Marche Mondiale organisation feministe du Brésil s'adresse aux Parlementaires

Rico Mer 16 Juil 2008 - 20:21

Lettre ouverte de la Marche Mondiale des Femmes aux sénateurs et députés

Haiti-Premier ministre : Les parlementaires haïtiens se sauraient se laisser guider par des considérations sexistes

mercredi 16 juillet 2008

Marche Mondiale organisation feministe du Brésil s'adresse aux Parlementaires Arton7468

Document soumis à AlterPresse le 15 juillet 2008

Honorables Sénateurs et Députés
Palais Législatif
Cité de l’Exposition (Bicentenaire)
Port-au-Prince, HAITI

Nous, de la Marche Mondiale des Femmes, proposons de construire un autre monde où l’exploitation, l’oppression, l’intolérance et les exclusions n’existent plus, où l’intégrité, la diversité, les droits et libertés de toutes et de tous sont respectés.

Notre organisation créée en 1999, basée au Brésil et comptant plus de 5 000 organisations-membres en provenance de 164 pays à travers le monde, a présentement les yeux rivés sur Haïti.

Ce qui retient notre attention aujourd’hui, c’est l’occasion prochaine pour vous Honorables député-e-s et sénateurs/sénatrices, de décider de promouvoir à la tête de votre pays en tant que Première Ministre, Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis. Nous vous encourageons fortement dans ce choix politique qui vous revient, à considérer sérieusement l’engagement, la trajectoire et les réalisations, le leadership et les compétences ainsi que les capacités et le potentiel de cette candidate – et ce, il va sans dire, au même titre que vous le feriez pour une candidature masculine.

Dans notre Charte mondiale, mue par des valeurs d’égalité, de liberté, de justice, de solidarité et de paix, nous affirmons d’ailleurs entre autres que :

Tous les êtres humains et tous les peuples sont égaux dans tous les domaines et dans toutes les sociétés. Ils ont un accès égal ….. aux fonctions représentatives, politiques et décisionnelles….. Aucune condition humaine ou condition de vie ne peut justifier la discrimination.

Aucune coutume, tradition, religion, idéologie, aucun système économique, ni politique ne justifie … et n’autorise des actes qui remettent en cause la dignité et l’intégrité physique et psychologique.

Les femmes sont des citoyennes à part entière avant d’être des conjointes, des compagnes, des épouses, des mères, des travailleuses.

Chaque personne jouit de libertés collectives et individuelles qui garantissent sa dignité notamment : liberté de pensée, de conscience, de croyance, de religion ; d’expression, d’opinion ; de vivre librement sa sexualité de façon responsable et de choisir la personne avec qui partager sa vie ; de voter, d’être élue, de participer à la vie politique ; …. de disposer de sa personne et de ses biens ;….

Les libertés s’exercent dans la tolérance, le respect de l’opinion de chacune et de chacun et des cadres démocratiques et participatifs. Elles entraînent des responsabilités et des devoirs envers la communauté.

Les femmes prennent librement les décisions qui concernent leur corps, leur sexualité et leur fécondité. Elles choisissent d’avoir ou non des enfants.

La démocratie s’exerce s’il y a liberté et égalité.

Cependant, des informations émanant de plusieurs de nos membres ainsi que des médias, nous indiquent que des éléments allant à l’encontre de ces principes seraient susceptibles de vous influencer négativement au moment de cette importante ratification de la Première Ministre, Madame Duvivier Pierre-Louis. Nous avons du mal à croire que les parlementaires haïtiens se laisseraient guider par de telles considérations. Cela à nos yeux et aux yeux du monde, représenterait non seulement une discrimination sexo-spécifique flagrante mais également une offense aux droits humains les plus élémentaires tel que prescrit par la plateforme d’action de Beijing adoptée par Haïti en 1995 ainsi qu’une brèche dans les aspirations démocratiques des peuples.

Bien que cette décision vous revienne entièrement, sachez Mesdames, Messieurs les Honorables sénateurs/sénatrices et député-e-s, que votre geste, s’il est posé consciencieusement et positivement, en toute justice à l’égard de Madame Pierre-Louis, sera applaudi sur la scène internationale, notamment au sein des milliers d’organisations de femmes membres de la Marche Mondiale.

Nous vous souhaitons donc une excellente réflexion et vous prions de recevoir Honorables Sénateurs, la garantie de notre considération distinguée,

Brésil, le 6 juillet 2008

Pour la coordination internationale

Miriam Nobre

Coordonnatrice

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