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Quel Bretton Woods pour le Développement ? (P.M. Michèle Pierre-Louis en France)

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Message  jafrikayiti Mar 18 Nov 2008 - 22:14

http://www.alterpresse.org/spip.php?article7892

Haiti-France : « Notre monde a besoin d’institutions nouvelles (…) au service de l’avancement (…) des Peuples », déclare M. Pierre-Louis à Strasbourg

mardi 18 novembre 2008


Extraits du discours de la première ministre Michèle Duvivier Pierre Louis le 17 novembre en cours, à la clôture des journées européennes du développement, tenues à Strasbourg à partir du 15 novembre

Intervention faite en présence de du président du Bénin, Thomas Yayi Boni, le premier ministre du Zimbabwe, Morgan Tsvangirai, le ministre des Affaires Etrangères de la France, Bernard Kouchner, le secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet et le commissaire européen Louis Michel

Document soumis à AlterPrese le 18 novembre 2008

Mes remerciements vont à la Présidence française de l’Union Européenne pour l’invitation qui m’a été adressée, et à la Commission de l’Union Européenne pour l’organisation de ces assises. Mes remerciements vont également aux peuples européens et aux institutions de la Commission Européenne pour leur engagement en faveur du développement des pays pauvres et à faibles revenus parmi lesquels on compte mon pays, Haïti.

En me rendant ici pour participer avec vous aux Journées Européennes du Développement, je prends avec moi les cris et la douleur de mon Pays, Haïti. Cette terre de liberté meurtrie par les crises humaines et environnementales, et ce Peuple courageux qui souffre dans sa quête de développement, de démocratie et d’épanouissement collectif.

« Quel Bretton Woods pour le Développement ? m’avait-on demandé de commenter, 2 jours après le Sommet du G20 » Cette tribune offerte par les Journées Européennes du Développement tombe dans un contexte très particulier. On ne l’a que trop répété, ici au cours des précédents exposés, il coïncide avec une crise financière qui menace la stabilité mondiale. Cette crise n’est en fait que le sommet d’un iceberg géant qui a déjà pas mal détruit les économies, les sociétés et l’environnement de l’ensemble des pays pauvres. Ces désastres sont réalisés en présence et souvent dans l’indifférence des institutions de Bretton Woods. Alors, faut-il un autre Bretton Woods pour le Développement ? Pour la Formatrice, l’Ouvrière du développement et le Chef de Gouvernement que je suis, la réponse est sans hésitation oui. Qu’elles s’appellent Bretton Woods II, Strasbourg, Bruxelles ou de tout autre lieu, ou encore Plan Marshall II… notre monde a besoin d’institutions nouvelles, appropriées, efficaces, régulées et au service de l’avancement et du renforcement des Peuples dans la dignité et le respect réciproques.

Depuis l’ouverture des journées, une compréhension unanime se dégage des différents panels. Que l’état de pauvreté extrême, de détérioration de l’environnement, de famine et de marginalisation des pays sous-développés qui deviennent de plus en plus pauvres, résulte en grande partie des décennies de programmes d’ajustements structurels sauvages imposés par ces institutions financières internationales. Les causes de la crise financière et sa multi dimensionnalité ont aussi été amplement diagnostiquées. Je vais rappeler quelques unes des conséquences subies par nos pays pauvres pour justifier l’urgence et l’utilité d’adapter les institutions financières internationales.

Permettez que je vous dise d’abord, que cette crise est de nature salutaire. Elle permet :
de revenir sur terre pour adresser les vrais problèmes et rechercher les bonnes solutions,
de démasquer les hypocrisies internationales, d’admettre les torts et erreurs commis aux peuples du sud et à leur environnement naturel,
de questionner les politiques et les pratiques de management financier appliquées par les institutions de Bretton Woods aux pays faibles,
de constater les dégâts dus à la dérégulation économique et du tout marché en lieu et place des Etats nationaux et des institutions socioéconomiques construites et viables. Cette dérégulation a eu, dans mon pays, des effets dévastateurs aussi bien dans le monde rural que dans le monde urbain ;
et d’admettre que les Etats, même dans les pays pauvres, au travers des gouvernements légitimes, doivent être consolidés et réhabilités dans leur rôle de leader et de créateur d’opportunités pour leurs peuples.

