Le HOPE n'a pas encore suscité l'effet escompté!
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Le HOPE n'a pas encore suscité l'effet escompté!
EDITORIAL
ECONOMIE: Le HOPE n'a pas encore suscité l'effet escompté!
PORT-AU-PRINCE, 13 Décembre - Un proverbe de chez nous dit: l'haïtien se promène avec deux bougies. L'une avec laquelle il prie pour trouver un emploi ; l'autre pour ne pas le trouver.
L'ennui est qu'ici il n'y a pas d'assurance-chômage !
Cette pensée nous vient en regardant certaines réactions après le vote par le Congrès américain du projet HOPE.
Cette législation qui est susceptible de créer plusieurs milliers d'emplois en Haïti a passé victorieusement le week-end dernier devant les deux chambres du Congrès. Le projet qui est devenu loi, doit à présent être promulgué par l'administration Bush.
Ce vote n'a pas été facile. Le projet a été combattu pendant deux années par les fabricants américains des matériaux en textile (coton).
En effet, il permet au pays bénéficiaire, en l'occurrence Haïti, d'acheter les matières premières où ça se trouve à meilleur prix. Donc soit aux Etats-Unis, soit sur d'autres marchés si c'est trop cher aux Etats-Unis.
Les fabricants américains auraient toujours voulu que le textile soit acheté aussi chez eux.
Ensuite, les articles assemblés en Haïti sont exportés aux Etats-Unis où ils entrent sans payer de droits de douane.
Ce qui constitue un grand avantage pour les grandes chaînes de distribution américaines...
Ce qui peut les intéresser à investir sur le marché haïtien.
Ce qui peut créer des milliers d'emplois en Haïti.
Mais si nous avons à acheter aussi les matières premières aux Etats-Unis, nous tombons sous une sorte de monopole. A part les quelques milliers de jobs créés, pas grand chose ne reste dans l'économie locale sinon la location de quelques halls au parc industriel pour installer les factories.
Tandis que le projet HOPE nous permet un mouvement économique au moins à double volet : l'importation des matériaux en textile, et l'exportation des articles assemblés.
Cependant le passage de HOPE ne semble soulever aucune émotion particulière.
On dirait même que tant que le projet était bloqué, cela faisait plus de bruit. On pouvait qualifier les responsables haïtiens de nuls et les Américains d'être des menteurs...
Aujourd'hui que c'est fait, rien ne bouge. On peut même entendre certaines réflexions désobligeantes.
Si nous pouvons, pour faciliter les choses, classer le pays en une droite et une gauche ... Eh bien, la droite répond par un silence total. Comme qui dirait, on n'y croit pas. Oh, on en a vu d'autres. De ce côté aujourd'hui le cynisme est de rigueur. Haïti est de toutes façons foutue !
Cela n'empêche bon nombre de s'arranger pour tirer les marrons du feu. Quitte à faire alliance avec le diable...
Du côté de la gauche, alors on vous sort le grand jeu anti-capitaliste. L'exploitation ouvrière. Les salaires de misère. Un auditeur demande si le projet HOPE a prévu aussi un sanatorium pour les ouvriers. Méchant !
Tout cela bien entendu sans qu'on ait pu entendre une seule fois la voix des premiers intéressés : les ouvriers eux-mêmes, même potentiels, nos actuels chômeurs...
Néanmoins à la vérité, tout le monde a raison.
Les patrons ont raison de douter. On se fait mener en bateau depuis plus de deux décennies. Les embargos se suivent et se ressemblent en destruction toujours plus avancée du pays. D'où appauvrissement généralisé, y compris dans des familles jusqu'à récemment bien sous tous rapports.
La gauche a raison aussi parce qu'elle se souvient de la " révolution économique " de Baby Doc sur le dos de l'ouvrier non syndiqué, non assuré, non protégé d'aucune sorte. Et finalement abandonné dans la rue... Si ce n'est en effet au sanatorium.
Mais aujourd'hui beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.
On ose croire que l'Etat n'est plus le même que sous Baby Doc et consorts. Donnons lui au moins le bénéfice du doute...
Mais surtout non seulement l'ouvrier haïtien connaît mieux ses droits, mais il n'est pas seul. Il existe en Haïti des syndicats qui se respectent et qui ont su le montrer même pendant les deux années de fer du régime intérimaire.
Quoi qu'il en soit, il faut sortir aujourd'hui du mythe de la main d'œuvre haïtienne bon marché et que les patrons du monde entier feraient la queue pour venir exploiter.
La main d'œuvre haïtienne est bon marché, oui, mais elle n'est pas unique au monde. D'un côté...
D'un autre côté, il existe aussi meilleur marché ailleurs et mieux qualifiée.
La main d'œuvre haïtienne bon marché n'a pas la même valeur que dans les années 70. Aujourd'hui le bon marché n'est plus le seul critère. Comme dit un autre dicton haïtien : le bon marché peut vous coûter cher.
