Le commerce dominicain, une aide humanitaire à Haïti ?

L'actualité en question

Comment les dirigeants de ce pays, les secteurs financiers et économiques, les hommes d'affaires en particulier ont accueilli la déclaration du gouverneur de Dajabon selon laquelle le commerce de la République dominicaine avec Haïti doit être perçu comme une « aide humanitaire» ? Comme quoi, la République dominicaine se croit autorisée à cracher sur l'argent de nos petits commerçants et est en position de nous faire l'aumône avec dédain et mépris!

Seigneur, n'avons-nous tant vécu que pour cette infamie !

De l'aide humanitaire !

Au lieu de réagir au premier degré, il nous faut prendre le temps de réfléchir sur les causes de cette déchéance qui nous vaut les insultes répétées de cette République réputée pour son racisme ou son antihaïtianisme. Restons uniquement dans le contexte des relations commerciales. De 2005 à 2006, Haïti est classée parmi les cinq principaux partenaires commerciaux de cette République dominicaine dont les Etats-Unis, la Hollande, la Corée du Sud et la Belgique. Sans prendre en compte le secteur informel continuellement en hausse.

Principalement, nos importateurs achètent de cette « République humanitaire » des oeufs, des pâtes alimentaires, de la noix de coco séchée, du riz, du hareng saur... Comme quoi, il n'y a pas d'autorités dans notre pays qui pourraient encourager la production de ces denrées en Haïti avec toutes les retombées socio-économiques possibles et imaginables !
Comme quoi, il n'y a pas d'hommes d'affaires, des Haïtiens authentiques, qui pourraient investir dans la production d'oeufs, de pâtes alimentaires... !

La manifestation des commerçants qui ont bloqué la frontière Ouanaminthe/Dajabon, en réponse à cette déclaration, peut vouloir dire que la réserve de dignité et de respect du pays n'est pas tout à fait épuisée. Quelle sera la réaction de nos dirigeants, de nos élites, de nos hommes d'affaires, des Haïtiens en général ?

Haïti est un « pays de transit », il est plus facile d'importer pour vendre... Haïti est un « pays de transit », il n'est pas question de travailler à sa reconstruction. Haïti est un « pays de transit », à quoi bon lutter pour son respect, sa dignité ?

Comble d'infamie, les consulats dominicains ont fait de la surenchère dans l'octroi de visas aux Haïtiens qui désirent passer le long week-end de la Toussaint sur leur territoire.

Hélas !

Source: Le Nouvelliste, 31 octobre 2007