Et ensuite, remarquer que ce n’est ni l’argent ni la capacité qui manque à l’échelle mondiale pour financer le développement. C’est avant tout un manque de volonté, peut-être induit par une image qui, trop souvent, nous marginalise, voire même nous infantilise. En effet, quand les intérêts des pays industrialisés sont en jeu, c’est à la fois extraordinaire et formidable, la mobilisation des Etats de 5 des 7 Pays du G7 (USA, France, U.K., Allemagne, Japan) qui ont déjà injecté plus de DEUX MILLE SIX CENT DOUZE MILLIARDS DE DOLLARS AMERICAINS (2 612 milliards USD) dans leur économie. Il est donc parfaitement correct et approprié que l’Etat intervienne avec autorité et célérité pour corriger les fautes du marché et protéger l’économie réelle.

Les conséquences du mal développement subi par nos pays résultent des mauvaises politiques pratiquées et des contraintes imposées. Elles constituent des défis qui, aujourd’hui, dépassent largement nos frontières et nos capacités nationales. Comment résoudre les problèmes posés par les changements climatiques, les catastrophes sanitaires, l’hyper vulnérabilité sociale, la crise énergétique, la crise alimentaire, la fracture technologique sans des Etats stratèges et des ressources fiables et régulières ? Comment combattre la criminalité organisée, les seigneurs de la guerre, le trafic de la drogue et des armes, et les organisations mafieuses qui infiltrent nos territoires ? Eh bien, voilà ce qui gangrène nos sociétés et qui hypothèque l’avenir de générations de femmes et d’hommes qui payent des dettes qu’ils n’ont ni contractées, ni connues et ni consommées. Voilà ce qui se passe quand des pays ont été forcés de se livrer uniquement aux bonnes volontés du marché en écartant l’Etat des responsabilités naturelles et régaliennes qui sont les siennes .Mes expériences et mes engagements personnels dans les efforts et processus participatifs m’encouragent, par les résultats obtenus, à croire dans la capacité des peuples à se développer. Les partenariats stratégiques et la solidarité véhiculée et exprimée à travers les actions des organisations de base, les agents de développement, les organisations de la société civile et la coopération internationale sont des ingrédients importants. Mais, ils ne peuvent remplacer le rôle fédérateur, régulateur et responsable de l’Etat.

Les Institutions Financières Internationales chargées d’accompagner le financement du développement requièrent, dans cet ordre d’idée, un profond changement de paradigme. Celui-ci devrait articuler des notions de responsabilité, de solidarité, de transparence et de respect des engagements pris, avec des actions concrètes et utiles en faveur des populations des pays pauvres, principalement au niveau local. Lesdites actions correspondent aux interventions prioritaires et spécifiques définies par les gouvernements nationaux légitimes. Elles fondent la base des politiques publiques qui doivent être soutenues dans la durée en vue de permettre à nos territoires et à nos régions d’exprimer leur potentialité, de créer des opportunités pour nos populations, particulièrement pour les jeunes, et d’encadrer les marchés. Combattre la faim et faire reculer la pauvreté ne peuvent résulter que des investissements structurants dans les infrastructures, la production agricole et l’agro-transformation, l’accès au marché, la formation technique et scientifique, le transfert technologique, la valorisation des ressources culturelles, les pratiques productives et consommatrices efficaces, la construction de la stabilité politique et de la cohésion sociale. Des institutions et des partenariats qui facilitent la réalisation de ces actions, voilà ce qu’il nous faut.

Dans ses expériences douloureuses de pauvreté et de marginalisation Haïti est lassée de promesses creuses d’aide internationale, trop souvent des leurres. Mon pays a une mémoire historique et culturelle, des gens créateurs et rudes travailleurs, une immense richesse potentielle qui ne nécessite que des investissements appropriés pour se réaliser. Nous vivons un paradoxe car nous savons bien que nous ne pouvons nous en sortir tous seuls, malgré nos efforts. C’est là, le vrai sens du devoir de solidarité internationale dont on a tant parlé ici au cours de ces Journées Européennes du développement. Il est donc temps de s’engager et de délivrer !

