Entrevue de Mirlande H. Manigat a Radio Classique Inter
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Entrevue de Mirlande H. Manigat a Radio Classique Inter
Mirlande Hyppolite Manigat, nous vous souhaitons la bienvenue sur les ondes de Radio Classique Inter.
RB : La position du RDNP a été une déclaration magistrale qui a eu un grand retentissement et qui sans exagération, on peut dire a rempli l’avant-scène politique tant en Haïti que dans la Diaspora.
Qu’est-ce qui vous a porté à exprimer cette prise de position ? Ce discours s’adresse-t-il aux gouvernants et aux leaders des partis politiques ?
MHM : D’abord sur le dernier point, cette déclaration s’adresse à tout le monde, aux gouvernants, aux gouvernés qui vivent ici et à ceux qui vivent à l’étranger et même dans une certaine mesure à la communauté internationale.
Depuis la mésaventure de l’année dernière, le leader du RDNP avait décidé et son parti avec lui, que nous allions nous abstenir de faire des déclarations, de prendre des positions qui pourraient peut être gêner l’action gouvernemental. Parce que étant des patriotes, nous ne voulions pas le malheur du pays. Nous ne voulions pas aggraver les problèmes du pays.
Cependant depuis la dernière convention du RDNP en août 2007, nous avons décidé progressivement de mettre fin à cette abstention, que nous avons librement choisie. Et de nous exprimer non pas chaque semaine, voir chaque jour. Mais de nous exprimer chaque fois que nous estimions nécessaire de nous prononcer. Et comme je l’ai rappelé, une pensée, une voix raisonnable, une voix responsable qui pourrait éclairer la population. Aider à résoudre les problèmes au lieu de les aggraver.
Or ces jours-ci, depuis quelque temps, il y a beaucoup de problèmes dans le pays. Nous aurons peut être l’occasion d’en parler, la vie chère, les inondations, etc. Les problèmes de la rentrée scolaire, pour l’éducatrice que je suis, c’est un problème majeur. Un problème récurant, à chaque rentrée scolaire, c’est un drame. Et je crois qu’il faut que la nation se penche sur cette question.
Mais ce qui domine l’actualité, c’est la question constitutionnelle et les interprétations, les manipulations, les non-dits, les annonces à peine déguisées, de certaines initiatives qui seront prises dans le but de changer la Constitution etc.
Voilà pourquoi le RDNP a décidé par ma voix de ce prononcer. Je ne sais pas si tous les auditeurs ont eu l’occasion de lire cette déclaration. Elle comporte deux partis. La première est que nous ne prenons pas position en faveur du conflit le plus visible qui oppose le conseil électoral provisoire et le gouvernement. Et nous avons expliqué pourquoi. Mais au-delà de ce conflit entre le CEP et le gouvernement, il y a d’autres questions sous-jacentes peut être encore plus importantes.
Et nous avons donc décidé de nous exprimer à ce sujet. Nous l’avons fait en terme réaliste, en terme presque professionnel. On pourrait dire que le politique, l’argumentaire politique est plus faible par rapport à l’argumentaire constitutionnel. C’est parce que, à notre avis, la question constitutionnelle est avant tout une question juridique. Mais maintenant l’usage que l’on fait de la Constitution est évidemment une question politique. Voilà les raisons pour lesquelles nous avons fait sortir ce texte.
RB : Le fait d’avoir déclaré le RDNP le principal parti d’opposition a retenu l’attention de plus d’un.
Pourquoi avez-vous voulu mettre ce point en exergue dès la première phrase de la déclaration ?
MHM : Parce que après ce qui nous est arrivé l’année dernière, beaucoup de gens disaient que, le RDNP c’est terminé. On n’en parle plus. C’était une belle aventure, mais elle est terminée etc. La convention nationale a rappelé à nos concitoyens que le RDNP existait. Ce n’est pas la première fois que nous prenons des coups. Nous avons eu d’autres coups dans le passé. Nous avons toujours remonté le courent. Effectivement nous avons remonté le courent depuis l’année dernière. Nous avons organisé cette convention qui a été un très grand succès. Et qui a attiré l’attention des observateurs. Le point suivant à savoir, le RDNP existe. Le RDNP fonctionne. Le RDNP n’est pas un parti électoraliste. Le RDNP vient d’organiser sa 8e convention, conformément à ses statuts. Donc c’est un parti qui vit. Même si ce parti s’est volontairement mis en retrait, en ce qui concerne les déclarations. Vous savez dans notre pays, malheureusement, à chacun son style, il y a des gens qui parlent chaque jour à la radio. Dans toutes les radios on entend les mêmes voix. Ce n’est pas l’habitude du RDNP. Ce n’est pas notre manière de nous exprimer. Ce n’est pas notre manière de manifester notre présence sur la scène politique. Cependant cette présence existe. Nous sommes appliqués à la consolider. D’abord en consolidant les structures du parti à travers le pays, à travers toutes les branches régionales extérieurs du pays. Je crois que maintenant le travail n’est certainement pas achevé, mais le RDNP reparaît.
Nous avons dit, principal parti d’opposition, parce que, comme vous le savez la plupart des partis qui ont participé aux élections présidentielles, législatives et locales, ont rejoint le gouvernement. Je pense qu’il y a deux ou trois partis qui ne l’ont pas fait. Nous, nous ne l’avons pas fait. Et nous n’avons pas l’intention de le faire. Mais cependant nous avons entendu depuis quelques mois, certains leaders dire, je suis le chef de l’opposition. C’est mon parti qui est le parti d’opposition. C’est pourquoi nous disons, nous n’allons pas discuter une place, sans manifester une position. Nous allons exprimer une position. Et notre position est effectivement l’opposition.
Il faut bien que nos compatriotes comprennent le style du RDNP. L’opposition pour nous est d’abord une opposition doctrinale. Elle est une opposition stratégique. Elle exprime en ce qui concerne les méthodes de gouvernement. C’est une opposition hostile à propos des résultats, ou le peu de résultat, à partir d’une stratégie qui n’est pas la notre. Vous savez qu’il y a une habitude que nous avons prise au RDNP, lors que le Comité Exécutif National du parti se réunit rigoureusement chaque samedi. Nous faisons toujours une revue de l’actualité. Nous voyons ce qui va, ce qui ne va pas. Nous analysons les problèmes. Mais nous avons une pédagogie que nous appliquons. Nous nous demandons toujours, si nous étions au pouvoir, comment nous aurions réagi ? Comment nous aurions abordé cette question ? Quelles solutions nous aurions apportées à telle situation ? J’appelle cela une pédagogie, parce que Leslie Manigat ancien Secrétaire Général a toujours mis en garde nos militants, pour qu’ils ne disent pas, « si nous étions au pouvoir le problème ne serait pas présenté ». Oui, certains ne se seraient pas présentés, parce que nous croyons que la politique est aussi une affaire de prévoyance, de préparation. D’autres qui surgissent spontanément se seraient peut être présenté. Nous nous demandons toujours comment nous aurions réagi ? Quelle position nous aurions adoptée ?
Nous ne rendons pas public le résultat de ces analyses. Ceux sont des analyses diversifiées. Chacun exprime sa position lors de ces réunions. Et parfois nous dégageons un consensus. Mais nous ne rendons pas public ce consensus.
Mais délibérément nous nous rangeons dans le camp de l’opposition. Parce que nous ne pouvons pas participer à ce gouvernement, avec lequel nous sommes en désaccord. Et je l’ai dit pour des questions idéologiques. Nous ne parlons même pas de l’origine de ce gouvernement. Car tout le monde sais ce qui s’est passé. Je l’ai rappelé dans la déclaration. Cette manipulation extraordinaire, ahurissante des votes blancs. Et je vous assure que moi qui suis constitutionnaliste, je suis en contacte avec des collègues étrangers. Et j’ai honte lorsque je leur rappelle avec un peu de sarcasme, votre histoire des votes blancs. On n’a jamais vu ça dans aucun pays. J’ai rappelé dans la note et je le rappelle maintenant verbalement, que c’est tout à fait ironique. Car c’est le Brésil qui a suggéré cette solution, cette trouvaille pour résoudre le problème. Un candidat n’a pas atteint la majorité absolue, il ne peut pas passé au premier tour, et bien répartissons les votes blancs. Et là il se trouve qu’au mois d’octobre 2006 le président Ignacio da Silva s’est présenté aux élections. Au premier tour il a eu 48,7% des voix, et les votes blancs totalisaient près de 3% des voix. Je n’ai pas les chiffres en tête, mais je me souviens que c’était près de 3%. Qu’est-ce qui s’est passé au Brésil ? Le président da Silva s’est présenté au deuxième tour.
Aussi, pour nous il ne s’agissait pas de savoir, si Leslie Manigat aurait été élu ou pas. C’est une question de principe. Et j’ai rappelé. J’ai révélé même. Je pense que beaucoup d’Haïtiens l’ignoraient. Que le Secrétaire Général des Nations Unies a appelé Leslie. Il lui a demandé, d’abord en anglais, puis en français, car il parle bien français. Il a fait une partie de ses études à l’Institut des hautes études internationales de Genève. Ils se sont parlés en français et j’ai suivi la conversation. « Monsieur Manigat, je veux avoir votre position sur la question électorale d’Haïti. » « C’est bien simple, 50% plus un, un candidat passe au premier tour. Moins de 50% plus un, il faut un second tour. » Quand le Secrétaire Général lui a dit « Je suis d’accord avec vous. Si c’est ça la loi haïtienne, nous devons respecter la loi. » Voilà ce qu’il lui a dit. Qu’est-ce qui s’est passé ? A-t-il changé d’avis ? A-t-il donné des instructions dans un autre temps ? La communauté internationale, le CEP, le gouvernement provisoire, ont allégrement suivi la suggestion du Brésil. Et ils ont réparti les votes blancs.
Alors ça pour nous, nous sommes des gens légalistes. Nous sommes partisans de la loi. Nous pensons que la raison d’état est toujours un argument spécieux et un argument dangereux. Car on peut toujours invoquer la raison d’état pour faire n’importe quoi. La raison d’état est le contraire de l’état de droit. Nous, nous sommes partisans de l’état de droit. Ce n’est pas à cause de cela seulement que nous avons décidé de ne pas participer. On a vu au nom de l’intérêt national et je l’ai rappelé dans le communiqué. Un autre parti aurait pu dire, avalons cette couleuvre et nous participons. Nous sommes en profond désaccord avec l’idéologie, avec le programme ou l’absence de programme et des méthodes de ce gouvernement.
Nous avons décidez de sortir de notre réserve et de prendre position. Encore une fois. Il ne faut pas que la communauté nationale en Haïti et à l’étranger s’attende à ce que le RDNP parle tous les jours ou même chaque semaine. S’il faut parler tous les jours nous le ferons. Mais cependant ce n’est pas notre style. Ce n’est pas notre méthode. Nous nous exprimons chaque fois que nous estimons nécessaire de le faire, compte tenu de l’intérêt national.
RB : La position du RDNP a été une déclaration magistrale qui a eu un grand retentissement et qui sans exagération, on peut dire a rempli l’avant-scène politique tant en Haïti que dans la Diaspora.
Qu’est-ce qui vous a porté à exprimer cette prise de position ? Ce discours s’adresse-t-il aux gouvernants et aux leaders des partis politiques ?
MHM : D’abord sur le dernier point, cette déclaration s’adresse à tout le monde, aux gouvernants, aux gouvernés qui vivent ici et à ceux qui vivent à l’étranger et même dans une certaine mesure à la communauté internationale.
