bien sa facon de communiquer avec le peuple qui causa son echec?
En lisant ce discours d'adieu je suis surpris de sa simplicité bien qu'il aurait pu nous epargner cet etalage de son erudition en invoquant la serenade pour quator a corde et le scherzo de joseph Haydn; ne pense-t-il pas que nous apprecierons beaucoup mieux un morceau de nos musciciens.La culture et l'erudition de Lesly manigat loin d'etre des atouts en sa faveur ont-elles de preference contribué à effaroucher le peuple?Peut-on attribuer son echec à sa percée Louverturienne qui fut a mon avis l'une des plus grandes erreurs de sa vie.
C'est vraiment malheureux que ce lutteur ait fini sa carrière sans jouir des trophées et de la gloire qui l'auraient placé parmi l'un des grands chefs d'etat de notre pays.Bien que je n'aie jamais ete un partisan du Professeur j'admire son courage, sa tenacité et son devouement a la cause de son pays,car sincèrement il faut etre courageux pour supporter ,les trahisons .les insultes ,les coups bas ,la prison et meme des coups quand on choisit la carrière
politique en haiti.Tous mes respects Professeur Manigat.
Rodlam Sans Malice- Super Star
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
quel ego? un vieux lion d'haiti? cet homme a une arrogance extraordinaire. je me souviens d'un professeur americain qui a declare dans une emission de radio que francois manigat est un megalomane et alors potentiellement tres dangereux.
dans son discours, il parle des hommes politiques des le debut sans mentioner les femmes. un progressiste? combien de femmes avait-il dans son cabinet en 1987?
Yl a ecrit " mon mot favori" tandisqu'il s'agisse d'une phrase.
neg savan ansyen sa yo!!!!!
dans son discours, il parle des hommes politiques des le debut sans mentioner les femmes. un progressiste? combien de femmes avait-il dans son cabinet en 1987?
Yl a ecrit " mon mot favori" tandisqu'il s'agisse d'une phrase.
neg savan ansyen sa yo!!!!!
OBSERVER KEEN- Star
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
OBSERVER KEEN a écrit:quel ego? un vieux lion d'haiti? cet homme a une arrogance extraordinaire. je me souviens d'un professeur americain qui a declare dans une emission de radio que francois manigat est un megalomane et alors potentiellement tres dangereux.
dans son discours, il parle des hommes politiques des le debut sans mentioner les femmes. un progressiste? combien de femmes avait-il dans son cabinet en 1987?
Yl a ecrit " mon mot favori" tandisqu'il s'agisse d'une phrase.
neg savan ansyen sa yo!!!!!
Oui,Keen,
C'est une simple observation.Je ne veux pas froisser les admirateurs de Manigat.
Ceci dit,je ne vois pas la fascination avec Manigat.Il était un "brillant" professeur,ça signifie quoi?
Pouvait il transférer ces talents dans le domaine politique ?
ça n'a jamais été prouvé,ni par Manigat ,ni par n'importe quel autre.
Je ne vois pas qu'aux Etats Unis ,que quand on veut choisir un président ,on va à Yale ,Harvard,MIT ,on choisit des Nobels en Economie Politique,Economie etc ,pour le faire président.
Aux Etats Unis ,l'un des plus mauvais présidents était un brillant académique,je veux parler de HERBERT HOOVER.C'est sur sa présidence que s'était produit le grand "Crash" de 1929
Le Manigat ,dont je me souviens ,est celui qui avait enjambé les cadavres du 29 Novembre et avait déclaré "l'armée est incontournable".
C'est le Manigat qui avait applaudi le Coup D'etat de 1991,quand de jeunes intellectuels comme Leslie Délatour (défunt) avait donné une interview à une chaine de télévision américaine,pour exprimer son désaccord avec le Coup d'Etat.
C'est le Manigat avec son "mal absolu" qui s'était jeté pieds et poings lié dans la campagne de déstabilisation contre Aristide ,qui manifestement voulait le chambardement parce qu'il ne pouvait pas attendre.
Pendant ce temps ,il y avait un MARC BAZIN,qui avait des ambitions comme lui mais qu préchait la réconciliation;il pensait qu'un coup n'était pas dans l'intérèt du pays ;ce qui devait ètre primordial chez un politicien.
