Lettre: L'implication citoyenne

L'implication citoyenne

Une fois, en ma présence au carré du juge de paix de Pétion-ville ou son suppléant, une corpulente mère y avait été déférée pour avoir maltraité sa fille sous prétexte que celle-ci n'avait pas étudié ses leçons une fois rentrée à la maison. Enroulant des fils téléphoniques pour en faire un cordon, elle lacéra la partie dorsale de l'enfant. La Police, alertée par les voisins, interpella la mère indigne. Elle tenta, devant le juge, de se justifier en multipliant les déclarations contradictoires. Quand, sur invitation du juge, l'enfant dévêtit son dos, horreur ! Le magistrat infligea à la mère une amende, en cas de non-paiement condamnation à une peine d'emprisonnement. Sanction exemplaire. Je vous le redis, une fois saisie, la justice agit. Que l'on soit rassuré ! Tout est affaire d'institutions et de vigilance citoyenne. Hé oui.

Comment appliquer la loi sans des institutions fonctionnant pleinement ? Comment normativiser si les citoyens n'épaulent pas l'effort entrepris au niveau de l'Etat ? J'ai pris l'exemple ci-dessus pour faire ressortir qu'il ne suffit pas de déplorer, il faut aussi s'impliquer. De n'importe qu'elle manière. Pourvu que l'on soit imbu de la règle de droit et des attentes sociétales. Quand ce n'est pas une large ouverture sur les progrès accomplis ailleurs. Car, après tout, ce qui désole c'est l'insoutenable travers de commettre le délit d'habitude. Comme si l'Haïtien devrait venir au monde, vivre et repartir de ce monde, sans rien changer autour de lui.

A un moment de la durée, il advient que l'on se retrouve en position de décider. De ces décisions dépend l'avenir d'une communauté. Autant peser le pour et le contre avant de décider. Mais une fois que s'est tenue une concertation et que la population (dans sa majorité) a adhéré, faut cesser de lambiner.

L'impression que j'ai est désagréable, la vie de la société s'écoule tranquillement et l'on ne veut rien entreprendre pour déranger le calme sur l'eau de la rivière. C'est une image bien sûr. La société a des pratiques, les unes bonnes, les autres franchement dégueulasses. Du moment que l'on en prend conscience, tout le collectif doit se mettre au travail. Pour améliorer. Rendre meilleur. L'inertie, l'inaction est le propre des paresseux. Une satisfaction peut être éprouvée quand on est parvenu à secouer les forces d'inertie. Etant entendu qu'au niveau de la représentation de l'Etat, on ait aussi des idées et que l'on soit imbu de la gouvernance participative c'est-à-dire en y associant les citoyens. Que cela doit être beau que la valorisation de l'esprit citoyen ! A partir de là, tout est permis. Point vaines les raisons d'espérer !

Jean-Claude Boyer
Lundi 20 nov. 2006