Depuis la mésaventure de l’année dernière, le leader du RDNP avait décidé et son parti avec lui, que nous allions nous abstenir de faire des déclarations, de prendre des positions qui pourraient peut être gêner l’action gouvernemental. Parce que étant des patriotes, nous ne voulions pas le malheur du pays. Nous ne voulions pas aggraver les problèmes du pays.
Cependant depuis la dernière convention du RDNP en août 2007, nous avons décidé progressivement de mettre fin à cette abstention, que nous avons librement choisie. Et de nous exprimer non pas chaque semaine, voir chaque jour. Mais de nous exprimer chaque fois que nous estimions nécessaire de nous prononcer. Et comme je l’ai rappelé, une pensée, une voix raisonnable, une voix responsable qui pourrait éclairer la population. Aider à résoudre les problèmes au lieu de les aggraver.
Or ces jours-ci, depuis quelque temps, il y a beaucoup de problèmes dans le pays. Nous aurons peut être l’occasion d’en parler, la vie chère, les inondations, etc. Les problèmes de la rentrée scolaire, pour l’éducatrice que je suis, c’est un problème majeur. Un problème récurant, à chaque rentrée scolaire, c’est un drame. Et je crois qu’il faut que la nation se penche sur cette question.
Mais ce qui domine l’actualité, c’est la question constitutionnelle et les interprétations, les manipulations, les non-dits, les annonces à peine déguisées, de certaines initiatives qui seront prises dans le but de changer la Constitution etc.
Voilà pourquoi le RDNP a décidé par ma voix de ce prononcer. Je ne sais pas si tous les auditeurs ont eu l’occasion de lire cette déclaration. Elle comporte deux partis. La première est que nous ne prenons pas position en faveur du conflit le plus visible qui oppose le conseil électoral provisoire et le gouvernement. Et nous avons expliqué pourquoi. Mais au-delà de ce conflit entre le CEP et le gouvernement, il y a d’autres questions sous-jacentes peut être encore plus importantes.
Et nous avons donc décidé de nous exprimer à ce sujet. Nous l’avons fait en terme réaliste, en terme presque professionnel. On pourrait dire que le politique, l’argumentaire politique est plus faible par rapport à l’argumentaire constitutionnel. C’est parce que, à notre avis, la question constitutionnelle est avant tout une question juridique. Mais maintenant l’usage que l’on fait de la Constitution est évidemment une question politique. Voilà les raisons pour lesquelles nous avons fait sortir ce texte.
RB : Le fait d’avoir déclaré le RDNP le principal parti d’opposition a retenu l’attention de plus d’un.
Pourquoi avez-vous voulu mettre ce point en exergue dès la première phrase de la déclaration ?
MHM : Parce que après ce qui nous est arrivé l’année dernière, beaucoup de gens disaient que, le RDNP c’est terminé. On n’en parle plus. C’était une belle aventure, mais elle est terminée etc. La convention nationale a rappelé à nos concitoyens que le RDNP existait. Ce n’est pas la première fois que nous prenons des coups. Nous avons eu d’autres coups dans le passé. Nous avons toujours remonté le courent. Effectivement nous avons remonté le courent depuis l’année dernière. Nous avons organisé cette convention qui a été un très grand succès. Et qui a attiré l’attention des observateurs. Le point suivant à savoir, le RDNP existe. Le RDNP fonctionne. Le RDNP n’est pas un parti électoraliste. Le RDNP vient d’organiser sa 8e convention, conformément à ses statuts. Donc c’est un parti qui vit. Même si ce parti s’est volontairement mis en retrait, en ce qui concerne les déclarations. Vous savez dans notre pays, malheureusement, à chacun son style, il y a des gens qui parlent chaque jour à la radio. Dans toutes les radios on entend les mêmes voix. Ce n’est pas l’habitude du RDNP. Ce n’est pas notre manière de nous exprimer. Ce n’est pas notre manière de manifester notre présence sur la scène politique. Cependant cette présence existe. Nous sommes appliqués à la consolider. D’abord en consolidant les structures du parti à travers le pays, à travers toutes les branches régionales extérieurs du pays. Je crois que maintenant le travail n’est certainement pas achevé, mais le RDNP reparaît.
Nous avons dit, principal parti d’opposition, parce que, comme vous le savez la plupart des partis qui ont participé aux élections présidentielles, législatives et locales, ont rejoint le gouvernement. Je pense qu’il y a deux ou trois partis qui ne l’ont pas fait. Nous, nous ne l’avons pas fait. Et nous n’avons pas l’intention de le faire. Mais cependant nous avons entendu depuis quelques mois, certains leaders dire, je suis le chef de l’opposition. C’est mon parti qui est le parti d’opposition. C’est pourquoi nous disons, nous n’allons pas discuter une place, sans manifester une position. Nous allons exprimer une position. Et notre position est effectivement l’opposition.
Il faut bien que nos compatriotes comprennent le style du RDNP. L’opposition pour nous est d’abord une opposition doctrinale. Elle est une opposition stratégique. Elle exprime en ce qui concerne les méthodes de gouvernement. C’est une opposition hostile à propos des résultats, ou le peu de résultat, à partir d’une stratégie qui n’est pas la notre. Vous savez qu’il y a une habitude que nous avons prise au RDNP, lors que le Comité Exécutif National du parti se réunit rigoureusement chaque samedi. Nous faisons toujours une revue de l’actualité. Nous voyons ce qui va, ce qui ne va pas. Nous analysons les problèmes. Mais nous avons une pédagogie que nous appliquons. Nous nous demandons toujours, si nous étions au pouvoir, comment nous aurions réagi ? Comment nous aurions abordé cette question ? Quelles solutions nous aurions apportées à telle situation ? J’appelle cela une pédagogie, parce que Leslie Manigat ancien Secrétaire Général a toujours mis en garde nos militants, pour qu’ils ne disent pas, « si nous étions au pouvoir le problème ne serait pas présenté ». Oui, certains ne se seraient pas présentés, parce que nous croyons que la politique est aussi une affaire de prévoyance, de préparation. D’autres qui surgissent spontanément se seraient peut être présenté. Nous nous demandons toujours comment nous aurions réagi ? Quelle position nous aurions adoptée ?
Nous ne rendons pas public le résultat de ces analyses. Ceux sont des analyses diversifiées. Chacun exprime sa position lors de ces réunions. Et parfois nous dégageons un consensus. Mais nous ne rendons pas public ce consensus.
Mais délibérément nous nous rangeons dans le camp de l’opposition. Parce que nous ne pouvons pas participer à ce gouvernement, avec lequel nous sommes en désaccord. Et je l’ai dit pour des questions idéologiques. Nous ne parlons même pas de l’origine de ce gouvernement. Car tout le monde sais ce qui s’est passé. Je l’ai rappelé dans la déclaration. Cette manipulation extraordinaire, ahurissante des votes blancs. Et je vous assure que moi qui suis constitutionnaliste, je suis en contacte avec des collègues étrangers. Et j’ai honte lorsque je leur rappelle avec un peu de sarcasme, votre histoire des votes blancs. On n’a jamais vu ça dans aucun pays. J’ai rappelé dans la note et je le rappelle maintenant verbalement, que c’est tout à fait ironique. Car c’est le Brésil qui a suggéré cette solution, cette trouvaille pour résoudre le problème. Un candidat n’a pas atteint la majorité absolue, il ne peut pas passé au premier tour, et bien répartissons les votes blancs. Et là il se trouve qu’au mois d’octobre 2006 le président Ignacio da Silva s’est présenté aux élections. Au premier tour il a eu 48,7% des voix, et les votes blancs totalisaient près de 3% des voix. Je n’ai pas les chiffres en tête, mais je me souviens que c’était près de 3%. Qu’est-ce qui s’est passé au Brésil ? Le président da Silva s’est présenté au deuxième tour.
Aussi, pour nous il ne s’agissait pas de savoir, si Leslie Manigat aurait été élu ou pas. C’est une question de principe. Et j’ai rappelé. J’ai révélé même. Je pense que beaucoup d’Haïtiens l’ignoraient. Que le Secrétaire Général des Nations Unies a appelé Leslie. Il lui a demandé, d’abord en anglais, puis en français, car il parle bien français. Il a fait une partie de ses études à l’Institut des hautes études internationales de Genève. Ils se sont parlés en français et j’ai suivi la conversation. « Monsieur Manigat, je veux avoir votre position sur la question électorale d’Haïti. » « C’est bien simple, 50% plus un, un candidat passe au premier tour. Moins de 50% plus un, il faut un second tour. » Quand le Secrétaire Général lui a dit « Je suis d’accord avec vous. Si c’est ça la loi haïtienne, nous devons respecter la loi. » Voilà ce qu’il lui a dit. Qu’est-ce qui s’est passé ? A-t-il changé d’avis ? A-t-il donné des instructions dans un autre temps ? La communauté internationale, le CEP, le gouvernement provisoire, ont allégrement suivi la suggestion du Brésil. Et ils ont réparti les votes blancs.
Alors ça pour nous, nous sommes des gens légalistes. Nous sommes partisans de la loi. Nous pensons que la raison d’état est toujours un argument spécieux et un argument dangereux. Car on peut toujours invoquer la raison d’état pour faire n’importe quoi. La raison d’état est le contraire de l’état de droit. Nous, nous sommes partisans de l’état de droit. Ce n’est pas à cause de cela seulement que nous avons décidé de ne pas participer. On a vu au nom de l’intérêt national et je l’ai rappelé dans le communiqué. Un autre parti aurait pu dire, avalons cette couleuvre et nous participons. Nous sommes en profond désaccord avec l’idéologie, avec le programme ou l’absence de programme et des méthodes de ce gouvernement.
Nous avons décidez de sortir de notre réserve et de prendre position. Encore une fois. Il ne faut pas que la communauté nationale en Haïti et à l’étranger s’attende à ce que le RDNP parle tous les jours ou même chaque semaine. S’il faut parler tous les jours nous le ferons. Mais cependant ce n’est pas notre style. Ce n’est pas notre méthode. Nous nous exprimons chaque fois que nous estimons nécessaire de le faire, compte tenu de l’intérêt national.
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Re: Entrevue de Mirlande H. Manigat a Radio Classique Inter
RB : Les conseillers du CEP convoqués par le Parquet ont refusé de se présenter déclarant que seule la haute cour de justice peut les convoquer.
Ont-ils tort ou raison ?
MHM : Je pense qu’ils ont tort. Vous savez qu’il y a un principe fondamental en ce qui concerne le droit constitutionnel. Ce qu’on appelle le droit constitutionnel, c’est le droit de la Constitution. La Constitution du moment qui régit la vie nationale. Qui indique ce qu’il est permis de faire. Ce qui est interdit de faire. Ce que l’on doit faire. Or ce principe fondamental est le suivant. Il est simple. C’est la primauté de lettre par rapport à l’esprit. Ce qui est impératif. Ce qui s’impose. Ce qui doit être appliqué et respecté, c’est ce qui est écrit, pas l’esprit. On peut invoquer l’esprit, lors que la lettre est défaillante. C’est pourquoi une Constitution doit être bien écrite. C’est peut être un des reproche que j’adresse à cette Constitution. Or il se trouve, en ce qui concerne le recours de justice, que la Constitution s’est appliquée à donner la liste de tous ceux qui sont justifiables, tous ceux que l’on peut appeler devant cette haute cours de justice. Je le rappelle, c’est le Sénat qui est la haute cour de justice. Mais le Sénat ne peut pas s’érigé seul en haute cour de justice. Il faut qu’il attende que la chambre des députés à la majorité des 2/3 du corps mette en accusation. La liste est vraiment longue et précise. Le président, le premier ministre, les ministres, les juges de la Cour de Cassation, les protecteurs du citoyen etc. et les membres du Conseil Electoral Permanent. C’est clair !
