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Le ministre des Haitiens hors-Haiti visite la diaspora

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Message  gwotoro Jeu 26 Oct 2006 - 0:37

La diaspora a hâte d'investir

VISITE A BOSTON D'UNE DELEGATION GOUVERNEMENTALE

REPORTAGE

BOSTON, 21 Octobre
- Boston restera une ville cool. Tout comme la communauté haïtienne qui y habite. Ce fut ma première ville américaine d'adoption. Une moitié de ma famille y vit encore. Dans les années 70, j'y découvrais de rudes travailleurs, qui font deux shifts (7 heures am à 4 heures, et 5 heures à 10 heures pm), comme mon père et ma soeur cadette. A New York, on allait faire la fête. A Boston, on allait au travail. Métro, boulot, dodo. Ou à la bibliothèque. Ville austère par excellence. Partout l'héritage des Quakers. Et pour faire du sightseeing (ou lèche vitrines), il ne restait que la devanture de l'université Harvard ou les colonnes ioniques du MIT (Massachusetts Institute of Technology).

Aujourd'hui les blancs - qui avaient fui les embarras de la grande ville pour se réfugier en faubourg (up-state) - sont revenus. Les faubourgs sont submergés à leur tour. Aussitôt que les blancs reviennent, le coût du loyer devient presque inabordable en ville. Ce sont les nôtres qui émigrent. Les nouvelles adresses sont Randolph, Brockton etc. Les codes de téléphone aussi sont nouveaux, prenez en note.

Cependant le ministre des Haïtiens vivant à l'étranger, qui est aussi du sérail, a voulu renouer avec la tradition. Aussi Jean Généus a choisi de tenir sa première rencontre officielle avec les haïtiens de Boston dans une rue emblématique, Blue Hill...

Ils sont venus, ils sont tous là...

Mattapan, Dorchester, Dudley Street. On y a tous une part de notre jeunesse.

Ils sont venus, ils sont tous là. Et incroyablement à l'heure. Fixée pour 7 heures pm le samedi 21 octobre, la salle de conférence du " Choupette Place " était déjà pleine à craquer.

On aurait dit les mêmes têtes qu'autrefois. Mais pas du tout, beaucoup sont partis (certains dans l'au-delà, comme mes vieux à moi). Ceux de notre génération sont descendus un peu plus au sud réchauffer leurs vieux os. Par exemple, il fait déjà très froid ce week-end et les premières neiges ne sont pas loin.

Lescouflair à Miami, Koralen à Atlanta, mais où est Papa Dòs, Ti Tonton (Joe Thony), Minuty et tant d'autres ? Hélas, Haïti n'est toujours pas prête !

Donc ce ne sont pas tout à fait les mêmes, mais c'est la même philosophie de la vie, si l'on peut employer un grand mot. Le même sérieux. Une audience attentive et qui n'est pas venue pour échanger des " zin " politiques. On veut savoir où en est le pays, qu'est-ce qui se fait pour améliorer la situation. Et qu'est-ce qu'on peut faire de son côté ?

Jeunes et moins jeunes, on dirait tous des gens plus pratiques qu'ailleurs. En comparaison, toute rencontre à Little-Haiti (Miami) frôle la bagarre politique.

Il faut dire que le ministre Jean Généus respire le même cool. Son approche est pragmatique. Ne demandez pas à l'Etat ce que vous savez fort bien qu'il ne peut pas vous offrir (en tout cas pas encore). Par contre, dites-nous ce dont vous avez besoin. Vous avez la garantie que nous allons faire de notre mieux pour vous aider ou vous satisfaire.

Un code d'investissements pour la diaspora...

Pourtant ici également il ne manquerait pas de motifs à discussion. Plusieurs avaient déjà fait le grand bond, transporté leurs activités en Haïti. Et pour la presque totalité, c'est l'échec.

Vaincus soit par la violence politique incessante ; soit par les complications du circuit administratif (enregistrement légal, douanes, contributions) ; soit par l'hostilité du système dominant en Haïti, la bande des petits copains ; soit pour n'avoir pas calculé assez soigneusement leur élan.

Curieusement, on n'a ressenti aucun reproche. Mais, au contraire, une grande confiance dans la nouvelle administration. Toutefois pas une confiance béate, on attend de la voir à l'œuvre.

Ce que la diaspora demande, et si l'on peut le résumer ainsi, c'est un code d'investissements. Un " guideline ", disent-ils. Un document qui fixe d'abord les formalités à accomplir pour établir une entreprise au pays natal, en prenant en considération les difficultés jusqu'à présent rencontrées et auxquelles doit parer le nouveau directeur général du CFI (centre de facilitation des investissements), l'Ambassadeur Guy Lamothe, qui est également du voyage.

