La mendicité est un problème récurrent à Bamako
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La mendicité est un problème récurrent à Bamako
27 février 2009
Cent francs manger
La mendicité est un problème récurrent à Bamako, le fort taux de chômage, l’absence de couverture sociale pour les plus âgés, l’exode rural en sont en partie responsables. Mais ce problème atteint un tel degré que même les Bamakois commencent à mal le supporter. Aux carrefours, principalement, où, dans les flots de circulation, il faut faire des prouesses pour ne pas être responsable de la mort d’un mendiant ou d’un talibé (jeune étudiant coranique). L’Essor (Quotidien national du Mali) posait le problème récemment dans son édition du 12 février 2009 et parlait même d’agressivité des mendiants envers les automobilistes pas assez généreux.
J’imagine que cette note va encore attirer nombre de commentaires vaguement racistes, évoquant la surnatalité des pays en voie de développement ou la corruption des fonctionnaires des états du Sud, j’en prends le risque. Aimer un pays c’est aussi évoquer ses problèmes et ce qui choque le visiteur, l’étranger.
Sur ma route quotidienne, du quartier de Korofina au centre ville, le moindre carrefour est colonisé par les mendiants. Jeunes talibés, handicapés physiques ou mentaux, personnes âgées, se collent contre les véhicules pour quémander une pièce. Difficile de rester stoïque dans son véhicule climatisé et de faire comme si cela n'existait pas. Ce n'est pas un scoop et les pays en voie de développement n'en ont pas l'exclusivité.
Mais il existe deux formes de mendicité que je trouve particulièrement détestables (qu’on ne se trompe pas, pour moi toute de forme de mendicité est injuste et insupportable). La première consiste à mettre en avant que le fait d’avoir des jumeaux amène le bonheur… et donc ils sont mis sur le trottoir à mendier. Traditionnellement, quand une mère a des jumeaux, elle les envoie chez les voisins demander un ou deux présents, un peu de riz par exemple, qui sont remis aux jumeaux porte-bonheur. Parents pauvres ou riches, peu importe c’est la coutume, tous le font (Si l'Afrique compte 13% de la population mondiale, on y trouve 41% des jumeaux. Ce qui intéressant, voir Gilles Pison dans "Population et sociétés", c'est qu'il semble que ce fort taux de jumeaux soit directement lié à la surnatalité. En effet la proportion de vrais jumeaux est la même partout dans le monde mais celle de faux jumeaux est beaucoup plus importante en Afrique, soit 52% de la population mondiale de faux jumeaux). Le problème est que nombre de parents ont détourné cette tradition pour en faire un gagne-pain, une source de revenus. Ainsi Adama me raconte l’histoire de cette mère, vendeuse d’oranges au marché qui, ayant eu des jumeaux, passe maintenant son temps à la gare routière à demander de l’argent. Elle gagne beaucoup plus comme ça, il est vrai, car tout voyageur, en échange d’une pièce, espère "gagner" un voyage sans problèmes. On peut aussi voir aux principaux carrefours de Bamako de ces gamins accompagnés de leur mère ou de leur grande sœur, et dont l’âge varie de quelques mois à la puberté, demander une pièce.
D’autant que cette forme de commerce doit être vraiment lucrative puisque on en arrive à voir des enfants de la même famille, cousins par exemple ou frère et sœurs et ressemblants, présentés comme des jumeaux et exhibés et exploités de la même manière. Au-delà du principe détestable de cette tradition détournée, on imagine les risques de toute nature, les méfaits de la pollution urbaine, des gaz d’échappement à plein nez pendant les premières années de la vie, voilà de quoi te fabriquer de bons petits poumons pour le restant de tes jours.
La seconde forme est la conséquence directe des problèmes que l’Etat rencontre en matière de santé publique et de politique sociale. Quand on est vieux et sans revenu, la seule solution souvent est de mendier. En ville, il est de plus en plus difficile de compter sur la célèbre solidarité africaine. Mais si, de plus, tu es aveugle, pour mendier il n’y a qu’une solution, c’est d’avoir à sa disposition un jeune (garçon ou fille) que tu tiendras par l’épaule et qui te guidera dans les méandres de la circulation pour demander une pièce en invoquant la charité et le Coran. On voit alors un gamin de la famille ou du village tout quitter pour servir de guide et foutre en l’air sa jeunesse et sa scolarité avec, encore, tous les dangers que contient la ville. Amadou et Mariam, le couple de chanteurs aveugles qui finance la formation et l’insertion sociale des aveugles au Mali, ont encore du boulot !
