Production nationale: Paysans sans terre, terre sans paysans
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Production nationale: Paysans sans terre, terre sans paysans
Haïti : Paysans sans terres et terres sans paysans
Par Wooldy Edson Louidor
Marigot (Haïti), 31 janv. 07 [AlterPresse] --- « Actuellement, autour de 600 mille paysans en Haïti n’ont pas accès à la terre, et pourtant il y a de vastes champs abandonnés (sans paysans) un peu partout dans le pays, par exemple dans le Plateau Central, le Nord… », a fait remarquer l’ingénieur agronome Jean André Victor dans une conférence prononcée le 30 janvier à Marigot (Sud-Est) dans le cadre d’un séminaire organisé par la Plateforme d’Agroécologie de Développement Durable (PADED), auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Le fait de ne disposer d’aucune parcelle ou d’avoir des exploitations agricoles, de tailles insuffisantes pour devenir économiquement rentables, constitue l’un des problèmes majeurs des paysans haïtiens, avance ce professeur universitaire.
Décrivant la situation difficile de beaucoup de paysans, qui détiennent et occupent des parcelles et exploitations agricoles, de manière « illégale » ou bien sans être munis de titres de propriété dûment enregistrés, Victor évoque une situation d’insécurité foncière, caractérisée par la peur ou l’inquiétude constante pour les paysans de perdre leurs parcelles à n’importe quel moment.
De l’indépendance d’Haïti en 1804 à aujourd’hui, les paysans ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont résisté en organisant des révoltes, des insurrections et même des luttes armées, en dépit des échecs essuyés tout au cours de leur mouvement.
La résistance paysanne s’est aussi manifestée sur les plans technique et social : modification de leurs pratiques agricoles (par la diminution des jachères ou temps de repos de la terre, par exemple) pour faire produire au maximum leurs petites parcelles ; extension des frontières agricoles, ce qui tend malheureusement à faire diminuer et à détruire la forêt, déplore Jean André Victor.
Par ailleurs, dans le cadre de leur résistance sociale à travers l’histoire du pays, les paysans haïtiens ont noué des alliances, scellées avec des propriétaires urbains, chez qui ont été placés en domesticité leurs enfants. Les paysans ont également émigré vers les grandes villes du pays ou ailleurs, notamment en République Dominicaine.
Le conférencier du 30 janvier 2007 associe la double problématique, de manque d’accès à la terre et d’insécurité foncière, aux modes d’acquisition de la propriété définis par la législation (en ce sens, génératrice de confusion, inappliquée et inapplicable), aux origines des titres de propriété (dont l’enregistrement, fait par différentes institutions publiques, est de plus en plus entaché d’irrégularités) et à la faiblesse de gestion publique.
Dans ce contexte, force est de constater une incohérence de l’administration agraire, marquée par le morcellement des pouvoirs et des attributions des institutions impliquées dans la question agraire.
« Ce morcellement n’a fait que créer des conflits et des blocages au sein de ces institutions », souligne l’ingénieur-agronome.
Par exemple, l’aménagement du territoire dépend du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE), tandis que les aires protégées sont sous la tutelle du Ministère de l’Environnement (MDE). Le Ministère de l’Agriculture s’occupe de la réforme agraire, alors que le Ministère de la Justice se charge de la justice agraire, relève Jean André Victor.
Les terres domaniales (celles appartenant à l’Etat) sont gérées par le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) à travers la Direction Générale des Impôts (DGI), pendant que le cadastre des terres est du ressort du Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (MTPTC), par l’intermédiaire de l’Office National du Cadastre (ONACA).
La terre, le capital, le travail et l’administration sont parmi les pistes de solution à envisager dans les facteurs de production, suggère Jean André Victor.
Sur le plan de la terre, il propose de procéder à l’aménagement du territoire en vue de définir les espaces rural et urbain, la manière de les gérer ainsi que l’occupation des sols.
Au niveau du capital, il s’avèrerait nécessaire de créer une banque de crédit centrée sur l’agriculture, pour prêter de l’argent à de jeunes agriculteurs et à des petits paysans (afin qu’ils puissent s’acheter des parcelles de terre), sans leur exiger des garanties qu’ils ne sont pas capables de donner.
