Poukisa Cemephise Gilles senatèz lespwa vle pran roulib sou Sitadèl ak Kristof
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Poukisa Cemephise Gilles senatèz lespwa vle pran roulib sou Sitadèl ak Kristof
Haïti-Cinéma-Préservation de Patrimoine
Importante mise au point du célèbre réalisateur haïtien Raoul Peck et de Velvet Film Haïti
Réponse aux récriminations de la sénatrice du Nord, Céméphise Gilles, concernant « la désacralisation et la profanation » de la Citadelle Henry
samedi 11 avril 2009,
Radio Kiskeya
J’ai appris aujourd’hui que la sénatrice du Nord, Madame Céméphise Gilles, a déclaré sur les ondes de Radio Kyskeya qu’elle se sent scandalisée « par le fait de voir le monument historique transformé en hôtel et profané par « des étrangers qui y accrochent leurs sous-vêtements ».
A ce sujet, nous tenons à faire la mise au point suivante :
Raoul Peck et sa compagnie Velvet Film, déclarée et enregistrée en Haïti, produit et réalise le film provisoirement dénommé MOLOCH TROPICAL, avec la participation d’une équipe professionnelle, composée d’Haïtiens, de Français et de Dominicains.
Le thème et le contenu du film sont tirés de la réalité historique haïtienne, et le site historique de la Citadelle Laferrière est le lieu parfait pour la réalisation de ce film, l’idée étant de dynamiser les ressources locales, montrer une autre image du pays et en même temps promouvoir nos meilleurs talents.
Lors de la manifestation "Caraïbes en Créations" en 2008, organisée conjointement par le Ministère de la Culture et de la Communication, la Primature et l’ISPAN, et à laquelle plus de 200 personnes ont participé, les invités ayant été logés sur place à la Citadelle, nous avons décidé à notre tour d’utiliser ces lieux et de profiter des infrastructures déjà installées. D’ailleurs, une bonne partie de ces infrastructures (dortoirs, toilettes, etc…) existent à la Citadelle depuis déjà 20 ans (ce que semble ignorer la sénatrice).
Velvet film et Raoul Peck ayant obtenu les autorisations nécessaires auprès des autorités compétentes (Ministère de la Culture et de la Communication, Ministère du Tourisme et l’ISPAN) rien ne semble justifier la sortie médiatisée de la sénatrice du Nord.
Nous sommes, semble-t-il, en démocratie. Nous avons donc des droits et des obligations. Pour quiconque qui enfreint la loi, des procédures légales existent pour demander des comptes au fautif. Or, curieusement, c’est par la radio que la sénatrice choisit de faire entendre sa réprobation. Procédure pour le moins bizarre, voire suspecte. Nous ne serons pas des victimes consentantes.
Lors des préparations du tournage, nous avons constaté que bon nombre des installations déjà présentes à la Citadelle étaient détériorées, qu’une partie des aménagements en bois (toilettes, douches) avaient pourri à cause de l’extrême humidité qui règne dans ces lieux. La compagnie de production Velvet Film Haïti, a décidé d’investir environ 30.000 dollars US pour remettre en fonction l’ensemble des installations du lieu.
Il s’agit notamment des travaux suivants :
pose de panneaux de bois pour la protection contre la pluie et le vent,
pose de fenêtres pour la protection contre la pluie et le vent,
remplacement de nombreuses vitres manquantes,
débouchages de canalisations bloquées par des bouteilles de plastiques et détritus divers
réparation répétée des citernes
Remise en état des bassins et des tuyaux de circulation d’eau.
remplacement des circuits électriques défaillants, ajout de lampes.
remise en état et nettoyage de tous les WC, douches et lavabos existants
remplacement de tous les revêtements en bois et plywood pourris et détruits.
Remise en état des cuisines, des armoires, des tables à manger et construction de nouvelles.
Entretien de la génératrice et prise en charge de l’électricien
et bien d’autres interventions non-chiffrables pour le moment…
Tout ce travail a été réalisé avec le concours de l’administration, des techniciens et des ouvriers de l’ISPAN. Ces installations étant destinées à rester pour le bien et le confort des futures activités dans un lieu largement laissé à l’abandon par l’État et totalement laissé à la charge de l’ISPAN avec un budget quasi inexistant. Et comme toute maison quasi abandonnée, elle se détériore.