Celui-ci a été criblé de questions, comme il se doit. Le CFI ne prend pas seulement en main le dilemme bureaucratique qui a eu raison de l'enthousiasme de tant de nos compatriotes, il développe désormais un concept " one stop shop " : une seule visite en son bureau au Ministère du commerce et de l'industrie (près du Champ de Mars) et le processus d'enregistrement est enclenché. Le reste va tout seul. " Racketteur pa ladan l "...

Une adresse Internet...

D'ailleurs une adresse Internet est disponible pour entrer en communication avant même le voyage en Haïti de l'intéressé-e : cfihaiti@gmail.com ou cfihaiti@yahoo.com.

Ensuite, Guy Lamothe dit l'intention du gouvernement de décentraliser, ou déconcentrer le service en établissant des antennes dans les chefs lieux des dix départements administratifs.

Mais alors que la délégation s'attendait à être submergée de questions sur l'insécurité, à peine ce sujet a-t-il été abordé samedi.

La raison en est que la majorité de nos interlocuteurs n'ont pas l'intention de s'établir à Port-au-Prince, redevenu aujourd'hui Port-aux-Crimes. (Mais nous y reviendrons).

Il existe déjà un premier " one stop ", c'est celui qui consiste à prendre l'avion dès le débarquement à l'aéroport international de Port-au-Prince pour se rendre directement dans son patelin. Les aéroports de Jacmel, Cayes, Cap-Haïtien, Port-de-Paix ne chôment pas.

Toutefois le ministre Jean Généus a annoncé diverses initiatives que le gouvernement s'apprête à prendre dans la lutte contre le banditisme : une cinquantaine de nouveaux cars de police, plus d'une centaine de motos équipées de radio, paiement d'arriérés de salaire, prime de risques et assurances pour les policiers.

Et une nouvelle promotion de 700 agents
.

Le directeur général du Centre de facilitation des investissements a aussi insisté pour l'installation dans nos ambassades et consulats d'une structure capable de renseigner à l'avance les futurs investisseurs de la diaspora sur les démarches à accomplir et aussi les guider vers des secteurs plus porteurs, comme on dit aujourd'hui, c'est-à-dire plus sûrs de rentabilité et en même temps d'être positivement accueillis dans le pays parce que utiles à la collectivité.

Travaux pratiques...

Le troisième membre officiel de la délégation est le directeur général du Ministère des Haïtiens vivant à l'étranger, Jean-François Chamblain.

M. Chamblain a servi en quelque sorte de " travaux pratiques ". En effet, il a fait depuis son retour en Haïti en 1986 (à la chute de Duvalier) une longue et intéressante carrière à la fois dans le public et dans le privé.

Directeur de la Minoterie au moment de la privatisation de cette entreprise, Directeur général de la TELECO, Ministre du commerce et de l'industrie etc.

Il se dit toujours surpris de constater que lorsque tout le monde croit que c'est impossible, c'est toujours dans ces moments-là que les plus grosses entreprises font de meilleures affaires et les plus gros investissements.

On pourrait citer les trois internationales de la téléphonie cellulaire qui se disputent actuellement avec âpreté le marché haïtien.

Il a invité l'auditoire à y réfléchir.

Une excel-lente rencontre qui a duré plus de trois heures d'horloge et aurait pu se prolonger long-temps encore dans la nuit, la nuit froide mais revigorante de Boston. Comme l'est aussi toute rencontre avec la communauté haïtienne en diaspora.


Marcus, 21 Octobre 2006


Dernière édition par le Ven 3 Nov 2006 - 21:40, édité 1 fois

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Message  gwotoro Ven 3 Nov 2006 - 21:39

REPORTAGE

La diaspora peut voter si elle veut


ON THE AIR, 23 Octobre –
Nous volons de Boston à Miami après la visite d´une délégation du ministère des Haïtiens vivant à l´étranger aux compatriotes de la capitale de l´Etat du Massachusetts. C´est la première étape d´une tournée devant conduire le ministre Jean Généus et ses collègues, dont son directeur de cabinet, Jean-François Chamblain, et le directeur général du CFI (centre de facilitation des investissements), Guy Lamothe, dans plusieurs autres communautés de la diaspora haïtienne des deux côtés de l´Atlantique.