HOMMAGE A VOUS MARC BAZIN.
et puis ce discours d'adieu ,est ce que c'est l'original?à qui s'addressait il ,certainement pas à ceux qu'il espére devraient voter pour sa femme Mirlande en 2011
Joel- Super Star
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Bon mes chers amis j'ai rendu à Cesar son du ,car il faut le reconnaitre aussi Manigat aurait pu gagner sa vie sans se sourcier du pays.Il aurait pu comme tant d'autres etre un adulateur de Francois Duvalier et s'enrichir.L'erreur est du domaine de l'homme ;oui on peut lui reprocher ses prises de position contraire à l'epanouissement de cet etat de droit qu'il recherche mais c'est la mon desaccord avec ceux qui condamnent le populisme qui s'attache à l'expression de la vie et des sentiments des milieux populaires.
Est-ce le populisme qui soit condamnable ou bien la megalomanie et l'hypocrisie de certains leaders de ce mouvement?Quand un candidat a la presidence des Etats-Unis gagne les elections par une forte majorite(landslide) on ne dit pas que c'est le populisme qui l'a porté au pouvoir,pourquoi faut-il condamner l'expression de la volonte du peuple et negliger les vrais causes de notre sous-developpement?Que Duvalier et Aristide aient negligé les priorites du pays pour perenniser leur pouvoir ,le populisme n'est pas le coupable.On doit condamner ceux qui ont abusé la confiance placée en eux par le peuple.
En lisant le discours d'adieu du professeur cette phrase adressée a Rene Despestre par le Docteur francois Duvalier a retenu mon attention:"je ne peux pas faire ce que tu veux ,mais peut-etre après moi tu pourras le faire"Je me demande s'il etait sincère et si les communistes haitiens lui avaient permis de terminer son mandat en collaborant on n'aurait pas eu comme au Chili après la presidence de Frei ,la presidence d'un Allende.car je n'ai jamais cessé de questionner la survie d'un Roger gaillard en haiti sous le regne du Docteur francois Duvalier.Pourquoi a-t-il tolere Roger gaillard et condamné Lesly Manigat a mort in abstentia ?Gaillard a ecrit un texrte au Nouveau monde en 1968 qui m'a fremi en pensant aux consequences .pourtant Duvalier ne l'a pas mis en prison.
Est-ce l'erudition de Leslie Manigat qui effarouche l'electorat haitien ou bien ses erreurs après son retour au pays? Malgré ses erreurs on doit se poser cette question :Manigat aurait-il été un Salomon ,un Dumarsais Estimé,si les militaires de parade comme il les appelle ne l'avaient pas renversé?malheureusement nous ne pouvons pas repondre à cette question.
Est-ce le populisme qui soit condamnable ou bien la megalomanie et l'hypocrisie de certains leaders de ce mouvement?Quand un candidat a la presidence des Etats-Unis gagne les elections par une forte majorite(landslide) on ne dit pas que c'est le populisme qui l'a porté au pouvoir,pourquoi faut-il condamner l'expression de la volonte du peuple et negliger les vrais causes de notre sous-developpement?Que Duvalier et Aristide aient negligé les priorites du pays pour perenniser leur pouvoir ,le populisme n'est pas le coupable.On doit condamner ceux qui ont abusé la confiance placée en eux par le peuple.
En lisant le discours d'adieu du professeur cette phrase adressée a Rene Despestre par le Docteur francois Duvalier a retenu mon attention:"je ne peux pas faire ce que tu veux ,mais peut-etre après moi tu pourras le faire"Je me demande s'il etait sincère et si les communistes haitiens lui avaient permis de terminer son mandat en collaborant on n'aurait pas eu comme au Chili après la presidence de Frei ,la presidence d'un Allende.car je n'ai jamais cessé de questionner la survie d'un Roger gaillard en haiti sous le regne du Docteur francois Duvalier.Pourquoi a-t-il tolere Roger gaillard et condamné Lesly Manigat a mort in abstentia ?Gaillard a ecrit un texrte au Nouveau monde en 1968 qui m'a fremi en pensant aux consequences .pourtant Duvalier ne l'a pas mis en prison.
Est-ce l'erudition de Leslie Manigat qui effarouche l'electorat haitien ou bien ses erreurs après son retour au pays? Malgré ses erreurs on doit se poser cette question :Manigat aurait-il été un Salomon ,un Dumarsais Estimé,si les militaires de parade comme il les appelle ne l'avaient pas renversé?malheureusement nous ne pouvons pas repondre à cette question.
Rodlam Sans Malice- Super Star
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Oui,c'est ça.
Personne ne pouvait prédire quel président aurait été Leslie Manigat.
