Ce qui se cache derriere l'arresration de R.Karadic
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Ce qui se cache derriere l'arresration de R.Karadic
Comment la DGSE a raté Radovan KaradzicVOYAGES EN BARBOUZERIE (IV) / mardi 22 juillet par Pierre Siramy
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L’ancien chef politique des Serbes de Bosnie et l’un des fugitifs les plus recherchés au monde, accusé de génocide a été arrêté après 13 ans de cavale. « Bakchich » revient sur les conditions de la traque des criminels de guerre dans l’ex-Yougoslavie par nos chers barbouzes.
Carla del Ponte, alors procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, est, dès 1995, sur la piste de deux criminels de guerre serbes, Ratko Mladic et Radovan Karadzic, accusés d’avoir fait massacrer notamment entre 7000 et 8000 Bosniaques à Srebrenica. Elle active ses réseaux et sollicite les grandes puissances afin qu’elles portent leurs efforts sur cette chasse à l’homme. Elle sait que ces États en ont les moyens techniques et opérationnels… Ce mardi, 22 juillet 2008, elle obtient enfin de quoi se réjouir, les services secrets serbes, aidés d’un pays tiers, ont arrêté Radovan Karadzic vendredi dernier. Une joie mitigée, dès lors qu’elle se remémore les treize années d’une soi-disant cavale pendant laquelle real politique et justice n’ont vraiment pas fait bon ménage. Quant à Mladic, il est toujours « en fuite ».
Localiser Mladic et Karadzic
Retour en arrière. En 1995, la demande de la procureur de choc atterrit dans les ministères français, principalement aux Affaires étrangères et à la Défense. Le général Philippe Rondot – que le public a plus tard appris à connaître au détour de l’affaire Clearstream – est chargé d’organiser les missions des différents services de renseignement. Il va voir ses amis de la DGSE, le général de brigade Dominique Champtiaux, alors directeur des opérations (DO) et le contrôleur général Michel Lacarrière, directeur du renseignement (DR), pour leur expliquer son plan.
La DGSE, les espions français, est le service pilote. À lui de faire le boulot. Objectif numéro un : localiser Mladic et Karadzic. Pour les appréhender, on verra plus tard. La situation est tellement fragile dans la zone balkanique… Il s’agit surtout de faire preuve de bonne volonté. En marchant sur des œufs.
La direction du renseignement monte, comme d’habitude, une petite cellule de crise rassemblant les différents spécialistes, y compris ceux de la direction des opérations (DO) - le service Action (SA), le service Missions (SM) - et de la direction technique (DT), chargée des interceptions des messages éventuellement envoyés par Mladic et Karadzic. La conclusion tombe vite, il faut repérer les véhicules des deux Serbes en surveillant un local à Paris et un autre à Genève, une librairie. Leurs proches passeraient par là de temps en temps, selon un renseignement jugé fiable. Une fois repérés, il suffirait de placer une balise Argos sur les véhicules.
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L’ancien chef politique des Serbes de Bosnie et l’un des fugitifs les plus recherchés au monde, accusé de génocide a été arrêté après 13 ans de cavale. « Bakchich » revient sur les conditions de la traque des criminels de guerre dans l’ex-Yougoslavie par nos chers barbouzes.
Carla del Ponte, alors procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, est, dès 1995, sur la piste de deux criminels de guerre serbes, Ratko Mladic et Radovan Karadzic, accusés d’avoir fait massacrer notamment entre 7000 et 8000 Bosniaques à Srebrenica. Elle active ses réseaux et sollicite les grandes puissances afin qu’elles portent leurs efforts sur cette chasse à l’homme. Elle sait que ces États en ont les moyens techniques et opérationnels… Ce mardi, 22 juillet 2008, elle obtient enfin de quoi se réjouir, les services secrets serbes, aidés d’un pays tiers, ont arrêté Radovan Karadzic vendredi dernier. Une joie mitigée, dès lors qu’elle se remémore les treize années d’une soi-disant cavale pendant laquelle real politique et justice n’ont vraiment pas fait bon ménage. Quant à Mladic, il est toujours « en fuite ».