Nous en profitons pour mentionner que les neuf (9) gardiens présents ont toujours une dizaine de mois d’arriéré de salaire.
Nous avons donc été très étonnés du caractère hostile de la récente visite de la sénatrice du Nord Céméphise Gilles à la Citadelle. Elle a été accueillie cordialement et a pu visiter le plateau où nous travaillions ainsi que la partie de la Citadelle ouverte aux visiteurs, où se trouvaient plusieurs centaines d’écoliers bruyants (sans réel accompagnement pédagogique, mangeant dans tous les couloirs, jetant les restes de leur nourriture dans les canons, jouant de la musique rap à fond). Mais l’opinion de la sénatrice était déjà faite. Les coupables c’étaient nous et aucune des évidences que nous pouvions lui présenter, ne pouvait l’ébranler. Elle aurait même vu des sous-vêtements ( ?) (bien sûr des sous-vêtements de blancs ?), alors que nous avons des machines à sécher le linge, à cause du taux d’humidité qui ne permet pas le séchage rapide pour les habits des figurants et de l’équipe.
Lors de cette visite (soit quatre mois après le début de notre projet), nous en avons profité pour faire part à la sénatrice des graves déficits qui existent dans la prise en charge par l’État de ce monument de réputation internationale et appartenant au patrimoine culturel mondial. Nous lui avons fait part de notre volonté dans le cas où elle voudrait vraiment faire quelque chose de sérieux, de nous engager solidairement avec elle devant qui de droit pour obtenir que des efforts soient faits pour préserver un monument laissé quasi à l’abandon et pour lequel l’ISPAN essaie de faire des prouesses pour en maintenir l’essentiel.
Lorsque nous, artistes, nous représentons notre pays à l’étranger, c’est toujours un motif de fierté. Pourquoi, au lieu de nous encourager et reconnaître un travail de plus de 25 ans, on ne pense qu’à nous mettre les bâtons dans les roues ? Lorsqu’il s’agit de construire et de promouvoir le pays, lorsqu’il s’agit de créer des initiatives novatrices, nous avons droit à des slogans éculés et à un militantisme rétrograde en lieu et place d’argumentation fondée et constructive.
Nous, haïtiens, sommes très fiers de notre histoire. « Men fòk nou sispann pran woulib sou do Dessalines, Toussaint ak Christophe ! ».
Il est trop facile d’être fier d’un édifice construit il y a plus de deux cents ans par nos ancêtres, mais de ne rien faire de constructif pour justifier l’objet de cette fierté. Qu’a fait concrètement la sénatrice depuis le début de son mandat de 4 ans pour protéger, gérer, promouvoir la Citadelle ? Quelles mesures concrètes de protection ont été votées au Sénat de la République pour sauvegarder les nombreux monuments historiques du pays et en particulier dans le Nord du pays qui tombent chaque jour un peu plus en désuétude ?
Un apport budgétaire conséquent et le passage de lois de préservation (par exemple pour le Parc Historique National) plus contraignantes pourraient permettre à l’ISPAN, au Ministère du Tourisme et au Ministère de la Culture de mieux faire leur travail et de régler une bonne partie des problèmes aigus auxquels notre monument national est confronté. La sénatrice pourrait mieux utiliser son énergie et son dévouement pour faire voter les fonds nécessaires pour sa région au lieu d’attaquer ceux qui, eux, FONT quelque chose.
Parler aujourd’hui de "désacralisation" est d’abord une insulte. En tant qu’ancien Ministre de la Culture, nous connaissons bien mieux que la sénatrice Gilles combien ce dossier est pressant, et notre action personnelle en faveur du patrimoine, de la culture et de la réputation du pays dans le monde n’est plus à prouver. De même que l’impact économique de notre action en seulement 4 mois pour le bien-être des populations de Milot et des environs est bien réel.
Au vu de tout ceci, je mets sérieusement en doute les motifs vertueux de la sénatrice. À moins qu’il ne s’agisse encore une fois (comme elle l’a déjà fait en 2008 et en 2007) d’un énième coup médiatique gratuit et sans conséquence.
