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Venezuela : le flot de mensonges par Tim Anderson

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Venezuela : le flot de mensonges  par Tim Anderson Empty Venezuela : le flot de mensonges par Tim Anderson

Message  piporiko Jeu 12 Nov 2009 - 11:24


Comme
le montre Eva Golinger dans ses livres, le flot permanent de mensonges
sur le Venezuela et son président, le populaire Hugo Chavez doit se
voir comme le fer de lance d’une stratégie intégrée de déstabilisation
et de « changement de régime pour la nation pétrolière orientée vers le
socialisme.

Ces
mensonges insistants et répétés ont leurs précédents. En 1960, le
Sénateur Chilien Salvador Allende, a raconté au Sénat Chilien qu’il
avait été témoin de la « propagande brutale et délibérée…Jour après
jours et minute après minute, ils défigurent ce qui s’est passé à
Cuba ». Naturellement, les chaînes médiatiques dirigées par des grosses
compagnies privées ne pouvaient pas envisager la moindre vue
sympathique de la révolution socialiste cubaine.

Toutefois,
le grand danger de ces mensonges constants a propos de Cuba, démontré
par Allende, était qu’ils reproduisaient les préparatifs du
renversement antérieur par les Etats-Unis du gouvernement démocratique
et réformiste de Jacobo Arbenz au Guatemala. Ce coup d’Etat de 1954 a
été suivi par des décennies de dictatures soutenues par les Etats-Unis
et l’assassinat de plus de 100 000 personnes dans ce pays d’Amérique
centrale. Allende avait raison. En 1961, les Etats-Unis ont lancé une
invasion à Cuba, mais ont échoué à la soutenir avec des troupes
terrestres étasuniennes, et l’intervention a échoué. Plus tard, Allende
lui-même, en tant que président massivement élu du Chili, a fait face
aux mêmes attaques médiatiques féroces, avant d’être assassiné lors du
coup d’Etat militaire soutenu par les Etats-Unis de 1973.



Dans le cas du Venezuela, nous n’avons pas du tout besoin de regarder plus loin que The Economist, basé à Londres, pour voir de bons exemples de malhonnêteté calculée. The Economist
privilégie les intérêts d’investisseurs Britanniques, Européens et (de
plus en plus) asiatiques, que ceux des grandes compagnies
étasuniennes. Néanmoins, sur la question de s’opposer à un gouvernement
socialiste au Venezuela, il y a un terrain d’entente et le niveau
d’éthique journalistique est similaire.

Regardons
leur article récent , « La politique étrangère du Venezuela : rêves
d’un monde différent », délicatement sous-titré : « Les Armes et les
Tyrans » (The Economist, 19 Septembre 2009, p.52). Dans un
court article, ils se débrouillent pour fourrer au moins quatre
mensonges importants, à côté de quelques mensonges anecdotiques.

D’abord,
il est dit que le Président Chavez, dans un tour du monde qui incluait
des achats d’armes à la Russie, « a obtenu ce qu’il semblait chercher
depuis le début : l’attention des Etats-Unis ». La Secrétaire d’Etat
étasunienne Hillary Clinton, rapporte-t-on, est « inquiète » que els
achats d’armes du Venezuela « puissent déclencher une course aux
armements » et sont un « sérieux défi lancé à la stabilité ».

L’avantage
de cette vision du monde américanocentrée (« obtenir l’attention des
Etats-Unis » comme but premier) est qu’elle dispense du besoin
d’expliquer les motivations réelles. L’article ne fait aucune mention
du déploiement de la Quatrième flotte étasunienne au large des côtes du
Venezuela, et minimise l’importance de la construction par
l’Administration Obama de bases militaires dans la Colombie voisine en
la renvoyant à un paragraphe beaucoup plus tardif. Aucune mention du
fait que les Etats-Unis, en dépit de leur soutien au coup d’Etat contre
Chavez en 2002, pourraient être une menace pour la démocratie
vénézuélienne. Par des artifices, The Economist, présente la
recherche d’armes pour l’autodéfense du Venezuela comme la seule menace
identifiée contre la stabilité régionale. La menace posée par
l’intrusion du pouvoir impérial étasunien à l’intérieur du continent
Sud Américain n’est pas mentionnée.

Deuxièmement,
le tour du monde des « armes et des tyrans » de Chavez est présenté
comme « la formation d’une alliance politique anti-américaine avec
l’Iran, la Syrie, la Biélorussie et la Russie ». Son but principal
serait de « faire éclater des problèmes pour les Etats-Unis en
plusieurs endroits à la fois ». Plus loin, il est dit que certains
achats d’armes par Chavez « semblent être une réponse hâtive à un
accord du mois dernier par lequel la Colombie a donné aux Etats-Unis
des installations dans sept bases pour des opérations anti-drogues ».

Toutefois,
aucun observateur censé ne croit que sept bases militaires étasuniennes
en Colombie ont quoi que ce soit à voir avec des « opérations
anti-drogues ». Au contraire, la culture et le trafic de masse à
travers le monde- du Vietnam à l’Afghanistan et à la Colombie- se sont
toujours accrus avec la présence de militaires étasuniens. De même, il
est absurde d’appeler « hâtive » la réponse vénézuélienne aux menaces
militaires étasuniennes, étant donné que durant le siècle dernier, les
Etats-Unis sont intervenus dans chaque pays d’Amérique latine (plusieurs fois dans certains), y compris le Venezuela sous chavez.