Dimanche 22 octobre, lors d´une rencontre à laquelle ont répondu pas moins de deux cents compatriotes, l´accent a été mis sur les « privilèges » accordés par l´Etat haïtien aux haïtiens d´origine qui ont adopté une nationalité étrangère.

Le ministre Jean Généus devait répondre à la question d´un intervenant qui trouve injuste que étant aujourd´hui le principal soutien économique du pays natal (près d´un milliard de dollars en transferts effectué par an), la diaspora haïtienne ne peut pas participer aux élections déterminant la politique du pays.

Le ministre répondit tout de go : rien n´empêche les compatriotes expatriés, y compris lorsqu´ils ont pris la citoyenneté du pays d´adoption, de participer aux élections en Haïti.

La Constitution haïtienne qui enlève le droit à la candidature aux haïtiens naturalisés, ne dit pas un mot du droit de vote.

Il suffit pour un haïtien de se présenter avec une pièce d´identification haïtienne pour faire sa carte électorale (aujourd´hui Carte d´identification nationale/CIN). Généus fait remarquer que rares sont les haïtiens qui après avoir pris la citoyenneté américaine, canadienne, française ou autre, ne continue pas à utiliser un passeport haïtien chaque fois qu´il se retrouve au pays natal.

Le reste est une question de logistique. L´Etat haïtien va-t-il installer des bureaux électoraux en diaspora ? Probablement non. Trop compliqué et coûteux. De plus, la fiabilité n´est pas forcément garantie.

Mais ceci ne veut pas dire que l´Etat haïtien empêche la diaspora de voter. Il suffit de venir en Haïti d´abord faire sa carte électorale, puis se trouver au pays le jour des élections.

Généus penche pour l´option jamaïcaine. Tout jamaïcain qui se trouve dans son pays le jour du vote est un électeur potentiel.

Venons en maintenant à la question de la double nationalité.

Ce qu´il vient de dire, poursuit le ministre des Haïtiens vivant à l´étranger devant une auditoire particulièrement attentive, ne doit pas être perçu comme une tentative d´éviter ou d´éluder la question essentielle : celle de la double nationalité.

Selon lui, le gouvernement du Président René Préval est décidé à redonner aux haïtiens naturalisés tous les droits et privilèges dont ils sont privés par la Constitution de 1987.

D´abord c´est une injustice à réparer. Le ministre a utilisé cette comparaison. Des haïtiens haïtiens ne font pas autant pour leur pays que des compatriotes qui ont dû par la force des choses adopter une autre citoyenneté. Ce tort, nous devons le reconnaître et le corriger.

Rappel du cri des indépendantistes américains à la veille de rompre avec la couronne britannique : No taxation without representation ! Nous ne paierons pas si nous ne sommes pas représentés dans le gouvernement. La réponse c´est la création des Etats-Unis d´Amérique.

Secundo, Haïti doit marcher avec son temps et ne pas être toujours à la traîne. Tous les pays à forte communauté immigrante ont depuis longtemps solutionné la question. Dont ceux de la Caricom. Ainsi que notre voisine la République dominicaine.

Economiquement, cela saute aux yeux. Aussi bien en termes d´investissements que de tourisme, la diaspora constitue notre partenaire privilégié. Grâce au facteur sentimental, c´est la clientèle qui est la plus susceptible de patience vis-à-vis des problèmes les plus récurrents du pays, ceux qui prendront le plus longtemps pour être résolus.

Réservoir de cadres et de personnel qualifié. La question ne se pose même pas, à plus forte raison quand se poursuit l´exode des compétences dû à la persistance de la crise politique.

Enfin, la Constitution !

Une constitution n´est pas un bijou posé sur une table, comme un objet immatériel et immortel.

La constitution doit être adaptée à son époque et aux besoins réels (et non fictifs) du peuple qu´elle régit.

Par exemple, la constitution américaine a été maintes fois amendée. Reconnaissance du droit de vote aux femmes ; le triomphe des droits civiques grâce à la campagne d´un pasteur Martin Luther et co. Etc.

Le Général de Gaule a créé la Ve république et adapté la constitution française aux exigences du monde moderne.

Selon le ministre Jean Généus, le gouvernement Préval est décidé à solutionner ce problème.

Mais comment amender une constitution où le constituant (1987) a placé lui-même des barrières à tout amendement.

Un processus compliqué à souhait, dans le but probablement de décourager toute tentative. Ainsi tout gouvernement sous lequel un amendement est voté, ne peut le mettre lui-même en application. Alors que la question peut ne pas représenter une priorité pour le pouvoir suivant.