Quant à convoquer deux ministres devant le Sénat, j’ai bien peur qu’il ne s’agisse du bon vieux jeu politique habituel : agiter une main pour qu’on ne voit pas ce que fait l’autre. Et sur ce terrain politique, comme chacun sait, j’ai déjà donné et je n’ai pas de temps à perdre.
Nous sommes citoyens haïtiens de plein droit, et comme tout le monde nous avons le droit, en respectant les procédures administratives et légales, d’utiliser les ressources de notre pays pour le bien de tous et dans le respect de tous.
Sur le plan économique et des investissements, nous avons, sans aide du gouvernement haïtien ou d’un quelconque organisme, déjà engagé des dépenses énormes pour ce film, dont jusqu’ici la population, les commerces de Port-au-Prince, du Cap-Haïtien et de Milot ont largement profité et qui se chiffrent à ce jour à près de 400.000 dollars US.
Nous pensons que d’ici la fin du tournage, cette somme augmentera jusqu’à 600.000 dollars US.
En gros, cet argent a servi à payer des salaires pour des centaines d’ouvriers, une trentaine de menuisiers et de charpentiers, plus de 5000 salaires de porteurs (hommes, femmes et enfants), de couturières, d’électriciens, d’ingénieurs, de médecins, de chauffeurs, de boulangers, de sculpteurs, de cuisinières, de femmes de ménages, de repasseuses, de blanchisseuses, de balayeurs, de gardiens, d’agents de sécurité, etc.
Nous avons acheté pour plus de 60.000 dollars US de planches, de poutres, de vitres, de tuyaux, de clous. Nous consommons environ 50 sacs de fruits par semaine (depuis 4 mois). Nous nourrissons environ 80 à 150 personnes par jour, selon les jours. Nous achetons environ 100 kilos de viande par semaine,140 pains, 60 kilos de riz, pois, légumes, pâtes.
Il faut 40 personnes pour transporter un piano à la Citadelle. Il en faut 50 pour faire monter une génératrice supplémentaire. Tous les deux jours, lorsqu’il ne pleut pas, il faut faire monter 200 gallons d’eau à dos d’hommes.
Nous pourrions continuer cette liste à l’infini.
Velvet Film Haïti ainsi que son directeur Raoul Peck, souhaiterait éviter la polémique dans un moment de haute sensibilité politique dû aux élections encours, alors même que les bailleur de fonds se réunissent autour des problèmes (et des finances) de notre pays, alors même que le gouvernement ne cesse de proclamer bien haut qu’il faut attirer les investisseurs locaux et internationaux, haïtiens et étrangers, alors qu’on discute en ce moment même au parlement du relèvement du salaire minimum dans le pays, alors qu’il règne un taux de chômage de l’ordre de 32,7 %. La sénatrice de la république, quant à elle, ne trouve rien de plus urgent à faire que de grimper jusqu’à 900 mètres d’altitude pour venir parler de désacralisation de la Citadelle.
Alors que toutes les grandes villes du monde investissent des millions pour attirer des tournages sur leur territoire, Madame la sénatrice ne trouve rien de mieux que de partir dans une croisade comme chaque année sur la soi-disant désacralisation de la Citadelle. En France, Versailles, le Louvre, la Tour Eifel ont ouvert leurs portes, l’ONU à New York également, Notre Dame de Paris de même, ainsi que Soukri et Saut d’eau et autres lieux sacrés de la République.
Hier, du fait de la semaine Sainte, il y a eu près de 50.000 visiteurs à la Citadelle. Avec l’ISPAN, la DDN/PNH et notre équipe, on a mis en place une structure de sécurité pour qu’il n’y ait pas les débordements habituels : rixes, destruction du monument, accidents, émeutes, agressions. Les premiers jours se sont bien passés, et on n’a déploré aucun incident majeur sauf l’arrestation d’un individu qui avait volé deux boulets de canon. Mais chaque matin, notre équipe recueille -puisqu’on n’a pas le choix - au moins une tonne de détritus laissés par les visiteurs. Toute la route du parking de la Citadelle deux kilomètres plus bas est jonchée de bouteilles, de papiers, de plats en plastique et autres déchets que je préfère ne pas nommer ici.