Il pourrait avoir écrit tous ces livres que le petit groupe d'intellectuels considèrent savants ,mais que ferait il quand confronté avec les problèmes intractables d'Haiti?
Pouvait il confronter ,les 14 familles ou les laisser tranquilles afin qu'il puisse gouverner?
Automatiquement ,pas d'argent rentré dans les caisses de l'Etat etc..etc...
Les universités françaises sont en déconfiture.La Sorbonne n'est que l'ombre d'elle mème .
Ce n'est pas mauvaise chose .
je viens de lire un article de CLAUDE ALLEGRE (l'ancien ministre de l'Education française) qui se demande quand les Français pourraient ils créer une Université du niveau de MIT .Il doute des capacités des français de le faire.
les dégradantes conditions des universités françaises ,sont une bonne chose comme je le disais ,car on a assez de ces gens qui étaient allés étudier en France et à leur retour s'estiment prèts à prendre des positions clés dans une administration haitienne ,sans avoir rien prouvé outre mesure.
Maintenant,ils n'ont plus l'alibi des "études en France" ,qu'ils ont eu pendant deux siècles et c'est un excellent développement.
Personne ne pouvait prédire quel président aurait été Leslie Manigat.
Il pourrait avoir écrit tous ces livres que le petit groupe d'intellectuels considèrent savants ,mais que ferait il quand confronté avec les problèmes intractables d'Haiti?
Pouvait il confronter ,les 14 familles ou les laisser tranquilles afin qu'il puisse gouverner?
Automatiquement ,pas d'argent rentré dans les caisses de l'Etat etc..etc...
Les universités françaises sont en déconfiture.La Sorbonne n'est que l'ombre d'elle mème .
Ce n'est pas mauvaise chose .
je viens de lire un article de CLAUDE ALLEGRE (l'ancien ministre de l'Education française) qui se demande quand les Français pourraient ils créer une Université du niveau de MIT .Il doute des capacités des français de le faire.
les dégradantes conditions des universités françaises ,sont une bonne chose comme je le disais ,car on a assez de ces gens qui étaient allés étudier en France et à leur retour s'estiment prèts à prendre des positions clés dans une administration haitienne ,sans avoir rien prouvé outre mesure.
Maintenant,ils n'ont plus l'alibi des "études en France" ,qu'ils ont eu pendant deux siècles et c'est un excellent développement.
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Manigat a-t-il raison d'invoquer l'aristocratie de sa famille dans un discours d'adieu?Pourquoi ne peut-il pas comprendre c'est l'une des riasons de ses faibles performaces aux joutes electorales.Pourquoi les populistes peuvent-ils obtenir la majorite des voix et lui si peu?Se vre pale franseuu pa di lespri .
Qu'on me permette de faire cette remarque:certains me reprochent de regarder trop en arrière ;ils disent qu'ont ne doit pas regarder en arrière quand on conduit; pourtant l'illustre historien evoque toujours la dictature des Duvalier dans ses discours et je trouve ce retour en arrière propice pour avertir les nouvelles generations de ce qui s'etait passé et la raison de notre retard .Il y a des evènements qui ont marqué votre vie dont les cicatrices demeureront toujours sur votre ame meurtrie.Comment peut-on oublier l'emprisonnement injuste;la mort des amis et des hommmes de valeur durant le passage de ce cyclone politique qui a englouti le pays dans cet abime?Comment demander à Jean Brière d'oublier les humiliations ,les privations ,la torture subie dans les geoles de Fort Dimanche?Les faits rapportes par l'historien Manigat dans son discours d'adieu sont-ils des mensonges?Est-il inutile de les rappeler à la jeunesse pour empecher la repetition de ces crimes?Seuls les complices et leurs progenitures devraient etre affligés par le souvenir de ces moments douloureux de notre vie nationale.
Qu'on me permette de faire cette remarque:certains me reprochent de regarder trop en arrière ;ils disent qu'ont ne doit pas regarder en arrière quand on conduit; pourtant l'illustre historien evoque toujours la dictature des Duvalier dans ses discours et je trouve ce retour en arrière propice pour avertir les nouvelles generations de ce qui s'etait passé et la raison de notre retard .Il y a des evènements qui ont marqué votre vie dont les cicatrices demeureront toujours sur votre ame meurtrie.Comment peut-on oublier l'emprisonnement injuste;la mort des amis et des hommmes de valeur durant le passage de ce cyclone politique qui a englouti le pays dans cet abime?Comment demander à Jean Brière d'oublier les humiliations ,les privations ,la torture subie dans les geoles de Fort Dimanche?Les faits rapportes par l'historien Manigat dans son discours d'adieu sont-ils des mensonges?Est-il inutile de les rappeler à la jeunesse pour empecher la repetition de ces crimes?Seuls les complices et leurs progenitures devraient etre affligés par le souvenir de ces moments douloureux de notre vie nationale.