Du point de vue administratif, tout en mettant l’accent sur la promotion de la mécanisation (en substituant les outils traditionnels à d’autres plus modernes) et la motorisation (qui suppose aussi des compétences et capacités mécaniques) du travail agricole, il conviendrait de coordonner des institutions agraires, de fixer les limites de taille des exploitations (en déterminant le minimum d’hectares en moyenne, dont une famille paysanne a besoin pour vivre décemment) et de délivrer des titres de propriété inattaquables. [wel rc apr 31/01/2007 11 :00]
Par Wooldy Edson Louidor
Marigot (Haïti), 31 janv. 07 [AlterPresse] --- « Actuellement, autour de 600 mille paysans en Haïti n’ont pas accès à la terre, et pourtant il y a de vastes champs abandonnés (sans paysans) un peu partout dans le pays, par exemple dans le Plateau Central, le Nord… », a fait remarquer l’ingénieur agronome Jean André Victor dans une conférence prononcée le 30 janvier à Marigot (Sud-Est) dans le cadre d’un séminaire organisé par la Plateforme d’Agroécologie de Développement Durable (PADED), auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Le fait de ne disposer d’aucune parcelle ou d’avoir des exploitations agricoles, de tailles insuffisantes pour devenir économiquement rentables, constitue l’un des problèmes majeurs des paysans haïtiens, avance ce professeur universitaire.
Décrivant la situation difficile de beaucoup de paysans, qui détiennent et occupent des parcelles et exploitations agricoles, de manière « illégale » ou bien sans être munis de titres de propriété dûment enregistrés, Victor évoque une situation d’insécurité foncière, caractérisée par la peur ou l’inquiétude constante pour les paysans de perdre leurs parcelles à n’importe quel moment.
De l’indépendance d’Haïti en 1804 à aujourd’hui, les paysans ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont résisté en organisant des révoltes, des insurrections et même des luttes armées, en dépit des échecs essuyés tout au cours de leur mouvement.
La résistance paysanne s’est aussi manifestée sur les plans technique et social : modification de leurs pratiques agricoles (par la diminution des jachères ou temps de repos de la terre, par exemple) pour faire produire au maximum leurs petites parcelles ; extension des frontières agricoles, ce qui tend malheureusement à faire diminuer et à détruire la forêt, déplore Jean André Victor.
Par ailleurs, dans le cadre de leur résistance sociale à travers l’histoire du pays, les paysans haïtiens ont noué des alliances, scellées avec des propriétaires urbains, chez qui ont été placés en domesticité leurs enfants. Les paysans ont également émigré vers les grandes villes du pays ou ailleurs, notamment en République Dominicaine.
Le conférencier du 30 janvier 2007 associe la double problématique, de manque d’accès à la terre et d’insécurité foncière, aux modes d’acquisition de la propriété définis par la législation (en ce sens, génératrice de confusion, inappliquée et inapplicable), aux origines des titres de propriété (dont l’enregistrement, fait par différentes institutions publiques, est de plus en plus entaché d’irrégularités) et à la faiblesse de gestion publique.
Dans ce contexte, force est de constater une incohérence de l’administration agraire, marquée par le morcellement des pouvoirs et des attributions des institutions impliquées dans la question agraire.
« Ce morcellement n’a fait que créer des conflits et des blocages au sein de ces institutions », souligne l’ingénieur-agronome.
Par exemple, l’aménagement du territoire dépend du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE), tandis que les aires protégées sont sous la tutelle du Ministère de l’Environnement (MDE). Le Ministère de l’Agriculture s’occupe de la réforme agraire, alors que le Ministère de la Justice se charge de la justice agraire, relève Jean André Victor.
Les terres domaniales (celles appartenant à l’Etat) sont gérées par le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) à travers la Direction Générale des Impôts (DGI), pendant que le cadastre des terres est du ressort du Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (MTPTC), par l’intermédiaire de l’Office National du Cadastre (ONACA).