Or on peut dire en stricte légalité constitutionnelle, nous n’avons eu qu’un seul Conseil Electoral conforme à la charte. Tous les autres sont a-constitutionnels, en dehors de la Constitution. La Constitution n’avait prévu qu’un seul.
Il y a, j’ai entendu des juristes dire, qu’on peut invoquer une approche fonctionnelle du conseil. C'est-à-dire, considérer l’action à accomplir et pas les hommes qui doivent l’accomplir, mais l’organe qui doit l’accomplir. C'est-à-dire organiser les élections. De ce fait, on dit dans ces conditions, le Conseil électoral provisoire ou permanent, les conseillers quelque ils soient, sont là pour accomplir une fonction. Donc considérons la fonction. Je ne suis absolument pas d’accord. En droit constitutionnel, c’est la lettre qui prime l’esprit. La Constitution n’a pas parlé de Conseil Electoral Provisoire. Le Conseil Electoral Provisoire est aménagé aux titres des dispositions transitoires de la Constitution. Toutes les dispositions transitoires de la Constitution sont maintenant caduques, absolument caduques. C’est très clair. Il n’y a pas de doute à ce sujet. Je crois que sur ce point précis le commissaire a bien raison de dire que ceux sont les membres du Conseil Electoral Permanent qui sont passibles de la haute cour de justice.
RB : Aujourd’hui, Préval à travers son discours a réitéré sa volonté de changer la Constitution. Il considère la constitution de 1987 comme une « grande source d’instabilité pour l’avenir du pays ». La loi mère est, pour lui, « une bonne arme pour déstabiliser les dictatures (…), mais est-elle appropriée pour stabiliser la démocratie ? »
Etes-vous de cet avis ?
MHM : Pas du tout ! J’ai écouté le discours, après coup, pas en direct. J’ai réfléchi sur les termes. De toute façon il n’a fait qu’expliciter une pensée qu’il avait déjà exprimée. D’abord la Constitution n’est pas venue pour déstabiliser les dictatures. Elle est venue après la dictature. Elle est venue pour aménager la période post-dictatoriale. Ensuite une Constitution ne saurait être contraire à la stabilité d’un pays.
Qu’est-ce qu’on appelle la stabilité d’un pays ? C’est le fonctionnement harmonieux des institutions. C’est la paix sociale. C’est le développement économique du pays. C’est une certaine convivialité entre les citoyens. C’est le respect des droits fondamentaux. C’est en particulier la sécurité. C’est une politique gouvernementale qui satisfait au moins progressivement les aspirations de la population en termes de santé, d’éducation, de sécurité, de loisir etc. C’est ça la stabilité d’un pays.
Or la Constitution dans ces propriétés là, elle est tout à fait efficace. Autrement dit ce n’est pas la Constitution qui est un facteur de déstabilisation. C’est peut être l’utilisation que l’on fait de la Constitution qui peut être une source de déstabilisation. On peut avoir une instabilité sociale, lorsque l’ordre social est menacé. Lorsque les injustices sociales sont trop criantes, que ceux qui sont les défavorisés du sort, réclament justice, réclament leurs droits. Ca, oui, on peut avoir une instabilité sociale. On peut avoir une instabilité politique, lorsque le gouvernement ne gouverne pas. Lorsque les citoyens ne sentent pas que l’Etat est là pour les protéger, pour satisfaire leurs besoins, pour assurer un minimum de confort, de condition acceptable de vie, on peut avoir l’instabilité politique. Ce n’est pas la Constitution elle-même. La Constitution peut être un recours en cas de menace contre la stabilité politique. Je crois que peut être c’est une question de vocabulaire. Je veux le croire.
Mais cependant, n’oubliez pas que moi j’attache énormément d’importance à la précision des termes. Et lorsqu’on est chef d’Etat, on doit prendre garde à cette précision des termes. Si on dit que la Constitution présente un problème, je suis la première à être d’accord. Je crois que vous savez que depuis 1995 j’avais écrit un livre dont le titre était même iconoclaste, « Plaidoyer pour une nouvelle Constitution ». Et j’avais montré toutes les failles de cette Constitution. Je vous assure que quelques années plus tard en 2007, j’aurais des raisons de ne pas écrire la livre de la même façon. Mais j’aurais encore plus de raison pour mettre à nu les failles et les impropriétés, les insuffisances, les contradictions, les ambivalences, le manque de précision grammaticale de la Constitution. Ca oui, je suis d’accord. Et tous les citoyens ont le droit de faire ce travail, de lire la Constitution, analyser cette Constitution article par article essayer de les mettre en œuvre. Et surtout observer depuis 20 ans la mise en œuvre de la Constitution. Qu’elle présente des problèmes, bien entendu, nous pouvons aisément faire la liste de ces problèmes de manière raisonnable, de manière sereine, de manière professionnelle. Je ne suis pas du tout d’accord avec cette prémisse, ou cette justification pour changer de Constitution.
Si on veut changer de Constitution, et c’est aussi mon point de vue, je reviendrai sur la question. Si on veut changer de Constitution, il ne faut pas qu’on l’accuse de ce dont elle n’est pas responsable. Elle n’est pas responsable d’une quelconque instabilité politique. Certainement pas !
RB : Nous sommes dans une impasse, comme vous l’avez expliqué. Où le mandat du CEP est limité par sa fonction et non par un terme temporel. Où la tenue des élections indirectes ne peut être autorisée que par un arrêté de l’Exécutif. Où les élections sénatoriales ne peuvent être autorisé que par une loi, mais que l’Exécutif a épuisé sa faculté de convoquer les parlementaires en session extraordinaire.
Que faire ?
MHM : Je ne pense pas que l’on ait un imbroglio. Je crois, et c’est là qu’interviennent les manœuvres politiques. Car les élections présidentielles, les législatives et les locales sont terminées. Péniblement on a laissé traîner les choses. Mais depuis les élections locales beaucoup de temps s’est écoulé. Le CEP lui-même a adressé un projet à l’Exécutif mandant de convoquer ces élections indirectes. L’Exécutif ne l’a pas fait. On peut se demander pourquoi ? Parce que écoutez, depuis 20 ans on n’a pas de Conseil Electoral Permanent. Je précise, que je ne suis pas du tout d’accord avec la manière dont la Constitution prévoit la mise sur pied du Conseil Electoral Permanent. Mais c’est ce que dit la Constitution. C’est à partir des Assemblées locales. C'est-à-dire les ASEC contribueront à la mise sur pied des Assemblées municipales. Les municipales contribuerons à la mise sur pied des Assemblées départementales. Il revient à ces départementales de contribuer les noms des conseillers parmi lesquels les 3 pouvoirs choisissent les membres de Conseil Electoral Permanent. Je dois dire que je ne suis pas d’accord. Mais c’est ce que dit la Constitution.
Or pour respecter cet échafaudage, il faut s’empresser d’organiser les élections locales. Mais l’Exécutif n’a pas voulu prendre ses responsabilités. Il ne revenait pas au CEP de dire voilà le 2 juillet, on va organiser les élections locales. Il n’a pas cette responsabilité. L’Exécutif ne l’a pas fait. Ce n’est qu’au mois d’octobre, à ce moment là, on découvre brusquement qu’il n’y a pas d’Assemblé locale. Donc on ne peut pas avoir de Conseil Electoral Permanent. Moi je crois que c’était délibéré. Cette négligence était délibérée. Ce n’était pas une négligence. Mais, c’était quelque chose de voulue. On laisse traîner les choses, jusqu’au moment où on se dit maintenant ce n’est plus possible, on n’a pas de Conseil Electoral permanent. Or c’est au Conseil Electoral Permanent d’organiser les élections du tiers du Sénat etc. Je crois que c’est une manœuvre. Et cette manœuvre il faut la dérouter !
Donc on ne se trouve pas devant un imbroglio. L’imbroglio a été voulu. On a été placé face à l’imbroglio, bien sûr. Mais jusqu'à présent si on veut organiser les élections locales ont peut encore le faire. Et on peut retarder les élections du tiers du Sénat. Comme on a l’habitude de le faire depuis 20 ans. Comme on a l’habitude de le faire dans l’histoire parlementaire. C’est une constante de l’histoire parlementaire du pays. Donc, on peut encore le faire. Ce n’est pas un imbroglio. C’est une situation voulue. Ce n’est pas un imbroglio soudain qui nous tombe sur la tête. Ceci a été voulu. Pour quelle raison ? Alors là, il faudra s’interroger. Interroger ceux qui savent peut être. Et leur demander d’expliquer à la nation, pourquoi nous sommes à la mi-octobre, nous n’avons pas d’élections locales et nous n’avons pas de Conseil Electoral Permanent ? C’est à l’Exécutif de fournir cette explication. Ce qui est certain que c’est à partir du décret électoral qu’on se rend compte qu’on n’a pas fixé de délai pour le CEP provisoire. On n’a pas dit qu’il est là pour un an ou 2 ans. On a dit qu’il est là pour organiser des élections. Ce qui signifie implicitement, que tant que vous n’aurez pas organisé toutes les élections dont vous êtes responsable, vous êtes en fonction. On a fait une allusion au tiers du Sénat dans le décret. Mais il n’a pas du tout dit qu’il reviendrait au CEP provisoire d’organiser des élections pour le tiers de Sénat. Pour les élections locales, oui, c’est absolument formel !
Ont-ils tort ou raison ?
MHM : Je pense qu’ils ont tort. Vous savez qu’il y a un principe fondamental en ce qui concerne le droit constitutionnel. Ce qu’on appelle le droit constitutionnel, c’est le droit de la Constitution. La Constitution du moment qui régit la vie nationale. Qui indique ce qu’il est permis de faire. Ce qui est interdit de faire. Ce que l’on doit faire. Or ce principe fondamental est le suivant. Il est simple. C’est la primauté de lettre par rapport à l’esprit. Ce qui est impératif. Ce qui s’impose. Ce qui doit être appliqué et respecté, c’est ce qui est écrit, pas l’esprit. On peut invoquer l’esprit, lors que la lettre est défaillante. C’est pourquoi une Constitution doit être bien écrite. C’est peut être un des reproche que j’adresse à cette Constitution. Or il se trouve, en ce qui concerne le recours de justice, que la Constitution s’est appliquée à donner la liste de tous ceux qui sont justifiables, tous ceux que l’on peut appeler devant cette haute cours de justice. Je le rappelle, c’est le Sénat qui est la haute cour de justice. Mais le Sénat ne peut pas s’érigé seul en haute cour de justice. Il faut qu’il attende que la chambre des députés à la majorité des 2/3 du corps mette en accusation. La liste est vraiment longue et précise. Le président, le premier ministre, les ministres, les juges de la Cour de Cassation, les protecteurs du citoyen etc. et les membres du Conseil Electoral Permanent. C’est clair !
Or on peut dire en stricte légalité constitutionnelle, nous n’avons eu qu’un seul Conseil Electoral conforme à la charte. Tous les autres sont a-constitutionnels, en dehors de la Constitution. La Constitution n’avait prévu qu’un seul.
