Après 200 ans, on assasine encore l'empereur Dessalines.
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Après 200 ans, on assasine encore l'empereur Dessalines.
200 ans plus tard, on assassine toujours l'empereur
17 octobre 2006, Grande Rivière du Nord, Les pèlerins débarquent. Les bus arrivent de partout. C'est un grand jour. Tout ce monde est là pour célébrer le bicentenaire de l'assassinat de Jean-Jacques Dessalines, père fondateur de la nation haïtienne.
On se rassemble, on discute dans une ambiance de kermesse. On se prépare à rendre hommage à celui qui a fait du peuple haïtien un peuple libre. Il faut se rendre à « Vye Kay », dans la section communale des Cormiers, lieu de naissance présumé de Dessalines. L'enthousiasme est à son comble. Le temps est au beau fixe. Il est neuf heures du matin.
Il n'y a aucun signal pour le départ. Chacun y va selon son impatience ou sa planification. Les plus jeunes prennent la tête du cortège, ignorant ce qui les attend. D'ailleurs, la plupart de ceux qui prennent la route des Cormiers n'ont aucune idée du chemin à emprunter, ni de la distance à parcourir, ni de la nature du terrain.
L'ignorant est brave !
Si seulement il savait !
Avec tout l'engouement et toute la passion qui ont motivé leur déplacement, avec tout leur respect pour « Papa Dessalines », nombreux sont les pèlerins qui auraient renoncé à faire ce que nous pourrions appeler, sans exagération, un véritable parcours de combattant.
8.9 kilomètres à parcourir à travers des sentiers abruptes et étroits, sous un soleil de plomb. Pourtant, le tracé de la route existe depuis, au moins, deux décennies. Des organisations paysannes y avaient travaillé au début des années 80. Et, depuis, rien n'a été fait.
Le gros de la foule ne fait que suivre les quelques initiés qui, s'amusant à leur dépens, leur laissent l'espoir qu'ils sont presqu'au bout de leur peine, quand l'escalade ne fait que commencer.
Le long de la route, des marchandes d'oranges, d'eau, d'autres rafraîchissements offrent un soulagement passager contre la soif et la chaleur. Les roches qui pavent le sentier arrachent les talons des chaussures, décollent les semelles et forcent certains à continuer pieds nus. Personne ne veut abandonner. Ils sont soutenus dans leurs efforts pour arriver au but par le légendaire orgueil capois.
Et puis... Après tout, Dessalines n'est-il pas du Nord comme eux ? Pour eux tous, il n'y a pas de discussion : L'empereur est né à Cormiers, un point, c'est tout. Et si quelqu'un ose prétendre le contraire, ce n'est qu'un menteur, un traître qui veut souiller la mémoire du titan.
Alors, on se raconte des histoires, on blague pour se donner du coeur au ventre. On apprend à marcher le regard vissé sur le sol pour ne pas voir la distance qui reste à parcourir, ni l'escarpement des mornes.
Après un peu moins de deux heures de marche, finalement, on y est. Les battements du tambour donnent des ailes pour l'escalade de la dernière pente. Et, voila, on est à Cormiers. Une, deux, trois maisonnettes, l'école, l'église, où une cérémonie religieuse en l'honneur de l'empereur bat son plein, et la multitude de ceux qui ont eu le courage de grimper jusqu'en ces lieux. C'est tout.
Il n'y a rien d'autre, pas une plaque, pas un monument.
La déception se lit sur nombre de visages. Les commentaires ne se font pas attendre.
« Quel manque de respect envers celui qui nous a donné notre indépendance ! » dit l'un.
« Tout à fait normal que nous soyons en train de fêter le bicentenaire de la mort de Dessalines avec les bottes de l'étranger sur notre sol puisque nous ne savons même pas honorer le premier des Haïtiens ! » réplique un autre.
Un homme, la cinquantaine avancée, est assis, en sueur, la chemise déboutonnée laissant voir son ventre bedonnant, le visage blafard. Il prend son souffle, se verse un peu d'une bouteiille d'eau sur la tête et, dépité, reprend le chemin du retour. Il regarde autour de lui et, sentencieusement, laisse tomber :
« Après deux cents ans, on assassine encore l'empereur ! »
17 octobre 2006, Grande Rivière du Nord, Les pèlerins débarquent. Les bus arrivent de partout. C'est un grand jour. Tout ce monde est là pour célébrer le bicentenaire de l'assassinat de Jean-Jacques Dessalines, père fondateur de la nation haïtienne.