La terre, le capital, le travail et l’administration sont parmi les pistes de solution à envisager dans les facteurs de production, suggère Jean André Victor.
Sur le plan de la terre, il propose de procéder à l’aménagement du territoire en vue de définir les espaces rural et urbain, la manière de les gérer ainsi que l’occupation des sols.
Au niveau du capital, il s’avèrerait nécessaire de créer une banque de crédit centrée sur l’agriculture, pour prêter de l’argent à de jeunes agriculteurs et à des petits paysans (afin qu’ils puissent s’acheter des parcelles de terre), sans leur exiger des garanties qu’ils ne sont pas capables de donner.
Du point de vue administratif, tout en mettant l’accent sur la promotion de la mécanisation (en substituant les outils traditionnels à d’autres plus modernes) et la motorisation (qui suppose aussi des compétences et capacités mécaniques) du travail agricole, il conviendrait de coordonner des institutions agraires, de fixer les limites de taille des exploitations (en déterminant le minimum d’hectares en moyenne, dont une famille paysanne a besoin pour vivre décemment) et de délivrer des titres de propriété inattaquables. [wel rc apr 31/01/2007 11 :00]
gwotoro- Super Star
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Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
Re: Production nationale: Paysans sans terre, terre sans paysans
Duvalier était soutenu par les paysans, Aristide par les pauvres des villes principalement, Latortue par l'étranger, Préval par ?
Je constate que nos élus ont de moins en moins de légitimité populaire au fil du temps.
Je constate que nos élus ont de moins en moins de légitimité populaire au fil du temps.
Jude- Super Star
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Loisirs : Financial Exchanges - Geopolitic
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: Le progressiste !
Re: Production nationale: Paysans sans terre, terre sans paysans
Jude ,
Vous avez écrit : Duvalier était soutenu par les paysans !
Vous avez écrit : Duvalier était soutenu par les paysans !
_________________
Solidarité et Unité pour sauver Haiti
Re: Production nationale: Paysans sans terre, terre sans paysans
Et pourtant l'appui et l'engouement de la population lors de la derniere campagne et des dernieres elections presidentielles etait sans precedent. Depassant meme les elections de 1990.
Temoignages de quelques grands tenors lavalassiens qui ont vecu les deux epoques.
Preval a un tres fort appui dans la paysannerie et dans plusieurs regions du pays. Aristide en effet avait abandonne la paysannerie pour se concentrer sur les pauvres des villes (en fait, je dirais meme sur les pauvres de Port-au-Prince).
Pour ce qui est de Duvalier, comme Marc Henri, je mets un tres gros point d'interrogation. Je n'ai pas vecu l'epoque mais de ce que j'en ai entendu, je crois que c'est une erreur.
Le seul probleme avec Preval, c'est que tout le monde s'attend a des "miracles" de sa part parce qu'il a prouve qu'il peut faire effectivement. Chose qu'on n'attendait meme pas du leader auto-proclame du mouvement populaire JBA.
Mais si vous le voulez bien Jude et Marc-Henri, restons dans le sujet qui est la necessite de simplifier l'administration du territoire...
Temoignages de quelques grands tenors lavalassiens qui ont vecu les deux epoques.
Preval a un tres fort appui dans la paysannerie et dans plusieurs regions du pays. Aristide en effet avait abandonne la paysannerie pour se concentrer sur les pauvres des villes (en fait, je dirais meme sur les pauvres de Port-au-Prince).
Pour ce qui est de Duvalier, comme Marc Henri, je mets un tres gros point d'interrogation. Je n'ai pas vecu l'epoque mais de ce que j'en ai entendu, je crois que c'est une erreur.
Le seul probleme avec Preval, c'est que tout le monde s'attend a des "miracles" de sa part parce qu'il a prouve qu'il peut faire effectivement. Chose qu'on n'attendait meme pas du leader auto-proclame du mouvement populaire JBA.
Mais si vous le voulez bien Jude et Marc-Henri, restons dans le sujet qui est la necessite de simplifier l'administration du territoire...
gwotoro- Super Star
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Nombre de messages : 3974
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Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
Re: Production nationale: Paysans sans terre, terre sans paysans
C'était un private joke ! Duvalier, pour ses meetings, faisait venir les paysans par camions entiers ! C'est tout ! Mais peut-être que vous ne connaissez pas ces camions arrivant de province et déchargeant des foules pour gonfler les rassemblements.