Quel est l’apport de la sénatrice pour cette traditionnelle semaine Sainte ? En quoi a-t-elle contribué à la réussite de cet évènement exceptionnel et important à la Citadelle, en effet réel lieu de pèlerinage ? La Mairie fait de son mieux chaque année. Mais même la route jusqu’à Milot est totalement délabrée.
Pour finir, il faut sortir de ce racisme médiocre qui consiste à mettre sur le dos des "blancs" nos erreurs répétées, nos faiblesses avérées, nos divisions destructrices qui persistent, notre ignorance élevée en militance aveugle.
Déclarer, comme l’a fait la sénatrice, que "Blan franse pa kab vin okipe Citadelle la" (Les blancs français ne peuvent pas "occuper" la Citadelle) c’est faire preuve de la plus parfaite ignorance alors que ce sont justement des « blan franse », compagnons de France, qui ont non seulement, reconstruit toutes les structures qui tiennent aujourd’hui l’édifice, mais ce sont eux qui ont aussi formé tous les haïtiens ouvriers, charpentiers, menuisiers, plâtriers, maçons, etc... qui ont travaillé pendant quatorze années à la Citadelle.
Par ailleurs, que ce soit clair : alors que nous amenons des investissements dans le pays, nous n’avons reçu aucun centime de l’État haïtien. Et nous en sommes fier. Nous avons apporté de l’argent, nous ne sommes pas venus en prendre. J’aurais aimé pouvoir en dire autant de tout le monde.
Le film est en bonne voie et suit son cours. Pour la première fois, on verra la Citadelle sous son plus beau jour, au cinéma, dans le monde entier. Et en plus, nous la laisserons dans un bien meilleur état que nous l’avons trouvé.
Tout le monde a à gagner à ce que ce film soit une réussite. Il y va aussi de la réputation du pays en tant que lieu propice aux investissements, à la culture,aux échanges, et surtout tout aussi fier de son patrimoine - entretenu.
Combien de tournages précédents ont dû, faute d’entente et de conditions locales favorables, repartir en République Dominicaine, où ils sont mieux accueillis et les millions de dollars perdus pour Haïti ? Allons-nous continuer de mettre ainsi en danger par des pratiques d’un autre âge, ce qu’on a de plus précieux ? Notre patrimoine historique.
Nous avons tourné le premier film sur le génocide Rwandais (Sometimes in April), dans un pays qui a sûrement beaucoup plus souffert que nous, puisque un million de ses concitoyens ont été massacrés par les tueurs.
À suivre
Importante mise au point du célèbre réalisateur haïtien Raoul Peck et de Velvet Film Haïti
Réponse aux récriminations de la sénatrice du Nord, Céméphise Gilles, concernant « la désacralisation et la profanation » de la Citadelle Henry
samedi 11 avril 2009,
Radio Kiskeya
J’ai appris aujourd’hui que la sénatrice du Nord, Madame Céméphise Gilles, a déclaré sur les ondes de Radio Kyskeya qu’elle se sent scandalisée « par le fait de voir le monument historique transformé en hôtel et profané par « des étrangers qui y accrochent leurs sous-vêtements ».
A ce sujet, nous tenons à faire la mise au point suivante :
Raoul Peck et sa compagnie Velvet Film, déclarée et enregistrée en Haïti, produit et réalise le film provisoirement dénommé MOLOCH TROPICAL, avec la participation d’une équipe professionnelle, composée d’Haïtiens, de Français et de Dominicains.
Le thème et le contenu du film sont tirés de la réalité historique haïtienne, et le site historique de la Citadelle Laferrière est le lieu parfait pour la réalisation de ce film, l’idée étant de dynamiser les ressources locales, montrer une autre image du pays et en même temps promouvoir nos meilleurs talents.
Lors de la manifestation "Caraïbes en Créations" en 2008, organisée conjointement par le Ministère de la Culture et de la Communication, la Primature et l’ISPAN, et à laquelle plus de 200 personnes ont participé, les invités ayant été logés sur place à la Citadelle, nous avons décidé à notre tour d’utiliser ces lieux et de profiter des infrastructures déjà installées. D’ailleurs, une bonne partie de ces infrastructures (dortoirs, toilettes, etc…) existent à la Citadelle depuis déjà 20 ans (ce que semble ignorer la sénatrice).