Localiser Mladic et Karadzic
Retour en arrière. En 1995, la demande de la procureur de choc atterrit dans les ministères français, principalement aux Affaires étrangères et à la Défense. Le général Philippe Rondot – que le public a plus tard appris à connaître au détour de l’affaire Clearstream – est chargé d’organiser les missions des différents services de renseignement. Il va voir ses amis de la DGSE, le général de brigade Dominique Champtiaux, alors directeur des opérations (DO) et le contrôleur général Michel Lacarrière, directeur du renseignement (DR), pour leur expliquer son plan.
La DGSE, les espions français, est le service pilote. À lui de faire le boulot. Objectif numéro un : localiser Mladic et Karadzic. Pour les appréhender, on verra plus tard. La situation est tellement fragile dans la zone balkanique… Il s’agit surtout de faire preuve de bonne volonté. En marchant sur des œufs.
La direction du renseignement monte, comme d’habitude, une petite cellule de crise rassemblant les différents spécialistes, y compris ceux de la direction des opérations (DO) - le service Action (SA), le service Missions (SM) - et de la direction technique (DT), chargée des interceptions des messages éventuellement envoyés par Mladic et Karadzic. La conclusion tombe vite, il faut repérer les véhicules des deux Serbes en surveillant un local à Paris et un autre à Genève, une librairie. Leurs proches passeraient par là de temps en temps, selon un renseignement jugé fiable. Une fois repérés, il suffirait de placer une balise Argos sur les véhicules.
piporiko- Super Star
-
Nombre de messages : 4753
Age : 54
Localisation : USA
Opinion politique : Homme de gauche,anti-imperialiste....
Loisirs : MUSIC MOVIES BOOKS
Date d'inscription : 21/08/2006
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: Ce qui se cache derriere l'arresration de R.Karadic
Interrogatoire musclé à la DGSE©Pakman
Depuis Greenpeace, la DGSE est devenue très écolo et emploie à des fins opérationnelles ce petit émetteur qui permet de suivre les déplacements d’une bouée, d’un bateau, d’un animal ou de toute plate-forme équipée d’un émetteur avec une précision de 300 mètres, partout dans le monde. Sous un délai minimum de 15 minutes, les résultats du traitement de ces données apparaissent directement sur l’écran de votre ordinateur, sous forme de carte par exemple, indiquant les déplacements d’une bouée dérivante. Argos est devenu le système de référence pour l’étude et la protection de l’environnement à l’échelle mondiale. C’est la publicité de ce consortium franco-américain, dont le siège européen, CLS, est installé à Toulouse, qui le dit et c’est vrai. Les navigateurs solitaires comme les opérationnels espions du service Action l’utilisent.
Un ingénieur teste un super logiciel de repérage des balises électroniques
Quatre ans après le lancement de l’opération, la localisation est restée vaine, du moins c’est ce qu’affirment les autorités. Ce n’est pas simple de repérer deux hommes protégés par des amitiés solides et des complicités au plus haut niveau.
Pendant ce temps un ingénieur travaille, dans un centre de l’Ouest parisien, sur un projet de logiciel capable de repérer toutes les informations de toutes les balises actives dans le monde entier. Dans les premiers mois de 2001, son projet arrive à son terme et tous les identifiants apparaissent sur les écrans de ses ordinateurs.
Le général Champtiaux, qui n’a toujours pas progressé dans sa traque, obtient des étoiles supplémentaires et le poste de directeur de cabinet du directeur général, véritable numéro 2 de la DGSE. Son ami Philippe Rondot lui confirme pourtant que la localisation des deux Serbes reste une priorité. Il insiste sur le fait qu’il s’agit de les localiser. Pas question de les neutraliser (c’est à dire de les arrêter). Après tout, Dominique Champtiaux lui doit bien ça : Rondot lui a obtenu les honneurs et un poste majeur, ses accointances élyséennes n’y sont pas étrangères. Les « espions de base » continuent leur travail. Ils ne font pas vraiment la différence entre localisation et neutralisation, alors ils mettent toute leur énergie au service de la République quand certains de leurs chefs se mobilisent, surtout au profit de leur carrière.