Selon les déclarations du ministre Généus, le gouvernement actuel n´hésiterait pas à contourner la question. En provoquant, par exemple, un grand mouvement de consensus national et de masse qui comprendrait aussi bien les haïtiens au pays que les compatriotes de la diaspora.

Aucun gouvernement, ni parlement ne pourrait rester sourd à un tel phénomène.

Ces déclarations ont eu un grand impact sur les plus de 200 haïtiens résidents permanents aux Etats-Unis et haïtiens-américains venus écouter dimanche la délégation venue de Port-au-Prince avec à sa tête le titulaire du ministère des Haïtiens vivant à l´étranger.

L´autre importante question au programme : ce sont les mécanismes de facilitation des investissements, et qui a été développée avec compétence et humour par le directeur général du CFI, l´ex-ambassadeur Guy Lamothe.

Le centre de facilitation des investissements, récemment relancé au ministère du commerce et de l´industrie, se fait fort de réduire au maximum le temps consacré à l´enregistrement des entreprises et des sociétés en Haïti.

Le directeur Guy Lamothe a annoncé la mise en application du concept « one stop shop » : une seule visite au ministère du commerce et le tour est joué.

Le gouvernement entend également déconcentrer (pour ne pas dire décentraliser) le service en établissant des antennes du CFI dans les chefs lieux des dix départements géographiques.

Ainsi que dans les ambassades et consulats haïtiens à l´étranger pour les premières démarches à accomplir par le futur investisseur.

Une visite bien remplie.

Les prochaines étapes sont Paris, New York, Miami, Montréal, Bahamas et les Antilles.

Marcus, 23 Octobre 2006

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Message  Rodlam Sans Malice Sam 4 Nov 2006 - 14:39

Bravo.Finalement un Ministre du Departement des haitiens de la diaspora qui propose des reformes de la Constitution.C'est formidable.J'ai bien apprecié cette analogie:" la Constitution n'est pas un bijou" deposé dans une vitrinne .Si on ne peut pas l'amender pour répondre aux besoins essentiels du pays qu'on l'abolisse.

Je suis aussi content d'apprendre qu'on pense etablir dans les missions diplomatiques des representants pour faciliter les investisseurs.Finalement il me semble que le train va derapper.Mes felicitations.
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Message  Marc-Henry Lun 6 Nov 2006 - 13:33

INTERVENTION DU MINISTRE DES HAITIENS VIVANT A L'ETRANGER, MONSIEUR JEAN V. GÉNÉUS, AU COLLOQUE DE LA FRANCOPHONIE


4 Novembre 2006

Monsieur le Président de la Région Ile-de-France, Jean-Paul HUCHON,

Madame la Vice-présidente, Jeannine HADDAD,

Madame le Conseiller, Janine MAURICE-BELLAY,

Mesdames, messieurs les représentants des associations organisatrices du Colloque,

Mesdames, messieurs,

Je me réjouis d'être parmi vous aujourd'hui à l'occasion de ce Colloque sous le thème de la «Francophonie : Mémoire et Développement» organisé par les associations régionales sous le haut patronage du Conseil régional Ile-de-France. Je voudrais en la circonstance adresser au Président Jean-Paul HUCHON les fraternelles et chaleureuses salutations du peuple et du Gouvernement haïtiens.

Je formule le voeu que les travaux de ce Colloque produisent des résultats encourageants. C'est un fait patent qu'il va permettre d'identifier un ensemble de domaines et d'activités de coopération appelés à faire l'objet d'accords spécifiques.

Je dois avouer, Mesdames, messieurs, que la rencontre d'aujourd'hui revêt une grande importance et ceci, à divers égards.

Tout d'abord, la Francophonie a joué et joue un rôle moteur dans l'histoire récente des rapports entre Haïti et la France. L'implication de l'Organisation Internationale de la Francophonie dans les négociations qui ont conduit au retour à l'ordre constitutionnel en Haïti en 1994 et en 2006 n'est pas à sous-estimer. L'O.I.F. a toujours accompagné le peuple haïtien dans la phase difficile et souvent douloureuse de reconstruction nationale. Durant les différentes campagnes électorales en Haïti, les missions d'observation de la Francophonie n'ont jamais marchandé leur support et conseil technique aux fins de faire aboutir le processus. C'est avec un coeur rempli de gratitude que je félicite les pays de l'espace francophone de leur contribution à l'instauration et à la consolidation de la démocratie en Haïti.

