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Haiti en Marche - Dominicanie-Haïti: le vrai défi

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Message  gwotoro Mar 22 Jan 2008 - 21:27

Dominicanie-Haïti: le vrai défi

PORT-AU-PRINCE, 17 Janvier - Le défi que nous lance la république voisine est plus profond qu'on ne pense.

Il n'est pas seulement commercial comme on le voit avec la grogne de nos marchandes, camionneurs et restaurateurs privée d'œufs et de poulets à cause de l'interdiction d'importation de ces produits pour contrer l'épidémie de la grippe aviaire apparue du côté dominicain de la frontière.

Le défi n'est pas seulement économique vu le nombre de nos compatriotes réduits momentanément au chômage forcé, dans un pays où près de 80% de la main d'œuvre est inemployé.

Ni parce que notre pays dépense des centaines de millions de dollars américains à importer des produits alimentaires ou agro-industriels que nous pouvons facilement produire nous-mêmes.

Choisissant donc volontairement de sacrifier la production nationale pour vivre des recettes collectées sur les importations du pays voisin.

Non, ce que la crise actuelle autour des mesures d'interdiction pour cause de grippe aviaire nous fait toucher du doigt, c'est un rôle encore plus important que la république voisine joue aux yeux de notre petit peuple. Disons le sans ambages: un rôle de progrès. Et plus que progrès, nous dirions avancement, évolution. Les petites gens semblent carrément admiratives.

Et nous avons vu pourquoi. La République dominicaine (du moins à leurs yeux) ce ne sont pas seulement les bateys où des milliers de coupeurs de canne haïtiens sont réduits à une existence quasiment d'esclave, ce sont aussi tous les articles de qualité moyenne que nous recevons par la frontière et qui alimentent la consommation de masse, et de grande masse, en Haïti.

Dans un pays où cette grande masse a depuis toujours été réduite à une existence plus que précaire, la paille au cul, sans aucune évolution quelle qu'elle soit depuis les temps immémoriaux de la colonisation (et où cela n'a jamais semblé trop déranger les élites locales), autant dire que mine de rien, à notre barbe, cela a produit un plus grand effet sur notre population que nous ne pouvions deviner.

Comme nous disions la semaine dernière après un reportage à la frontière de Malpasse, les meilleurs avocats des producteurs et exportateurs dominicains, ce ne sont ni eux-mêmes, ni les gros importateurs haïtiens. Non ce sont les masses haïtiennes qui vivent de ces articles reçus par la frontière. Elles les paient meilleur marché que ce qui se produit chez nous ou qui nous arrive d'autres coins du monde.

Pendant que nos élites peuvent se délecter des produits américains ou même français, aujourd'hui nos masses ne vont plus toutes nues comme avant, et ont appris à se servir de savon de toilette et de papier hygiénique.

Ce sont là des vérités. Et bonnes à savoir si ce n'est à dire.

Et l'on s'explique un peu mieux pourquoi plus les Dominicains les renvoient chez eux par centaines chaque semaine, plus nos nécessiteux veulent traverser à nouveau la frontière.

D'autant que la voie vers la Floride et les Bahamas est fermée.

Et attention, le peuple n'est pas dupe. Oyez plutôt. A la question: ce sont des mesures pour vous protéger?...

Réponse: " on n'a pas besoin de votre protection. Depuis quand les gros nègres en Haïti pensaient aux petits. L'Etat ne pense qu'à collecter ses taxes. Regardez l'état de la frontière côté haïtien, et allez voir comment c'est du côté dominicain.

Quant aux bourgeois haïtiens (traduisez élites), au lieu de créer des jobs et des biens de consommation pour le peuple, c'est encore chez les Dominicains qu'ils vont jouir de toutes leurs richesses. "

Touché.

La responsabilité du déséquilibre ne pouvait être mieux cernée que dans ces quelques mots.

Démission de l'Etat.

Mépris de l'élite pour le local. Puis, justement parce qu'elle interprète mal cette même poussée pourtant naturelle de la grande masse vers le progrès, vers l'avancement, cela tend à devenir mépris pour le pays lui-même (dont on ne fait aucun effort pour mieux approfondir la crise chronique qu'il traverse). Pour la nation.

On croit donc trouver un refuge dans la stabilité de la république voisine. Certains avec le temps finiront peut-être par partager les mêmes préjugés des secteurs ultras dominicains envers notre pays. Espérons qu'on n'en est pas encore là.

Toujours est-il que aujourd'hui plus que jamais il ne s'agit pas de vilipender la république voisine. Aujourd'hui il faut essayer de mieux comprendre, pour savoir comment faire...

Comment faire, nous ne saurions vous dire. Mais comprendre le plus profondément que possible le comportement de notre peuple, rien n'est plus important pour toute action à entreprendre un jour. Aujourd'hui ou demain...

Reconnaître aussi nos torts. Oui, pendant que nous restions à ruminer soit de vieilles rancoeurs, soit de vains souvenirs (ah, la conquête de l'Est par Toussaint Louverture, Dessalines, Boyer ou autre), la république voisine a remporté sur nous la bataille la plus difficile qui soit, ce que les Américains appellent " hearts and minds ", la conquête des cœurs et des esprits.

En effet, ils ont conquis non seulement les capitaux de nos élites, mais également l'admiration de nos masses. Qui dit mieux! Et c'est de bonne guerre.

Or il y a trente ans seulement, après l'achèvement de l'usine électrique de Péligre, c'est nous qui vendions de l'électricité à nos voisins.

Et il y a environ 50 ans, après les travaux d'irrigation de la plaine de l'Artibonite, Haïti exportait du riz vers la République dominicaine.

Lors notre pays comptait un peu plus de 4 millions d'âmes. Aujourd'hui notre population a plus que doublé. Et aussi bien le barrage que l'usine électrique et le riz de l'Artibonite ne sont qu'un lointain souvenir ou presque.

Mais la population dominicaine a doublé également. Donc ce n'est pas une excuse. A l'heure des OGM et du clonage (voire des nations condamnées hier pour cause de surpopulation comme la Chine et l'Inde, et qui prennent aujourd'hui la tête du monde en développement), eh bien le facteur démographique n'est plus un tel handicap qu'avant.

Non, l'essentiel ce n'est pas ce que notre pays a perdu, ou ce que nos voisins ont gagné sur nous. L'essentiel (c'est bien ce que nous ont martelé les marchandes en colère rencontrées à la frontière de Malpasse): la démission de l'Etat haïtien (précisons tous ceux qui l'ont incarné pendant ces quelque 30 dernières années, tous nos décideurs ainsi que ceux qui les ont influencés, national et international) et le mépris de nos élites pour leur pays. Alors que, une fois la frontière passée, vous n'êtes plus rien! Ni les uns, ni les autres.

Au moins, le bracero, il l'admet.

Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

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Message  Rodlam Sans Malice Mer 23 Jan 2008 - 0:07

Men nanpren oken kote yo renmen moun ki ridikil.se pa malere ak malerez ayisyen selman ki rayi yo se tout kote yo pase.
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