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
SANA MALIS,
LA JEUNE GENERATION N'EST PAS TRES BIEN IMBUE DE L'HISTOIRE DU PARTI COMMUNISTE EN HAITI.LES RARES MILITANTS QUE J'AI RENCONTRES EN PARLENT AVEC DEGOUT.ELLE EST FAITE DE TRAHISON ET D'OPPORTUNISME.ROGER GAILLARD N'A JAMAIS FOURNI UNE EXPLICATION CONVAINQUANTE POUR AVOIR PASSE AVEC ARMES ET BAGAGES DANS LES RANGS DES DUVALIER.IL FUT CE QU'ON POURRAIT APPELER "LE MARXISTE DE SERVICE".DES MILITANTS ONT PAYE CHEREMENT DE LEUR VIE LA FACADE DE GAILLARD.JE PENSE AU PSEUDO- PARTI COMMUNISTE DIRIGE PAR ROGER MERCIER.ON Y TROUVAIT DES TYPES COMME VICTOR BENOIT,MICHEL SOUCAR ET J'EN PASSE.JE PENSE EN PARTICULIER A ROCK DEROSE QUI A DISPARU ,EN 1981,TANKOU YON KOUT LORAJ.
GAILLARD ETAIT RENTRE EN HAITI EN 1968 EN PLEINE VAGUE DE REPRESSION ANTI-COMMUNISTE.IL REVENAIT DE LA BULGARIE.IL N'A JAMAIS ETE INQUIETE POUR SON "IDEOLOGIE".
LA JEUNE GENERATION N'EST PAS TRES BIEN IMBUE DE L'HISTOIRE DU PARTI COMMUNISTE EN HAITI.LES RARES MILITANTS QUE J'AI RENCONTRES EN PARLENT AVEC DEGOUT.ELLE EST FAITE DE TRAHISON ET D'OPPORTUNISME.ROGER GAILLARD N'A JAMAIS FOURNI UNE EXPLICATION CONVAINQUANTE POUR AVOIR PASSE AVEC ARMES ET BAGAGES DANS LES RANGS DES DUVALIER.IL FUT CE QU'ON POURRAIT APPELER "LE MARXISTE DE SERVICE".DES MILITANTS ONT PAYE CHEREMENT DE LEUR VIE LA FACADE DE GAILLARD.JE PENSE AU PSEUDO- PARTI COMMUNISTE DIRIGE PAR ROGER MERCIER.ON Y TROUVAIT DES TYPES COMME VICTOR BENOIT,MICHEL SOUCAR ET J'EN PASSE.JE PENSE EN PARTICULIER A ROCK DEROSE QUI A DISPARU ,EN 1981,TANKOU YON KOUT LORAJ.
GAILLARD ETAIT RENTRE EN HAITI EN 1968 EN PLEINE VAGUE DE REPRESSION ANTI-COMMUNISTE.IL REVENAIT DE LA BULGARIE.IL N'A JAMAIS ETE INQUIETE POUR SON "IDEOLOGIE".
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Vous avez raison et c'est exactement en 1968 lors du massacre de la ruelle nazon qu'il ecrivit cet article au Nouveau monde ou il fustigeait le peuple pour son indifference envers ces jeunes gens qui ont paye de leur vie leur vouloir de changement.
A l'epoque je frequentais l'institut haitiano americain en prepartion a mon prochain voyage ;je fus etonné de la bravoure de Gaillard ,car a cette epoque il serait preferable d'avoir la peste que d'etre memebre d'une cellule du parti communiste.Pourtant Gaillard ne cachait pas son appartenance,mais il n'etait nullement inquieté, alors je crois le titre de marxiste de service lui convient très bien.Ah la politique haitienne.:lè marengwen ap vole ou pa konn sa ki mal sa ki femel.