Un autre aspect significatif de l'importance que j'accorde à cette rencontre est lié à l'apport indéniable au bien-être du peuple haïtien des accords concrets de coopération qui vont unir nos deux pays. Dans le cadre de la coopération décentralisée, notre pays est appelé à bénéficier du transfert de technologies et de toutes formes d'aide au développement durable que les collectivités territoriales de la France, de la Belgique, de la Suisse etc. voudront bien fournir à nos provinces si longtemps défavorisées, si longtemps abandonnées et oubliées des stratégies de l'Etat central.

Force est de reconnaître que cette nouvelle forme de coopération ne fera que renforcer ce qu'on appelle l'empowerment, l'«habilitation» des collectivités territoriales haïtiennes bénéficiaires de l'accord de coopération. Conséquemment, la politique de décentralisation qui reste la clé de voûte de l'action gouvernementale se trouvera aussi renforcée par un rétrécissement significatif de la dépendance des collectivités par rapport à l'Etat central.

Mesdames, messieurs,

Je ne tarirai pas en mots élogieux à l'endroit de Jean-Paul HUCHON pour sa volonté maintes fois réitérée d'aider au développement d'Haïti. Mes remerciements vont aussi à Madame Janine MAURICE--BELLAY qui prend à coeur les difficultés qui assiègent notre pays. Je vous dis tous un GRAND MERCI au nom du Gouvernement et du Peuple haïtiens.

C'est avec fierté que je dis que notre pays est à l'honneur dans les enceintes même des locaux de la Région d'Ile-de-France. Voilà une collectivité territoriale française qui prend l'engagement d'aider la République d'Haïti à résoudre les différents problèmes auxquels elle est confrontée.

Je pense particulièrement à la solidarité que cette Région apporte et continue à apporter au Département de l'Artibonite et, spécifiquement, à la commune des Gonaïves après la tempête tropicale Jeanne qui a ravagé cette région du pays.

Je profite de l'opportunité pour remercier l'ensemble des élus du Conseil Régional de l'aide d'urgence qu'ils ont apportée. Mais malheureusement, cette aide n'a pas encore pu toucher ceux qui devraient en bénéficier pour les raisons que l'on connaît. Le Président HUCHON a lui-même écrit qu'Haïti fait partie des priorités de la Région dans le cadre des projets de développement.

C'est pourquoi je le dis solennellement : LE GOUVERNEMENT HAITIEN PREND L'ENGAGEMENT DE FAIRE CE QUI EST POSSIBLE ET NÉCESSAIRE POUR FACILITER CE PROGRAMME D'AIDE AUX GONAIVES.

En même temps, c'est aussi l'occasion de souligner qu'une aide ponctuelle, indispensable quand il s'agit d'une urgence pour répondre à un désastre, n'est pas le meilleur instrument d'aide au développement.

C'est ainsi que, Monsieur le Président du Conseil Régional, Mesdames, messieurs des délégations invitées, j'en profite pour rappeler qu'aux Gonaïves comme ailleurs en Haïti, nous avons besoin d'une aide à long terme qui s'inscrit en droit-fil dans la logique du Plan de Développement sur 25 ans prévu par le Président René PRÉVAL. Il s'agit, pour nous, d'une aide qui nous permette d'avoir le temps d'élaborer ensemble les projets, de les soumettre aux populations et enfin de les mettre en oeuvre au bénéfice de ces populations. Une aide comme celle qu'apporte le Conseil Régional d'Ile-de-France à certains pays dans le cadre de la coopération décentralisée.

Si nous rappelons cela, ce n'est pas par jalousie, mais parce que nous sommes tout à fait convaincus que nous avons à la fois les qualités et les défauts pour faire un bon partenaire.

Il est donc souhaitable que la Région d'Ile-de-France et les autres régions de France aident Haïti et soutiennent les associations locales qui présentent des projets de développement pour le pays.

Dans le but de faciliter le processus de dialogue et d'échanges, un service spécial sera mis en place au Consulat Général d'Haïti à Paris dont la tâche, entre autres, sera d'étudier la faisabilité et le mode d'exécution des projets avec les associations régionales. Sur la base des rapports dudit Service, le Ministère des Haïtiens Vivant à l'Étranger pourra être en mesure d'assurer le suivi des projets sur place en Haïti et apportera son apport en vue de leur réussite.

Mesdames, messieurs,

Je termine mes propos en réaffirmant la ferme volonté du Gouvernement de poursuivre le dialogue avec ses partenaires francophones du Nord à travers une coopération fructueuse aux fins d'accélérer le processus devant conduire le peuple haïtien au bien-être qu'il mérite et qu'il cherche encore dans le cadre d'un Etat de droit.