Il y a, j’ai entendu des juristes dire, qu’on peut invoquer une approche fonctionnelle du conseil. C'est-à-dire, considérer l’action à accomplir et pas les hommes qui doivent l’accomplir, mais l’organe qui doit l’accomplir. C'est-à-dire organiser les élections. De ce fait, on dit dans ces conditions, le Conseil électoral provisoire ou permanent, les conseillers quelque ils soient, sont là pour accomplir une fonction. Donc considérons la fonction. Je ne suis absolument pas d’accord. En droit constitutionnel, c’est la lettre qui prime l’esprit. La Constitution n’a pas parlé de Conseil Electoral Provisoire. Le Conseil Electoral Provisoire est aménagé aux titres des dispositions transitoires de la Constitution. Toutes les dispositions transitoires de la Constitution sont maintenant caduques, absolument caduques. C’est très clair. Il n’y a pas de doute à ce sujet. Je crois que sur ce point précis le commissaire a bien raison de dire que ceux sont les membres du Conseil Electoral Permanent qui sont passibles de la haute cour de justice.
RB : Aujourd’hui, Préval à travers son discours a réitéré sa volonté de changer la Constitution. Il considère la constitution de 1987 comme une « grande source d’instabilité pour l’avenir du pays ». La loi mère est, pour lui, « une bonne arme pour déstabiliser les dictatures (…), mais est-elle appropriée pour stabiliser la démocratie ? »
Etes-vous de cet avis ?
MHM : Pas du tout ! J’ai écouté le discours, après coup, pas en direct. J’ai réfléchi sur les termes. De toute façon il n’a fait qu’expliciter une pensée qu’il avait déjà exprimée. D’abord la Constitution n’est pas venue pour déstabiliser les dictatures. Elle est venue après la dictature. Elle est venue pour aménager la période post-dictatoriale. Ensuite une Constitution ne saurait être contraire à la stabilité d’un pays.
Qu’est-ce qu’on appelle la stabilité d’un pays ? C’est le fonctionnement harmonieux des institutions. C’est la paix sociale. C’est le développement économique du pays. C’est une certaine convivialité entre les citoyens. C’est le respect des droits fondamentaux. C’est en particulier la sécurité. C’est une politique gouvernementale qui satisfait au moins progressivement les aspirations de la population en termes de santé, d’éducation, de sécurité, de loisir etc. C’est ça la stabilité d’un pays.
Or la Constitution dans ces propriétés là, elle est tout à fait efficace. Autrement dit ce n’est pas la Constitution qui est un facteur de déstabilisation. C’est peut être l’utilisation que l’on fait de la Constitution qui peut être une source de déstabilisation. On peut avoir une instabilité sociale, lorsque l’ordre social est menacé. Lorsque les injustices sociales sont trop criantes, que ceux qui sont les défavorisés du sort, réclament justice, réclament leurs droits. Ca, oui, on peut avoir une instabilité sociale. On peut avoir une instabilité politique, lorsque le gouvernement ne gouverne pas. Lorsque les citoyens ne sentent pas que l’Etat est là pour les protéger, pour satisfaire leurs besoins, pour assurer un minimum de confort, de condition acceptable de vie, on peut avoir l’instabilité politique. Ce n’est pas la Constitution elle-même. La Constitution peut être un recours en cas de menace contre la stabilité politique. Je crois que peut être c’est une question de vocabulaire. Je veux le croire.
Mais cependant, n’oubliez pas que moi j’attache énormément d’importance à la précision des termes. Et lorsqu’on est chef d’Etat, on doit prendre garde à cette précision des termes. Si on dit que la Constitution présente un problème, je suis la première à être d’accord. Je crois que vous savez que depuis 1995 j’avais écrit un livre dont le titre était même iconoclaste, « Plaidoyer pour une nouvelle Constitution ». Et j’avais montré toutes les failles de cette Constitution. Je vous assure que quelques années plus tard en 2007, j’aurais des raisons de ne pas écrire la livre de la même façon. Mais j’aurais encore plus de raison pour mettre à nu les failles et les impropriétés, les insuffisances, les contradictions, les ambivalences, le manque de précision grammaticale de la Constitution. Ca oui, je suis d’accord. Et tous les citoyens ont le droit de faire ce travail, de lire la Constitution, analyser cette Constitution article par article essayer de les mettre en œuvre. Et surtout observer depuis 20 ans la mise en œuvre de la Constitution. Qu’elle présente des problèmes, bien entendu, nous pouvons aisément faire la liste de ces problèmes de manière raisonnable, de manière sereine, de manière professionnelle. Je ne suis pas du tout d’accord avec cette prémisse, ou cette justification pour changer de Constitution.
Si on veut changer de Constitution, et c’est aussi mon point de vue, je reviendrai sur la question. Si on veut changer de Constitution, il ne faut pas qu’on l’accuse de ce dont elle n’est pas responsable. Elle n’est pas responsable d’une quelconque instabilité politique. Certainement pas !
RB : Nous sommes dans une impasse, comme vous l’avez expliqué. Où le mandat du CEP est limité par sa fonction et non par un terme temporel. Où la tenue des élections indirectes ne peut être autorisée que par un arrêté de l’Exécutif. Où les élections sénatoriales ne peuvent être autorisé que par une loi, mais que l’Exécutif a épuisé sa faculté de convoquer les parlementaires en session extraordinaire.
Que faire ?
MHM : Je ne pense pas que l’on ait un imbroglio. Je crois, et c’est là qu’interviennent les manœuvres politiques. Car les élections présidentielles, les législatives et les locales sont terminées. Péniblement on a laissé traîner les choses. Mais depuis les élections locales beaucoup de temps s’est écoulé. Le CEP lui-même a adressé un projet à l’Exécutif mandant de convoquer ces élections indirectes. L’Exécutif ne l’a pas fait. On peut se demander pourquoi ? Parce que écoutez, depuis 20 ans on n’a pas de Conseil Electoral Permanent. Je précise, que je ne suis pas du tout d’accord avec la manière dont la Constitution prévoit la mise sur pied du Conseil Electoral Permanent. Mais c’est ce que dit la Constitution. C’est à partir des Assemblées locales. C'est-à-dire les ASEC contribueront à la mise sur pied des Assemblées municipales. Les municipales contribuerons à la mise sur pied des Assemblées départementales. Il revient à ces départementales de contribuer les noms des conseillers parmi lesquels les 3 pouvoirs choisissent les membres de Conseil Electoral Permanent. Je dois dire que je ne suis pas d’accord. Mais c’est ce que dit la Constitution.
Or pour respecter cet échafaudage, il faut s’empresser d’organiser les élections locales. Mais l’Exécutif n’a pas voulu prendre ses responsabilités. Il ne revenait pas au CEP de dire voilà le 2 juillet, on va organiser les élections locales. Il n’a pas cette responsabilité. L’Exécutif ne l’a pas fait. Ce n’est qu’au mois d’octobre, à ce moment là, on découvre brusquement qu’il n’y a pas d’Assemblé locale. Donc on ne peut pas avoir de Conseil Electoral Permanent. Moi je crois que c’était délibéré. Cette négligence était délibérée. Ce n’était pas une négligence. Mais, c’était quelque chose de voulue. On laisse traîner les choses, jusqu’au moment où on se dit maintenant ce n’est plus possible, on n’a pas de Conseil Electoral permanent. Or c’est au Conseil Electoral Permanent d’organiser les élections du tiers du Sénat etc. Je crois que c’est une manœuvre. Et cette manœuvre il faut la dérouter !
Donc on ne se trouve pas devant un imbroglio. L’imbroglio a été voulu. On a été placé face à l’imbroglio, bien sûr. Mais jusqu'à présent si on veut organiser les élections locales ont peut encore le faire. Et on peut retarder les élections du tiers du Sénat. Comme on a l’habitude de le faire depuis 20 ans. Comme on a l’habitude de le faire dans l’histoire parlementaire. C’est une constante de l’histoire parlementaire du pays. Donc, on peut encore le faire. Ce n’est pas un imbroglio. C’est une situation voulue. Ce n’est pas un imbroglio soudain qui nous tombe sur la tête. Ceci a été voulu. Pour quelle raison ? Alors là, il faudra s’interroger. Interroger ceux qui savent peut être. Et leur demander d’expliquer à la nation, pourquoi nous sommes à la mi-octobre, nous n’avons pas d’élections locales et nous n’avons pas de Conseil Electoral Permanent ? C’est à l’Exécutif de fournir cette explication. Ce qui est certain que c’est à partir du décret électoral qu’on se rend compte qu’on n’a pas fixé de délai pour le CEP provisoire. On n’a pas dit qu’il est là pour un an ou 2 ans. On a dit qu’il est là pour organiser des élections. Ce qui signifie implicitement, que tant que vous n’aurez pas organisé toutes les élections dont vous êtes responsable, vous êtes en fonction. On a fait une allusion au tiers du Sénat dans le décret. Mais il n’a pas du tout dit qu’il reviendrait au CEP provisoire d’organiser des élections pour le tiers de Sénat. Pour les élections locales, oui, c’est absolument formel !
piporiko- Super Star
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Re: Entrevue de Mirlande H. Manigat a Radio Classique Inter
RB : Préval, selon ce qu’on m’a été rapporté, a demandé aux différents secteurs de lui proposer des délégués pour un replâtrage du CEP actuel.
Quelle interprétation faites-vous de cette proposition ?
MHM : Il y a eu un ballon d’essai, il y a quelques jours. Un ministre porte-parole du gouvernement, disons qu’il a deux chapeaux, donc deux autorités, qu’il assumait une double responsabilité, a déclaré que le président s’est réuni avec quelques partis politiques et on a décidé de mettre fin au mandat du CEP provisoire. Il y a eu pas mal de protestations venant de différents secteurs. Il ne fallait pas le faire. Et les raisons, derrière cette protestation, étaient très intéressantes à analyser. A ce moment là on fait marche arrière. On n’a jamais dit que le mandat avait pris fin. Simplement on a constaté ceci cela etc.
Aujourd’hui on s’attendait à ce qu’on dise ce qui a été décidé. On n’en parle pas. Le CEP ne sait pas à quelle sauce il sera mangé. On ne sait pas s’il sera mangé. On ne sait pas non plus si on va les contraindre à la démission. On ne sait pas non plus si on va prolonger leur mandat. Si on va enlever certains membres et demander aux organismes qui les avaient désignés d’en désigner d’autres etc. Ceux sont des palinodies. Je pense, que pour ma part, si j’étais membre de ce CEP, je démissionne. Mais je suis moi. Je ne suis pas membre du CEP. Mais les gens ne démissionnent pas facilement sur des questions politiques pareilles. Ils attendent qu’on les mette à la porte. Qu’on les contraigne. Qu’on les force à la démission. On ne sait pas. Je suis au même point que vous. J’ignore ce qui va se passer.
RB : Comment cette impasse électorale est perçue d’une part par la classe politique et de l’autre par le public en général ?
MHM : La classe politique il faut distinguer, ceux qui sont dans le gouvernement, ceux qui ont reçu des postes lucratifs dans le gouvernement, ceux qui sont des partis qui participent au gouvernement, ils sont tous d’accord. Mais certains d’entre eux avec un certain bémol. Ils trouvent peut être que la manière n’est pas bonne. La substance n’y est pas. Le moment est inopportun etc. Il y en a qui approuve avec enthousiasme, parce qu’il y va de leurs intérêts personnels. Il y a des secteurs qui, comme moi, se demandent ce qui se passe. Ceux sont des secteurs qui sont disposés à écouter avec une complaisance préalable les explications que le gouvernement offre. Et il y en a d’autres qui sont carrément hostiles. Dans l’opinion publique, je pense que, il y a une telle lassitude dans la population, car ses différents problèmes sont énormes.
