La problématique des prisons en Haïti...

La problématique des prisons en Haïti au regard des droits de la personne humaine (Première partie)

"Nan Brik ou Titanic, Je w chage ak dlo"
chanson anonyme de prisonnier.


Tout chercheur scrutant le réel haïtien systémiquement se heurte à de multiples contradictions. Chaque institution haïtienne est une impasse ou s'entremêlent inextricablement des écheveaux, desservant les fantaisies et les intérêts des chefs du moment. Ces embrouillaminis affaiblissent les appareils répressifs et idéologiques de l'Etat laissant le champ libre à l'amateurisme.

En faisant référence à l'ouvrage du professeur Josué Pierre Louis, Haïti et ses Institutions '',on discerne aisément trois hypothèses concordantes :

1- Les réglementations institutionnelles sont multiples, anarchiques, contradictoires et mutantes.

2- La réalité institutionnelle est tributaire des régimes politiques et obéit aux humeurs des tyrans.

3- La perception sociale véhicule l'idée que les institutions ne sont que des vaches à lait alimentant les comptes en banque des dirigeants et de leurs affidés.

Pourtant les institutions de l'Etat ne sont pas des gâteaux à partager entre méritants et militants. Ce sont plutôt des systèmes de services destinés au bien-être collectif.
L'un des appareils répressifs de l'Etat à souffrir des maux sus-cité est le système carcéral. Certes on s'insurge à raison contre ses méfaits, et de temps en temps on juge de la qualité de la démocratie en l'évaluant, puis on l'oublie, quitte à y revenir pour jeter une critique intéressée. Richard Greene dans l'introduction de ''Men in Prisons'' en dénonce la cruauté, il soutient « Nos prisons sont remplies de victimes : '' innocentes ou coupables ... mêlées à la foule des pauvres et des désaxés, poussées à l'émeute et au crime'' par une société qui entretient la violence et s'en nourrit tout en prêchant la loi et l'ordre ». Pourtant la prison reste et demeure une prestation fournie à la collectivité au même titre que les hôpitaux, les asiles, les écoles, l'électricité, l'eau potable, etc.

La capacité organisationnelle des pénitenciers et autres centres carcéraux demeure une des variantes les plus importantes dans le traitement de la violence. L'auteur de '' Surveiller et Punir '', Michel Foucault, le dit : « Il serait impossible d'aborder le problème de la pénalité - et à plus forte raison de la délinquance en général - par d'autres chemins que celui de la prison » .
Indubitablement, le peu de maîtrise des mutations sociales - qui sont différentielles en matière d'accroissement de la population - introduisent de multiples variantes dans l'étude de la criminalité en tant qu'épiphénomène. D'ailleurs l'augmentation exponentielle de la criminalité est proportionnelle à l'accroissement de la population et au niveau de vie si celle-ci décroît, et inversement proportionnelle au taux de répression étatique et au niveau de vie si celle-ci croît, incluant comme variable essentielle la capacité de rétention de l'Etat. Les risques d'explosion sociale, de somalisation et de balkanisation des institutions dans un premier temps des zones marginales subséquemment sont considérables, si le système judiciaire ne délivre pas des résultats dans toutes ses composantes, particulièrement dans sa structure finale qui est de punir, de rééduquer et de réinsérer. Il faut exigiblement des prisons de proximité, afin d'éviter des gardes à vue indéfinies où les prévenus et les condamnés à des peines légères passeront leur temps d'incarcération.

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