Situation de la Grande-Anse

Et si on pensait à la Grand'Anse ?


Jeremie (Le Nouvelliste, 17 novembre 2006) - La ruine qui guette les forêts de la Grand'Anse est lente mais sûre. Et la cause est grave. Tout le long de la route de La Rampe, une zone située dans la limite du département du Sud à Château, tout près de Jérémie, les bois sont coupés et lotis attendant preneur.

La fabrication du charbon de bois et la commercialisation de bois dûr pour l'échafaudage sont les principales raisons de cet abattement féroce.

« Le commerce de bois dûr et du charbon de bois a failli nous coûter la peau à la mairie de Jérémie », confie un ancien employé de cette mairie. Il indique que ce phénomène de déboisement dépasse les autorités du Département de la Grand'Anse. "A quoi bon lutter seul contre un fléau aussi dévastateur tandis que le mal guette toutes les onze autres communes du département?" se demande-t-il.

Une taxation de ces denrées a été amorcée en vue de décourager les exploitants des forêts. Mais c'était en vain, ajoute-t-il. L'ancien employé de la mairie de Jérémie explique qu'aucune des autres mairies n'a voulu participer à cette campagne, tout en indiquant que le bois dûr reste une affaire de gros sous. « Des gens viennent des départements du Nord et du Nord-Ouest afin de s'acheter des terres encore boisées aux fins de commercialiser le bois dûr », explique l'ancien employé de la mairie de Jérémie.

Comme des plaies

Les espaces où sont coupés les bois s'apparentent à des plaies qui s'ouvrent dans les mornes de la Grand'Anse. Ces espaces rocheux sont couverts de plantes brûlées. Du maïs, du manioc et de la patate sont, entre autres, remarqués dans les roches à la merci du vent et du soleil. Ce qui traduit en quelque sorte une situation de misère dans la région.

Jérémie, chef-lieu et désarroi

«Les trois mois passés sans électricité ne représentent rien du désarroi que connaissent les Jérémiens», commente Micheline Etienne, maire de la commune de Jérémie. Le problème de l'autorité, de la représentation de l'Etat dû à l'absence de moyens matériels, l'eau potable, la distribution de terre par les anciens responsables municipaux et les constructions anarchiques qui drainent l'eau de la ravine Madan Koudo vers les maisons des habitants à la moindre averse, le mauvais état de l'Hôpital Saint-Antoine et celui de la route menant à ce département sont autant de problèmes, affirme-t-elle, qui font de la vie des Jérémiens un calvaire.

Mme Etienne ne veut pas entendre parler de passivité des responsables locaux. « Tout se paye à Port-au-Prince. Au niveau de la douane, et de la DGI locale, les importateurs et les commerçants présentent toujours leurs fiches de déclaration effectuées à Port-au-Prince. Que peut-on faire dans une mairie avec seulement la misérable allocation du ministère de l'Intérieur et des collectivités territoriales sans l'argent des taxes », déclare-t-elle.

Le problème de l'électricité

En dépit des discussions engagées par les autorités concernées notamment le maire, le directeur départemental du ministère des travaux publics, transports et communications (MTPTC) de la Grand'Anse et le responsable régional de l'Electricité d'Haïti (EDH), rien n'est encore résolu dans ce dossier d'électricité qui traîne depuis août. Selon le directeur régional du MTPTC, Paul Chéry, le black-out relève d'un déséquilibre entre l'achat et la vente de service qui caractérise l'administration de l'EDH dans la zone.

La solution à ce black-out, dit-il, n'est pas pour demain. Car, explique l'Ing. Chéry, seule la conversion du système thermique actuel en un système hydro-électrique peut permettre aux Jérémiens de respirer un peu.

Les trois mois de black-out ont porté les élèves de la ville à investir les rues mardi pour exprimer leur ras-le-bol face à cette situation.


Lima Soirélus
lsoirelus@lenouvelliste.com