On s'explique. Les grandes compagnies américaines délocalisent, cela veut dire qu'elles sont allées s'installer dans d'autres pays où les salaires sont moins élevés afin d'augmenter les revenus du grand patron capitaliste. Ces pays s'appellent d'abord le Mexique, puis aujourd'hui la Chine.
Mais dans ce mouvement, les ouvriers des pays hôtes ou bénéficiaires ont dû améliorer leur performance, recevoir une formation plus poussée, sortir du stade primitif de main d'œuvre bon marché. C'est un plus pour tous ces pays, parmi lesquels on peut déjà inclure aussi la République dominicaine. D'où le nouveau concept de pays en développement remplaçant celui de pays sous-développé.
Où classer Haïti ? Pays en développement ou éternellement sous-développé...
A vous de juger.
Par conséquent, on ferait mieux de ne pas trop faire la fine bouche... et de laisser les futurs ouvriers décider eux-mêmes.
Nous disions : l'Etat n'est plus le même que celui de Baby Doc elatrye. Allez savoir. Car il ne s'agit pas seulement aujourd'hui d'exiger des toilettes dans les factories. L'Etat a une mission autrement plus importante. L'industrie d'assemblage n'est qu'un soulagement temporaire et très partiel. Elle ne doit pas être toute l'économie. La preuve : en un jour l'embargo a été décidé et tous les emplois étaient partis. Pour toujours...
Mais tout cela ne peut être dit en deux mots. Nous pensons qu'une campagne d'informations est nécessaire. A moins que des financements pour une telle entreprise aient déjà été débloqués pour disparaître dans les poches de ces mêmes HOPE-sceptiques. Comme toujours, bourik travay, chwal galonnen
Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
ECONOMIE: Le HOPE n'a pas encore suscité l'effet escompté!
PORT-AU-PRINCE, 13 Décembre - Un proverbe de chez nous dit: l'haïtien se promène avec deux bougies. L'une avec laquelle il prie pour trouver un emploi ; l'autre pour ne pas le trouver.
L'ennui est qu'ici il n'y a pas d'assurance-chômage !
Cette pensée nous vient en regardant certaines réactions après le vote par le Congrès américain du projet HOPE.
Cette législation qui est susceptible de créer plusieurs milliers d'emplois en Haïti a passé victorieusement le week-end dernier devant les deux chambres du Congrès. Le projet qui est devenu loi, doit à présent être promulgué par l'administration Bush.
Ce vote n'a pas été facile. Le projet a été combattu pendant deux années par les fabricants américains des matériaux en textile (coton).
En effet, il permet au pays bénéficiaire, en l'occurrence Haïti, d'acheter les matières premières où ça se trouve à meilleur prix. Donc soit aux Etats-Unis, soit sur d'autres marchés si c'est trop cher aux Etats-Unis.
Les fabricants américains auraient toujours voulu que le textile soit acheté aussi chez eux.
Ensuite, les articles assemblés en Haïti sont exportés aux Etats-Unis où ils entrent sans payer de droits de douane.
Ce qui constitue un grand avantage pour les grandes chaînes de distribution américaines...
Ce qui peut les intéresser à investir sur le marché haïtien.
Ce qui peut créer des milliers d'emplois en Haïti.
Mais si nous avons à acheter aussi les matières premières aux Etats-Unis, nous tombons sous une sorte de monopole. A part les quelques milliers de jobs créés, pas grand chose ne reste dans l'économie locale sinon la location de quelques halls au parc industriel pour installer les factories.
Tandis que le projet HOPE nous permet un mouvement économique au moins à double volet : l'importation des matériaux en textile, et l'exportation des articles assemblés.
Cependant le passage de HOPE ne semble soulever aucune émotion particulière.
On dirait même que tant que le projet était bloqué, cela faisait plus de bruit. On pouvait qualifier les responsables haïtiens de nuls et les Américains d'être des menteurs...
Aujourd'hui que c'est fait, rien ne bouge. On peut même entendre certaines réflexions désobligeantes.
Si nous pouvons, pour faciliter les choses, classer le pays en une droite et une gauche ... Eh bien, la droite répond par un silence total. Comme qui dirait, on n'y croit pas. Oh, on en a vu d'autres. De ce côté aujourd'hui le cynisme est de rigueur. Haïti est de toutes façons foutue !
Cela n'empêche bon nombre de s'arranger pour tirer les marrons du feu. Quitte à faire alliance avec le diable...
Du côté de la gauche, alors on vous sort le grand jeu anti-capitaliste. L'exploitation ouvrière. Les salaires de misère. Un auditeur demande si le projet HOPE a prévu aussi un sanatorium pour les ouvriers. Méchant !
Tout cela bien entendu sans qu'on ait pu entendre une seule fois la voix des premiers intéressés : les ouvriers eux-mêmes, même potentiels, nos actuels chômeurs...