Liberation.fr
Cent francs manger
La mendicité est un problème récurrent à Bamako, le fort taux de chômage, l’absence de couverture sociale pour les plus âgés, l’exode rural en sont en partie responsables. Mais ce problème atteint un tel degré que même les Bamakois commencent à mal le supporter. Aux carrefours, principalement, où, dans les flots de circulation, il faut faire des prouesses pour ne pas être responsable de la mort d’un mendiant ou d’un talibé (jeune étudiant coranique). L’Essor (Quotidien national du Mali) posait le problème récemment dans son édition du 12 février 2009 et parlait même d’agressivité des mendiants envers les automobilistes pas assez généreux.
J’imagine que cette note va encore attirer nombre de commentaires vaguement racistes, évoquant la surnatalité des pays en voie de développement ou la corruption des fonctionnaires des états du Sud, j’en prends le risque. Aimer un pays c’est aussi évoquer ses problèmes et ce qui choque le visiteur, l’étranger.
Sur ma route quotidienne, du quartier de Korofina au centre ville, le moindre carrefour est colonisé par les mendiants. Jeunes talibés, handicapés physiques ou mentaux, personnes âgées, se collent contre les véhicules pour quémander une pièce. Difficile de rester stoïque dans son véhicule climatisé et de faire comme si cela n'existait pas. Ce n'est pas un scoop et les pays en voie de développement n'en ont pas l'exclusivité.
Mais il existe deux formes de mendicité que je trouve particulièrement détestables (qu’on ne se trompe pas, pour moi toute de forme de mendicité est injuste et insupportable). La première consiste à mettre en avant que le fait d’avoir des jumeaux amène le bonheur… et donc ils sont mis sur le trottoir à mendier. Traditionnellement, quand une mère a des jumeaux, elle les envoie chez les voisins demander un ou deux présents, un peu de riz par exemple, qui sont remis aux jumeaux porte-bonheur. Parents pauvres ou riches, peu importe c’est la coutume, tous le font (Si l'Afrique compte 13% de la population mondiale, on y trouve 41% des jumeaux. Ce qui intéressant, voir Gilles Pison dans "Population et sociétés", c'est qu'il semble que ce fort taux de jumeaux soit directement lié à la surnatalité. En effet la proportion de vrais jumeaux est la même partout dans le monde mais celle de faux jumeaux est beaucoup plus importante en Afrique, soit 52% de la population mondiale de faux jumeaux). Le problème est que nombre de parents ont détourné cette tradition pour en faire un gagne-pain, une source de revenus. Ainsi Adama me raconte l’histoire de cette mère, vendeuse d’oranges au marché qui, ayant eu des jumeaux, passe maintenant son temps à la gare routière à demander de l’argent. Elle gagne beaucoup plus comme ça, il est vrai, car tout voyageur, en échange d’une pièce, espère "gagner" un voyage sans problèmes. On peut aussi voir aux principaux carrefours de Bamako de ces gamins accompagnés de leur mère ou de leur grande sœur, et dont l’âge varie de quelques mois à la puberté, demander une pièce.
D’autant que cette forme de commerce doit être vraiment lucrative puisque on en arrive à voir des enfants de la même famille, cousins par exemple ou frère et sœurs et ressemblants, présentés comme des jumeaux et exhibés et exploités de la même manière. Au-delà du principe détestable de cette tradition détournée, on imagine les risques de toute nature, les méfaits de la pollution urbaine, des gaz d’échappement à plein nez pendant les premières années de la vie, voilà de quoi te fabriquer de bons petits poumons pour le restant de tes jours.
La seconde forme est la conséquence directe des problèmes que l’Etat rencontre en matière de santé publique et de politique sociale. Quand on est vieux et sans revenu, la seule solution souvent est de mendier. En ville, il est de plus en plus difficile de compter sur la célèbre solidarité africaine. Mais si, de plus, tu es aveugle, pour mendier il n’y a qu’une solution, c’est d’avoir à sa disposition un jeune (garçon ou fille) que tu tiendras par l’épaule et qui te guidera dans les méandres de la circulation pour demander une pièce en invoquant la charité et le Coran. On voit alors un gamin de la famille ou du village tout quitter pour servir de guide et foutre en l’air sa jeunesse et sa scolarité avec, encore, tous les dangers que contient la ville. Amadou et Mariam, le couple de chanteurs aveugles qui finance la formation et l’insertion sociale des aveugles au Mali, ont encore du boulot !
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