J’ai entendu aujourd’hui dans une libre tribune une dame qui dit, qu’elle a appris que le baril de pétrole a atteint $86.00. Et il y a des gens qui disent qu’il arrivera à $100.00. S’il arrive à $100,00 comment va-t-on payer la gazoline, le gasoil ? Qu’est-ce que les chauffeurs de taxi, vont nous demander pour une course. Il y a des gens dans la population qui même peu éduqués qui suivent même l’actualité internationale. Et qui traduisent en des termes accablants pour eux cette actualité internationale. Mais de manière plus directe plus concrète, il y a les inondations. Nous sommes encore dans une période dangereuse qui va jusqu'à fin novembre. Nous pouvons non seulement avoir l’effet de pluies, mais aussi des effets de cyclone. Nous sommes malheureusement dans une zone. Ce n’est pas une malédiction, mais ceux sont les effets de la position géographique.
La rentrée vient de s’achever. Et ça a été une catastrophe. Moi je dis à mes compatriotes, vous qui m’écoutez à l’extérieur, je suis une institutrice. Je travail au niveau de l’enseignement supérieur. Mais tous les échelons sont pour moi un problème. Voilà des années que je m’applique à étudier ces problèmes. Et en outre je fais parti d’un parti politique qui aspire à gouverner un jour. Nous nous disons voilà le passif que nous allons hériter. Voilà la situation qui s’aggrave chaque année.
Cette année j’ai écouté le témoignage le plus tragique que je n’ai jamais entendu à la libre tribune. Une femme qui parlait du coup de la rentrée scolaire, les livres, les uniformes, les droits d’inscription que réclame les écoles, sans aucun contrôle de l’Etat. Voilà la solution qu’elle a adoptée. Elle a dit ceci, « J’ai 3 enfants. Je ne peux pas les envoyer tous à l’école en même temps. En octobre j’envoie un. Je le retire en décembre. En janvier j’envoie un deuxième. Il fera 3 mois. En mars je le retire. En avril j’envoie le 3e. C’est ça. C’est cette conclusion qui pour elle est la solution. Et c’est ça le plus tragique. Elle a dit que chaque enfant aurait eu son temps d’école. C’est certainement une femme analphabète. Qui cependant veut que ses enfants soient éduqués. Il y a un besoin d’éducation dans ce pays qui est quelque chose d’extraordinaire. Moi je dis à nos compatriotes de l’étranger qui assure le vivre quotidien de parents en Haïti, ils doivent prêter attention aux problèmes d’éducation. Car dans toutes les couches sociales et en particulier du coté de ceux qui n’ont jamais été à l’école. Il y a un besoin d’éducation qui est extraordinaire. Pour satisfaire ce besoin d’éducation, pas pour elle-même, pour ses enfants, voilà la solution. Moi je n’aurais pas le courage, si je l’avais en face de moi, pour lui dire que madame ce que vous venez de dire n’a aucun sens. Chaque enfant ne peut passer seulement 3 mois à l’école. Car j’aurais peur de la plonger dans le désespoir. Cependant mois en tant que citoyenne, en tant que responsable politique, j’ai été abasourdie par ce témoignage qui pour moi est le témoignage le plus émouvant, le plus tragiquement émouvant que j’ai entendu.
Donc la population haïtienne, elle se bat pour vivre, pour survivre. Quand on dit, par exemple, je l’ai lu dans les journaux, qu’il y a près de deux millions de téléphones cellulaires. On peut conclure qu’il y a ce vernis de modernité dans le pays dans un océan de sous-développement. Les gens qui ont le téléphone portable, bon marché en Haïti, ce n’est pas le téléphone qui coûte cher, ceux sont les cartes qui coûtent chers. Ca ne veut rien dire. Certaines compagnies dans leur émulation permettent des appels sans charge. Les gens ont ces téléphones parce que la Téléco ne satisfait pas la clientèle. J’ai un téléphone Téléco chez moi qui ne marche pas depuis quatre mois. Allez voir, si j’avais besoin d’une nouvelle ligne. Si vous observez bien, dans les rues de Port-au-Prince vous verrez des tas de gens avec des téléphones qui sont des cabines téléphoniques ambulantes. C’est une particularité de la ville de Port-au-Prince. Mais attention ça ne doit pas tromper. Ceux sont des petites touches de modernité dans un océan de sous-développement.
Le sous-développement, la misère chez nous c’est quelque chose d’effrayant. Vous allez dans certaines régions du pays, vous voyez des enfants avec la peau du ventre tendue, vous voyez des femmes vieillies avant l’age. Vous voyez des femmes qui meurent en couche par manque de médicament et d’infirmière etc. Vous vous demandez, mais dans quel pays sommes-nous ? Est-ce que c’est ça mon pays. C’est quoi la solidarité nationale ? C’est quoi l’égalité citoyenne ? Pourquoi moi je peux vivre normalement. Ma fille, mes petits enfants peuvent aller à l’école. Pourquoi tous les enfants du pays ne peuvent pas aller à l’école ? Ce n’est pas un excès de sensiblerie. Mais la misère vous la voyez ! Vous la palper ! Vous l’entendez chez nous ! La population, elle s’occupe surtout de ça. Elle s’occupe des moyens à trouver pour survivre. Les libres tribunes permettent aux citoyens de s’exprimer. Il y en a qui appellent. Mais cependant la priorité des citoyens n’est pas la politique. Et c’est dommage. Parce que pour résoudre ces problèmes sociaux il faut nécessairement passer par un changement.
RB : Quel est le comportement du milieu international face à cette impasse électorale ?
MHM : Ca, je ne sais pas.
RB : Comment le remplacement ou l’amendement de la constitution est perçue d’une part par la classe politique et de l’autre par le public en général ?
MHM : L’alternative quand on l’explique la population peut comprendre. Qu’est-ce que c’est qu’un amendement ? Qu’est-ce que c’est qu’une nouvelle Constitution. Mais comment elle est perçue ? Il y a des éléments de la classe politique qui sont pour l’amendement, pas à n’importe quel moment. Il y en a qui disent qu’il faut suivre ce qui est prescrit par la Constitution, Il y en a qui ne se soucient pas.
Quant à la communauté internationale, je ne sais pas ce qu’elle pense. Elle peut, peut être, estimer que ceux sont des joutes intellectuelles qui sont par-dessus des problèmes réels. C’est possible. Quand la Constitution a été élaborée, je me souviens qu’il y avait des membres de la communauté internationale qui disaient, quand même que c’était un lux constitutionnel. Les ambassadeurs parlent à certains hommes politiques qui les fréquentent. Ils ne s’expriment pas publiquement.
RB : Maintenant que vous avez déclaré le RDNP le principal parti d’opposition, le RDNP va-t-il sortir de la réserve qu’il s’est imposé, pour devenir un parti d’opposition à plein-temps ?
MHM : Ca bien sûr, comme je vous l’ai dit! Oui, c’est l’affirmation d’une position. Mais nous ne ferons pas une opposition systématique. Si quelque chose est fait bien. Ce n’est pas à nous d’applaudir. Je ne vais pas non plus décrier. Tout n’est pas mauvais. Quand même il y a des hommes au sein de ce gouvernement qui sont certainement patriotes, sensibles à la misère du peuple et compétents. Cependant c’est une politique globale qui manque. C’est une stratégie qui manque. C’est le fait que nous ne savons pas où nous allons. Nous avons beau être dans l’opposition, nous sommes des citoyens haïtiens. Donc nous sommes concernés par le sort du pays. Parce que la manière dont on conduit le pays, nous affecte aussi, comme individu, comme groupe et affecte globalement le destin du pays. Donc nous ne pouvons pas être indifférents. Nous observons. Croyez moi, nous observons je dirais de manière professionnelle. Vous savez l’Angleterre avait la pratique du « shadow cabinet ». Il y a un gouvernement établi et le parti d’opposition a un cabinet fantôme. Mal nommé d’ailleurs. Parce que le fantôme ne se manifeste pas. Dans la Caraïbe anglaise, on a le model du Westminster. Je crois que c’est très bien. Cela signifie qu’au sein du parti d’opposition, il y a des hommes des groupes spécialisés, chargés de suivre de manière professionnelle l’action gouvernementale et d’apporter éventuellement la critique. Nous n’avons pas au sein du RDNP un « shadow cabinet ». Mais cependant nous nous appliquons à observer de manière professionnelle, la compilation des dossiers, à partir des tournés que nous effectuons dans les provinces pour recueillir les réactions de la population. Et c’est à partir de cela que nous pensons que nous pouvons faire une étude. D’une part si nous devons critiquer une attitude, une décision, une orientation, nous le faisons qu’à bon escient. De l’autre nous nous préparons à ne pas commettre les mêmes erreurs.
Quelle interprétation faites-vous de cette proposition ?
MHM : Il y a eu un ballon d’essai, il y a quelques jours. Un ministre porte-parole du gouvernement, disons qu’il a deux chapeaux, donc deux autorités, qu’il assumait une double responsabilité, a déclaré que le président s’est réuni avec quelques partis politiques et on a décidé de mettre fin au mandat du CEP provisoire. Il y a eu pas mal de protestations venant de différents secteurs. Il ne fallait pas le faire. Et les raisons, derrière cette protestation, étaient très intéressantes à analyser. A ce moment là on fait marche arrière. On n’a jamais dit que le mandat avait pris fin. Simplement on a constaté ceci cela etc.
Aujourd’hui on s’attendait à ce qu’on dise ce qui a été décidé. On n’en parle pas. Le CEP ne sait pas à quelle sauce il sera mangé. On ne sait pas s’il sera mangé. On ne sait pas non plus si on va les contraindre à la démission. On ne sait pas non plus si on va prolonger leur mandat. Si on va enlever certains membres et demander aux organismes qui les avaient désignés d’en désigner d’autres etc. Ceux sont des palinodies. Je pense, que pour ma part, si j’étais membre de ce CEP, je démissionne. Mais je suis moi. Je ne suis pas membre du CEP. Mais les gens ne démissionnent pas facilement sur des questions politiques pareilles. Ils attendent qu’on les mette à la porte. Qu’on les contraigne. Qu’on les force à la démission. On ne sait pas. Je suis au même point que vous. J’ignore ce qui va se passer.
RB : Comment cette impasse électorale est perçue d’une part par la classe politique et de l’autre par le public en général ?
MHM : La classe politique il faut distinguer, ceux qui sont dans le gouvernement, ceux qui ont reçu des postes lucratifs dans le gouvernement, ceux qui sont des partis qui participent au gouvernement, ils sont tous d’accord. Mais certains d’entre eux avec un certain bémol. Ils trouvent peut être que la manière n’est pas bonne. La substance n’y est pas. Le moment est inopportun etc. Il y en a qui approuve avec enthousiasme, parce qu’il y va de leurs intérêts personnels. Il y a des secteurs qui, comme moi, se demandent ce qui se passe. Ceux sont des secteurs qui sont disposés à écouter avec une complaisance préalable les explications que le gouvernement offre. Et il y en a d’autres qui sont carrément hostiles. Dans l’opinion publique, je pense que, il y a une telle lassitude dans la population, car ses différents problèmes sont énormes.