Notre ingénieur continue à peaufiner les lignes de code de son logiciel. Pendant ce temps, une autre équipe prépare à partir d’images satellitaires une carte précise de l’ex-Yougoslavie.
Depuis Greenpeace, la DGSE est devenue très écolo et emploie à des fins opérationnelles ce petit émetteur qui permet de suivre les déplacements d’une bouée, d’un bateau, d’un animal ou de toute plate-forme équipée d’un émetteur avec une précision de 300 mètres, partout dans le monde. Sous un délai minimum de 15 minutes, les résultats du traitement de ces données apparaissent directement sur l’écran de votre ordinateur, sous forme de carte par exemple, indiquant les déplacements d’une bouée dérivante. Argos est devenu le système de référence pour l’étude et la protection de l’environnement à l’échelle mondiale. C’est la publicité de ce consortium franco-américain, dont le siège européen, CLS, est installé à Toulouse, qui le dit et c’est vrai. Les navigateurs solitaires comme les opérationnels espions du service Action l’utilisent.
Un ingénieur teste un super logiciel de repérage des balises électroniques
Quatre ans après le lancement de l’opération, la localisation est restée vaine, du moins c’est ce qu’affirment les autorités. Ce n’est pas simple de repérer deux hommes protégés par des amitiés solides et des complicités au plus haut niveau.
Pendant ce temps un ingénieur travaille, dans un centre de l’Ouest parisien, sur un projet de logiciel capable de repérer toutes les informations de toutes les balises actives dans le monde entier. Dans les premiers mois de 2001, son projet arrive à son terme et tous les identifiants apparaissent sur les écrans de ses ordinateurs.
Le général Champtiaux, qui n’a toujours pas progressé dans sa traque, obtient des étoiles supplémentaires et le poste de directeur de cabinet du directeur général, véritable numéro 2 de la DGSE. Son ami Philippe Rondot lui confirme pourtant que la localisation des deux Serbes reste une priorité. Il insiste sur le fait qu’il s’agit de les localiser. Pas question de les neutraliser (c’est à dire de les arrêter). Après tout, Dominique Champtiaux lui doit bien ça : Rondot lui a obtenu les honneurs et un poste majeur, ses accointances élyséennes n’y sont pas étrangères. Les « espions de base » continuent leur travail. Ils ne font pas vraiment la différence entre localisation et neutralisation, alors ils mettent toute leur énergie au service de la République quand certains de leurs chefs se mobilisent, surtout au profit de leur carrière.
Notre ingénieur continue à peaufiner les lignes de code de son logiciel. Pendant ce temps, une autre équipe prépare à partir d’images satellitaires une carte précise de l’ex-Yougoslavie.
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Re: Ce qui se cache derriere l'arresration de R.Karadic
Le GIGN et les services secrets hollandais déjà sur la piste
Un jour, le centre de l’Ouest parisien s’agite. Trois balises ont été repérées, évoluant sur une route, quelque part dans les Balkans. Pas de doute, avec les renseignements de sources humaines obtenus récemment, il s’agissait bien des voitures de Mladic et Karadzic. Mais à qui sont ces balises ? Le service Action n’en a pas posé. Alors d’où viennent-elles ?
Là encore, la complémentarité entre les trois directions chargées du renseignement humain, technique et opérationnel, joue à plein, même si elle n’est pas évidente. Chaque directeur cherche à tirer le maximum de profit d’une petite information d’avance au point de bloquer un dispositif déjà complexe. Que ne ferait-on pas pour être reconnu par le big boss, en l’espèce le directeur général ?
Deux ou trois coups de fils et les identifiants sont… identifiés. Deux balises appartiennent au GIGN (le groupement d’intervention de la gendarmerie nationale) et la troisième aux services de renseignement hollandais. Comme quoi, une fois de plus, les espions de la République ont été roulés dans la farine, eux qui étaient censés être les pilotes sur le dossier. Le plus dur, c’est la suite : comment informer délicatement le numéro 2 de la DGSE, convaincu d’être le seul à la tête de cette opération, de la réalité des faits. Il ne rend compte de l’évolution des recherches qu’à son ami Rondot qui, lui, sait qu’elles devront échouer. Raison d’État. Il faut laisser les Serbes s’occuper des Serbes, une doctrine toute diplomatique.
