Le Cinéma haïtien / Productions et obstacles Le cinéma haïtien marque des points

piporiko Dim 15 Fév 2009 - 17:58

Le Cinéma haïtien / Productions et obstacles Le cinéma haïtien marque des points importants tant en Haïti que dans la diaspora depuis quelques temps. Sur le marché, on évalue à plus de 700 le nombre de films en circulation. Un score mince de l'avis de plus d'un qui estime très peu productive l'industrie cinématographique d'Haïti qui a commémoré, le 14 décembre 1999, ses cent ans dans le monde du cinéma. Par contre, certaines gens jugent probant ce résultat émanant d'un pays qui a longtemps tenu son cinéma à l'état embryonnaire.

L'année 2009 débute avec des nouvelles réjouissantes quant à la production de nouveaux films. Beaucoup de projets sont en cours d'exécution notamment ceux de Raoul Peck, l'un des plus anciens cinéastes haïtiens encore actif dans l'industrie cinématographique. La dernière réalisation de M. Peck baptisée « L'école du pouvoir », fait déjà la une des médias en France. Elle doit être prochainement diffusée sur les chaînes françaises.

« L'école du pouvoir » qui est un téléfilm, une politique-fiction, sur l'École nationale d'Administration en France (l'Ena), associe la fiction et la réalité. « Certains personnages de ce film prennent l'apparence de François Hollande, Ségolène Royal et Dominique de Villepin », a commenté le cinéaste sur un média en France, précisant que « chacun des personnages renferme plusieurs énarques de toutes les époques ».

Ce film, d'une durée de 120 mn, met en vedette les acteurs Robinson Stévenin, Élodie Navarre, Céline Sallette, Thibault Vinçon et Valentin Merlet. Le scénario est l'œuvre d'Eve de Castro, Didier Lacoste et Raoul Peck.

L'ex-ministre haïtien de la Culture met déjà les bouchées doubles pour la réalisation d'un autre film, « Moloch tropical ». Ce dernier sera tourné notamment à la Citadelle Laferrière et racontera l'histoire du roi Henry Christophe. Une première séance de recrutement d'acteurs s'est déjà tenue le samedi 24 janvier écoulé. Le comité de coordination du film entend poursuivre avec le processus d'embauchage des acteurs. Selon une note rendue publique, ledit comité a indiqué vouloir engager une trentaine de comédiens dont le profil correspondrait à : un ambassadeur coréen, un diplomate américain, un porte-parole, un manifestant, un journaliste ou un correspondant de CNN. « Moloch Tropical » sera produit et réalisé par Raoul Peck qui utilisera les services de techniciens et acteurs haïtiens aussi bien qu'étrangers.

Raoul Peck milite dans l'industrie cinématographique haïtienne depuis belle lurette. Ses réalisations les plus connues sont : Haïtien Corner (1988) qui a été salué par la critique internationale ; L'homme sur les quais, présenté en sélection officielle à Cannes en 1993 ; Lumumba – La mort d'un prophète 1991), documentaire-essai.

D'autres cinéastes haïtiens ont fait de leur mieux pour donner un nouvel éclat à l'environnement cinématographique. Cependant, des freins évidents, comme le manque de professionnalisme des acteurs, des réalisateurs et du staff de tournage, la carence des producteurs ainsi que le piratage et la diminution excessive des salles de cinéma, constituent de véritables obstacles à l'éclosion réelle à la fois sur la scène locale et extérieure. Depuis quelques années, les salles de cinéma qui ont dû fermer leurs portes dans l'aire métropolitaine ne se comptent plus. Pour le plus grand malheur des jeunes cinéphiles. L'année dernière, le Ciné Capitol a fermé ses portes, probablement pour toujours. Maintenant, les jeunes habitant la zone utilisent les galeries de l'édifice pour jouer aux cartes ou aux dominos.

L'année dernière, son PDG s'était montré très pessimiste quant à l'avenir du cinéma en salle à Port-au-Prince. Mario Célestin avait alors estimé que la baisse relative à la fréquentation cinématographique avait commencé en 2003 et que la situation s'était détériorée à la fin de 2004 avec la montée de l'insécurité, le piratage des DVD et la multiplication des chaînes de télévision.

Pour sa part, le Rex Théâtre a changé de vocation depuis 2007. Après plus de 70 ans au service des cinéphiles haïtiens, le Rex Théâtre se contente dorénavant d'accueillir des cérémonies de collation de diplôme et d'organiser des concerts. Désormais, les cinéphiles n'ont plus qu'une seule option, le Ciné Impérial à Delmas 19 qui, lui, n'est pas non plus à l'abri d'une éventuelle fermeture.

Si certains producteurs sont d'accord pour dire que la situation sécuritaire et économique limite la fréquentation des salles, ils rejettent l'idée que la télévision constitue aussi un concurrent. « Il manque un travail de sensibilisation auprès des jeunes », croit plutôt Fénélon Elysée, chargé des relations publiques du film SOS Zoklo, qui avait pris l'affiche l'année dernière à Port-au-Prince.

Les ministères de la Culture et de l'Éducation nationale ne se sont pas impliqués de manière à développer l'industrie du cinéma au bénéfice de la population. On aurait pu ainsi créer un vaste marché pour générer beaucoup plus de fonds à l'État.

Leclerc Jean Charles
leclercjeancharles@hotmail.comroroli.com