...........................

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Message  jafrikayiti Mar 18 Nov 2008 - 22:21

Au sujet de la crise économique qui secoue actuellement les pays enrichis, Madame la Première ministre d'Haiti déclare, et nous sommes heureux de prendre bonne note:


que cette crise est de nature salutaire. Elle permet :
de revenir sur terre pour adresser les vrais problèmes et rechercher les bonnes solutions, de démasquer les hypocrisies internationales, d’admettre les torts et erreurs commis aux peuples du sud et à leur environnement naturel, de questionner les politiques et les pratiques de management financier appliquées par les institutions de Bretton Woods aux pays faibles,
de constater les dégâts dus à la dérégulation économique et du tout marché en lieu et place des Etats nationaux et des institutions socioéconomiques construites et viables. Cette dérégulation a eu, dans mon pays, des effets dévastateurs aussi bien dans le monde rural que dans le monde urbain ; et d’admettre que les Etats, même dans les pays pauvres, au travers des gouvernements légitimes, doivent être consolidés et réhabilités dans leur rôle de leader et de créateur d’opportunités pour leurs peuples.


Madame la Première ministre relève par surcoît....

que ce n’est ni l’argent ni la capacité qui manque à l’échelle mondiale pour financer le développement. C’est avant tout un manque de volonté, peut-être induit par une image qui, trop souvent, nous marginalise, voire même nous infantilise.


Arrêtons-nous un peu à cette phrase si véridique. "une image qui, trop souvent,... nous infantilise".

Comme le défunt aurait dit: JISTEMAN!

Il est à se demander alors, qui est chef de cette "image" dont nous sommes tous conscients des maux qu'elle charrie? N'est-ce pas qu'elle nous infantilise lorsque les responsables les plus hauts gradés de l'État haitien se montrent incapables de définir les priorités de la nation, même en moment de crise? Tandis que dans la vraie vie, le ciel tombe sur la tête de nos écoliers les plus petits; lorsque la boue contaminée fait encore des victimes aux Gonaives, il n'ait que de journées de deuil, de cérémonies symboliques pour témoigner de l'existence de l'État haitien? Qu'est -ce qui paralyse ainsi les "décideurs" haitiens? Qui empêche à l'Exécutif de revoir le budget national et, en accord avec les parlementairs, d'allouer ce qui est dû aux domaines devenus urgemment prioritaires - tels les investissements dans les infrastructures du pays? Qui ou quest-ce qui empêche à nos chers Sénateurs et Députés de voter une résolution déclarant l'État d'urgence et un moratoire immédiat sur les plus de 60 millions de dollars qui saignent la nation haitienne chaque année, soi-disant pour payer "la dette".

Madame la Première ministre de déclarer en plein pays Gaulois:

En effet, quand les intérêts des pays industrialisés sont en jeu, c’est à la fois extraordinaire et formidable, la mobilisation des Etats de 5 des 7 Pays du G7 (USA, France, U.K., Allemagne, Japan) qui ont déjà injecté plus de DEUX MILLE SIX CENT DOUZE MILLIARDS DE DOLLARS AMERICAINS (2 612 milliards USD) dans leur économie. Il est donc parfaitement correct et approprié que l’Etat intervienne avec autorité et célérité pour corriger les fautes du marché et protéger l’économie réelle.


Mais alors qui empêche aux chefs de l'État dit Haitien de défendre les intérêts haitiens? Attendez-vous messieurs et dames que Donatien Rochambeau changeasse ses chiens mangeurs de nègres en sapeurs pompiers? Rêvez- vous qu'un 18 novembre 2008 les 20, 000 euros de la "promesse" se métamorphosent en 21 milliards...? se piyay!

Les discours revendicateurs reviennent aux militants - et même ceux-ci ont compris qu'il ne saurait suffir de dénoncer les crimes de l'impérialisme - mais qu'il faut agir concrêtement pour forcer le changement. Alors, nous ne saurons accepter que la Première ministre d'Haiti use d'un simple discours pour nous faire comprendre qu' "il est donc temps de s’engager et de délivrer ! ".