Bon, gwotoro, vous parlez des dernières élections présidentielles qui ont eu un taux de participation officiel élevé, mais il suffit de voir la participation dans les autres élections pour se rendre compte que cette comédie n'attire plus beaucoup nos compatriotes.
Mais nous restons sur le sujet : le paysan haitien et ses problèmes.
N'est-ce pas un malheur de voir qu'étant dispersé ceux-ci n'ont pas la force d'entreprendre grand chose ? Certaines ONG s'occupent de leur fournir des outils, ce qui centralise l'affaire, mais même là ce n'est pas suffisant. Quelle plaie de voir tous ces potentiels gâchés !
Notons que pour les éleveurs c'est encore pire ! Il n'y en a pas qui pensent à importer des bonnes bêtes et à en garder pour la reproduction. Les rares bons animaux qui sont rentrés ont rapidement été bouffés... ce qui a volatisé le peu de capital génétique dont ils disposaient.
La douane est également fautive dans l'affaire puisque par exemple, un entrepreneur avait voulu monter un poulailler mais ses poussins se sont retrouvés bloqués à la frontière, et sont morts de faim.
Ou encore ce paysan qui récupère la drogue dans champ, qui décide de trouver le meilleur acheteur dans le coin et que l'on retrouve la tête coupée une semaine plus tard, simplement parce qu'il n'est pas allé directement voir la police. En effet, c'est cette dernière qui est chargée de récupérer ces cargaisons.
Les problèmes de nos ruraux, vous l'aurez vu, sont complexes et compliqués. Le pire est que nous disposons de personnes compétentes sur le dossier, qui ont les diplômes correspondant, voir simplement qui ont passé plusieurs années dans les bons ministères d'où ils tirent une bonne vision des problèmes, malheureusement les ministres ne sont là que pour détourner l'argent et s'ils ne trouvent pas un moyen de tirer profit d'une initiative ils ne font rien.
Bon, gwotoro, vous parlez des dernières élections présidentielles qui ont eu un taux de participation officiel élevé, mais il suffit de voir la participation dans les autres élections pour se rendre compte que cette comédie n'attire plus beaucoup nos compatriotes.
Mais nous restons sur le sujet : le paysan haitien et ses problèmes.
N'est-ce pas un malheur de voir qu'étant dispersé ceux-ci n'ont pas la force d'entreprendre grand chose ? Certaines ONG s'occupent de leur fournir des outils, ce qui centralise l'affaire, mais même là ce n'est pas suffisant. Quelle plaie de voir tous ces potentiels gâchés !
Notons que pour les éleveurs c'est encore pire ! Il n'y en a pas qui pensent à importer des bonnes bêtes et à en garder pour la reproduction. Les rares bons animaux qui sont rentrés ont rapidement été bouffés... ce qui a volatisé le peu de capital génétique dont ils disposaient.
La douane est également fautive dans l'affaire puisque par exemple, un entrepreneur avait voulu monter un poulailler mais ses poussins se sont retrouvés bloqués à la frontière, et sont morts de faim.
Ou encore ce paysan qui récupère la drogue dans champ, qui décide de trouver le meilleur acheteur dans le coin et que l'on retrouve la tête coupée une semaine plus tard, simplement parce qu'il n'est pas allé directement voir la police. En effet, c'est cette dernière qui est chargée de récupérer ces cargaisons.
Les problèmes de nos ruraux, vous l'aurez vu, sont complexes et compliqués. Le pire est que nous disposons de personnes compétentes sur le dossier, qui ont les diplômes correspondant, voir simplement qui ont passé plusieurs années dans les bons ministères d'où ils tirent une bonne vision des problèmes, malheureusement les ministres ne sont là que pour détourner l'argent et s'ils ne trouvent pas un moyen de tirer profit d'une initiative ils ne font rien.
Jude- Super Star
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Feuille de personnage
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