Néanmoins à la vérité, tout le monde a raison.
Les patrons ont raison de douter. On se fait mener en bateau depuis plus de deux décennies. Les embargos se suivent et se ressemblent en destruction toujours plus avancée du pays. D'où appauvrissement généralisé, y compris dans des familles jusqu'à récemment bien sous tous rapports.
La gauche a raison aussi parce qu'elle se souvient de la " révolution économique " de Baby Doc sur le dos de l'ouvrier non syndiqué, non assuré, non protégé d'aucune sorte. Et finalement abandonné dans la rue... Si ce n'est en effet au sanatorium.
Mais aujourd'hui beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.
On ose croire que l'Etat n'est plus le même que sous Baby Doc et consorts. Donnons lui au moins le bénéfice du doute...
Mais surtout non seulement l'ouvrier haïtien connaît mieux ses droits, mais il n'est pas seul. Il existe en Haïti des syndicats qui se respectent et qui ont su le montrer même pendant les deux années de fer du régime intérimaire.
Quoi qu'il en soit, il faut sortir aujourd'hui du mythe de la main d'œuvre haïtienne bon marché et que les patrons du monde entier feraient la queue pour venir exploiter.
La main d'œuvre haïtienne est bon marché, oui, mais elle n'est pas unique au monde. D'un côté...
D'un autre côté, il existe aussi meilleur marché ailleurs et mieux qualifiée.
La main d'œuvre haïtienne bon marché n'a pas la même valeur que dans les années 70. Aujourd'hui le bon marché n'est plus le seul critère. Comme dit un autre dicton haïtien : le bon marché peut vous coûter cher.
On s'explique. Les grandes compagnies américaines délocalisent, cela veut dire qu'elles sont allées s'installer dans d'autres pays où les salaires sont moins élevés afin d'augmenter les revenus du grand patron capitaliste. Ces pays s'appellent d'abord le Mexique, puis aujourd'hui la Chine.
Mais dans ce mouvement, les ouvriers des pays hôtes ou bénéficiaires ont dû améliorer leur performance, recevoir une formation plus poussée, sortir du stade primitif de main d'œuvre bon marché. C'est un plus pour tous ces pays, parmi lesquels on peut déjà inclure aussi la République dominicaine. D'où le nouveau concept de pays en développement remplaçant celui de pays sous-développé.
Où classer Haïti ? Pays en développement ou éternellement sous-développé...
A vous de juger.
Par conséquent, on ferait mieux de ne pas trop faire la fine bouche... et de laisser les futurs ouvriers décider eux-mêmes.
Nous disions : l'Etat n'est plus le même que celui de Baby Doc elatrye. Allez savoir. Car il ne s'agit pas seulement aujourd'hui d'exiger des toilettes dans les factories. L'Etat a une mission autrement plus importante. L'industrie d'assemblage n'est qu'un soulagement temporaire et très partiel. Elle ne doit pas être toute l'économie. La preuve : en un jour l'embargo a été décidé et tous les emplois étaient partis. Pour toujours...
Mais tout cela ne peut être dit en deux mots. Nous pensons qu'une campagne d'informations est nécessaire. A moins que des financements pour une telle entreprise aient déjà été débloqués pour disparaître dans les poches de ces mêmes HOPE-sceptiques. Comme toujours, bourik travay, chwal galonnen
Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
Dernière édition par gwotoro le Mer 27 Déc 2006 - 13:33, édité 1 fois
gwotoro- Super Star
-
Nombre de messages : 3974
Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
Re: Le HOPE n'a pas encore suscité l'effet escompté!
Le HOPE et lespwa n'ont pas rempli leurs promesses. Il faudrait changer de nom car s'appeller l'espoir semble porter malheur.
Jude- Super Star
-
Nombre de messages : 1864
Localisation : Frans
Loisirs : Financial Exchanges - Geopolitic
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: Le progressiste !
Re: Le HOPE n'a pas encore suscité l'effet escompté!
Tout le monde reste les bras croises et attend que le gouvernement fasse tout...
Encore une fois, pour profiter du HOPE, ce devra encore etre au gouvernement de se demmerder...
On attend une classe des affaires et des syndicats plus proactif pour lancer le pays dans la voie du developpement et pour pousser le gouvernement a faire le necessaire.
Sinon, encore une fois, ce sera au blanc de venir nous montrer comment faire et nous serons les premieres choques...
Encore une fois, pour profiter du HOPE, ce devra encore etre au gouvernement de se demmerder...
On attend une classe des affaires et des syndicats plus proactif pour lancer le pays dans la voie du developpement et pour pousser le gouvernement a faire le necessaire.
Sinon, encore une fois, ce sera au blanc de venir nous montrer comment faire et nous serons les premieres choques...
gwotoro- Super Star
-
Nombre de messages : 3974
Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
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