Velvet film et Raoul Peck ayant obtenu les autorisations nécessaires auprès des autorités compétentes (Ministère de la Culture et de la Communication, Ministère du Tourisme et l’ISPAN) rien ne semble justifier la sortie médiatisée de la sénatrice du Nord.
Nous sommes, semble-t-il, en démocratie. Nous avons donc des droits et des obligations. Pour quiconque qui enfreint la loi, des procédures légales existent pour demander des comptes au fautif. Or, curieusement, c’est par la radio que la sénatrice choisit de faire entendre sa réprobation. Procédure pour le moins bizarre, voire suspecte. Nous ne serons pas des victimes consentantes.
Lors des préparations du tournage, nous avons constaté que bon nombre des installations déjà présentes à la Citadelle étaient détériorées, qu’une partie des aménagements en bois (toilettes, douches) avaient pourri à cause de l’extrême humidité qui règne dans ces lieux. La compagnie de production Velvet Film Haïti, a décidé d’investir environ 30.000 dollars US pour remettre en fonction l’ensemble des installations du lieu.
Il s’agit notamment des travaux suivants :
pose de panneaux de bois pour la protection contre la pluie et le vent,
pose de fenêtres pour la protection contre la pluie et le vent,
remplacement de nombreuses vitres manquantes,
débouchages de canalisations bloquées par des bouteilles de plastiques et détritus divers
réparation répétée des citernes
Remise en état des bassins et des tuyaux de circulation d’eau.
remplacement des circuits électriques défaillants, ajout de lampes.
remise en état et nettoyage de tous les WC, douches et lavabos existants
remplacement de tous les revêtements en bois et plywood pourris et détruits.
Remise en état des cuisines, des armoires, des tables à manger et construction de nouvelles.
Entretien de la génératrice et prise en charge de l’électricien
et bien d’autres interventions non-chiffrables pour le moment…
Tout ce travail a été réalisé avec le concours de l’administration, des techniciens et des ouvriers de l’ISPAN. Ces installations étant destinées à rester pour le bien et le confort des futures activités dans un lieu largement laissé à l’abandon par l’État et totalement laissé à la charge de l’ISPAN avec un budget quasi inexistant. Et comme toute maison quasi abandonnée, elle se détériore.
Nous en profitons pour mentionner que les neuf (9) gardiens présents ont toujours une dizaine de mois d’arriéré de salaire.
Nous avons donc été très étonnés du caractère hostile de la récente visite de la sénatrice du Nord Céméphise Gilles à la Citadelle. Elle a été accueillie cordialement et a pu visiter le plateau où nous travaillions ainsi que la partie de la Citadelle ouverte aux visiteurs, où se trouvaient plusieurs centaines d’écoliers bruyants (sans réel accompagnement pédagogique, mangeant dans tous les couloirs, jetant les restes de leur nourriture dans les canons, jouant de la musique rap à fond). Mais l’opinion de la sénatrice était déjà faite. Les coupables c’étaient nous et aucune des évidences que nous pouvions lui présenter, ne pouvait l’ébranler. Elle aurait même vu des sous-vêtements ( ?) (bien sûr des sous-vêtements de blancs ?), alors que nous avons des machines à sécher le linge, à cause du taux d’humidité qui ne permet pas le séchage rapide pour les habits des figurants et de l’équipe.
Lors de cette visite (soit quatre mois après le début de notre projet), nous en avons profité pour faire part à la sénatrice des graves déficits qui existent dans la prise en charge par l’État de ce monument de réputation internationale et appartenant au patrimoine culturel mondial. Nous lui avons fait part de notre volonté dans le cas où elle voudrait vraiment faire quelque chose de sérieux, de nous engager solidairement avec elle devant qui de droit pour obtenir que des efforts soient faits pour préserver un monument laissé quasi à l’abandon et pour lequel l’ISPAN essaie de faire des prouesses pour en maintenir l’essentiel.
Lorsque nous, artistes, nous représentons notre pays à l’étranger, c’est toujours un motif de fierté. Pourquoi, au lieu de nous encourager et reconnaître un travail de plus de 25 ans, on ne pense qu’à nous mettre les bâtons dans les roues ? Lorsqu’il s’agit de construire et de promouvoir le pays, lorsqu’il s’agit de créer des initiatives novatrices, nous avons droit à des slogans éculés et à un militantisme rétrograde en lieu et place d’argumentation fondée et constructive.