Le
besoin pour Chavez et son gouvernement de construire des relations
alternatives de financement et d’investissement est évident au regard
de l’histoire indéniable et incessante des agressions étasuniennes
contre des gouvernements indépendants en Amérique Latin et, plus
récemment, de l’effondrement financier américanocentré. Ses récentes
visites incluaient des pays autres que ceux mentionnés, y compris la
Chine.

LA
« première priorité » de la politique étrangère du Venezuela est loin
d’être « anti-américaine. Il s’agissait de construire une alliance de
pays souverains dans les Amériques appelée ALBA. Trente-cinq pays
composent les Amériques- seules les vues américanocentrées assimilent
« américain » avec les USA. Le principal aéroport de la ville de Mexico
illustre ce point et indique la salle d’embarquement pour les vols vers
les « Etats6unis d’Amérique du Nord »’.

Le
troisième mensonge majeur de l’article concerne l’Unasur, l’Union des
Nations Sud Américaines récemment créée, dont le Venezuela est un
membre. The Economist affirme que « [Chavez] a encore échoué
à obtenir une condamnation » explicite par l’Unasur de l’accord pour
les baes militaires de la Colombie avec les Etats-Unis. » Il est vrai
qu’il n’y avait pas unanilmité à l’Unasur. La Colombie a affirmé son
droit de développer de nouvelles bases militaires et refusé de fournir
des informations à leur sujet à l’Unasur. Il est également vrai
qu’Hillary Clinton a utilisé les achats d’armes imminents du Venezuela
à la Russie (notez que les Etats-Unis eux-mêmes ont refusé de
réapprovisionner en pièces l’armée vénézuélienne) pour détourner
l’attention des nouvelles bases étasuniennes.

Néanmoins,
les pays Sud Américains- y compris les pays extérieurs à l’ALBA que
sont le Brésil, l’Argentine et le Chili- se sont exprimés fermement
contre les constructions étasuniennes en Colombie. Les neufs membres du
groupe de l’ALBA ont ajouté qu’ils rejettent « l’installation de bases
militaires des Etats-Unis en Amérique Latine et dans la Caraïbe….[parce
qu’elles] mettent la paix en danger, menacent la démocratie et
facilitent l’interférence hégémonique » des Etats-Unis dans les
affaires de la région. Chavez est loin d’ »échouer » dans sa
diplomatie. C’est le régime colombien d’Alvaro Uribe qui s’est trouvé
progressivement isolé parmi ses voisins.

Quelques autres mensonges anecdotiques ornent l’article de The Economist.
Le magazine critique Chavez pour avoir reconnu l’Abkhazie et l’Ossétie
du Sud, prétendant que ces deux Etats « avaient été arrachés à la
Georgie l’année dernière par les troupes Russes ». En fait, après la
fragmentation de l’Union Soviétique, l’Abkhazie et l’Ossétie n’ont
jamais été effectivement incorporées à la Georgie. C’est la tentative
(encouragée par les Etats-Unis) de les incorporer de force à la Georgie
(et par conséquent à l’OTAN) qui fut franchement vaincue en 2008, avec
l’assistance Russe.


L’article
prétend aussi que la générosité du Venezuela, fournissant du gaz et du
pétrole à bas prix à des pays en développement, intervient alors que
« les raffineries vénézuéliennes luttent pour fournir le marché
local ». C’est faux et absurde. Le Venezuela a une capacité massive de
raffinage et l’essence au Venezuela demeure la moins chère des
Amériques.


L’article
garde le quatrième gros mensonge pour la fin, et suit la tradition des
plus prompts à violer les droits de l’homme qui accusent les autres
pour détourner l’attention de leur cas. Il dit de Chavez qu’il
« cultive des liens » avec des régimes qui sont caractérisés par « des
élections truquées, la censure des médias, la criminalisation des
dissidents et des dirigeants çà vie ». Pas une once d’ironie, alors que
les escadrons de la mort en Colombie assassinent les syndicalistes et
les dirigeants de la société civile de manière incontrôlée, alors que
l’administration Obama tergiverse autour du régime du coup d’Etat au
Honduras (qui a déposé l’allié de Chavez), alors que la fraude
électorale et une guerre sanglante font rage en Afghanistan et alors
que les Etats-Unis lancent des attaques au missile contre le Pakistan.

Il
peut être fastidieux de répondre de façon documentée à de tels
mensonges. Ils sont si communs et à peine a-t-on fait une partie du
travail que les mensonges du jour suivant apparaissent- si ce n’est
dans The Economist, alors c’est dans le Washington Post, l’Australian ou le Times.
Ces monopoles tablent sur les plus vulnérables, qui n’ont pas de
sources alternatives d’information, qui ne lisent pas l’histoire et qui
sont susceptibles de subir fortement l’influence d’une agitation
grossière et souvent raciste.

Avec du recul, cela
apparaît comme un processus de légitimation, organisé par les monopoles
médiatiques privés, dans leur haine pour la sorte de démocratie
populaire conduite par Chavez (comme également dans le passé par
Allende), préparent le terrain pour des coups d’Etat, des guerres
d’intervention et de conquête. Cela a été fait avant- tandis que ces
monopoles demeurent hors de tout contrôle et cela sera fait à nouveau.


Article original : Venzeulanalysis.com, 20 Octobre 2009.

Traduit de l’anglais par Marc Harpon pour Changement de Société

Articles de Tim Anderson publiés par Mondialisation.ca



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