Merci

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Message  gwotoro Mer 8 Nov 2006 - 18:37

Extrait tire de l'article Les collectivités territoriales : "un acteur clé de la démocratie" paru dans Haiti En Marche en date du 3 novembre 2006 autour de la visite en France du Ministre des Haitiens vivant a l'etranger.



[...]De la coopération décentralisée au co-développement...

A quoi nous ajouterions un 4e en ce qui nous concerne : la diaspora haïtienne.

En effet, le Ministre des Haïtiens vivant à l'étranger n'était pas à Paris uniquement pour ce colloque, mais aussi pour apporter un message aux communautés haïtiennes de France.

En une semaine, du lundi 30 octobre au samedi 4 novembre 2006, le ministre Jean Généus a rencontré les associations d'haïtiens et de franco-haïtiens dans Paris et les villes avoisinantes.

Jeudi soir, la délégation venue de Port-au-Prince était à Lille, chez le Docteur Every Archer, un éminent psychiatre haïtien, chef du service d'évaluation psychiatrique dans les centres de détention de la région.

L'assistance était surtout composée de Français, amis ou alliés de membres de la communauté haïtienne. A Lille cette dernière se compose en majorité de cadres supérieurs (médecins, professeurs, universitaires) dont plusieurs avaient exercé précédemment en Afrique francophone, comme le Professeur Joseph Saint-Fleur et le Dr. Daniel Talleyrand.

Une question soulevée avec insistance : les procédures d'adoption en Haïti jugées longues et coûteuses. La délégation de Port-au-Prince a alors rappelé les dernières mesures prises dans ce domaine par le gouvernement constitutionnel pour exercer un meilleur contrôle qui doit permettre de raccourcir le processus, cela en diminuant le nombre excessif d'intermédiaires, l'une des principales causes des nombreux abus relevés.

D'autre part, exiger des agences en Haïti qui y travaillent, qu'elles doivent d'abord obtenir la reconnaissance par l'Etat. Idem en France...

Mais revenons à l'essentiel du message de l'émissaire du gouvernement Préval-Alexis auprès de nos compatriotes de l'extérieur. Il tient en un mot : le " co-développement. "

Un plus grand effet multiplicateur...

Le co-développement revient à faire en sorte que l'aide des haïtiens à l'étranger au pays natal entre réellement dans une logique de développement, avec pour commencer un plus grand effet multiplicateur.

Ce n'est pas tant les fonds qui font problème que la coordination. Un programme commun. Le gouvernement travaille en ce moment à dresser un inventaire des ressources offertes par la diaspora.

Pour cela, le ministre des Haïtiens vivant à l'étranger a voulu profiter de l'invitation du Conseil régional de l'Ile de France pour rencontrer les associations haïtiennes et franco-haïtiennes de toute la région.

Depuis longtemps on ne compte plus les projets entrepris en Haïti par des compatriotes émigrés et de tous les coins du monde où ils ont pu trouver asile.

Mais ces projets sont habituellement exécutés sans aucun ensemble, chacun désirant aider d'abord les siens, c'est-à-dire ses concitoyens dans son propre patelin.

Partenariat et non assistance humanitaire ! ...

Le gouvernement actuel a entrepris de bâtir, à partir des données qu'il est en train de recueillir, une meilleure coordination. Afin d'éviter non pas tant le gaspillage que trop souvent le double emploi, comme par exemple lorsqu'un projet d'eau potable aurait pu servir trois villages et non un seul.

Secundo, le co-développement dont il est question avec les associations haïtiennes en diaspora, rejoint tout à fait la " coopération décentralisée " que nous propose aujourd'hui la Francophonie.

Même acteur de base : les collectivités territoriales et sections rurales.

Renforcement de la démocratie et décentralisation : des responsables locaux élus au cours d'élections libres et les projets de développement au niveau de ceux auxquels ils font le plus cruellement défaut.

Accent sur le partenariat versus assistance humanitaire : le gouvernement entend pour cela accorder toujours plus étroitement le programme des infrastructures (routes, électricité, eau potable, aéroports, centres médicaux, écoles) avec les initiatives de nos compatriotes de la diaspora (dans l'éco-tourisme, par exemple) et les projets issus de la coopération des " collectivités territoriales francophones du nord. "

Diplomatie totalement déficitaire...

Cependant, il y a un hic. Si les associations haïtiennes en diaspora sont sollicitées de partout, grâce à ces missions entreprises par le ministère des Haïtiens vivant à l'étranger (récemment à Boston, bientôt à New York, Montréal, les Antilles etc)... par contre, qui s'occupe de sensibiliser les " collectivités du nord " ?