Nous, haïtiens, sommes très fiers de notre histoire. « Men fòk nou sispann pran woulib sou do Dessalines, Toussaint ak Christophe ! ».
Il est trop facile d’être fier d’un édifice construit il y a plus de deux cents ans par nos ancêtres, mais de ne rien faire de constructif pour justifier l’objet de cette fierté. Qu’a fait concrètement la sénatrice depuis le début de son mandat de 4 ans pour protéger, gérer, promouvoir la Citadelle ? Quelles mesures concrètes de protection ont été votées au Sénat de la République pour sauvegarder les nombreux monuments historiques du pays et en particulier dans le Nord du pays qui tombent chaque jour un peu plus en désuétude ?
Un apport budgétaire conséquent et le passage de lois de préservation (par exemple pour le Parc Historique National) plus contraignantes pourraient permettre à l’ISPAN, au Ministère du Tourisme et au Ministère de la Culture de mieux faire leur travail et de régler une bonne partie des problèmes aigus auxquels notre monument national est confronté. La sénatrice pourrait mieux utiliser son énergie et son dévouement pour faire voter les fonds nécessaires pour sa région au lieu d’attaquer ceux qui, eux, FONT quelque chose.
Parler aujourd’hui de "désacralisation" est d’abord une insulte. En tant qu’ancien Ministre de la Culture, nous connaissons bien mieux que la sénatrice Gilles combien ce dossier est pressant, et notre action personnelle en faveur du patrimoine, de la culture et de la réputation du pays dans le monde n’est plus à prouver. De même que l’impact économique de notre action en seulement 4 mois pour le bien-être des populations de Milot et des environs est bien réel.
Au vu de tout ceci, je mets sérieusement en doute les motifs vertueux de la sénatrice. À moins qu’il ne s’agisse encore une fois (comme elle l’a déjà fait en 2008 et en 2007) d’un énième coup médiatique gratuit et sans conséquence.
Quant à convoquer deux ministres devant le Sénat, j’ai bien peur qu’il ne s’agisse du bon vieux jeu politique habituel : agiter une main pour qu’on ne voit pas ce que fait l’autre. Et sur ce terrain politique, comme chacun sait, j’ai déjà donné et je n’ai pas de temps à perdre.
Nous sommes citoyens haïtiens de plein droit, et comme tout le monde nous avons le droit, en respectant les procédures administratives et légales, d’utiliser les ressources de notre pays pour le bien de tous et dans le respect de tous.
Sur le plan économique et des investissements, nous avons, sans aide du gouvernement haïtien ou d’un quelconque organisme, déjà engagé des dépenses énormes pour ce film, dont jusqu’ici la population, les commerces de Port-au-Prince, du Cap-Haïtien et de Milot ont largement profité et qui se chiffrent à ce jour à près de 400.000 dollars US.
Nous pensons que d’ici la fin du tournage, cette somme augmentera jusqu’à 600.000 dollars US.
En gros, cet argent a servi à payer des salaires pour des centaines d’ouvriers, une trentaine de menuisiers et de charpentiers, plus de 5000 salaires de porteurs (hommes, femmes et enfants), de couturières, d’électriciens, d’ingénieurs, de médecins, de chauffeurs, de boulangers, de sculpteurs, de cuisinières, de femmes de ménages, de repasseuses, de blanchisseuses, de balayeurs, de gardiens, d’agents de sécurité, etc.
Nous avons acheté pour plus de 60.000 dollars US de planches, de poutres, de vitres, de tuyaux, de clous. Nous consommons environ 50 sacs de fruits par semaine (depuis 4 mois). Nous nourrissons environ 80 à 150 personnes par jour, selon les jours. Nous achetons environ 100 kilos de viande par semaine,140 pains, 60 kilos de riz, pois, légumes, pâtes.
Il faut 40 personnes pour transporter un piano à la Citadelle. Il en faut 50 pour faire monter une génératrice supplémentaire. Tous les deux jours, lorsqu’il ne pleut pas, il faut faire monter 200 gallons d’eau à dos d’hommes.
Nous pourrions continuer cette liste à l’infini.