J’ai entendu aujourd’hui dans une libre tribune une dame qui dit, qu’elle a appris que le baril de pétrole a atteint $86.00. Et il y a des gens qui disent qu’il arrivera à $100.00. S’il arrive à $100,00 comment va-t-on payer la gazoline, le gasoil ? Qu’est-ce que les chauffeurs de taxi, vont nous demander pour une course. Il y a des gens dans la population qui même peu éduqués qui suivent même l’actualité internationale. Et qui traduisent en des termes accablants pour eux cette actualité internationale. Mais de manière plus directe plus concrète, il y a les inondations. Nous sommes encore dans une période dangereuse qui va jusqu'à fin novembre. Nous pouvons non seulement avoir l’effet de pluies, mais aussi des effets de cyclone. Nous sommes malheureusement dans une zone. Ce n’est pas une malédiction, mais ceux sont les effets de la position géographique.
La rentrée vient de s’achever. Et ça a été une catastrophe. Moi je dis à mes compatriotes, vous qui m’écoutez à l’extérieur, je suis une institutrice. Je travail au niveau de l’enseignement supérieur. Mais tous les échelons sont pour moi un problème. Voilà des années que je m’applique à étudier ces problèmes. Et en outre je fais parti d’un parti politique qui aspire à gouverner un jour. Nous nous disons voilà le passif que nous allons hériter. Voilà la situation qui s’aggrave chaque année.
Cette année j’ai écouté le témoignage le plus tragique que je n’ai jamais entendu à la libre tribune. Une femme qui parlait du coup de la rentrée scolaire, les livres, les uniformes, les droits d’inscription que réclame les écoles, sans aucun contrôle de l’Etat. Voilà la solution qu’elle a adoptée. Elle a dit ceci, « J’ai 3 enfants. Je ne peux pas les envoyer tous à l’école en même temps. En octobre j’envoie un. Je le retire en décembre. En janvier j’envoie un deuxième. Il fera 3 mois. En mars je le retire. En avril j’envoie le 3e. C’est ça. C’est cette conclusion qui pour elle est la solution. Et c’est ça le plus tragique. Elle a dit que chaque enfant aurait eu son temps d’école. C’est certainement une femme analphabète. Qui cependant veut que ses enfants soient éduqués. Il y a un besoin d’éducation dans ce pays qui est quelque chose d’extraordinaire. Moi je dis à nos compatriotes de l’étranger qui assure le vivre quotidien de parents en Haïti, ils doivent prêter attention aux problèmes d’éducation. Car dans toutes les couches sociales et en particulier du coté de ceux qui n’ont jamais été à l’école. Il y a un besoin d’éducation qui est extraordinaire. Pour satisfaire ce besoin d’éducation, pas pour elle-même, pour ses enfants, voilà la solution. Moi je n’aurais pas le courage, si je l’avais en face de moi, pour lui dire que madame ce que vous venez de dire n’a aucun sens. Chaque enfant ne peut passer seulement 3 mois à l’école. Car j’aurais peur de la plonger dans le désespoir. Cependant mois en tant que citoyenne, en tant que responsable politique, j’ai été abasourdie par ce témoignage qui pour moi est le témoignage le plus émouvant, le plus tragiquement émouvant que j’ai entendu.
Donc la population haïtienne, elle se bat pour vivre, pour survivre. Quand on dit, par exemple, je l’ai lu dans les journaux, qu’il y a près de deux millions de téléphones cellulaires. On peut conclure qu’il y a ce vernis de modernité dans le pays dans un océan de sous-développement. Les gens qui ont le téléphone portable, bon marché en Haïti, ce n’est pas le téléphone qui coûte cher, ceux sont les cartes qui coûtent chers. Ca ne veut rien dire. Certaines compagnies dans leur émulation permettent des appels sans charge. Les gens ont ces téléphones parce que la Téléco ne satisfait pas la clientèle. J’ai un téléphone Téléco chez moi qui ne marche pas depuis quatre mois. Allez voir, si j’avais besoin d’une nouvelle ligne. Si vous observez bien, dans les rues de Port-au-Prince vous verrez des tas de gens avec des téléphones qui sont des cabines téléphoniques ambulantes. C’est une particularité de la ville de Port-au-Prince. Mais attention ça ne doit pas tromper. Ceux sont des petites touches de modernité dans un océan de sous-développement.
Le sous-développement, la misère chez nous c’est quelque chose d’effrayant. Vous allez dans certaines régions du pays, vous voyez des enfants avec la peau du ventre tendue, vous voyez des femmes vieillies avant l’age. Vous voyez des femmes qui meurent en couche par manque de médicament et d’infirmière etc. Vous vous demandez, mais dans quel pays sommes-nous ? Est-ce que c’est ça mon pays. C’est quoi la solidarité nationale ? C’est quoi l’égalité citoyenne ? Pourquoi moi je peux vivre normalement. Ma fille, mes petits enfants peuvent aller à l’école. Pourquoi tous les enfants du pays ne peuvent pas aller à l’école ? Ce n’est pas un excès de sensiblerie. Mais la misère vous la voyez ! Vous la palper ! Vous l’entendez chez nous ! La population, elle s’occupe surtout de ça. Elle s’occupe des moyens à trouver pour survivre. Les libres tribunes permettent aux citoyens de s’exprimer. Il y en a qui appellent. Mais cependant la priorité des citoyens n’est pas la politique. Et c’est dommage. Parce que pour résoudre ces problèmes sociaux il faut nécessairement passer par un changement.
RB : Quel est le comportement du milieu international face à cette impasse électorale ?
MHM : Ca, je ne sais pas.
RB : Comment le remplacement ou l’amendement de la constitution est perçue d’une part par la classe politique et de l’autre par le public en général ?
MHM : L’alternative quand on l’explique la population peut comprendre. Qu’est-ce que c’est qu’un amendement ? Qu’est-ce que c’est qu’une nouvelle Constitution. Mais comment elle est perçue ? Il y a des éléments de la classe politique qui sont pour l’amendement, pas à n’importe quel moment. Il y en a qui disent qu’il faut suivre ce qui est prescrit par la Constitution, Il y en a qui ne se soucient pas.
Quant à la communauté internationale, je ne sais pas ce qu’elle pense. Elle peut, peut être, estimer que ceux sont des joutes intellectuelles qui sont par-dessus des problèmes réels. C’est possible. Quand la Constitution a été élaborée, je me souviens qu’il y avait des membres de la communauté internationale qui disaient, quand même que c’était un lux constitutionnel. Les ambassadeurs parlent à certains hommes politiques qui les fréquentent. Ils ne s’expriment pas publiquement.
RB : Maintenant que vous avez déclaré le RDNP le principal parti d’opposition, le RDNP va-t-il sortir de la réserve qu’il s’est imposé, pour devenir un parti d’opposition à plein-temps ?
MHM : Ca bien sûr, comme je vous l’ai dit! Oui, c’est l’affirmation d’une position. Mais nous ne ferons pas une opposition systématique. Si quelque chose est fait bien. Ce n’est pas à nous d’applaudir. Je ne vais pas non plus décrier. Tout n’est pas mauvais. Quand même il y a des hommes au sein de ce gouvernement qui sont certainement patriotes, sensibles à la misère du peuple et compétents. Cependant c’est une politique globale qui manque. C’est une stratégie qui manque. C’est le fait que nous ne savons pas où nous allons. Nous avons beau être dans l’opposition, nous sommes des citoyens haïtiens. Donc nous sommes concernés par le sort du pays. Parce que la manière dont on conduit le pays, nous affecte aussi, comme individu, comme groupe et affecte globalement le destin du pays. Donc nous ne pouvons pas être indifférents. Nous observons. Croyez moi, nous observons je dirais de manière professionnelle. Vous savez l’Angleterre avait la pratique du « shadow cabinet ». Il y a un gouvernement établi et le parti d’opposition a un cabinet fantôme. Mal nommé d’ailleurs. Parce que le fantôme ne se manifeste pas. Dans la Caraïbe anglaise, on a le model du Westminster. Je crois que c’est très bien. Cela signifie qu’au sein du parti d’opposition, il y a des hommes des groupes spécialisés, chargés de suivre de manière professionnelle l’action gouvernementale et d’apporter éventuellement la critique. Nous n’avons pas au sein du RDNP un « shadow cabinet ». Mais cependant nous nous appliquons à observer de manière professionnelle, la compilation des dossiers, à partir des tournés que nous effectuons dans les provinces pour recueillir les réactions de la population. Et c’est à partir de cela que nous pensons que nous pouvons faire une étude. D’une part si nous devons critiquer une attitude, une décision, une orientation, nous le faisons qu’à bon escient. De l’autre nous nous préparons à ne pas commettre les mêmes erreurs.
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Re: Entrevue de Mirlande H. Manigat a Radio Classique Inter
RB : Au seuil de cette crise, il y a-t-il d’autres partis qui sont prêts à reprendre la lutte politique ?
MHM : Ca, je ne sais pas. Il se dessine un certain conformisme, une prédisposition à accepter les solutions qui seront proposées. Lutte politique de l’intensité de celle de 2003-2004, je ne l’aperçois pas ça encore. Ce n’était pas seulement une lutte de partis, mais il y avait une grande partie de la population qui était mobilisée. Un parti qui n’est pas capable d’entreprendre de mobiliser la population dans ce genre de lutte, il vaut mieux pour lui de ne pas entreprendre cette lutte ouverte. Nous ne sommes pas nous du RDNP dans une phase de lutte ouverte. C'est-à-dire avec des manifestation de rue etc. Non ! Je crois que l’opposition que nous menons est plus constructive, parce qu’elle n’est pas fondée seulement sur la critique. Elle est fondée surtout sur la recherche d’alternative.
RB : Les luttes anti-corruption, anti-drogue etc. lancées par le gouvernement ont-elles déjà un effet perceptible ? Sont-elles des moyens de revanche comme disent certains ?
MHM : Perceptibles non. Parce que les institutions qui ont été mises en place ont préparé des rapports. Ont publié des noms. Les dirigeants de ces institutions disent eux-mêmes que personne n’a jamais été arrêté. Parce que la lutte contre la corruption veut dire quoi ? La recherche et la mise en jeu de mécanismes de détection des méthodes de corruption des corrupteurs et des corrompus. Cela veut dire le développement de dossiers fiables, preuves à l’appui bien documentés.
La mise en branle de l’appareil de justice. Autrement dit une lutte anti-corruption demeure stérile, si elle n’aboutit pas à l’arrestation et au jugement des coupables. Et lorsque certaines personnes sont arrêtées, malheureusement pour ceux qui sont arrêtées, les avocats de ces personnes là ont beau jeu de démontrer que ce qui a été fait, est mal fait, Que ce n’est pas conforme au droit. Que le dossier n’est pas documenté etc. Il y a des gens qui sont encore en prison. Qui sont arrêtés sans être inculpés, et voir jugés. C’est ce qui alimente l’opinion selon laquelle, il s’agit plutôt d’actes revanchards, politiquement revanchards. La lutte contre la corruption a été annoncée de manière tonitruante. Les faibles résultats permettent de se demander à quoi ça va aboutir ? On est en train de brasser de l’air. Il y a aussi des coupables qui sont bien protégés. Qui ne seront pas inquiétés, parce qu’ils ont la protection politique. Tandis que les petits poissons seront arrêtés. C’est sûr que les deux organismes l’ULCC et l’UCREF ont établit un dossier. Ils ont fait des rapports dénonçant, preuve à l’appui, des cas de corruption au sein de l’Etat. Et ces gens ne sont pas arrêtés. Il y a eu des bavures, qui n’ont pas été réparées. Mais, il y a des gens dénoncés qui n’ont pas été arrêtés. Donc cette lutte manque de crédibilité. Car elle devait obéir tout de même à une certaine condition, à une certaine stratégie surtout, pour déboucher sur du concret. On ne le voit pas.