La diplomatie haïtienne en Europe est aujourd'hui totalement déficitaire. L'ambassadeur d'Haïti à Paris n'a pas jugé important d'assister au colloque de vendredi.

Qui va assurer le suivi sur place ?

Est-ce la chancellerie haïtienne qui demeure dans une position de suspens et en suspens ? La représentation diplomatique extérieure aurait dû être remaniée ou à défaut re-confirmée officiellement, comme le requiert la Constitution ?

L'Union européenne reste le plus grand bailleur d'Haïti, en termes de pourcentage. Qui est en charge de ce dossier ? Apparemment personne sur place... [...]

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Message  gwotoro Mar 14 Nov 2006 - 23:43

Autre excellent article de Marcus qui suit la tournee du ministre des Haitiens vivant a l'etranger a travers la diaspora haitienne.

Cet article a l'avantage de poser une question que tres peu ont pose jusqu'a present et est selon moi, un des dangers qui guette Haiti dans un futur pas trop lointain.



HAITIENS EN FRANCE

France-Diaspora : Un besoin de mieux coopérer les uns avec les autres

PARIS, 5 Novembre
- Les communautés haïtiennes en diaspora manifestent le même intérêt pour le pays natal, mais sans avoir tout à fait les mêmes objectifs.

Les haïtiens de Boston visités récemment par une délégation du Ministère des Haïtiens vivant à l'étranger, rêvent en majorité d'ouvrir des affaires dans leur pays d'origine.

Par contre ceux de France n'ont à la bouche que les mots d'association, de comité de développement ou autre forme d'organisation communautaire.

Ici c'est le social qui prime, tout comme aux USA c'est le business qui semble la priorité.

Chacun paraît avoir son petit projet dans la poche, quand il n'est pas déjà en application quelque part dans telle commune ou tel village au fond de l'un des dix départements géographi-ques d'Haïti.

Tout le monde paraît sûr de son affaire mais également soucieux de savoir ce que compte faire de son côté le gouvernement.

Le ministre Victor Jean Généus est venu écouter pour mieux savoir ce que peut et doit faire le gouvernement à ce tournant.

Tout y passe : l'insécurité, la bureaucratie, le dédouanement des médicaments et autres biens de première nécessité qui se révèle si compliqué et fastidieux que beaucoup de conteneurs pleins à ras bord ont dû souvent rebrousser chemin. Cela à côté d'une des populations les plus démunies de la planète.

Cependant la douane haïtienne est en train de faire peau neuve avec l'informatisation complète de son système.

Symbiose avec la population locale...

Le ministre Généus conseille que ces organisations haïtiennes de l'extérieur obtiennent aussi leur enregistrement légal en Haïti, afin de pouvoir bénéficier des privilèges fiscaux réservés aux organisations à but non lucratif et autres ONG (organisation non gouvernementale).

Ce qui frappe encore lors de ces débats avec les haïtiens de France (Paris et ses villes adjacentes, Epinay, Lille etc), et qui diffère de la diaspora aux Etats-Unis, c'est la symbiose avec la population locale. Aussi bien Français métropolitains que antillais.

Il y a même des rencontres où ce sont des Français qui forment la presque totalité de l'assistance, comme à Lille, à une heure de TGV (train rapide) de Paris.

Leurs interventions concernent en majorité les difficultés de l'adoption. A voir le grand nombre qui s'est déplacé, on devine que beaucoup de futurs parents adoptifs brûlent d'impatience.

Il faut leur expliquer que Haïti aussi a quelques préoccupations à ce sujet. On parle de rapt et de trafic d'enfants. Les populations s'inquiètent, comme le rapportait récemment un correspondant dans la Grande Anse. Le gouvernement essaie de remettre de l'ordre. Pour commencer, l'exigence de l'enregistrement légal pour toutes les agences en Haïti s'occupant d'adoption. Etc.

Mais nos amis étrangers en France manifestent aussi beaucoup d'intérêt dans d'autres problèmes plus spécifiquement haïtiens. Et parfois c'est eux qui posent les meilleures questions. N'étant pas soumis à la même pression émotionnelle connue chez l'haïtien qui vit loin de son pays.

Le drame des sans papiers haïtiens en République dominicaine, les enfants des rues à Port-au-Prince, en un mot la misère et la violence, tout y passe.

Tout est dans tout...