Velvet Film Haïti ainsi que son directeur Raoul Peck, souhaiterait éviter la polémique dans un moment de haute sensibilité politique dû aux élections encours, alors même que les bailleur de fonds se réunissent autour des problèmes (et des finances) de notre pays, alors même que le gouvernement ne cesse de proclamer bien haut qu’il faut attirer les investisseurs locaux et internationaux, haïtiens et étrangers, alors qu’on discute en ce moment même au parlement du relèvement du salaire minimum dans le pays, alors qu’il règne un taux de chômage de l’ordre de 32,7 %. La sénatrice de la république, quant à elle, ne trouve rien de plus urgent à faire que de grimper jusqu’à 900 mètres d’altitude pour venir parler de désacralisation de la Citadelle.
Alors que toutes les grandes villes du monde investissent des millions pour attirer des tournages sur leur territoire, Madame la sénatrice ne trouve rien de mieux que de partir dans une croisade comme chaque année sur la soi-disant désacralisation de la Citadelle. En France, Versailles, le Louvre, la Tour Eifel ont ouvert leurs portes, l’ONU à New York également, Notre Dame de Paris de même, ainsi que Soukri et Saut d’eau et autres lieux sacrés de la République.
Hier, du fait de la semaine Sainte, il y a eu près de 50.000 visiteurs à la Citadelle. Avec l’ISPAN, la DDN/PNH et notre équipe, on a mis en place une structure de sécurité pour qu’il n’y ait pas les débordements habituels : rixes, destruction du monument, accidents, émeutes, agressions. Les premiers jours se sont bien passés, et on n’a déploré aucun incident majeur sauf l’arrestation d’un individu qui avait volé deux boulets de canon. Mais chaque matin, notre équipe recueille -puisqu’on n’a pas le choix - au moins une tonne de détritus laissés par les visiteurs. Toute la route du parking de la Citadelle deux kilomètres plus bas est jonchée de bouteilles, de papiers, de plats en plastique et autres déchets que je préfère ne pas nommer ici.
Quel est l’apport de la sénatrice pour cette traditionnelle semaine Sainte ? En quoi a-t-elle contribué à la réussite de cet évènement exceptionnel et important à la Citadelle, en effet réel lieu de pèlerinage ? La Mairie fait de son mieux chaque année. Mais même la route jusqu’à Milot est totalement délabrée.
Pour finir, il faut sortir de ce racisme médiocre qui consiste à mettre sur le dos des "blancs" nos erreurs répétées, nos faiblesses avérées, nos divisions destructrices qui persistent, notre ignorance élevée en militance aveugle.
Déclarer, comme l’a fait la sénatrice, que "Blan franse pa kab vin okipe Citadelle la" (Les blancs français ne peuvent pas "occuper" la Citadelle) c’est faire preuve de la plus parfaite ignorance alors que ce sont justement des « blan franse », compagnons de France, qui ont non seulement, reconstruit toutes les structures qui tiennent aujourd’hui l’édifice, mais ce sont eux qui ont aussi formé tous les haïtiens ouvriers, charpentiers, menuisiers, plâtriers, maçons, etc... qui ont travaillé pendant quatorze années à la Citadelle.
Par ailleurs, que ce soit clair : alors que nous amenons des investissements dans le pays, nous n’avons reçu aucun centime de l’État haïtien. Et nous en sommes fier. Nous avons apporté de l’argent, nous ne sommes pas venus en prendre. J’aurais aimé pouvoir en dire autant de tout le monde.
Le film est en bonne voie et suit son cours. Pour la première fois, on verra la Citadelle sous son plus beau jour, au cinéma, dans le monde entier. Et en plus, nous la laisserons dans un bien meilleur état que nous l’avons trouvé.
Tout le monde a à gagner à ce que ce film soit une réussite. Il y va aussi de la réputation du pays en tant que lieu propice aux investissements, à la culture,aux échanges, et surtout tout aussi fier de son patrimoine - entretenu.
Combien de tournages précédents ont dû, faute d’entente et de conditions locales favorables, repartir en République Dominicaine, où ils sont mieux accueillis et les millions de dollars perdus pour Haïti ? Allons-nous continuer de mettre ainsi en danger par des pratiques d’un autre âge, ce qu’on a de plus précieux ? Notre patrimoine historique.