A l'epoque je frequentais l'institut haitiano americain en prepartion a mon prochain voyage ;je fus etonné de la bravoure de Gaillard ,car a cette epoque il serait preferable d'avoir la peste que d'etre memebre d'une cellule du parti communiste.Pourtant Gaillard ne cachait pas son appartenance,mais il n'etait nullement inquieté, alors je crois le titre de marxiste de service lui convient très bien.Ah la politique haitienne.:lè marengwen ap vole ou pa konn sa ki mal sa ki femel.
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Oui Piporiko,
Depuis le début des années 60s,le Parti Communiste de Roger Mercier ayant été une création de François Duvalier était un secret de polichinelle.
Ce type avait sacrifié beaucoup de jeunes idéalistes.
Qu'est il advenu de lui?Est il encore vivant?
bien qu'il serait d'un age extrèmement avancé,s'il le serait.
Depuis le début des années 60s,le Parti Communiste de Roger Mercier ayant été une création de François Duvalier était un secret de polichinelle.
Ce type avait sacrifié beaucoup de jeunes idéalistes.
Qu'est il advenu de lui?Est il encore vivant?
bien qu'il serait d'un age extrèmement avancé,s'il le serait.
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
MON CHER JOEL,
C'EST A NE RIEN COMPRENDRE.IL EST TOUJOURS VIVANT.IL DIVISAIT LE COMITE CENTRAL EN 2 .lES NOIRS ET LES MULATRES.AUTRE TYPE:IL S'AGIT DE FRANCK EYSSALEM.CELUI QUI A VENDU LE COMITE CENTRAL DU PUCH(PARTI UNIFIE DES COMMUNISTES HAITIENS).PERSONNE N'A PARLE DE LUI.MEME PAS GERARD PIERRE-CHARLES.IL L'AVAIT NOMMMEMENT CITE DANS SON SUPERBE LIVRE"RADIOGRAPHIE D'UNE DICTATURE".CE QUI LAISSE A PENSER QUE D'AUTRES MEMBRES DU PARTIS ETAIENT SUR LA FEUILLE DE PAIE DE LA CIA.CERTAINES RUMEURS ONT PONTE DU DOIGT RENE THEODORE.ON A DIT QUE C'EST LUI QUI AVAIT DECLENCHE CAZALE.IL A LAISSER LE PAYS EN 1974.IL ETAIT PROTEGE PAR SON PERE DE DEPUTE DUVALIERISTE....
C'EST A NE RIEN COMPRENDRE.IL EST TOUJOURS VIVANT.IL DIVISAIT LE COMITE CENTRAL EN 2 .lES NOIRS ET LES MULATRES.AUTRE TYPE:IL S'AGIT DE FRANCK EYSSALEM.CELUI QUI A VENDU LE COMITE CENTRAL DU PUCH(PARTI UNIFIE DES COMMUNISTES HAITIENS).PERSONNE N'A PARLE DE LUI.MEME PAS GERARD PIERRE-CHARLES.IL L'AVAIT NOMMMEMENT CITE DANS SON SUPERBE LIVRE"RADIOGRAPHIE D'UNE DICTATURE".CE QUI LAISSE A PENSER QUE D'AUTRES MEMBRES DU PARTIS ETAIENT SUR LA FEUILLE DE PAIE DE LA CIA.CERTAINES RUMEURS ONT PONTE DU DOIGT RENE THEODORE.ON A DIT QUE C'EST LUI QUI AVAIT DECLENCHE CAZALE.IL A LAISSER LE PAYS EN 1974.IL ETAIT PROTEGE PAR SON PERE DE DEPUTE DUVALIERISTE....
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Re: Le Discours d’adieu du Secrétaire Général sortant du RDNP
Voila des verités sur la gauche caviar.N'avais-je pas raison de montrer a ce jeune intellectuel sa foi dans cette doctrine etait une utopie.ne m'a-t-il pas avoué lors d'un passage à New York :'ak kisa ou ta pral fè revolution"Peut-etre dans un autre pays c'eut ete possible 'après Duvalier qu'un gouvernment de gauche eusse pris le pouvoir ,mais je doute fort que les haitiens aient cette discipline pour eviter la corruption qui empecherait la cohesion au sein du parti.L'exemple de l'eclatement du FNCD prouve l'indiscipline des politiciens haitiens.
En tout cas je suis heureux qu'un autre mouvement ait pris la relève ,les altiermondistes sont ,a mon humble avis , plus pragmatiques que les communistes.
En tout cas je suis heureux qu'un autre mouvement ait pris la relève ,les altiermondistes sont ,a mon humble avis , plus pragmatiques que les communistes.
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