La délégation s'emploie à y répondre sans tenter d'embellir la situation ni de la noircir à faire peur. Mais plutôt en la mettant en perspective. Dégager les différents aspects d'une même situation. Celle d'Haïti. Elle n'est pas rose. Elle est multiple. L'insécurité, la misère, le chômage, les infrastructures défaillantes, les kidnappings, les meurtres (dont 90% se produisent à la capitale), aucune partie ne peut être coupée de l'ensemble, tout est dans tout. C'est du moins la tâche du gouvernement. Pour faire quelque chose, il est nécessaire d'attaquer sur plusieurs fronts à la fois.

On découvrira alors que même dans la lutte contre l'insécurité, un certain résultat a été atteint.

En dehors de la capitale, le reste du pays est généralement calme.

La politique de rapprochement du président René Préval avec ses adversaires politiques d'hier permet d'écarter l'agitation politique, qui a pu servir de paravent ces dernières années aux vrais criminels, donc permet de mieux cerner la criminalité qui continue de sévir à la capitale et qui est plus probablement aujourd'hui le fait de groupes liés au crime organisé. Meurtres ciblés. Règlements de compte.

La sécurité gratis ti-chéri n'est pas pour demain...

Tout cela sur fond de trafic de drogue et de milliers de " déportés " (ces immigrants refoulés en Haïti après avoir accompli une peine pour délits ou crime dans les prisons américaines ou canadiennes).

On aurait tort de croire que la sécurité totale ou gratis ti-chéri est pour demain. Le mythe de la perle des Antilles ne reviendra pas de sitôt. Quoi que puissent promettre des électoralistes impatients !

Voilà le genre de ton qui est utilisé dans la tournée organisée par le Ministère des Haïtiens vivant à l'étranger.

A Paris, le comité organisateur comprenait la cinéaste haïtienne Elsie Haas, Dr. Daniel Talleyrand, Maître Ernst Vilsaint, un ancien député sous la bannière de Fanmi lavalas, Mr. Serge Alexis, Mr. Solon Maignant, un ex-maire d'Aquin.

La soirée à Lille est une initiative du Dr. Every Archer, psychiatre renommé.

La rencontre avec une association de pasteurs protestants fut aussi particulièrement remarquable. Ils sont plus d'une trentaine qui ont institué des projets dans leur communauté locale en Haïti.

Ce ne sont pas des citoyens qui demandent au gouvernement ce qu'il peut faire pour eux, mais ce qu'ils peuvent faire sans buter constamment sur toutes sortes de tracasseries.

Selon un élu de la région d'Ile-de-France, Joseph Tréhel (PC), qui s'occupe du dossier d'Haïti au sein du Conseil régional de la région parisienne, des associations comme celle composée par ces pasteurs, représentant plus d'une trentaine d'églises, sont idéales dans la nouvelle conception de la " coopération décentralisée " prônée par les pays du monde francophone. Vu leur cohésion et leur engagement habituel, les demandes de leur part sont prises plus facilement en considération.

Chacun a un devoir à accomplir...


Le support du Conseil régional de l'Ile-de-France ne dépasse pas 300.000 Euros par projet. Ils sont actuellement engagés, via l'ONG haïtienne CRESFED dirigée par Mme Suzy Castor, dans une étude sur les bassins versants de la ville des Gonaïves, dans l'espoir d'éviter une catastrophe comme les inondations en 2004 qui ont fait des milliers de morts.

Tandis que le Conseil régional de Savoie est pour sa part à l'œuvre dans la ville de Dessalines (Artibonite).

Encourager les associations haïtiennes disséminées un peu partout, tous ces innombrables projets individuels, à fusionner en de plus grandes entités capables de donner plus de confiance aux bailleurs et en même temps travailler au pays natal sur une plus grande échelle et en faveur d'un développement plus durable...

Voilà de quoi s'occupe en ce moment le Ministère des Haïtiens vivant à l'étranger.

L'on se sépare avec le sentiment que chacun a son devoir à accomplir avant le prochain rendez-vous. Le gouvernement doit préparer le terrain sur le plan institutionnel. Les associations mettre plus d'ordre dans leurs affaires. Et commencer à mieux coopérer dans leurs initiatives réciproques. Pour le plus grand bien au pays natal.

Ce qui permettra de répondre à une autre question vitale posée le samedi 4 novembre lors de la séance plénière : la prochaine génération de descendants d'haïtiens à l'étranger se souviendra-elle du pays d'origine ?

Oui, si nous savons mettre toutes les considérations précédentes en pratique et faire de la petite collectivité locale dont vient leur père ou leur mère un petit coin où ils aimeront chaque année revenir.


Marcus, 5 Novembre 2006

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