Cité Soleil déja fragilisée, complètement oubliée après le séisme
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Cité Soleil déja fragilisée, complètement oubliée après le séisme
Un soldat de l'ONU arrête un habitantde Cité Soleil pendant une distribution de nourriture dans le bidonville. Crédits photo : AFP
Bien que relativement épargnés par le séisme, les habitants du bidonville espèrent profiter de l'aide…
Cité Soleil est, pour la première fois de son histoire, un quartier privilégié. Jamais dans l'histoire d'Haïti, le plus grand bidonville de Port-au-Prince, qui étale ses hectares de misère entre la mer et la montagne n'avait suscité un tel qualificatif. Depuis peu, le séisme qui l'a presque épargné fait des envieux. L'immense fatras surpeuplé de maisons en tôle ou en mauvais béton, a tenu le choc. «On compte ici deux cents à trois cents morts», affirme le Dr Moïse Cély qui fait tourner le petit hôpital Sainte-Croix. Seules deux écoles et quelques églises de Réveil, construites à la hâte ces dernières années n'ont pas résisté.
Pour beaucoup, la chance de Cité Soleil fut aussi celle de la capitale. «Si ces masses s'étaient retrouvées dans un dénuement total, la sécurité aurait été beaucoup plus difficile à maintenir en ville», insiste un haut fonctionnaire international. À «Boston», une des zones chaudes du bidonville, Igas traîne sa dégaine de rappeur américain désœuvré. Il attend. Ces derniers jours il est «monté» à Port-au-Prince pour participer au pillage des magasins effondrés du centre-ville. Il a abandonné. «Trop petit et les policiers tirent», explique-t-il. Devant son petit magasin d'alimentation, aux murs rosâtres, Margareth est anxieuse. Elle n'a pas rouvert. Comme tout le monde dans le quartier, elle n'évoque que «les 4 000», le nombre des «bandits» qui se sont fait la belle du pénitencier central de Port-au-Prince. Plus encore que les répliques du séisme secouant la ville, la jeune femme redoute que Cité Soleil renoue avec l'ultraviolence qui était sa marque il y a trois ans : kidnappings, racket, trafic de drogue. Le quartier affichait un taux de mortalité plus élevé que celui des villes colombiennes. En 2007, une violente opération des militaires de l'ONU et de la police haïtienne avait mis un terme à la mainmise des gangs. Les caïds avaient été tués ou arrêtés. «Maintenant on a peur qu'ils reviennent» s'inquiète Margareth.
Hostilité aux délinquants
Le retour est bien réel. Mardi matin, les policiers ont découvert le cadavre de «Blade Nasson», l'un des anciens boss de «Boston». Celui qui ne quittait jamais son sabre, aurait été lynché et châtré à Ti'Haïti, un autre secteur du bidonville. Interpellé en mai 2007, Jean Eoldi Torchon, alias «Blade Nasson», s'était forgé une belle réputation de terreur en enlevant des gamins qu'il ne rendait jamais. Ces derniers jours, des coups de feu ont retenti dans son ancien fief. Il tentait de le reconquérir et de se venger de «Gaucher», un homme d'affaires local soupçonné de l'avoir dénoncé. Niagi, un autre truand avait été tué par la foule la veille. Depuis «Alain» et «Belany», deux parrains en fuite, se terrent. Comme les autres gangsters. «Mais ce n'est pas la peine de se poser la question. Ils sont tous ici», affirme un policier du commissariat de «Boston».
Cette hostilité aux délinquants pourrait ne pas durer. Dans les rues du bidonville, la frustration est bien présente. Les distributions commencent tout juste. «Ils ne nous ont rien donné à manger», s'agace Charles, qui comme tout le monde dans le quartier survit avec de petits boulots aujourd'hui disparus. «Les gens de la Cité n'ont jamais rien eu. Peu à manger et pas d'eau potable. Aujourd'hui, ils n'ont pas plus, pas moins qu'avant. En fait, ils espèrent que l'aide occidentale va leur arriver et qu'eux aussi pourront un peu profiter des distributions gratuites», note Jorel Joachim, animateur de Boukman FM, la radio locale. Sur les murs du bidonville, les graffitis à la gloire des Américains sont apparus. Selon Jorel Joachim, si rien ne se passe, les populations ne seront pas longues à renouer les liens avec les maîtres passés. Personne n'ose pourtant entrer dans le bidonville à la solide réputation de coupe-gorge. Des véhicules remplis de GI se contentent pour l'instant de longer le quartier. Les camions du programme alimentaire croisent au loin. Cité Soleil est oubliée.
Rico- Super Star
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