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Fiyèt-Lalo ou des femmes au pouvoir ?

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Fiyèt-Lalo ou  des femmes au pouvoir ? Empty Fiyèt-Lalo ou des femmes au pouvoir ?

Message  Mon Ayiti Lun 1 Oct 2007 - 9:56

Vous avez dit : Fiyèt-lalo ?
Par Natacha Clergé
clernatacha@yahoo.fr




Dans les années quarante, « Fiyèt-lalo » désignait les femmes loup-garou dans la tradition populaire haïtienne. Avec l’avènement au pouvoir de François Duvalier, le mot prend un sens politique, désignant les militantes zélées du pouvoir en place.

Il y a la composition musicale de Gesner Henri alias Coupé Cloué qui a popularisé la figure de Madan Masèl, une milicienne qui emprisonne son partenaire après des ébats amoureux. Composée de trois milles hommes au début, cette milice, appelée Volontaires de la Sécurité nationale, a été constituée par Duvalier pour contrebalancer le pouvoir de l’Armée d’Haïti.
Si Fiyèt-lalo est le terme générique pour désigner les femmes impliquées dans la dictature, il s’agit pourtant, précise Viviane Gauthier*, une ancienne candidate à la mairie de Port-au-Prince, d’un groupe spécial de femmes parmi l’ensemble des femmes qui entouraient Duvalier, groupe composé en majorité de commerçantes.
« Elles voyageaient vers la République dominicaine, Curaçao, Panama, Bahamas. Elles revendaient leurs marchandises à des magasins ou bien à des particuliers sous le contrôle de Papa Doc. Le capital investi venait de François Duvalier lui-même. Elles bénéficiaient aussi de sa protection, d’où leur attachement au gouvernement en place », explique notre interlocutrice.
Ces femmes, selon les explications de Viviane Gauthier, ont joué un rôle important dans la répression de l’attaque du 29 juillet 1958 contre le gouvernement.
« Apprenant la nouvelle, armes et couteaux en main, à l’insu de leurs partenaires, elles sont parties à l’assaut des Casernes Dessalines où se tenaient les opposants ».
Plus loin on apprend, selon les explications de Viviane Gauthier, qu’il existait des femmes cumulant deux fonctions au sein du régime duvaliériste: les miliciennes d’un côté et les « élues » de l’autre, notamment au niveau du Pouvoir législatif, inféodé par l’Exécutif. « Au niveau de la Chambre des députés, il y avait des femmes, pas en grand nombre certes ! À Hinche, il y avait Mme Ulrick Paul Blanc, à Ennery Mme Fréderic Moncoeur dite Rita, et Mme Max Adolphe à Saint-Marc, Mme Sanette Balmir à Jérémie. Ensuite, dans d’autres sphères, Lisane Prospère Hérard. Il y avait aussi Lucienne Estimé, l’épouse du président Estimé, chargée dans un premier temps de représenter la mission diplomatique haïtienne à Bruxelles en qualité de ministre plénipotentiaire, pour, plus tard, être élevée au rang d’ambassadrice ».

Une figure qui se détache de la foule
Du groupe des miliciennes se détache Rosalie Bosquet, connue sous le nom de Mme Max Adolphe, qui dirigea la milice pendant longtemps.
« Cette femme était cruelle. On raconte que, surprenant une femme au lit avec son mari, elle lui aurait brûlé le vagin. Comme tous les Volontaires de la Sécurité nationale, cette femme n’était pas un enfant de chœur », rapporte Barthélemy, 76 ans.
À l’exception de ces traces orales, souvent lapidaires, sur les femmes actrices du pouvoir des Duvalier, l’histoire écrite, plus valorisée au niveau académique, est silencieuse. Silence qui, selon l’historienne féministe Anne Dumay, vient d’une part d’un désintérêt pour l’histoire des femmes de façon globale, mais spécifiquement du rejet par le mouvement femmes haïtiennes de ces femmes qui ne sont pas des figures à récupérer, voire à valoriser. « Ces femmes n’ont pas été introduites dans le pouvoir comme des figures féminines ou dans une logique de promotion des femmes. Mais plutôt, elles étaient des adeptes fidèles d’un pouvoir basé sur l’exploitation, la violence et la terreur de la population homme ou femme », a soutenu Yolette Gentil, responsable de l’organisation Kay Fanm.

* À ne pas confondre avec la professeure de danse répondant aux mêmes prénom et nom.
vendredi 28 septembre 2007

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