Nous avons tourné le premier film sur le génocide Rwandais (Sometimes in April), dans un pays qui a sûrement beaucoup plus souffert que nous, puisque un million de ses concitoyens ont été massacrés par les tueurs.
À suivre
Dernière édition par Rico le Sam 11 Avr 2009 - 19:21, édité 1 fois
Rico- Super Star
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Nombre de messages : 8954
Localisation : inconnue
Loisirs : néant
Date d'inscription : 02/09/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: dindon de la farce
Re: Poukisa Cemephise Gilles senatèz lespwa vle pran roulib sou Sitadèl ak Kristof
Suite et fin
Importante mise au point du célèbre réalisateur haïtien Raoul Peck....
Nous, citoyen Haïtien, nous avons été accueillis là-bas à bras ouverts. Au Rwanda aussi, il y a eu une discussion sur la désacralisation des lieux, lorsque nous voulions tourner dans l’église Sainte Famille dans laquelle plus de 2000 personnes ont été assassinées. L’archevêque de Kigali hésitait à nous donner l’autorisation arguant que le lieu de culte pourrait être "désacralisé". Les ministres concernés ainsi que le Président de la République Rwandaise lui-même, le général Paul Kagamé, nous ont soutenu dans cette bataille. L’Eglise Catholique Rwandaise n’a pas beaucoup élevé la voix pour défendre les innocents qu’on massacrait dans ses murs. Finalement, nous avons eu l’autorisation de tourner dans l’église Sainte Famille.
Apprenons donc dans ce pays à construire au lieu de détruire, à encourager au lieu de critiquer aveuglément. Les mairies, Casec, la population, les associations ne s’y sont pas trompés en développant avec nous une vraie dynamique dans la région par le travail que nous y avons apporté, la formation, l’animation et l’investissement.
Nous pensons que, mieux que toute polémique, mieux que toute parole gratuite et tonitruante, il est beaucoup plus crédible DE FAIRE et D’AGIR. Et en l’occurrence, l’essentiel ici, c’est d’aider à préserver le monument et faire de son mieux pour donner du travail à la population.
Raoul Peck
Réalisateur Ancien Ministre de la Culture
Citadelle Laferrière 11 avril 2009
Importante mise au point du célèbre réalisateur haïtien Raoul Peck....
Nous, citoyen Haïtien, nous avons été accueillis là-bas à bras ouverts. Au Rwanda aussi, il y a eu une discussion sur la désacralisation des lieux, lorsque nous voulions tourner dans l’église Sainte Famille dans laquelle plus de 2000 personnes ont été assassinées. L’archevêque de Kigali hésitait à nous donner l’autorisation arguant que le lieu de culte pourrait être "désacralisé". Les ministres concernés ainsi que le Président de la République Rwandaise lui-même, le général Paul Kagamé, nous ont soutenu dans cette bataille. L’Eglise Catholique Rwandaise n’a pas beaucoup élevé la voix pour défendre les innocents qu’on massacrait dans ses murs. Finalement, nous avons eu l’autorisation de tourner dans l’église Sainte Famille.
Apprenons donc dans ce pays à construire au lieu de détruire, à encourager au lieu de critiquer aveuglément. Les mairies, Casec, la population, les associations ne s’y sont pas trompés en développant avec nous une vraie dynamique dans la région par le travail que nous y avons apporté, la formation, l’animation et l’investissement.
Nous pensons que, mieux que toute polémique, mieux que toute parole gratuite et tonitruante, il est beaucoup plus crédible DE FAIRE et D’AGIR. Et en l’occurrence, l’essentiel ici, c’est d’aider à préserver le monument et faire de son mieux pour donner du travail à la population.
Raoul Peck
Réalisateur Ancien Ministre de la Culture
Citadelle Laferrière 11 avril 2009
Rico- Super Star
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» MATELLI AP PRAN ROULIB SOU DO ENVESTISÈ POTANSYÈL FIG BANNAN NAN GRANNO
» ALEXIS PRAN ROULIB NAN ELIKOPTÈ MINISTA KI DWE KENBE NETRALITE
» NON MARC-HENRY PA PRAN ROULIB AK ZAFÈ PREZIDANS MARTELLY KLE AN MEN, SE MANTO
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