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De la violence culturelle a l'insecurite

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De la violence culturelle a l'insecurite Empty De la violence culturelle a l'insecurite

Message  gwotoro Mar 5 Déc 2006 - 22:54

Une lettre ecrite par un lecteur et parue dans l'edition du 5 Décembre 2006 du Nouvelliste


De la violence culturelle à l'insécurité

Montréal, le 20 août 2006

Cher ami,

L'insécurité devient de plus en plus la préoccupation unique et une source d'inquiétude, pour la population haïtienne tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Le président de la République est même sorti de sa réserve pour faire une déclaration cinglante que certains, étonnés et apeurés, n'hésitent pas à qualifier de déclaration de guerre. Serait-il en train de se laisser gagner par la solution expéditive, punitive, répressive, préconisée par certains ?

Tous les yeux se tournent, dès lors, vers Cité de Dieu, Cité Soleil !

Comme tu le sais, Cité Soleil, dans la périphérie de Port-au-Prince,
est une étroite bande surpeuplée ; environ un demi million d'habitants oisifs, miséreux y vivent dans des conditions infrahumaines, sans structure sanitaire décente, sur ses 3 ou 4 kilomètres carrés. Cette situation sociale, avec la violence d'une faim quasipermanente, violence faite de privations de besoins élémentaires sur un fond d'une diabolisation globale méprisante, est en elle-même suffisante pour faire de ce lieu un foyer explosif de délinquance !

Cette population démunie devient alors une proie facile pour la gent politique démagogique, en quête de chair à canon pour servir leurs besoins égoïstes « de pouvoir et d'argent ». Elle est aussi
certainement ciblée, courtisée et utilisée par le crime organisé des dealers de drogue qui se complaisent dans cette situation anarchique du pays où l'État haïtien faible est impuissant à garantir la sécurité et la protection de ses citoyens.

Il ne faut pas oublier aussi que Cité Soleil se trouve au bord de mer, pas loin du port de Port-au-Prince. À cause de cette situation
géographique, elle s'est ainsi constituée comme un haut lieu de
contrebande dont les bénéfices ne font que transiter. Je me souviens qu'à une époque pas trop lointaine, on désignait même, à tort ou à raison, le groupe armé, autoproclamé « Armée rouge », comme étant à la solde d'une personnalité bien connue !

M. Stanley Lucas a écrit récemment que Haïti est devenue un terrain fertile pour le Terrorisme international, « manipulée qu'elle est par un leadership qui, pour atteindre son but idéologique, capitalise sur la situation désespérée d'une jeunesse sans espoir, chanceuse pour avoir des diplômes mais qui ne peut pas trouver du travail ». Hitler aussi recrutait ses fameux hommes de main, les S. A. parmi les jeunes Allemands présentant un profil identique à ces jeunes Haïtiens.

Mais en amont de ces considérations conjoncturelles concernant Cité Soleil, cette insécurité, cette violence ne seraient-elles pas un avatar actualisé et politisé de cette culture de justice parallèle immanente, radicale et sans appel, prononcée in abstencia, largement pratiquée, protégée par un omerta complice, désormais projetée à l'avant-scène, à cause du changement démographique massif qu'a connu Port-au-Prince au cours de ces dernières années ? Il va falloir se décider à en parler ouvertement pour s'en libérer, car, en fait, cette justice parallèle existe en réaction contre la justice de l'État dans laquelle une partie de la population ne s'est jamais reconnue !

Le drame de cette culture émergente actuelle, d'essence communautariste, est le repli sur soi; on a toujours dit qu'elle n'avait « pas de besoins ». Elle est basée sur la méfiance, la paranoïa, la peur de l'autre. Elle est plus portée sur le marronnage et à la violence que sur la tolérance, la communication et l'émulation ouverte, franche, égalitaire. Elle n'est porteuse d'aucun projet de société national. Elle n'en a pas les moyens! Elle n'est pas démocratique, elle n'est pas adaptée ni préparée aux
conditions actuelles de gestion d'un État moderne à l'ère du post-national et de la mondialisation

La confrontation violente, que semble préconiser actuellement le
gouvernement, a été la solution choisie par le pouvoir étatique haïtien depuis deux cents ans : elle a abouti à la dégradation actuelle ! C'est un réflexe primaire de facilité quand on dispose de la force. Elle n'a fait que renforcer l'idée de la légitimité de la violence dans les mentalités. Faut-il continuer à la perpétuer ?

Le gouvernement actuel n'aurait alors pas profité de ses affinités et de la crédibilité dont il a joui et aurait échoué dans son devoir pédagogique de faire la preuve de la stérilité et des effets nocifs, historiquement prouvés, de la violence.

Mais, il faut alors se demander quelles sont les options possibles. Le gouvernement subit la pression quotidienne des actes de banditisme dont la fréquence augmente. La MINUSTAH est une force militaire étrangère au pays. Elle est mal secondée par une police nationale mal préparée, sous-équipée et soupçonnée de corruption. Les sempiternelles tergiversations coupables des bailleurs de fonds internationaux paralysent le gouvernement qui ne dispose que de peu de ressources.

Il est évident que les « bandits et les psychopathes » doivent être mis hors d'état de nuire par des opérations de police ciblées. Du même souffle, il faut négocier avec les gouvernements canadien et américain un moratoire sur le transfert inconsidéré en Haïti de délinquants d'origine haïtienne appréhendés dans leur pays. Si l'insécurité doit disparaître, la misère aussi doit disparaître. Il faudrait donc nécessairement la création urgente de travaux à haute intensité de main d'oeuvre pour soulager la misère. Le leadership gouvernemental devrait ensuite s'évertuer à entamer un dialogue vertical pour atteindre les différentes couches de la population, c'est à sa portée, et à inventer une pédagogie d'inclusion pour amalgamer les antagonismes réels ou apparents en une seule culture, un seul projet et un seul pays.

Kenbe bon


Frantz Douyon
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