JISTEMAN! SISPANN JETE 1 MILYON DOLA VÈT CHAK SEMENN NAN DÈT TÈT ANBA - Ce serait une bonne manière de commencer à DÉLIVRER!

- n'est-ce pas?

respè!

Jaf

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Message  Rico Mar 18 Nov 2008 - 23:18

Qui ou quest-ce qui empêche à nos chers Sénateurs et Députés de voter une résolution déclarant l'État d'urgence et un moratoire immédiat sur les plus de 60 millions de dollars qui saignent la nation haitienne chaque année, soi-disant pour payer "la dette".JAF

E pi apre moratwa sa nou pral peye enterè sou enterè sou manman lajan kap grosi. Non se move estrateji ekonomik, se mete lod, aseni finans peyi a. Mare seinti nou pou ranbouse lajan prè sayo. Se aprann byen envèsti lajan prete pou fè mache sektè potansyèl tankou pwodiksyon nasyonal pou reprann plas mache nou Ayisyen pèdi prop lakay nou. Malgre mizè nou gen lajan kap fè ekonomi Dominiken e menm meriken ap vale teren. Poukwa pa rantre nan mache ekspotasyon , rantre deviz pou ranbouse lajan sa. Envesti nan enfrastrikti, agrikilti ak agro agriklti. San bliye envestiman nan sekirite se plis vali pou rantre lajan ak touris jan sa te konn fèt nan peyi dAyiti.

Ni non plis nou pa dwe tonbe nan taktik Dominken kap bannou bèt touse pou koule nou nan plede devan Loni pou ranbousman dèt Ayiti. Adyero pandan ke vwazen gen aksè ak bon volim kredi pou devlope peyi li, enfrastrikti modenn pa si pa la. Menm metro moden yo genyen. Leta bakop antrepriz prive, bayo bon mezi fiskal pou konstri gwo chènn otèl. Pandan yo vle nou nan rete nan mande ak charite. Alos kote krediblite ak serye nou nan kontèsk kopetisyon feros kapitalis sa. Alos san konpetitè nan zonn lan ki nan janm yo vwazen ap toujou vale teren. O pwen yo gen Sitadel sou destinasyon touristik yo.

Alos se panse, reflechi byen sou desizyon ki pa nan avantaj peyi sa. Li ta miyo pou nou plis odasye, envantif byen antandi gen kapasite aplike bon politik, pran bon mezi ekonomik pou soti nan mach a rekilon sa. Si nou refize jwe nan yon sistèm ak entelijans e pridans nap toujou nan mande, toujou nan depandans ak ti don bidon. Nou dwe finalman gen bon moun nan bonn plas. Non toujou politikayè ki chita sou politik kras, patizann ki pa an mezi bay anyen de kalite.
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Message  Rodlam Sans Malice Mer 19 Nov 2008 - 9:14

Nou pa genyen oken enterè pou nou peye sou oken det ke nou pat kontakte ni ke nou pat itilise. Ke moun ki te manje pwa a rann li.Isirye yo konnen byen kote lajan an te pase.maten yan map li youn atik kote youn moun ekri :"in Finance terms ,haiti is not unlike a man with a 40k income and a $900k in mortgage and credit card debt."

Wi analoji saa apwopriye. ki jan pou nonm saa ka ba pitit li manje, voye yo lekol, ba yo swen doktè ak youn det parey?Se sak fè nan peyi sivilise genyen lwa ki kreye ki permet moun kriye bankwout , Ayiti se youn peyi ki an bank wout. foki li ale nan chapter 11 pou li reorganise de fason pou gouvenman an ka kreye enfrastrikti ki pou pemet li soulaje misè atros saa ki ap devore 9 milyon moun.

mwen apresye diskou ke premier Miins lan fè ya paske fok genyen moun ki genyen kouraj pou di ke bagay yo pa ka kontinye menm jan ankor .Bravo Mme Pierre Louis.Nou wè ki jan moun ki konn kominike ekri.
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Message  piporiko Mer 19 Nov 2008 - 11:06