RB : On vient de renouveler le mandat de la Minustah pour un an. Quelles sont les nouvelles perspectives qu’offre le remplaçant d’Edmond Mulet ?
MHM : Il ne s’agit pas du remplacement d’Edmond Mulet. Le renouvellement est assez fraîchement accueilli à ma vue. Nous, notre position est claire. Nous estimons que la présence de troupes militaires étrangers dans un pays est contraire à l’exercice de la souveraineté nationale. Vous savez que j’ai été invitée par une université à Brasilia, la capitale du Brésil. Les étudiants voulaient savoir. Les étudiants en tant que citoyens brésiliens, demandent qu’est-ce que leur pays est en train de faire en Haïti ? Ils ont cru que la Minustah était une affaire haïtienne, une affaire onusienne. Mais c’était aussi une affaire brésilienne. Moi je leur ai dit ceci. Ils me disent, que notre gouvernement nous dit que nous voulons aider Haïti. Je leur ai dit, écoutez, mon gouvernement veut vous aider. Que diriez-vous si dans les rues de Brasilia, vous voyez des chars blindés ? Et sur ces chars vous voyez des soldats avec des mines patibulaires, casques, gilets pare-balle, bottes et fusils mitrailleuses à l’appui, qu’est-ce que vous diriez ? Diriez-vous que mon gouvernement est en train de vous aider ? Diriez-vous que mon gouvernement participe à une occupation militaire ? Je n’ai rien individuellement contre les soldats. Mais ceux sont des soldats. Dans tous les pays du monde, l’armée, les soldats ne frayent pas avec la population du pays. Pourquoi ? Parce que le soldat est entraîné pour faire la guerre. Celui qui a des contacts avec la population civile, peut être souriant, serviable, c’est le policier, pas le soldat. Moi ça m’est égale que le soldat sourit ou ne sourit pas. Il n’est pas là pour sourire. Il n’a pas été entraîné pour sourire. Il est là pour faire la guerre. On le place sur un char qui déambule dans les rues de Port-au-Prince. Il regarde la population avec méfiance, et la population aussi. Dans certaines régions du pays, les rapports sont plus souples. A Port-au-Prince, ils se regardent population et soldat. On ne peut pas dire qu’il existe entre eux un contact convivial. Donc c’est une occupation militaire. Que cette occupation ait été demandée par le gouvernement du pays, c’est déjà très grave. Mais que les Nations Unies ait utilisé le chapitre VII de la charte, qui donne au Conseil de Sécurité le pouvoir coercitif. C’est-à-dire que le Conseil de Sécurité peut prendre n’importe quelle décision et tout le monde est obligé de ce plier, d’accepter, y compris un petit pays comme Haïti. C’est une aberration. C’est un abus. C’est une question de rapport de force.
Regardez ce qui se passe au Soudan, où il y a un génocide. Qu’est-ce qui se passe ? Pendant longtemps le gouvernement soudanais a refusé la présence des troupes de l’ONU. Pourquoi le Conseil de Sécurité n’a jamais utilisé le chapitre VII de la charte. Finalement le Soudan accepte, mais des troupes ONU d’Union Africaine. Ce qu’il y a de plus extraordinaire dans tout ça, c’est que les troupes ne viendront qu’au mois de décembre. Le Soudan dit d’accord, j’accepte, mais en décembre. Entre temps les gens peuvent continuer à mourir. Et en Haïti, il n’y a pas eu de génocide. Le pays n’était pas en guerre. Le Nord ne se battait pas contre le Sud. Cependant on nous envoie la Minustah. C’est la 6e opération des Nations Unies en Haïti. C’est un fait accompli. C’est une question de rapport de force. Nous n’avons pas les moyens de lutter par la force contre les Nations Unies. Et comme nous sommes des gens responsables et raisonnables, nous ne pouvons pas non plus demander l’enlèvement brusque de toutes les forces de la Minustah militaires et policières. Car sans doute le pays serait exposé à un certain chaos. Mais nous réclamons. Mon mari a l’habitude d’utiliser une expression anglaise « phasing out ». C'est-à-dire un plan de retrait. Nous réclamons de la Minustah un plan de retrait, remplaçant les soldats de la Minustah par des soldats d’une force nationale. Or, brusquement il y a eu cette résolution adoptée à l’unanimité, du Conseil de Sécurité. Alors qu’il y a quelques mois la Chine faisait du chantage, cette résolution a été adoptée à l’unanimité. Peut être, même sans aucun débat. On augmente même le nombre des militaires. On augmente le nombre des policiers. Et brusquement la nation apprend qu’ils sont là encore pour un an. Voilà le drame. Le gouvernement n’a pas de plan pour le retrait des forces de la Minustah et le remplacement de ces forces par une force nationale.
L’année dernière un budget a été voté. Dans le budget une somme a été prévue pour l’étude de faisabilité de la création d’une force nationale. Rien n’a été fait. On vient de créer à grand renfort de publicité une commission sur la sécurité. On n’en parle pas non plus de cette force. Il y a des parlementaires qui s’insurgent contre cela. Il y a des partis politiques qui prennent position. Ecoutez, pendant combien de temps ils seront là ? A qui reviendra la responsabilité de dire, le pays maintenant peut se passer de la Minustah. Peut assurer complètement la sécurité des vies et des biens, donc la Minustah peut partir. Ce ne sera jamais comme cela. Ca ne peut pas l’être. Il faut un retrait progressif. Et nous, nous disons que nous sommes internationaliste. Nous croyons à la solidarité internationale. Nous avons besoin de l’aide internationale. Nous avons besoin non pas de l’ONU seulement. Nous avons besoin de tous les systèmes des Nations Unies. C'est-à-dire, de l’aide que peuvent nous apporter les institutions spécialisées des Nations Unies. Qu’il s’agit de la Banque Mondiale, de l’UNESCO, de l’OMS, de la FAO etc. Nous avons besoin de cette aide. Il y a une antenne chargée de coordonnées des activités des structures spécialisées des Nations Unies. C’est ça que nous aimerions avoir des Nations Unies. C’est cette image que nous aimerions avoir des Nations Unies dans le pays. C’est la position du RDNP.
Mais alors le pays se dit on n’a pas les moyens. Ils sont là, ils vont rester. Si le gouvernement lui-même, qui est chargé d’assurer et de défendre l’intérêt national, ne dit rien à ce sujet, ceux ne sont pas les citoyens qui vont lutter contre les chars des Nations Unies. Je voudrais demander à mes compatriotes de l’étranger, ceux qui ont fait le voyage en Haïti, mais surtout ceux qui n’ont pas encore fait le voyage en Haïti, je leur demanderais d’imaginer cela que dans les rues de Port-au-Prince, vous circulez, vous croisez des chars. Or des chars ceux sont des véhicules de guerre. Ce ne sont pas des véhicules de paix. Le pays n’est en guerre avec personne. Cependant l’ONU manifeste sa présence avec des instruments de guerre.
RB : Nous sommes arrivés à la fin de l’entrevue. Je vous remercie d’une participation grandiose, géniale et extraordinaire, comme d’habitude.
MHM : J’ai l’impression que je n’ai pas dit assez.
RB : Si vous voulez continuer, vogue la galère !
MHM : Non, non je ne dis pas cela. Je vous remercie. Vous savez que mon métier d’enseignant m’amène toujours à vouloir expliquer les choses, d’introduire des précisions, des nuances etc. Donc, chaque fois que je donne une entrevue, je ne suis jamais totalement satisfaite. J’éprouve toujours le sentiment que j’aurais dû donner plus.
RB : Merci, à bientôt
MHM : Ca, je ne sais pas. Il se dessine un certain conformisme, une prédisposition à accepter les solutions qui seront proposées. Lutte politique de l’intensité de celle de 2003-2004, je ne l’aperçois pas ça encore. Ce n’était pas seulement une lutte de partis, mais il y avait une grande partie de la population qui était mobilisée. Un parti qui n’est pas capable d’entreprendre de mobiliser la population dans ce genre de lutte, il vaut mieux pour lui de ne pas entreprendre cette lutte ouverte. Nous ne sommes pas nous du RDNP dans une phase de lutte ouverte. C'est-à-dire avec des manifestation de rue etc. Non ! Je crois que l’opposition que nous menons est plus constructive, parce qu’elle n’est pas fondée seulement sur la critique. Elle est fondée surtout sur la recherche d’alternative.
RB : Les luttes anti-corruption, anti-drogue etc. lancées par le gouvernement ont-elles déjà un effet perceptible ? Sont-elles des moyens de revanche comme disent certains ?
MHM : Perceptibles non. Parce que les institutions qui ont été mises en place ont préparé des rapports. Ont publié des noms. Les dirigeants de ces institutions disent eux-mêmes que personne n’a jamais été arrêté. Parce que la lutte contre la corruption veut dire quoi ? La recherche et la mise en jeu de mécanismes de détection des méthodes de corruption des corrupteurs et des corrompus. Cela veut dire le développement de dossiers fiables, preuves à l’appui bien documentés.
La mise en branle de l’appareil de justice. Autrement dit une lutte anti-corruption demeure stérile, si elle n’aboutit pas à l’arrestation et au jugement des coupables. Et lorsque certaines personnes sont arrêtées, malheureusement pour ceux qui sont arrêtées, les avocats de ces personnes là ont beau jeu de démontrer que ce qui a été fait, est mal fait, Que ce n’est pas conforme au droit. Que le dossier n’est pas documenté etc. Il y a des gens qui sont encore en prison. Qui sont arrêtés sans être inculpés, et voir jugés. C’est ce qui alimente l’opinion selon laquelle, il s’agit plutôt d’actes revanchards, politiquement revanchards. La lutte contre la corruption a été annoncée de manière tonitruante. Les faibles résultats permettent de se demander à quoi ça va aboutir ? On est en train de brasser de l’air. Il y a aussi des coupables qui sont bien protégés. Qui ne seront pas inquiétés, parce qu’ils ont la protection politique. Tandis que les petits poissons seront arrêtés. C’est sûr que les deux organismes l’ULCC et l’UCREF ont établit un dossier. Ils ont fait des rapports dénonçant, preuve à l’appui, des cas de corruption au sein de l’Etat. Et ces gens ne sont pas arrêtés. Il y a eu des bavures, qui n’ont pas été réparées. Mais, il y a des gens dénoncés qui n’ont pas été arrêtés. Donc cette lutte manque de crédibilité. Car elle devait obéir tout de même à une certaine condition, à une certaine stratégie surtout, pour déboucher sur du concret. On ne le voit pas.
RB : On vient de renouveler le mandat de la Minustah pour un an. Quelles sont les nouvelles perspectives qu’offre le remplaçant d’Edmond Mulet ?