On se rassemble, on discute dans une ambiance de kermesse. On se prépare à rendre hommage à celui qui a fait du peuple haïtien un peuple libre. Il faut se rendre à « Vye Kay », dans la section communale des Cormiers, lieu de naissance présumé de Dessalines. L'enthousiasme est à son comble. Le temps est au beau fixe. Il est neuf heures du matin.
Il n'y a aucun signal pour le départ. Chacun y va selon son impatience ou sa planification. Les plus jeunes prennent la tête du cortège, ignorant ce qui les attend. D'ailleurs, la plupart de ceux qui prennent la route des Cormiers n'ont aucune idée du chemin à emprunter, ni de la distance à parcourir, ni de la nature du terrain.
L'ignorant est brave !
Si seulement il savait !
Avec tout l'engouement et toute la passion qui ont motivé leur déplacement, avec tout leur respect pour « Papa Dessalines », nombreux sont les pèlerins qui auraient renoncé à faire ce que nous pourrions appeler, sans exagération, un véritable parcours de combattant.
8.9 kilomètres à parcourir à travers des sentiers abruptes et étroits, sous un soleil de plomb. Pourtant, le tracé de la route existe depuis, au moins, deux décennies. Des organisations paysannes y avaient travaillé au début des années 80. Et, depuis, rien n'a été fait.
Le gros de la foule ne fait que suivre les quelques initiés qui, s'amusant à leur dépens, leur laissent l'espoir qu'ils sont presqu'au bout de leur peine, quand l'escalade ne fait que commencer.
Le long de la route, des marchandes d'oranges, d'eau, d'autres rafraîchissements offrent un soulagement passager contre la soif et la chaleur. Les roches qui pavent le sentier arrachent les talons des chaussures, décollent les semelles et forcent certains à continuer pieds nus. Personne ne veut abandonner. Ils sont soutenus dans leurs efforts pour arriver au but par le légendaire orgueil capois.
Et puis... Après tout, Dessalines n'est-il pas du Nord comme eux ? Pour eux tous, il n'y a pas de discussion : L'empereur est né à Cormiers, un point, c'est tout. Et si quelqu'un ose prétendre le contraire, ce n'est qu'un menteur, un traître qui veut souiller la mémoire du titan.
Alors, on se raconte des histoires, on blague pour se donner du coeur au ventre. On apprend à marcher le regard vissé sur le sol pour ne pas voir la distance qui reste à parcourir, ni l'escarpement des mornes.
Après un peu moins de deux heures de marche, finalement, on y est. Les battements du tambour donnent des ailes pour l'escalade de la dernière pente. Et, voila, on est à Cormiers. Une, deux, trois maisonnettes, l'école, l'église, où une cérémonie religieuse en l'honneur de l'empereur bat son plein, et la multitude de ceux qui ont eu le courage de grimper jusqu'en ces lieux. C'est tout.
Il n'y a rien d'autre, pas une plaque, pas un monument.
La déception se lit sur nombre de visages. Les commentaires ne se font pas attendre.
« Quel manque de respect envers celui qui nous a donné notre indépendance ! » dit l'un.
« Tout à fait normal que nous soyons en train de fêter le bicentenaire de la mort de Dessalines avec les bottes de l'étranger sur notre sol puisque nous ne savons même pas honorer le premier des Haïtiens ! » réplique un autre.
Un homme, la cinquantaine avancée, est assis, en sueur, la chemise déboutonnée laissant voir son ventre bedonnant, le visage blafard. Il prend son souffle, se verse un peu d'une bouteiille d'eau sur la tête et, dépité, reprend le chemin du retour. Il regarde autour de lui et, sentencieusement, laisse tomber :
« Après deux cents ans, on assassine encore l'empereur ! »
Rico- Super Star
-
Nombre de messages : 8954
Localisation : inconnue
Loisirs : néant
Date d'inscription : 02/09/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: dindon de la farce
Re: Après 200 ans, on assasine encore l'empereur Dessalines.
IL FALLAIT AJOUTER TIRE du nouvelliste.
piporiko- Super Star
-
Nombre de messages : 4753
Age : 54
Localisation : USA
Opinion politique : Homme de gauche,anti-imperialiste....
Loisirs : MUSIC MOVIES BOOKS
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: L'impulsif
Re: Après 200 ans, on assasine encore l'empereur Dessalines.
Vous me connaissez bien. pour comprendre ce n'est qu'un simple oubli. Je ne paux pa être tricheur d'un texte de Nouvelliste en plus d'être ton hyppocrite.
Rico- Super Star
-
Nombre de messages : 8954
Localisation : inconnue
Loisirs : néant
Date d'inscription : 02/09/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: dindon de la farce
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