[quote="jafrikayiti"]http://www.alterpresse.org/spip.php?article7892

Haiti-France : « Notre monde a besoin d’institutions nouvelles (…) au service de l’avancement (…) des Peuples », déclare M. Pierre-Louis à Strasbourg

mardi 18 novembre 2008


Extraits du discours de la première ministre Michèle Duvivier Pierre Louis le 17 novembre en cours, à la clôture des journées européennes du développement, tenues à Strasbourg à partir du 15 novembre

Intervention faite en présence de du président du Bénin, Thomas Yayi Boni, le premier ministre du Zimbabwe, Morgan Tsvangirai, le ministre des Affaires Etrangères de la France, Bernard Kouchner, le secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet et le commissaire européen Louis Michel

Document soumis à AlterPrese le 18 novembre 2008

Mes remerciements vont à la Présidence française de l’Union Européenne pour l’invitation qui m’a été adressée, et à la Commission de l’Union Européenne pour l’organisation de ces assises. Mes remerciements vont également aux peuples européens et aux institutions de la Commission Européenne pour leur engagement en faveur du développement des pays pauvres et à faibles revenus parmi lesquels on compte mon pays, Haïti.

En me rendant ici pour participer avec vous aux Journées Européennes du Développement, je prends avec moi les cris et la douleur de mon Pays, Haïti. Cette terre de liberté meurtrie par les crises humaines et environnementales, et ce Peuple courageux qui souffre dans sa quête de développement, de démocratie et d’épanouissement collectif.

« Quel Bretton Woods pour le Développement ? m’avait-on demandé de commenter, 2 jours après le Sommet du G20 » Cette tribune offerte par les Journées Européennes du Développement tombe dans un contexte très particulier. On ne l’a que trop répété, ici au cours des précédents exposés, il coïncide avec une crise financière qui menace la stabilité mondiale. Cette crise n’est en fait que le sommet d’un iceberg géant qui a déjà pas mal détruit les économies, les sociétés et l’environnement de l’ensemble des pays pauvres. Ces désastres sont réalisés en présence et souvent dans l’indifférence des institutions de Bretton Woods. Alors, faut-il un autre Bretton Woods pour le Développement ? Pour la Formatrice, l’Ouvrière du développement et le Chef de Gouvernement que je suis, la réponse est sans hésitation oui. Qu’elles s’appellent Bretton Woods II, Strasbourg, Bruxelles ou de tout autre lieu, ou encore Plan Marshall II… notre monde a besoin d’institutions nouvelles, appropriées, efficaces, régulées et au service de l’avancement et du renforcement des Peuples dans la dignité et le respect réciproques.

Depuis l’ouverture des journées, une compréhension unanime se dégage des différents panels. Que l’état de pauvreté extrême, de détérioration de l’environnement, de famine et de marginalisation des pays sous-développés qui deviennent de plus en plus pauvres, résulte en grande partie des décennies de programmes d’ajustements structurels sauvages imposés par ces institutions financières internationales. Les causes de la crise financière et sa multi dimensionnalité ont aussi été amplement diagnostiquées. Je vais rappeler quelques unes des conséquences subies par nos pays pauvres pour justifier l’urgence et l’utilité d’adapter les institutions financières internationales.

Permettez que je vous dise d’abord, que cette crise est de nature salutaire. Elle permet :
de revenir sur terre pour adresser les vrais problèmes et rechercher les bonnes solutions,
de démasquer les hypocrisies internationales, d’admettre les torts et erreurs commis aux peuples du sud et à leur environnement naturel,
de questionner les politiques et les pratiques de management financier appliquées par les institutions de Bretton Woods aux pays faibles,
de constater les dégâts dus à la dérégulation économique et du tout marché en lieu et place des Etats nationaux et des institutions socioéconomiques construites et viables. Cette dérégulation a eu, dans mon pays, des effets dévastateurs aussi bien dans le monde rural que dans le monde urbain ;
et d’admettre que les Etats, même dans les pays pauvres, au travers des gouvernements légitimes, doivent être consolidés et réhabilités dans leur rôle de leader et de créateur d’opportunités pour leurs peuples.