MHM : Il ne s’agit pas du remplacement d’Edmond Mulet. Le renouvellement est assez fraîchement accueilli à ma vue. Nous, notre position est claire. Nous estimons que la présence de troupes militaires étrangers dans un pays est contraire à l’exercice de la souveraineté nationale. Vous savez que j’ai été invitée par une université à Brasilia, la capitale du Brésil. Les étudiants voulaient savoir. Les étudiants en tant que citoyens brésiliens, demandent qu’est-ce que leur pays est en train de faire en Haïti ? Ils ont cru que la Minustah était une affaire haïtienne, une affaire onusienne. Mais c’était aussi une affaire brésilienne. Moi je leur ai dit ceci. Ils me disent, que notre gouvernement nous dit que nous voulons aider Haïti. Je leur ai dit, écoutez, mon gouvernement veut vous aider. Que diriez-vous si dans les rues de Brasilia, vous voyez des chars blindés ? Et sur ces chars vous voyez des soldats avec des mines patibulaires, casques, gilets pare-balle, bottes et fusils mitrailleuses à l’appui, qu’est-ce que vous diriez ? Diriez-vous que mon gouvernement est en train de vous aider ? Diriez-vous que mon gouvernement participe à une occupation militaire ? Je n’ai rien individuellement contre les soldats. Mais ceux sont des soldats. Dans tous les pays du monde, l’armée, les soldats ne frayent pas avec la population du pays. Pourquoi ? Parce que le soldat est entraîné pour faire la guerre. Celui qui a des contacts avec la population civile, peut être souriant, serviable, c’est le policier, pas le soldat. Moi ça m’est égale que le soldat sourit ou ne sourit pas. Il n’est pas là pour sourire. Il n’a pas été entraîné pour sourire. Il est là pour faire la guerre. On le place sur un char qui déambule dans les rues de Port-au-Prince. Il regarde la population avec méfiance, et la population aussi. Dans certaines régions du pays, les rapports sont plus souples. A Port-au-Prince, ils se regardent population et soldat. On ne peut pas dire qu’il existe entre eux un contact convivial. Donc c’est une occupation militaire. Que cette occupation ait été demandée par le gouvernement du pays, c’est déjà très grave. Mais que les Nations Unies ait utilisé le chapitre VII de la charte, qui donne au Conseil de Sécurité le pouvoir coercitif. C’est-à-dire que le Conseil de Sécurité peut prendre n’importe quelle décision et tout le monde est obligé de ce plier, d’accepter, y compris un petit pays comme Haïti. C’est une aberration. C’est un abus. C’est une question de rapport de force.
Regardez ce qui se passe au Soudan, où il y a un génocide. Qu’est-ce qui se passe ? Pendant longtemps le gouvernement soudanais a refusé la présence des troupes de l’ONU. Pourquoi le Conseil de Sécurité n’a jamais utilisé le chapitre VII de la charte. Finalement le Soudan accepte, mais des troupes ONU d’Union Africaine. Ce qu’il y a de plus extraordinaire dans tout ça, c’est que les troupes ne viendront qu’au mois de décembre. Le Soudan dit d’accord, j’accepte, mais en décembre. Entre temps les gens peuvent continuer à mourir. Et en Haïti, il n’y a pas eu de génocide. Le pays n’était pas en guerre. Le Nord ne se battait pas contre le Sud. Cependant on nous envoie la Minustah. C’est la 6e opération des Nations Unies en Haïti. C’est un fait accompli. C’est une question de rapport de force. Nous n’avons pas les moyens de lutter par la force contre les Nations Unies. Et comme nous sommes des gens responsables et raisonnables, nous ne pouvons pas non plus demander l’enlèvement brusque de toutes les forces de la Minustah militaires et policières. Car sans doute le pays serait exposé à un certain chaos. Mais nous réclamons. Mon mari a l’habitude d’utiliser une expression anglaise « phasing out ». C'est-à-dire un plan de retrait. Nous réclamons de la Minustah un plan de retrait, remplaçant les soldats de la Minustah par des soldats d’une force nationale. Or, brusquement il y a eu cette résolution adoptée à l’unanimité, du Conseil de Sécurité. Alors qu’il y a quelques mois la Chine faisait du chantage, cette résolution a été adoptée à l’unanimité. Peut être, même sans aucun débat. On augmente même le nombre des militaires. On augmente le nombre des policiers. Et brusquement la nation apprend qu’ils sont là encore pour un an. Voilà le drame. Le gouvernement n’a pas de plan pour le retrait des forces de la Minustah et le remplacement de ces forces par une force nationale.
L’année dernière un budget a été voté. Dans le budget une somme a été prévue pour l’étude de faisabilité de la création d’une force nationale. Rien n’a été fait. On vient de créer à grand renfort de publicité une commission sur la sécurité. On n’en parle pas non plus de cette force. Il y a des parlementaires qui s’insurgent contre cela. Il y a des partis politiques qui prennent position. Ecoutez, pendant combien de temps ils seront là ? A qui reviendra la responsabilité de dire, le pays maintenant peut se passer de la Minustah. Peut assurer complètement la sécurité des vies et des biens, donc la Minustah peut partir. Ce ne sera jamais comme cela. Ca ne peut pas l’être. Il faut un retrait progressif. Et nous, nous disons que nous sommes internationaliste. Nous croyons à la solidarité internationale. Nous avons besoin de l’aide internationale. Nous avons besoin non pas de l’ONU seulement. Nous avons besoin de tous les systèmes des Nations Unies. C'est-à-dire, de l’aide que peuvent nous apporter les institutions spécialisées des Nations Unies. Qu’il s’agit de la Banque Mondiale, de l’UNESCO, de l’OMS, de la FAO etc. Nous avons besoin de cette aide. Il y a une antenne chargée de coordonnées des activités des structures spécialisées des Nations Unies. C’est ça que nous aimerions avoir des Nations Unies. C’est cette image que nous aimerions avoir des Nations Unies dans le pays. C’est la position du RDNP.
Mais alors le pays se dit on n’a pas les moyens. Ils sont là, ils vont rester. Si le gouvernement lui-même, qui est chargé d’assurer et de défendre l’intérêt national, ne dit rien à ce sujet, ceux ne sont pas les citoyens qui vont lutter contre les chars des Nations Unies. Je voudrais demander à mes compatriotes de l’étranger, ceux qui ont fait le voyage en Haïti, mais surtout ceux qui n’ont pas encore fait le voyage en Haïti, je leur demanderais d’imaginer cela que dans les rues de Port-au-Prince, vous circulez, vous croisez des chars. Or des chars ceux sont des véhicules de guerre. Ce ne sont pas des véhicules de paix. Le pays n’est en guerre avec personne. Cependant l’ONU manifeste sa présence avec des instruments de guerre.
RB : Nous sommes arrivés à la fin de l’entrevue. Je vous remercie d’une participation grandiose, géniale et extraordinaire, comme d’habitude.
MHM : J’ai l’impression que je n’ai pas dit assez.
RB : Si vous voulez continuer, vogue la galère !
MHM : Non, non je ne dis pas cela. Je vous remercie. Vous savez que mon métier d’enseignant m’amène toujours à vouloir expliquer les choses, d’introduire des précisions, des nuances etc. Donc, chaque fois que je donne une entrevue, je ne suis jamais totalement satisfaite. J’éprouve toujours le sentiment que j’aurais dû donner plus.
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Re: Entrevue de Mirlande H. Manigat a Radio Classique Inter
Meme si le second tour aurait été une exercice futile, nous devrions demander la charité pour l'organiser aux fins de satisfaire l'ego de Lesly Manigat?C'est la la difference entre les pliticiens dominicains et haitiens comme Joel nous l'a demontrée en plusieurs occasions.
comment une femme aussi instruite peut-elle etre aussi depourvue de bon sens, je ne dis pas cela par arrogance, Mme Manigat est inconsolable à cause de l'echec de son mari.Ses amertumes enlèvent toute objectivité à ses critiques.Tantot elle nous revèle les failles de la Constitution sitot après quand cela convient à ses aspirations elle nous vante ses vertus.Comment une constitution qui reclame tant d'elections couteuses dans un pays si pauvre ne constitue pas une source d'instabilité,si le gouvernment n'est pas en mesure de satisfaire toutes les obligations de la dite constitution?Comment une constittion qui encombre le budget du pays de tant de sinecures et de depenses auxquelles le gouvernement ne peut satisfaire ne constitue pas une source d'instabilité?
Elle parle de la tristesse qu'elle eprouve en ecoutant les complaintes des parents durant la rentrée scolaire ,mais elle refuse d'admettre c'est à cause des requis de cette constitution qui ne permettent pas au gouvernement de disposer d'assez de ressources pour soulager les souffrances de ces parents.Toutes ces entraves et manques de ressources ne constituent-elles pas des sources d'instabilité?Peut-etre si on avait pas tous ces Senateurs et deputes ;si on n'avait pas a depenser des dizaines de millions de dollars pour organiser des elections ,le gouvernement aurait pu accorder des subventions aux petits ecoliers malheureux.
Les chars de l'ONU sont la pour empecher aux anciens gendarmes d'assauter le pouvoir pour organiser un autre massacre come a la ruelle Vaillant pour une autre percée louverturienne.Aussi longtemps que les deboulonneurs irrespectueux des principes democratiques ne consentent pas à reconnaitre le droit du peuple d'elire les dirigeants de son choix ,alors la presence de l'ONU est indispensable pour la stabilitée du pays.Les pleurs des crocodiles ne doivent pas nous etonner.Si seulement ils avaient le pays pour boussole peut-etre ces chars ne circuleraient pas en haiti aujourd'hui.
il serait preferable que certains policitiens et politiciennes haitiens/nes jouissent leur retraite.Ils/elles ont tellement de ressentiments envers leurs adversaires; ils/elles ont du mal à cacher leurs amertumes et chagrins.
comment une femme aussi instruite peut-elle etre aussi depourvue de bon sens, je ne dis pas cela par arrogance, Mme Manigat est inconsolable à cause de l'echec de son mari.Ses amertumes enlèvent toute objectivité à ses critiques.Tantot elle nous revèle les failles de la Constitution sitot après quand cela convient à ses aspirations elle nous vante ses vertus.Comment une constitution qui reclame tant d'elections couteuses dans un pays si pauvre ne constitue pas une source d'instabilité,si le gouvernment n'est pas en mesure de satisfaire toutes les obligations de la dite constitution?Comment une constittion qui encombre le budget du pays de tant de sinecures et de depenses auxquelles le gouvernement ne peut satisfaire ne constitue pas une source d'instabilité?
Elle parle de la tristesse qu'elle eprouve en ecoutant les complaintes des parents durant la rentrée scolaire ,mais elle refuse d'admettre c'est à cause des requis de cette constitution qui ne permettent pas au gouvernement de disposer d'assez de ressources pour soulager les souffrances de ces parents.Toutes ces entraves et manques de ressources ne constituent-elles pas des sources d'instabilité?Peut-etre si on avait pas tous ces Senateurs et deputes ;si on n'avait pas a depenser des dizaines de millions de dollars pour organiser des elections ,le gouvernement aurait pu accorder des subventions aux petits ecoliers malheureux.
Les chars de l'ONU sont la pour empecher aux anciens gendarmes d'assauter le pouvoir pour organiser un autre massacre come a la ruelle Vaillant pour une autre percée louverturienne.Aussi longtemps que les deboulonneurs irrespectueux des principes democratiques ne consentent pas à reconnaitre le droit du peuple d'elire les dirigeants de son choix ,alors la presence de l'ONU est indispensable pour la stabilitée du pays.Les pleurs des crocodiles ne doivent pas nous etonner.Si seulement ils avaient le pays pour boussole peut-etre ces chars ne circuleraient pas en haiti aujourd'hui.
il serait preferable que certains policitiens et politiciennes haitiens/nes jouissent leur retraite.Ils/elles ont tellement de ressentiments envers leurs adversaires; ils/elles ont du mal à cacher leurs amertumes et chagrins.
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