La DGSE doublée par le général Rondot
Trop tard. La piste des criminels de guerre est techniquement fiable. Le mystère doit pourtant rester entier. Le général Champtiaux réalise avec une colère rentrée que Philippe Rondot l’a doublé et que les États sont complices. Ce sont des gardiens de la paix, eux. On ne va pas s’arrêter à la mort de 7 ou 8 000 Bosniaques…
Attendons maintenant l’arrestation de Mladic. Demain ou plus tard. Après tout les autorités serbes ont déjà fait un geste qui pourrait suffire… pour le moment. Ni Carla del Ponte ni Florence Hartmann, sa porte parole, ne seront surprises des révélations de Bakchich. Nous lirons avec attention la traduction française de La chasse, moi et les criminels de guerre, le dernier ouvrage de l’ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie, qui épingle un autre personnage, Hashim Thaçi, l’actuel Premier ministre du Kosovo, dont les liens passés avec la DGSE ne sont un secret pour personne. Dominique Champtiaux et un candidat malheureux à la députation en savent beaucoup sur le sujet. On examinera une prochaine fois leurs activités discrètes.
Lire et relire sur Bakchich :
Un jour, le centre de l’Ouest parisien s’agite. Trois balises ont été repérées, évoluant sur une route, quelque part dans les Balkans. Pas de doute, avec les renseignements de sources humaines obtenus récemment, il s’agissait bien des voitures de Mladic et Karadzic. Mais à qui sont ces balises ? Le service Action n’en a pas posé. Alors d’où viennent-elles ?
Là encore, la complémentarité entre les trois directions chargées du renseignement humain, technique et opérationnel, joue à plein, même si elle n’est pas évidente. Chaque directeur cherche à tirer le maximum de profit d’une petite information d’avance au point de bloquer un dispositif déjà complexe. Que ne ferait-on pas pour être reconnu par le big boss, en l’espèce le directeur général ?
Deux ou trois coups de fils et les identifiants sont… identifiés. Deux balises appartiennent au GIGN (le groupement d’intervention de la gendarmerie nationale) et la troisième aux services de renseignement hollandais. Comme quoi, une fois de plus, les espions de la République ont été roulés dans la farine, eux qui étaient censés être les pilotes sur le dossier. Le plus dur, c’est la suite : comment informer délicatement le numéro 2 de la DGSE, convaincu d’être le seul à la tête de cette opération, de la réalité des faits. Il ne rend compte de l’évolution des recherches qu’à son ami Rondot qui, lui, sait qu’elles devront échouer. Raison d’État. Il faut laisser les Serbes s’occuper des Serbes, une doctrine toute diplomatique.
La DGSE doublée par le général Rondot
Trop tard. La piste des criminels de guerre est techniquement fiable. Le mystère doit pourtant rester entier. Le général Champtiaux réalise avec une colère rentrée que Philippe Rondot l’a doublé et que les États sont complices. Ce sont des gardiens de la paix, eux. On ne va pas s’arrêter à la mort de 7 ou 8 000 Bosniaques…
Attendons maintenant l’arrestation de Mladic. Demain ou plus tard. Après tout les autorités serbes ont déjà fait un geste qui pourrait suffire… pour le moment. Ni Carla del Ponte ni Florence Hartmann, sa porte parole, ne seront surprises des révélations de Bakchich. Nous lirons avec attention la traduction française de La chasse, moi et les criminels de guerre, le dernier ouvrage de l’ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie, qui épingle un autre personnage, Hashim Thaçi, l’actuel Premier ministre du Kosovo, dont les liens passés avec la DGSE ne sont un secret pour personne. Dominique Champtiaux et un candidat malheureux à la députation en savent beaucoup sur le sujet. On examinera une prochaine fois leurs activités discrètes.
Lire et relire sur Bakchich :
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