Et ensuite, remarquer que ce n’est ni l’argent ni la capacité qui manque à l’échelle mondiale pour financer le développement. C’est avant tout un manque de volonté, peut-être induit par une image qui, trop souvent, nous marginalise, voire même nous infantilise. En effet, quand les intérêts des pays industrialisés sont en jeu, c’est à la fois extraordinaire et formidable, la mobilisation des Etats de 5 des 7 Pays du G7 (USA, France, U.K., Allemagne, Japan) qui ont déjà injecté plus de DEUX MILLE SIX CENT DOUZE MILLIARDS DE DOLLARS AMERICAINS (2 612 milliards USD) dans leur économie. Il est donc parfaitement correct et approprié que l’Etat intervienne avec autorité et célérité pour corriger les fautes du marché et protéger l’économie réelle.

Les conséquences du mal développement subi par nos pays résultent des mauvaises politiques pratiquées et des contraintes imposées. Elles constituent des défis qui, aujourd’hui, dépassent largement nos frontières et nos capacités nationales. Comment résoudre les problèmes posés par les changements climatiques, les catastrophes sanitaires, l’hyper vulnérabilité sociale, la crise énergétique, la crise alimentaire, la fracture technologique sans des Etats stratèges et des ressources fiables et régulières ? Comment combattre la criminalité organisée, les seigneurs de la guerre, le trafic de la drogue et des armes, et les organisations mafieuses qui infiltrent nos territoires ? Eh bien, voilà ce qui gangrène nos sociétés et qui hypothèque l’avenir de générations de femmes et d’hommes qui payent des dettes qu’ils n’ont ni contractées, ni connues et ni consommées. Voilà ce qui se passe quand des pays ont été forcés de se livrer uniquement aux bonnes volontés du marché en écartant l’Etat des responsabilités naturelles et régaliennes qui sont les siennes .Mes expériences et mes engagements personnels dans les efforts et processus participatifs m’encouragent, par les résultats obtenus, à croire dans la capacité des peuples à se développer. Les partenariats stratégiques et la solidarité véhiculée et exprimée à travers les actions des organisations de base, les agents de développement, les organisations de la société civile et la coopération internationale sont des ingrédients importants. Mais, ils ne peuvent remplacer le rôle fédérateur, régulateur et responsable de l’Etat.

Les Institutions Financières Internationales chargées d’accompagner le financement du développement requièrent, dans cet ordre d’idée, un profond changement de paradigme. Celui-ci devrait articuler des notions de responsabilité, de solidarité, de transparence et de respect des engagements pris, avec des actions concrètes et utiles en faveur des populations des pays pauvres, principalement au niveau local. Lesdites actions correspondent aux interventions prioritaires et spécifiques définies par les gouvernements nationaux légitimes. Elles fondent la base des politiques publiques qui doivent être soutenues dans la durée en vue de permettre à nos territoires et à nos régions d’exprimer leur potentialité, de créer des opportunités pour nos populations, particulièrement pour les jeunes, et d’encadrer les marchés. Combattre la faim et faire reculer la pauvreté ne peuvent résulter que des investissements structurants dans les infrastructures, la production agricole et l’agro-transformation, l’accès au marché, la formation technique et scientifique, le transfert technologique, la valorisation des ressources culturelles, les pratiques productives et consommatrices efficaces, la construction de la stabilité politique et de la cohésion sociale. Des institutions et des partenariats qui facilitent la réalisation de ces actions, voilà ce qu’il nous faut.

Dans ses expériences douloureuses de pauvreté et de marginalisation Haïti est lassée de promesses creuses d’aide internationale, trop souvent des leurres. Mon pays a une mémoire historique et culturelle, des gens créateurs et rudes travailleurs, une immense richesse potentielle qui ne nécessite que des investissements appropriés pour se réaliser. Nous vivons un paradoxe car nous savons bien que nous ne pouvons nous en sortir tous seuls, malgré nos efforts. C’est là, le vrai sens du devoir de solidarité internationale dont on a tant parlé ici au cours de ces Journées Européennes du développement. Il est donc temps de s’engager et de délivrer !


CE DISCOURS SENT LE "VAN VIRE".ELLE AVAIT EU DE NOMBREUSES OCCASIONS DE DENONCER SES BAILLEURS DE FONDS.SA LA P VINN DI MOUN LAA?

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